[CLOS] [Elijah/Angie]Des étoiles plein les yeux.

Elijah avait fait un pas de plus vers eux.
Le non tatoué percuta enfin qu’ils n’étaient pas seul, il se retourna, les yeux fous, il regarda dans le direction du duo, puis du tatoué avant de prendre la fuite vers la ruelle qui menait vers le bar qu’ils avaient quitté un petit moment avant. Il était au niveau de la fresque sur le mur quand le tatoué porta la main à sa ceinture.

Elijah percuta ce qui se passait bien avant qu’il ne termine son mouvement. A sa ceinture se trouvait une arme énorme, le genre d’arme qu’on trouve chez les rangers ou dans les stands de tir tellement elle était imposante. Celle-ci était sublime.le métal argenté était ciselé de fresques comme les bras du son porteur. La suite se passa dans un flash, il avait beau avoir ses raisons, il était hors de question qu’Eli assiste à ça sans rien faire. Il recula jusqu’à se coller contre Angie, envoya une main dans son dos jusqu’à entrer en contact avec elle et redressa sa main libre vers le tatoué.

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Le membre 'Elijah Monroe' a effectué l'action suivante : Jet de dés

'SHUFFLE' : 9

Mélange de peur et concentration, il détestait ce mélange, la dernière fois qu’il avait agi sous ces émotions, il avait projeté la lame d’un couteau contre un pilonne en béton. Il n’était donc pas vraiment serein à l’idée de recommencer.

Angie put sentir chacune des parties de métal sur ses vêtements se tendre légèrement, le mouvement accompagné de ce son de vibration qui était la signature d’Eli.
Il déploya son pouvoir sur l’arme du tatoué alors qu’il était en train de la tendre vers la ruelle pour tirer dans le dos du fuyard.

- Non !

L’arme glissa des mains de l’homme et se plaqua sur le sol avec un bruit mat comme si elle faisait une tonne.
Il tourna la tête vers eux avec un regard entre la surprise, la colère et l’amusement. Il se baissa et tenta de récupérer l’arme sans réussir à la faire bouger. Actuellement, elle devait vraiment faire une tonne, enfin c’est l’impression que ça donnait.

Il se tourna, contrarié, vers le duo. Entre son expression et les marques du matraquage dont il avait été victime, il n’avait rien d’amical.
Il pointa un doigt vers eux et ouvrit la bouche pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivé sur les lieux.

- C’est amusant ? C’est comme vous voulez…

Son accent n’était clairement pas d’ici.
Il pivota sur lui même et envoya sa main vers la ruelle. La ruelle sans lumière fut soudainement illuminé du bleu d’un arc électrique qui s’échappa de la main de l’homme pour s’écraser dans le dos de l’agresseur qui était à plus de vingt mètres de là, ce dernier hurla et s’écroula, un léger filet de fumée blanche s’échappa d’entre ses omoplates.

Il ne regardait même plus Angie et Eli, se contentant de fixer l’homme couché dans la ruelle à coté de la fresque anti-positif.

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'SHUFFLE' : 9

Manifestement, contrairement à Elijah, je n’avais pas eu le temps de comprendre la situation. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Elijah était revenu vers moi et avait posé une main dans mon dos. Et puis, et c’était vraiment bizarre, j’ai senti ma médaille, les rivets de mon jean, ma boucle de ceinture, en gros tout ce que je pouvais porter de métallique. Je veux dire, d’habitude, je ne le sentais pas particulièrement, je savais que c’était là, mais j’oubliai leur présence. Mais là, c’était comme si ça me faisait signe style « hey ho, on est là ». Et c’est en levant les yeux vers le tatoué et vers l’arme qui soudain lui échappait des mains que je compris ce qu’il se passait. Elijah se servait de son pouvoir. Et ça ne plaisait vraiment pas au tatoué…

J’avoue que pendant quelques secondes, je me suis tendue. Et puis la peur a fait place à un autre sentiment. La stupeur et l’indignation en même temps. Stupeur parce que je ne pensais pas me trouver devant un positif. Mais le fait est que cet homme tatoué avait bien un pouvoir et qu’il venait de l’utiliser sur un homme. L’indignation parce qu’il avait achevé cet homme sans la moindre sommation, dans le dos, sans lui laisser aucune chance.

- Non mais c’est quoi votre problème ?!

Je me dégageai de la main d’Elijah et avançait vers le tatoué. Non je n’étais pas suicidaire. J’étais juste, en colère et peut-être un peu inconsciente du danger. Je croyais en ma bonne étoile, j’avais toujours eu de la chance jusque là, hormis mon cancer, alors je me sentais un peu invincible peut-être.

- Je ne sais pas ce qu’il vous a fait et je m’en balance. Mais cet homme là, vous l’avez tué sans un remords. Vous ne lui avez pas laissé la moindre chance. Vous ne pouvez pas juste prendre la vie d’un homme comme ça, juste parce que vous en avez envie ! Pourquoi ne pas vous en prendre aussi à moi hein ? Je vais mourir de toutes façons alors maintenant ou plus tard, quelle importance ? Un type qui vous tournait le dos, une fille malade, ça vous ferait un sacré tableau de chasse !

Inconsciente du danger, certainement, mais pas non plus totalement débile. Je savais très bien que ce que je lui disais ne lui plairait certainement pas. Mais là, c’était trop, je ne pouvais pas me taire et advienne que pourra. Tant pis pour moi. J’espérai juste qu’il n’arriverait rien à Elijah à cause de moi. Pourquoi n’avait-il pas couru quand je le lui avais dit ? Je tournai la tête vers lui et lui adressai un regard d’excuses et un peu d’adieu aussi, quelque part.

Le tatoué se contenta de regarder la zone une nouvelle fois, mais son pied était posé sur l’arme, testant le poids de cette dernière instinctivement. Pour qui s’approchait de lui, Angie dans le cas présent, on pouvait clairement voir qu’il avait les yeux dans le vague, regardant dans la direction de l’homme dans la ruelle sans vraiment être concentré sur lui. C’était plus un point vaguement au dessus.
Quand Angie lui hurla dessus, il reprit ses esprits, secoua sa tête une fois, puis deux, se claquant le visage du plat de la main avant de tourner un regard incrédule vers elle.
Il passa d’elle à Elijah, visiblement, il ne savait pas lequel des deux avait fait ça a son arme, mais il était certain que c’était l’un des deux.
Il pivota et fit face à Angie, s’approchant d’un pas lourd.

Elijah avait laissé filé la Demoiselle sans même s’en rendre compte, trop concentré sur le fait de maintenir l’arme sur le sol. Il sentait la force qu’exerçait le Positif du bout du pied et au bout d’une minute d’activation de son pouvoir en continu, il relâcha son attention, sa tête se mettant à tourner. Voila quelque chose qu’il n’avait pas travaillé avec Maddie, l’endurance et cette erreur le fit tomber a genoux en se tenant la tête, une goute de sang coulant le long de sa narine.
Le tatoué le vit tomber et fit un signe de la tête vers Angie. Il se baissa et ramassa son arme, conscient qu’il pouvait le faire sans effort à présent et replaça cette dernière à sa ceinture avant de rabattre son débardeur dessus.
Il pointa un index massif vers la Demoiselle.

- Cinq contre un, c’est juste peut-être ? Quand on ne sait pas, on ne parle pas Walkyrie.

Si Angie était assez proche de lui, elle pouvait sentir ses poils se dressé à son approche. Il la dépassa, s’approcha de celui contre la bene et le prit par le col pour le soulever. Quand il vit qu’il était bel et bien dans les vapes il le laissa retomber lourdement sur le sol avec un soupir résigné.

Quand elle reprit, il se tourna vers elle brusquement et se planta à un mètre d’elle. Pointant la ruelle du pouce. Ses mains étaient pleines de plaies à force des coups donné et reçu.

- Je ne tue jamais sans raison. Il a juste besoin de soin, il n’en mourra pas.

Le positif claqua des doigts et un arc électrique se forma entre son pouce et son majeur. C’est a ce moment là qu’il reposa les yeux sur Elijah, levant un sourcil haut avant de l’indiquer à Angie.
Il la dépassa de nouveau, comme si elle n’était pas là et souleva l’homme a la barre de fer comme le premier, le secouant légèrement pour vérifier si il était conscient, mais avant de laisser retomber, fouilla dans ses poches pour en tier un porte-feuille en cuir marron.
Il l’ouvrit, fouilla à l’intérieur et en tira une photo qu’il déplia.

Si Angie était observatrice, elle pouvait s’apercevoir qu’une légère lueur blanche filtrait a travers le tissu du débardeur qu’il avait rabattu sur la crosse de son arme. Bien que ça ne dura qu’un instant, dans le noir le plus complet, ça pouvait être remarqué.

Quand le tatoué m’adressa la parole, je n’ajoutai rien. Je le regardai bien en face, mais je n’avais plus de mépris dans les yeux. Evidemment que ce n’était pas juste, qu’un homme se retrouve seul contre cinq autres. C’est pour ça que j’avais eu envie d’intervenir, mais personne n’avait fait attention à moi.

Je me mordis la lèvre lorsqu’il m’annonça que l’homme était juste blessé. Je m’en voulais un peu, j’avais parlé dans le feu de l’action, je n’avais jamais été capable de réfléchir dans cas là. Je baissai la tête, contrite.

- Je suis désolée…

Mais je ne rajoutai rien de plus. Il me dépassa et ce n’est que lorsqu’il m’indiqua Elijah d’un signe que je vis que celui-ci était mal en point. Je n’avais pas remarqué avant, je pensais qu’il allait bien, qu’il restait juste silencieux, plus intelligent que moi. Mais lorsque je vis qu’il était à genoux et qu’il se tenait la tête comme s’il souffrait d’une migraine intense je courus vers lui. L’espace d’un instant, mon regard passa de nouveau sur l’homme tatoué et je vis une lueur blanche émaner de lui. C’était étrange, mais pour l’instant ce qui m’inquiétait le plus c’était Elijah.

- Elijah, est-ce que ça va ?

Je m’agenouillai à côté de lui et vit qu’il saignait du nez. Heureusement, j’avais un paquet de mouchoirs dans ma poche. J’en sortis un que je pressai sous son nez pour empêcher le sang de continuer à couler et en même temps, je posai ma main sur le haut de son dos.

- Je suis désolée, c’est ma faute.

Et je le pensais réellement. C’était moi qui étais intervenue la première. J’aurais dû fermer les yeux et passer mon chemin. Des histoires comme celles là, il y en avait tous les jours dans la ville basse, je ne pouvais pas sauver le monde !

Quand elle s’excusa, il la regarda de haut, sans dire quoi que ce soit. Même si il avait eu ses raisons de faire ça, il n’avait quand même pas l’air très amical pour autant. Le torse bombé comme une coq, ne cherchant même pas a arrêter ses saignements. Il n’avait vraiment pas l’air à sa place dans ce genre de décors.

Angie courut pour retrouver Eli. Ce dernier sourit et leva la tête quand elle lui passa le mouchoir sous le nez.
Lui posa sa main sur le papier et se redressa lentement, maintenant le mouchoir à sa place.

- Je n’ai pas l’habitude… étrangement, ça m’a demandé beaucoup plus d’effort que d’habitude. Mon corps n’est toujours pas faite à l’utilisation de tout ça…

Il montra le décors autour de lui et fronça les sourcils en posant ses yeux sur le positif au milieu des autres, sur le sol.

Ce dernier porta la main à poche et en tira un téléphone. Ce dernier était silencieux, mais emmenait des flashs en rythme, probablement le mode silencieux, mais la lumière qui émanait de sous son débardeur était différente et n’avait toujours pas disparu même si elle devenait de plus en plus diffuse. Le téléphone à l’oreille, il se contenta de répondre avec une voix ennuyée.

- C’est Eric. Parle…

Eli fronça les sourcils et se massa une dernière fois la tempe avant de s’adresser à Angie.

- Et vous, ça va ?

Il faisait le dur, mais ça se voyait qu’il n’était pas complètement remit pour autant. La voix de l’autre positif se fit entendre, plus ennuyé, mais énervé. Il criait au milieu de la rue comme si il était tout seul.

- Oui, j’ai utilisé mon pouvoir ! Ils étaient cinq Jessica. Non. Je n’ai tué personne… non…

Il tournait sur lui-même, faisant quelques pas dans une direction et revenant là où il se trouvait précédemment. Il s’arrêta et tourna la tête vers Angie. Il claque trois fois des doigts vers elle et lui fit signe.

- J’ai compris. Je m’en doutais. J’ai trouvé la photo…

Il resta silencieux un instant et raccrocha avant de ranger furieusement son téléphone dans sa poche, plus de lumière au niveau de sa ceinture.
Il fit deux pas vers eux et se planta devant là.

- Les deux qui ont prit la fuite arrivent avec plus de monde. Je pense que ça serait un bon moment pour vous pour rentrer sagement à la maison…

Il regarda par dessus leurs épaules le bout de la rue, attendant visiblement quelque chose.

Je lâchai le mouchoir quand Elijah prit le relai et retirai en même temps la main que j’avais posée sur son dos. Il souriait, c’était rassurant. Je lui rendis son sourire.

- Vous manquez juste d’un peu d’entrainement !

