2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Nick/Angie] Fix me

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Angela Foster
Angela Foster
Il nous fallut une éternité avant d'atteindre l'ohopital. C'était du moins ce dont j'avais l'impression. En réalité, il n'avait du se passer qu'une vingtaine de minutes. Mais Tom ne s'était pas réveillé. Il était en vie pourtant, il continuait de lutter. Sans lâcher sa main, j'avais laissé les secouristes s'affairer autour de lui, lui prodiguer les premiers soins. Et puis nous étions arrivés à l'hôpital.

- Thomas Carter, 28 ans, mutilation à l'oreille droite, a reçu de violents coups sur le visage et dans la poitrine, une côte fracturée au moins, peut-être plus. Etat critique.

L'état de Tom, résumé en quelques mots aux internes qui prenaient la relève.

- Non mademoiselle, vous ne pouvez pas aller plus loin.

Ca, c'était l'ordre qu'on me donnait, tandis qu'on me barrait le chemin d'un bras en travers de la poitrine pour m'empêcher de suivre Tom. Je n'eus alors pas d'autre choix que de lâcher sa main. Mais je le suivis du regard, jusqu'à ce que les portes du couloir menant au reste de l'hôpital se ferment. Une infirmière s'approcha alors de moi et me prit par les épaules.

- Il est entre de bonnes mains, ne vous en faites pas. Venez vous asseoir, on va venir s'occuper de vous aussi dans un petit moment.

Elle me dirigea vers des chaises, demanda mon identité pour remplir son dossier et m'abandonna là pour accueillir de nouveaux patients. Quant à moi, il me fallut quelques minutes encore pour que la pression retombe, l'adrénaline aussi et que je craque en silence. J'aurais voulu être avec lui, m'assurer qu'il allait "bien", qu'on s'occupait bien de lui, qu'on faisait tout ce qu'on pouvait pour lui. Mais j'étais là, sur ma chaise, ma jambe blessée étendue devant moi, à attendre qu'on vienne s'occuper de mes propres blessures.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick était d’astreinte aux urgences cette nuit là. Un hasard ? Peut-être. Encore que depuis la dispute avec Deniz, il portait tellement de culpabilité qu’il était revenu à ses mauvaises habitudes : s’acharnait sur le travail. La blonde avait du rejoindre la rue et il le vivait comme un échec personnel. Cuisant. Ses collègues infirmières le trouvaient plus ours que de coutume mais il était toujours aussi gentil avec les enfants. Ca compensait sans doute.
Son dernier petit client venait d’être ré-orienté sur le service de pneumologie. Dans la ville basse, en cette saison, les bronchites mal soignées tournaient vite court et parfois cela s’aggravait. Une bactérie et hop, tout ca finissait en hospitalisation.
Il déposait son dossier sur le comptoir des admissions après avoir apposé sa signature au bas des feuillets et il prit le suivant dans le présentoir auquel il jet un rapide coup d’œil.
En s’avançant dans la salle d’attente, il la vit.
Angela avait l’air d’une serpillère. Lessivée… mais son œil de médecin remarqua la tâche de sang sur son jean et il se demanda aussitôt s’il s’agissait du sien.
Il retourna poser le dossier sur le comptoir et se dirigea vers la blonde, inquiet.

- Angie ? Qu’est-ce qui se passe ? Vous êtes blessée ?
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Angela Foster
Angela Foster
La voix me parvint, étrangement familière. Enfin non, pourquoi étrangement ? J'étais déjà venue tellement de fois aux urgences que je devais connaitre la moitié du personnel. Quoique l'infirmière de l'accueil m'était totalement inconnue, probablement une nouvelle. Enfin, il faut dire que depuis que j'avais été exposée, j'avais pas mal diminué mon taux de fréquentation de l'hôpital.

Cette voix-là, je la connaissais, comme si elle me parvenait d'un lointain souvenir, mais j'étais tellement perturbée par tout ce qui venait de se passer que j'avais du mal à la relier à un nom. Et mon regard se posa sur lui.

- Nick ?

Je ne sais pas pourquoi, je ne m'attendais pas à le voir là. J'ignorais qu'il s'occupait également des urgences. Mais c'était logique en même temps, non ? Il fallait bien des pédiatres pour s'occuper des enfants qui en avaient besoin. Je portai une main à mes joues pour essuyer les larmes qui continuaient d'y couler. Et j'acquiesçai.

- Oui, mais je crois que c'est pas trop grave. J'ai...

Comment lui expliquer la situation ? Je n'avais pas envie de lui mentir. Mais j'hésitais à lui dire la vérité entière. Je veux dire, Tom faisait partie de l'unité de sauvetage, qu'est-ce qu'il se passerait pour lui si on venait à savoir qu'il avait eu des problèmes de "drogues" ? L'affaire avait été étouffée par son supérieur direct, mais qu'est-ce qu'il se passerait si ça remontait aux oreilles des dirigeants ? Et moi ? Même si j'avais essayé de l'aider, Garin avait raison, j'avais impliqué une adolescente au lieu de chercher une autre solution. Certes, dans la panique, on fait des erreurs, on ne réfléchit pas correctement, mais je n'en étais pas très fière. Et j'aimais bien Nick. Il était gentil, et il ne connaissait pas mon passé ni mes erreurs. C'était comme s'il était comme un nouveau point de départ, une personne avec qui je pourrais être celle que je voulais être sans qu'il ne garde en mémoire l'image de celle que j'étais. Ouais, c'est compliqué à expliquer, dans ma tête ça sonnait mieux.

- ... essayé de porter secours à un ami. Ils s'occupent de lui en ce moment mais... oh non Angie, ne te remets pas à pleurer ! Je ne continuai pas ma phrase, de peur de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout. Ils ont dit qu'il fallait que je reste là, que j'attende qu'on s'occupe de moi.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Il ne s’attendait pas à cette réaction-là. De l’inquiétude, de la douleur ou même de la peur mais pas qu’elle se mette à pleurer. Si son ami avait été pris en charge par les équipes médicales il ne pouvait rien y faire mais en tous cas, il pouvait s’occuper d’elle.

- Venez, je vais jeter un œil.

Il entraina la jeune femme dans une pièce d’auscultation à l’écart des urgences. Ce n’était pas plus grand qu’un placard mais suffisamment équipé pour permettre aux médecins d’exercer. Ils avaient quitté le service de nuit et le brouhaha. Nick lui faisait un traitement de faveur indéniablement mais c’était pour la bonne cause.
Il lui montra la table et lui-même s’assit sur le tabouret à roulettes près de la desserte en inox qui contenait tout ce qu’il fallait pour les premiers soins.

- Enlevez votre jean, dit-il dans un sourire chaleureux, je vais regarder cette vilaine blessure. Vous avez été blessée ailleurs ?

Il prépara désinfectant et compresse et soupira.

- Vous voulez en parler ? ajouta-t-il d’une voix douce.
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Angela Foster
Angela Foster
J'hésitai un peu à le suivre. Je veux dire, c'était Nick, j'aurais préféré avoir avec lui une relation autre que celle de médecin à patient. Mais j'acquiesçai cependant à nouveau et me levai en grimaçant pour le suivre jusqu'à une petite salle d'examen. Je ne connaissais pas assez l'hôpital pour savoir qu'on venait de quitter l'aile des urgences, mais ici, c'était plus silencieux, plus calme. Plus reposant. Je ne sais pas si c'était fait exprès, mais ça faisait du bien, et je lui en étais reconnaissante.

Je retirai mon jean, comme il me le demandait, grimaçant une nouvelle fois tandis que le tissu appuyai sur le pansement de fortune que je m'étais fait quelques heures plus tôt mais qui ne servait à rien désormais. Si j'avais été vraiment intelligente, je me serais rapidement posé la question de ce que j'allais lui trouver comme excuse au fait que j'avais déjà des points de sutures (manifestement pas faits par un spécialiste même s'ils semblaient pas trop mal faits) et un pansement. Mais je n'y songeai même pas, là, tout de suite, alors que je me hissais sur la table.

- Je me suis pris un coup dans les côtes, mais ça va.

C'était douloureux, mais pas insupportable, alors je me disais que je n'avais rien de cassé. Mais je n'étais pas médecin, et ce n'était pas la première fois que je remarquerai qu'avec l'adrénaline on ne sent pas certaines blessures, on commence vraiment à s'en rendre compte quand tout retombe.

- Et là.

J'indiquai ma lèvre qu'un coup d'Itembe avait fendue mais qui avait commencé à cicatriser. Le sang avait séché et une croûte s'était formée, même si ça n'avait pas été vraiment nettoyé.

Je baissai les yeux sur le sol au moment où il me posa sa question. Il était tellement gentil, j'avais envie de lui parler. Mais je ne savais pas par quoi commencer. Les mots se bousculaient dans ma tête. Et je savais que je ne pouvais pas tout lui dire.

- Je voulais seulement l'aider. Ils disaient qu'ils allaient le tuer. Je n'aurais jamais dû intervenir, ça n'a fait qu'empirer les choses. Quand ils ont vu que les coups me faisaient pas céder, ils s'en sont pris à lui...

Je relevai les yeux vers lui et secouai la tête. C'était pour le moins flou, pas franchement compréhensible pour Nick. Pour ma défense, je venais de passer des heures franchement dures et si j'avais essayé de garder mon sang froid jusqu'à présent, je révélai une nouvelle fois que toute cette force dont je pouvais faire preuve dans le feu de l'action n'était qu'une imposture.

- C'est de ma faute, si je le perds... Il est comme mon frère, je...

Pas besoin de continuer, ma voix n'irait pas jusqu'au bout. Je baissai à nouveau la tête, posant les yeux sur mes mains dont je me torturais les doigts depuis tout à l'heure, trahissant mon inquiétude et ma culpabilité en même temps.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick observa la plaie à la cuisse mais son visage ne trahissait rien de ce qu’il en pensait. Il ne s’en occupa pas de suite et ausculta les côtes d’Angela et sa lèvre. Pour cette dernière il suffirait d’attendre que ca passe. Pour les premières, il utilisa une sorte d’holo écran noir portable, pas plus gros qu’une holo tablette, et la fit passer doucement le long des flancs de la jeune femme.

- Y’a rien de cassé. Juste un mauvais coup. C’est douloureux mais ca passera.

Il reposa l’appareil et fit rouler le tabouret jusqu’à la table pour observer la plaie à la cuisse. Il sourit et demanda d’une voix douce.

- C’est qui qui a fait les points ?

