2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Garin/Angie] L'éveil

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Garin DeLyons
Garin DeLyons
L'éveil
« feat Garin & Angie »


Je n'étais pas tenu de dire à Liberation tout ce que je faisais de mon temps libre. J'en avais même plus que certains d'entre eux. Et je devais reconnaître que depuis quelques jours, ils me tapaient facilement sur le système. Depuis notre tentative ratée de nous rapprocher de l'underground, Abel et moi ne nous adressions quasiment plus la parole sous peine de nous égorger l'un l'autre. C'était de sa faute, après tout si tout avait dégénéré de la sorte. Gen essayait tant bien que mal de conserver une humeur paisible en racontant quelques blagues et en s'occupant de nous comme une mère. Jericho ne faisait même plus de farces. Il se contentait d'obéir aux ordres de sa Majesté des mouches, non sans nous jeter des regards inquiets. Libby s'en fichait royalement, au moins une qui ne changeait pas. Annie ne comprenait pas nos disputes et quand elle devait finir par soigner l'un de nous, elle avait poser des questions, ni lui ni moi ne répondions. Michael, quant à lui, ça lui en avait touché une sans faire bouger l'autre. J'imagine que ça ne le regarde pas, qu'il l'a compris et que pour lui, nous avons autre chose à faire. C'est parfois compliqué de s'entendre dans un groupe comme le nôtre mais... Ca marche plutôt bien, nous formons une bonne équipe.

Quoiqu'il en soit, il était hors de question que je parle de mes agissements en douce, autant à Abel qu'aux autres. J'avais fait la connaissance de ce gars par Annie qui m'en avait parlé sans songer un instant que je chercherais à le voir. Un gars qui vend des soins et des trucs médicaux dans les quartiers bas de la ville. Des trucs illégaux, bien sûr. Dans la recherche d'un vaccin contre Yu, des laboratoires avaient compris que l'agent mutagène n'était pas qu'un malfaiteur dans notre monde et ils l'avaient cultivé et étudié afin d'en extraire une base propre pour lutter contre le cancer et des maladies graves. Bien sûr, cette pratique était interdite sur notre territoire, les Etats-Unis étaient tellement frileux depuis des décennies. Mais d'autres pays, qui n'avaient rien demandé, s'étaient unis pour travailler sur ce projet. Pour peu qu'ils ne soient pas alliés aux USA et cela vous explique à quel point faire entrer ce matos sur le territoire était plus que dangereux.

Mais j'en avais besoin. Megalopolis était une grande ville, combien de Positifs et de Candidats ici résonnaient avec moi sans le savoir ? Il m'arrivait d'avoir des crises si douloureuses qu'Annie en pleurait sans savoir quoi faire pour m'aider. Une fois, Libby m'avait carrément frappé à la tête pour me mettre KO. En m'endormant, mon pouvoir avait fini par se calmer. Je suis une bombe humaine. Mais malgré ça, Abel ne se débarrassera pas de moi. je vais même vous dire... Je pense que c'est pour ça qu'il prend soin de notre relation : il espère bien qu'un jour je décide de me sacrifier. Vous voulez parier ?

J'avais rendez-vous dans un vieil immeuble abandonné de la ville basse, ceux près des ruines de Long Island. Tout ce qu'il en restait, c'était un escalier contre les fondations en béton armé. Il n'y avait là plus que le squelette d'un immeuble qui avait dû connaître une jeunesse bien dorée, le siècle passé. La montée des eaux avait presque avalé toute la péninsule. Autrement dit : la moitié de New York. La baie avait protégé la ville mais cette partie était devenue un véritable terrain de jeux pour les squatters. Et pour les dealers dans mon genre. Je ne voulais pas qu'on sache que j'achetais ce genre de médicaments qui n'était toujours pas officiellement breveté. Les expériences sur moi, ce n'était pas ce qui me faisait peur, j'avais passé des mois enfermé dans un laboratoire pour comprendre mon pouvoir et faire en sorte qu'il ne me tue pas, ni moi, ni les autres. Alors oui. Je m'étais porté volontaire pour tester ces machins sans nom. J'étais payé une sacrée somme d'argent et je n'avais absolument pas honte. J'avais juste envie de vivre.

– Ils ont sorti un nouveau truc, ça va être cool pour toi, a reniflé mon dealer en se frottant le nez.

– Qu'est-ce que c'est ?

– De la poudre. Je leur ai dit que tu pouvais pas te piquer comme les autres alors ils ont développé ça. Ils ont dit que ça risquait de piquer, par contre.

Ce type ne devait pas être plus âgé que moi, il puait la poudre de canon à des kilomètres et ses cheveux auraient pu allumer un feu à rendre jaloux un pyromane tant il avait du gel. Ses fringues sentaient mauvais les égouts et un instant, j'ai cru qu'il s'agissait d'un membre de l'Underground, mais à la réflexion, je les voyais mal proliférer dans ce genre de trafic.

– Tu te colles ça dans le pif, ça agit direct sur le cerveau, de quoi flyer avec les elfes.

J'ai haussé un sourcil sans relever. Je n'étais pas un drogué comme ses autres clients. J'avais besoin de ce médicament pour vivre sans rayer une ville toute entière de la carte. Je l'ai remercié et il ne s'est pas attardé. Il ne m'aimait pas beaucoup, je devais sûrement le rendre nerveux. Je ne lui donnais jamais d'argent. Personne n'aimait offrir des services sans rien en retour. Il n'était qu'un coursier dans cette affaire. Ces médicaments, je les payais de ma vie.

Je l'ai regardé s'effacer sans le quitter des yeux et j'ai secoué le sachet pour compacter la poudre au fond en réfléchissant. Non, les aiguilles avec moi, ça ne marchait pas. Mais avaler des pilules, ça m'allait bien mieux que devoir enfiler ce truc dans mon nez comme des perles à travers les oreilles. J'ai secoué la tête en essayant de ne pas y penser et je me suis rapproché d'un mur défoncé, donnant sur l'océan, duquel des têtes d'immeubles ressortaient par endroit. La lune s'y reflétait et tout semblait étonnamment calme. J'aurais pu trouver ça inquiétant, voire anormal dans une ville comme Megalopolis mais au contraire. J'avais l'impression que d'ici, je voyais mon chez moi. Je n'étais pas ici par choix, mais parce que j'avais besoin de me cacher. Et si je rentrais ? Et si je partais ?

Je me suis épaulé contre l'encadrement de la porte qui offrait un magnifique observatoire, comme une falaise et j'ai soupiré. Il n'y avait plus rien pour moi, là-bas et j'avais du travail, ici. J'ignorais totalement où j'allais... mais j'y allais. Et puis, j'ai entendu du bruit derrière moi. Comme de la poussière qui tombe. J'ai froncé les sourcils et décalé légèrement la tête comme pour mieux entendre. J'étais arrivé des heures plus tôt, s'il y avait eu quelqu'un, je l'aurais entendu. Ou alors, il aurait fallu qu'il soit là même avant moi. Ce qui me semblait peu probable. Je me suis redressé et j'ai relevé la tête vers les escaliers.
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Angela Foster
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Cela faisait des heures que j’étais là haut, sur le « toit du monde ». MON toit du monde. J’avais besoin de m’isoler, de réfléchir. Les derniers jours avaient été assez éprouvants. La semaine dernière, j’avais eu ma toute première hallucination, signe que la tumeur progressait. J’étais en pleine course de moto, je m’éclatais juste avec mes amis, sur un circuit. Et tout à coup, j’avais vu un petit garçon au beau milieu de la piste, juste devant moi. J’avais voulu l’éviter et m’étais retrouvée allongée sur le bitume, un peu sonnée. Expérience terrifiante, j’étais persuadée d’avoir tué l’enfant, j’avais paniqué un instant avant de me rendre compte qu’il n’avait jamais existé.

Je savais bien que cela risquait d’arriver, les hallus je veux dire, mais je n’y étais pas vraiment préparée. Comment pourrait-on se préparer à « voir » son cerveau se dégrader petit à petit ? J’avais fait de mon mieux pour passer au dessus, comme chaque nouveau symptôme, j’avais eu du mal, mes cauchemars en étaient la preuve. Mais j’arrivai quand même à ne pas trop y penser dans la journée. Mais aujourd’hui… j’avais de nouveau vu des choses qui n’existaient pas. C’était un sacré coup dur pour moi. Je savais bien que les choses n’allaient pas aller en s’améliorant. Mais jusqu’où cela allait-il aller ?

En sortant du boulot, mes pas m’avaient tout de suite menée vers l’immeuble désaffecté dont j’avais fait mon refuge. Et j’étais là-haut maintenant, assise au bord du toit, les pieds dans le vide, contemplant la ville basse qui s’étendait sous mon regard. Je réfléchissais à tout ça. Je n’avais pas envie de rentrer. Pas envie d’affronter le regard inquiet de mon frère David. Il m’avait appelée dans la soirée et il avait bien senti à mon ton que je n’étais pas en forme. Mon frère lisait en moi comme un livre ouvert, il savait ce que je pensais en permanence rien qu’en regardant mes yeux.

Il était temps de rentrer pourtant. Il commençait à faire froid, et je sentais la fatiguer tomber, il était temps que je rentre me coucher. Je redescendais l’escalier, pas très à l’aise avec mon attelle à la cheville, mauvais souvenir de mon accident de moto de la semaine dernière. C’est à ce moment que j’entendis des voix en bas. Je fronçais les sourcils. Je n’avais jamais croisé personne dans cet immeuble. Je commençais d’ailleurs à croire que personne n’osait entrer à l’intérieur à part moi. Manifestement, ce n’était pas le cas. D’après ce que j’entendais, ça ressemblait à un rendez-vous entre un junkie et son dealer. J’hésitai un instant, ne sachant trop si je devais indiquer ma présence ou pas. J’optai pour la première solution, qui que ce soit, qui sait ce qu’il allait penser s’il me voyait en train de me cacher ? Je gardai la tête baissée, comme si je regardai où je mettais les pieds

Il ne restait plus qu’une personne en bas de l’escalier. Un mec qui semblait plutôt dans mes âges, plutôt baraqué, les cheveux clairs. Je relevai la tête et mimai la surprise tout en enfonçant mes mains dans mes poches.

- Oh… désolée, je ne pensais pas qu’il y avait quelqu’un…

Je réajustai la position de mon sac à dos sur l’épaule et hésitai un moment. Continuer mon chemin comme si de rien n’était où attendre d’avoir une explication. Je fronçai les sourcils, qu’est-ce qu’un dealer et son client pouvaient venir faire dans mon refuge ?
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Garin DeLyons
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Pendant plusieurs secondes, j'ai promené mon regard dans la pièce et j'ai rangé le sachet dans la poche arrière de mon jean. J'avais entendu quelque chose, j'avais entendu quelqu'un. Mes oreilles avaient bougé comme si elles cherchaient également la source du bruit. Il me restait encore de bons réflexes de mes deux années d'entraînement intensif. Je ne portais pas d'arme. Au pire, j'avais un canif dans la poche mais je refusais de porter une arme à feu. D'abord, parce que ce n'était pas mon caractère, et ensuite parce qu'on avait déjà suffisamment de pouvoirs sur la planète pour ne pas avoir besoin de garder des armes pareilles. Je n'ai jamais su à quoi ça servait à part s'entretuer. Vous êtes pas d'accord avec moi ?

Quand elle est apparue, j'ai entrouvert les lèvres. Une femme, pas plus vieille que moi, aussi fine que Gen et au visage qui n'avait strictement pas sa place dans ces décombres. J'ai cligné des yeux en me demandant si ce n'était pas moi qui avait une hallucination.

– Qu'est-ce que tu fais ici ? ai-je demandé, sur la défensive.

Et puis mon coeur s'est emballé. Qu'avait-elle vu, entendu ? Etait-elle de la police, d'une quelconque sécurité ? Pourquoi je n'avais pas simplement fouillé l'immeuble avant ? Quel idiot, je faisais ! Et moi qui parlais de bons réflexes... J'ai commencé à avancer vers elle en me retenant de lui sauter à la gorge. A présent face à la lumière de la lune, mes yeux devaient ressortir aussi lumineux que ceux de Amber dans l'ombre, d'un ambre nacré. Comment voulez-vous que je me balade dans cette ville tranquillement quand je fais un spectacle son et lumière à moi tout seul ?

– Depuis quand t'es là ?

Je n'avais strictement rien d'un junkie, c'était un fait avéré. Mes yeux étaient normaux, je n'avais pas le teint pâle, j'avais même pris des couleurs en vivant au Sanctuaire. Je ne tremblais pas non plus. Si jamais elle découvrait que je dealais des médicaments, combien je devrais l'acheter pour la faire taire ? Et est-ce que ça fonctionnerait ? Combien de temps ? Est-ce qu'elle me vendrait aux autorités ? Est-ce qu'ils me reprendraient dans leurs laboratoires pour tester mon pouvoir et gratter mes os, qui sait ! Si la CIA apprenait que j'étais ici, qu'est-ce qu'ils feraient de moi ? Je n'avais peut-être rien d'un junkie mais mon coeur battait si fort dans ma poitrine que j'ai bien cru à un tremblement de terre.

Naturellement, je me suis avancé entre elle et la sortie. Il était hors de question que je la laisse partir sans qu'elle me dise tout ce qu'elle avait entendu. Encore un pas et elle entrerait dans mon espace vital. De deux choses l'une, ou bien c'était une Positive dont le pouvoir allait me causer une énième crise à m'en rouler par terre comme avec cette Amber, l'autre jour, ou bien c'était une Négative qui allait se mettre à pleurer pour que je la laisse partir sans lui faire de mal ! Je me suis surpris moi-même à apprécier ce petit jeu de l'inconnu. Mais juste une seconde.
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Angela Foster
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J’allais me remettre à marcher en direction de la sortie lorsque sa question me cueillit. Ce que moi je faisais là ? Je tendis le menton dans sa direction.

- Je pourrais vous poser la même question.  J’ai autant le droit d’être ici que vous non ? Cet immeuble, il est à personne.

Je n’avais pas la moindre intention de répondre à sa question. J’étais plutôt une fille sociable en général, mais j’avais mes secrets moi aussi. Il y avait des sujets qu’il ne valait mieux pas aborder avec moi. Je baissai la tête et fit un pas vers la sortie lorsqu’il me lança sa deuxième question. Je relevai la tête vers lui, les sourcils froncés. Je pouvais comprendre qu’il ne soit pas ravi de me voir là, mais je ne représentais pas le moindre danger pour lui.

- Depuis plus longtemps que vous manifestement, parce que vous n’étiez pas là avant que j’arrive…

Je jetai un coup d’œil à ma montre.

- A vue de nez, je dirais 4 heures.

Je plantai mon regard dans le sien et fut frappée par ses yeux, étonnamment lumineux. Mais je ne relevai pas. En fait, ce n’était pas la première fois que je voyais quelqu’un avec des yeux « étranges ». C’était sûrement un positif. Décidément, j’en rencontrai beaucoup ces derniers temps ! En tous cas, ses pupilles étaient normales. Donc pas un junkie, ou alors pas sous l’influence de sa drogue en ce moment même.

Je haussai les épaules et me remis à marcher pour m’arrêter net lorsqu’il se planta entre la sortie et moi. Je levai un regard interrogateur sur lui. Pas inquiète. Bizarrement, depuis que je savais que j’étais condamnée, mes peurs s’étaient annihilées d’elles-mêmes. Il ne m’en restait qu’une seule à vrai dire. Mais peu de personnes le savaient. Juste David. Et Elijah aussi, maintenant.

- Euh… Vous n’avez peut-être pas remarqué mais… vous bloquez le passage.

J’étais à un mètre de lui et il n’avait pas franchement l’air rassurant. N’importe quelle autre fille aurait senti la peur monter en elle et se serait éloignée. Mais pas moi, j’étais bien campée sur mes pieds, enfin, j’évitais de prendre appui sur le gauche à cause de ma cheville, mais je ne bougeai pas. Et mon regard trahissait plus de la contrariété que de l’inquiétude.
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Garin DeLyons
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J'ai toujours admiré ces personnes - souvent des femmes - capable de ne pas ciller ni de baisser le regard face à quelqu'un qui, de toute évidence, n'étaient pas là pour jouer aux Legos avec eux. J'aurais peut-être préféré. Si j'avais été à sa place, je crois que j'aurais été bien plus menaçant que ça en voyant quelqu'un me barrer volontairement le passage. Mais je n'ai pas bougé non plus. J'ai retiré la main de ma poche arrière et j'ai attendu, de longues secondes. N'importe qui aurait râlé, mais elle était si calme.

– Je suis là pour le tourisme, qu'est-ce que tu faisais là-haut ? C'est dangereux, tes parents te l'ont jamais dit ?

J'aurais au moins pu me regarder parler avant de dire ça. Il fallait surtout qu'elle comprenne qu'elle n'était pas censée être là.

– Qu'est-ce que tu as entendu ? Tu savais pas qu'écouter aux murs c'était mal poli ?

Si mon père me voyait aujourd'hui... Que penserait-il de son fils ? Très honnêtement... Pas grand chose, j'en ai bien peur, à part une profonde déception. Il m'arrivait de faire un certain cauchemar. Qu'un jour, je rencontre un Positif capable de communiquer entre les mondes et qu'il me mette douloureusement en lien avec mon paternel. Ce dernier en aurait bien des choses à me reprocher. De l'avoir tué, pour commencer. De m'être porté volontaire pour ce projet stupide et d'avoir mal traité ma mère sur ses derniers mois. Et quand je me réveille, je ne peux penser qu'à une chose si je veux tenir la journée : Hey... j'ai pas tellement eu le choix, je crois.

En tout cas, je ne sentais rien. Mon pouvoir dormait silencieusement au fond de mon crâne et ne semblait pas un instant vibrer en sa présence. Alors tout allait bien ! J'ai fait un nouveau pas vers elle. J'avais beau pas être aussi grand que Jericho ou Abel, j'avais de quoi causer en matière de carrure et de poigne ferme. J'ai haussé les épaules et j'ai tordu mes lèvres dans une moue curieuse.

– Tu peux me dire et on voit, ai-je dodeliné de la tête en me grattant derrière l'oreille une seconde, ou tu peux te la jouer bourgeoise et je ne garantis pas la suite.

Non, je n'avais pas la moindre intention de lui faire de mal, quoique, mais je m'ennuyais ces derniers jours. Bon d'accord, la diplomatie, c'était Gen et la soeur d'Abel, pas moi...
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Angela Foster
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J’eus un petit rire ironique.

- Ben voyons, c’est vrai que le coin vaut vraiment le coup d’œil !

En fait oui, il le valait. Ou du moins, la vue qu’on avait depuis le toit valait le coup d’œil. Mais l’immeuble en lui-même, laissez moi rire. Quand au côté dangereux de la chose, je ne relevai. Quelques minutes auparavant, j’étais assise au bord du vide au sommet de cet immeuble alors autant dire que le danger, je connaissais, et je m’en fichais royalement.

- Je voulais être tranquille. Manifestement, je me suis plantée d’endroit.

Je croisai les bras, contrariée. Cet endroit était mon endroit à moi, mon refuge. J’avais mis du temps avant de le trouver, c’était le seul endroit où je me sentais vraiment bien. J’étais persuadée que je n’en trouverais pas d’autre pareil.