Je suivis son regard tandis qu’il le posait sur l’homme tatoué qui était toujours à quelques pas de nous. C’est d’une voix absente que je répondis à la question d’Elijah.

- Oui, moi ça va…

Je posai à nouveau les yeux sur lui.

- Je vous avais dis que j’avais beaucoup de chance. J’ai essayé de m’interposer dans une bagarre pas très équilibrée et je m’en sors sans aucune égratignure. Alors que vous…

Je me sentais assez mal à vrai dire. Mais ma culpabilité fut détournée par l’homme au tatouage qui parlait au téléphone. Je me relevai lorsque je vis son regard posé sur moi. Il attirait mon attention en claquant des doigts. Et puis il vint vers nous. Je ne voulais pas écouter se conversation mais je ne pouvais pas m’empêcher de l’entendre. Cependant j’estimai que j’en avais assez fait, cela ne me regardais pas.

Lorsqu’il nous intima de partir sur le champ, je hochai la tête et attrapai Elijah par les épaules pour l’aider à se relever, au cas où. Je savais qu’il était plus raisonnable de partir en effet, mais je n’étais pas encore prête à le faire.

- Et vous ? Vous n’allez tout de même pas rester là à les attendre !

Sans plus réfléchir, je sortis mes clefs de voiture de ma poche et les tendis vers Eric. J’avais appris son nom en l’entendant parler au téléphone.

- Ma voiture est garée juste au coin de la rue.

Je lui indiquai la direction du bras. Je ne savais pas si c’était un gentil, ce que je savais, c’est que positif ou non, ce n’était pas juste de se mettre à plusieurs pour tabasser un seul homme, quoiqu’il ait fait.

Elijah haussa les épaules et se concentra sur son équilibre. Il voyait encore des étoiles partout, mais au moins, il était clairement assez lucide pour voir que la situation n’allait pas finir par s’arranger. La conversation téléphonique n’avait pas l’air d’aller dans le sens du positif et la dernière chose que voulait vérifier Eli c’était si le tatoué allait retourner sa frustration contre eux ou pas.

Quand Angie fit la remarque au bagareur, Eric bascula la tête en arrière et rit à gorge déployée.
Bon, le rire ne dura pas longtemps, la correction qu’il avait prit ayant considérablement rendu ses muscles zygomatiques douloureux.
Il se passa la mâchoire en faisant la grimace et secoua la tête.

- Je n’ai pas besoin de rester ici, j’ai eu ce que je voulais.

Il plia la photo qu’il rangea dans sa poche arrière.

Quand Angie lui tendit les clefs de sa voiture, il eu un moment d’hésitation. Le premier qu’on pu lui voir depuis qu’ils étaient tombé sur la bagarre. Il était clair qu’il hésita, mais il fini par prendre les clefs, jouant instinctivement avec l’anneau.

Si Eli avait été à 100% de sa forme, il aurait protesté, mais il laissa la jeune femme faire, après tout, elle avait un fort caractère et semblait campée sur ses positions quand il s’agissait de ses choix. Il se contenta juste d’arriver a ses cotés pour fixer l’autre positif. Eric capta le regard et leva un sourcil.

- Je pense qu’on va être amené à se croiser de nouveau dans un moment… on aura une petite discussion…

Eli allait rétorquer quelque chose quand sa conscience le rattrapa et il se contenta de garder le silence, le regard vide.

Eric s’inclina légèrement vers Angela et pressa une fois sur l’alarme de la voiture, un bruit de sonnerie retentissant un peut plus loin dans la direction indiquée par la jeune femme.
Il tourna les talons sans un mot de plus et claudiqua jusqu’à la source de bruit, disparaissant au coin de la rue.

Eli attendit d’entendre le moteur s’allumer et s’éloigner pour s’adresser à Angela. Mais avant qu’il ai pu ouvrir la bouche, dans la ruelle du pub, un attroupement s’était formé autour de l’homme foudroyé. Certaines personnes étaient déjà au téléphone et d’autres regardaient Angela et Elijah au milieu des assaillants d’Eric.

- On ferait bien de filer avant qu’un des types du Pub vous reconnaisse et que la police nous demande pourquoi on a été mêlé à tout ça, je pense que votre frère vous attacherait chez vous.

Il tendit la main à Angie et fit signe à cette dernière. Sa voiture à lui n’était pas loin.

Je ne sus franchement pas comment prendre le rire de cet espèce d’ahuri. En tous cas, ça ne m’engageait pas vraiment à essayer de l’aider. Il fallait que j’apprenne que tout le nom n’avait pas forcément envie de mon aide.

Cependant, il accepta ma voiture, après avoir hésité. Sur le moment, je me demandais pourquoi il n’avait pas sauté sur l’occasion, se tirer d’ici et une voiture gratuite, que rêver de mieux ? Ce n’est qu’après que je pris conscience de ce que ça entrainait pour moi. David n’allait pas être content, il me faudrait une excuse en béton.

Tandis qu’Eric s’éloignait en direction de ma voiture, je me tournai vers Elijah tout en montrant le tatoué d’un doigt.

- Vous croyez que je vais la revoir un jour ?

Je secouai la tête.

- Si mon frère vous le demande, vous pouvez lui dire qu’elle est encore en panne et pas réparable cette fois ? Ca me donnera une bonne raison d’en acheter une autre.

Au moment où je terminai ma phrase, je vis des gens arriver et s’arrêter au niveau de l’homme qui avait été touché par l’espèce de truc électrique que l’autre tatoué lui avait balancé dans le dos. J’acquiesçai à la recommandation d’Elijah et le suivit jusqu’à sa voiture.

- Vous devriez me filer vos clefs, vous n’êtes pas en état de conduire…

Je tendis la main vers lui pour lui montrer que j'étais bien décidé à les avoir, ces clefs. Et puis, je fronçai les sourcils, me rappelant la dernière chose qu'Eric avait dite avant de partir.

- Dites, qu'est-ce qu'il a voulu dire par "on va bientôt se revoir, on aura une petite discussion" ?

Ils s’éloignèrent du pub et plus ils mettaient de distance entre eux et le reste des gens, mieux se sentait Elijah.
Il avait vraiment paniqué quand il avait vu les gens dans la rue. Voir l’attroupement et les dommages causé par un Positif comme ça, il retournait dans le passait, il retournait chez sa soeur, pendant sa fuite et sa recherche d’un foyer.

Quand elle demanda si elle referait la voiture un jour, il fit la moue, il s’épongea le nez une dernière fois et voyant le mouchoir repartir sans nouvelles traces, il le mit dans sa poche.

- Je ne sais pas. Je ne sais même pas si ce type sait où il va…

Il fit la moue. Elijah s’était demandé la même chose quand elle avait donné ses clefs à Eric, mais encore une fois, ce n’était pas sa voiture et ce n’étai clairement pas son choix.

Il était perdu dans ses pensées quand il entendit deux énormes voitures arriver en trombe dans la rue droit devant eux.
Pendant un instant, il pensa que c’était pour eux qu’ils étaient là, que c’était la police qui venait pour arrêter les fuyards de la scène de l’agression, mais les voitures dépassèrent le duo pour s’arrêter au niveau du Pub.
Eli regarda la scène par dessus son épaule et frissonna.

- J’ose a peine imaginer l’état d’esprit de ces types et ce qui aurait pu se passer si ils avaient été là quelques minutes plus tôt…

Angela lui demanda ses clefs.
Il n’eu même pas l’idée de refuser, se contentant de fouiller dans le fond de ses poches pour déposer les clefs dans la main de la Demoiselle comme elle l’avait fait avec Eric quelques minutes avant.

Ils arrivèrent à la voiture, dans une Ruelle, déjà en position de départ. Eli connaissait les coins du quartier où laisser sa voiture était dangereux ou pas, cet endroit n’était jamais un mauvais endroit pour y laisser son véhicule, même avec les clefs sur le contact, il n’arriverait rien. A vrai dire, une entrée de l’Underground n’était pas loin de là, il savait l’endroit gardé. Même si les gens n’étaient pas visible.

Une fois au niveau de la voiture, il s’appuya sur l’aile et attendit qu’Angie ouvrit les portières. Il fixa de nouveau le ciel, essayant de respirer le plus fort possible pour libérer son nez.
La question d’Angela le prit au dépourvu. Comment pouvait-il expliquer ça alors que lui-même l’ignorait…

- Je ne connais pas ce type… mais les positifs sont souvent en lien les uns avec les autres… même si je pense que ce type est solitaire et indépendant…

Il fit semblant de décrocher un téléphone et le porter à son oreille.

- Il n’est pas si seul que ça… même si je ne sais pas ce que ça veux dire. Je pense que j’aurais en effet l’occasion de le recroiser. Ici où ailleurs.

Je haussai les épaules.

- Tant pis, j’aime bien l’idée qu’elle serve à un éventuel super-héros.

Moi et mes clichés. J’avais vu un positif se faire tabasser par un groupe d’hommes et j’en déduisais que c’était lui le super-héros. Je sentis Elijah se tendre au moment où nous croisions ces voitures mais moi, je ne m’inquiétais pas. Hormis le nez en sang d’Elijah, rien n’indiquait que nous ayons pris part à une bagarre. Je tournai la tête vers lui pour m’assurer que ça allait. Heureusement, le sang avait cessé de couler. Et comme pour confirmer mes pensées, les voitures ne nous prêtèrent pas la moindre attention.

Lorsque j’eus ses clefs en main, j’entrepris d’ouvrir les portières et je m’installai au volant. Sa réponse me laissa silencieuse. A vrai dire, je ne savais même pas pourquoi je lui avais posé cette question. Comment pouvait-il savoir, j’étais là en même temps que lui, il n’avait pas eu plus d’informations que moi.

Je démarrai la voiture et pris la direction de chez moi, sans même me poser de questions. Nous ne mîmes pas longtemps à arriver chez moi. J’engageai la voiture d’Elijah dans la rue et la garai à côté de celle de David. Pour une fois que je rentrais avant qu’il soit levé…

Je descendis de la voiture, en fis le tour et ouvris la portière d’Elijah.

- Le carrosse de monsieur est arrivé.

Je ne pouvais pas m’empêcher de faire un peu d’humour. Après ce à quoi nous venions d’assister ce soir, je crois que j’avais besoin de me détendre un peu.

- Vous allez mieux ?

Le voyage jusqu’à la ville médiane se fit rapidement. Peut être parcequ’ils étaient tout les deux perdus dans leurs pensées où alors que la chute d’adrénaline donnait cette impression.
Le fait est que quand ils arrivèrent devant chez Angie et que cette dernière fit le tour de la voiture pour lui ouvrir la portière, il sourit et en sortit normalement. Le fait de prendre un moment pour souffler lui avait permit de retrouver totalement ses esprits.

Il fit donc une petite courbette vers elle.

- C’est bien trop d’honneur Monsieur le Duc, il ne fallait pas.

Même si il plaisantait, au fond de lui se posait des dizaines de questions. Il aimait fouiner, il aimait se poser des dizaines de questions et chercher les réponses ensuite. A vrai dire, maintenant qu’il y pensait il aurait peut être dû devenir journaliste ? En voila une idée…

- Je vais mieux, oui. C’est juste… épuisant sur le moment, mais après, on fini par s’y faire. C’est comme un exercice qu’on répète journalièrement jusqu’à ce qu’on est tellement l’habitude de le pratiquer que ça ne demande plus aucune énergie. C’est juste que… il y avait quelque chose dans l’air, qui m’a épuisé. Comme si on drainait toute mon énergie hors de moi, le problème, c’est que je en voulais pas lâcher, alors… ça m’a mit à genoux.

Il leva les mains vers le ciel comme pour dire que c’était tout lui après tout. Il prit un moment cependant pour profiter du calme des alentours. Après la cohue et les bruits du pub, il était bon de retrouver une atmosphère légèrement plus calme, comme celle du toit.
Il referma la porte du coté passager et s’adossa dessus.

- J’ai des tonnes de question à poser à mes amis… je veux savoir qui il était et pourquoi il était là… il a dit qu’il avait ce pour quoi il était venu… a part une dérouillé, je ne vois pas ce qu’il aurait pu avoir au final.

Sa réponse me fit sourire.

- Monsieur ?

Je fis une moue un peu contrariée.

- J’aurais préféré Madame ou Mademoiselle. Enfin mince quoi, au cas où vous l’auriez pas remarqué, je suis une fille ! Ouais bon je sais, ça ne se voit pas, mais vous pouvez me croire sur parole !

Je m’adossai moi aussi contre sa voiture tandis qu’il se mettait à parler de tout ça, de ce qu’il lui était arrivé. Un détail me revint en mémoire.

- Quand vous avez utilisé votre pouvoir, vous… Il semble que vous aviez la main sur mon épaule. En tous cas, j’ai senti ma médaille et ma ceinture… tout le métal que j’avais sur moi. Est-ce que j’aurais pu puiser dans votre énergie sans le vouloir ? En tous cas vous pouvez vous vanter de m’avoir un peu inquiétée. Et je peux vous dire que c’est rare quand quelque chose me fait peur.

