[CLOSED] [Ulysse/Maddie] Après la déprime, la dépense.

Elle en avait oublié Maybel. Complètement ! Mais pour l'heure, elle se laissa happer par le moment et pour une fois, Ulysse ne pu ressentir aucune résistance, réticence ni rien du tout. Elle était dedans, pour une fois et concentrée. Dommage. Elle leva le menton pour l'aider à explorer le plus possible. Elle le serrait contre elle le plus possible, cette fois, c'était elle qui le tenait, d'une certaine manière. Oh et elle profitait à fond, il n'y avait aucun doute là-dessus. C'était mal, elle le savait mais son cerveau refusait de raisonner convenablement.

Alors quand Maybel entra, elle ne l'entendit même pas. Pas la première fois. Le souffle d'Ulysse dans son cou la rendait sourde. Le claquement de porte aurait pu être n'importe quoi qu'elle venait de faire tomber à cause d'un geste brusque pour revenir l'embrasser avec force. Mais au deuxième coup, elle l'entendit, ou plutôt, Ulysse s'écarta un peu violemment et elle tourna la tête vers la porte de la cuisine.

Dans un juron dissimulé, elle sauta du plan de travail en se laissant glisser et se dépêcha de remettre son chemisier en place, un bouton qui avait sauté puis d'une rapidité extrême tellement elle tremblait, elle cacha ses cheveux en bataille dans une queue de cheval avant de se retenir de tomber au plan de travail avec un grand sourire à la Maybel qui s'apprêtait à entrer. Une main sur le plan, l'autre à la hanche, elle faisait le portrait d'une scène où deux protagonistes discutaient palabres et travail devant un café... Les joues rouges et le coeur battant à se faire entendre à l'autre bout de l'appartement. Sans parler de la respiration qui soulevait sa poitrine.

Foutue Maybel.

Ulysse n'était pas en meilleur état. Il se mordit méchamment la lèvre en se détournant afin de se réajuster le mieux possible. Il se sentait tendu et un peu trop bouillant pour être innocent. A cet instant il détestait sa soeur. D'ailleurs s'il avait pu, il l'aurait fait disparaitre par une trappe la conduisant vers un oubliette très profond dans lequel elle serait restée le temps de...

"Maybel !"

Il l'accueillit d'un grand sourire, une main appuyée contre le frigo, l'autre à sa taille.

"Alors cet oiseau ?"

Elle ouvrit la bouche pour répondre et les regarda l'un et l'autre avant de froncer les sourcils. Elle était juste sur le pas de la porte de la cuisine.

"Bon, quoi."

Elle croisa les bras.

"Nan franchement, quoi ? Y a un truc pas clair je veux savoir."

Ulysse ouvrit de grands yeux innocents.

Et Maddie l'imita. A ce moment précis, Maybel voyait double.

_ Quoi ! Qu'est-ce qui est pas clair !

Si elle lâchait le plan de travail, elle tombait. Littéralement. Sa main tremblait sur le bord et elle avait les dents serrées. Elle se demanda ce qui la retenait de sauter sur Ulysse même avec Maybel dans la pièce. Mais elle se contenta de sourire.

_ C'est chez toi qu'il y a un truc pas clair.

Et Ulysse de renchérir.

"Ouais, c'est toi le truc pas clair !"

Oui, digne de la répartie d'un gamin de 15 ans mais il n'y pouvait rien. Il était trop occupé à empêcher ses yeux de lorgner sur le décolleté de Maddie.

Maybel se mit à compter sur ses doigts.

"D'abord vous souriez comme deux tartes, ensuite vous avez le souffle court ! Et puis vous avez le visage rouge et ensuite vous...."

Elle écarquilla les yeux comme Willow dans Buffy qui venait de comprendre quelque chose d'essentiel en agitant l'index dans leur direction.

"HAN ! Vous.... Vous !!!"

Ulysse essaya de rester de marbre et de lui lancer un regard neutre.

"Quoi nous ?"

Bon, maintenant que Maybel se doutait de quelque chose, ils pouvaient reprendre là où ils en étaient ? Il avait très envie de la faire de nouveau monter sur ce plan de travail. Il avait aussi très envie de la sentir vibrer de nouveau.

Bon, stratégie. Stratégie !!! Elle haussa les sourcils.

_ Bah oui, nous quoi ?!

Elle se regarda de haut en bas, perplexe.

_ J'ai du persil entre les dents ?

Mais ce que Ulysse ignorait, c'est qu'elle vibrait toujours. Limite on aurait cru à un portable posé sur la table en train de recevoir un appel. La sonnerie en moins.

_ On discute, oui, comme d'habitude.

Elle se gratta le cou et en tournant la tête, son regard se posa sur le pot d'ustensiles qu'elle avait fait tomber quelques minutes plus tôt. Elle en déglutit assez lourdement pour que ça s'entende.

_ Bon ! Je vais aller finir de me préparer, moi.

Elle se racla la gorge et se redressa en s'humectant les lèvres avant de donner à Maybel un sourire absolument GIGANTESQUE !

Il y avait chez un homme des détails qui ne trompaient pas. Ulysse se concentra pour ne pas donner à sa soeur des raisons de confirmer ses soupçons. Mais la chose n'était pas facile car il avait sans cesse en tête la sensation des lèvres de Maddie sur les siennes.

"Bonne idée ! Moi aussi"

Il se détourna et vit les ustensiles par terre. Il soupira et se frappa le front.

"Quel maladroit, je crois que je vais arrêter de faire la vaisselle"

Il jeta un coup d'oeil vers Maybel accompagné d'un sourire tout aussi laaaaaaaarge que celui de Maddie. Il se baissa donc pour les ramasser, un couteau ayant glissé vers les jambes de Maddie. Il se déplaça accroupi jusqu'à elle et lui frôla la cheville de la main

"Pardon!"