- Si ça peut vous rassurer, je suis aussi ravie que vous d’être tombée sur quelqu’un.

Mais je ne répondais toujours pas à sa question. J’aurais pu lui dire que je n’avais rien entendu, mais à vrai dire, je mentais assez mal. En fait, mon regard me trahissait à chaque fois. J’étais obligée de baisser les yeux et déjà, rien que ça, ça mettait forcément la puce à l’oreille. Je commençais à fatiguer à rester en appui sur mon pied droit. Je me déplaçais un peu pour m’appuyer contre le mur et soulager ma cheville.

Il fit un pas vers moi, je gardai mes yeux rivés aux siens. Il insistait. Il n’allait pas me lâcher apparemment. Il y avait d’ailleurs comme une espèce de menace cachée derrière ses propos. Je levai les yeux au ciel et soupirai.

- Bon écoutez, oui j’ai entendu la fin de votre conversation. Et honnêtement, j’en ai rien à faire. Si vous avez envie de bousiller votre santé avec ces trucs, faites-le. Je ne vais pas vous en empêcher.

Non je ne l’en empêcherai pas. Mais je n’en pensais pas moins. Moi, j’allais mourir jeune parce que j’étais malade et lui, il était en train de foutre sa vie en l’air alors qu’il était en bonne santé. Il ne savait pas la chance qu’il avait.

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Garin DeLyons
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Personne ne s'en fichait. Jamais. Quand quelqu'un avait la possibilité de la jouer moralisateur, il ne se faisait pas prier. J'ai à nouveau fait un pas vers elle, entrant dans son propre espace vital. Je ne l'ai pas quittée des yeux, pas plus qu'elle ne baissait les siens.

– Tu sais ce qu'on dit, les apparences sont trompeuses. C'est peut-être de l'aspirine. Qui te dit que c'est pas mon frère. Je pourrais être de la police et lui mon indic. T'as pas pensé à ça, je parie.

Je l'ai toisée de haut en bas, m'attardant sur ses pieds. N'importe qui assez observateur pouvait remarquer la tension dans un genou et pas l'autre. Un rhumatisme ? Une vieille blessure ? Une récente entorse ? Une foulure en essayant de descendre discrètement sans que je l'entende ? Il y avait deux genres de personnes dans ce monde. Ceux qu'on jugeait "normaux", à vous désespérer un âne dans son champs, et les autres, ceux qui n'avaient peur de rien parce qu'ils se savaient supérieurs.

– T'es une Positive ?

J'étais peut-être doué en observation, mais je n'étais pas Dieu avec des rayons gammas ou X. Pas un seul instant je n'ai songé que des gens pouvaient encore tomber malades d'un cancer à notre époque. Je ne savais même pas ce que c'était. Chez nous, on mourrait dans l'exercice de ses fonctions, de ses pouvoirs, ou par sacrifice. Je me demande ce que ça fait d'être normal et d'avoir peur des Positifs. D'avoir peur de la maladie. Lui donner tort en dirait long sur ce que j'avais en ma possession maintenant. Aussi, j'ai préféré jouer la carte du mensonge - quand bien même j'y étais assez médiocre. J'ai relevé les yeux dans les siens. Qu'est-ce qu'une jolie fille comme elle venait faire ici ? Il n'y avait rien, que des ruines. Et moi, qu'est-ce que je regardais par l'ouverture ? J'ai froncé les sourcils dans une grimace et j'ai secoué la tête.

– Qu'est-ce tu peux bien venir faire par ici ? Tout est mort et détruit, t'avais envie de te foutre à l'océan, ou quoi ?

Et si c'était le cas ? Et si je l'avais dérangée dans de sombres projets ? Les apparences sont toujours trompeuses, n'est-ce pas ? Je n'avais aucun respect pour les lâches de ce genre et quelque chose me disait qu'elle n'avait pas le regard de quelqu'un prêt à se jeter du haut d'un immeuble pour en finir. Elle était pourtant si pâle.

– Tu sais combien de types louches et pas clairs viennent par ici dealer un tas de drogues pas nettes qui détruisent le cerveau ? T'as une définition vraiment bizarre de la tranquillité, on te l'a déjà dit ?

Si elle était bien une Positive, c'était assez agréable de se retrouver en présence de quelqu'un qui ne menace pas d'activer votre minuteur explosif interne d'un simple regard. Et en ça, je parle autant d'un pouvoir que d'une compétence haut niveau de me mettre en colère en un temps record comme c'est le cas pour Abel. Si elle essayait de partir, je bougeais pour l'en dissuader. J'étais bien trop curieux, c'était un vilain défaut, je l'avouais.

– Comment tu t'appelles ?
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Angela Foster
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Je haussai les épaules et hochai la tête.

- Oui, ça pourrait être n’importe quoi d’autre. Mais ça ne me regarde pas.

Je vis son regard se poser avec insistance sur ma cheville. Il avait dû remarquer ma gêne. En même temps ce n’était pas très dur à voir. Avant que j’ai eu le temps de rajouter quoique ce soit, il me balançait sa question. Wow, ce n’était pas le genre de question qu’on pose comme ça, de but en blanc, à quelqu’un qu’on ne connait pas. Il était sacrément curieux. Un peu trop peut-être. Je n’étais pas une fille super secrète, mais je n’étais pas non plus le genre qui raconte sa vie à la première personne qu’elle croise.

- Ca, c’est moi que ça regarde. Vous ne croyez tout de même pas que je vous le dirai si j’en étais une !

J’eu un sourire en coin. Je décroisai les bras en enfonçai les mains dans mes poches. J’avais eu une vague impression de déjà vu en prononçant cette phrase. C’était celle que je prononçais à tous ceux qui me posaient cette question. Sauf que la plupart du temps, je la disais en riant. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’étais plutôt dans une attitude de défi. J’attendais de voir ce que ce mec attendait de moi. Vu qu’il m’empêchait toujours de sortir, il devait avoir d’autres questions à me poser. Et elles ne se firent pas attendre.

- Non. Et quand bien même, ça aussi c’est moi que ça regarde.

Et encore une question, j’avais l’impression d’être à un interrogatoire de police. David n’aurait pas fait autre chose s’il avait été en train d’interroger un suspect. Je plongeai mon regard dans le sien et le fixai, comme si je voulais lire dans son esprit. A vrai dire, c’était un peu le cas. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il me retenait ici.

- Qui vous dit que ce n’est pas précisément ce que je viens chercher ? En plus de la tranquillité…

Je jetai un œil à ma montre. Dire que quelques minutes auparavant, je n’avais qu’une envie : me plonger dans mon lit. Lorsqu’il me demanda mon nom, je relevai les yeux vers lui, un peu étonnée. On en était au stade des présentations maintenant ? Après tout, pourquoi pas.

- Angie… Et vous ?

Ben quoi j’avais bien le droit de poser des questions moi aussi ?
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Garin DeLyons
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J'ai haussé les sourcils. Je ne voyais pas ce qu'elle pouvait chercher ici. Non, pas une fille comme elle. En tout cas, elle n'en avait pas l'air. Je doutais fortement qu'elle soit venue pour trouver le grand frisson. Encore que.

– Et tu as trouvé ce que tu cherchais, alors ?

Oui, je ne me considérais pas comme quelqu'un de très fréquentable. J'ai fini par baisser les yeux. je crois que je ne supportais pas qu'elle soutienne mon regard de la sorte, je me sentais observé et profondément gêné.

– Garin. Tu as surpris mon deal et ça, c'est moi que ça regarde. Tu vois ce que je veux dire ?

Je me fichais de lui donner mon nom. Les journaux ne parlaient que de Abel et de toute façon, on me surnommait le Sandman. Enfin, ça c'était ce qu'ils croyaient. C'était le surnom que m'avaient donné les toubibs de la CIA quand je leur avais raconté les hallucinations que je me tapais quand mon pouvoir se déclenchait. Les yeux baissés, j'avais à nouveau vue sur ses pieds. J'ai relevé le menton pour la regarder. Après tout... Qu'est-ce que ça pouvait changer ? Elle m'avait vu échanger un truc et même si elle le rapportait à quelqu'un, ça n'irait jamais plus loin. Je n'étais pas prêt de revenir dans le coin, pour le coup et la ville était bien assez grande pour qu'elle ne retombe jamais sur moi, même par hasard. Je me serais bien décalé pour la laisser passer mais j'étais curieux. Elle n'essayait pas non plus de s'en aller. J'ai penché la tête en reprenant.

– Qu'est-ce que t'as fait à ta cheville ?

Je prenais le risque de me prendre encore une douce réflexion pour m'occuper de ce qui me regardait. Mais je ne voyais pas comment lui rendre la pareille. Après tout, elle avait intercepté un moment extrêmement intime de ma vie. Personne ne le savait à part mon dealer. Et j'entendais que ça reste ainsi. Est-ce que cette fille était susceptible de me causer du tort ? Est-ce que je devais m'en méfier ou est-ce que je pouvais la laisser partir sans craindre d'être suivi ? C'était la pire chose qu'il pouvait m'arriver. C'est ce que Amber avait fait. Les gens l'ignoraient. Ils ne savaient pas qu'en nous suivant, c'était tout Liberation dont ils prenaient la voie ? La curiosité dévorait notre monde aujourd'hui. Les gens n'avaient même plus peur des autres. Les Positifs avaient encore le bénéfice du doute mais par leur étrangeté, ils attiraient les abeilles comme du miel. C'est pour cette raison qu'en règle générale, je portais des lunettes noires en pleine journée. Dès que quelqu'un voyait mes yeux qui réagissait à la lumière, ils voulaient savoir si c'étaient des lentilles, si c'était mon pouvoir et dans ce cas, de quoi j'étais capable. Les Négatifs n'avaient même plus de pudeur à poser ce genre de questions. Alors pourquoi est-ce que je ne pouvais pas lui demander, moi, si elle en était une ?
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Angela Foster
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Je secouais la tête. Trouvé ce que je cherchai ? Non j’en étais loin. Parce que je ne cherchai pas un produit ou quoique ce soit de palpable. Je cherchais juste des réponses à mes questions. J’avais peur de l’avenir, quand bien même je savais que je n’en avais pas vraiment. Pas de futur éloigné en tout cas. J’avais peur de ce que j’allais devenir. Je savais que la tumeur allait évoluer, ronger petit à petit différentes parties de mon cerveau. Mais je ne savais pas lesquelles, ni à quel rythme. Je pouvais devenir aveugle, ou sourde. Je pouvais perdre le contrôle de mes bras, des mes jambes. Pour l’instant, mon corps me répondait encore parfaitement. Je n’avais pas le moindre symptôme physique. Sur le plan neurologique cependant, c’était autre chose. Epilepsie, troubles de la mémoire, désorientation et maintenant hallucinations. Jusqu’où ça allait continuer comme ça ? Et si je me réveillais un jour en ne sachant plus qui je suis ? J’avais déjà du mal à me rappeler ma propre date de naissance. Et si un jour, je n’étais plus capable de penser, ou de réfléchir par moi-même ? Si j’avais été croyante, j’aurai prié pour que la mort survienne vite, avant que j’en sois au stade de légume. J’avais tellement de questions et personne pour me donner la moindre réponse. Tout simplement parce que personne n’était en mesure de prédire l’évolution de la maladie.

- Disons que ce que je cherchais n’existe pas vraiment.

Le fait qu’il baisse les yeux m’étonnait un peu. Pour le coup, il avait perdu son attitude un peu menaçante de tout à l’heure. Je commençais à me demander si son côté dur à cuire n’était pas juste un air qu’il se donnait. Quant à moi, je me drapai dans mon indifférence.

- Parfaitement. Et si ça peut vous rassurer, il est tout à fait possible que demain je ne me souvienne plus de vous.

J’exagérai un peu. J’aurai pu l’oublier facilement s’il s’était effacé pour me laisser passer dès le début. Mais là, plus nous discutions, plus il s’imprimait dans ma mémoire. Mais le fait d’exagérer n’en rendait pas moins la chose probable. Je vous ai dit que j’avais du mal à me souvenir de ma date de naissance. Alors si je suis capable d’oublier un truc de cette importance, je suis également capable d’oublier une personne qui ne fait que passer dans mon existence.

Je baissai les yeux sur ma cheville quand il me posa sa question.

- Accident de moto, c’est juste une entorse… Ca se voit tant que ça ?

Je pinçais les lèvres. Ca, ça n’arrangerait pas mes affaires. J’étais décidée à cacher cet accident à mon frère. Je savais déjà ce qu’il se passerait si cette histoire lui venait aux oreilles. Il était vraiment trop protecteur à mon égard. Je pouvais dire adieu à la moto. Je pensais pouvoir le cacher mais si Garin s’en était rendu compte, alors cela n’échapperait pas à David.
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Garin DeLyons
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J'ai simplement haussé les épaules. Dans une autre vie, si Angie avait été une de mes cibles, je me serais servi de cette blessure mais ici, elle n'était rien qu'une civile.

– J'ai l'oeil pour ce genre de trucs, c'est tout. Tu mets plus de poids sur une jambe que l'autre quand tu marches et ton genou est plus est plus raide que l'autre, signe que tu t'appuies dessus en essayant de faire croire que le poids est réparti sur les deux de façon équilibrée mais ça se voit à ta hanche. Faut mettre une chevillère, ça aide. Et puis, du repos et pas dans les hauteurs d'un immeuble pourri comme celui-ci où tout peut s'effondrer parce qu'un papillon aura pété trop près de la tour de radio.

Mes yeux dans les siens, j'ai attendu quelques secondes. Elle paraissait si fine, à la fois vulnérable et intransigeante. Le genre de fille qui a son mot à dire et qui, de la même façon, a le coeur qui bat à toute vitesse à l'idée de dire un truc de travers qui pourrait la mettre en danger. Un brin calculatrice et en même temps curieuse. Oui curieuse car elle n'essayait même pas de partir, elle se contentait de rester là, à me regarder poser mes questions. Elle ne semblait pas si dérangée que ça. N'importe qui se serait déjà énervé. Et par conséquent... Moi, avec. Si Angie avait peur, on lui avait bien appris à rester maître d'elle-même. J'aurais aimé savoir faire ça aussi. J'ai refait un pas vers elle et j'ai baissé les yeux un instant avant de les relever vers elle, à seulement quelques centimètres de son visage et de son nez. Au bout de quelques secondes, j'ai repris d'une voix basse, calme et posée et elle était d'autant plus grave de cette façon.

– Si j'ai un autre conseil à te donner, c'est de ne parler de ce que tu as vu à personne. Ton frère, ta soeur, tes parents, peu importe, si j'apprends que tu as moufté en parlant de ce que tu ne peux pas comprendre, même en péchant par simple curiosité, si tu essayes de me suivre, de me retrouver ou même de mettre la main sur mon dealer et de lui causer des ennuis, je te jure que je te retrouverai. Je suis très doué pour ça, aussi. Je peux t'assurer un magnifique sauf conduit jusqu'en Terre Sainte, si tu vois toujours ce que je veux dire. Compris ?

Terreur ou pas, Danger ou non, elle devait comprendre que je n'étais pas le premier garçon des rues venu. Peut-être que j'aurais dû lui faire croire que oui, je me droguais. Mais je refusais qu'on pense ça de moi, ce n'était pas le cas ! Je préférais être parano que passer pour un junkie notoire sans espoir de vivre. Lentement, je me suis décalé pour lui laisser la voie libre. Libre de sortir de ma vie sans se retourner si elle ne voulait pas d'ennuis. Ca, les ennuis... Ca me connaissait. Quoiqu'il en soit... Elle n'avait rien d'un danger. Je l'aurais senti depuis, sinon.
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Angela Foster
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Je l'écoutais me donner des conseils avec une lueur d'amusement dans le regard. C'était quand même bizarre. Un coup il semblait plutôt menaçant, le coup d'après, il me donnait des conseils pour soigner ma cheville. Plutôt contradictoire non ? Quoiqu'il en soit, ses conseils, je les connaissais déjà. J'en avais même déjà appliqué un.

- J'ai déjà une chevillière. J'ai juste trop forcé aujourd'hui. C'est tout.

En ce moment, j'étais serveuse dans un fast food. Le genre d'établissement où on piétine toute la journée et où on court à l'heure de pointe. Sans compter l'ascension de l'immeuble et la descente. Je savais bien qu'il fallait que je la ménage, cette cheville. Une entorse mal soignée, c'est jamais bon. Mais il fallait bien que je travaille. Et de toutes façons, je ne vivrai pas assez longtemps pour en subir les conséquences sur le long terme.

Sa diatribe suivante m'amena à penser que je m'étais probablement trompée sur lui et sur les raisons de sa présence ici. Un simple junkie n'aurait pas réagi de la sorte. Ce devait être plus important qu'une simple histoire de drogue. En tous cas, il n'avait pas l'air de rigoler. Et moi j'étais là, limite à le provoquer avec mon indifférence et mon air de "même pas peur". Au risque de m'attirer des ennuis. Mais ça m'était un peu égal à vrai dire. J'étais comme ça. Je n'avais pas eu peur de m'interposer dans une bagarre de rue entre un positif assez balèze et deux ou trois autres mecs, au risque de me prendre des coups. Alors je n'allais pas avoir peur de lui, qui était tout seul. Le problème c'est que là, je ne pouvais pas compter sur ma rapidité pour me sortir d'une mauvaise situation. Ce n'était pas la première fois que je me trouvais nez à nez avec un type pas très clair. Un coup bien placé pour me donner un peu de temps et je disparaissais. Je courais vite pour une fille. Mais là, autant oublier tout de suite. Avec ma cheville, il m'aurait rattrapée avant que je n'ai eu le temps d'atteindre la porte.

Je posai les mains à plat sur son torse et le repoussai jusqu'à ce que j'ai les bras tendus. Je n'appréciais pas trop qu'il se rapproche de moi comme ça. Pas avec cette attitude en tout cas parce que dans d'autres circonstances, je n'aurais probablement pas dit non.

- C'est plus qu'une simple histoire de drogue hein ? Sinon, y'a longtemps que vous m'auriez laissée partir.

J'aurais sûrement mieux fait de me taire, juste hocher la tête et faire profil bas.  Il venait de libérer le passage alors je pouvais partir maintenant. Mais… je sentais l'adrénaline qui commençait à monter. Et ça, c'était le genre de sensation que je cherchais constamment. J'étais une espèce de droguée de l'adrénaline. J'en avais besoin pour me sentir vivante. De ce fait, j'étais une adeptes des sports extrêmes, surtout ceux où la sécurité n'était pas toujours très bien assurée. C'était purement psychologique, je défiais la mort pour lui faire comprendre que c'était moi qui choisirai le moment et non l'inverse.