Et tandis qu’il reprenait la parole, un autre détail me revint. Mon cerveau n’avait pas encore effacé les détails de cette soirée et j’en étais plutôt contente. Si ça pouvait aider Elijah à comprendre des trucs par rapport à ce qu’il venait de se passer…

- Le gars, il a pris un truc dans la poche de celui qu’il a… mis à terre avec son pouvoir. C’est peut-être ça qu’il était venu chercher. Le pauvre, j’espère que c’est une carte pour un trésor où un truc précieux parce que le pauvre, je le plains quand il va se réveiller demain…

Je me redressai et lui indiquait la maison.

- Et si on discutait autour d’un café ? Je ne sais pas vous mais… je crois que j’en ai besoin.

Elijah resta interdit un instant, il hésita, puis finalement rit de bon coeur secouant la tête dans tout les sens.

- Mais non, il ne faut pas le prendre comme ça, je disais ça comme une Demoiselle a qui on ouvre son carrosse voyons… je ne voulais jamais sous entendre que…

Il la montra de la tête aux pieds et secoua la tête, faisant un bruit de bouche de négation.

- Enfin bref. Vous avez compris. Il ne faut pas le prendre comme ça.

Quand elle lui raconta ce qui s’était passé quand il avait posé la main sur elle, il fit la moue. Il n’aimait pas beaucoup l’inconnu dans ce genre de situation, mais il se devait de trouver une explication pour Angie. Il fit quelques pas, réfléchissant à ce qui avait pu se passer et fini par secouer de nouveau la tête.

- Je suis désolé Angie, je ne contrôle pas ce pouvoir, je ne sais rien de lui. Il est possible qu’en vous touchant vous ayez senti plus que de raison ma perception du metal quand j’étends mon pouvoir.

Il fit un cercle très ample au dessus de sa tête.

- Mon degré de concentration influe sur la distance que je peux percevoir… vu que je l’ai étendu au petit bonheur la chance, il est possible en effet que vous ayez pu ressentir certaines vibrations.

Quand elle lui parla cependant de ce qu’elle avait vu, une toute autre facette de lui arriva en plein jour. Enfin… en pleine nuit pour le coup. Il se porta massa la nuque, réfléchissant à ce qu’elle venait de lui dire.

- Vous avez vu la taille de ce gars là. Il doit faire ça tout les jours… il ne bronchait même pas alors qu’il avait des entailles partout. Mais ce que vous me dites… je doute que ce soit une carte au trésor, mais cette personne qu’il avait au bout du fil, elle semblait lui donner des directives. Disons que ça n’avait pas l’air d’un coup de fil anodin, mais j’étais vraiment trop dans le brouillard pour me souvenir des détails…

Il posa un regard désolé sur elle, conscient que pour le coup, il ne serait pas d’une grande aide.
Il acquiesça lentement quand elle lui proposa un café, mais précisa tout de même.

- Je n’aime pas le café, mais un verre d’eau serait déjà très bien pour moi…

Je me mis à rire moi aussi. J'avais parfaitement compris ce qu'il avait voulu dire, et depuis le début. Je vous l'ai dis, j'aime charrier les gens et j'aime encore plus quand ils marchent. Et là, Elijah, il n'avait pas marché, il avait couru ! Excellent !

- Ce n'est pas la peine de vous excuser. Ce n'est pas ça qui m'a inquiété. Non, je ne devrais peut-être pas mais je vous fais confiance. Au contraire, j'ai trouvé ça plutôt marrant. Je ne savais pas que je pouvais avoir autant de métal sur moi. Ce qui m'a inquiété c'est surtout de vous voir à genoux.  Avouez que c'est quand même pas rassurant.

Je l'écoutai parler du tatoué, de sa carrure, de ce bout de papier qu'il avait ramassé, du coup de fil qu'il avait reçu. Si Elijah était encore un peu dans les brumes, moi en revanche j'avais entendu des bribes de sa conversation. Je n'avais pas essayé d'écouter, c'est juste qu'il n'étais pas assez loin pour que je n'entende rien. Je réfléchis quelques instants essayant de me rappeler ce que j'avais entendu.

- Il s'appelle Eric. Il parlait à une Jessica. J'ai pas très bien entendu mais il a parlé de pouvoir et de photo.

Tout en parlant, je m'étais avancée vers la maison et j'avais déverrouillé la porte. J'allumai la lumière du salon et traversai la pièce. On avait une maison simple, des meubles qui étaient plus fonctionnels que beau, quelques photos de ma famille, de David et moi, de nos amis accrochées aux murs ou posées sur les meubles. Rien de bien étonnant. Il y avait juste, sur la table basse, une image irm. Ce devait être les résultats de celui que j'avais passé dans la semaine. On devait les recevoir aujourd'hui. Il représentait mon cerveau avec une grosse tâche au milieu. Je fis un arrêt pour récupérer cette photo et la rangeai dans un tiroir puis je filai sur la cuisine.

- Installez vous, je vous apporte votre verre d'eau.

Je revins de la cuisine quelques minutes plus tard avec le verre pour Elijah et mon café.

- Vous pensez que c'était ça ce qu'il voulait récupérer ? Une photo ? Mais qui ferait tout ça juste pour une photo à moins qu'elle ne contienne des infos importantes et dangereuses ?

Elijah sourit à Angie quand elle lui dit qu’elle avait été inquiétée quand elle l’avait vu a genoux. Il était vrai que ça faisait un moment qu’il n’avait pas eu de contre-coup aussi puissant. Mais après tout, il se mettait réellement à utiliser ses pouvoirs depuis peu, il en aurait surement d’autre, ça l’aidait vraiment à connaitre ses limites. Il se gratta la joue, le regard dans le vague un instant.

- Disons que ça m’a bien demandé plus de concentration que d’habitude. Et tant que je ne tombe pas dans le coma… on peut dire que je m’en tire bien.

Il rit jaune. Comme à chaque fois qu’il parlait de ça. Il en plaisantait, mais il n’avait aucune envie de le faire. C’était juste un style qu’il se donnait.

Quand Angie lui fit la topo de ce qu’elle avait entendu, il prit des notes mentales. Une avalanche de choses déferlèrent sur lui, des idées, des directions qu’il pouvait prendre avec des indices comme ça…
Tandis qu’il réfléchissait à tout ça, il observait la maison dans laquelle ils venaient de pénétrer. Il regarda les photos, beaucoup. Il n’en avait quasiment aucune pour sa part, c’était le genre de détail qui le marquaient. Il nota également l’IRM, mais ne releva pas pour le coup. Il ne savait pas les lire, mais comprenait assez facilement ce qui sautait aux yeux.

Quand elle lui demanda de s’installer, il ne se fit pas prier, mais avant de se laisser tomber sur une chaise, il tira un calepin et un crayon qu’il avait dans la poche arrière de son jean. Il s’en servait pour faire des croquis ou prendre des notes quand il avait peur d’oublier.
Il l’ouvrit et se mit à noter à l’intérieur, récitant à voix haute les choses qu’elle venait de lui apprendre sur l’inconnu.

- Le tatoué: Eric. Correspondant…dante du coup: Jessica. Pouvoir ? Photo… quel genre de photo ce type de personne peuvent avoir sur eux, pas de la famille… et cette arme…

Il avait conscience qu’il parlait à voix haute dans un endroit qui n’était pas chez lui, mais ça l’aidait encore mieux à placer ses idées.
Quand elle arriva avec son verre d’eau, il sourit et prit ce dernier, trempant les lèvres dedans. L’effet fut immédiat et il se senti mieux, fou comme un peu de liquide peut faire tant de bien.
Quand Angie posa la question il secoua la tête, incertain.

- Je me demandais ce que ce genre de type peuvent bien avoir sur eux comme photo… et… il savait. Ce type, Eric. Il savait qui il devait voir pour avoir la photo… il savait que c’était ce groupe, il a fouillé un autre type, ça je l’ai bien vu. Donc ce n’était clairement pas un hasard.

Des tones d’hypothèses lui venaient en tête.

Je m’installai confortablement sur le canapé, ma tasse de café entre les mains comme si j’avais besoin de les réchauffer. Ce n’était bien sûr pas le cas, mais c’était agréable en fait, de sentir quelque chose de chaud entre mes mains.

- En tous cas, ça ne devait pas être juste une photo de famille. Ca pouvait être quelque chose de  compromettant.

Je réfléchis, tout en soufflant sur mon café pour le refroidir. En fait, je me demandai un peu comment on en était arrivé là. On admirait la ville sous son plus bel angle, tout se passait bien, c’était une chouette soirée et puis on s’était retrouvé en plein milieu d’une bagarre. Moi, avec ma grande gueule, j’étais intervenue, forcément et maintenant on n’arrêtait pas de se poser des questions. Comme si on essayait de mener une enquête alors que finalement, qui on était pour fourrer notre nez la dedans ?

- C’était peut-être une sorte de chantage ? Il y avait peut-être sur cette photo de quoi faire chanter Eric alors il s’est débrouiller pour la récupérer. Ou alors c’est une photo qui peut ruiner la réputation de quelqu’un. Mais alors ça doit être quelque chose de vraiment grave. Ou alors, c’est un projet secret ou…

J’établissais des hypothèques toutes aussi tirées par les cheveux les unes que les autres. C’était tout ce qui me venait à l’esprit.

- Nan désolée, je n’arrive toujours pas à comprendre comment on peut en arriver là pour une photo. Si c’est bien ça qu’il cherchait, ce dont nous ne sommes pas sûrs. J’ai pu mal entendre.

J'entendis du bruit au dessus de ma tête. Je jetai un oeil à ma montre, David n'allait pas tarder à se lever pour aller au travail.

Elijah savait, lui, pourquoi il était aussi curieux sur la situation. Il s’agissait d’un Positif. Et les Positifs solitaire comme ça, ce n’était pas commun. Tôt ou tard, on finissait toujours par être lié à l’Underground. Pour certains, c’était juste une formalité, comme lui, pour d’autres, c’était bien plus définitif. Et cette dernière phrase qu’il lui avait dite, quel pouvait bien en être le sens.
Il baissa les yeux sur son carnet et essaya de faire des liens entre les différents éléments qu’ils avaient.

- Ce type n’avait vraiment pas l’air d’une personne qu’on pouvait faire chanter, pas vrai ?

Il se creusa la tête, cherchant un détail qu’il pourrait relever et qu’il n’avait pas encore couché sur papier. Un détail lui vint, une… sensation plus que quelque chose de visuel, la raison pour laquelle son arme l’avait tant accroché que ça. Il hésita, mais fini par regarder Angie sur le canapé avec sa tasse de café dans les mains.

- Son arme… quand… quand elle est restée sur le sol, j’ai pu la sentir. Elle n’était pas uniquement mécanique, il y avait quelque chose d’autre… je n’avais jamais vu de chose comme ça.

Il repensa aux armes du PRD à l’époque et même eux n’avaient pas d’arme comme ça, même si dans le temps, il ne pouvait pas encore les voir comme ils voyaient les armes de maintenant…
Il se passa une main sur la nuque en soupirant.

- Il n’aurait pas fouillé ces types comme ça pour rien. Si il s’est arrêté alors qu’il avait ça en main, c’est que même si ce n’est pas quelque chose d’important, ça valait la peine d’arrêter de fouiller. Il n’a même pas prit la peine de regarder le dernier, celui de la ruelle.

La pensée de cet homme dans la ruelle le fit frissonné. Il devait être à l’hôpital à l’heure qu’il était. Ou bien mort, mais il doutait de ce point de détail là, ce Positif avait l’air de maitriser parfaitement sa mutation et de savoir ce que son énergie pouvait faire à un corps humain. Quelque chose lui vint à l’esprit.

- Il était entrainé. Il savait ce qu’il faisait, comme… un réel entrainement. Et pour s’en tirer à cinq contre un… il devait savoir se battre aussi, pour sûr.

Sa première question me fit secouer la tête.

- Non pas vraiment. C’est plutôt lui qui aurait une tête de maitre chanteur. Bon sang il était vachement impressionnant quand même. Mon frère est déjà bien baraqué mais il n’est pas si effrayant.

Bon c’est vrai qu’Eric ne m’avait pas fait peur, mais je me mettais à la place des autres filles, qui se seraient certainement évanouies si elles s’étaient trouvées devant lui.

- Je n’ai pas très bien vu son arme. Qu’est-ce qu’elle avait de spécial ? Et… pourquoi se promener avec une arme quand on a un pouvoir comme le sien. Il aurait pu tuer ce type s’il en avait vraiment eu l’intention.

Je me levai du canapé et me dirigeai vers le meuble dans lequel j’avais rangé l’IRM. C’était également dans ce tiroir que David rangeait son arme de service. Je n’étais pas experte en arme mais, le peu que j’en avais vu, j’aurais dit que c’était la même. En même temps, quand on n’y connait rien comme moi, on confond facilement. Je jetai un coup d’œil à celle de David. En fait, non, ça ne devait pas être la même. En même temps, comment ce type aurait-il pu se procurer une arme de flic ? Ils n’avaient pas des armes particulières ?

- Quel besoin a-t-il d’avoir une arme quand son pouvoir en est une ? Rien que ça déjà c’est bizarre. Et comment il savait que ces gens avaient cette photo hein ? S’ils lui avaient montrée avant qu’ils commencent à se battre, il aurait su direct lequel il devait fouiller. Alors que là, ce n’était pas le cas.