Il eut très envie de l'agripper pour la faire glisser à terre et l'allonger sur le sol pour revenir l'embrasser sans plus la laisser s'échapper.
Maybel regardait leur petit manège avec les yeux tellement plissés qu'ils ressemblaient à deux fentes.

"Humph! Vous me prenez vraiment pour une nouille."

Mais elle n'avait aucune certitude. Elle n'insista donc pas et se contenta de répliquer sur un ton un peu hautain.

"Vous serez certainement RAVIS d'apprendre que l'oiseau n'était PAS mort. Juste sonné. Il est reparti au bout d'un petit moment."

Elle se détourna d'eux. Ulysse en profita pour lancer un regard en direction de Maddie et se mordit la lèvre. Il était sur les braises et son expression le retranscrivait parfaitement.

Elle sursauta et se décala pour le laisser ramasser le couteau puis elle porta son poing à ses lèvres pour tousser.

_ Oh, c'est vrai ? C'est chouette ça !

Elle rit à nouveau.

_ Oui, Gros Cul Maladroit a beaucoup de mal avec la vaisselle, il ne sait même pas la faire sans se mettre de la mousse sur le nez. Vraiment pas bon à marier.

Quand Maybel se détourna, Maddie regarda Ulysse avec l'envie presque vitale de lui fondre sur les lèvres. Elle fit même un pas vers lui, les yeux baissés et elle haussa les sourcils avant de les relever sur lui. Elle déglutit et se racla à nouveau la gorge avant de détaler comme un lapin vers la chambre.

_ Je vais m'habiller !

Et il la regarda s'éloigner la mort dans l'âme. Si seulement il pouvait la suivre.... Mais Maybel avait braqué son regard aiguisé sur lui comme pour lui signifier qu'elle ne raterait pas un battement de cil de sa part. Il lui sourit donc de toutes ses dents et finit de ramasser les couverts avant de revenir à sa vaisselle en sifflotant.

Maybel pencha la tête pour vérifier que Maddie était bien dans la chambre avant de braquer son attention sur son frère. Elle fondit sur lui comme la misère sur le pauvre monde.

"Allez on est tout seuls. Avoue"

Elle laissait courir ses doigts sur les verres fraichement lavés.

"Avouer quoi ?"

"Tu l'as embrassée pas vrai ?"

Il secoua la tête.

"N'importe quoi. C'est ma partenaire et c'est comme une soeur pour moi. Je te roule des pelles peut-être ?"

Elle grimaça.

"Beurk quelle horreur, non."

"Bon alors"

Il lui gicla un peu d'eau au visage pour l'éloigner.

"Tu lis trop de trucs à l'eau de rose, Maybel. Tu ferais mieux de te trouver un copain"

La jeune femme bredouilla en rougissant.

"Oui bah hein, j'essaie."

Il haussa un sourcil. Mode frère on.

"Ha oui ? Comment ça ?"

Mais Maybel se sauva avant de devoir raconter quoi que ce fut.

"Faut que j'aille m'habilleeeer !"

Maybel trottina jusqu'à la chambre et y entra en refermant la porte derrière elle.

Maddie était VAUTREE dans son lit avec la furieuse envie de hurler en même temps que dormir. La tête sous les coussins, elle faisait l'autruche. Pourquoi faire s'habiller ? Elle était déjà habillée. Quand elle entendit la porte se refermer, elle sursauta et se redressa, les yeux ronds. Elle pria pour que ce soit Ulysse mais... Non. La déception pu presque se lire sur son visage et la comédie pu reprendre.

_ Je trouvais plus mon soutien gorge !

Elle fit mine de se réhausser la poitrine dans un grand sourire.

Puisque le stratagème de tirage de nez n'avait pas fonctionné avec Ulysse, Maybel était bien décidée à faire de Maddie sa nouvelle cible. Bras croisés, elle avança vers elle d'un pas tranquille mais conquérant.

"Un soutien gorge mmmh ?"

Et elle finit par sauter sur le lit comme une gosse qui trépigne.

"Allez avouuuuuue ! Mon frère t'a embrassé pas vrai ?!"

Maybel ne pensait à rien de plus, elle était loin de se douter qu'il avait fait plus que l'embrasser ! Elle n'imaginait pas d'ailleurs que son frère puisse faire quoi que ce soit comme un homme. C'était son frère !

De son côté, Ulysse n'aima pas du tout que Maddie et Maybel se retrouvent enfermées dans la chambre toutes les deux. Il connaissait la petite fouine qui partageait un patrimoine génétique avec elle et se doutait bien qu'elle allait harceler sa partenaire.

"Maybel fout lui la paix !"

Il avait parlé assez fort pour se faire entendre. La concernée tourna la tête vers la porte et baissa le ton en même temps que la tête.

"Allez je dirai rien."

Maddie se remettait doucement mais sûrement et rien qu'à la voix d'Ulysse, elle grinça des dents. Elle se leva du lit pour chercher une veste à se mettre.

_ Je vois vraiment pas pourquoi tu penses ça, il ne m'a pas embrassée, non... Beurk.

Elle tourna la tête vers elle en grimaçant. Et elle ne mentait pas. S'il n'avait fait que l'embrasser... Il avait fait tellement plus que ça, à tel point qu'elle avait l'impression d'une marque rouge sous son chemisier, là il avait passé la main. Ca et le reste.

_ C'est mon partenaire, tu t'imagines ? Faudrait que je bosse avec et tout. Non franchement, d'où est-ce que tu sors une idée pareille !

Et elle rit en sortant une veste de son placard.

"Hé bien..."