Je jetai un coup d'œil autour de moi, histoire de repérer ce qui pourrait éventuellement me servir pour me défendre, au cas où. Je doutais qu'il soit réellement dangereux mais on ne sait jamais. J'aurais pu lui dire ce que je pensais réellement. Que je n'avais pas l'intention d'en parler parce que ça reviendrait à avouer que je me baladais seule dans la ville basse à la nuit tombée et que ce n'était vraiment pas dans mon intérêt. Mais je ne dis rien. Et je ne bougeai pas non plus.
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Garin DeLyons
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J'ai baissé les yeux sur ses mains en fronçant les sourcils, les lèvres entrouvertes. J'ai ressenti de l'électricité à travers toute ma poitrine, jusque dans la colonne vertébrale. Je détestais qu'on me touche. J'avais toujours peur qu'il arrive quelque chose, à moi comme aux autres. Je n'étais pas totalement au fait de mes capacités. Qui sait encore à quoi je pouvais réagir. J'ai serré les dents en me comprimant la mâchoire et j'ai relevé les yeux sur elle, après avoir fait un ou deux pas en arrière. Etait-elle cinglée ou juste inconsciente ? Je ne m'étais tellement pas attendu à son geste que je n'ai pas pris le temps de le prévenir ou de l'en empêcher. Mais elle avait dû sentir mon coeur cogner à pleine puissance à son contact, c'était obligé. Moi-même, je me demandais comment les paumes de mes mains faisaient pour ne pas se réchauffer en ce moment. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un effet de surprise, ou bien que je réagissais plus à son geste qu'à quoi que ce soit d'autre. Comme je le disais : je n'aimais pas qu'on me touche sauf quand je l'avais décidé. Et il n'y en avait qu'une seule que j'acceptais.

Si elle n'a pas bougé, moi non plus. Je n'ai pas non plus répondu à sa question. Mon torse se soulevait sous ma respiration. Mon silence en disait sûrement long sur moi mais elle n'avait aucune preuve. Etait-elle Positive oui ou non ? Le fait qu'elle se défile devant ma question impliquait que c'était bien le cas.

– Je suis pas un monstre non plus. J'ai pas besoin de prendre des mesures si je ne pense pas être en situation délicate. Pourquoi, je devrais m'inquiéter ? J'ai même pas besoin de t'empêcher de partir, ai-je repris en levant ma main vers elle dont le poignet était couvert de bracelets pour dissimuler ma cicatrice, t'es toujours là.

J'ai cligné des yeux et je l'ai désignée d'un coup de menton.

– Qu'est-ce que tu cherches réellement, par ici ?

S'il y avait quelqu'un pour recruter à Liberation, ce ne serait pas moi. J'estimais que ce que nous faisions était bien trop dangereux pour inviter qui que ce soit à la fête, encore moins une fille comme elle avait l'air d'être. Je ne dis pas qu'elle faisait partie de ceux que l'on protégeait parce que ce n'était pas notre travail mais qui sait si elle était dans nos dossiers ? Liberation était un groupe dangereux, j'en savais quelque chose. Ce n'étaient pas des enfants de choeur. Parfois, je me disais que je serais mieux à l'underground, que ça aurait dû être moi et pas elle. C'était peut-être pour ça que Abel avait si peu confiance en moi. Il savait que Liberation ne signifiait pas autant pour moi que pour lui. Néanmoins, il continuait d'avoir besoin de moi. Pas vrai ? J'ai esquissé un sourire en coin.

– Je parie que t'es du genre à aimer les grands frissons, pas vrai ?

Avec un type dans mon genre, elle aurait été servie.
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Angela Foster
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Il restait silencieux. Je pris ça pour une confirmation. Du coup, j'étais curieuse de savoir ce que c'était réellement que ce truc qu'il était venu chercher ici. Mais je ne posais pas la question. J'étais un peu tarée oui, mais pas totalement inconsciente non plus. Je n'avais pas laissé mes mains sur lui très longtemps. Juste suffisamment pour le repousser et puis je les avais de nouveau enfoncées dans mes poches. Mais, à la réaction qu'il venait d'avoir, je compris, très vite que si moi je n'avais pas apprécié qu'il s'approche trop près, lui avait encore moins aimé que je le touche. En même temps, il l'avait cherché non ? Bon d'accord, une fille "normale" aurait essayé de s'enfoncer encore plus dans le mur. Mais je n'étais pas une fille "normale".

- C'est vrai, je suis toujours là. Et je ne suis pas tellement pressée de partir.

Et à vrai dire, je ne savais pas vraiment pourquoi. Ma raison me disait que je ferais mieux de rentrer. Mais je n'étais pas décidée à bouger. J'étais curieuse. Et il y avait cette adrénaline, intense. Bien plus que quand je sautais à l'élastique ou quand j'escaladais les immeubles. Je m'étais habituée à ce genre de situation, comme on s'habitue à une drogue et qu'on n'a d'autre moyen que d'augmenter les doses pour retrouver les sensations des premières fois.

- Ce que je cherche ? Je vous l'ai dit. Juste un endroit calme pour réfléchir et calmer mes angoisses. Et le toit de cet immeuble est le seul endroit où j'y arrive vraiment.

Je sentis, au moment même où je prononçais ces paroles que j'en avais un peu trop dit. Mais, je me connaissais bien. Un inconnu ne relèverait certainement pas ce genre de détail.

Sa dernière question m'arracha un léger sourire et je hochai la tête.

- On peut dire ça, ouais.

Ca ce n'était un secret pour personne. Et mes amis ne comprenaient pas cette façon que j'avais, de rechercher le danger. Pas plus qu'ils ne comprenaient mes raisons. Pour eux, puisque mon temps était compté, pourquoi prendre le risque de le raccourcir encore ? J'aurais dû rester à la maison et m'enfermer dans une bulle, protégée du monde extérieur, pour faire durer ma vie le plus longtemps possible. Ca avait source de pas mal de désaccord d'ailleurs. Et puis mes amis avaient fini par se faire une raison. Ils ne comprenaient toujours pas, mais ils me laissaient faire. Ce n'était pas le cas de David en revanche. Mais il ne pouvait pas m'empêcher de vivre ma vie comme je le voulais. Il n'était pas avec moi 24h/24. Encore heureux !

Je penchai la tête sur le côté.

- Pourquoi ? Ca vous dérange ? Ou ça vous choque peut-être ?
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Garin DeLyons
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Je n'ai tout simplement pas pu m'en empêcher. J'ai ri à sa dernière remarque. Et avec une telle sincérité que j'en ai levé la main pour me frotter le nez du pouce, nerveusement.

– Non, je m'en fous.

J'avais déjà haussé les sourcils à sa remarque sur le fait qu'elle n'était pas pressée de partir. Pour ainsi dire, j'étais un peu perdu, je ne comprenais pas du tout où elle voulait en venir. J'avais même l'impression que c'était moi l'interrogé. Avec ses yeux bleus perçants, c'était à croire que la curiosité, c'était moi, pas elle. Finalement, si ça se trouve, elle était aussi intriguée que moi. C'était peut-être pour ça qu'elle était encore là. Elle voulait savoir ce que j'avais dans la poche. J'ai secoué la tête en retrouvant mon sérieux, la pointe du sourire en coin de lèvres.

– N'imagine même pas qu'en restant ici je vais te dire ce que moi je fais là. Mais ta curiosité risque de te poser des problèmes. Tu le sais ça ? Les angoisses et la curiosité n'ont jamais fait bon ménage. Moi, si j'étais toi, je décamperais avant qu'un type comme moi change d'avis. J'aime pas beaucoup être pris par surprise. Ca me fait le teint aussi pâle que le tien, je trouve ça inquiétant.

J'ai regardé la sortie que j'ai montrée d'un mouvement de tête puis j'ai reporté les yeux sur elle.

– Si tu me disais pourquoi tu restes là si t'es pas pressée de partir ?

J'ai froncé les sourcils en me replaçant face à elle.

– Pourquoi tu veux pas me dire ? Après tout, tu m'as surpris dans mes affaires, t'es quoi, Positive ou Candidate ? Un Négatif aurait déjà pris ses jambes à son cou, alors... Un pris pour un rendu, non ?

Je me demandais bien ce qui pouvait angoisser cette fille pour lui causer des envies suicidaires, si ce n'était pas à cause de ses pouvoirs. Et comme à chaque fois, la question du "De quoi est-elle capable" se posait dans ma tête. Finalement, ce n'était pas pour rien que j'avais été un mauvais agent, hein ?
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Angela Foster
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Oh, il était capable de rire ! Marrant parce que jusqu'à présent, il avait plutôt semblé… nerveux, dur. Le genre de mec qui aurait été totalement insensible à mon "pouvoir" si j'avais essayé de l'utiliser. En fait de pouvoir, c'était surtout cette capacité que j'avais de détendre les gens, de les faire rire. Je les mettais à l'aise. J'étais comme ça.

En tout cas, il riait, franchement. Et il n'avait pas l'air vraiment à l'aise avec cette idée. Moi, j'étais étonnée. D'autant plus que je ne voyais pas ce que j'avais pu dire de si drôle. Ca aurait fait sourire, oui, mais rire… Quand il se remit à parler, je me mis à rire moi aussi. Mais à rire jaune.

- Des problèmes ?

Je retrouvai mon sérieux et haussai les épaules.

- Hey attendez, vous me bombardez de questions depuis toute à l'heure et c'est moi qui suis curieuse ? Pourquoi j'aurais pas le droit de poser des questions moi aussi, hein ? Mais oui, je suis curieuse. Vous débarquez dans mon "refuge", je veux comprendre ce que vous faites là. C'est tout. Rien de plus normal. Quant au pourquoi je reste là, vous l'avez dit vous-même, j'aime les grands frissons.

Il se remit face à moi, mais pas assez près cette fois pour que je ressente de nouveau l'envie de le repousser. Sa dernière question me fit sourire, légèrement. C'était pas tant le fait qu'il me redemande à nouveau si j'étais positive. C'était le fait qu'il le croit. Il avait une telle opinion des négatifs que manifestement, je ne pouvais en être une, puisque j'étais toujours là. Mais il venait d'employer un mot que je ne connaissais pas. Des Candidats ?

- Il faut croire que tous les négatifs ne sont pas des froussards. Mais… c'est quoi les "candidats" ?

Là, pour le coup, j'allais passer pour une folle. Mais j'avais grandi dans une espèce de bulle. Je ne connaissais l'existence des positifs que parce que j'en avais vu un se faire battre à mort sur le parking du supermarché quand j'étais gamine. Ce jour là, mes parents m'avaient expliqué le contexte dans lequel je grandissais, mais ils ne m'avaient pas tout dit. Et on n'en avait jamais vraiment reparlé à la maison. Et je ne m'intéressai pas à la presse, je ne regardai pas les infos. C'était tout juste si j'avais entendu parler de ce gamin qui avait disparu. C'est pas que ça ne m'intéressait pas mais, j'avais d'autres soucis en tête. Je continuais à vivre dans ma bulle, avec mes amis et ma famille qui vivaient eux aussi dans la leur. Pourtant, elle ne demandait qu'à éclater cette bulle. Elle commençait déjà à se fissurer d'ailleurs.
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Garin DeLyons
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Une petite minute...

– C'est quoi ça, une conversation ?

Et puis j'ai souri au terme de grand frisson, d'un air entendu. A la limite de l'enjôleur, je l'ai dévisagée, le sourire rayonnant. A mon niveau, j'étais un grand frisson et il fallait qu'elle le sache, c'était un compliment qu'elle me faisait sans le savoir. Mon sourire s'est effacé en une fraction de seconde à sa question, me faisant oublier l'allusion au fait qu'elle soit une Négative, ce que je n'imaginais même pas. Pendant un long moment, je suis resté face à elle, mes yeux dans les siens, attendant que la farce prenne fin. Les sourcils hauts, je me suis demandé à quoi elle jouait et ce qu'elle attendait réellement de la vie. Elle était là, je l'avais vue sourire, s'indigner quelque peu mais pas avoir peur. Il fallait reconnaître que j'étais dans un bon jour et qu'elle était plutôt maligne mais je savais de quoi j'étais capable lorsque je m'énervais. J'espérais secrètement que ça n'arriverait pas. Mais alors que la suite ne venait pas...

– T'es sérieuse ? Les Candidats ! Tu sais, les petits soldats de l'Oppression ! Les faux Positifs, quoi ! La vache, on vous apprend pas ça à l'école ? Même moi, je le sais. Vous vivez dans le pays le plus ruiné de la planète et personne vous dit ce que sont les Candidats ?

J'ai froncé les sourcils et j'ai fait un pas en arrière. Jolie petite fille riche dans sa mignonne bulle de protection. Ca fleurait bon la perfection sur un lit immaculé, l'innocence à l'état pur. Je l'ai désignée de l'index, comme si elle était à présent toxique.

– Toi, t'es pas de la Ville Basse. Ou alors, t'es pas d'ici.

Elle voulait du frisson, non ? En reculant un peu plus, j'ai ouvert grands les bras et j'ai commencé à réciter à demi-mots ce que la CIA m'avait enseigné.

– Les effets de Yu n'ont pas duré très longtemps, à peine quelques heures, mais le virus s'est propagé à travers la planète. Plantes, viandes, air, piqures... Le mal était fait. Les Positifs sont nés, ont fait naître d'autres Positifs etc, mais Yu était mort. Quoique !

J'ai commencé à tourner autour d'elle, mes index levés alors que je lui expliquais.

– La Chine et ses alliés y ont vu une bonne opportunité de créer des soldats parfaits en inoculant Yu à des porteurs sains de l'anomalie génétique requise pour contracter la mutation. Notamment en Fédération Russe. Je sais pas si tu sais mais Yu ne s'attaque que très peu au genre non-caucasien. C'est pour ça que la majorité des "mutants"[/b] - j'ai imité des guillemets avec mes doigts - [b]sont des culs blancs. Aujourd'hui, ils sont toujours incapable d'anticiper la mutation de leurs... cobayes. Parce que c'est ce qu'ils sont, cultivés en laboratoire pendant des mois, puis entrainés à la guerre. Toujours est-il que ça fait des Candidats. La particularité militaire, c'est qu'il est totalement impossible de différencier un Positif d'un Candidat, à moins que ce soit inscrit quelque part ou que la personne concernée le dise de vive voix. Pratique, non ?

En lui passant derrière, j'ai approché mon visage de son oreille dans un sourire plus que moqueur. J'ai tourné les yeux comme pour la voir du coin du regard. C'était un sentiment exquis de pouvoir apprendre ces choses là à une fille de la grande ville qui cherchait... Le grand frisson dans un immeuble en ruines des quartiers pauvres.

– Mais ces tarés étaient encore plus malins qu'ils ne le pensaient.

Je ne me suis attardé qu'une seconde avant de reprendre en joignant les mains, réapparaissant de l'autre côté d'Angie.

– Yu s'est dilué au fil des générations et les pouvoirs sont devenus de moins en moins spectaculaires. Mais les Candidats reçoivent une dose pure de l'agent Yu. Par conséquent : leur pouvoir est aussi puissant qu'au premier jour. Les pires sont ceux qui ne se voient pas. L'esbroufe, ça n'a pas l'air d'être le genre de Yu. C'est un truc plus vicieux qui te prend par derrière et PAF !

Je m'étais à nouveau approché d'elle et j'ai frappé des mains à quelques centimètres de son visage pour l'effrayer. En les baissant finalement, j'ai avancé le nez pour me pencher vers elle, rompant la barrière d'espace vital, un sourire en coin et j'ai repris d'une voix basse.

–Tout ça pour un grand frisson, hein ?
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Angela Foster
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Une conversation ? Pour ma part, j’aurais plus tôt appelé ça une confrontation, entre deux esprits forts qui voulaient prendre le pas sur l’autre. Je fis une moue dubitative et penchai la tête.

- Appelez ça comme vous voulez.

Manifestement, j’avais du dire quelque chose qui lui plaisait, parce qu’il souriait. Je me trompais peut-être mais je le sentais se détendre quelque peu. Quoiqu’il en soit, ça ne durant pas très longtemps. Il retrouva son sérieux dès que j’eus posé la question. Je levai les yeux au ciel tandis qu’il s’étonnait de mon ignorance. J’étais un peu gênée quand même. Les candidats… j’en avais pas entendu parler à l’école, ou du moins, pas que je m’en souvienne. En fait, je ne m’étais vraiment intéressée à l’école que tardivement, lorsque j’avais commencé à étudier la chimie et la biologie. C’était mon truc. Mais ces histoires de candidats, c’est pas forcément la première chose qu’on vous apprend en matière de biologie. Et puis à la fac, j’avais abandonné au moment où on commençait à étudier les utilisations possible de Yu.

Je l’écoutai donc se moquer doucement de moi, et en déduire certaines choses plutôt justes d’ailleurs, sans rien dire. Il se mit alors à me tourner autour tout en faisant la leçon. C’était… comme s’il récitait un manuel. Il finit par s’arrêter face à moi et frapper des mains, à quelques centimètres de mon visage, me faisant sursauter mais plus par surprise que par peur. Ce genre d’intrusion dans mon espace vital ne me plaisait pas des masses, même s’il avait changé de comportement depuis tout à l’heure.

Je souris et comme tout à l’heure, le repoussais du plat de la main. Ca ne lui plairait certainement pas. Tant pis. Il avait déjà franchi la barrière tout à l’heure, il savait à quoi s’attendre.

- Vous semblez connaitre le sujet sur le bout des doigts.

Je me frottai le menton, faisant semblant de réfléchir.

- Dois-je comprendre que vous en êtes un ? Ou au moins un spécialiste en la matière ?

Je finis par hausser les épaules et croiser les bras.

- Pour ce qui est du grand frisson… Vous paraissiez prometteur, mais vous êtes plutôt décevant finalement

Pure provocation. J'étais curieuse de voir jusqu'où il pouvait aller pour essayer de me faire peur.
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Garin DeLyons
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Cette fois, j'avais anticipé son geste. Vif, j'ai attrapé son poignet, fermement, sentant brièvement son pouls contre mes doigts. J'aurais peut-être voulu que son coeur batte plus vite mais il fallait croire que je ne lui faisais pas une grande impression. Je passais assez facilement inaperçu, je devais l'avouer, assez tristement d'ailleurs. Et puis un jour, quelque chose ou quelqu'un les amenait à découvrir ce qui dormait en moi. Au choix, j'avais droit à de la pitié ou une peur sans nom. J'ai cessé de respirer une seconde en me demandant quelle serait sa réaction à elle. De par mon expérience, on ne touchait pas un supposé Positif (ou Candidat), quand on ignorait ce dont il était capable. Mais elle n'avait décidément peur de rien. Je l'ai regardée un instant et lui ai rendu sa main sans rien dire. J'allais lui répondre quand elle a préféré me provoquer. J'ai gardé la bouche ouverte et puis je me suis contenté de hausser les épaules en me détournant d'elle pour repartir du côté de l'ouverture sur l'océan.

– Que je sache de quoi je parle ne veut rien dire. Mais les mutations, oui...

Je me suis retourné vers elle et j'ai acquiescé, un sourire plus faible sur les lèvres.

– C'est ma spécialité. Il faut bien que quelqu'un sache qui est le véritable ennemi dans ce putain de monde, non ?

Quant à sa provocation, mon sourire s'est d'autant plus effacé. J'ai toujours envie de faire comprendre aux gens la chance qu'ils ont. Mais comme je déteste m'apitoyer sur mon sort et m'attirer les faveurs des gens sous prétexte que j'ai pas de pot, je m'abstiens de leur dire ce que je suis réellement. Jouer un rôle, c'est tellement plus facile.

– Désolé mais je m'offre pas à la première venue. Une autre fois, peut-être.