Eli se redressa, buvant une gorgée de son verre avant de faire quelques pas dans le salon.
Pourquoi cette histoire le perturbait tant que ça ? Pour son pouvoir qui avait perdu les pédales, le personnage… pourquoi ?
Quand Angie fit la remarque sur la carrure d’Eric ce dernier pouffa légèrement de rire.

- Effrayant ? Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Les tatouages, l’arme de poing que j’aurais moi-même du mal à soulever où le fait qu’il avait plus de sang sur lui que de vêtements ?

Quand vint la question de l’arme, il lança un regard par dessus son épaule et observait Angie dans le placard. Il ne pouvait pas voir le contenu, mais instinctivement, son pouvoir lui décrivit le contenu de ce dernier sans qu’il est besoin de le voir et il sentit l’arme à feu. Elle lui donna un frisson, mais il secoua la tête.

- Non, ce n’était pas le même type d’arme… celle-ci était plus lourde. Beaucoup plus lourde… et en ce qui concerne le pourquoi du comment… ce type avait l’air d’être habitué a ce genre de situation. Vous avez vu ce que ça m’a fait, j’ai fini a genoux, à bout de souffle… je ne prend pas sa défense, mais je comprend la logique, une arme a feu peut éviter tout ça, avoir un effet dissuasif…

Quand Angie se posa les questions suivantes à voix haute, il se mit a y réfléchir. Il était vrai qu’il semblait savoir à qui s’attaquer, sans savoir avec précision contre qui il devait se battre pour avoir ce qu’il voulait.

Eli porta la main à sa poche et en tira son téléphone. Il hésitait. Il ne savait pas comment elle allait réagir. Mais ça le travaillait beaucoup trop pour qu’il ne lui en parle pas pendant que c’était encore frais. Il fouilla dans son répertoire et trouva le numéros qu’il cherchait.
Il était tard maintenant, mais au fond de lui, il était persuadé qu’elle répondrait.

Quand une voix endormie marmonna quelque chose au bout du fil, il s’éclairci la gorge.

- Maddie. C’est Eli. Je suis désolé de t’appeler à cette heure-ci. Mais on était dans un bar dans la ville basse, on a croisé la route d’un groupe de types louches, ils étaient en train de se battre à cinq contre un… Maddie. Il était positif. Ce type était une montagne, je ne l’ai jamais vu, les deux bras tatoués, une arme énorme à la ceinture, il a foudroyé un gars sur place, juste en pointant sa main vers lui, comme si de rien n’était.

Il hésita une seconde à lui donner la suite des évènements. Mais après tout, quitte a la réveiller et avant qu’elle ne puisse parler, il reprit.

- Il a mit au tapis ces cinq mecs pour… une photo visiblement. Et il a prit la fuite. Mais les cinq types ont eu des renforts juste après, des voitures noires énormes… tu saurais qui traine dans les alentours du Mclaren’s en général ? Un groupe, un gang, un truc comme ça… ?

Il attendit sagement. Presque en parallèle, ce fut le téléphone d’Angie qui se mit à vibrer.
Si elle l’avait à proximité d’elle, l’appelant était inconnu.

La voix d’Elijah dans mon dos me surpris. Comment savait-il que j’étais en train de regarder l’arme de David, je lui tournai le dos et je n’avais pas sorti le pistolet du tiroir ? Je me tournai vers lui en fronçant les sourcils. Et puis mon regard s’éclaira subitement. Je commençais à comprendre ce que son pouvoir sur le métal entrainait. Il le sentait, sans même avoir besoin de le voir, ni même de savoir qu’il était là.

- Oui, effectivement, vu sous cet angle, je comprends mieux.

Alors que je refermai le tiroir, mon regard fut attiré par l’image IRM. Je n’avais pas pris le temps de la regarder avant de la ranger. J’avais un peu peur du résultat et en même temps je n’en pouvais plus d’attendre.

Un coup d’œil à Elijah m’apprit qu’il venait de sortir son téléphone. J’en profitai donc pour regarder l’image plus attentivement. La tâche était déjà là avant, elle était là depuis 2 ans. Mais jamais encore elle n’avait été aussi grosse. Elle avait encore progressé, bien plus que prévu. Il y avait une lettre jointe à la photo.  M’assurant qu’Elijah était encore au téléphone, je commençai à la lire et cela me fit un choc.

Citation :

« Mademoiselle Foster, nous sommes dans le regret de vous annoncer que la tumeur à repris une progression plus importante. Il semblerait que le traitement que vous suivez actuellement  ne soit plus efficace. Nous ne voyons donc pas d’intérêt à le poursuivre étant donné les effets secondaires qu’il entraine. »

J’arrêtai là ma lecture, incapable d’aller plus loin. Je me sentis mal tout à coup, comme si mes jambes ne pouvais plus me porter. Sans lâcher la lettre je retournai vers le canapé et me laissai tomber dessus. Je n’eus pas le temps de penser à ce tout ce que cela voulait dire, mon portable vibrait dans ma poche. Je le sortis, étonnée qu’on m’appelle à cette heure-ci. Inconnu. Je fronçai les sourcils et décrochai.

- Angie Foster…

Eli tournait sur lui-même, les yeux dans le vide. Il écoutait visiblement ce que lui disait sa correspondante. Mais il fini par agiter les mains dans les airs, légèrement paniqué.

- Non, non, pas la peine de venir, non. On est plus sur place, tu te doutes bien qu’on allait pas rester là. Non si tu as la possibilité de chercher demain… tiens moi juste au courant, ça me détendrait.

Il sourit. Lors d’un de ses tours sur lui-même, il fini par apercevoir Angie et le regard qu’elle avait n’avait rien a voir avec celui qu’elle avait en début de soirée, il voulu s’approcher d’elle pour lui demander si ça allait, mais son interlocutrice reprenait visiblement et il dû se désengager avant de pouvoir poser sa question.

En parallèle, quand Angie décrocha, l’autre coté du combiné resta silencieux un instant. Si elle tendait bien l’oreille, elle pouvait entendre des discussions légère en fond sonore, puis une personne s’éclairci la gorge bruyamment avant de prendre la parole.

- Angie, Angela Foster, c’est bien ça ? Je… je m’appelle Charlie Dunkan. On ne se connait pas. Nous avons… comment dire, on vient de retrouver votre voiture dans le quartier. Je ne sais pas si vous la cherchiez. Mais la portière était ouverte, alors on a fouillé un peu dedans et on a trouvé votre carte grise… une simple recherche nous a permis de retrouver votre numéros…

La voix était masculine, légèrement fluette pour un homme, mais on entendait clairement qu’il était mal à l’aise. Et son histoire ne tenait pas vraiment la route.
Il reprit.

- Donc ne vous inquiétez pas. Elle est dans notre garage. Chez nous à la tour d’Horloge Belmont dans la ville Médiane, vous ne pouvez pas la loupé, elle est visible quasiment de partout. Ah ah. Enfin bref… Juste pour vous prévenir. Je vous enverrai les coordonnées par Message.

Puis la conversation se coupa. Aussi rapidement qu’elle avait commencé.

C’est a ce moment là qu’Eli retourna vers Angie et se laissa tomber a coté d’elle, son téléphone visiblement éteint.

- Je vois que je ne suis pas le seul à passer des coups de fil tardif…

Il rit et la regarda en coin, cherchant à voir si elle avait toujours la même expression que précédemment.

J’étais loin de m’attendre à ce que j’entendais dans mon téléphone. J’étais toujours affalée sur mon canapé, la lettre de l’hôpital à la main et au fur et à mesure de ma conversation téléphonique, enfin disons plutôt du monologue que j’entendais, mon expression passa du choc-mauvaise-nouvelle au –choc-qu’est-ce-que-c’est-que-ce-truc.

Lorsque mon interlocuteur raccrocha subitement, je restai quelques secondes à regarder mon téléphone avant de l’éteindre à mon tour.

- Ils ont retrouvé ma voiture…

Quelque chose me semblait bizarre dans cette histoire. Je me tournai vers Elijah pour lui faire part de mes impressions.

- C’est bizarre. Vous en connaissez beaucoup vous, des garagistes qui travaillent encore à cette heure-ci ? Ils m’ont dit qu’ils avaient retrouvé ma voiture dans la ville médiane, que je pouvais venir la chercher et ils ont raccroché brutalement. C’est…

Je levai les mains vers lui pour le prendre à témoin.

- Enfin je sais pas, quand vous appelez un de vos clients, je suppose que vous utilisez les formules de politesse habituelles genre « bonne fin de journée », « au revoir », ou un truc de ce genre non ?

Je baissai les yeux et la lettre de l’hôpital, toujours dans ma main, se rappela à ma mémoire. L’expression de choc-mauvaise-nouvelle revint, l’espace d’un instant. Je me relevai pour la remettre dans le tiroir, secoua la tête et pris une profonde inspiration avant de revenir vers le canapé.

- Mais bon, puisque j’ai l’occasion de retrouver ma voiture… je vais demander à David de me déposer là bas en allant au boulot. Tout à l’heure.

Elijah écouta attentivement quand Angie lui dit qui était au bout du téléphone Elle souleva en effet beaucoup de points qui ne collaient pas, mais le plus étrange était à son gout celui qu’elle n’avait pas mentionné. Il se perdit dans ses pensées une poignée de seconde et lui répondit ensuite.

- Le fait qu’ils l’aient retrouvé est une chose… ils ont donné le nom du garage ? On ne sait jamais des permanences sont toujours possibles.

Il marqua une pause et montra de l’index le téléphone portable d’Angela.

- Mais comment ils ont fait pour avoir votre numéro de portable ? Vous l’avez laissé trainer quelque part dans votre voiture ?

Il posait la question, mais il se doutait de la réponse, normalement, les cartes grises et autres pièces d’identités qu’on pouvait lier a une voiture menaient invariablement à la demeure du propriétaire.

- Avec des recherches par plaque, on peut trouver beaucoup d’informations sur les propriétaires, mais… jamais les numéros de téléphone portable…

Peut-être qu’Eli s’inquiétait pour rien après tout, vu qu’Angie avait rebondi sur le fait qu’elle irait avec son frère, elle devait penser l’affaire plus neutre que lui. Mais il avait toujours tendance à être sur ses gardes. C’était un défaut plus qu’un qualité, mais ça l’avait aidé à de nombreuses reprises.
Il se redressa et prit son verre d’eau pour le finir.
Quand il se retourna de nouveau vers elle. Elle était dans de retour dans le placard. Il fixa son dos un instant en silence avant de s’éclaircir la gorge pour attirer son attention. Il avait bien remarqué le changement d’attitude, et il se demandait toujours si elle allait bien, ça se lisait sur ses traits.

- Vous êtes sûre que ça ira pour cette nuit ?

La question d’Elijah me laissa songeuse. Le nom du garage ? A vrai dire…

- Non et…

Les détails de la conversation me revenaient en tête.

- A vrai dire, je ne suis même pas certaine que ce soit bien un garage. La personne que j’ai eu au téléphone m’a dit « chez nous à la tour de l’Horloge Belmont ». Plus j’y pense et plus je me dis qu’en fait, c’est peut-être juste un particulier. Et si c’est le cas, je vais devoir trouver une bonne excuse pour expliquer ça à David… Je ne suis pas sûre que la carte « no question asked » marche cette fois…

La suite me laissa perplexe. Elijah avait raison, un numéro de portable, ça ne se trouve pas si facilement que ça. Je passais en revue le contenu de ma voiture. A part ma carte grise et mon contrat d’assurance, il n’y avait rien qui aurait pu contenir des infos personnelles. Et surtout pas mon téléphone portable.

- Il m’a dit qu’ils m’avaient retrouvée avec ma carte grise. Mais maintenant que j’y pense, je n’ai jamais inscrit mon numéro de portable sur le formulaire de demande… Et je ne vois pas comment ils auraient pu l’avoir…

Je relevai les yeux vers lui.

- Attendez, vous commencez un peu à me faire flipper là. Vous, avec votre expérience, vous êtes certains qu’on ne peut pas trouver un numéro de portable juste avec une carte grise et un contrat d’assurance ? Parce qu’à part ça, il n y’a rien dans ma voiture qui aurait pu leur permettre de remonter jusqu’à moi.

Elijah était en train de penser à certains détails que lui avait donné Angie quand elle parla de la tour Belmont. Il leva un sourcil et secoua la tête, les paumes vers le plafond.

- Quelque chose ne colle pas là dessus. La tour Belmont, c’est une de ces vieilles tours d’Horloge. C’est un bâtiment historique à l’abandon depuis des années. Avant même que j’arrive ici, elle était déjà laissé aux pâtes des araignées. Je n’étais pas au courant qu’elle avait été réouverte… et encore moins que des gens y vivaient.

Pour ce qui touchait à son frère, il n’avait pas réponse à lui fournir, mais peut-être un conseil qu’elle devait prendre en compte dans sa décision.

- Pourquoi pas lui dire la vérité ? Enfin… pas TOUTE la vérité. Mais lui expliquer qu’on a volé votre voiture pendant votre concert et voila. Qu’on vous a appelé pour vous dire qu’elle avait été retrouvée, que vous êtes chanceuse…

Quand elle lui avoua qu’il était en train de lui faire peur et lui demanda si il était, lui, capable de retrouver un numéro de portable avec une carte grise, il secoua la tête de gauche a droite.