Pas un professionnel en tous cas ou alors quelqu’un qui manquait d’habitude. La blessure était propre en revanche et si le pansement n’avait pas tenu, au moins elle avait été correctement traitée.
Nick ne comprenait pas un traitre mot de ce que racontait Angela, si ce n’est qu’elle avait eu des ennuis qu’elle avait partagé avec un ami.

- C’est lui qui est aux urgences ? Votre ami ?

Avant d’entamer les soins, Nick soupira. Il était gentil et la compassion était son principal défaut tant il en avait. Instinctivement, devant l’angoisse de la jeune femme, il interrompit son diagnostic médical et prit ses mains torturées entre les siennes.

- On est au calme ici. Prenez le temps qu’il vous faudra. Respirez et… soufflez un peu. Vous ne risquez rien ici.

N’importe quel mec aurait ajouté « je suis là », mais Nick était lucide sur sa condition. Il était médecin, pas superman et si le danger se pointait, il serait le premier à indiquer la voie jusqu’au sorties de secours.
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Angela Foster
Angela Foster
Savoir que je n'avais pas de côtes cassées, en soi, c'était déjà rassurant. Mais pas tellement étonnant. Je vous l'ai dit, j'avais mal, mais c'était très supportable. J'étais juste bonne pour un bel hématome. Ca serait de toute beauté tiens ! On allait me prendre pour une femme battue...

Je baissai les yeux sur ma blessure à la jambe alors qu'il me posait la fameuse question. Instinctivement, je me raidis en sentant ses doigts sur la plaie et grimaçai. Ce n’était pas tellement son contact mais plutôt la douleur qui revenait, progressivement.

- C'est moi... J'ai essayé de faire ça bien, mais c'est plus facile à faire sur les autres que sur soi. Et je n'avais rien sous la main pour endormir la douleur.

Je relevai les yeux sur lui avec l’air penaud de la petite fille qui vient de faire une bêtise et qui se fait surprendre. J’avais conscience que tout ça n’avait pas été fait dans des conditions très… académiques, dirons-nous. Mais j’avais essayé de faire au mieux avec ce que j’avais, sur le moment.

Je répondis à sa question suivante sans quitter son regard, mais sans cesser de torturer mes doigts non plus.

- Oui.

Et je baissai à nouveau les yeux, j’avais du mal à garder la tête droite là, j’avoue.

- Ils se sont acharnés sur lui. Je n’étais pas capable de le soigner. Ils ont dit, quand on est arrivés, qu’il était dans un état critique.

Et moi je m’inquiétais plus pour lui que pour mes propres blessures. En même temps, qui n’aurait pas été pareil à ma place ? Je veux dire, je n’étais pas si blessée que ça. Le coup de machette allait m’handicaper quelques temps, mais je m’en remettrai vite et bien. Mais l’état de Tom était bien plus inquiétant et, surtout, incertain.

Les mains de Nick entrèrent dans mon champ de vision pour se refermer sur les miennes et je relevai les yeux sur lui.

- Merci.

Il était tellement gentil, comparé à ce que je venais de vivre, ça faisait du bien. Hey, j’avais un ami dans un état critique et un autre m’avait balancé toutes sortes d’horreur à la figure avant de me dire clairement qu’il serait capable de me tuer. Je soupirai et tentai d’esquisse un sourire, peu convaincant.

- C’est tellement injuste. Il a fait une erreur, c’est vrai, il n’aurait jamais dû faire ça. Mais il était animé de bonnes intentions. La vie est-elle obligée de nous punir lourdement pour chaque petite erreur que nous faisons ? Ne peut-elle pas fermer les yeux une fois de temps en temps ?
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Nick Doroty
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Nick n’était pas grand philosophe mais il y a une ou deux choses qu’il avait apprises à travers l’exercice de sa profession. La vie était particulièrement injuste. Elle jouait à la loterie, peu importe ce que vous avez fait ou non, qui vous êtes ou non, d’où vous venez. Il était pédiatre. Qui mérite moins qu’un enfant d’être malade ?

- Je ne sais pas si la vie nous fait payer nos erreurs Angela. Je crois qu’elle s’en fiche surtout. Il n’y a pas de règles…

Il lui rendit un sourire encourageant quand elle essaya.

- La question n’est pas de savoir ce qu’on mérite ou non. Il faut juste faire avec et se battre pour rétablir les injustices quand on peut.

Nick haussa les épaules et prépara une seringue d’anesthésiant local qu’il injecta autour de la plaie afin de pouvoir soulager la douleur et qu’il puisse travailler calmement.
Le temps que le produit agisse il prépara un kit de suture.

- Votre ami est entre de bonnes mains Angie. Je suis sure que tout ira bien…. Il vous a vous, non ? C’est une raison suffisante pour avoir envie de vivre.

Il commença par enlever les points anarchiques fait par la blonde puis les lui refit proprement de manière à ce que la cicatrice soit la plus discrète possible.

- Qu’est-ce qui vous a fait ca ? un couteau ? Un couteau de cuisine ?

Nick était à milles lieues d’imaginer que cela puisse être une machette. Il était loin de ce monde de violence qu’avait créé Itembe dans le Queen’s. Ca le dépassait.
La détresse d'Angela l'émouvait pourtant et il n'aurait su dire pourquoi elle le touchait autant. Peut-être que l'image qu'il avait d'elle ne collait pas avec ce qu'il voyait là.
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Angela Foster
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Je détachai mon regard de mes mains pour le poser sur lui, ou plus exactement sur le sommet de sa tête, puisque c'était tout ce que je voyais, quand il était penché sur ma blessure. Je n'arrivais pas à me dire que c'était peut-être lui qui avait raison, que la vie ne répondait à aucune règles précises et qu'elle pouvait être particulièrement injuste. Vous comprenez, ce que j'avais vécu, moi, j'avais toujours pris ça comme une vengeance du destin. J'avais fait pas mal d'erreurs et il m'avait enlevé Peter, il m'avait rendu malade. Cela tenait certainement à notre éducation, je savais que David avait tendance à penser comme moi. Pourtant, quelque part, les paroles de Nick me faisaient du bien. Mais c'était probablement parce qu'il était gentil, et doux, et que j'avais bien besoin de gentillesse et de douceur.

Quant au fait d'être une raison suffisante pour se battre, je ne répondis pas, pas verbalement du moins, me contentant de secouer la tête. Je n'étais pas sûre que ce genre de raison soit suffisante pour qu'il survive. Mais peut-être que Nick avait raison sur un point, il était entre de bonnes mains. Ceux qui s'occupaient de lui n'allaient pas le laisser mourir, n'est-ce pas ?

Je me mordis la lèvre inférieure quand il posa sa question et optai pour la vérité.

- Un cinglé avec une machette...

Je relevai les yeux sur Nick, et tout à coup, comme si un barrage cédait, je me mis à parler. C'est que j'en avais besoin, je crois. Et cette fois, ce fut plus clair qu'avant. Enfin, je crois.

- Tom avait contracté des dettes auprès de quelqu'un de peu recommandable. De très grosses dettes, qu'il n'a jamais réussi à payer. Et ce type  s'est rappelé à lui. Il l'a menacé de le tuer s'il payait pas. Tom était complètement paniqué. Il ne savait plus quoi faire. Je pouvais pas le laisser comme ça. Alors je suis allée au rendez-vous avec lui. Je pensais pouvoir négocier un délai ou rembourser sa dette différemment mais ce qu'ils voulaient en échange, je pouvais pas le leur donner. Ils s'en sont pris à moi quand j'ai refusé, et à lui parce que je ne cédais toujours pas. C'est de ma faute s'il est dans cet état-là. J'aurais dû céder tout de suite, mais ce qu'ils me demandaient, j'étais incapable de le faire.

Mais mains avaient recommencé à s'agiter, au rythme de mes paroles et des émotions qui m'avaient submergées pendant toute la soirée, l'angoisse, le désespoir, la culpabilité. A la fin je baissai les yeux et secouai la tête.

- Je n'ai pas été capable de le protéger. Je m'étais promis qu'il ne lui arriverait rien et je n'ai pas réussi. Vous devez avoir une bien piètre opinion de moi maintenant.
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Nick Doroty
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- Une machette ?

Nick releva les yeux de son travail, estomaqué.

- Mais quelle idée ? Qu’est-ce qu’on peut bien faire d’une machette à Megalopolis ?

Ca le dépassait complètement. Il ne se serait certainement pas attendu à devoir soigner une plaie de la sorte, à moins d’être volontaire pour une mission humanitaire en Afrique, ce qu’il n’avait jamais fait. La suite le laissa plus que perplexe. C’était une histoire abracadabrante et qu’Angela puisse en plus en porter la culpabilité le dépassait.
Il termina en silence de faire les sutures puis prépara les pansements.

- Si c’est votre ami qui a contracté des dettes pourquoi pensez-vous être responsable ? Vous n’y êtes pour rien….

Il haussa les épaules

- Je suis peut-être un peu vieux jeu Angela, et je le dois certainement beaucoup à mon père, mais dans mon idée, c’était plutôt à lui de vous protéger. C’est lui qui devrait avoir honte de vous avoir entrainé dans ses histoires.

Nick osait à peine envisager quel genre de deal pouvait commencer avec une dette et se terminer par un type presque mort et une gonzesse amoché à la machette. Certainement quelque chose qu’il ne voulait pas savoir. Mais il s’agissait d’Angela et il ne put s’empêcher de poser des questions.

- Quel genre de dettes ? Le jeu ?
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Angela Foster
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Ce qu'on pouvait faire d'une machette ? Pour être honnête, à par pour découper les gens en morceaux, je n'en avais pas la moindre idée. C'est vrai que c'était un genre d'arme auquel on n'avait pas tellement l'habitude dans une grande ville comme celle-ci. David avait-il déjà eu à faire avec un malade de la machette ? J'en doutais.

Je ne dis rien, cependant, et me contentai de hausser les épaules pour lui indiquer que je n'avais pas la moindre réponse à cette question. La suite de la conversation me fit relever les yeux vers lui.  Vous savez quoi, quelque part, il avait raison. Au fond, je le savais.

- C'est ce que mon père et mon frère auraient tendance à dire aussi.

Mais je ne sais pas pourquoi, je n'arrivais pas à voir les choses comme ça. Pas encore. Cela dit, ça faisait du bien d'entendre ce qu'il pensait, d'avoir quelqu'un de mon côté, après tout ce que je m'étais pris dans la tronche de la part de Garin.

- Non, c'était des médicaments. Tom est sauveteur, il s'est blessé pendant une intervention. Son travail, c'est toute sa vie, vous savez. Alors il s'est procuré des médicaments pour dissimuler la douleur et pouvoir continuer à intervenir sur le terrain. Des anabolisants je crois, ou un truc dans le genre, je n'y connais pas grand chose. Ca remonte à plus d'un an, et il a très vite arrêté. Mais sa dette avait déjà dépassé ses moyens.