Non, je n'étais pas plus détendu. Mais je la remerciais de ne pas jouer avec mes nerfs. ma crise à cause d'Amber me réveillait presque toutes les nuits, depuis. J'étais fatigué et j'en avais assez d'avoir l'impression de claquer à chaque fois que j'avais ces fichues hallucinations. Quand j'entends dire que les Positifs ont le pouvoir qu'ils ont pour une bonne raison, je ne cesse de me demander ce que ça peut bien vouloir dire. Ou alors, c'est l'autre taré dans son ciel qui a décidé de se venger sur moi. J'en sais trop rien.

S'il venait à Angie l'idée de me pousser dans mes retranchements, je voudrais qu'elle continue de croire que je suis un pauvre drogué qui s'impatiente d'un moment en solitaire pour se faire son petit rail et aller planer avec les elfes. De toute façon, je détestais ce que j'étais quand j'étais énervé. Trois ans auprès de la CIA n'avaient pas suffit à m'apprendre à contrôler pleinement ce pouvoir que j'avais en moi.
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Angela Foster
Angela Foster
Il m’avait attrapé le poignet avant que je ne le touche. Son geste m’avait un peu surprise. Il avait de bons réflexes, de très bons réflexes. C’était assez impressionnant. Il me tenait le poignet fermement, mais sans me faire mal pour autant. Mais j’avais l’intuition qu’il pourrait me le briser si l’envie lui en prenait. Je m’attaquai peut-être à plus fort que moi. Il aurait été beaucoup plus prudent, plus raisonnable que j’en reste, que j’arrête de le chercher. Mais c’était plus fort que moi. Je vous l’ai dit, l’adrénaline, c’était ma drogue.

Quand il me parla des mutations comme d’un ennemi, je fronçais les sourcils. Je n’étais pas d’accord avec lui. Pas du tout. Elijah était un mutant, et il était loin d’être un ennemi. Bon, ok, je n’étais peut-être pas totalement objective le concernant. Et je ne m’y connaissais pas assez pour en être certaine. Cependant…

- Je ne suis pas d’accord avec vous. Elles peuvent être nos alliées aussi… non ?

J’avais une opinion assez tranchée de la question. Mais en général, je m’abstenais d’être trop vindicative face aux gens que je ne connaissais. Ou plutôt dont je ne connaissais pas l’opinion.

- Tout dépend de la façon dont positifs et négatifs choisissent d’utiliser leurs pouvoirs.

Si Garin avait l’intention de me faire croire qu’il n’attendait qu’une chose, que je parte pour se faire un fix. Et bien c’était plutôt réussi. Sauf que je n’étais pas prête à partir. Il n’avait toujours pas répondu à ma question. Que faisait-il ici ? Son attitude de tout à l’heure m’avait prouvé que c’était bien plus qu’une simple dose d’héroïne ou de quelque autre drogue que ce soit.

Je m’approchai de ce qui devait être une fenêtre, du temps où l’immeuble était encore intact. Je posai mon sac par terre, il commençait à être lourd, et m’appuyais sur le muret, tournée vers l’extérieur.

- Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Tout à l’heure, vous m’avez dit « un pris pour un rendu ». J’ai répondu à toutes vos questions, et vous à aucune des miennes. Alors je vais vous les reposer. Libre à vous de répondre ou pas, mais je préfère vous prévenir, je n’ai pas vraiment l’intention de partir tant que je n’aurai pas les réponses que j’attends.

Je tournai la tête vers lui.

- Qu’est-ce que…

Mais je ne terminai pas ma phrase, un mouvement venait de capter mon attention, sur ma droite. Comme une silhouette qui se cachait derrière un mur. Je fronçai les sourcils et me détachai de la fenêtre pour aller vérifier, abandonnant mon sac là où je l’avais laissé. Il m’avait semblé pendant un instant revoir cet enfant, celui que j’avais cru écraser sur le circuit de moto. Celui que j’avais vu au restaurant aussi. Encore une hallucination ? Certainement, mais il fallait que je m’en assure. Un seul intrus dans mon antre, c’était déjà trop.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
– Je ne parlais pas des mutations en elles-mêmes.

Après un instant, j'ai haussé une épaule.

– Quoique.

Je l'ai suivie du regard alors qu'elle se rapprochait de moi et du mur, tourné vers l'océan. Quelque chose clochait. Je le savais, mais j'étais incapable de savoir précisément quoi. Mais un truc n'allait pas avec cette fille. Quand elle a repris, j'ai soupiré, appuyé contre l'encadrement de la porte inexistante et j'ai regardé dehors.

– Tu ne m'as rien demandé très précisément, je crois. J'ai répondu à tout ce à quoi j'avais une réponse.

Savait-elle que dire que j'étais un Candidat, c'était lourd de sens ? De plus, j'avais été volontaire. D'une certaine manière. Et quand elle me demanderait mon pouvoir, je répondrai quoi ? Comment définir ce dont j'étais capable ? Aucune idée. En sentant son regard, j'ai reporté le mien sur elle et j'ai haussé les sourcils quand elle s'est emballée. J'ai cherché ce qu'elle pouvait voir mais il n'y avait rien. Je n'avais rien entendu.

– Quoi ?

Vous savez quoi ? Je me demandais régulièrement quel Positif pouvait résonner avec moi. Mais je ne me suis jamais demandé si mon corps, mon pouvoir, ou ce que vous voulez, avait un effet sur les autres. Si j'avais été au courant des hallucinations d'Angie, est-ce que j'aurais pensé une seconde que ça pouvait venir de moi ? J'avais prouvé par dizaine de fois que ce que je voyais n'était pas réel. Or, la cicatrice sur mon ventre l'était, elle.

Je me suis redressé en tendant l'oreille. Je n'entendais rien, sauf le vent qui nous parvenait. Il n'y avait que nous dans cet immeuble. Une intrusion ne m'aurait jamais échappée. Alors je l'ai suivie. J'ai dépassé son sac et j'ai regardé par dessus mon épaule alors que je revenais vers Angie, comme pour m'assurer que personne ne viendrait le chercher. Ici, j'en doutais fortement. Peut-être que quelque chose m'avait échappé, finalement. Ca n'aurait pas été la première fois.

– Où est-ce que tu vas ?

Que se passerait-il si, lors de mes propres hallucinations, je me retrouvais à marcher, déambuler comme si je vivais ce que je voyais ? Vu le nombre de kilomètres parcourus dans ma tête, j'aurais sûrement atteint le Moyen Orient à cette heure-ci.
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Angela Foster
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J’entendais toujours la voix de Garin, je sentais sa présence à mes côtés. Mais j’étais trop préoccupée par le petit garçon pour lui répondre. Je fis néanmoins un geste de la main dans sa direction. Un geste qui voulait tout dire et rien en même temps. Un geste qui pouvait, dans ce contexte, indiquer à Garin de se taire et de rester là.

J’avançais dans la direction où j’avais vu partir le gamin en me demandant à quoi m’attendre. La première fois que je l’avais vu, j’avais cru le tuer et j’avais eu un accident. La deuxième fois, je l’avais vu glisser sur le sol du restaurant et j’avais lâché une pile d’assiettes pour le rattraper. Elles seraient d’ailleurs retenues sur mon salaire, comme si j’avais besoin de ça. Je tournai derrière le mur où je l’avais vu se cacher. Il était là, en train de jouer au ballon.

« Il n’est pas réel Angie, ce n’est qu’une invention de ton esprit ».

J’avais beau me répéter ça, quand j’ai vu le ballon passer par la fenêtre et le gamin lui courir après pour le rattraper, je n’ai pas pu m’empêcher de réagir.

- Non !

Je me précipitai vers la fenêtre, aussi vite que ma cheville le permettait, pour retenir le gamin avant qu’il ne chute, mais au moment où j’allais attraper son bras, je ne saisis que de l’air. Le petit garçon venait de basculer dans le vide. Un réflexe me fit me pencher à la fenêtre, comme si je pouvais encore faire quelque chose. Mais évidemment, il avait disparu.

Je me redressai, pensive et un peu perturbée aussi. Les hallucinations, c’était juste un des symptômes de la tumeur, mais le petit garçon ? C’était quand même la troisième fois que je le voyais. Est-ce que ça voulait dire quelque chose ? Je secouai la tête. C’était insensé. C’était juste mon esprit qui me jouait des tours, j’avais du le voir dans un film ou le croiser dans la rue, mon cerveau avait enregistré son image et me la ressortait comme ça, sans explications… Les spécialistes du cerveau m’avaient expliqué que personne ne savait encore réellement comment il fonctionnait. Qu’il faisait parfois des trucs inexplicables. Que ça arrivait à des personnes totalement saines d’esprit, en parfaite santé.

Je soupirai et me retournai. Garin m’avait suivie, bien entendu. Il devait me prendre pour une folle. Trouver une explication, vite. Avec un peu de chance, il n’avait rien vu de bizarre. Je me passai la main dans les cheveux et haussai les épaules.

- J’ai cru voir quelqu’un. Mais c’était juste une ombre.

J’esquissai un sourire, pas très convaincant.

- Je préfère ça, ça aurait été une autre personne de trop ici.
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Garin DeLyons
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Et puis elle s'est ruée vers la fenêtre. J'ai écarquillé les yeux en criant son nom et j'ai couru jusqu'à elle pour l'empêcher de tomber. J'ai passé mon bras autour de sa poitrine pour la ramener en arrière et je lui ai plaqué le dos contre le mur, les yeux ronds de stupéfaction.

– Une ombre !

J'ai regardé la fenêtre puis elle à nouveau, les sourcils hauts et ahuris.

– Une ombre ?! Je vais finir par vraiment croire que tu as des envies de suicide ! Il n'y avait rien du tout ! Ce n'était qu'une illusion d'optique ou un truc comme ça mais une ombre ne saute pas par la fenêtre ! Tu es complètement folle, ou quoi ?

Et pourtant, je connaissais la force des rêves éveillés, je savais ce qu'ils étaient capable de faire croire à votre esprit lorsque vous vous pensiez en sécurité. Je connaissais la peur qu'ils pouvaient générer. Mais je ne pensais pas que ça pouvait arriver à d'autres que moi. Encore moins une Négative. Si toutefois elle en était une car elle n'avait pas été claire à ce sujet. Pour le coup, je me suis trouvé un peu dur de réagir comme ça. Mon esprit me jouait des tours à moi aussi et je détestais qu'on me traite de fou parce que je hurlais en pensant qu'on m'enfonçait encore un couteau dans le ventre.

J'ai tendu le cou pour regarder par la fenêtre. L'ouverture se situait sur le bord d'une falaise, creusée par la montée des eaux. Et si elle avait glissé ? Si je n'avais pas eu le temps de la rattraper ? Nous étions au bord de la ville, celle qui se transformerait bientôt en Atlantide. J'ai soupiré de soulagement qu'elle n'ait pas sauté et j'ai reporté mes yeux sur elle. D'une main sur son épaule, je l'ai maintenue contre le mur - des fois qu'elle tente de sauter à nouveau - et de l'autre, je l'ai désignée d'un index.

– Ne refais plus jamais ça ! T'entends ? Quoi que tu aies vu, si ça ne fait pas cohérence dans ton cerveau, ferme juste les yeux et attend que ça passe ! On ne se rue pas sur une fenêtre sans raison ! Je l'aurais su s'il y avait quelqu'un d'autre ici, d'accord ? Et cet immeuble de t'appartient pas, il n'a pas ton nom gravé dessus !

Je pouvais sembler dur, mais elle m'avait fichu la trouille. Je n'avais pas la prétention de n'avoir peur de rien. Je laissais ça à ceux qui avaient le contrôle de leur vie. Et de leur pouvoir. J'ai finalement lâché son épaule et j'ai acquiescé en reculant.

– C'est dangereux par ici, ok ? Alors fais un peu plus attention.
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Angela Foster
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Je m’étais soudain sentie tirée en arrière. Et avant que je n’ai eu le temps de comprendre ce qui se passait ou de réagir, je me retrouvais plaquée contre le mur (assez brutalement d’ailleurs), avec la main de Garin sur mon épaule qui me contraignait à l’immobilité.

- Hey mais qu’est ce qui vous prend ? Ouch !

L’arrière de ma tête venait d’entrer en collision contre le mur. J’étais bonne pour une belle bosse, mais je ne m’en préoccupais pas vraiment. Je relevai les yeux sur Garin et rivai mon regard aux siens. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans sa tête pour qu’il réagisse comme ça ? J’essuyai son discours un poil moralisateur avant de comprendre que j’avais dû lui faire peur. J’ouvris des yeux ronds, son attitude était vraiment contradictoire avec celle qu’il avait tout à l’heure.
Je l’écoutai sans pouvoir en placer une, totalement ahurie. En fait, je ne comprenais toujours pas pourquoi il était intervenu. Bon ok, comme il n’avait pas vu le gamin, mon mouvement avait pu prêter à confusion mais quand même, je m’étais arrêtée avant de passer au travers de cette fenêtre. Il avait bien du le voir ça. A moins qu’il n’ait eu peur que mon élan ne m’emporte mais là encore, aucune raison de paniquer. J’avais les deux pieds au sol, j’étais aussi stable que je pouvais l’être. Mais ça, à vrai dire, il ne pouvait pas vraiment le savoir. Mais même s’il avait eu peur, je ne comprenais pas. Pas après le petit numéro qu’il m’avait fait tout à l’heure. Alors je continuai à le regarder, stupéfaite. Mais lorsque le mot « folle » se fit entendre, l’ahurissement laissa place à l’indignation et aussi à une pointe d’exaspération. J’essayai de bouger mais il me maintenait toujours contre le mur.

- Hey ! Je ne suis pas folle ok ! Et je n’avais aucunement l’intention de me jeter par cette fenêtre. J’essayai juste de…

Ok, si je disais la suite de mes pensées, j’allais lui confirmer que j’étais bien folle. Autant s’arrêter là.

- Mais je maitrisais la situation, je serai pas tombée !


J’essuyai la suite de son discours sans broncher même si ce que j’entendais ne me plaisait pas, le fusillant du regard.

- Vous l’auriez su ? Même vous ne saviez même pas que moi, j’étais là ! Alors laissez-moi rire !


Il finit par me lâcher, je remuai l’épaule et me frottai l’arrière de la tête. Sa dernière phrase était du déjà vu, déjà entendu. Et ça commençait vraiment à me lasser, toutes ces personnes qui me donnaient ce genre de conseil.

- Oh bon sang, vous allez pas vous y mettre vous aussi ! Je commence à en avoir marre de tout ça. Je sais ce que je fais ok ? J’aime prendre des risques, j’aime le danger, je suis comme ça. C’est comme ça que je veux vivre le temps qu’il me reste. J’ai pas besoin d’un protecteur supplémentaire. Je sais ce que je fais. Je ne suis plus une gamine, même si je sais parfaitement que j’en ai l’air. Mais j’ai…

J’hésitai un moment, j’allais dire mon âge mais d’une part, c’était inutile et d’autre part, je n’en étais plus très sûre. 24 ? 25 ? un peu plus, un peu moins ? Je fronçai les sourcils et tirai ma médaille de dessous mon t-shirt pour vérifier. Mais il faisait trop sombre pour que je parvienne à la lire la date gravée au dos. Je soupirai, me décollai du mur et retournai vers l’autre pièce, où j’avais laissé mon sac à dos.
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Garin DeLyons
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Je ne comprenais pas phrase après phrase. Je ne comprenais que la moitié de ce qu'elle disait, pourtant les mots étaient dans la bonne langue. C'était comme si la fille de tout à l'heure n'était pas la même. Soit dit en passant, je devais avoir mon propre effet ahurissant.

– Tu essayais quoi !

J'ai roulé des yeux. On dirait moi quand j'essayais de mentir à Gen ou Annie sur mes rêves qui me réveillaient en hurlant. Je me rendais compte qu'il y avait trop de filles dans mon entourage. Les seuls types que je connaissais n'étaient en rien des amis. Etait-ce un signe, ou quelque chose de ce genre ? peut-être que je me sentais plus redevable des femmes, j'en sais trop rien. Mon côté macho, je parie.

– OUI je l'aurais su ! Tu étais là avant moi et tant que tu n'as pas bougé, je n'ai rien entendu, c'est tout. On appelle ça savoir rester discrète !

Quand elle a hésité, j'ai écarquillé les yeux, attendant la suite mais rien n'est venu. Elle s'est contentée de regarder sa médaille pour vérifier sa date d'anniversaire et j'ai cru comprendre quelque chose. Sonné par ses paroles, je l'ai laissée s'éloigner et j'ai relevé les yeux à travers la fenêtre. Je me suis rappelé une conversation que j'avais surprise entre Annie et Abel. En gros, j'étais à plaindre et ce que j'avais vécu expliquait mon comportement imprudent. C'était totalement faux, j'étais comme ça avant, c'est ce qui m'avait conduit dans tout ce que j'avais vécu, en premier lieu. Ma fierté, ma curiosité et ma détermination à ne pas passer pour un abruti. J'ai tourné la tête vers elle en fronçant les sourcils alors qu'elle était sortie de mon champs de vision. Je me suis gratté la tempe et j'ai ressorti le sachet de ma poche arrière pour l'étudier, les dents serrées. Au moins, avec ça, je gardais un meilleur contrôle sur moi-même. j'ai soupiré et j'ai repris la marche vers elle en rangeant mon bien dans sa cachette, bien au chaud.

– Ca veut dire quoi ?

Je ne me suis même pas approchée d'elle mais on ne me balançait pas ce genre de choses au visage sans que je ne revienne à la charge.

– "Le temps qu'il me reste", ça veut dire quoi en Anglais américain ? Je suis pas ton protecteur mais quand je vois quelqu'un se ruer sur une fenêtre, je reste pas les bras croisés à attendre de voir si sautera ou sautera pas. Je suis peut-être un peu dérangé, mais je suis pas stupide et encore moins un monstre.

Après ça, peu importaient les menaces que je pourrais lui faire, elles n'auraient plus aucun impact. Qui pourrait me prendre au sérieux si j'essayais de me montrer dangereux alors que j'avais peur qu'une inconnue se foute par l'océan !

– Et j'ai jamais dit que t'étais une gamine. Encore une fois, je te connais pas. Pourquoi t'as regardé ta médaille pour vérifier ta date de naissance ?

Je n'étais pas du genre à tourner autour du pot. Non seulement, je n'aimais pas ça, mais en plus je trouvais que ça ne servait à rien. J'avais une question, je la posais.

– C'est quoi, t'as un pouvoir qui te joue des tours ?

J'étais toujours persuadé que les Négatifs ne pouvaient pas tomber malades, qu'il n'y avait que nous avec nos pouvoirs, que certains corps étaient incapables de supporter.
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Angela Foster
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Quand il m’a de nouveau interpellée, je me suis arrêtée et me suis retournée vers lui, les sourcils froncés, le regard interrogateur.

- Quoi ?