- Non. Même pour la Police ça serait compliqué de trouver ce genre d’informations. Pas impossible, mais long. Oui, long, ça c’est une certitude. Ce n’est pas le genre de chose qu’on arrive à faire en quelques heures en tout cas.

Il fit quelques pas dans le salon et s’approcha de la fenêtre pour tirer le rideau et essayer de regarder dehors. Il savait à quoi ressemblait la tour Belmont, mais il n’y avait jamais mis les pieds. C’était de ces bâtiments qui font parti du décors et qu’on ne voit jamais vraiment. Mais pour le coup, la maison d’Angie n’était pas placée au bon endroit. La tour était à l’opposé.

- Dans tout les cas, ils n’auraient eu aucun intérêt à vous prévenir si ils n’avaient pas retrouvé la voiture, n’est-ce pas ?

Je regardai Elijah comme s’il venait de me sortir un truc énorme. Je levai un sourcil à la teal’c dans Stargate (une vieille série qui datait du début du siècle voir même avant).

- Attendez, si je comprends bien, vous êtes en train de me dire que la tour Belmont est théoriquement aussi désaffectée que min immeuble secret ?

Je me levai subitement.

- Non mais c’est quoi cette blague ?

La suite me fit rire jaune.

- La vérité ? Non, je ne crois pas. Si je dis à David qu’on m’a volé ma voiture pendant le concert, il va se faire un film, se demander comment ça se serait passé si j’avais été à côté...

Je levai les yeux au ciel.

- Bref, je n’aurais plus eu l’autorisation de sortir seule jusqu’à la fin de mes jours !

Bon, c’était un peu exagéré, mais pas beaucoup, vraiment pas beaucoup.

Je commençai à marcher de long en large. Plus j’en parlai avec Elijah, plus j’avais l’impression que ça sentait mauvais cette histoire.

- Euh non, aucun intérêt. Enfin je ne pense pas. A moins qu’ils ne cherchent une bonne raison de me faire venir jusqu’à cette tour…

En un instant, je pris une décision. Il fallait que j’en ai le cœur net. Je me dirigeai vers le placard de l’entrée, en sortis un blouson de moto que j’enfilai et un casque. J’allai faire un tour du côté de cette tour. Et si rien ne me paraissait vraiment louche, j’y retournerai avec David pour récupérer ma voiture.

- Faut que je trouve le fin mot de cette histoire !

(Indeed…)

Il pencha la tête de coté, pincent les lèvres. L’exemple n’était pas des plus approprié. Il prit son verre vide dans les main et joua avec les bords, juste pour s’occuper les mains, comme Angela l’avait fait avec la bouteille de bière quelques heures plus tôt.

- Non. C’est un bâtiment historique. Il n’est pas à l’abandon à proprement parlé. C’est juste que la ville fait le strict minimum pour qu’il tienne debout. J’ai étudié certaines zones en cours… ils disent que la bâtiment à perdu de sa superbe à cause du manque de fonds des propriétaires mais…

Il secoua la tête.

- Bref. C’est probable qu’ils aient un gardien, pourquoi n’aurait-il pas retrouvé la voiture si on met de coté cette histoire de téléphone portable.

Quand elle reprit la parole, Elijah eu un petit moment d’hésitation. Cette histoire semblait la prendre autant à coeur que lui celle d’Eric. Mais il fallait qu’il la rassure.
Il se redressa, reposa le verre et remonta à son niveau en secouant la tête, souriant.

- Ils n’auraient aucun intérêt de vous attirer où que ce soit.

Quand il la vit s’habiller pour une sortie en moto, il lui prit l’avant bras doucement et lui fit signe de le suivre.

- Il est hors de question que je vous laisse partir là-bas toute seule, vous me prenez pour qui ? Je vous accompagne, puis je connais la route pour une fois.

Il se sentait beaucoup mieux qu’après sa rencontre avec le Positif. Il était d’attaque et prêt à conduire la Demoiselle jusqu’à la tour pour avoir les réponses qu’elle voulait.

J'essayai d'imaginer dans ma tête la différence entre un bâtiment totalement désaffecté comme mon immeuble secret et un bâtiment historique qu'on entretient juste ce qu'il faut pour qu'il tienne debout. Et à vrai dire, dans mon esprit, les deux images se confondaient un peu. Quoique non, mon immeuble tenait debout sans que personne ne fasse quoique ce soit pour. Mais il n'était probablement pas aussi vieux que la Tour. En fait, je n'en savais rien, je ne me souvenais pas d'être allée un jour dans cette partie de la ville.

-  Ouais, je me pose sans doute trop de questions. Je crois que David commence à déteindre sur moi. Dès qu'un truc lui parait louche, son côté flic tend à imaginer tout un tas de scénarios possibles.

Quand Elijah m'arrêta, je me tournai vers lui, un peu contrariée.

- Dites, c'est pas que je n'apprécie pas votre sollicitude, mais à la longue, ça devient vexant. J'ai vraiment l'air d'une de ces filles qui ne sont pas capables de sortir seule sans un garde du corps ?

Mon ton n'avait rien de méchant, vraiment pas. Il était plutôt empreint de lassitude. J'avais déjà David sur le dos. Et s'il me laissait sortir seul, c'était uniquement à la condition que j'ai en permanence dans ma poche une espèce de bipper équipé d'une balise GPS qui envoyait à David ainsi qu'à l'hôpital ma position. C'était en cas de crise, au cas où je perdrais connaissance et qu'il n'y ait personne avec moi pour appeler les secours. Je trouvai ça ridicule, mais c'était le prix de ma liberté. Alors quand Elijah se mit à vouloir jouer les protecteurs lui aussi, c'en était trop.

Je résistai un instant mais je finis par céder. Il connaissait la route et moi pas.

- D'accord, mais c'est juste de la reconnaissance. Et si jamais on croise quelqu'un du même acabit qu'Eric, vous n'utilisez pas vos pouvoirs. Je n'aurai pas la force de vous ramener jusqu'à la voiture.

Elijah secoua la tête, répondant avec exactement le même ton.

- Non. Rien a voir avec ça. On m’a juste élevé comme ça. Vous pourriez faire trois mètres de haut, avoir six bras et autant de cheveux que de poils, ça ne changerait rien au fait que je proposerais quand même.

Il lui fit un sourire et fouilla dans ses poches pour récupérer ses clefs qu’il fit tourner sur leur anneau à deux reprises avant de refermer les doigts dessus. Il retraversa la maison dans le sens inverse emprunté quelques minutes plus tôt et ouvrit la voiture avant de se glisser dedans. A la différence de tout à l’heure, se retrouver là-dedans le rassura énormément. Il attendit qu’Angela monte à bord et mit le contact, laissant la voiture reculer sans bruit dans l’allée pour démarrer une fois sur la route. Il ne vouait pas encore la tour, mais savait parfaitement où la trouver.

- Je pense que j’ai été vacciné de l’utilisation de mes capacités pour la soirée, mais merci de me le rappeler quand même, on ne sait jamais.

Il se pencha légèrement au dessus du volant après une série de virage et pointa du doigt quelque chose au loin entre deux immeubles. En effet, elle était là. Plutôt large pour une tour d’horloge, pour ce qu’on en voyait pour l’instant c’était juste un de ces pics en pierre surmonté d’un toit qui pointait vers le ciel et avec un cadran sur chacune des faces. Mais il savait qu’à la base du bâtiment, ce dernier s’étirait légèrement plus.

- On devrait y être dans quelques minutes…

Les cadrans étaient illuminés, mais ça, c’était automatisé, une des rares choses entretenue depuis que les propriétaires avaient laissé la tour à sa décrépitude.

Je hochai la tête.

- Mouais, c’est tout à votre honneur, mais un conseil, si un jour vous deviez vraiment vous retrouver avec une fille de trois mètres qui a six bras et qui a le même caractère que moi, évitez de la contrarier parce qu’elle serait capable de vous transformer en bouillie, pouvoir ou pas !

Je remis mon casque dans le placard et emboitait le pas à Elijah.

- Vous savez, c’est génial d’être bien élevé, mais il faut savoir oublier son éducation et s’adapter aux gens qu’on côtoie…

Je m’installai sur le siège passager et me laissai conduire jusqu’à la tour en silence. J’étais préoccupée, à la fois par ce courrier de l’hôpital mais aussi par cette histoire bizarre de voiture retrouvée. Bon, j’étais quand même contente de la récupérer. Pour tout dire, je n’avais pas les moyens d’en acheter une nouvelle. Je me rendais compte que j’avais agis une fois encore sans réfléchir. Mais je n’arrivais pas encore à regretter tout ça. Quelle aventure quand même ! Et dire qu’avant ce soir, je n’avais jamais rencontré de positifs et boum, deux pour le prix d’un !

C’était tout bon pour être une excellente soirée, même avec l’altercation, sauf que David avait laissé trainer cette saloperie de courrier sur la table basse. Et vlan, comment redescendre aux 36ème dessous en peu de temps. Heureusement qu’il y avait cette histoire de voiture, ça m’empêchait de trop y penser.

Je regardais par la fenêtre de la voiture et je finis par la voir, la Tour Belmont. Les cadrans indiquant l’heure étaient encore en marche et éclairé. Je savais que dans quelques endroits, c’était automatique, mais ici, je n’en avais pas la moindre idée.

- La ville maintient aussi l’horloge en état de marche ?

Je jetai un nouveau coup d'oeil à la tour.

- Alors, d'après vous, elle est toujours vide cette tour ?

Pour ma part, je trouvais qu'elle n'avait pas vraiment l'air en pleine forme...

Plus ils approchaient, plus Elijah se disait qu’il pensait de moins en moins comme Angela. Au départ, il s’était dit que la tour était en effet décrépites, mais quand ils ne furent plus qu’à un bloc de cette dernière, ils purent apercevoir des échafaudages sur la base du bâtiment. Comme se le rappelait Elijah il y a quelques minutes, le bâtiment s’élargissait bel et bien arrivé sous le niveau des immeubles.
Il indiqua la base du bâtiment en faisant la moue.

- Il semblerait que la ville ou d’autres personnes commencent à remettre cette vieille tour à neuf.

Il n’en dit pas plus, même si il pensait que c’était une bonne chose. Le voyage s’était passé en silence et il n’arrivait pas a définir si c’était à cause de toute cette histoire ou d’autre chose. Donc il préférait ne pas poser de question idiote.

Quand ils arrivèrent sur la rue qui menait à la tour, Eli rit légèrement.

- Je ne pense pas, non.

La dernière question d’Angela venant de trouver une réponse. Devant le bâtiment qui servait de base à la tour, entre les échafaudages se trouvait une entrée, double porte sublime et très large, l’un des bâtants était ouvert et ils purent voir trois personnes assises sur les marches qui faisaient la jonction entre la tour et la rue. Ils n’avaient pas l’air dangereux ou quoi que ce soit, ils avaient juste l’air d’attendre sagement. Si il n’avait pas été si tard, la scène n’aurait rien eu d’anormal.

Elijah hésita pour la marche à suivre. Il aurait très bien pu passer devant, mais de la même façon qu’un groupe dans la rue à cette heure-ci était étrange, une voiture qui passait par là aurait été aussi visible que si ils avaient eu une enseigne au néon sur le toit du véhicule.

Tandis qu’Eli était en train de réfléchir à ce qu’il allait faire, Angie pouvait nettement voir les gens qui étaient dans les marches. Deux femmes et un homme. L’une des femmes, la peau ambrée était couchée sur la large rampe en pierre qui bordait les marches, regardant le ciel comme Elijah et Angela l’avaient fait quelques heures auparavant. Elle parlait, on pouvait voir ses lèvres bouger. La seconde femme, une Demoiselle avec la chevelure de feu était assise dans les marches, les jambes rabattues sous elle. Fait étrange, elle portait une robe qui détonnait clairement avec la mode actuelle de Megalopolis, d’ailleurs… avec tout les effets de monde confondu du siècle dernier. L’homme quand à lui était au bas des marches en train de rire, jouant avec un chat à la fourrure cendrée, sa large gueule mordillant les doigts du bipède rieur.

Effectivement, plus on se rapprochait et plus je doutais moi-même de ce que je venais de dire. La base de la Tour était couverte d’échafaudages. Manifestement, quelqu’un avait commencé à réhabiliter ce veux bâtiment. Tout de suite, le lieu devint plus rassurant. Le fait de savoir qu’il y avait réellement quelqu’un qui s’en occupait enlevait du louche à l’histoire.

Lorsque nous arrivâmes au pied de la Tour, je dû me rendre à l’évidence. La Tour était bien habitée. La double porte principale, immense et vraiment jolie, était ouverte et il y avait un petit groupe de personnes installées sur les marches. Ils n’avaient pas l’air bien méchant. Je commençais à me dire que je m’étais fait de sacrés films. Bon sang David, sort de ce corps. Je n’étais pas d’un naturel méfiant, mais à force de côtoyer David, j’ai fini par le devenir.