Elle se laissa rebondir pour s'asseoir sur le bord du lit, mimant avec ses mains.

"C'est un homme, toi une femme...."

Elle réunit ses mains.

"Au final, ça peut coller !"

Elle la regarda faire d'un oeil critique.

"Le boulot franchement c'est un détail"

Ulysse bouclait ses affaires et releva la tête vers la chambre pour apostropher de nouveau sa soeur.

"Maybel tu as encore 30 secondes !"

La dite Maybel écarquilla les yeux et sortit du lit pour aller se changer en quatrième vitesse.

_ Oui seulement il n'y a et n'y aura rien entre Ulysse et moi parce que... Et bien je suis fiancée.

Mensonge.

_ Qu'il ne me plait pas du tout.

Re mensonge.

_ Et puis... Bon d'accord !

Elle se tourna vers elle en roulant des yeux.

_ Mais ne répète pas d'accord ? J'ai fait promettre à ton frère de ne rien dire.

Elle se pencha vers elle, d'un air expert en enfilant sa veste.

_ Je me suis bêtement étouffée. Mais vraiment bêtement, tu vois ? Je veux pas te dire pourquoi ni comment et encore moins avec quoi. Et donc, ton frère m'a sauvé la vie. Ca me mettait dans une situation de faiblesse, tu vois, alors euh... Je lui ai demandé de rien dire et juste à ce moment là, tu es rentrée. Ne le dis à personne, hein.

Mouais. Maybel la regarda d'un air suspicieux. Mais ça pouvait marcher comme explication. Aussi préféra t-elle ne rien répliquer. Elle sautilla vers la porte tout en enfilant ses chaussettes.

"Oui ! C'est bon !"

Elle tourna les yeux vers Maddie en se raclant la gorge.

"Tu es prête ?"

Elle se sentait un peu penaude d'avoir eu de telles pensées. A bien y penser, s'imaginer Maddie et Ulysse ensemble c'était vraiment ridicule. Et si son frère avait raison ? Si Maddie était un peu comme une soeur, une nouvelle soeur dans leur éternel duo ? Cela la fit sourire.

De son côté, Ulysse était prêt. Il commençait à s'impatienter. La journée au boulot s'annonçait longue et il se demandait comment il allait tenir pendant des heures durant près d'elle sans pouvoir la toucher. Il inspira à cette pensée et se passa la main sur le visage.

"Allez les filles, on va être en retard"

_ Ca va, ça va, je viens !

Elle sortit de la chambre en trombe avant de se planter devant Ulysse, Maybel dans le dos.

_ Ta soeur m'a forcée à le dire. J'ai dû lui dire que je m'étais étouffée en voulant jouer à "Qui veut gobber du pancake".

Elle prit une mine pleurnicharde.

_ Je me sens tellement stupide !

Et elle couru contre Ulysse pour se plaquer contre lui en faisant mine de pleurer mais ses mains se portant sur ses fesses. La journée s'annonçait longue oui mais elle en riait d'avance. Par ailleurs... Elle se fichait de la frustration d'Ulysse... Ca calmait la sienne. Plus il était frustré, plus elle s'en nourrissait ! C'était le seul moyen de faire passer son côté "femelle en chaleur". Ce qui expliquait pourquoi elle arrivait pas à se retenir. Elle se demanda bien d'où cette tare pouvait bien lui venir. De son père. Assurément.

Ulysse ouvrit la bouche et la referma aussitôt avant d'écarquiller les yeux lorsqu'il la reçut dans les bras. La suite à savoir ses mains sur ses fesses n'était pas triste non plus. Il inspira profondément pour ne pas réagir au quart de tour. Pourtant il eut du mal à déglutir. Elle le cherchait. Elle le cherchait et dès qu'ils seraient seuls elle allait sacrément le trouver !!
Il referma ses bras autour d'elle d'un air très inoffensif avec un sourire carnassier.

"Je t'avais dit de ne pas manger si vite. Il ne faut jamais être trop gourmand"

Maybel enfila ses chaussures en les ignorant à moitié.

"Je pense ne pas rentrer ce soir, Ulysse. Je vais dormir à l'Underground."

Il jeta un coup d'oeil intéressé en direction de Maddie qu'il tentait d'éloigner de lui.

"Ha bon ?"

"Oui je dois voir des gens"

Il se gratta la tête en prenant l'air le plus neutre possible.

"De toutes façons on avait prévu de travailler tard, pas vrai Maddie? "

Quand Maybel parla de dormir à l'Underground, Maddie se retourna en fronçant les sourcils, Ulysse n'eut même pas la peine de l'écarter, elle le fit toute seule.

_ A l'Underground ? Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Dormir en plus mais tu vas dormir chez qui ? C'est qui les gens que tu dois voir ?

La question d'Ulysse lui fit l'effet d'un coup de coude dans les côtes et elle eut du mal à comprendre. Elle le regarda un instant, la bouche ouverte avant de gonfler les joues et d'acquiescer.

_ Ah ! Oui, sur le...

Elle se racla la gorge en regardant Maybel.

_ Oui, bien sûr. Le travail. Ce truc qu'on fait tous les jours, oui.

Elle fronça les sourcils et pencha la tête en regardant à nouveau Ulysse.

_ Chez toi ou chez moi ? Parce que je me disais que bosser au boulot, c'était pas.... Enfin...

Elle ouvrit les mains.

_ Vu qu'on a le choix et puis le boulot, le café est pas le même et on a pas de musique en dehors de celle du peep show dans la rue d'à côté. On devrait faire fermer ce genre d'endroit, tu imagines ? En pause déjeuner, le nombre de mecs qui y vont en se disant "Je vais m'en tailler une petite histoire de bien digérer !"

Et elle eut un grand sourire.