Sa question avait le mérite d’être vague. « Ca veut dire quoi ? ». Il pouvait parler de plein de choses. De mon mouvement vers la fenêtre, que je ne lui avais finalement pas expliqué, de mon emportement, de ma façon de me comporter. Et puis il précisa sa pensée. Je soupirai. « Le temps qu’il me reste ». Je ne m’étais même pas rendue compte que j’avais prononcé ces mots là. Ils étaient sortis tous seuls, dans le feu de l’action, si on peut dire ça. Je haussai les épaules et revint vers lui, enfonçant les mains dans mes poches arrières et haussant les épaules, dans une attitude que je voulais décontractée. Plus que je ne l’étais moi-même d’ailleurs. Le sujet était délicat. Je n’aimais pas l’aborder. Je n’en parlais déjà pas avec mes amis alors un inconnu… Mais je pouvais m’en sortir avec une de mes fameuses pirouettes verbales, ou comment noyer le poisson sans en avoir l’air.

- Tout le monde meurt un jour non ? Certains plus tôt que d’autres, mais au final, on va tous dans la même direction. On sait que ça va arriver, mais on ne sait pas quand. C’est tout.

La deuxième question était la plus difficile. Comment est-ce que je pouvais ça, ce geste que j’avais eu, ce réflexe, parce que c’en était un finalement. A chaque fois que je pensais à mon âge où à ma date de naissance, je regardais ma médaille. Et c’était comme ça depuis plus de 2 ans. C’était ça, d’ailleurs qui avait fini par alerter mes parents. Parce que bon, l’épilepsie, ça touche tellement de gens, c’est inquiétant mais ce n’était pas forcément lié à des problèmes neurologiques graves. Confondre les dates, ça arrive aussi. Mais ne pas se rappeler de sa propre date de naissance, quand on a tout juste passé la vingtaine, ce n’est pas normal. Alors comment expliquer ça à un inconnu assez perspicace pour se rendre compte que quelque chose clochait sans lui révéler une partie de la vérité ?

- J’ai tendance à confondre les dates…

Ce qui était vrai, même si j’étais consciente que ça n’expliquait pas tout. Je n’avais cependant pas l’intention de lui en dire plus.

La troisième question, en revanche était plus facile. Mais elle était étrange. Je lui avais pourtant dit que j’étais négative. Bon pas de façon très claire, mais il avait bien dû comprendre non ? Ou alors, je ne collais tellement pas avec l’idée qu’il se faisait des négatifs qu’il ne m’avait pas cru. Il avait certainement besoin d’une réponse claire, nette et précise pour pouvoir enfin assimiler ça.

- Je n’ai pas de pouvoirs. Je suis négative. Je vous l’ai dit tout à l’heure. C’est si difficile à croire que ça ?

Non je n’avais pas de pouvoirs, juste un truc qui faisait mumuse avec mon cerveau. Mais ça, je n’allais certainement pas lui dire tout de suite. Moi non plus je n’étais pas de celles qui s’offrent au premier venu. Enfin, pas de cette façon là en tout cas.
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Garin DeLyons
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– C'est incroyable ce que tu mens mal ! Me prends pas pour un con.

J'ai secoué la tête en levant les mains sur la défensive. Elle pensait sincèrement que j'allais croire toutes ses salades ? Confondre les dates, et puis quoi encore. J'aurais bien rétorqué une ou deux choses mais le fait qu'elle confirme être Négative m'a fait hausser un sourcil. Pour le coup, je me suis trouvé assez bête. Je ne pouvais pas trop plaisanter sur le suicide compte tenu de ce qui était arrivé à ma mère, c'est pourtant ce que j'avais fait avec elle. Disons que c'était ma façon à moi de dédramatiser les choses. Je me demande ce que ma mère aurait pensé si elle avait su... Et si elle avait vu la moitié des choses que j'ai vues.

– Un peu, oui. Je croyais que les Négatifs, c'étaient ceux en bonne santé et à toute épreuve.

Elle avait eu le mérite de me faire fermer mon clapet. Quoiqu'il se passe avec elle, je ne pouvais pas rivaliser. Quelque chose me disait que si j'avais cru jusque là être à plaindre, j'étais face à quelque chose qui me dépassait et de large. Mais je m'étais documenté et plutôt deux fois qu'une. Seul ou avec les médecins, pendant plus de deux ans alors j'étais incollable sur le sujet.

– Vous avez toujours plus de possibilités que nous quand il en est de vous soigner. Je sais encore reconnaître une hallucination pour dire quand j'en vois une. Je sais pas ce que t'as cru voir, mais je peux t'assurer que c'était pas réel. C'est quoi, un cancer ou ce genre de trucs ?

Si c'était le cas, c'était la première fois que j'en voyais un en vrai. Ca peut vous paraître horrible de dire ça mais quand on ne côtoie que des mutants, comme c'est mon cas, on est comme cette fille, mais dans le sens inverse, on ne sait pas grand chose du camp adverse. J'avais pourtant été comme elle, un jour et ce n'était pas si loin mais ça me semblait une telle éternité, un autre moi. Il m'arrivait de me sentir si vieux que mes jambes ne me portaient plus. Mais mon pouvoir ne menaçait pas de me tuer, du moins, pas tant que quelqu'un ne l'énerverait pas. Est-ce que son cerveau à elle était encore plus vicelard que le mien ? Je n'arrivais pas à détacher mes yeux des siens. Comment je pouvais lui expliquer que non, ce n'était pas flagrant pour moi qu'elle soit une Négative ? Comment lui dire que je connaissais peut-être un moyen et des médecins hors du commun, prêts à payer très cher pour un cobaye vivant et volontaire ?

– C'est moche.

Je me suis auto giflé dans ma tête pour avoir prononcé des mots aussi dénué de sensibilité. Personne ne savait quoi dire face à moi sinon me regarder avec des yeux de merlans fris, désolés et gonflés par la pitié. Et encore, ce n'était que pour ce que j'avais bien voulu leur raconter. S'ils savaient la moitié de ce que je voyais réellement et de ce que je ressentais, jusqu'à dealer avec des laboratoires illégaux, c'était l'exécution par la peine de mort et sans passer par la case procès ni gouvernement. Oh non non, les autres se chargeraient de mon cas eux-mêmes en un battement de cils. Mais je n'étais pas sûr de pouvoir lui faire confiance. Et puis elle pouvait encore me mentir.
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Angela Foster
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Là, je devais reconnaitre qu’il n’avait pas tort. Je ne savais pas mentir. Je le savais. Mais là, je n’avais pas vraiment menti, j’avais juste éludé certains détails. Ce n’était pas tout à fait pareil, je pensais que ça passerait. Il semblait que non. Je pinçai les lèvres, un peu gênée d’être prise sur le fait. Mais qu’est-ce que je pouvais lui dire de plus ? J’avais joué, j’avais perdu. Fin du set.

Sa remarque me fit sourire. Il s’était moqué de moi parce que je n’avais jamais entendu parler des candidats. Mais lui, il avait de sacrément gros clichés à propos des négatifs. Chacun ses lacunes.

- En bonne santé et à toute épreuve ? Vous voulez rire ? On tombe malade nous aussi. Souvent. Parfois c’est juste une grippe, parfois c’est plus grave. Vous croyez quoi ? On est des êtres humains basiques. On a été décimés par les maladies tout au long de l’histoire, Yu n’a pas changé ça. On est toujours aussi… fragiles.

Je n’aimais pas ce mot. Mais il reflétait la réalité de notre condition. La suite de la conversation fit disparaitre mon sourire. Il était perspicace, trop. Comment il avait pu en arriver à cette déduction avec les seuls éléments qu’il avait ? J’étais malade mais c’était pas marqué sur mon front. Ok, j’avais eu une hallucination devant lui, et je m’étais trahie en regardant ma médaille. Mais c’étaient des choses qui pouvaient être liées à d’autres problèmes. Des problèmes de drogue, par exemple ! Bon, j’avais pas une tête à me droguer, c’est certain, mais les apparences sont souvent trompeuses. Mais lui, il était allé direct dans la bonne direction. Paf. Et ses derniers mots me touchèrent en plein dans le cœur. Il n’y avait pas de pitié, tant mieux dans un sens parce que ça, je connaissais et je ne supportais plus. Mais il y avait pire que la pitié : l’indifférence. Et ces deux petits mots me semblèrent chargé de cette indifférence.

- Comment… Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis malade ?

A vrai dire, je n’avais pas envie de parler de ça. Pas avec lui, je ne le connaissais pas. Je ne lui faisais pas confiance. Pourtant, j’étais quelqu’un qui faisait facilement confiance aux gens. Mais lui, il m’inspirait plutôt de la méfiance. Même si je savais qu’il ne me ferait rien. Le simple fait qu’il ait cru que j’allais me jeter par la fenêtre et qu’il m’en ait empêché le prouvait. On ne sauve pas quelqu’un pour lui faire du mal ensuite.

- Vous savez, c’est une erreur de croire que nous les négatifs, on est capable de guérir tout ce qui nous touche. Il y a encore des tas de maladies qui restent un mystère, des tas de gens continuent de mourir parce que la médecine ne peut rien pour eux. On n’est pas si différents de vous en fin de compte. On n’a juste pas été touchés par les mutations. Je ne sais peut-être pas grand-chose sur les positifs et les candidats. Mais il semblerait que vous ayez aussi énormément de choses à apprendre sur les négatifs.

J’accompagnai mes paroles d’un regard entendu et le plantai là pour aller récupérer mon sac. S’il avait envie d’en savoir plus sur les négatifs, je répondrai volontiers à ses questions, mais ça ne viendrait pas de moi.
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Garin DeLyons
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Un frisson m'a parcouru l'échine. "Fragiles". Ce mot avait dû lui coûter autant qu'il m'aurait couté si j'avais du le dire à voix haute. Non, les Négatifs n'étaient pas plus fragiles que nous, nous restions une science inexacte et encore à découvrir. Personne ne savait vraiment comment nous fonctionnions et c'était là que les candidats entraient en jeu. Je me fichais pas mal de savoir plus de choses sur les Négatifs. Je n'avais que des préjugés mais je n'en demeurais pas moins un moi même... A la naissance. Comparer un Positif à un Négatif était une erreur. Voilà pourquoi j'avais rejoint Liberation. Parce que nous n'étions pas comme eux et ils n'avaient rien à voir avec nous. Ils ne pouvaient pas comprendre mais qui, mieux qu'un Candidat, pouvait comprendre les deux autres partis ? Nous avions été des Négatifs un jour et étions devenus des Positifs, par choix ou de force. J'étais bien incapable de me positionner moi-même ! J'avais le cul entre deux nations, d'une part, et ce n'est pas tellement que je m'étais porté volontaire, mais je ne pouvais plus reculer une fois sur la table au moment de l'injection. Je ne voulais pas éveiller de soupçons sur moi mais je savais qu'à une époque, je n'aurais pas craché sur un allié qui m'aurait aidé à me sentir moins misérable.

– J'ai connu et vu plus de choses que ton cerveau ne t'en montrera jamais. Crois-moi.

Elle réagissait un peu comme moi quand je suis arrivé ici. Je l'ai laissée s'éloigner à nouveau mais en ne la suivant que d'un pas lent, enfournant mes mains dans mes poches. Je savais comment aller mieux, mais pas comment me guérir de tout ça. Je ne savais encore moins comment je pourrais la guérir elle si les autres médecins l'ignoraient. Quoiqu'il en soit, sans en savoir plus, je ne pouvais rien faire pour elle. Je ne pensais pas non plus qu'elle le souhaiterait. On ne se connaissait pas, je n'étais pas très altruiste dans mon genre et ce n'étaient pas mes affaires. Une seule chose me dérangeait : elle oubliait ce que j'étais. Les Négatifs avaient tendance à oublier aussi que quoi qu'il arrive, pouvoir bancal ou non, nous restions supérieurs à eux.

– Non, personne n'est comme nous et aucun autre ne peut prétendre être comme moi.

A quelques pas d'elle, j'ai haussé les épaules, gardant les mains dans les poches. Je n'avais pas voulu me montrer aussi indifférent que j'en avais eu l'air. Je l'ai suivie des yeux.

– Mais sérieusement, ça veut dire quoi "le temps qu'il reste" ?

Dans chaque "rêve" que je faisais, considérés comme des hallucinations par les médecins, je voyais ma propre mort en songeant que je la méritais et que je l'avais bien cherchée. Et à chaque fois, je repensais à ma mère et à mon père en suivant. Mon propre rapport à la faucheuse était incompréhensible pour les gens. Et on continuait de me regarder de travers parce que je n'avais pas été capable d'appuyer sur la gâchette et que Libby avait dû le faire à ma place. Je suis pas un meurtrier, je n'avais juste pas le choix. Je ne la retenais pas, si elle voulait partir, elle le ferait.
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Angela Foster
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A sa réflexion sur mon cerveau, je me retournai vers lui, brusquement. Il ne s'en rendait pas compte mais il faisait ressurgir mes angoisses. Je tâchai de les calmer, me concentrant uniquement sur lui et sur ses paroles.

- Qu'est-ce que vous en savez hein ? Je n'ai peut-être pas "vu" grand-chose encore pour le moment mais vous ne pouvez pas savoir ce que je vis. Est-ce que vous risquez un jour de vous réveiller et de vous rendre compte que vous n'êtes plus capable de contrôler votre corps. Ou bien est-ce que vous risquez de perdre la vue, d'oublier jusqu'à votre propre nom, de ne plus savoir penser, réfléchir, parler ? De devenir ni plus ni moins qu'un légume en quelque sorte ? Vous savez ce que ça fait que d'assister à sa propre déchéance sans pouvoir faire quoique ce soit pour l'arrêter ? Je ne sais pas ce que vous avez vécu, mais je crois qu'il n'y a rien de pire que d'avoir le cerveau qui part en miettes et d'en avoir conscience.

J'étais en colère. Oui, vraiment. Mais pas contre lui. Non. Contre ce truc qui se développait dans mon cerveau, le détruisant petit à petit et contre lequel je ne pouvais rien. J'avais beau me dire que ça frappait au hasard, que ça pouvait toucher n'importe qui, n'importe quand, sans raisons particulières, je trouvais ça injuste. Que je meure était une chose que j'avais finalement réussi à accepter. Je m'étais résignée, je n'avais pas le choix. Ca ne me faisait pas tellement peur. En revanche j'étais terrorisée par ce qui allait se passer avant. Justement parce que je ne savais pas comment ça allait se passer.

Je lui jetai un regard noir et me détournai pour ramasser mon sac. Sa remarque me cueillit alors que j'attrapai la bretelle. Je ne cherchai pas à le démentir. Il se croyait unique, très bien. Je n'étais pas d'accord avec ça. Mon m'avait appris à penser différemment. On m'avait également appris que c'était ce genre de façon de penser qui conduisait parfois à des guerres et à la tentative d'élimination de certaines populations. Je savais ce qu'il s'était passé en Europe au siècle dernier. Je ne connaissais pas bien l'histoire de mon pays, mais sur celle de l'Europe j'étais quasiment incollable. Ou du moins jusqu'aux années 2000.

Je jetai mon sac sur l'épaule et sa question, bizarrement, fit redescendre toute ma colère. Je relevai la tête et fixai l'océan, par la fenêtre.

- Dans mon cas, quelques mois, quelques années avec un peu de chance. Je n'en sais rien. Personne n'est capable de me donner une estimation précise. Tout ce qu'ils peuvent me dire, c'est que je pourrais me considérer comme extrêmement chanceuse si je fête mon trentième anniversaire.
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Garin DeLyons
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Elle ne s'en rendait probablement pas compte mais j'avais totalement fermé mon visage. Je ne la connaissais pas mais au moins, je posais des questions sans arriver à un jugement trop hâtif. En ce qui la concernait, elle était persuadée d'avoir raison sur à peu près tout sans même se demander réellement comment je pouvais deviner toutes ces choses. Je n'étais pas en train de fulminer parce qu'elle faisait une erreur de jugement sur moi, mais parce que tout ce qu'elle disait, en effet, je savais ce que ça faisait. Mais je n'ai pas relevé. Pas tout de suite, du moins. Je n'ai même pas ouvert la bouche quand elle parlait en mois et en années. A vue de nez, elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que moi - si toutefois elle l'était - alors j'ai pincé les lèvres. Ca ne laissait pas beaucoup de temps. Et quel pouvait être le gros abruti qui lui avait balancé qu'elle aurait de la chance de fêter un anniversaire ? Je haïssais les médecins, même ceux qui m'avaient sauvé la vie. Parce que oui, j'aurais du claquer sur cette table, 7 ans plus tôt.

Quand elle s'est retournée vers moi, je n'avais toujours rien dit et je me contentais de la regarder avec des yeux froids. Elle faisait exactement ce que j'essayais de ne pas faire ni de montrer. Mais j'ai songé à elle, à ce qu'elle devait endurer, ressentir. Si jusque là, la vie n'avait pas été très juste envers elle, quelque chose m'est venu à l'esprit. J'en revenais à cette histoire d'angoisses dont elle avait parlé plus tôt et ce besoin d'appartenir à cet immeuble, son hallucination, sa façon de réagir face à moi, de ne rien craindre... Je me suis alors demandé une chose : et si elle essayait de provoquer sa mort plus rapidement pour ne pas avoir à souffrir ? Je me suis finalement approché d'elle en sortant les mains de mes poches. Elle n'aimait pas que je sois trop près ? Tant pis. Il y avait une chose qu'elle oubliait, c'était d'espérer. Je trouvais ça d'autant plus déprimant qu'à notre époque, on pouvait tuer des gens par la force biologique d'une autre planète mais pas de guérir nos maux datant de plusieurs siècles. Sans quitter mon regard froid et mon visage fermé, j'ai fini par ouvrir la bouche.

– Précisément.

J'ai penché la tête vers elle en prononçant mon mot et je me suis redressé en serrant les dents une seconde.

– Je n'ai peut-être pas une date de péremption aussi proche que la tienne mais je sais ce que ça fait de voir des choses qui n'existent pas. Je sais aussi ce que ça fait de se voir mourir et de se sentir mourir. Cauchemar après cauchemar, rêve après rêve et hallucinations après hallucinations. Je sais ce que ça fait de sentir son corps trembler et frissonner jusqu'à ne plus répondre. Je sais ce que ça fait parce que c'est mon lot quotidien. Tu n'as même pas... idée... de ce que c'est que de ne pas avoir de date parce que tous les jours, c'est le jour. Parce que tous les jours, tu te demandes si cette fois, c'est la bonne tout en sachant pertinemment que le lendemain, il faudra tout recommencer et se battre comme au premier jour. Et tu veux que je te dise le pire dans tout ça ?

J'ai à nouveau penché la tête vers elle, crevant quelques centimètres pour qu'elle s'imprègne bien de ce que je disais. J'avais pris une voix très basse, non parce que j'avais peur qu'on nous entende mais parce que j'avais toujours du mal à parler de tout ça. Mais après tout, je lui devais bien ça, non ? Je n'avais pas le droit de la laisser vider son sac peu à peu sans lui donner quelque chose qui m'appartenait.

– C'est d'en avoir pleinement conscience.

Je l'ai longuement dévisagée, le coeur battant contre ma poitrine et j'ai dégluti. Ca me rendait malade, j'avais beau haïr ce que j'avais en moi, je ne m'imaginais plus un instant vivre sans. Il y avait des avantages, tout de même ! Comme celui d'être incassable.