Je soupirai et secouai la tête.

- C'est pas un drogué vous savez, il voulait juste quelque chose qui lui permettrait de continuer à sauver des vies. Sa blessure ne guérissait pas, et son équipe avait besoin de lui. Il n'a pas réfléchi à ce qu'il faisait.
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Nick Doroty
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Nick écouta attentivement et il lui semblait qu’à son contact Angela s’apaisait un peu. Il termina le pansement sur sa blessure. C’était propre et correctement posé cette fois-ci. Il ne put s’empêcher de prodiguer ses recommandations de médecin avant de reprendre la conversation la plus importante.

- D’ici deux jours il faudra l’enlever et passer sur un spray isolant. Ce sera plus pratique. Et dans une semaine on enlèvera les points.

Il se leva de son tabouret à roulettes et rangea les instruments qu’il avait utilisés dans les compartiments de stérilisation prévus à cet effet.
De dos, Angela put voir ses épaules se soulever quand il soupira.

- Je comprends Angie. C’est votre ami et c’est normal que vous lui trouviez des excuses mais si je puis me permettre, vous ne lui rendez pas service. Vous ne l’aidez pas comme ca.

Il se retourna et prit appui sur la petite paillasse de la salle d’auscultation.

- Peu importe les raisons. S’il a pris ces médicaments plus qu’il ne devait et en les achetant au marché noir qui plus est, non seulement il était drogué, au sens médical du terme, mais il savait aussi qu’il l’était. C’est un adulte, pas un enfant. Et croyez bien que les gens qui plongent dans une addiction sont les premiers à le nier alors qu’ils sont les premiers à le savoir.

Nick se rapprocha d’Angela en croisant les bras sur sa poitrine.

- Il savait ce qu’il faisait Angela. Il niait les conséquences de ses actes c’est tout, mais il savait. Vous en revanche, vous l’avez visiblement découvert, non ?

Du doigt il indiqua la blessure à sa cuisse.

- C’est maintenant que vous allez pouvoir l’aider. C’est maintenant que vous pourrez le protéger en l’accompagnant pendant sa convalescence.

Il se rapprocha et posa les mains sur ses épaules en un geste réconfortant.

- Angela, vous avez un cœur qui est plus grand que vos bras. Vous ne pouvez pas sauver le monde. Vous n’êtes pas responsable des décisions des autres, vous ne pensez pas avoir assez à faire avec les votres ?

Son visage s’éclaira d’un sourire compatissant

- Vous avez certainement du courage pour deux, je n’en doute pas. Alors mettez-le à profit, non pas en l’aidant à négocier avec ses dealers, mais en étant une amie sensée. Comment dire ? un phare dans la tempête… vous voyez ?
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Angela Foster
Angela Foster
J'acquiesçai à ses recommandations et descendis de la table d'examen pour remettre mon jean. Je ne parvins pas à retenir une grimace lorsque mon pied toucha le sol et que je pris appui sur ma jambe, mais Nick avait le dos tourné. Je bouclais ma ceinture lorsqu'il reprit la parole. Il avait beau être à l'autre bout de la pièce, je ne parvenais pas à détacher mon regard du sien. Et chaque mot qu'il prononçait pénétrait profondément dans mon esprit. Je ressentis comme une boule qui se nouait au fond de ma gorge alors qu'il me disait que je trompais de direction pour aider Tom. Quelque part, j'en avais conscience, mais j'étais comme tous ces proches de drogués qui refusent d'admettre que c'est le cas. Je réagissais comme ma mère lorsqu'elle avait appris pour moi.

- Le premier pas vers la guérison, c'est de reconnaître qu'on est malade, récitai-je en baissant les yeux.

J'étais bien placée pour le savoir pourtant, mais j'avais dû l'oublier. Peut-être parce que c'était Tom et que je l'avais toujours considéré comme quelqu'un de bien ?

- On a rapidement su qu'il prenait ce genre de médicaments. Et on l'a aidé à s'en sortir. Mais on n'avait pas la moindre idée de la façon dont il se les procurait. On pensait qu'il avait un médecin qui lui faisait des ordonnances. On a été tellement stupides.

Je secouai la tête avec l'air désabusé de celle qui avoue qu'elle n'est clairement pas à la hauteur.
Je relevai les yeux sur lui alors qu'il posait ses mains sur mes épaules. En cet instant précis, j'avais juste envie de me laisser aller, de me blottir dans ses bras, de me mettre à l'abri contre son torse et de tout oublier, Tom, Itembe, la violence à laquelle j'avais assisté, tout. Il ne serait certainement pas d'accord si je le lui disais, mais je savais qu'il en avait le pouvoir. Mais je restai là, à le regarder avec des yeux brillants, consciente que ce n'était pas le moment de flancher.

- Je crois que oui.

Je soupirai et détachai mon regard du sien pour le poser sur un point, au dessus de son épaule.

- J'aimerai ne pas avoir besoin d'être courageuse. J'aimerai avoir une vie sans ennuis, avec un boulot, une maison, une famille, et que mon principal souci, ça soit de savoir de quelle couleur repeindre la chambre du petit dernier, ou que mes enfants aient de bonnes notes à l'école. J'en ai assez des épreuves, je ne suis pas sûre d'avoir suffisamment de forces encore.

Vous vous souvenez quand j'avais dit à Nick que la vie n'avait pas été très tendre avec moi mais que j'avais été plus forte qu'elle ? Et bien mes forces s'épuisaient et je n'étais pas certaine que j'arriverai à me relever de la prochaine épreuve.

Je secouai la tête à nouveau avant de relever les yeux sur lui.

- Je suis désolée, je ne devrais pas vous parler comme ça. Je n'ai pas le droit de flancher, pas maintenant, pas quand mon meilleur ami a besoin de moi. La dernière chose dont il a besoin, c'est d'un soutien qui s'écroule.
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Nick Doroty
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Nick écouta tout en s’asseyant que la table d’auscultation à côté d’Angela. Il était à peu près sure qu’elle avait subi un choc émotionnel et qu’elle manquait de discernement pour le moment. Une fois remise, elle verrait mieux qu’elle était son rôle.
Ses aspirations lui tirèrent un sourire et il hochait la tête à mesure qu’elle énumérait les préoccupations qu’elle souhaiterait. Finalement, on n’a jamais ce que l’on souhaite. Encore une autre leçon bien injuste de la vie. Mais Angela avait tout pour réussir à faire de ses souhaits une réalité.

- Vous voilà bien pessimiste Angie. Après tout vous avez encore tout le temps d’avoir cette petite famille dont vous rêvez non ? Je trouve que ce sont des rêves plutôt sympathiques et je ne vois pas ce qui pourrait vous empêcher de les réaliser. C’est juste…

Il pencha la tête en regardant dans le vague.

- … pas le bon moment ?

Nick reporta ses yeux bleus sur elle et prit son air sérieux.

- Vous aurez assez de forces pour les épreuves que vous subissez mais pas celle que vous vous imposez. Posez-vous, faites le point et prenez le temps d’être présente pour votre ami. Personne ne vous oblige à vous infliger ca, si ? Si c’est le cas, permettez-moi de vous dire qu’il vous faut rapidement-vous éloigner de cette personne ou de ces personnes. Elles ne vous apporteront rien de bon.

Elle s’excusa de se livrer mais c’était bien inutile. Nick était médecin. Des épisodes comme celui-ci il en avait vécu plus d’un. Même si c’était Angela. Et ce n’était pas pareil ok.

- Ne vous excusez pas.

Il eut une idée soudain.

- Venez avec moi. Vous pouvez marcher ? Attendez…

Il se leva et alla fouiller dans les placards à disposition d’où il sorti une petite boite. Nick y préleva deux cachets et les tendit à la blonde.

- Des antalgiques. Ca devrait vous aider à gérer la douleur. Je vais vous faire une ordonnance aussi pour des antibiotiques et des anti-inflammatoires.

Chose dite, chose faite. L’administratif réglé, il l’invita à le suivre dans le dédale de l’immense hopital. Au bout de quelques minutes, Angie put reconnaitre le service de pédiatrie où il avait son bureau. Nick en avait la clé et pouvait y pénétrer de jour comme de nuit. Le service dormait et était particulièrement calme.
Une fois à l’intérieur, il se dirigea vers une armoire fermée elle aussi à clé. Il l’ouvrit, fouilla dedans, et en sortit une bouteille de whisky.
Près d’un réservoir à eau il y avait des gobelets en plastique et Nick en préleva deux.

- Je ne suis pas un adepte de l’alcool pour tout vous dire. C’est un papa heureux et débordant de reconnaissance qui me l’a offerte il y a quelques années. Vous voyez, je ne l’ai jamais entamée.

Il la leva à hauteur des yeux avec une invitation d’un geste de la main.
Sans remplir les gobelets comme si c’était du jus de fruit, il eut la dose généreuse et servit le sien à Angela.

- Ca s’impose ce soir. Non ?
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Angela Foster
Angela Foster
" Pas le bon moment ". C'était certain. Mais j'avais la sensation qu'à chaque fois que les choses allaient mieux, il y avait encore un truc qui me tombait sur le coin du nez. A se demander si ça serait le bon moment un jour.

- Ca doit être ça, répondis-je en hochant la tête.

Je ne savais pas quoi répondre d'autre. En vérité, ça me faisait du bien de discuter avec lui. Il m'amenait à me recentrer, à réfléchir, et j'en avais besoin. On avait passé le stade de la relation médecin/patient, et ça aurait pu être bizarre, mais ça ne l'était pas. Le plus bizarre avait été de le voir remplir son rôle de médecin, justement.

- Non, c'est pas... je soupirai et secouai la tête... J'en sais rien en fait. Mon père a toujours dit que j'étais trop empathique. Je crois que c'est le mot qu'il utilisait. Quand nos proches ont des soucis, on porte leur fardeau comme si c'était le nôtre. Je tiens ça de lui, il parait.

Et David était pareil. Cela dit, il avait raison, faire le ménage dans mon entourage n'était pas une mauvaise idée. J'avais déjà plus ou moins commencé d'ailleurs. C'était un conseil qu'Alex m'avait déjà donné.

Je relevai la tête quand il s'agita soudainement. Si je pouvais marcher ?

- Oui, je pense.

Je marchais en venant ici, il n'y avait pas de raisons que je n'y parvienne plus. Bon, ok, je prenais sur moi pour supporter la douleur, mais je pouvais encore le faire. Une fois les médicaments avalés et l'ordonnance pliée en quatre et glissée dans la poche arrière de mon jean, je le suivis à travers les couloirs de l'hôpital. Ouais, j'arrivais à marcher, je boitais, c'était douloureux, mais j'arrivais à marcher.