_ Enfin bref.

Elle acquiesça et alla récupérer ses clés, cartes et compagnie puis elle tapota l'épaule de Maybel.

_ Va donc à l'Underground. Tu nous raconteras en rentrant ! Pas trop tôt, bien sûr. Tard, je veux dire. Parce qu'il est hors de question que tu dormes là-bas, pas vrai ?

Sur une échelle de un à dix... A combien s'élevait la crédibilité de Maddie ?

Maybel haussa un sourcil avant les froncer. Qu'est ce qui lui prenait ? Elle avait vraiment un comportement étrange.

"Maddie, tu ne savais pas que j'ai une chambre à l'Underground ? Maze la laisse à ma disposition quand j'ai la flemme de rentrer à l'appartement. J'aime pas traverser la Ville Basse la nuit."

Elle jeta un coup d'oeil à son frère.

"Tu lui avais pas dit ?"

Ulysse soupira et se gratta le bras.

"Je m'en souviens plus"

Maybel poursuivit.

"Comme je sais que vous avez souvent du boulot ça m'évite soit de rester toute seule à causer au mur soit de vous entendre ressasser vos histoires de dossiers. J'y comprends jamais rien et puis, franchement, c'est chiant."

Elle enfilait ses chaussures tout en parlant.

"Alors ce soir avec Maze, Jimmy et les autres on va se regarder un match de football. J'y comprends rien mais y a toujours des chips et rien que pour ça je reste. Ha et aussi pour me moquer quand leur équipe préférée perd. Je coure vite maintenant pour éviter de finir la tête sous l'eau"

Elle pouffa de rire alors qu'Ulysse plissait les yeux en croisant les bras.

"Donc tu ne rentres pas ce soir, tu es sure de toi ?"

Elle se releva d'un petit bond.

"Non merci ! Pas envie de vous entendre chuchoter sur des trucs -elle marqua les guillemets de ses doigts - top secrets"

Ulysse la poussa dans le dos vers la porte en attrapant sa veste.

"En tous cas allons y ou on va être en retard"

Il jeta discrètement un regard à Maddie et lui effleura la cuisse en passant près d'elle comme si de rien n'était. Puis il referma la porte derrière eux, essayant de trouver la motivation de passer une journée de boulot à côté d'une Maddie qui savait d'un regard mettre le feu aux poudres.

***

La matinée avait été longue, très longue. C'est fou ce que le bureau pouvait contenir comme renfoncements et autres local à balais qui semblaient tous fort tentants à essayer. Ulysse choisit d'éloigner sa chaise de celle de Maddie lorsqu'ils tapaient le rapport de conclusion d'une affaire d'homicide involontaire. L'effervescence du matin était un peu retombée et Ulysse se sentait l'esprit plus clair. Pourtant en homme bien constitué il repensait assez souvent à leur petite entrevue dans la cuisine.

Lorsqu'Edison leur confia un nouveau dossier, Ulysse fut assez content de bouger un peu des locaux du FBI. Il saisit le dossier et l'ouvrit, assez haut pour que Maddie ne puisse pas lui prendre des mains. Il acquiesçait de la tête d'un air fort sérieux.

"Mmmh ! Intéressant ! Mmh mmh vraiment très intriguant"

Puis lorsqu'il eut finit de lire, il tendit le dossier à Maddie avec un grand sourire très content de lui.

"Je propose que nous allions rendre visite à ce Mr Sax. Puisque Mr Jefferson était célibataire je suppose que son associé doit être le plus peiné de sa disparition."

Le dossier ne comprenait pour le moment que la déposition de l'entreprise Sax & Jeff Associates, un cabinet d'avocats du nord de Megalopolis. Mr Jefferson, un associé principal du cabinet était manquant à l'appel depuis maintenant 5 jours. La police avait été envoyée à son appartement et il y avait non seulement trace d'une effraction mais plusieurs résidus de sang dans la salle de bains et la chambre de l'habitant des lieux. Le labo n'avait pas encore déterminé si le sang était celui de Mr Jeff ou celui de son éventuel aggresseur.

Ulysse prit la direction de la sortie en compagnie de Maddie, les mains dans les poches et le regard droit devant lui. Une nouvelle affaire lui occuperait certainement l'esprit un petit moment, suffisamment pour qu'il arrête de lorgner vers son décolleté.

"Nous savons que Mr Jefferson est un homme qui pèse très lourd. Je parle évidemment de son compte en banques. Selon les relevés des impôts de l'année passée, Jefferson a un salaire annuel de -il rouvrit le dossier et siffla en ouvrant de grands yeux- j'aurais dû me faire avocat !"

Il tendit le dossier à Maddie.

"145 000$ annuels. Sans les dépôts des comptes à l'étranger bien entendu. Donc nous avons un quarantenaire plein aux as qui disparait du jour au lendemain. Mmmh, ça sent l'enlèvement contre rançon ou le règlement de compte."

Avec un petit regard complice, il sortit son téléphone et appuya sur la touche 2, le numéro pré enregistré du bureau.

"Lisa ? C'est toi que je voulais avoir. Est ce que tu pourrais chercher les dernières transactions effectuées sur le compte de notre ami Jefferson ? [...] Oui je pense à des casinos ou [...] En débit et en crédit. Ce mec devait avoir un train de vie de tous les diables[...] Oui merci. Oui rappelle-moi."

Puis il raccrocha et héla un taxi. Lorsque ce dernier s'arrêta devant eux, Ulysse ouvrit la portière et laissa à Maddie l'occasion de monter la première, profitant qu'elle se penchait en avant pour lui effleurer le derrière avec grande innocence.