J’observai les trois personnes, deux femmes et un homme. Je les distinguais mieux au fur et à mesure qu’on s’approchait. Je notai que l’une des femmes avait de drôle de goûts vestimentaires. On l’aurait crue toute droit sortie d’un magazine de mode du siècle dernier. Mais après tout, c’était son droit. L’autre femme regardait les étoiles comme nous l’avions fait quelques heures auparavant Elijah et moi. Quand à l’homme, il jouait avec un petit chat. Le tableau n’avait vraiment rien d’inquiétant.

- Dites, vous pouvez vous garer ? Tant qu’à être là, autant que j’aille vraiment récupérer ma voiture…

J’essayai de retrouver le nom de l’homme qui m’avait appelé. S’il était là, je voulais pouvoir le remercier. Et aussi avoir un peu plus de détails sur la façon dont ils avaient retrouvé ma voiture, et ma trace.

Je me tournai vers Elijah, attendant qu’il réponde. Que pouvait-il faire d’autre ? A cette heure-ci, des voitures, il n’y avait pas des masses. On était déjà repérés, c’était certain. Alors autant s’arrêter et aller leur parler. Ca nous donnait une bonne raison d’observer le bâtiment non ? Sur ce coup là, je trouvais qu’Elijah n’avait pas été assez fin. Si j’étais venue seule, j’aurai laissé ma moto et mon casque dans une des rues et je me serais approchée à pied. Un piéton est toujours plus discret qu’un véhicule.

Quand elle lui demanda de se garer. Il fit la moue. Il ne s’attendait pas a croiser des gens à cette heure-ci, mais de toute façon, c’était la seule chose raisonnable à faire. L’autre aurait consisté à faire demi-tour peut importe qu’ils aient été vu ou pas. Il s’exécuta donc en silence. il arrêta la voiture de l’autre coté de la rue, en face du trio.
Celle qui était allongé sur le rebord se redressa sur ses coudes et observa la voiture, l’homme prit le chat par la truffe une dernière fois et le laissa filer, levant les yeux vers Elijah et Angela tandis que le félin retournait dans la tour. La seule à rester passive fut la rousse.

Il sortit de la voiture et attendit Angela. Après tout, c’était elle qui avait décidé de s’arrêter, elle avait surement une idée en tête et vu qu’elle avait dit qu’elle voulait récupérer sa voiture, il se doutait de ce que ça impliquait.

Quand il se mirent à traverser la route, l’homme se redressa légèrement, les sourcils légèrement froncé, mais une attitude amicale tout de même. Il passa du Positif à la Négative avant de tourner la tête vers la Demoiselle sur le rebord, cette dernière jouait avec un porte-clef avec une améthyste en son centre, ses yeux suivirent le même schéma que ceux de l’homme et elle fini par hausser les épaules. Ce n’est qu’après ce geste de la jeune femme qu’il leva la main vers eux pour les saluer.

- Je vois que nous ne sommes pas les seuls à ne pas dormir ce soir. Nous attendions quelqu’un, mais ce n’était certainement pas deux voyageurs dans ce coin de la ville médiane.

Elijah sourit à la remarque.

- On était dans le secteur, je lui racontais l’histoire de la Tour Belmont, on ne savait pas qu’elle était en pleine rénovation, elle en avait bien besoin !

Angela pouvait se rendre compte d’une chose, la voix de l’homme, elle l’avait entendu au téléphone quelques minutes auparavant, pas de doute. Elle était assez distinctive pour être facilement reconnaissable. Et à y voir de plus prêt, il avait un léger accent britannique.

Je souris à Elijah quand il obtempéra. Il n’avait pas l’air fan à l’idée de se garer, mais c’était la meilleure option possible.

Je sortis de la voiture en essayant  d’avoir l’air le plus sympa et le plus dégagé possible. Ce qui, à vrai dire, n’était pas extrêmement compliqué. Je n’avais pas une tête de méchante, on me l’avait assez répété. Deux des membres du groupe manifestèrent une quelconque attention quant à notre présence. L’homme avait cessé de jouer avec le chat, qui en avait profité pour filer, et la fille qui regardait les étoiles s’était redressée pour nous regarder avancer. Seule la rousse semblait ne pas avoir remarqué notre présence.

Je jetai un coup d’œil à Elijah et avançai dans leur direction.  Quand nous fûmes arrivés assez près, l’homme nous salua. Et je lui répondis avec un sourire amical. Un regard vers Elijah m’appris qu’il faisait la même chose. C’est d’ailleurs lui qui répondit en premier.

- Oui, c’est marrant, j’ai beau vivre dans la ville médiane depuis que je suis née, je n’avais encore jamais mis les pieds dans ce quartier.

L’homme était celui que j’avais eu au téléphone, j’en étais quasiment certaine. Malgré tout, je fis comme si je n’avais pas fait le rapprochement.

- Angie Foster

Je tendis ma main pour le saluer.

- Je cherche Charlie Dunkan, il m’a appelé pour me dire qu’il avait retrouvé ma voiture dans le coin. On ne dormait pas alors on est venu voir si on pouvait la récupérer tout de suite.

Pour justifier mes paroles, je sortis de ma poche le double des clefs de la voiture. Je les avais pris juste avant de sortir de la maison, au cas où.

- Il a dit qu’il habitait la Tour.

Je lui décochai un nouveau sourire tout à fait innocent.

Charlie tordit sa bouche quand elle lui donna son nom et serra la main tendue. Le temps du geste, il avait retrouvé son sourire.

- Angela, Angie Foster. Oui. Il a dit qu’il habitait la tour, il l’a dit.

Il se tourna vers la rouquine et vers la brune et fit un geste vers le duo.

- C’est Angela Foster.

La brune leva la main pour saluer Angie et Elijah, la rousse leva les yeux vers eux sans rien dire. Elijah trouvait ça étrange. Le trio n’avait en effet pas vraiment de raison d’attendre dehors à cette heure-ci, sauf si ils étaient au courant de leur venue. L’homme lâcha la main d’Angie et se toucha le torse.

- Il ne vous a pas dit que c’était l’homme le plus charmant de la ville ? JE suis Charlie. Enchanté de vous parler de vive voix.

La brune tourna la tête vers la rouquine et se coucha presque sur le rebord en pierre pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. Cette dernière passa du trio que formait Charlie, Angie et Eli à la brune. Elle se redressa et une fois sur ses pieds, elle descendit les marches pour passer à coté d’eux.

- Je suis désolée.

Et elle s’éloigna à quelques mètres de leur position, regardant le coin de la rue par lequel ils étaient arrivé. Charlie rit et haussa les épaules.

- Nous attendions quelqu’un ce soir, c’est pour ça que je ne vous ai pas donné la direction comme je l’avais dis au téléphone. Il faut pardonner Jessica. Elle est très gentille, mais il faut la connaitre. C’est une grande timide.

Elija observa la rouquine qui leur tournait le dos avant de revenir sur Charlie. Le pointant du doigt.

- Je suis Elijah Monroe. Enchanté.

Lorsque la brune me salua à son tour, je lui souris. Je me rendais compte que je m’étais inquiétée pour rien. Ces gens me semblaient sympathiques. Contrairement à Elijah, je ne me posais pas de questions quant à leur présence sur ses marches. J’imaginais une fin de soirée des plus banales où on profite encore un peu de la nuit avant d’aller se coucher.

Lorsqu’il se présenta, je me mis à rire.

- Non, effectivement, il ne me l’avait pas dit. Mais s’il l’avait fait, j’aurais tout de suite su à qui je m’adressai !

Je repris mon sérieux avant de continuer.

- Je me disais bien que c’était vous que j’avais eu au téléphone, mais je n’en étais pas certaine. Les téléphones déforment parfois les voix.

C’est le moment que la rousse choisit pour se déplacer. Elle se leva et nous dépassa avant de s’arrêter un peu plus loin. Je me demandais si son « je suis désolée » nous était adressé où s’il avait une autre raison. Mais je ne m’y arrêtai pas. Le prénom de Jessica me fit tiquer en revanche. Je jetai un regard à Elijah pour voir s’il avait entendu lui aussi. Puis je reportai mon attention sur Charlie, faisant comme si de rien n’était. J’étais assez douée pour jouer les ingénues de service alors autant me servir de ce « talent ».

- Oh, désolée, j’étais pressée de retrouver ma voiture. Ca fait bizarre quand vous sortez de soirée et que vous vous rendez compte que votre moyen de transport s’est fait la malle. J’étais tellement soulagée quand j’ai eu votre appel que j’ai demandé à Elijah s'il pouvait m'amener ici tout de suite.

Je savais bien que ce n’était pas tout à fait la raison de notre venue ici mais je n’allais quand même pas lui dire la vérité !

- Si vous voulez, on peut juste récupérer la voiture et repartir tout de suite, comme ça, on ne vous empêchera pas de recevoir votre… visiteur.

Charlie fit un signe de la main, indiquant que ce n’était rien.

- Oh, pas de soucis. Mais c’est plus pratique comme ça, je ne vous aurais pas reconnu sinon, pas vrai  ?

Il rit et montre une aile du bâtiment qui n’avait pas encore été recouverte par les échafaudages. On pouvait voir une porte coulissante semblable à une porte de hangar, si on avait pas fait attention à la tour énorme qui s’élevait au dessus de leur tête, on aurait pu croire que cette partie du bâtiment était une caserne de pompier désaffectée.

- On l’a garée par ici. Je n’allais pas la laisser dehors, on ne sait jamais, avec tout les gens qui peuvent trainer dans les rues de nos jours…

Il rit à sa propre blague, se massant la nuque.
Dans le lointain, on pouvait entendre le moteur d’une moto qui s’approchait. Elijah reconnu tout de suite ce genre de moteur, ce bruit était la signature des motos de route, entre le grave et la puissance d’un Choper et l’aigu d’une moto de course. Charlie l’entendit aussi et tendit la tête dans la même direction que tout les autres. Il s’éclairci la gorge et fit signe à Angela.

- Juste un instant, je vais chercher les clefs et on va récupérer votre voiture.

Il fit demi-tour et disparu à l’intérieur du bâtiment.
Il ne passa pas une minute avant que la moto fasse son apparition au bout de la rue. Elle allait lentement et il s’avérait qu’Elijah ne s’était pas trompé sur le modèle, c’était bien une moto de route. Cette dernière décéléra complètement et le véhicule s’arrêta à coté de la rouquine. Cette dernière attendit que le motard coupe le moteur avant de lui poser une main sur le bras. On ne pouvait pas entendre ce qu’elle lui disait d’ici, mais elle lui parlait, c’était une certitude.

Le pilote était un homme, une veste en cuir sur le dos semblable à celle que voulait mettre Angie quelques dizaines de minutes avant pour venir ici. La brune ne bougeait pas, les yeux tourné vers Jessica et le motard, attendant sagement. Quand Charlie revint cependant, elle se redressa et s’avança a coté du Trio.

- Par ici, fit Charlie avant de les mener vers la porte du garage.

Ils passèrent à coté du motard et de la rouquine, c’est ce moment que choisi la brune pour sauter au cou du motard, manquant de faire tomber le véhicule à la renverse. On entendit clairement ce dernier rire sous son casque. Elle le lâcha et retourna à coté de Charlie.
L’homme n’avait toujours pas retirer son casque d’ailleurs, parlant avec la rouquine, il observa néanmoins les deux inconnus passer de derrière sa visière.
Charlie le salua d’un geste vif de la main, comme un enfant qui dirait bonjour timidement.
Il fit pivoter la clef énorme dans la serrure de la porte coulissante et lui et la brune se mirent à ouvrir cette dernière. Elle devait peser une tonne.

Eli se pencha légèrement de coté pour s’approcher de l’oreille d’Angie comme la brune l’avait fait avec la rouquine quelques minutes avant.

- Ils sont bien nombreux pour être des gardiens de bâtiment… rassurée ?

Je jetai un œil vers la partie du bâtiment que Charlie indiquait. Cette partie de la Tour n’était pas encore en cours de rénovation et une bonne partie du mur était occupée par un immense portail. Il devait y avoir un sacré garage là derrière.

- Oui, ça aurait été le comble si on l’avait encore volée !

En même temps que les deux autres, j’entendis, moi aussi, le bruit de la moto qui s’approchait. Le visiteur certainement. On n’allait pas s’éterniser.

J’attendis patiemment que Charlie revienne avec les clefs du hangar. Ce court laps de temps suffit au motard pour arriver. Il s’arrêta juste à côté de la rouquine, Jessica, qui en profita pour lui glisser quelques mots discrets à peine le moteur coupé. Et puis Charlie revint. Comme il nous guidait vers le garage, j’aperçus du coin de l’œil la brune sauter au cou du motard avant de nous rejoindre pour aider Charlie à ouvrir le portail.

En passant, je jetai un coup d’œil à ce motard moi aussi. Il portait une veste en cuir qui ressemblait à la mienne et n’avait toujours pas retiré son casque. L’espace d’un instant je pensai qu’il ne voulait pas qu’on voit son visage, mais je secouai la tête et souris.

« Tu te fais des films ma fille ! »

Je reportai mon attention sur Charlie et la brune qui peinaient un peu à ouvrir le portail. La voix d’Elijah dans mon oreille me fit légèrement sursauter. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il s’était tellement rapproché.