Il m'emmena jusqu'à son bureau, dans une partie de l'hôpital qui, cette fois, ne m'était pas inconnue. J'y entrai, en me demandant, j'avoue, ce qu'il avait derrière la tête. Je veux dire, il avait fini de s'occuper de ma blessure, il m'avait écoutée. Il avait passé pas mal de temps avec moi. Il y avait peut-être d'autres patients qui avaient besoin de lui ? N'était-ce pas le moment où j'aurais dû le remercier et m'en aller ? Sauf que sa présence me faisait du bien, elle m'empêchait de m'angoisser et de péter un câble en attendant des nouvelles de Tom.

J'écarquillai les yeux tandis qu'il me montrait la bouteille de Whisky qu'il conservait dans son placard bien fermé à clef.

- Vous gardez de l'alcool dans votre bureau ?

Vous le voyez, l'air un peu sceptique et un brin méfiant tout à coup qui s'était affiché sur mon visage ? Air qui disparut aussitôt qu'il m'eut donné la raison de la présence de la bouteille, pour laisser place à du soulagement assez visible.

- Ah, je préfère ça ! Qu'est-ce qu'il avait son enfant ? C'était grave ? Si c'est pas trop indiscret.

Je refermai la main sur mon propre gobelet et acquiesçai à sa question, qui n'en était pas tellement une. Ouais, je crois qu'effectivement, si je ne prenais pas un remontant ce soir, je n'en prendrai certainement jamais. D'un autre côté, j'avais déjà un peu d'alcool dans les veines avec le whisky que j'avais bu avant d'aller mettre le feu à l'immeuble. Il ne s'était certainement pas encore éliminé totalement. Et la dose qu'il venait de me servir était... euh, disons qu'avec tout ça, faudrait pas s'étonner si tout à coup je me sentais beaucoup plus légère.

- C'est pas déconseillé avec les médicaments ?

En même temps, il était médecin, il savait ce qu'il faisait, non ? Mais avant de boire, je relevai les yeux vers lui et tentai de capter son regard.

- Merci.

Comprenez moi bien, ce n'était pas pour le verre de whisky que je le remerciais. C'était pour les soins. Et son attitude surtout, son écoute, sa gentillesse. Et le fait qu'il ne m'ait pas claqué la porte au nez après avoir appris ce que j'avais fait de ma soirée. J'aimais à dire que je me moquais pas mal de ce que les gens pouvaient penser de moi, excepté ceux que j'appréciais. Pour ceux-là, leur avis comptait. Et Nick en faisait partie.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick soupira en se remémorant ce gamin qu’il avait soigné. Il prit le temps de tirer la chaise de son bureau pour la rapprocher de celle d’Angela et gouta une gorgée du breuvage. Il grimaça.

- Il était atteint d’une leucémie. C’est une forme assez courante de cancer chez les jeunes enfants et plus le patient est jeune, plus le cancer est mortel. Question de renouvellement des cellules. Je soignais comme je pouvais les symptômes et les effets secondaires mais je n’étais pas franchement confiant quant à l’avenir de ce bonhomme.

Il se racla la gorge avant de faire tourner le whisky dans son gobelet.

- Au cours d’un dîner chez mes parents, l’un des amis chirurgiens de mon père m’a parlé d’un oncologue novateur qui exerçait depuis dans un hôpital militaire au Mexique. Je connais pas trop l’histoire de ce type mais apparemment il s’agissait d’un choix de bosser là-bas. Bref ! Je suis entré en contact, on a discuté longuement, je lui ai demandé conseil… et y’a quelque chose dans le dossier du gamin qui a attiré son attention. Il m’a demandé de faire l’intermédiaire avec les parents pour voir s’ils pouvaient lui l’amener et si on pouvait mettre en place un protocole pour le voyage.

Nick fronça les sourcils et bu une autre gorgé du breuvage.

- Ca a pu se faire. J’ai voulu prendre des nouvelles mais on m’a jamais vraiment rien dit, si ce n’est que tout se passait bien et que l’enfant présentait une évolution positive de la maladie. Un truc de dingue si vous voulez mon avis. Il était condamné.

Le médecin posa ses yeux sur Angela et secoua la tête, incrédule. Il ouvrait sa main libre pour accompagner son récit, faisant des moulinets du poignet quand l’histoire s’éternisait.

- 3 mois plus tard j’ai vu le père débarquer ici, complètement euphorique. Il avait cette bouteille en cadeau et il a passé une demi-heure à me dire que son fils était en rémission et que c’était grâce à moi. Que cet oncologue avait fait des miracles et que jamais ils ne l’auraient rencontré si j’avais pas été là. Fin de l’histoire.

Il sourit puis eut un petit rire sec.

- C’est aussi pour ca que j’ai jamais ouvert cette bouteille. J’ai pas compris… du tout… ce qu’il s’était passé. J’aime pas récolter des lauriers que je ne mérite pas, surtout quand la situation m’a échappée. Mais bon…

De son index il montra le gobelet et sourit plus largement.

- Vous aimez le whisky j’espère ? Et vous en faites pas pour les médicaments. Vous n’en mourrez pas ce soir. Si vous continuez de boire pendant une semaine après je ne réponds de rien en revanche.

De l’humour d’interne sans doute.
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Angela Foster
Angela Foster
J'aurais dû me douter que c'était une histoire pas franchement marrante. Non, mais sérieux, Nick était pédiatre dans un hôpital, rien que ça, le fait de se dire que les gamins qu'il côtoyait chaque jour étaient malades, c'était pas marrant. Parce que ça signifiait souvent que ces gamins étaient vraiment malades, je veux dire, le genre de saloperie qu'on guérit pas facilement quoi.

Mais le coup de la leucémie... je baissé les yeux sur mon verre et j'ai commencé à faire tournoyer le whisky lentement à l'intérieur de mon gobelet. Des gamins malades, j'en avais vu passer un petit nombre pendant les séances de groupe. Si ça se trouve, je le connaissais celui-là. Ou pas, je n'y étais pas retournée depuis que j'étais revenue de Colombie. Les médecins avaient bien essayé de me convaincre, mais j'étais restée sourde à leurs messages.

Plus il avançait dans son histoire, et plus je fronçais les sourcils. L'histoire de ce gamin m'en rappelait une autre. Et pour cause, elle était similaire à la mienne, à quelques détails près. Je me réinstallai sur ma chaise, assez mal à l'aise pour le coup.

- Il arrive parfois des choses que la science n'explique pas et qu'il n'est pas nécessaire qu'on comprenne. Le petit garçon va mieux, c'est le plus important.

Et je pris une gorgée de Whisky pour me donner une contenance.

- Il n'y a rien de plus injuste qu'une maladie qui tue des enfants. Vous devez être confronté à ça assez souvent. Comment vous faites pour tenir le coup ? Vous devez forcément vous attacher à vos patients, comment vous arrivez à vous relever quand ça arrive ?

Je secouai la tête et esquissai un sourire.

- Je n'aurai définitivement pas pu faire ce métier. Je m'attache trop facilement et même si j'ai été confrontée à la mort assez souvent, j'ai toujours du mal à m'en remettre. Comment on fait pour se protéger ? Comment vous faites pour garder une distance suffisante pour ne pas sombrer ?

Je relevai les yeux sur lui. Honnêtement, je l'admirais. A sa question sur le whisky, je baissai les yeux sur mon verre et hochai la tête.

- Oui, à l'occasion. Et je l'apprécie d'autant plus quand il est irlandais. Forcément. Mais rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de continuer à boire. Je ne vous cache pas que j'apprécie une petite bière de temps en temps, avec des amis ou le soir en rentrant du boulot après une soirée chargée. Mais en dehors de ça, je ne suis pas particulièrement portée sur l'alcool non plus.
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Nick Doroty
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Angela prenait avec philosophie cette non explication de la rémission du gamin. Pour Nick, subsistait la question du comment mais il se doutait qu’il n’aurait jamais la réponse ou que Yu se cachait derrière tout ca. Peut-être que ce médecin avait aussi une véritable solution expérimentale et encore non assez concluante pour qu’elle devienne officielle. Ca restait aussi une éventualité.
Il leva son verre en guise de réponse comme s’il s’apprêtait à trinquer avec elle. Qu’importait finalement, l’enfant allait mieux.
Ses questions en revanche le laissèrent silencieux. Il prit le temps de la réflexion et son regard bleu se posa de nouveau sur son verre, le front grave.

- Non en fait on ne garde pas de distance. On s’attache quand même.

Il reporta son regard doux sur Angela avec un sourire timide.

- On n’est pas des machines. Enfin… pas moi en tous cas. Je n’arrive pas à travailler avec les enfants si je ne ressens pas un minimum d’affection pour eux. Certains ne font que passer, d’autres non. Et puis à force de les voir, de se battre pour eux, forcément… à un moment, ils sont plus que de simples patients.

Il se massa la nuque comme s’il ressentait entre ses épaules tout ce qu’il venait de dire.

- La question n’est pas de savoir comment ne pas s’attacher, la question est de savoir comment continuer, vous voyez ? C’est ca qui fait la différence de l’expérience. Ou alors… peut-être que c’est juste la Vie qui l’emporte finalement.

Sa main s’ouvrit devant lui, expression de son impuissance à pouvoir donner une réponse claire.

- Pour chaque enfant qui nous quitte prématurément, il y en a un autre qui a besoin de nous pour s’en sortir. C’est comme ca que je fais. Je respire un bon coup, j’écoute Mozart pendant deux jours, et je retourne au combat parce qu’un autre gamin a besoin de moi. C’est aussi simple que ca.

Il se tut quelques secondes et la dévisagea. Il aimait cette douceur qui émanait d’elle derrière ses allures de walkyrie. Il n’était pas dupe de l’image qu’elle se donnait mais sentait toute cette bienveillance et cette générosité qui la faisaient briller comme un soleil. Nick regrettait seulement qu’elle-même n’en ait pas conscience. Du moins, c’est l’idée qu’il s’en faisait.

- C’est comme dans la vie. Vous perdez un être cher, un autre a besoin de vous. En fait, j’vais vous dire…

Il prit un air très inspiré, très philosophe.

- Ceux qui n’ont personne dans leur vie sont ceux que je plains le plus. Parce que ceux-là n’ont aucune raison de vivre et aucune de traverser les épreuves. On ne se suffit jamais à soi-même, c’est pas vrai. Pas tout le temps.