Bizarrement, le flan était très vite retombé chez elle, sûrement le fait d'être entourés de personnes, connues ou pas. Elle sentait toujours ce sentiment de culpabilité envers Noah et c'était ce qui la refroidissait depuis son entrevue secrète avec Ulysse. Elle avait eu un passage à vide et ne s'en félicitait pas. Pourtant, dès qu'Ulysse tournait le dos, elle ne pouvait s'empêcher de baisser les yeux et de hausser un sourcil approbateur. Après tout, elle n'était qu'une femme ! Et le dossier tombait à pic ! Une distraction juste parfaite pour garder la culpabilité à l'ordre du jour.

Dans l'ascenseur, de retour, elle fronça les sourcils en écoutant Ulysse, il avait le chic pour faire de bonnes synthèses des dossiers.

_ Ca peut aussi être un faux kidnapping ou bien encore un raid des enfants sur les parents, un problème d'assurance vie ? Une succession qui revient pas aux yeux de l'un ou de l'autre ?

Elle baissa le dossier et le suivit jusqu'au taxi.

_ Il y a des tonnes de raisons, c'est trop vague.

En se penchant pour monter dans le taxi, elle sentit sa main et elle se retourna, toujours penchée, assez pour le regarder par dessus son épaule.

_ Ca va, ça te plaît ce que tu vois là ?

Le taximan zieuta son rétroviseur, curieux en se demandant quels tarés il allait encore ramasser !

Ulysse fit mine de regarder ailleurs.

"Ha les rues de Megalopolis, cette bonne odeur de pots d'échappement et ses gratte-ciel à perte de vue.... C'est très urbain ! Je ne suis pas sure que me plaire soit le terme approprié"

Il lui sourit de toutes ses dents et entra à sa suite. Puis après avoir indiqué l'adresse au chauffeur il reprit le fil de leur conversation.

"Je pense que nous devrions demander à Mr Sax la liste de tous les clients réellement mécontents qu'a défendu Jefferson. ça pourrait être un bon début. En plus bien entendu des questions habituelles"

Il y avait une bonne dizaine de minutes de trajet pour arriver jusqu'à l'énorme building de la compagnie. Aussi Ulysse en profita t-il pour revoir avec elle le déroulement de l'entrevue.

"En temps qu'associés quelles étaient les parts de recette de chacun ? Jefferson touchait-il plus que Sax ou étaient-ils à égalité ? Certains de leurs fonds ont-ils servi au financement d'une campagne électorale?"

Il fronça les sourcils en se frottant le menton.

"C'est marrant mais leurs noms ne me sont pas inconnus."

Le taxi s'arrêta devant le building. Ulysse paya le conducteur et sortit le premier côté trottoir pour tenir la portière à sa partenaire avec beaucoup de courtoisie. Une fois claquée il se tourna vers la porte d'entrée et prit une grande inspiration.

"Je ne sais pas combien ils sont à travailler là dedans mais j'espère qu'ils nous feront pas remplir des formulaires à tous les étages"

Elle secoua la tête.

_ Non, moi ça me dit rien. Tu penses à une récidive d'un des gars qu'il a fait condamner ?

Elle sortit à sa suite en le suivant du regard, les sourcils froncés.

_ C'est d'un cliché.

Elle montra le dossier.

_ On a de toute façon aucun élément nous permettant de savoir quoi que ce soit. Ca peut être quelque chose dans son entourage comme dans son boulot ! Mr Sax avait peut-être des ennemis, une mauvaise concierge ? Un secret familial... Il a pas de femme, ce bonhomme ?

Le nez dans le dossier, elle avança jusqu'à la porte.

_ De toute façon, on a le meilleur pass du monde.

Elle lui fit un grand sourire en écartant sa veste pour montrer son insigne accrochée à sa ceinture.

Ulysse pouffa de rire et poussa les portes de verre avec un air très à l'aise. C'est vrai que la présence du badge était un vrai plus. En général les gens ne leur faisaient pas de difficulté.

Une dizaine de minutes plus tard, ils attendaient tous les deux dans une salle d'attente vide, la secrétaire un peu plus loin séparée d'eux par une petite paroi de verre ayant signalé leur présence à Mr Sax qui était actuellement en réunion.
Ulysse était installé sur une chaise aux courbes design, une jambe repliée en angle droit, la cheville posée sur sa cuisse, parcourant un magazine people sans grande attention.

"J'espère qu'il ne va pas nous faire poireauter comme ça pendant une heure"

Il jeta un regard autour de lui puis soupira en se frottant la nuque.

"Tu viens à la maison ce soir ?"

Il lui sourit légèrement.

"Ou je viens c'est comme tu veux"

Il jeta un coup d'oeil en direction de la secrétaire qui avait l'air très occupée dans son coin puis il lui effleura la main discrètement.

"Faut qu'on travaille, tu te souviens ?"

Les coudes sur les accoudoirs, les doigts croisés sur son ventre, elle battait du rythme avec son attendant, pensant à tout sauf à la même chose qu'Ulysse. Alors quand il lui posa la question, elle le regarda, les sourcils hauts.

_ MMMhh ?

Mais quand il lui effleura la main, elle la récupéra dans un grognement, les sourcils froncés.

_ Tu vas pas remettre ça !

Elle regarda ailleurs en prenant une voix basse et croisa les bras. D'un air dédaigneux, elle tourna la tête vers lui, les yeux bas.

_ Ta soeur a bien fait d'intervenir. On pourrait avoir de gros problèmes si on faisait ça Ulysse, et tu le sais !

Elle releva les yeux sur lui.

_ Deux fois qu'un truc arrive, c'est un signe, ça veut dire qu'on doit pas le faire alors lâche l'affaire ! C'était une très mauvaise idée, la Maddie que tu as vue dans cette cuisine n'existe pas et elle n'a jamais existé, c'est une erreur de la nature, oublie-la, tu ne l'as jamais vue, tu sais même pas qui c'est.