- Bah, il doit y avoir une soirée à l’intérieur. Ou peut-être que le rez-de-chaussée est habité. Mais oui, rassurée, ils n’ont pas l’air méchant en tous cas.

Je lui souris et continuai à parler, à voix basse.

- Ce serait quand même quelque chose si cette Jessica qui a certainement contribué à me rendre ma voiture était la même que l’interlocutrice du fameux Eric qui est parti avec... Sacré coïncidence vous ne trouvez pas ?

Elijah marqua un temps. Pour le coup, il était tellement occupé à observer à droite et a gauche tout ce qui se passait qu’il n’avait pas fait attention à ce point de détail là et avait encore moins fait le recoupement entre cette femme et le coup de fil d’Eric quand ils l’avaient croisé devant le pub.
La brune avait tourné la tête vers eux, les regardant fixement. Elle était beaucoup trop loin pour qu’elle puisse entendre ce qu’ils se disaient, mais elle les observait tout de même.

- Je n’avais pas fais attention à ça. C’est peut-être une chance, qui sait, c’est peut-être pour ça qu’ils ont retrouvé la voiture aussi vite. Lui avait l’air plutôt sanguin, ces gens là m’ont l’air plus que posés. Donc…

Une fois le portail ouvert, ils pénétrèrent dans le bâtiment et Charlie leur fit signe de les rejoindre.
La salle était très haute de plafond et elle avait en effet tout d’une caserne de pompier. Plusieurs véhicules y étaient entreposés, un camion sans remorque dans le coin le plus éloigné, une moto et deux voitures. Angie n’eu pas a forcé beaucoup pour remarquer sa propre voiture garée là, sans une égratignure.
Eli lui était plus intéressé par ce qui se trouvait directement à leur gauche quand ils entrèrent, un pont de levage comme il en avait au niveau du garage de Bruce, mais cette version là était loin d’être aussi vétuste que la sienne. Il ne put retenir un sifflement en observant le pont. Ce montre pouvait surement soulevé le camion sans avoir besoin de bras supplémentaire.
Charlie rit de bon coeur et leva un pouce.

- Oui, on a eu de la chance de pouvoir faire installer ce genre de choses… on a eu un donateur plutôt généreux.
- Je me demandais… vous êtes gardiens de ce bâtiment ? Vous êtes plutôt nombreux, non ?

Il lança un regard en coin à Angie, elle pouvait y lire une pointe de malice et une pointe d’excuse dans ses yeux. Il n’aurait pas dû poser la question, mais après tout, il était curieux de tout, non ?
Charlie cependant répondit du tac-o-tac.

- Nous sommes propriétaire. Enfin, l’un de nous l’est. Personne ne voulait plus de cette tour et du coup, ils l’ont vendu pour une bouchée de pain. Surtout quand on a parlé des rénovations vous savez comment sont les gens…

La brune s’approche d’Angie, neutre et lui indiqua la voiture. Elle n’avait toujours pas donné son nom, mais quand elle parla, on put clairement entendre des consonances étrangères.

- Elle n’était pas bien loin. Mais vous devriez regarder à l’intérieur que rien ne manque. On est jamais trop prudent.

Jessica et le motard arrivèrent à ce moment là. Il poussait la moto à coté d’eux, toujours en grande discussion. Eli et Angie ne pouvait pas voir son visage à proprement parlé, mais il était brun, voir noir selon la lumière, les cheveux plutôt long, plus que ceux d’Elijah.
Même si ils ne pouvaient comprendre ce qu’ils se disaient, Eli tiqua immédiatement en entendant l’accent qu’avait le jeune homme. Il sourit et s’approcha de nouveau d’Angie pour lui glisser.

- Il vient du même coin que moi, il a un accent du sude encore plus poussé que le miens.

Un regard derrière moi m’indiqua que la brune nous regardait. Un peu trop fixement à mon goût. Elijah et moi étions trop loin d’elle pour qu’elle entende ce qu’on se disait à voix basse, mais j’avais l’impression qu’elle avait des soupçons… de quoi, aucune idée mais manifestement, elle gardait un œil sur nous.

Le garage était à la taille du portail : gigantesque. Mon regard fut attiré à droite et à gauche, en haut et en bas, en gros, je regardais tout autour de moi. Un camion, une moto et deux voitures dont… la mienne. Je laissai Elijah et Charlie discuter mécanique et garage et examinai ma voiture. Elle était intacte, aussi neuve que lorsque je l’avais garée devant le bar en début de soirée. Par la moindre égratignure, pas la moindre salissure non plus. Impeccable. Eric l’avait bien traitée. Dire que j’étais persuadée que je ne la verrai plus jamais et pouf, elle était là, devant mes yeux.

Quand Elijah posa sa question, je reportai mon attention sur eux. Je croisai son regard et y vit comme des excuses. Je haussai les épaules et lui souris, j’aurai certainement posé la même question, plus tard. Et puis, la brune s’approcha de moi et pour la première fois depuis qu’on était arrivé, j’entendis sa voix. Elle avait un drôle d’accent, mais je ne parvins pas à trouver son origine.

- Vous avez raison, je vais faire ça.

Je lui jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule et ouvrit la portière. J’inspectai le contenu de ma boite à gants, des vides poches. Les papiers de la voiture, mes CD, tout était là. Il y avait aussi les billets et les pièces que j’y avais laissé trainer.

- Tout est là, même l’argent. C’est bizarre que le voleur ne l’ait pas pris. Mais je ne vais pas m’en plaindre !

Pendant que j’inspectai l’intérieur de ma voiture, le motard et Jessica étaient entrés à leur tour dans le garage. Et dans les seconds qui suivirent, je sursautai à nouveau en entendant la voix d’Elijah dans mon oreille.

- La brune aussi à un accent. C’est le même ?

Mon regard s’arrêta sur la moto du motard. Le motard avait retiré son casque cette fois, mais il était dos à moi. Impossible de voir son visage.

- Belle bécane ! Combien de centimètres cube ?

Je ne m’y connaissais pas en mécanique, en revanche, je m’intéressai aux motos.

La brune rit a la remarque d’Angela. Quelque chose de fluet et d’harmonieux. Le plus étrange étant qu’Angela et Eli purent sentir une euphorie certaine s’emparer d’eux au moment précis où elle rit.
Charlie pivota sur lui-même pour braquer un regard étrange sur elle et elle se raidit légèrement. Secoua la tête et soupirant un grand coup.

- Qui sait. Peut-être qu’il en avait juste besoin pour voyager, on ne sait jamais ce que peuvent faire les gens quand ils ont vraiment besoin de quelque chose…

Quand elle vit Jessica et le motard arriver dans le garage, elle se désintéressa d’Eli et Angie et fonda de nouveau vers lui s’attachant à son bras libre comme si elle ne comptait plus jamais le lâcher.
Elijah profita de ce moment pour répondre à la question d’Angela. Il avait écouté ce qu’elle disait d’une oreille attentive et secoua vivement la tête de gauche à droite.

- Clairement pas. Je n’ai jamais entendu cet accent. Autant ce Charlie a un accent britannique, de sûr. Edward King à presque le même, mais elle… non, rien a voir avec la maison.

Quand il vit le regard d’Angie s’arrêter sur la moto, il fit de même. Il avait que Charlie se tenait à l’écart du groupe, vaquant à ses occupations, comme si l’occasion de pouvoir régler certains détails dans le garage était plus important que tout le reste.
Angela interpela le motard et elle put s’apercevoir directement que Jessica se tendait. Mais le motard ne montra aucun signe d’inconfort avec la question. Il prit juste le temps de trainer cette dernière avec l’autre moto pour la ranger correctement et tourna les talons pour revenir vers Elijah et Angela, la brune toujours accrochée à son bras et Jessica un pas derrière eux.

La première chose qu’on pouvait dire, c’est qu’il présentait bien. Sa tenue avait l’air réfléchie autant qu’usuelle, il avait un léger filet de barbe qui lui courait sur les contours de la mâchoire , mais le plus troublant chez lui, c’était ses yeux. La moindre des choses qu’on puisse dire, c’était qu’ils étaient perturbant. Là où la brune avait de beau yeux bruns noyé dans un océan de blanc, ceux du jeune homme étaient aussi bleu que le saphir qu’il portait sur le doigt sur fond noir. Positif, c’était écrit sur son front. Et il l’assumait parfaitement compte tenu du fait qu’il n’avait pas cherché à le cacher. Mais les mutations physiques n’existaient presque plus chez les nouvelles générations de Positifs. C’était son cas à lui.

Il pointa la moto du doigt et sourit.

- J’ai arrêté de compter une fois dépassé les dix huit cent. C’est votre voiture on m’a dit ? Elle n’a rien ?

Les autres étaient étrangement calme. Tous, sauf Elijah, qui avait remarqué les yeux du jeune homme et n’arrivait pas à en détacher les yeux.

Quand le rire de la brune fusa, je me sentis étrangement légère. Elle avait un rire sacrément communicatif. Mais la sensation de bien être s’arrêta dès qu’elle cessa de rire. Je fronçais les sourcils, c’était étrange cette sensation.

- Oui ça doit être ça, certainement…

Lorsque la brune courut se suspendre au bras du motard j’esquissai une moue désabusé. Comment pouvait-on être… mielleux à ce point. Pour le coup, ça me donnait envie de rire et de vomir en même temps. J’étais reconnaissante de ne pas avoir le temps de devenir comme ça.

Lorsqu’Elijah nia l’origine sudiste de la brune, je haussai les épaules.

- Probablement une étrangère alors.

Lorsque je m’étais approchée du motard, j’avais senti Jessica se tendre. Je lui jetai un regard intrigué. Quoi, je n’avais pas le droit de poser des questions ? En tous cas, le motard lui, semblait s’en moquer, que je lui parle ou pas. Il prit le temps de garer correctement sa moto avant de me répondre. Et c’est à ce moment là que je croisai son regard. Bon sang, les yeux qu’il avait. A faire se pâmer les jeunes filles. Mais pas moi, pas vraiment. Je n’y étais pas totalement insensible mais sans plus. Quoiqu’il en soit, je n’avais jamais vu des yeux pareils. Je savais que Yu avait parfois entrainé des mutations physiques, j’en avais un parfait phénomène sous les yeux.

- Wow, ça doit être vraiment sympa de filer la dessus. J’espère que j’aurai l’occasion d’en conduite une comme ça un jour.

Je jetai un coup d’œil à ma voiture et hochai la tête.

- Oui c’est ça, ma voiture. Et non, elle n’a rien, pas la moindre égratignure. On peut dire que je suis une sacrée veinarde !

Un coup vers Elijah m’indiqua qu’il était subjugué par les yeux du fameux motard. C’était à mon tour de chuchoter à son oreille.

- Alors, on est amoureux ?

Je lui décochai un petit sourire moqueur.

- Au fait, comment vous avez fait pour avoir mon numéro de portable ? Elijah ici présent, garagiste de son état, prétend que c’est impossible à partir d’une simple carte grise.

J’avais pris un ton tout à fait innocent, comme si je me posai la question, juste comme ça, juste pour infos. Pas de sous entendus, rien. Je jouais l’ingénue à la perfection.

Le jeune homme la regarda un instant avant d’acquiescer lentement. Il engloba l’endroit d’un mouvement de l’index.

- Ce n’est pas les occasions qui manquent si j’ai bien compris comment marchait cette ville. Je viens tout juste d’arriver, mais je suis presque sûr et certain que vous ne manquerez pas d’occasion de le faire dans un avenir proche.

Il pencha la tête de coté et la salua finalement, faisant de même avec Elijah. Ce n’était pas une courbette de cours, mais ça pouvait passer pour quelque chose de similaire. Il avait l’air de mettre beaucoup d’effort dans le paraitre, mais le plus étrange était que ça paraissait presque naturel.

- J’en oublie les bases après tout. Je m’appelle Damian. Damian O’mara, enchanté de faire votre connaissance à tout les deux. Vous êtes les premiers visages inconnus que je croise en ville, alors espérons que cet endroit regorge de plus de personne comme vous.

Quand Angie lui lança sa pique, Elijah secoue la tête et leva les yeux au plafond. Il lui lança un regard qui sous-entendait qu’il lui expliquerait. Ce qui le dérangeait n’était pas une histoire de sentiment, mais plus le fait qu’il n’avait jamais vu de changement physique sur les nouvelles générations et ça le perturbait plus que sa rencontre avec le tatoué.

Le motard baissa les yeux sur la brune pendue à son bras et lui fit une bise sur le front. Indiquant Charlie du bout du nez.

- Charlie n’aurait pas une personne a voir d’urgence si j’ai bien compris. Yasmine, tu pourrais le ramener là-bas s’il te plait.
- Oui, D. Tu viens Charlie ?

Il allait partir quand Angela posa sa dernière question. Il s’arrêta net et pivota sur lui-même lançant un regard désolé à Damian. Ce dernier se contenta de secouer la tête amicalement et lui fit un geste de la main pour l’inviter à s’expliquer.
Charlie s’avança au milieu du groupe, visiblement gêné et se massa la nuque comme Elijah le faisait de temps en temps. Ce dernier d’ailleurs plaignit le jeune homme, il sentait son malaise d’ici.