Nick eut un petit rire sec, gêné.

- Je crois que le whisky ne me réussit pas trop...
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Angela Foster
Angela Foster
- Pourquoi ? Vos paroles sont très sensées, ce n'est pas comme si vous vous étiez mis à me raconter n'importe quoi.

J'esquissai un sourire et penchai la tête le temps de détailler son visage quelques secondes.

- Les enfants ont de la chance de vous avoir.

Je l'avais écouté, du début à la fin, sans l'interrompre, tandis qu'il m'expliquait sa façon de voir les choses, sa façon à lui de passer au dessus de tout ça. Il avait une vision des choses que j'aurais bien aimé avoir, moi aussi. Mais je ne l'avais pas. Je me souvenais de la mort de Peter, c'était la chose la plus atroce que j'avais jamais vécue. Je m'étais laissée sombrer, purement et simplement. Je lui avais promis de survivre, de continuer à me battre, mais j'en avais juste été incapable. Si David et Tom n'avaient pas été là, je n'y serais probablement plus non plus. Ils s'étaient battus à ma place et il m'avait fallu plusieurs semaines pour comprendre qu'ils avaient raison. Et encore, je n'étais toujours pas guérie. La preuve, j'évitais autant que possible de parler de lui. Pas de façon directe en tout cas. Et quand j'y faisais allusion, c'était souvent parce que ça m'échappait ou que j'avais un peu trop bu.

- Vous êtes quelqu'un de bien. Et j'aime votre façon de voir les choses.

Je pris une autre gorgée de Whisky avant de continuer.

- Quand j'étais en cancérologie, il n'y avait pas qu'à lui que l'alcool ne réussissait pas des masses, l'une des infirmières disaient toujours qu'à force on finissait par s'y habituer et que si on devait se sentir mal à chaque fois qu'on perdait un patient, on n'était pas fait pour ce boulot.

Je haussai les épaules et secouai la tête.

- Je détestais cette femme. Je n'arrivais pas à comprendre comment elle pouvait être si indifférente face à la mort de personnes qu'elle voyait toutes les semaines pendant des mois voire des années. Elle n'avait aucune compassion. Et en même temps, je n'aurais échangé ma place avec la sienne pour rien au monde. Je crois qu'elle s'efforçait de garder ses distances pour se protéger, et je la comprenais, quelque part. Mais ça la rendait presque inhumaine.

Je relevai les yeux sur lui, des yeux brillants dans lesquels on pouvait lire tout le bien que je pensais de lui.

- Vous n'êtes pas comme elle. C'est rassurant de voir que tout le corps médical ne pense pas comme elle, qu'il y a quelqu'un, auprès de ces enfants, qui s'intéresse vraiment à eux. Ils vous apprécient beaucoup, vous savez ? Ils ne cessent de me le répéter quand je les vois. A leurs yeux vous êtes une sorte de superman. Ils savent que vous ne pouvez pas tout soigner mais ils ont confiance en vous, ils savent que vous faites votre possible.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick sourit devant la remarque d’Angela et sa propension a soutenir les effets de l’alcool.

- Je suis pas assez saoul pour ne pas dire des trucs sensés, mais l’alcool me rend sentimental et philosophe. Je ne suis pas sûr que ce soit très compatible.

Son témoignage sur son bénévolat en cancérologie lui tira un hochement de tête compréhensif.

- Je vois oui. Certaines personnes ne savent pas faire autrement que d’agir sans humanité pour se préserver. Pour être honnête, je ne suis pas certain que ca fonctionne. Ca les rend juste inaccessible mais ils n’échappent pas à l’impact que peut avoir la mort d’un patient sur le service.

Il soupira et se passa une main sur le visage, las.

- En fait on devrait pousser ces gens à changer de métier ou de service. Ils n’ont rien à faire là bas s’ils n’arrivent pas à aider. Mais on manque tellement de personnel compétent que finalement on doit faire avec et on n’a pas le choix.

Il but une nouvelle gorgée de whisky qui, cette fois ci, lui arracha une grimace d’amertume. Les compliments qu’elle lui fit suscitèrent chez lui un rire sec et gêné. Il ne savait jamais comment prendre ces remarques positives. Pour lui, c’était toujours un peu embarrassant et il doutait souvent de leur bien fondé.

- Merci Angie vous êtes gentille. Je ne suis pas sûr que vous soyez bien objective mais j’imagine que c’est bien de se l’entendre dire de temps en temps. Le regard des enfants, surtout quand ils sont malades, est toujours plein d’indulgence. Ce sont ceux qui peuvent nous apprendre à pardonner parce qu’ils sont toujours les premiers à le faire, même quand vous leur faites du mal. On a beaucoup à apprendre d’eux.

Il soupira et son regard se perdit dans le vague.

- Des fois j’aimerais bien pouvoir tout soigner. Ce serait sympa….
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Angela Foster
Angela Foster
- Au moins, ça ne vous rend pas violent ! C'est déjà ça. Mais si l'alcool a un tel effet sur vous alors que vous n'avez quasiment rien bu, peut-être que vous devriez arrêter.

J'esquissai un sourire un brin espiègle et tendis la main comme pour lui retirer son gobelet des siennes. Et puis je pris un air songeur, suspendant mon geste.

- Quoique, les hommes devaient être sentimentaux et philosophes plus souvent. Ca ne leur ferait pas de mal de temps en temps. Et c'est comme ça qu'on les apprécie le plus.

Je tournai la tête vers lui et le dévisageai quelques secondes, ma main toujours à proximité de son gobelet.

- En fait, non, vous pouvez continuer !

Mon sourire s'agrandit et je laissai retomber ma main sur ma cuisse. Ouais, je le charriais, vraiment. Mais je vous dis, moi, je n'en étais pas à ma première dose de whisky. De nous deux, si quelqu'un devait s'arrêter, c'était certainement moi...

J'eus d'ailleurs beaucoup de chance qu'il ne relève pas la boulette que je venais de faire. Ou du moins, il ne me posait pas de questions, ça n'avait pas du lui faire tilt. Alcool ou pas alcool, il fallait que je fasse attention aux détails que je pouvais donner. Certains n'avaient pas d'importance, d'autres en revanche risquaient de conduire à des questions auxquelles je ne voulais ou ne pouvais pas répondre.

Je relevai sur lui un regard doux.

- Quelles raisons aurais-je de ne pas être objective ? Cela dit, je ne suis pas une de vos patientes, et je ne vois que ce que vous me montrez. Mais je me contente de répéter les paroles des enfants. Eux, je veux bien reconnaître qu'ils ne sont peut-être pas objectifs, mais la vérité sort de la bouche des enfants, il parait.

Je lui adressai un sourire et en restai là. Moi aussi, l'alcool me rendait plus sentimentale, il fallait croire. Sa dernière réflexion me laissa songeuse un instant.

- Ce serait chouette, oui. Mais vous n'êtes qu'un homme.

Dans un geste inconscient, je tendis la main pour la poser sur la sienne.

- Vous faites ce que vous pouvez avec ce que vous avez. Et c'est déjà pas mal. Beaucoup n'en font pas autant vous savez.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick devant le manège d’Angela. Cette bouteille trainait là depuis des années et attestait elle-même qu’il n’était pas grand consommateur d’alcool. En fait, si la jeune femme n’avait pas été là, elle serait encore en train de dormir dans le fond de son armoire. Cette histoire l’avait tellement intrigué que chaque fois que ses yeux se posaient sur la bouteille, l’image de ce petit garçon condamné et miraculeusement sauvé lui revenait en tête.
Il soupira pour reprendre contenance et écouter attentivement la suite.

- Vous ne me connaissez pas dans l’exercice de mon métier Angela, vous ne me voyez jamais que dans les moments où je n’ai pas d’obligations et ù je suis disponible. C’est pour ca que je parlais de manque d’objectivité. Y’a bien quelques infirmières pour me trouver irascible.

Les plus âgées ne se gênaient pas pour lui faire une remarque de temps en temps quand, piloté par la fatigue après toutes ses heures de garde, il donne ses ordres comme un petit sergent en oublié qu’il n’avait pas affaire à des soldats mais à des collègues de travail. Il avait bien conscience qu’en célibataire endurci il oubliait parfois comment se comporter avec les autres adultes en général, les femmes en particulier.

- C’est toute l’histoire de mon métier en fait. Faite ce qu’on peut avec ce qu’on a. On aimerait bien que ce soit différent des fois, juste.

Il secoua la tête.

- Regardez, depuis 2026 on aurait pu penser que le monde aurait changé, que les hommes auraient appris, qu’on aurait pu vivre mieux après le drame. Depuis ? Rien. Rien n’a changé. Plus de misère, autant de maladies et les centres de recherche s’attèlent à étudier Yu et non pas les vaccins. Vous savez combien de nouveaux médicaments sont sortis depuis la catastrophe ? j’veux dire… en moyenne on comptait une quinzaine par an de nouvelles thérapeutiques. Depuis 2026, il y en a eu 32 !... 32 !!!

Il ouvrit des yeux exaspérés. C’était peut-être rien mais ca montrait clairement que les priorités nationales avaient clairement changé. Yu était devenu leur seul centre d’intérêt.
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Angela Foster
Angela Foster
J'acquiesçai doucement.

- On a tous plusieurs masques différents qu'on adapte en fonction des personnes que l'on côtoie et des situations dans lesquelles on se trouve. C'est normal, je pense. Après, rien ne nous empêche d'en préférer un à un autre.

Mon regard se perdit dans le vague un instant. L'histoire des masques, même si je la connaissais pas trop mal, elle me venait surtout d'Alex. Ce cher Alex qui m'avait percée à jour en entrevoyant des choses que je pensais totalement disparue. Et plus j'y réfléchissais, plus je me disais qu'il avait raison. Et plus je me rendais compte qu'en fait, ce n'était pas si compliqué de laisser tomber le masque de temps en temps. Je n'avais pas la sensation de le porter avec Nick.

Je baissai la tête tandis qu'il me parlait, gravement, de la nouvelle orientation de notre monde en matière médicale, et pas seulement.

- Notre monde ne tourne pas rond.

Ca, je m'en étais rendue compte depuis un moment déjà même si j'avais longtemps eu les yeux totalement clos.

- Nos dirigeants ont l'esprit fixés sur les positifs et leurs capacités. La plupart des recherches scientifiques actuelles sont tournées autour de Yu et de ses possibilités. Je ne saurai dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Peut-être que Yu possède quelque chose qui permettrait de mettre au point des traitements révolutionnaires ? Mais je... .