Elle haussa une épaule et les sourcils.

_ De toute façon, tu sais même pas comment elle s'appelle.

Elle redressa la tête pour regarder devant elle, les yeux loin d'Ulysse.

C'est qu'elle aurait mordu la bougresse ! Ulysse se recula instinctivement en fronçant les sourcils. Il commençait à en avoir sacrément marre des revirements de situation. Un coup oui un coup non, il n'aimait pas les girouettes.

"Écoutes, t'as raison. Je laisse tomber."

Il avait parlé doucement pour éviter d'attirer l'attention de la secrétaire mais son ton était sans équivoque.

"Après tout ça me gonfle. J'en ai marre de me faire rembarrer. J'ai été déjà bien assez con de m'accrocher comme ça."

Il remonta le magazine dans un bruit de papier froissé d'un air rageur. Il fulminait. De quoi parlait-elle ? D'une autre qu'elle ?

"Si t'es schizophrène en plus je ne vais pas m'en sortir. Alors tu sais quoi ? Je vais me la caler loin de toi et tu seras plus emmerdée je puis te l'assurer."

Il serra la mâchoire, les muscles dansant sous le coup de l'énervement. Il tourna une page si fort qu'il manqua de la déchirer.

"Rah puis c'est naze ce truc"

Le journal traversa la pièce pour aller s'écraser contre le mur d'en face.

"Je reviens."

Il se leva un peu raide sans lui accorder un regard et alla jusqu'à la secrétaire pour lui demander les toilettes les plus proches. Il avait énormément de mal à contenir sa mauvaise humeur. Il alla dans la direction indiquée sans se préoccuper de Maddie.

Elle poussa un soupir tellement fort qu'elle en fit trembler les murs. Elle agita encore plus le pied, les joues gonflées. Mais qu'il l'agaçait !! Il l'agaçait !! Il devait le faire exprès ! Au travail, en plus ! En dehors passerait mais là !!! Devant des gens ! Elle se leva d'un coup en jetant le journal sur la place d'Ulysse et le suivit jusqu'à pousser la porte des toilettes des hommes sans se préoccuper de quoi que ce soit.

_ HEY ! Le nerveux ! Je te rappelle qu'on est sensés être professionnels !

Elle se baissa pour voir si des pieds dépassaient des toilettes, les faisant un par un.

Il se regarda autour comme pour vérifier qu'il était bien là où il pensait être.

"Maddie tu n'as rien à faire là. C'est les toilettes des hommes ici"

Puis il lui tourna de nouveau le dos pour se rincer les mains, le visage fermé. Un petit homme bedonnant quitta un urinoire en remontant discrètement sa braguette et longea le mur en direction de la sortie sans demander son reste.

"Tu peux me laisser faire PIPI tranquille s'il te plait ?"

Il lui jeta un regard à travers la glace.

Elle s'en fichait d'où elle était.

_ Excuse-moi ! Pourquoi tu me fais pas du pied sous la table alors qu'on déjeune avec Edison AUSSI ! Qu'est-ce qui te prend d'agir comme ça en service, t'es tombé sur la tête ou quoi ? Je tiens à mon poste, comparé à toi !

Elle tira d'un coup un sopalin de la machine avant de lui tendre.

_ Tu sais quoi ? Tu n'es qu'un crétin de gosse pourri gâté qui boude parce qu'il a pas eu de soupesage depuis trop longtemps ! Alors tu me reportes ta frustration sur la tête ! Que daaaaaaaaaaaaaaaaalle, Ulysse, je me laisserais pas prendre au piège dans ces toilettes !

Elle recula d'un pas et le montra d'un index.

_ Parce que je sais que tu as fait ça pour que je te suive et que je crie et puis après, tu me plaquerais contre un mur jusqu'à ce que quelqu'un entre et t'interrompe encore ! Tout ça parce qu'au final, JE TE FAIS TROP D EFFET AVOUE !

Il lui arracha le morceau de papier des mains, s'essuya chaque doigt puis lança la boulette dans une poubelle non loin sans rater sa cible tout cela pendant qu'elle parlait. Puis il lui passa à côté sans la toucher ni la regarder et alla vers un urinoir ouvert. Non cette fois-ci il ne lui sauterai pas dessus, il ne se donnerai pas cette peine !

"Non, tu te trompes. Je suis venu assouvir un besoin physiologique qui n'a rien à voir avec toi Maddie"

Il avait la voix très calme. D'ailleurs il était prêt à ouvrir sa braguette et à faire pipi même en sa présence ! En vérité, il avait surtout besoin de se calmer et espérait le faire dans la paix assez loin d'elle. Il avait tout faux.

"Alors si tu permets..."

Il lui jeta un regard par dessus son épaule.

"Je vais me laisser aller là"

Elle haussa les sourcils et le regarda, les fesses contre le lavabo... Et elle croisa les bras, pour attendre.

Ulysse toussota et se mit à attendre aussi, les yeux se baladant sur le mur face à lui.

"Maddison, sort d'ici."

Sa présence le bloquait complètement. Il n'arriverait pas à faire pipi c'était pas possible, pas avec elle qui le regardait comme ça.

"Non vraiment je vais pas y arriver là"

Vu qu'elle ne bougeait pas il serra les dents et laissa sa tête basculer vers l'arrière en se frottant le visage dans un soupir. Puis il se retourna et croisa les bras pour la regarde.

"Bon, quoi. Quoi ? Tu veux que je te dise que j'ai déconné et que j'aurais dû carrer mes mains, que je n'aurais pas dû balancer ce magazine ? Ok je le dis voilà. J'ai - eu- tord. Bon maintenant que tu t'es assurée que c'était pas un stratagème de ma part pour te grimper dessus dans les toilettes et que j'ai fait mon mea culpa je peux finir ma petite affaire sans que tu me fixes comme ça ?"