- Disons qu’on a une base de donnée assez importantes… une recherche nous a permis d’avoir votre adresse. Mais se présenter chez vous, ça ne nous semblait pas une bonne idée, alors on a creusé un peut plus et on a trouvé votre numéros de téléphone portable. Nous avions bien votre fixe, mais vu l’heure nous n’étions sûr de rien, alors j’ai préféré jouer la sécurité…

La brune, Yasmine donc se mit à rire de nouveau et cette impression de bien être reprit l’assemblée. Elle prit Charlie par le bras et le tira vers l’énorme porte pour les faire sortir dans la rue, ce dernier saluant tout le monde d’un simple mouvement de la main.
Elijah le suivit du regard, mais Damian attira leur attention.

- Je suis désolé si il s’est montré indiscret. Il a tendance à profiter de ses connaissances pour trouver des choses qu’il ne devrait pas dirons-nous… j’espère que ce n’est pas trop problématique.

Il ne restait plus que Damian, Jessica et le duo composé d’Angela et Elijah dans le garage à présent.

Je lui souris et hochai la tête.

- Oh oui, je n’ai pas de doute la dessus.

Mais je savais que si je voulais l’avoir cette occasion, ce serait à moi de la déclencher, parce que sinon, elle risquait d’arriver trop tard.

Quand il se présenta, je lui souris de nouveau.

- Enchantée, moi c’est Angie Foster, mais vous devez déjà le savoir après tout. Et bienvenue en ville. Vous verrez, ici, rencontrer des gens, ce n’est pas le plus compliqué. Le plus dur, c’est de rencontrer des personnes sympas et intéressantes. Mais parfois, le hasard fait bien les choses.

J’adressai un sourire à Elijah et reportai mon attention sur Damian.

- Qu’est-ce que vous voulez dire par « des personnes comme nous » ? En ce qui me concerne, je n’ai rien d’exceptionnel !

Charlie prit le temps de répondre à ma question avant de s’en aller.

- Oh, je comprends… Et bien, merci en tous cas !

Je lui adressai un signe de la main tandis que la brune, Yasmine, l’entrainait vers l’extérieur. Je reportai alors mon attention sur Damian.

- Oh non, y’a pas de soucis. J’étais persuadée que je ne reverrai jamais ma voiture et pouf, quelques heures après sa disparition, voilà qu’on m’appelle pour me dire qu’elle a été retrouvée. Je ne vais pas lui en vouloir pour ça. Je ne peux que lui en être reconnaissante !

Eli sourit à Angela après sa remarque. Le fait de se retrouver avec Damian et Jessica cependant ne le mettait pas des plus a l’aise. Angela avait mis à la lumière certaines possibilités concernant cette femme et cette possibilité occupait toute son attention.

Damian inclina la tête quand elle lui donna son nom. Qu’il le sache ou pas, il n’en changea pas moins son attitude. Quand Angela posa sa question sur la signification de sa phrase, il haussa les épaules, cherchant visiblement comment formuler sa phrase. Mais vu que c’était quelque chose qui lui venait naturellement, il fini par répondre assez rapidement.

- J’ai… comment dire. J’ai grandi avec des histoires plutôt sombre sur ce coin du pays. Quand je parlais de gens comme vous, je parlais de gens agréable et souriant.

Il montra ses yeux avec son index et son majeur sans rien rajouter de plus, il était clair qu’il appréciait qu’on ne lui ai pas fait plus de remarque que ça sur ses yeux.
Quand Angie expliqua qu’elle n’en voulait pas a Charlie pour ses indiscrétions, Damian se contenta d’un grand sourire.
Jessica prit la parole pour la première fois depuis un moment.

- Je lui ai demandé d’attendre demain matin. Mais il ne voulait pas attendre. Il se disait exactement la même chose que vous.


Son ton était neutre, comme la première fois qu’elle avait parlé sur les marches. Ni froid, ni chaleureux. La jeune femme porta les doigts sur le rubis serti qu’elle portait autour du cou et Elijah tiqua. Il était persuadé de l’avoir vu plus brillant qu’il n’était à la base.
Damian reprit la parole.

- Et vous êtes garagiste alors ? Elijah. C’est toujours intéressant ! Mon père l’était fut un temps, à Baltimore dans le début des années vingts. C’est un métier que j’aime beaucoup. Si un jour j’ai besoin, je saurais qui aller voir dans ce cas là.

Elijah tourna sur lui-même et montra la zone en riant.

- Si j’avais la moitié des pièces que vous avez ici, je n’aurais plus besoin de travailler pour qui que ce soit. Pourquoi vous viendriez me voir avec un atelier comme ça ?
- Vous savez. Ce n’est pas parce que mes amis empilent des tonnes de choses qu’ils savent s’en servir, autant faire appel à un professionnel dans certaines situation. Et puis je en veux pas qu’ils touchent à ma moto.

Eli sourit et inclina la tête vers Damian.

Sa réponse me tira un autre sourire. Comment aurais-je pu faire autrement ? Lorsqu’il me montra ses yeux, je compris qu’il était reconnaissant, en quelque sorte, qu’on ne lui pose pas de questions ou qu’on ne fasse pas la moindre remarque dessus. Je haussai les épaules. En fait, j’étais curieuse, j’avais mille questions à lui poser. Parce qu’il était clairement positif et ma rencontre avec Elijah puis avec Eric n’avait pas totalement assouvi mon désir de connaissance. Mais je me retins pourtant, parce qu’on m’avait appris que ce n’était pas poli. Bon, certes, j’avais posé quelques questions à Elijah mais, c’était le premier, ma curiosité avait réussi à dépasser ma politesse.

Je me tournai vers Jessica lorsqu’elle prit la parole. Son ton me parut étrange. Alors que les trois autres s’étaient plutôt montrés amicaux, la rouquine gardait un ton neutre, distant. Comme si elle était extérieure à tout cela. Comme si elle attendait de savoir réellement qui on était avant de se montrer amicale elle aussi ou bien plus froide. C’était bizarre comme ton et ça me mit un peu mal à l’aise.

- Non il a bien fait. On ne dormait pas de toute façon, on venait de rentrer de notre soirée.

Elijah et Damian se mirent alors à discuter entre eux, garage, mécanique, ce genre de choses. J’en profitai pour m’approcher un peu de Jessica. Je n’arrivai pas à la cerner et je n’aimai pas ça.

- C’est un très joli collier que vous avez là. Qu’est-ce que c’est comme pierre ?

Je trouvais ça étonnant. J'avais remarqué que Damian avait une bague de la même couleur que ces yeux et là, Jessica avait un collier qui se rapprochait pas mal de la couleur de ses cheveux. Un détail certainement mais, je n'aurais pas sû dire pourquoi, ça m'intriguait un peu.

Jessica était belle. Les yeux bleus, les cheveux très roux et fait amusant, c’était la seule du groupe à ne pas avoir d’accent. Elle aurait porté un autre type de robe, elle aurait réussi à passer inaperçue dans la rue. Quand Angela posa la question sur son rubis elle fronça légèrement les sourcils. Rien qui ne puisse la faire paraitre antipathique, elle l’avait masqué très vite, mais la question l’avait faite tiquer. Elle retint le geste qu’elle allait faire et répondit.

- C’est un cadeau. Un rubis.

Elle hésita et fini par montrer la main de Damian qui leur tournait le dos le temps de sa discussion avec Elijah. Ce dernier montrait la rampe, puis le camion. Jessica reprit.

- C’est une sorte de totem en quelque sorte…

Jessica inspira un grand coup et les reflets dans le rubis reprirent une teinte plus naturelle. Elle se passa une main sur la robe comme pour s’épousseter quelque chose d’invisible et releva la tête vers Angie. Elle allait ouvrir la bouche quand Damian retourna à coté d’eux, il posa une main sur l’épaule de la rouquine et lui demanda.

- L’équipe à commencé les travaux en intérieur ?
- Oui. Depuis un mois. L’équipe extérieur n’est pas de la même entreprise. Mais on attendait ton arrivée pour valider les plans.

Damian acquiesça et se tourna vers Elijah et Angela.

- Je reviens d’Europe. J’ai décidé de faire un tour dans la ville de mes parents pour revoir quelques personnes et leur dire que j’étais à Megalopolis. Disons que la visite à été plus courte que prévu.

Il n’avait pas de raison de leur expliquer ça, mais compte tenu de son arrivée, il semblerait qu’il voulait justifier le fait que ses amis attendent dehors à cette heure tardive.

- J’aurais bien collé à l’étiquette en vous invitant à l’intérieur. Mais visiblement, les travaux étant loin d’être fini, on gardera l’invitation pour plus tard.

Elijah s’approcha d’Angie tandis que Damian et Jessica discutaient d’une chose qu’ils ne tenaient visiblement pas à partager avec les deux inconnus.

- Visiblement, c’est a lui qu’appartient la tour maintenant. Il n’avait jamais mit les pieds par ici jusqu’à ce soir. Vous avez réussi à tirer quelque chose de cette Demoiselle ?

Il lança un coup d’oeil par dessus son épaule pour observer Jessica et Damian.

Je regardai la pierre avec plus d’attention. Je m’en doutais et pour autant, je ne l’aurai pas parié, la pierre avait un drôle d’éclat pour un rubis.

- Pardonnez ma curiosité, c’est juste que ça la première fois que je vois une pierre telle que celle-ci. On n’a pas beaucoup l’habitude des pierres précieuses dans ma famille. De toute ma vie je n’en ai vu qu’une seule, et c’est le diamant qui orne la bague de fiançailles de ma mère.

Je suivis son regard lorsqu’elle me montra Damian d’un geste de la main.

- Ah oui, j’ai remarqué qu’il avait une bague. Une pierre bleue c’est ça ?

Mon regard fut alors attiré par le collier de Jessica. J’aurai juré qu’il venait de changer légèrement. Il était plus brillant auparavant. Je fronçai les sourcils mais ne posai pas de question, je n’étais pas très sûre de ce que j’avais vu.

J’ouvris de grands yeux admiratifs lorsque Damian me parla de l’Europe. Je savais que le vieux continent avait été beaucoup touché par Yu et que beaucoup de ce qui faisait sa splendeur d'autrefois avait disparu. Pourtant, l'Europe se reconstruisait et devenait de plus en plus puissante. C'était un endroit que je rêvais de visiter. Maintenant que mon traitement était fini, j'aurai peut-être la possibilité de voyager !

Je secouai la tête lorsque Damian s’excusa de ne pas nous inviter à l’intérieur.

- Oh non, ne vous en faites pas. On est juste venus récupérer la voiture, on ne va pas trop s’attarder.

Je jetai un coup d’œil à Elijah en quête de son assentiment. Je ne pouvais pas parler pour lui et je ne savais pas ce qu’il en pensait. Voulait-il rester et en apprendre un peu plus sur ces gens.

- Et puis je suppose qu’après avoir fait le voyage, vous devez être fatigué.

Je laissai Damian et Jessica s’éloigner un peu pour discuter tous les deux et me tournai vers Elijah qui venait de se rapprocher.

- Non. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas très loquace. Elle m’a juste parlé de son collier. Une sorte de totem à ce qu’elle m’a dit. Damian semble avoir le sien aussi, sa bague avec la pierre bleue. J’ai du mal à la cerner, elle est complètement neutre, je n’arrive pas à savoir ce qu’elle pense. Mais j’ai remarqué un truc étrange… je ne peux pas en jurer mais il me semble que l’éclat de son rubis est changeant. Quand je lui ai demandé de quelle pierre il s’agissait, il était très brillant. Et puis j’ai eu l’impression que quelques seconde plus tard il était devenu plus terne…

Damian écarta les mains quand elle lui avoua qu’ils n’étaient là que pour récupérer la voiture avant de terminer sa discussion avec Jessica. Le garagiste sourit et abonda dans le sens de la négative.

- Oui. Comme ça, on pourra terminer la soirée en ramenant sa voiture chez elle. Une bonne nouvelle de plus avant d’aller se coucher.

Bien entendu, il n’était au courant de rien quand a la lettre, parler de bonne nouvelle n’était peut-être pas la meilleur des idées.

De son coté Elijah écouta attentivement ce que venait de lui dire Angie. Il la laissa terminer et acquiesça.

- J’ai remarqué la même chose sur l’autre fille… Yasmine c’est ça ? Elle avait une Améthyste à la ceinture et quand elle riait, je suis presque certain de l’avoir vu devenir plus brillant. Quel genre de pierre fait ça ? C’est une sorte de pierre d’humeur vous pensez ? C’est peut-être pour ça qu’ils ont appelé ça des totems ?

Il fronça les sourcils.

- Je n’ai pas remarqué si Charlie en avait un aussi… si ils ont tous une pierre comme ça, c’est un détail intéressant.

Quand Damian et Jessica eurent terminer leur petite discussion, cette dernière se dirigea vers l’extérieur et attendit au niveau de la porte que les autres sortent. Avant de la suivre, Damian ajouta tout de même pour les deux autres.

- Mais même si ce n’est pas le moment, l’invitation tiens toujours. On pourra parler de votre garage et de sortie en moto comme ça. A une heure ou le soleil est encore dans le ciel. Vous verrez, j’ai entendu des tonnes de choses sur la beauté de la vue de là-haut.

Il leva son index pour montrer le plafond, voulant bien entendu parler du haut de la tour.