– Mais je suis toujours là, malgré tout ce que j'ai pu endurer. Je suis ta preuve vivante que même quand ces tocards te disent qu'ils ne peuvent rien pour toi, il existe toujours... Quelque chose. Quelque part. Je pense pas avoir beaucoup de lacunes sur les Négatifs parce que j'en ai été un moi-même. Cependant, tu oublies quelque chose d'extrêmement important : avec Yu, tout est possible. Et crois-moi quand je dis "tout". Et si moi je peux survivre à toute cette merde ?

J'ai levé mon index pour le porter sur sa gorge, près de sa médaille et j'ai légèrement appuyé contre sa peau, simplement pour que quelque chose daigne enfin percuter dans sa tronche.

– Alors, toi aussi.
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Angela Foster
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Quand il s'est approché de moi en sortant les mains de ses poches, j'eu un mouvement de recul. Avec son regard froid, son visage fermé, il était encore plus menaçant que tout à l'heure. Mais pour autant, je n'avais pas peur. J'étais juste un peu impressionnée. Je levai de nouveau les mains pour le repousser. Je n'étais pas à l'aise avec l'idée de le sentir aussi près de moi. Mais ses paroles interrompirent mon geste.

Tandis que je l'écoutais, j'en oubliai l'intention première que j'avais eue et je laissai retomber mes mains. Je n'étais plus en colère, j'ai l'air… grave, et un peu gênée aussi. Parler, vider mon sac, sans se soucier de qui j'avais en face, c'était ma spécialité. En général, c'était David qui prenait. Et je me sentais toujours mal après parce que je savais qu'il ne méritait pas que je me défoule sur lui de la sorte. Tom, mon meilleur ami, avait pris aussi, une fois. Une seule, et je m'en étais tellement voulu en voyant son regard que je m'étais promis de ne plus jamais recommencer. J'avais réussi à tenir ma promesse, surtout parce qu'il avait toujours évité les sujets délicats depuis ce jour-là. Face à Garin, je me sentais d'autant plus coupable, parce que manifestement, il en avait autant que moi à balancer. Mais il ne le faisait pas de la même manière que moi. Il était plus… calme. Si tant est qu'on pouvait le qualifier de calme à cet instant précis. En fait, il ne parlait pas sous le coup de la colère, ou du moins, il ne paraissait pas l'être. Du coup, il ne balançait pas d'âneries comme celles que j'étais capable de sortir quand moi j'étais en colère. La colère me rendait incohérente, dure avec les autres, elle me faisait juger trop hâtivement.

Je restais silencieuse, laissant chaque mot m'imprégner. On n'avait pas le même parcours, on ne vivait pas tout à fait la même chose, mais j'avais l'impression, peut-être à tort, que finalement, on se ressemblait un peu, qu'on était dans le même bateau. Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard cette fois. Je ne savais pas quoi dire. Qu'est-ce que j'aurais pu répondre à ça. J'étais juste une pauvre fille, complètement paumée, qui n'a plus beaucoup d'espoir. Qui n'en a plus du tout en fait. Alors quand il m'a parlé de Yu et qu'il a posé son doigt sur ma gorge, en me disant que rien n'était impossible, j'ai relevé les yeux sur lui. J'avais un regard douloureux. Je le savais, j'avais mal, et mes yeux étaient beaucoup trop expressifs, ça me jouait des tours parfois.

- Peut-être que je ne suis pas aussi forte que vous… J'ai arrêté de me battre depuis longtemps, j'ai laissé tombé quand j'ai compris que je n'avais plus aucune chance. Je ne veux pas recommencer à espérer et me retrouver une nouvelle fois devant un échec. Ca n'en vaut pas la peine. Là, maintenant, j'ai juste envie de profiter à fond du temps qu'il me reste pour avoir le moins de regrets possibles quand mon heure sera arrivée.

Je ne pensais pas qu'il allait comprendre. J'avais une façon de penser qui m'était propre. Personne ne la comprenait d'ailleurs, mais jusqu'à présent, personne n'avait réussi à me faire changer d'avis. Et ça les rendait malades, je m'en rendais compte. Mais j'estimais être la seule à décider ce qui était mieux pour moi, même si je me trompais.
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Garin DeLyons
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J'ai haussé une épaule dans une moue en baissant les yeux pour regarder sa médaille au bout de mes doigts. Est-ce que finalement, j'étais plus costaud que je le pensais ? Je savais que j'avais de la force, que j'oubliais parfois comme tout à l'heure quand j'ai eu peur pour elle et que je n'ai pas mesuré la puissance de mon geste quand elle ne s'y attendait pas. mais dans ma tête, je ne valais pas mieux qu'un autre. J'avais été suffisamment faible pour les laisser me dicter ma vie pendant trois ans. Ils ont réussi à me faire avaler que tuer mon père serait bon pour la nation. En quoi ça me rendait fort ? J'ai secoué la tête en pinçant les lèvres d'un air désapprobateur.

– Je suis pas plus fort que toi ou qu'un autre. J'ai pas tellement le choix, c'est tout. Mais si t'as envie de te laisser crever en te disant à la dernière seconde que tu n'y croyais pas et que tu n'avais plus foi en rien, c'est toi que ça regarde.

J'ai lâché sa médaille pour la reposer délicatement contre sa gorge et j'ai relevé les yeux sur elle.

– Ne te détrompe pas, je ne suis pas en train de te dire que t'es rien qu'une grosse nulle égoïste qui laisse tout tomber. Je comprends parfaitement ce que tu veux dire. Je dis juste que ce serait dommage d'abandonner si tôt. J'ai la possibilité de dire coucou à la faucheuse presque tous les jours et ma patience est mise à l'épreuve à chaque fois. Bon, j'exagère un peu, pas tous les jours, sinon je serais mort d'épuisement, je te l'accorde. Mais assez souvent pour pouvoir te dire que au contraire, quand je me réveille, j'ai d'autant plus envie de vivre que n'importe qui sur cette planète.

J'ai porté mes mains dans mon dos en continuant, les fourrant dans mes poches arrière d'un air désinvolte.

– Je sais aussi ce que c'est que d'être une bombe à retardement. Que d'avoir un compteur qui tourne à l'envers dans la poitrine. Ce que les Négatifs ignorent, et c'est bien dommage, c'est que Yu ne se contente pas de nous donner des pouvoirs magiques, il nous fournit aussi un petit cadeau bonus. Le mien, c'est de pouvoir causer à Dieu suffisamment souvent. Je lui toucherai un mot à ton sujet la prochaine fois, c'est promis.

Je lui ai fait un clin d'oeil avec un sourire en coin.

– De condamné à condamné, mon dernier conseil ? Cesse de venir ici pour ruminer tes angoisses. Le pire, c'est pas de mourir... C'est de regretter le fait d'avoir simplement, un jour... Abandonné.

Je lui ai donné un léger coup de poing dans l'épaule.

– Et toi, t'as pas la carrure d'une lâche. Epaules en arrière, menton haut.

Je lui ai relevé le menton d'un geste de l'index et j'ai fait de même pour qu'elle m'imite.

– Rappelle-toi que tout est possible. Même si c'est pas demain, il y a encore plein d'après-demain à venir. N'oublie pas de bien leur dire "merde" à tous ces tocards en toge blanche. Ils te disent quelques mois, quelques années ? Moi je dis toute une vie, tu saisis la différence ?
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Angela Foster
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Il avait pris ma médaille entre ses doigts et je ressentis alors quelque chose de bizarre. Vous allez dire que j'exagère, mais cette médaille, c'était une partie de moi. C'était moi, en fait. Ce n'était qu'une simple médaille de baptême à la base avec mon prénom et ma date de naissance gravée au dos. Mes parents étaient des catholiques croyants et pratiquants. Du coup, j'avais suivi le cursus : Baptême, communion et tout le tralala. Aujourd'hui, je ne croyais plus en rien. Ou du moins, si, je croyais en l'homme. En sa nature généreuse et honnête à la base. Pour moi c'était l'éducation, le milieu dans lequel on grandissait qui déterminait si au final, on était bon ou méchant. Alors j'aurai pu retirer cette médaille et l'oublier. Mais je ne l'avais pas fait. Et aujourd'hui, elle avait pris une toute autre signification. Elle était la garantie que, quoiqu'il arrive, je saurais toujours comment je m'appelle et quel âge j'ai.

Je posai un regard un peu intriguée sur Garin tandis qu'il parlait. Il était loin de l'impression qu'il m'avait donnée au premier abord. Il semblait moins nerveux. Il ne cherchait plus à me faire peur. J'avais même l'impression qu'il essayait de me… rassurer ? Ce n'était pas le mot exact. Mais il discutait, se montrait plutôt compréhensif. Il paraissait gentil finalement, derrière ces airs qu'il se donnait. Et du coup, je commençais à le voir différemment. En fait, aussi idiot que cela puisse paraitre, il correspondait parfaitement au type d'homme qui pouvait me plaire. Et mon cerveau venait justement de s'en rendre compte.

Je tressailli involontairement lorsqu'il reposa ma médaille, avec plus de douceur que je ne l'en aurais cru capable. Vous allez dire que je suis une fille vraiment bizarre, mais la force voir même la violence me faisaient beaucoup moins peur que la délicatesse quand c'était à moi que ça s'adressait.

Lorsqu'il parla de Dieu, je souris, plus franchement que je ne l'avais fait jusqu'à présent. Depuis le début j'étais sur la réserve, là je commençais à vraiment me détendre. Bon je n'en étais pas encore au stade de l'enthousiasme et de la légèreté qui me caractérisaient la plupart du temps, mais j'en prenais doucement le chemin.

- Je ne crois pas en Dieu, et s'il existait, je doute qu'il s'intéresse à une fille sans intérêt comme moi. Mais... c'est gentil, merci.

Son coup de poing, bien que léger me déséquilibra et la suite de ses paroles me fit rire, un peu. Pour quelqu'un qui n'avait apparemment pas la carrure d'une lâche, il en fallait peu pour me mettre à terre. Pourtant, j'étais assez fière de ma carrure. Si les années de traitement avaient laissé leur marque (j'étais mince, un peu trop, et pâle aussi), le sport, que je pratiquais régulièrement et de façon plutôt intensive, m'avait permis de développer un peu de muscles dans les bras et les jambes. Mais pas assez pour rester stable face à un mec de sa carrure qui me prenait par surprise. Sans compter que ma cheville fragilisait mon équilibre.

Je tressaillis à nouveau quand il me souleva le menton et maudis mon cerveau qui, décidément, n'en faisait qu'à sa tête. Ses paroles me firent légèrement froncer les sourcils.

- En fait, non je ne sais pas trop. Mais je suppose que c'est le genre de chose qu'on finit par comprendre le moment venu ?

Je plantai mon regard dans le sien, attendant une explication, ou la confirmation de ce que je venais de dire.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
– On s'en fout que tu crois en Dieu ou non. Le principal, c'est de croire en quelque chose. Le mieux, c'est encore de croire en toi-même.

Encore une fois, je n'avais eu dans l'idée de la bousculer, juste de lui donner une petite tape amicale mais je ne mesurais pas la force dans mes bras. Ils étaient plus nerveux que le reste de mon corps, c'était avec eux que je me battais et mes jambes. La tête, je la laissais à Abel et Gen. Je préférais faire les choses moi-même, du moment que j'y croyais et c'était déjà pas mal.

Je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle relève ces yeux-là sur moi. J'ai légèrement reculé la tête, comme si j'avais voulu l'éviter et je l'ai dévisagée. Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire d'autre ? Vous savez, je n'étais pas tellement à plaindre que ça. Mes crises étaient somme toutes assez peu fréquentes et les médecins mettaient tout en oeuvre pour que leurs produits ne me tuent pas, alors non seulement je ne vivais pas trop mal ces derniers temps, mais en plus, j'étais moins entravé qu'il y a quelques mois à peine.

Pas sûr de savoir quoi répondre, j'ai haussé les épaules et je me suis détourné d'elle pour revenir vers la porte qui donnait sur l'océan.

– Bah, tu sais ! - J'ai montré la sortie de l'immeuble - Ca, c'est quelques mois. Trouver un travail, un endroit où dormir, manger à sa fin, éviter de se faire écraser... La société. - Et j'ai montré l'océan - Ca, c'est tout une vie. L'horizon, l'inconnu et des découvertes. Tes choix.

Je me suis laissé glisser contre le chambranle de la porte, un pied dans le vide et l'autre genou replié contre moi. Je l'ai entouré de mon bras plein de bracelets, et j'ai ouvert quelques doigts en reprenant.

– Le but, c'est pas d'en devenir imprudent, débile ou prêt à tout. C'est juste de saisir la véritable importance des choses qui arrivent dans la vie. C'est se donner un but, comme n'importe qui, et de l'atteindre, tout en improvisant sur le chemin. Le but, c'est pas non plus d'être sans peur face à l'ennemi, c'est de savoir qu'il n'en existe aucun. C'est juste la vie. Il y a des jours, on est content d'être là, d'autres et bien, on a hâte de se souvenir pourquoi on est là. C'est pareil pour tout le monde. On a juste une espérance de vie plus réduite mais faut pas que ça nous empêche de vivre comme les autres. T'as moins de temps à vivre ? - J'ai à nouveau haussé les épaules, les yeux levés sur elle - Et alors ? Au moins, tu mourras pas vieille, pleine de rides avec des cernes sous les yeux. Tu vas en chier avant la délivrance ? - J'ai fait une moue des lèvres en ouvrant une main - Toi au moins, tu pourras dire que t'as vécu. J'en connais plein qui ont pas même la prétention de pouvoir songer un instant avoir vécu 1 dixième de ce pour quoi ils sont nés. Mais ce truc-là ?

J'ai levé le menton pour étudier l'immeuble dans une grimace. J'avais choisi de vivre au Sanctuaire pour une bonne raison. D'abord parce que Liberation était là-bas mais aussi parce que la Ville basse, comme la Médiane, étaient un truc à vous déprimer un poney. Quant à la Ville haute, je vis pas chez les bourges, moi.

– Choisis-toi un endroit plus lumineux, tu vois ce que je veux dire ? La mélancolie ne t'aidera pas à y voir plus clair.

Si j'avais su, ne serait-ce qu'un instant, que l'esprit d'Angie avait décrété que j'étais son genre, j'en aurais probablement joué. C'était pas plus mal que je l'ignore, tout compte fait. J'étais un piètre charmeur autant que j'étais un médiocre agent. Donnez-moi un soupçon d'intérêt, et j'en ferai quelque chose d'important. pas sûr que ça vous convienne à ce moment-là... Mais elle était si distante que rien ne pouvait m'amener sur cette voie.
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Angela Foster
Angela Foster
- Oh mais je crois en quelque chose, mais pas en moi. Je ne suis pas assez… fiable, depuis quelque temps.

Je reposai mon sac par terre et me laissai glisser sur le sol, comme lui, jusqu’à me retrouver assise sur le pas de la porte avec les deux pieds dans le vide. La même position que j’avais adoptée, quelques étages plus haut. J’écoutai ses explications et je commençais à comprendre où il voulait en venir. J’avais un but, dans la vie. Un seul en fait. Un but tout à fait égoïste : ne rien regretter. Vivre ma vie à fond, réaliser mes rêves sans attendre, pour ne pas avoir de regrets à la fin. Ou du moins, le moins possible, parce que je savais qu’il y aurait des choses que je regretterai. Ne pas avoir fini mes études, pour commencer. Ne pas connaitre l’amour, pour continuer. Mais cette décision là, j’avais décrétée que c’était la meilleure à prendre, pour moi, et pour l’autre, quel qu’il soit. Et je comptais bien m’en tenir à ça. Ce qui, bien sûr, ne m’empêchait pas de m’amuser un peu !

Lorsqu’il me parla de l’immeuble, comme quoi je ferais mieux de choisir un autre endroit, je levais les yeux vers le plafond, et soupirai.

- Vous savez, cet endroit, c’est pas juste un refuge pour ressasser mes idées noires. C’est plus que ça.

Je secouais la tête.

- Bon, je ne suis pas objective parce que j’ai une sacrée histoire avec cet immeuble, enfin, avec le toit, parce que c’est surtout le toit en fait, mon endroit à moi. Mais je m’y sens bien. J’oublie tout ce qu’il se passe autour de moi, et en moi. C’est là que je viens lorsque je veux réfléchir, faire le point, et pas seulement sur la mort, la maladie tout ça. J’y viens aussi lorsque je veux être seule, tranquille. Parce que je suis rarement toute seule en fait. Et j’en ai besoin, parfois, de solitude. Et puis, j’aime la vue qu’on a de là-haut. Elle a quelque chose de… magique. Ca m’apaise. Et j’aime regarder les étoiles aussi. J’ai besoin de prendre conscience parfois que je ne suis qu’un point dans l’univers, que je ne fais que passer.

Je haussai les épaules avant de continuer.

- J’aime cette atmosphère. J’ai l’impression d’être hors du temps, comme quand je suis sur scène. Comme si rien ne pouvait m’atteindre, comme si j’étais invincible. Il me donne envie de m’accrocher.

J’arrêtai là, j’en avais assez dit pour qu’il saisisse ce que représentait vraiment ce lieu pour moi. Assez aussi pour qu’il comprenne que, même s’il avait certainement raison à ce propos, je n’étais pas prête pour autant à le lâcher.

- Trouvez moi un autre lieu comme celui-là, et peut-être, alors, que je changerai d’avis.
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Garin DeLyons
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En la regardant, je me suis demandé comment on en était arrivé là. Si ça se trouve, elle avait même oublié ce qu'elle avait vu en descendant. je n'avais déjà plus rien à voir avec ce type et elle, plus rien avec la fille que j'avais failli étriper pour m'avoir surpris un sachet compromettant entre les mains. Et puis j'ai reporté mon observation sur l'océan. Je l'aimais bien parce que je savais que mon pays était quelque part, de l'autre côté. Mais si j'étais au Sanctuaire, c'était aussi pour son côté ensablé qui, sans que je n'ai encore pu comprendre pourquoi, avait un air plus "chez moi" que l'océan. Toutes ces visions que j'avais, c'était moi, et chacune de mes anciennes personnalités venaient de la chaleur, du sable, du désert. Les médecins avaient fini par me surnommer Sandman. Alors la presse aussi. Mais on parlait clairement moins de moi qu'Abel. Je crois que je connaissais même pas le vrai nom de cet abruti.

– Commence par me parler autrement et on verra ce que je peux faire pour toi.

Son ton bien trop soutenu commençait à me hérisser les poils sur les bras. Je l'ai à nouveau regardée, non sans un sourire, un peu moqueur, sur les lèvres. Du bout de mes chaussures - qui étaient dans un état aussi lamentable que mon jean, mon t-shirt et tout ce qui m'appartenait, compris mes cheveux - je lui ai doucement bousculé la cuisse pour attirer son attention, le coin de mes lèvres s'étirant un peu plus.

– Sur scène, hein ? Regardez-moi ça. Ca cherche les ennuis dans un immeuble en ruines et ça vit le grand frisson sur les planches.

Une idée s'est propagée dans mon esprit. Et si elle était destinée à me rencontrer et que je pouvais faire quelque chose pour elle ? Que je n'étais pas venu ici ce soir par hasard. Egoïstement, je me suis demandé ce qu'elle pouvait m'apporter à moi. Pas grand chose, si vous voulez mon avis. Mais qui sait... Je n'avais peut-être encore rien vu. Je me suis redressé, décollant mon dos du mur et j'ai entouré ma jambe de mes bras, lui donnant un léger coup du dos de la main contre la sienne.