Je levai les mains en signe d'impuissance. J'étais la preuve vivante que Yu pouvait faire des choses. Mais j'étais un cas à part, en quelque sorte. Je possédais déjà la mutation qui permettait à mon organisme d'assimiler Yu. Ce n'était pas le cas de tout le monde.

- ... reste sceptique. Yu a tué énormément de gens. Et ceux qui y ont survécu ne sont plus jamais les mêmes.

Je secouai la tête à mon tour, n'ayant pas tellement envie de m'appesantir sur le sujet.

- Le fait est que pendant que des gens travaillent sur Yu, des négatifs continuent de mourir de maladies qui devraient être curables depuis des années déjà. Et ça, tout le monde semble l'oublier.

Attention, sans être totalement pro-positive, j'avais toujours pensé que les Positifs étaient des gens comme nous qui n'avaient pas choisi d'être ce qu'ils étaient et qui devaient être traités comme n'importe quel négatif, humainement parlant je veux dire. Sans les mettre sur un piédestal, j'étais de ceux qui pensaient qu'ils méritaient tolérance et égalité. Je craignais que tout cela ne dégénère un jour, l'histoire était remplie d'horreurs causées parce qu'un peuple se croyait supérieur à un autre. Mais cela ne voulait pas dire pour autant que j'étais pro-Yu. J'avais été de l'autre côté de la barrière, il ne fallait pas l'oublier. Moi, je ne l'oubliais pas. J'avais été de ces négatifs malades, condamnés parce que la science n'avait pas assez évolué pour être en mesure de les sauver. A votre avis, pourquoi mes recherches ne portaient-elles pas sur Yu, comme la majorité des autres étudiants que j'avais croisés ?

- Et ce constat pourrait se faire dans tout autre domaine que la médecine. On oublie qu'il y a encore des négatifs et qu'ils ont toujours les mêmes besoins. Seulement ça, ce n'est pas dans les priorités de nos dirigeants actuels.
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick secouait la tête à mesure qu’Angela exposait son point de vue. Il le partageait tellement. Quand il s’était livré à ce sujet il n’avait pas espéré autant d’adhésion. La plupart de ceux à qui il faisait part de ses sentiments prenaient ses discours pour de l’anti-positivisme primaire. Non pas qu’il ne pensait pas que Yu et les positifs avaient pris une place prépondérante dans la société, exerçant une sorte de « hold-up » sur l’humanité, mais son souci principal était la défense de la cause négative. Pas l’opposition.
Les positifs prenaient trop de place.

- Oui… dans tous les domaines malheureusement.

Il soupira et se passa une main sur les yeux de lassitude.

- Je comprends que Yu est une véritable curiosité scientifique. Vraiment. Demain si les aliens se posaient sur terre, on aurait sans doute le même attrait vis-à-vis d’eux. Ce qui m’écœure, c’est qu’on se consacre entièrement à Lui.

Il ouvrit une main en parlant pour accompagner ses propos.

- Les arguments sont toujours les mêmes « si on trouve comment gérer Yu, alors on pourra guérir toutes les maladies, même ceux des négatifs ». C’est…

Il ne trouvait pas les mots pour exprimer à quel point il trouvait ce point de vue restrictif. Visiblement le sujet le touchait car il s’en montrait bavard.

- Dans les années 1980, les Etats-Unis s’acharnaient à vouloir guérir le SIDA. Les laboratoires ont recyclés tous leurs médicaments jusqu’ici refusés auprès de la FDA en espérant que l’un fonctionnerait pour le SIDA. Ils ont inondé le marché avec un traitement anti-cancérigène qui assommait temporairement le VIH. Ca a été une vraie catastrophe sanitaire. Quand enfin ils se sont décidés à regarder ce qui se faisait ailleurs, c’est là que ca a commencé à fonctionner. Les autres pays, l’Europe notamment, ne cherchait pas a soigner la maladie mais à guérir ses symptômes. Sur le long terme, ils ont obtenu des résultats sidérants, voire des rémissions.

Il se tourna vers Angela.

- C’est ce que je veux dire. On s’obstine à investir sur Yu pour une éventuelle guérison mais on oublie qu’en attendant des gens meurent d’une vraie maladie.

Nick s’interrompit et baissa les yeux sur son gobelet.

- Désolé. Je m’emporte des fois.

Il releva la tête et répondit à son sourire.

- Je suis content que vous compreniez ce que je veux dire. La plupart des gens détournent mes propos pour me prêter des intentions que je n’ai pas.
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Angela Foster
Angela Foster
La tête baissée sur mon gobelet, je le laissai me parler, m'expliquer, me donner son propre point de vue qui, finalement, était plutôt proche du mien. Je sais ce que vous vous dites, je prenais ostensiblement la défense des positifs, n'hésitant pas à me battre dans la rue parfois et là, je retournais ma veste ? Non, absolument pas. Pas si vous considérez que je me bats pour l'égalité, pas la suprématie de l'un ou de l'autre, non, juste l'égalité. Pour que chacun ait droit au même traitement et aux mêmes chances. Et là, favoriser les recherches sur Yu dans quelque domaine que ce soit revenait à retirer aux négatifs les chances auxquelles ils avaient droit. Vous voyez ? Quand on prend les choses sous cet angle, mon point de vue suit une certaine logique.

Quand il s'excusa, je relevai les yeux sur lui et secouai doucement la tête. Il n'avait pas de raison de s'excuser. Nous étions en train de discuter et c'était un sujet qui manifestement l'intéressait beaucoup. Ca faisait partie de la discussion, il n'avait pas à s'excuser.

Je haussai les épaules face à sa dernière remarque. Je le comprenais, oui, mais il n'y avait rien d'étonnant à ça, ses propos étaient assez clairs, non ? Sans compter que j'avais des raisons de comprendre son point de vue.

- Je vous comprends d'autant plus que j'ai été confrontée à ça. Et que ce n'est pas juste. Pourquoi, sous prétexte que nous sommes négatifs, ne bénéficierions nous pas des mêmes chances de nous en sortir que les positifs ?

Il y avait comme une sorte d'amertume dans mes paroles.

- Je crois qu'il faut continuer à faire des recherches sur Yu. Je veux dire, c'est un élément qu'on ne comprend pas encore très bien. On n'est même pas capable de le recréer. Mais s'il peut modifier l'ADN des gens comme il le fait, s'il peut en tuer d'autres, il est peut-être aussi capable de l'inverse. Prenez la digitaline. A l'état naturel, la digitale est hautement toxique, mais la digitaline entre dans la composition de médicaments qui ont fait leurs preuves. Peut-être est-ce la même chose pour Yu ?

Je soupirai et levai les mains d'impuissance.

- Il ne faut pas arrêter les recherches sur Yu. Mais tous les scientifiques ne doivent pas se focaliser uniquement la dessus. On devrait investir autant dans la recherche médicale que dans les recherches sur Yu. Pourquoi favoriser l'un au détriment de l'autre ? C'est continuer à condamner une partie de la population pour...

Pour quoi au juste ? Et si toute cette histoire ne tenait simplement qu'à une question financière ? Le premier laboratoire qui parviendrait à comprendre Yu et à l'utiliser correctement à des fins médicales serait extrêmement riche.

- ... de l'argent. Parce que c'est de ça qu'il s'agit au final. C'est toujours de ça qu'il s'agit.

Je finis par hausser les épaules et baisser la tête à nouveau.

- Et vous savez le plus triste dans l'histoire ? C'est que les laboratoires, actuellement, n'embauchent que des scientifiques qui travaillent sur Yu et ne financent que des recherches qui portent dessus. Du coup, les facs sont remplies de jeunes qui ont des projets intégrant Yu, et ce seront probablement les seuls à trouver un poste de chercheur après l'obtention de leur diplôme. Alors qu'il y en a d'autres qui continuent à travailler sur des maladies réelles, mais ceux là, ils finiront... technicien de surface ou serveurs dans un bar. Tant de travail et de volonté, pour ça.
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Nick Doroty
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Il but une petite gorgée de whisky, veillant à ne pas abuser de l’alcool. Il n’en buvait pas assez souvent pour qu’il ne lui monte rapidement à la tête. A choisir, sa passion de la boisson était exclusive au thé blanc.

- Il y’aura un moment où on se rappellera d’où nous venons. Nous les négatifs, nous portons en nous l’âme humaine. L’histoire de notre espèce depuis la nuit des temps.

C’était peut-être un peu pompeux mais de ce qu’il savait de Yu lui laissait entendre qu’il était fort possible qu’à terme, la majorité de la population mondiale sera négative.

- Un jour nous ne verrons des positifs que dans les rangs de nos armées. Je suis presque sur qu’aucun gouvernement ne prendra le risque de laisser de telles capacités, dangereuses pour la plupart, entre les mains de citoyens qu’ils ne pourront contrôler. Ou alors… nous perdrons tous notre liberté. C’est encore une éventualité…

Il pencha la tête et haussa les épaules.

- Rappelez-moi déjà en quoi consiste votre thème de recherche ? Ce n’est pas trop mon domaine et j’ai oublié, j’en suis navrée…

Ce disant il dévissa le bouchon de la bouteille et s’apprêta à resservir une autre rasade à Angela. De son point de vue, elle en avait clairement besoin plus que lui vu ce qu’elle avait vécu ce soir. Au moins, le temps qu’ils échangent quelques idées sur Yu elle oubliait son angoisse pour son ami. Une petite victoire à son actif, non ?
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Angela Foster
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Tout en fronçant les sourcils, j'arrêtai son geste en repoussant doucement la bouteille.

- Merci, mais je crois que j'ai assez bu pour ce soir. Je préférerai garder les idées claires.

J'ignorai totalement sa question à propos de mes recherches. C'était totalement impoli de ma part, j'en avais conscience, mais j'étais restée sur ce qu'il venait de dire. Il y avait quelque chose, dans ses paroles qui m'interpellaient, quelque chose que je ne comprenais pas.

- L'armée ? Vous pensez que tous les positifs devraient être intégrés à l'armée ? Mais...

Quelle drôle d'idée. J'avais du mal à comprendre comment il avait pu en arriver à penser ça. Mais je sentais que nous entrions dans un terrain glissant et je choisis mes mots avec précaution.

- Tous les positifs n'ont pas forcément envie d'intégrer l'armée. Et que faites vous des femmes ? Je ne suis pas de celles qui disent qu'une femme n'a pas sa place dans l'armée, mais elles sont encore rares, celles qui font le souhait de s'engager.

Je haussai les épaules et secouai la tête.