Il attendit patiemment qu'elle s'en aille en claquant la porte ou l'achève d'une parole acerbe.

Elle soupira.

_ Non j'attendais pas que tu t'excuses. Je m'en fiche que tu fasses des allusions. Mais pas au travail. Pas quand on est en service.

Elle haussa les sourcils.

_ Compris ? C'est du sérieux, là, on est pas là pour jouer à cache-cache.

Elle se tourna vers la porte puis finalement lui refit face en le détaillant de haut en bas.

_ Chez toi ou chez moi, peu importe. Chez toi, ce serait mieux.

Elle inspira en le détaillant à nouveau, un sourcil haut puis elle soupira doucement, presque heureuse en relevant les yeux sur lui dans un sourire. Puis elle ouvrit la porte avant de laisser ses doigts glisser sur la paroi avant de sortir.

Il leva haut les mains en guise d'innocence.

"Ok ! Je ne te toucherai pas en dehors de ton appartement, du mien ou d'un lieu public n'ayant aucun rapport avec le FBI ou l'Underground."

Il plissa les yeux.

"Est ce que c'est ça que tu veux ?"

Il n'était pas à proprement parlé perdu, en fait... Il essayait de ne pas se montrer trop égoïste. De toutes façons il savait Maddie bien assez grande pour le remettre à sa place en cas d'écart de conduite. Il n'était pas certain de le supporter de nouveau d'ailleurs.

"Est ce que..."

Il se rapprocha d'un pas.

"Est ce que tu veux que je te foute définitivement la paix ?"

Puis un autre. Il gardait tout de même ses distances.

Elle repassa la tête par la porte, se tenant au montant. Puis elle haussa un sourcil.

_ Techniquement, tu devrais. Mais il semble clair que te résister ne sert à rien alors tant qu'à faire...

Elle haussa les épaules, fataliste.

_ Et quand on est en dehors du boulot, oui je m'en fiche. Mais on est là pour bosser, pas faire autre chose. On travaille sur des dossiers sérieux et on a pas de temps à perdre avec des futilités. Ce gars est peut-être en train d'agoniser quelque part et il nous attend. J'ai pas raison ?

Il se raidit un peu et haussa un sourcil, essayant d'être le plus neutre possible.

"Tout à fait. Bon, j'arrive. Si Sax a terminé commence sans moi je vous rejoindrai"

Et il tourna dos à la porte pour retourner à ses petite affaires, les pensées tournant à mille à l'heure dans son esprit.

Ulysse prit son temps aux toilettes. Lorsqu'il revint il chercha Maddie des yeux et la trouva assise encore et toujours dans la salle d'attente. Il l'y rejoint donc en soupirant et regarda sa montre.

"Ils refont le monde ou quoi ?"

Il se releva d'impatience et marcha jusqu'à la secrétaire.

"Pardon mademoiselle, savez vous combien de temps il va encore nous falloir attendre monsieur Sax ?"

Elle releva vers lui un sourire hypocrite.

"Il est en réunion monsieur !"

Un sourire charmeur s'étira sur ses lèvres alors qu'il se penchait légèrement vers elle.

"ça je sais, ma question portait sur l'heure approximative de fin de cette fameuse réunion"

Elle le regarda faire en reculant la tête.

"Tout dépend... Je ne sais pas..."

Il désigna son téléphone du nez avec toujours le même charme sous-jacent.

"Un petit coup de fil peut-être ? Pour vous renseigner"

La secrétaire se mordit la lèvre et fronça les sourcils pour finalement répondre d'une voix plus aigue.

"Je ne dérangerai pas monsieur Sax ! Veuillez patienter monsieur s'il vous plait !"

Ulysse eut l'air blasé. Si même les petites secrétaires se mettaient à le jeter, il était bon à mettre à la casse. Il retourna s'asseoir d'un pas trainant, croisa les bras et ne décrocha plus un mot.

Maddie ne pu se retenir de rire sous cape et le regarda se rasseoir à côté d'elle. Ce qu'il était mignon quand il était déçu. Sauf qu'ils n'avaient pas le temps d'attendre une réunion. Elle lui frotta l'épaule avant de se lever. Elle n'était pas crainte sans le savoir pour rien. Elle passa devant la secrétaire malgré que celle-ci tenta de la retenir mais elle ne se laissa pas faire et ouvrit les portes de la salle de réunion avec un grand sourire, les montants dans les mains.

_ Puis-je réquisitionner votre attention, s'il vous plaît ! FBI, j'enquête sur la disparition de l'un de vos associés et j'ai quelques questions à vous poser. Urgentes. Si messieurs veulent bien patienter que nous procédions à notre interrogatoire de routine et vous pourrez tous ensuite retourner à vos petites affaires. Mais je tiens à vous annoncer que mon collègue et moi-même n'avons pas pour mission de rester là sagement à attendre que notre enquête se résolve toute seule. Il y va d'un homme à l'agonie autant vous dire que je prends cette affaire très au sérieux.

Elle croisa les bras et haussa les sourcils, tout décolleté dehors, feintant la blonde décolorée bécasse au possible.

_ Ai-je obtenu votre attention ?

Ulysse secoua la tête en se frappant le front. Du grand Maddie. Il se leva donc et la rejoint après son petit numéro et se positionna derrière elle en hochant la tête d'un air compatissant.