– Allez, fais pas ta timide, montre-moi. - J'ai désigné la fenêtre plus loin d'un geste de la main - Tu as cru voir une ombre sauter par la fenêtre avant de manquer de t'y jeter pour la rattraper, tu peux pas te faire plus honte que ça devant moi. J'exige une audience privée !
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Angela Foster
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Je tournai la tête vers lui, plutôt étonnée.

- Que je vous parle autrement ? Mais vous voulez que je vous parle comment ?

C’était plutôt étrange, comme remarque. Je parlais normalement. Du moins j’en avais l’impression. Avais-je pris une intonation particulière ? Un ton condescendant, ou provocateur ou dragueur ? Je n’en avais pas la moindre idée. Si c’était le cas, je ne m’étais rendue compte de rien. Je parlais comme tous les jours, comme je parle avec mes amis. Enfin, non, avec mes amis, je me lâchais plus, je les charriais, j’essayais de les faire rire, en permanence. On ne pouvait pas vraiment dire que j’étais comme ça avec lui mais… Bref, j’avais un peu de mal à comprendre sa demande. J’avais reporté mon attention sur l’océan pendant que j’essayai de comprendre.

En sentant quelque chose contre ma cuisse, je baissai les yeux et les relevai sur Garin, intriguée. Sa phrase me fit rire.

- Hey, je ne cherchais pas les ennuis… à la base. Même si pendant quelques instants, j’ai cru les avoir trouvés !

Je lui adressai un sourire en coin et continuai à parler.

- La scène… ce n’est pas vraiment quelque chose que je qualifierai de grand frisson. C’est tout juste un petit chatouillis et encore. Il y a belle lurette que ça ne m’impressionne plus. En fait, je m’éclate. Et… ça aide pour draguer : chanter dans un groupe, c’est classe !

Je me mis à rire et secouais la tête. En fait si, j’essayai de le faire rire alors je lui parlais peut-être un peu comme à un ami. Même si je savais pertinemment qu’il n’en deviendrait jamais un. Et puis, sa demande me surprit. Vraiment.

- Alors tout d’abord, je ne me serais pas jetée par cette fenêtre, je ne suis pas folle à ce point là. Ensuite j’essayais de sauver un gamin, il n’y a rien de honteux à ça. Je dirais plutôt que c’est héroïque. Même s’il s’est avéré que finalement, ce gamin n’existait pas… Et enfin, qu’est-ce qui  vous fait croire que vous avez le droit d’exiger quoique ce soit de moi ?

J’avais pris un air indignée mais je ne le conservais pas longtemps.

- Mais si ça peut vous faire plaisir… Mais je ne vaux rien sans le reste du groupe, sans la musique…

Il me vint alors une idée. Je levai le doigt comme pour lui dire « attendez ! » et me penchai en arrière pour attraper mon sac à dos sans avoir à me relever. Je le tirai vers moi, farfouillai un moment dedans (je n’étais pas ce qu’on pouvait appeler une fille bien organisée) et en sortis mon mp3 et mes écouteurs. Une chance que je les avais pris au lieu de mon énorme casque pour gagner de la place. J’hésitai un instant à propos du morceau que j’allais chanter. J’avais une voix taillée pour le rock, étonnement puissante pour ma carrure, mais ce soit, l’atmosphère l’invitait plutôt à chanter une ballade. J’optai pour une ballade française, d’une artiste que j’avais découvert depuis un moment, une chanson que j’aimais beaucoup. J’allumais mon mp3 et cherchai le morceau. L’écran affichait « Pourquoi regardes-tu la lune – Anouk Aïata ». Je tendis une oreillette à Garin et conservai l’autre, j’avais besoin d’entendre l'accompagnement. Je lançai la musique et commençai à chanter, les yeux rivés sur l'océan.

Je n’avais pas une voix exceptionnelle, mais je chantais juste et les garçons disaient qu’elle était assez agréable à écouter. J'avais, en revanche, un accent à couper au couteau. Je n'avais jamais étudié le français, j'avais juste appris à le prononcer à force de l'entendre. Mon bon, quelle était la probabilité que Garin comprenne le français ? Moi, en revanche, je comprenais les paroles. Tom me filait toujours la traduction des chansons qu'il voulait que je travaille, histoire de les interpréter avec la bonne émotion.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
– Je parlais de ta façon de t'adresser à moi comme si j'étais un Duc de Bourgogne. On a qu'un mois d'écart, j'te ferais dire et tout ce que je possède, c'est ce que je porte, on peut pas dire que je sois populaire, ni riche, et je n'ai hérité de personne. Mon seul titre pourrait être... - J'ai levé la main en réfléchissant, les yeux vers le ciel. Quand j'ai eu trouvé ce que je cherchais, j'ai baissé les yeux vers elle dans un sourire satisfait. - Empereur des mouches.

Puis j'ai pouffé de rire à l'idée qu'elle se serve de sa petite guitare pour draguer. En général, c'étaient les hommes qui utilisaient cet art. Je préférais les boîtes de nuit, pour ma part. Mais je n'étais pas un dragueur notoire. Un charmeur quand je me retrouvais face à une fille mais je m'étais calmé ces derniers temps. Quand elle m'a tendu une oreillette, je me suis penché vers elle, serrant mon genou dans un bras. J'ai secoué mon poignet pour faire retomber tous les bracelets et j'ai attrapé l'écouteur pour le tenir contre mon oreille.

Je n'avais aucun accent. Ca m'avait pris des mois pour m'en débarrasser totalement mais je n'avais plus cet accent soutenu britannique, ni le papier mâché américain. Je parlais un Anglais clair et articulé, il était impossible de savoir que j'étais ressortissant Anglais. Encore moins que je parlais très bien le Français après plus de 10 ans là-bas. J'avais appris cette langue dès mon plus jeune âge, qui plus est alors c'était... Une seconde nature, pour moi. J'avais également appris un peu d'Italien, d'Espagnol mais surtout du Russe, dans l'hypothèse où on m'enverrait là-bas pour démanteler des réseaux de trafics de Candidats. "Les Ruches", qu'ils les appellent. J'ai haussé les sourcils quand elle a commencé, mes yeux rivés sur elle, mon regard se promenant sur le visage qu'elle m'offrait. Qu'elle ait choisi un morceau en Français m'a surpris, tout comme sa voix, même si je dois avouer que son accent n'était pas le meilleur que j'ai pu entendre. Mais j'ai souri un peu plus qu'avant, aussi amusé qu'émerveillé par les paroles. La musique que j'écoutais le plus, c'était la radio. Nous étions branchés sur les fréquences de police et autres... trucs pas très légaux. Ne me regardez pas comme ça, Liberation ne fait rien dans la légalité. Mais Gen adorait nous faire découvrir plein de nouveaux groupes, elle insistait souvent pour qu'on se retrouve un peu tous ensemble, de temps en temps, pour parler, manger, danser, jouer. j'étais plutôt doué au Poker mais Abel était encore meilleur. Gen c'était un peu... notre mère. J'ai imaginé Angie dans notre environnement, un soir au saloon pour chanter avec nous. Ca aurait pu être sympa. Sa chanson me rappelait un peu ce que je pensais - du moins pour ce que j'arrivais à en comprendre - et quand elle a fini, j'ai acquiescé dans une moue approbatrice en lui rendant l'écouteur. Je n'ai pas repris mon appui contre l'encadrement, mais je suis resté penché sur mon genou.

– Pas mal pour une Américaine. C'est super, vraiment. Bien mieux que ces trucs qui font... le hit, en tout cas, ça c'est sûr.

Je devais avoir que mes dents avaient parfois grincé mais j'admirais l'effort. Et puis, ce n'était pas comme si on faisait un concours ! Il m'arrivait encore de faire des fautes moi-même, surtout depuis que je ne le pratiquais plus comme avant. Et puis j'ai repris mon genou à deux bras et j'ai penché la tête en fronçant les sourcils.

– Pourquoi le Français ? C'est un choix assez rare, d'habitude. Tu vois, un truc comme ça, moi, ça me ferait trembler de trouille sur un scène. Mais pas toi. Et ça marche bien en technique de drague ? Faudrait que j'essaye, tiens...
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Angela Foster
Angela Foster
A sa réponse, j’écarquillai les yeux. C’était bien la première fois qu’on me reprochait ma façon de parler. Euh non correction. Quand j’étais allée à cette expo dans la ville haute, on ne me l’avait pas reprochée, mais j’avais bien sentie qu’elle dérangeait un peu. J’étais franche, spontanée, et je n’avais clairement pas le langage hyper soutenu des bourges que j’y avais vus. Alors quand Garin m’a dit ça, j’étais plus que surprise.

- Ouais mais je parle toujours comme ça… à tout le monde. Vous auriez été le clodo du coin de la rue, ça aurait été pareil. Mes parents m’ont appris à m’adresser à quelqu’un avec respect, quelque soit cette personne. Et même si c’est un abruti fini. J’avoue que sur ce dernier point, j’ai du mal. Mais… je ne vois pas comment je pourrais faire « mieux ».

Je songeais un instant à parler comme ces racailles qu’on voit dans les films, ceux qui mettent des « wesh gros » dans toutes leurs phrases. Cette idée me fit rire, ce n’était vraiment pas moi, ça ne me ressemblait pas. La seule « amélioration » que je voyais c’était de le tutoyer. Ca ne changerait pas grand-chose, mais peut-être que ça suffirait.

Il avait également dit une autre chose qui m’avait fait tiquer.

- Comment tu sais qu’on a qu’un mois d’écart ?

Je revis dans un flash le moment où il avait regardé ma médaille. Si c’était ça, il devait avoir une sacrée bonne vue parce que quand moi j’avais essayé, je n’avais pas réussi à déchiffrer l’inscription. Mais cette fenêtre apportait plus de lumière que l’autre, c’était peut-être ça. Je la pris entre mes mains et la regardai mais non, moi je ne voyais pas assez pour la voir.

A la fin de la chanson, je retirai ma propre oreillette et rangeai le tout dans mon sac. Son compliment me fit sourire. Je n’aurais pas qualifié ça de « super », mais bon, c’était toujours agréable à entendre.

- J’aime bien la sonorité du français. C’est une belle langue, je trouve, élégante, raffinée. Et leurs chansons sont plus… poétiques, je dirais. Enfin celles que je connais en tout cas. Mais j’ai un accent de merde. J’essaie de travailler à ça mais pour bien faire, il faudrait que je prenne des cours, et je n’ai pas le temps pour ça.

Je haussai les épaules et souris en penchant la tête.

- Pour la drague...

Je pris une seconde de réflexion.

- Non, ça marche pas des masses. Sûrement parce que la plupart des gens qui nous écoutent ne le comprennent pas. Et je ne suis qu’une chanteuse. Je n’ai pas autant de succès que les musiciens, les guitaristes surtout. Mais bon, quand j’aborde un mec qui me plait à la fin d’un concert et qu’il me sort « hey vous êtes la chanteuse de tout à l'heure » avec un grand sourire, je sais que c’est quasiment dans la poche !

Je me mis à rire. J’avais une technique de drague particulière dans le sens où je n’en avais pas justement. Pourtant j’étais plutôt banale physiquement. Le genre de filles sur lesquelles ont ne se retourne pas systématiquement dans la rue. Mais la scène, que vous soyez une pure beauté ou un thon, ça apporte toujours un petit quelque chose. Mais ça, ça ne marchait qu’à la fin des concerts. Quand j’allais en boite, c’était différent. Mais les boites sont remplies de dragueurs prêts à sauter sur tout ce qui bouge alors… je n’avais aucun mérite, vraiment.
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Garin DeLyons
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Beaucoup pensent que l'homme est fait pour trouver son âme soeur, sa moitié, la personne qui le suivra jusqu'à la fin de ses jours. Ils pensent que c'est là le but de toute une vie. L'amour, le mariage, la maison, les enfants, le chien... la fête de l'anniversaire du mariage et puis tout ce qui va ensuite avec. Non seulement je n'y crois pas, mais en plus, c'est bien quelque chose qui ne m'arrivera jamais. C'est pour ça que je préférais me contenter de flirter avec les filles qui me plaisaient bien mais plus que l'envie d'aller plus loin, il me manquait l'intime conviction que j'étais fait pour ça. Par conséquent, je ne m'y intéressait pas au-delà de l'amusement. Gen, un jour, m'a dit que ça changerait le jour où je trouverais une fille qui vaille la peine de vivre. Je n'en crois tellement pas un mot que Abel a failli me tuer quand il m'a découvert un matin avec sa petite soeur. Je le comprends. J'aurais fait pareil. Mais je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie ! Ce n'est pas un manque de respect de la femme, je vous entends, féministes ! Je ne nourris pas le besoin d'une vie normale. Ma vie ne sera jamais normale et c'est bien quelque chose que je refuse d'imposer à une fille. Alors, dans mon caractère joueur, j'ai esquissé un sourire en coin, enjôleur, et j'ai tendu brièvement la main pour tapoter le bras d'Angie et attirer son attention.

– Hey... T'es la chanteuse de tout à l'heure qui chante en Français ?

Personne ne pouvait m'en vouloir d'essayer ou même juste de tester mon pouvoir de charme, la force de ma drague. Je n'étais pas méchant. J'étais loin d'être un ange, j'étais un meurtrier, je le savais. Mais je n'étais pas méchant. Je n'avais pas eu le choix, j'avais dû obéir, ma vie n'est qu'une succession de choix difficiles. C'était mon père ou ma mère. Et finalement, j'ai perdu les deux. J'ai perdu ma vie, j'en oublie parfois mon nom de famille. Il ne reste de moi qu'un pouvoir délicat et défaillant et un prénom que je ne suis même pas sûr de ne pas avoir emprunté à une des mémoires de mon corps. J'avais parfois l'impression d'être cet autre moi dont je subissais la mort. Il arrivait que j'entende son nom et je m'en étais approprié un. Ou bien avait-on le même ? Je ne sais plus... Mon corps se souvient d'un tas de choses mais mon cerveau n'arrive plus à traiter toutes les informations en plus des miennes, qui me sont propres. J'ai relevé le second genou pour l'entourer de mes poignets, les doigts croisés contre mes tibias.

– Je peux t'apprendre, si tu y tiens vraiment. C'est pas une langue facile mais... Je peux essayer.
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Angela Foster
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Alors là, celle là, je ne m’y attendais pas vraiment. Pas venant de lui. Il était passé où l’homme qui essayait de me foutre la trouille tout à l’heure ? Mais une fois passé les deux secondes d’étonnements, je me mis à rire en hochant la tête.

- Et oui ! C’est bien moi !

Je lui décochais mon plus beau sourire. Pour être honnête, si Garin tentait quoique ce soit, je ne le repousserai pas. Je le savais déjà. Mon cerveau en avait décidé au moment même où il s’était rendu compte qu’il était mon type d’homme. Il était même possible que je l’encourage. Mon sourire s’effaça légèrement tandis que je reposai mes yeux sur l’océan. Comment on en était arrivé là ? Au début, on était prêt à se sauter à la gorge. Et je le provoquais, sciemment. Et maintenant, on était là, assis côte à côte sur le pas de cette porte, au bord du vide, à discuter comme si de rien n’était. Il avait changé. C’était comme si j’avais finalement réussi à le convaincre que je n’étais pas une menace pour lui. C’était comme si nos esprits s’étaient trouvé un adversaire de taille et avaient finalement décidé de s’allier plutôt que de se combattre.

Sa proposition me sortit de ma rêverie et je tournai à nouveau la tête vers lui, un peu surprise, mais avec un sourire.

- Tu parles français ?

Oh la vache, il avait dû bien se marrer en entendant mon accent ! Je penchai la tête sur le côté et acquiesçai sans me départir de mon sourire.

- Tu pourrais essayer, oui, mais en une soirée, c’est un peu court pour m’apprendre une langue aussi complexe non ?

Parce que bien évidemment, je n’avais pas l’intention de le revoir. Je commençais à l’apprécier, mais c’était préférable comme ça. Quand on ne voit les gens qu’une seule fois, même si on accroche bien, ça évite qu’il s’attache à nous. Et je mettais un point d’honneur à faire en sorte que personne ne s’attache à moi. Je savais que ma mort ferait souffrir des gens et je voulais faire le moins de victimes possibles. Ma famille et mes amis (en tout et pour tout au nombre de 5), ça faisait déjà trop de victimes à mes yeux.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Quand j'y repense, je souris à chaque fois de constater que nous étions, à défaut d'identiques, très proches l'un de l'autre. Nous désirions la même chose, fonctionnions de la même façon et nous étions assez doués pour ne rien montrer. C'était assez délicat, quoi qu'il arrive. Ma vie à Liberation était si chaotique et elle, destinée à disparaître. Si les circonstances avaient été différentes...

J'ai haussé les épaules en regardant l'océan. La lune s'était cachée derrière des nuages et nous étions à présent plongés dans l'obscurité quasi totale, dans cette partie de la ville où l'éclairage n'existait plus. Pourquoi était-ce si étonnant que je parle Français ? Je n'étais pas le seul. néanmoins, lui donner trop de précisions à ce sujet était une erreur. Si jamais elle parlait, même en toute inconscience, elle me mettrait en danger. Des ressortissants anglais, parlant Français dont le père était membre de l'Ambassade à Paris avec un fils dans la vingtaine, il n'en existait pas beaucoup. Des fugitifs recherchés par l'Etat pour désertion et abandon de poste en cours de mission... Il n'y en avait qu'un. J'ai souri en gardant mon regard sur l'horizon et j'ai acquiescé en inspirant profondément.

– Je parle Français oui mais je t'ai dit, tu te débrouilles pas si mal !

J'ai souri un peu plus en pouffant de rire. "En une soirée". Ma fierté de mec n'aimait pas beaucoup être "remis à sa place" par une fille avant d'en avoir même eu l'idée. Je n'avais peut-être pas imaginé qu'on se reverrait, mais je n'avais pas encore non plus émis l'idée... qu'on ne se reverrait plus jamais. Mes épaules s'étaient secouées sous mon léger rire et j'ai finalement tourné la tête pour la dévisager à nouveau. Et comme à chaque fois que je me sentais affaibli et que je refusais de le montrer, qu'est-ce que je faisais ? J'ai souri en hochant le menton dans sa direction. Je me la pétais.

– Tu veux que j'essaye quand même ?

J'ai fait danser un sourcil, aguicheur au possible. C'était aussi ma façon de ne pas m'attacher et d'éviter que l'on s'attache à moi. En me pensant dragueur et à la fois un peu macho, les filles n'imaginaient jamais pouvoir durer longtemps avec moi. D'abord, parce que j'étais insupportable au quotidien. Ensuite, parce que j'étais insupportable en tant que copain. Enfin, parce que je manquais cruellement de sérieux quand il s'agissait de filles. Sauf la soeur d'Abel. Quant à savoir ce que nous étions elle et moi... Je n'en avais... aucune idée. L'idée même que je puisse plaire à Angie ne m'a pas effleuré un instant. Je me contentais de m'amuser, de jouer, j'essaye de la faire rire, sourire, de lui redonner espoir, de lui montrer à travers moi que ce n'était pas parce qu'on avait un destin tout tracé que cela devait nous empêcher de vivre, de penser par nous-mêmes ou de nous priver de choses qui n'appartiendraient qu'à nous, quoi qu'il se passe. C'était comme ça que je vivais. Et ça n'enlevait rien à la peur qui terrifiait chacun de mes muscles et nerfs, me gardant en alerte en toute circonstance.
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Angela Foster
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« Tu te débrouilles pas si mal ». Sa réponse me fit rire, franchement.