- Tous ne sont pas capables d'aller dans l'armée. Je veux dire, même si certains de leurs pouvoirs seraient certainement très utiles pour défendre notre pays, il y en a qui n'auraient pas assez de force mentale pour se retrouver sur un champ de bataille. Nick, mon frère était soldat, il s'est battu en Turquie, et je peux vous dire que le David qui est revenu n'était pas le David qui est parti. Et il n'a tenu que quelques années. Et pourtant mon frère avait, a toujours, un mental de soldat.

Je penchai la tête, continuant à réfléchir.

- Sans compter qu'un homme qui est contraint de s'enrôler ne fait pas un bon soldat. N'est-ce pas un peu risqué de mettre la défense de notre pays et de sa population entre les mains de personnes qui n'ont pas envie d'être là ? Et puis, que faites vous de ceux qui ont un pouvoir totalement inoffensif ? Tous les pouvoirs ne sont pas dangereux, certaines personnes soulagent la douleur, soignent, ou font fleurir les fleurs...

Ok, je ne connaissais personne capable de faire fleurir des fleurs, mais hey, avec Yu, tout était possible, il y avait certainement quelqu'un capable de le faire quelque part.

Mon regard se perdit dans le vide tandis que je ramenais ses paroles à moi. J'avais parfois tendance à l'oublier, mais je n'étais plus une négative, même si je pensais encore comme eux très souvent. Je baissai la tête et fermai les yeux, essayant d'imaginer ce que serait ma vie si je devais intégrer l'armée.

- Je n'y survivrais pas...

David n'avait jamais parlé de son expérience, mais j'étais là, le jour il était revenu, blessé à la jambe parce qu'il s'était pris une balle, avec des hématomes impressionnants sur le visage et le torse. Durant ces quelques années où il faisait partie des rangers, je l'avais cru mort plusieurs fois. Et même s'il refusait d'en parler, j'avais compris, à son silence, que l'armée, les combats, c'était bien plus proche de l'enfer que d'une colonie de vacances.
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Nick Doroty
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Nick eut un sourire triste quand elle repoussa la bouteille mais n’insista pas. Lui non plus n’avait pas envie de boire plus que de raison de toutes manières. Le but était d’offrir à Angela une parenthèse reposante.
Elle avait une vision plutôt candide des choses. Si Nick n’était pas particulièrement pessimiste ou cynique, il n’en demeurait pas moins circonspect vis-à-vis des volontés gouvernementales.

- Vous partez du principe qu’ils auront le choix, Angela, mais qu’est-ce qui vous dit que ce sera toujours le cas ?

Il inspira profondément.

- J’ai entendu parler des Candidats. Des jeunes gens exposés délibérément à Yu au risque de les tuer pour activer leurs capacités. A votre avis Angie ? Qui fait ce genre de choses ? L’Hôpital public ? Les Pompiers volontaires ? les Œuvres caritatives et les entreprises agro-alimentaires ? ou…. Que sais-je encore ? je veux dire, des institutions pour lesquelles leurs pouvoirs seraient vraiment utiles ?

Il laissa quelques secondes défiler pour qu’elle comprenne le but de sa réflexion.

- Prenons votre exemple de faire fleurir, Angela.

Nick s’en voulait de pousser son idée aussi loin, sur des pentes peu réjouissantes alors qu’elle avait besoin de sourire. Mais les méandres de la conversation les avaient mené jusqu’ici alors il ne pouvait pas reculer.

- La plupart des gens se nourrissent encore à partir de l’agriculture. Même dans notre pays. Nous ne sommes pas encore en mesure de synthétiser de quoi nourrir toute la population d’un pays sans passer par la terre. Imaginez un tel pouvoir entre des mains gouvernementales ! Vous disposez de la capacité à choisir qui doit vivre ou mourir de faim, envahir une récolte avec des fleurs ou la faire pourrir sur pied en accélérant sa maturation ?

Il soupira.

- Des têtes bien faites trouveront toujours le moyen détourné d’user d’un pouvoir, quel qu’il soit, à des fins guerrières. Un jour Angela, aucun d’entre nous n’aura peut-être plus le choix.

Il détourna les yeux et secoua la tête.

- Pire encore. Imaginez que ce Positif ait de mauvaises intentions ou une revendication personnelle. Comment pourrons-nous l’empêcher d’affamer la population ? Ne pensez-vous pas que le monde est déjà assez plein de malades et de psychopathes ? Doit-on vraiment en plus leur donner des pouvoirs ?
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Angela Foster
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Sa question me fit froncer à nouveau les sourcils. Je devais reconnaître qu'il avait raison. Rien ne me garantissait que les positifs seraient toujours libres de prendre leurs propres décisions. Mais le monde dans lequel nous évoluions, les gens étaient de plus en plus nombreux à prendre la défense des positifs, se pouvait-il que ça change un jour ?

J'allais lui faire part de mon interrogation mais il continuait à parler et la suite me laissa bouche bée. Ca pouvait passer pour de l'étonnement, j'avais de la chance, mais en réalité, je n'étais pas tellement étonnée, j'étais juste un peu anxieuse et plutôt mal à l'aise sur le coup. Angela, fait bien attention à ce que tu vas répondre à ça. Si seulement je n'avais pas bu de whisky, je pourrais être certaine de ne pas commettre d'impair !

- Mais... pourquoi voudrait-on forcer des gens à développer des pouvoirs ? Je bégayais légèrement, mais là encore, ça pouvait passer pour autre chose que ce n'était réellement, de la surprise et de l'incompréhension. Avec Yu, on n'est jamais sûr de rien. On ne peut pas savoir à l'avance quel sera leur pouvoir. Ca pourrait se retourner contre eux. On ne peut même pas être sûr que la personne survivra.

Mes pensées me ramenèrent à Alex une nouvelle fois. Il était l'un de ces candidats qui n'avait pas eu le choix. Ma situation à moi était bien différente. Cependant, les questions de Nick m'amenaient à me demander si elle l'était tant que ça, sur le fond. Je veux dire, oui, j'avais été volontaire contrairement à Alex, mais, et si mon volontariat avait été une aubaine pour ceux qui m'avaient exposée ?

Et Nick continua sur sa lancée, reprenant mon exemple de pouvoir qui m'avait semblé bien inoffensif au premier abord. Sauf que vue sous cet angle, il n'était pas si anodin. Et plus il avançait dans son explication plus mon visage se décomposait. J'avais toujours été tellement tenue à l'écart de ces préoccupations, je n'avais jamais cherché à réfléchir plus loin que ce que je pensais savoir. Mais je comprenais maintenant pourquoi Alex se battait, pourquoi il avait réagi de la sorte en apprenant pour moi.

- Si ces hommes qui ont déclenché l'accident de métro n'avaient pas eu de pouvoirs, les choses auraient été très différentes. La rame n'aurait pas déraillé...

Je relevai les yeux sur Nick.

- C'est assez angoissant. Vous pensez vraiment que ça pourrait se passer comme ça dans l'avenir ? Que les gouvernements se constitueraient des armées de positifs ? Ce serait...

J'avais du mal à imaginer ce que ça pourrait être. Mais une chose était sûre, ça ne sentait pas bon.

- Mais tous les positifs ne sont pas armés de mauvaises intentions. Certains se contentent juste de faire au mieux avec le pouvoir qu'on leur a donné, de vivre avec malgré tout ce qu'ils doivent endurer. Beaucoup n'accepteraient jamais d'être utilisés comme des armes. Ils continueront à se battre pour garder leur liberté. Et de plus en plus de négatifs les soutiennent. J'ai l'impression que nous sommes plus dans une démarche inverse actuellement qui tendrait plutôt à libérer les positifs qu'à les entraver. La tendance pourrait-elle s'inverser ?
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Nick Doroty
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Angela était tellement confiante en l’avenir que ca lui donnait le sourire. Il s’en voulait de se montrer si négatif, lui. Peut-être qu’à force de côtoyer la maladie il avait du mal à voir le meilleur dans le futur de l’humanité.

- Pourquoi obliger les positifs à développer leur pouvoir ?... Pour les mêmes raisons qui ont toujours poussé les hommes à être mieux armé que leurs voisins. Que Yu fassent des morts ? Juste un pourcentage de pertes mineures. Que des positifs fassent des morts ? Juste un pourcentage négligeable de dommage collatéral !

Nick secoua la tête doucement.

- Je suis pas un complotiste. J’ai pas vocation à croire que nos gouvernements nous manipulent et nous mentent constamment. Juste… je me contente de me tourner vers le passé et de regarder derrière nous. Nous avons déjà commis tellement d’horreurs au nom de causes nobles.

Il reposa son gobelet sur son bureau à proximité et croisa ses doigts sur ses cuisses.

- Beaucoup de positifs ont sans doute de bonnes intentions, oui. Du moins, j’ai très envie de le croire. Mais je suis pas aussi confiant que vous sur leur capacité à se défendre vraiment. Je veux dire… il est tellement facile de manipuler des gens déjà incertains ou en souffrance. Offrez leur un beau discours, promettez leur que l’avenir de leurs comparses, ou mieux, de leurs enfants, sera meilleur s’ils font ci ou ca… combien sont assez forts pour résister ? Moi-même je suis pas sûr d’y arriver. Et puis saupoudrez ce genre de beaux discours avec quelques sourires et un soupçon de mensonges… et voilà ! Vous avez à votre disposition autant de Positifs que vous le voulez.

Il ouvrit les mains en signe d’impuissance.

- Je ne suis pas sûr que « libérer » les positifs comme vous dites, nous amène un monde meilleur du coup. Notez que j’ai pas l’impression qu’ils soient « enfermés » non plus. Voyez ces malades qui pensent qu’ils sont l’avenir de l’humanité ! comment ils ont fait entendre leurs voix ? en faisant des morts. Encore…. Comme si on n’en avait pas eu assez depuis 2026.

Nick pencha la tête et eut un sourire timide.

- J’aime bien croire que quand on sera capable de construire un monde bon pour les plus fragiles d’entre nous, alors il sera bon aussi pour les plus forts. Si on prend soin des négatifs, alors les positifs trouveront tout naturellement leur place. Qu’ils arrêtent de revendiquer constamment pour eux-mêmes, égoïstement, et qu’ils commencent à réfléchir un peu à ce qu’il reste aux négatifs. Je suis sûr qu’ils verraient ce que ca peut aussi leur apporter.
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Angela Foster
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Les raisons qu'on pouvait avoir d'exposer les gens me firent écarquiller les yeux. Surtout quand Nick appuya sur le fait qu'ils se moquaient bien des dommages collatéraux.

- C'est considérer des gens comme de la chaire à canon ! Je n'arrive pas à croire qu'après tout ce que l'Histoire nous a enseigné, des hommes soient encore capables d'en sacrifier d'autre pour leur permettre d'aller plus haut.