- Oui, bien sûr ! J’ai une prononciation très approximative et je ne comprends ce que je chante que parce qu’on me file la traduction des paroles en parallèle. Mais à part ça, oui, je me débrouille pas si mal !

Ah quel comique celui-là ! J’ai hésité un moment à ajouter que ce n’était pas très gentil de se moquer de moi, mais je ne l’ai pas fait. Je baissai la tête et le secouai néanmoins, l’air de dire « ah toi alors ! ».

Il commençait à faire frais. Je frissonnai et ramenai mes genoux contre ma poitrine pour me tenir un peu plus chaud. J’avais bien des vêtements dans mon sac à dos, mais pas de pull. Je venais de passer plusieurs jours hors de la maison. Et j’étais partie tellement vite que j’avais oublié d’emporter un pull. C’était juste après mon accident de moto, après que je me sois blessée à la cheville. Je savais parfaitement que si David s’en rendait compte, je pouvais dire adieu à ma moto. Alors comme je n’étais pas très douée niveau mensonges (et encore moins face à mon frère), j’avais préféré partir quelques jours, le temps que ma cheville guérisse. J’étais censée rentrer ce soir, je pensais être capable de marcher normalement, mais Garin m’avait démontré que non. Enfin bref, toujours est-il que je n’avais pas de pull. Et étourdie comme j’étais, j’avais laissé mon blouson de moto au resto.

L’attitude de Garin me fit sourire. Il aurait voulu me draguer, j’étais quasiment sûre qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Je lui répondis par un hochement de tête.

- Pourquoi pas. Vas-y !

Mon téléphone se mit à sonner dans ma poche. En regardant le nom qui s’affichait à l’écran, je fronçais les sourcils. C’était le numéro de la maison.

- Excuse-moi, j’en ai pour deux secondes.

Je me relevai et m’éloignai un peu pour décrocher. Mais dans cet immeuble vide, le moindre bruit était amplifié, Garin ne louperait certainement rien de ma conversation.

- David ? Qu’est-ce que tu fais à la maison, t’es pas censé être de garde au poste cette nuit ?... Ah ok... Non, pas ce soir, je pense pas… Hey, tu peux te passer de moi quelques jours non ?... J’en sais rien, peut-être demain… Ouais, c’est ça, bonne soirée ! Et passe le bonjour à l’agent McNeal de ma part ! Salut !

Je raccrochai, glissai le téléphone dans ma poche et revint vers la porte pour reprendre ma place initiale à côté de Garin.

- Alors où on était ? Ah oui, tu essayais de me séduire en me proposant un cours de français !
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Garin DeLyons
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J'ai un top5 des choses que je déteste le plus. En premier lieu, la CIA, ceux qui m'ont fait assassiner mon père en menaçant de tuer ma mère, ceux qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Juste derrière, il a les corbeaux. Je hais les corbeaux. C'est sinistre et c'est mauvais comme la peste. En dernier, il y a Abel parce que c'est pas qu'il soit méchant, mais je le déteste. C'est viscéral. C'est mon empêcheur de tourner en rond. J'ai envie de le cogner chaque fois que je le vois. Avant lui, il y a les Positifs. Je suis jaloux, ils sont "les natifs" et nous, de pâles copies de laboratoire, c'est tellement détestable, j'ai envie de les éradiquer. Et au milieu : les flics. A cheval entre Abel et la CIA, entre les Positifs et les Négatifs, je savais qu'ils représentaient un danger pour moi et en même temps, ils n'étaient pas ceux qui me recherchaient activement. Néanmoins, un pet de travers et s'ils me voyaient, l'info remonterait à la CIA qui aurait tôt fait de me mettre la main dessus. Et s'ils me tenaient... Alors ils tenaient Gen et Jason aussi. Ce n'était pas tellement que j'étais loyal ou quoi que ce soit mais je n'avais aucun intérêt à les mettre en danger. Pour les autres, le problème ne se posait pas de la même manière, ils n'étaient pas déserteurs de la CIA. Je doutais même que nos services secrets connaissent leur identité, à moins d'avoir besoin de la chercher.

J'ai laissé Angie se réinstaller à côté de moi, un faible sourire sur les lèvres. Peut-être que j'étais loyal, finalement. parce que maintenant que j'avais découvert ce côté d'Angela, elle était redevenue ce danger à éviter et je suis resté silencieux à sa question, les yeux rivés sur l'horizon sombre, la tête en arrière contre le montant en bois à moitié détruit ou bouffé par les mites. Je jouais avec un fil d'un de mes bracelets qui commençait à souffrir de l'âge et à la fin de sa remarque, j'ai soupiré dans un rire étouffé, les épaules secouées sous le geste.

– C'était de l'humour. Pourri, je reconnais mais... Je peux pas être bon en tout.

J'avais pourtant eu le mérite de l'avoir faite rire et je pensais qu'elle avait saisi la subtilité de mes paroles. Mais je me sentais las de la savoir si proche d'un flic. Sûrement pas son petit ami vu la façon dont elle lui parlait. Un ami ou un frère, un cousin, ça ne changeait rien. Un voile triste est passé sur mon visage. J'avais oublié les dangers que représentaient cette ville pour moi pendant quelques instants et ils venaient de se rappeler à moi. Mais comme il était malpoli d'écouter aux portes, je n'avais rien relevé. Et quoi de mieux qu'un danger pour en oublier un autre ? Une idée germant dans ma tête, j'ai inspiré profondément.

– Bon... C'est pas que, mais j'ai une faible résistance au froid !

Je me suis alors redressé pour prendre appui au sol et me relever. Avant qu'elle ne s'en aperçoive, j'ai fait mine de perdre l'équilibre et donc, de tomber. J'ai peint l'inquiétude sur commande sur mon visage et j'ai agité les bras pour tenter de me redresser, sans succès. Vous savez quoi ? J'aurais vraiment pu tomber si j'avais été plus stupide et que j'avais raté mon coup. Mais à défaut d'être bon en tir, j'étais un excellent acrobate avec un équilibre hors du commun pour qui la gravité ne s'appliquait pas. Quand bien même j'avais chaviré, je ne serai jamais tombé. J'étais trop doué, pour ça, et je savais que si je trébuchais, je pouvais me rattraper à la fenêtre d'à côté en tendant le bras. Aucun risque inconsidéré. C'est la règle numéro 1 qu'on vous enseigne.
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Angela Foster
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L’atmosphère avait changé. Ce n’était pas très perceptible, je n’en étais pas certaine, mais j’avais l’impression que Garin reprenait un peu de distance. Je le regardai en fronçant les sourcils, tâchant de comprendre ce qui avait pu se passer. Et puis notre « rencontre » me revint en mémoire. Il avait du m’entendre parler avec David. Il avait dû faire le rapport. En même temps, quand on prononce les mots « poste » et « agent » en l’espace de deux minutes, faut pas être idiot pour comprendre.

Un éclat de tristesse passa dans mes yeux. Je n’aurais jamais dû répondre à David, j’aurais dû laisser mon portable sonner. J’avais réussi à faire en sorte que Garin ne me considère plus comme une menace. Je commençais à me rapprocher de lui. C’était pas une sensation désagréable. J’étais en train de passer un bon moment et je sentais qu’il était terminé. Je croisai les bras et m’appuyai au chambranle de la porte tout en le regardant se relever. Et puis, je l’ai vu perdre l’équilibre.

J’ai réagis en un quart de seconde. J’avais de bons réflexes moi aussi. Je l’ai attrapé par la main et je l’ai tiré en arrière, vers l’intérieur de l’immeuble, aussi fort que je le pouvais. Je n’avais certainement pas autant de force que lui, mais je savais que c’était suffisant pour l’empêcher de basculer. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il faisait juste semblant. Et il valait mieux que je ne le sache jamais parce que sinon, je lui aurais voulu.

- Hey, tu te souviens quand tu m’as dis de faire attention, que c’était dangereux ? Tu ferais mieux d’appliquer tes propres conseils.

Je faisais de l’humour, c’était pas terrible mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour cacher mon trouble. Autant j’étais restée très calme tout à l’heure, tandis qu’il me tournait autour avec son air menaçant, autant là, j’avais vraiment eu peur. J’avais le cœur qui battait à 100 à l’heure. Je le sentais cogner douloureusement dans ma poitrine.

- Tu peux être fier de toi, tu as réussi à me faire peur finalement.

Je plongeai mon regard dans le sien. Là, je ne plaisantais plus. Je pointai mon index dans sa direction, à quelques centimètres de son visage.

- Ne me refais jamais un coup pareil !
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Ma petite blague - pas plus drôle que le reste, d'accord - avait eu l'effet escompté. Et même plus encore. Je me suis laissé tirer en arrière et j'ai basculé sur les fesses alors que je me mettais à rire. C'est marrant... je n'avais pas tellement cherché à lui faire peur jusque là. Même mon laïus sur les Candidats, c'était plus de l'histoire barbante que pour l'impressionner. Pour un peu, elle aurait pu me tomber dessus et j'aurais eu encore plus que ce que je n'avais demandé ! Mais au lieu de ça, le ton de sa voix a grimpé au fil de ses paroles. Je riais toujours et j'ai secoué la tête.

– Ca marche à tous les coups.

Si je lui avais fait peur, je n'en ai réellement pris conscience que lorsque son index impérial s'est mesuré à moi. J'étais en train de me relever et je me frottais les mains quand il s'est dressé devant mon nez en me faisant loucher. Sur le coup, j'ai manqué de chavirer en arrière, me retenant d'une main dans mon dos et j'ai reculé la tête. Mon sourire et mon air moqueur se sont subitement effacés de mon visage. Elle avait réellement eu peur pour moi ? Après tout ce que je lui avais raconté sur ce que je voyais ? Elle n'avait pas l'air de comprendre en quoi nous étions si différents des Négatifs. J'avais eu peur pour elle parce que je n'avais pas compris pourquoi elle avait couru vers cette fenêtre. Mais ce que je voyais dans ces yeux, c'était vraiment étrange, je ne me souvenais pas que quelqu'un avait eu si peur pour moi, un jour. William, peut-être. C'était étrange de me souvenir de lui dans un moment pareil.

J'ai pris le doigt d'Angela dans ma main, doucement, et j'ai montré patte blanche de l'autre alors que je me relevais complètement. J'ai haussé les sourcils pour forcer son calme, sans la quitter des yeux.

– Hey, hey, hey ! C'est rien ! D'accord ? Il ne peut rien m'arriver ! Tu te souviens ce que je t'ai dit tout à l'heure ? On a des pouvoirs magiques. Je peux pas mourir. Même si j'étais tombé, il ne me serait rien arrivé. Pas besoin d'avoir peur pour moi, t'entends ? Il ne peut rien m'arriver.

C'était passablement faux. Même si j'étais incassable, une colonne vertébrale brisée restait brisée. Idem pour ma nuque. D'ailleurs, un frisson m'a parcouru l'échine quand j'ai réalisé quelque chose... Et si je me cassais quelque chose... Je ne guérissais pas. Cela dit, je ne m'étais encore jamais rien cassé. Mais je me souvenais quand je m'étais extrait la puce du poignet. Ca n'a jamais totalement guéri.

– Tout va bien. C'était une mauvaise blague, je reconnais, je suis désolé. Je m'en excuse.

Si je lui tenais la main, c'était surtout pour l'empêcher de me cogner...
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Angela Foster
Angela Foster
Il riait ! Je devais être en train de rêver, ou d’halluciner, encore une fois. Comment pouvait-il rire ? Je le fusillai du regard. Une blague, c’était une blague ! Comment pouvait-on plaisanter avec ça ? Il était fou ? Oui c’était sûrement ça, il devait être fou.

- Ca n’était pas drôle !

J’étais plutôt en colère, presque autant que quand je m’étais mise à lui crier dessus en lui décrivant les évolutions possibles de ma maladie. Sauf que cette fois, j’étais en colère contre lui.

Garin avait gardé ma main dans la sienne et il avait raison, parce que là, je n’avais pas d’autre envie que de lui foutre mon poing dans la figure. Il avait compris l’effet qu’avait eu sa petite blague. Je tentai de dégager ma main tandis qu’il essayait de me calmer, m’expliquant qu’il ne pouvait rien lui arriver.

- Avoir des pouvoirs ne vous rend pas immortels que je sache. Plus résistants peut-être, mais pas immortels !

En fait, je n’en étais pas très sûre, mais je revis plusieurs images défiler devant mes yeux : Elijah, dans la ruelle à côté du McLaren, qui tombait au sol après avoir épuisé ses force en utilisant son pouvoir. Le positif qui avait été massacré à coup de poings et de pieds sur le parking du supermarché duquel ma mère et moi venions de sortir. C’étaient des images qui frappent, surtout la dernière, surtout quand on n’a que 6 ans, quand on voit sa mère se figer, tellement touchée qu’elle n’a même pas pensé à m’empêcher de voir la scène, et qu’on ne comprend pas ce qu’il se passe. C’était ce jour-là que j’avais appris l’existence des positifs. Craignant que cela ne m’ait perturbée plus que de raison, mes parents m’avaient finalement tout expliqué, le plus calmement possible, le plus clairement possible, s’assurant que je comprenais bien la situation.

Quoiqu’il en soit, ça n’était pas suffisant. Et il avait oublié que j’avais une autre main. Moi pas. Je fermai le poing et je le balançais aussi fort que je pouvais. Ce n’était peut-être pas très gentil, mais j’estimais qu’il le méritait. Je m’excuserai plus tard, si j’atteignais ma cible.

- Comment vous avez pu penser une seule seconde que je trouverai ça marrant ?
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
J'ai pincé les lèvres en interceptant sa seconde main qui m'arrivait droit dessus. Allez savoir pourquoi mais mes mains étaient encore plus dures que mes jambes. Sûrement parce que je les utilisaient plus souvent et surtout plus facilement. Je me servais de mes jambes pour courir, le plus vite possible, mais mes mains étaient aussi dures que le diamant. Et j'ai serré les dents en me disant qu'elle avait pu se faire mal en heurtant ma paume. J'ai soufflé par le nez. Non pas d'exaspération mais parce que j'allais peut-être devoir lui expliquer que non... Nous n'avions rien à voir avec eux, que nous étions différents et qu'il serait temps qu'ils le comprennent. Alors, j'ai haussé le ton.

– Certains d'entre nous le sont !

J'ai haussé les sourcils en la fixant avec intensité. Je n'ai lâché aucune de ses mains, gardant ses poings au creux de mes paumes. Après quelques secondes, j'ai repris.

– D'accord ? Personne ne peut contrôler les mutations et elles donnent parfois des choses étonnantes qui sont difficiles à croire mais qui sont pourtant vraies ! J'en connais un qui peut tuer en faisant s'évaporer l'eau d'un corps humain ! J'en ai connu qui crachaient du feu. Je me suis battu contre un qui me privait d'air ! Je sais que certains ont la capacité de guérir à une vitesse hallucinante ! Mon pouvoir, à moi...

J'ai soupiré plus doucement en baissant lentement nos mains.

– C'est que je crains rien. Rien du tout, tu m'entends ? J'ai essayé. Quand je te dis que tout est possible... C'est parce que je l'ai vu.

J'ai lâché une de ses mains et j'ai brandi mon bras devant elle en lui montrant d'un geste du nez. Ce n'était pas totalement vrai. J'étais d'une bonne consistance, dur comme un roc mais j'avais une profonde faiblesse, qu'elle n'avait pas besoin de connaître. Elle devait simplement retrouver quelque chose. Une raison. Il fallait juste qu'elle comprenne que les possibilités étaient toujours là. Même pour elle.

– Tu veux voir ? Tu veux que je te le prouve ? Bah vas-y ! Cogne ! Aussi fort que tu veux, je sentirai rien ! Je suis un punching ball vivant pour qui a besoin de se défouler. Il ne peut rien m'arriver.

Bien sûr que je sentais tout. Mais elle n'avait pas besoin de le savoir. C'était bien là l'ironie du sort ! J'étais costaud comme un roc, solide comme l'acier, indestructible comme un diamant... Mais tout matériau possède sa faiblesse. Et la mienne était de taille. Bien entendu... Doucement, j'ai lâché sa seconde main et j'ai levé mon autre bras, révélant mon torse, mes paumes face à elle.

– N'aie pas peur, frappe !
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Angela Foster
Angela Foster
Il avait intercepté ma main, je m’en doutais. Je retins une grimace tandis que mon poing s’écrasait sur sa paume. Bon sang, ce que ça pouvait faire mal de donner un coup de poing à quelqu’un. S’il ne l’avait pas maintenu, je l’aurai secoué en hurlant, comme on voit dans les films.

J’ouvris des yeux ronds tandis qu’il m’expliquait ce qu’il était réellement, tandis que je comprenais ce que ça signifiait. Je le dévisageai un instant et plongeai mon regard dans le sien. J’avais une expression un peu méfiante. Je ne le connaissais pas assez pour savoir s’il était honnête ou pas. Il en avait l’air en tout cas. Et moi, j’étais un peu perdue. Ma colère commençait à retomber tandis qu’il me parlait.

Je secouais la tête tandis que je comprenais ce que tout cela impliquait. J’avais un peu de mal parce que je n’étais pas vraiment préparée à ce que je venais d’apprendre. Mais l’idée faisait son chemin, petit à petit. Et doucement, je saisissais toute l’ironie de la situation. Lui il était « invincible », immortel peut-être ? Et moi, tout le contraire. Mais non, ce n’était pas possible.

- Vous avez forcément une faiblesse, tout le monde en a une. Yu ne peut pas vous rendre totalement immortel n’est-ce pas ? Les maladies peuvent vous atteindre ?

Je n’y croyais pas vraiment, mais je crois que quelque part, j’essayais un peu de me rassurer. Parce que s’il était vraiment invincible alors ce n’était pas juste. S’il résistait également aux maladies, aux cancers, tout ça, alors je serais capable de donner n’importe quoi pour partager son pouvoir.

Il lâcha alors l’un de mes poings, celui que j’avais essayé de lui écraser sur le nez. Je remuai les doigts en grimaçant pour m’assurer qu’ils étaient encore en un seul morceau. C’était encore un peu douloureux, mais c’était le cas. Il lâcha alors mon autre main et me présenta son torse, m’incitant à frapper. Je secouais la tête.

- Ne me tente pas. Même si tu viens de te comporter comme le dernier des imbéciles, tu mérites mieux que de servir de défouloir. Et je n’ai pas envie de me blesser plus que je ne le suis déjà. J’ai assez de soucis comme ça à cause de ma cheville.

Je reculai d’un pas ou deux, tout en frottant mon poing endolori. Mon regard perdit sa méfiance, mais je n’arrivais pas à détacher mes yeux des siens. Et pendant quelques secondes, j'ai pensé qu'on devait se sentir vraiment en sécurité quand on l'avait à ses côtés. Mais je chassais vite cette pensée en secouant la tête.
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