J'avais dit ça d'un ton amer, presque déçu. J'avais un énorme défaut, j'étais une incorrigible optimiste. Et j'avais confiance en l'être humain. Trop. Quoiqu'il arrive, je me disais toujours qu'il y avait forcément du bon en chacun. Et je m'accrochais, vaille que vaille, à cette idée. C'était pour ça que je n'arrivais pas à détester Garin, même après tout ce qu'il m'avait balancé ce soir. Je ne voulais plus le voir, je ne voulais plus jamais avoir à faire à lui, mais je savais que s'il revenait vers moi, je lui pardonnerai. Je ne pouvais pas faire autrement.

Plus j'écoutais Nick parler et plus je déchantais, clairement. Tout simplement parce que tout ce qu'il me disait, même si je refusais de croire que les choses en arriverait à une telle extrémité, toutes ses paroles, ses hypothèses, sa façon de voir les choses, tout ça avait du sens. Et il n'était pas impossible, malgré tout que ça se passe vraiment comme ça. J'acquiesçai doucement, mon regard se perdant dans le vague.

- Si c'est vraiment ce qui nous attend, je ne suis pas certaine de vouloir voir ça.

Je baissai les yeux sur mon gobelet et me mis à faire tourner le reste de whisky qu'il y avait, dans un geste compulsif. Nick, néanmoins, terminait son discours sur une note un peu plus optimiste et je relevai les yeux sur lui.

- Que les positifs trouvent leur place ? C'est ce qui serait le mieux. C'est certain. Mais croyez-vous vraiment qu'ils la trouveront cette place ? Vous savez, ils se battent pour eux, c'est certain. Mais il ne faut pas oublier que les négatifs possèdent encore des droits fondamentaux auxquels les positifs ne peuvent pas prétendre actuellement : Aimer, se marier, fonder une famille. Comment pourraient-ils trouver leur place alors qu'on leur refuse ce à quoi rêve tout être humain un jour ?

Je secouai la tête, impuissante.

- Comment voulez-vous qu'ils trouvent leur place alors qu'on refuse de les traiter à égalité avec les négatifs. Je veux dire, bien sûrs qu'ils ne sont pas égaux, ils ont une mutation génétique qui leur donne un pouvoir plus ou moins dangereux qu'ils contrôlent plus ou moins bien. Mais ils ne l'ont pas demandée, cette mutation. Ce qu'ils voudraient, eux, c'est qu'on arrête de les stigmatiser en tant que positifs et qu'on les traite comme des humains, tout simplement. Comment leur en vouloir ? Ils ne devraient pas avoir moins de droits que les négatifs. Pas plus non plus, sinon, ce ne serait vraiment pas juste. Vous avez raison, si le monde permet aux négatifs de vivre bien, alors ce sera le cas également pour les positifs, à conditions qu'ils soient égaux en droits et en devoirs.

J'adressai un sourire à Nick et levai mon gobelet à hauteur des yeux.

- Je crois que j'ai définitivement trop bu pour ce soir. Ca me rend philosophe, et je n'ai jamais été bonne en philosophie. Je ferai mieux de m'arrêter là.

Et je posai le gobelet sur son bureau, comme si je ne voulais pas être tentée de le terminer.

- Quoiqu'il en soit, j'aime votre façon de voir les choses. Il faut continuer à croire que le monde meilleur dont nous rêvons finira par arriver. Si on cesse d'y croire, alors il n'aura plus aucune chance.

Qu'est-ce que je vous avais dit, hein ? Incorrigible optimiste !
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Nick Doroty
Nick Doroty
Nick écouta Angela avec attention. Là-dessus, elle avait raison, actuellement les décisions politiques allaient plus dans un sens de stigmatisation que de valorisation des négatifs. La stigmatisation attise les rancœurs et pousse à la révolte. Et qui paiera les pots cassés ? Les négatifs, encore.
Il hocha la tête.

- Vous avez raison, actuellement ils n’ont pas les mêmes droits que les négatifs. C’est une erreur stratégique je pense. On accentue les différences et donc on favorise les revendications... et on voit où ca nous mène parfois…

Il garda un silence contemplatif pendant quelques secondes, perdu dans ses pensées. Finalement, quoiqu’on en dise et quelles que soient les intentions, tout revenait toujours autour des mutants. Ils avaient cette faculté à accaparer le quotidien et les sujets même les plus banals.
Las, il soupira et sourit à Angela quand elle reposa son verre.

- C’est peut-être pas le bon moment pour boire. Vous êtes inquiète et en plus je vous remplis la tête de pensées pas vraiment joyeuses.

Il se leva puis de son bureau passa un coup de fil. Visiblement, il prenait des nouvelles du bloc et de l’avancée des soins pour Tom.
Quand il raccrocha il se tourna vers la blonde.

- Il est encore en salle d’opération mais ils devraient bientôt avoir fini. Ils vont lui attribuer une chambre. Vous voulez rester ? Il a de la famille à prévenir ?
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Angela Foster
Angela Foster
J'acquiesçai doucement. Encore une fois, Nick et moi étions d'accord. C'était marrant, enfin, étonnant plutôt, parce que le sujet des mutants avait tendance à exacerber les passions, les gens n'étaient pas d'accord les uns avec les autres et l'exprimaient clairement. Ca donnait souvent lieu à des conflits de plus ou moins grande envergure. Mais nous deux, non. On semblait plutôt sur la même longueur d'ondes, même s'il y avait certainement des petites choses sur lesquelles nos opinions divergeaient. C'était chouette, quelque part, de voir que j'étais encore capable de discuter avec quelqu'un sans lui donner envie de me sauter à la gorge toutes les trente secondes. Ces derniers temps, ça avait été plutôt rare.

- Non, ne vous en faites pas, ce n'est pas grave. Ca m'aura au moins permis de penser à autre chose pendant quelques instants. Ca fait du bien.

Je lui adressai un sourire rassurant avant de le suivre du regard tandis qu'il se rapprochait de son bureau. Bon, ok, dans le genre sujet pour se changer les idées, on avait vu clairement plus joyeux. Mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. Le fait de réfléchir à un sujet aussi sérieux m'avait empêchée de trop penser à Tom et de culpabiliser aussi parce que je ne pensais plus à lui.

- Je crois que je vais rester, oui. Il va avoir besoin de quelqu'un auprès de lui quand il se réveillera.

J'étais crevée, mais je n'avais pas envie de le laisser seul. Je n'avais pas envie qu'il se réveille tout seul dans une chambre d'hôpital en se demandant ce qui s'était passé. Quant à ses proches, j'avoue que je n'y avais même pas pensé sur le coup.

- Il faut que je prévienne ses frères et sa fiancée. Bon sang, comment je vais leur expliquer ça ?

Je posai mes coudes sur mes genoux et pris ma tête entre mes mains. Merde, qu'est-ce que j'allais leur dire ?
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Nick Doroty
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La situation n’était pas simple pour elle, Nick en avait pleinement conscience. Difficile avec les addictions de préserver l’entourage et celui qui faisait office de messager était souvent celui qui récoltait les déceptions et les interrogations. Un rôle qu’il ne connaissait que trop bien finalement.

- Si vous voulez de l’aide Angela, je peux vous aider. Ca leur sera peut-être plus facile de l’entendre de la bouche d’un médecin que de la vôtre… je ne sais pas…

Il soupira et réfléchit

- Je peux me renseigner dès que mes confrères seront sortis du bloc pour avoir assez d’informations médicales pour répondre à leurs questions. Ce sont des moments difficiles et malheureusement j’y suis un peu plus habitué.

Il ne pouvait pas vraiment faire grand-chose de plus et se sentait assez démuni. La vache, la situation était la pire qu’il avait imaginée pour retrouver Angela. Dans son optique, et bien qu’il soit assez dépourvu d’imagination, il imaginait plutôt des rencontres divertissantes et légères, plus orientées câlins que gadins !

- Je pense qu’ils vont quand même le garder en soins intensifs pendant quelques jours s’il a eu un trauma crânien. Il va nous faire un gros dodo de deux ou trois jours, il ne va pas être très causant, il ne faudra pas vous inquiéter.

Nick se rapprocha d’Angela et s’assit de nouveau sur sa chaise mais tourné face à elle cette fois ci.

- Ca ira… tout ira bien maintenant, lui dit-il dans un doux sourire confiant.
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Angela Foster
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Je relevai les yeux sur Nick, ramenant mes cheveux en arrière dans le même geste et secouai la tête.

- C'est gentil, merci, mais c'est à moi de leur apprendre, je crois.

Il était adorable, vraiment, et il me donnait très envie de céder, de le laisser prendre les choses en mains et de me reposer sur lui. Mais je me sentais coupable pour Tom et je voulais faire amende honorable en parlant moi-même à ses proches. Et même temps, ce n'était pas juste pour lui, non ? Ce n'était pas parce qu'il avait l'habitude d'annoncer des mauvaises nouvelles que c'était obligatoirement son rôle. Il en annonçait déjà beaucoup trop. Encore une chose pour laquelle je me demandais comment il arrivait à tenir.

- Mais peut-être que vous pourrez répondre à leurs questions d'ordre plus médical, oui. J'ai peur de ne pas être en mesure de pouvoir les rassurer.

Je connaissais ses frères et sa fiancée, et si cette dernière ne cacherait pas son inquiétude, ça ne serait pas le cas de Dean et de Samuel. En particulier Dean. Il se contenterait de poser des questions auxquelles il attendrait une réponse claire et honnête que je ne serais pas en mesure de lui fournir.

Je tentai de répondre à son sourire par un des miens. Et je me rendis compte que finalement, ce n'était pas si difficile. Vous voulez mon avis ? Ce n'était pas un excellent médecin parce qu'il soignait les maladies ou les bobos, il l'était certainement surtout parce qu'il rafistolait les âmes. Enfin, façon de parler.

- Je vous crois.

J'en avais très envie. Mais il avait raison. Les choses iraient mieux maintenant. Les tuiles, on a parfois l'impression que ça nous tombe toujours dessus, mais au fond, est-ce que c'est pas juste une question de volonté ? Si on a la volonté que les choses aillent bien, alors elles iront bien, non ?

- Je ferais mieux de vous laisser. Il y a certainement d'autres personnes qui ont besoin de vous et j'ai la sensation d'avoir abusé de votre temps.

Joignant le geste à la parole, je me levai de ma chaise.

- Merci pour tout, Nick.

Un de ces jours, il faudrait que je trouve une façon de le remercier bien meilleure que celle-là.


[HJ, c'est bon pour moi. Et j'ai déjà l'idée pour le remercier comme il se doit, t'es dispo pour enchaîner ? :p]
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