"S'il vous plait messieurs"

Les hommes interloqués firent tous le même cheminement : visage - cou -décolletééééé- visage - décolleté - décolleté -visage. Déglutition. Elle avait un certain talent on ne pouvait le nier. Les avocats se levèrent tous précipitamment et ramassèrent leurs affaires avant de disparaitre sans demander leur reste. Il y avait quelque chose d'impérieux dans le ton de la voix de Maddie qui sembla les faire détaler. Ils ne devaient pas avoir l'habitude de rencontrer des fortes femmes qui n'avaient pas l'air homosexuelles.

Ulysse entra donc dans la pièce avec un petit sourire amusé et prit un siège tranquillement avant de croiser les mains sur la table.
Sax se leva d'un air nerveux et alla jusqu'à un bar pour se servir un verre.

"Je vous offre quelque chose ?"

C'était un homme de grande taille, tout sec avec des cheveux roux et bouclés. Il était bien habillé mais ce n'était pas une gravure de mode. Ulysse s'attendait à voir un petit homme bedonnant. Il fronça les sourcils et secoua la main.

"Jamais pendant le service monsieur"

A ces mots il jeta un regard en direction de Maddie avant de se concentrer sur son carnet.

"Nous avons lu la déposition faite suite à la disparition de votre associé, monsieur Jefferson. Nous tenions à revenir sur certains détails"

Il invita Maddie à poursuivre d'un regard.

Toute aussi impériale, elle vint se placer à côté de Ulysse sans s'asseoir, gardant les bras croisés. Elle fronça les sourcils en se reconcentrant. Oui, Maddie restait toujours professionnelle dans ces cas-là. Elle posa une main sur le dossier de la chaise d'Ulysse avant de continuer.

_ Avait-il des ennemis ? Des soucis dans sa famille, connaîtriez-vous quelqu'un capable de s'en prendre à lui, peu importe la raison, n'importe quoi. est-ce qu'un criminel aurait pu sortir de prison et s'en prendre à lui ? C'est monnaie courante que les condamnés se retournent contre les avocats qui les ont fait coincer.

Sax semblait très nerveux. Il adressa à Maddie un sourire aussi moite que ses mains et but une gorgée de whisky avant de lui répondre.

"ça fait beaucoup de question agent... Agent?"

Ulysse répondit à sa place d'un air placide. Il étudiait le moindre de ses gestes.

"Agent DeLuca. Et je suis l'agent Ashkevron. Poursuivez."

L'homme eut un rire bref et nasillard.

"Ha bon très bien. Vous savez dans notre métier nous avons de nombreux opposants. Je n'irais pas jusqu'à dire que nous avons des ennemis mais -nouveau rire- disons que nous n'avons pas que des amis. Herbert n'avait plus de famille, ses parents sont décédés lorsqu'il était adolescents et il s'est marié mais a divorcé sans enfant. Son ex-femme vit au sud de Phoenix avec son nouveau mari."

Il but une nouvelle gorgée de whisky et se déplaça jusqu'à la table pour s'y réinstaller.

"Depuis quand étaient-ils séparés?"

Sax réfléchit un instant, les yeux hauts.

"ça doit faire 6 ans maintenant. Elle l'a plaqué parce qu'elle en avait assez de ne jamais le voir. A part ça... Il a eu quelques aventures mais rien de très sérieux. -il plissa les yeux- quelle était la question suivante Agent DeLuca ?"

Il lui sourit et but une autre gorgée d'alcool.

Elle plissa les yeux. Pourquoi elle n'aimait pas ce type là ? Curieux. Quelque chose dans son regard, c'était certain.

_ Je vous demandais, parmi les criminels que vous avez fait condamner, l'un d'eux aurait-il été susceptible de se retourner contre votre cabinet ? Réfléchissez bien, si ça se trouve, vous pourriez être à sa place. Ce n'est peut-être qu'une erreur. Avez-vous reçu une demande de rançon ? Des coups de fil curieux en pleine nuit qui raccrochent sans un mot ? Des mots sur votre porte ? Des menaces au courrier de votre cabinet, peut-être ? Mr Sax vous a-t-il paru étrange ces derniers jours ?

Il prit l'air de réfléchir et secoua finalement la tête.

"Mmmmh... Non. Non rien d'étrange, pas plus que d'habitude en tous cas. Nous avons assuré pas mal d'affaires très médiatisées et notamment l'histoire de la corruption de l'ancien maire de la ville. Nous représentions la partie civile. Mais la plupart de nos clients sont des cadres supérieurs licenciés et mécontents désirant attaquer leur entreprise ou des femmes éplorées qui demandent l'annulation de leur mariage pour adultère. Bon bien entendu je n'ai pas en tête tous nos dossiers, nous employons une vingtaine d'avocats dans ce cabinet. Mais ma secrétaire pourra vous montrer tous les dossiers que vous désirez."

Il tira de sa poche une petite boite contenant des cigares et l'ouvrit en leur proposant.

Ulysse le refusa d'un petit mouvement de main avant de se rappuyer dessus tout en réfléchissant.

Elle se remit à sourire.

_ Une liste de tous vos avocats et employés ayant un lien avec Mr Sax serait la bienvenue. Si jamais quelque chose vous venait à l'esprit...

Elle ouvrit sa veste pour en sortir une carte et la fit glisser sur la table.

_ N'importe quoi, un détail ou quoi que ce soit. Vous appelez à ce numéro et nous viendrons. Autre chose, Mr Sax jouait-il ? Allait il dans un bar ou... Pariait-il ?

[Non Sax c'est lui lol, celui qui a disparu c'est Jefferson]

Sax sembla un peu plus nerveux et secoua la tête en tirant sur son cigare nouvellement allumé.

"N-non pas que je sache. C'était un homme dévoué à son travail, il sortait peu de ces locaux en vérité."

Ulysse nota une dernière chose dans son calepin et se leva en le faisant claquer pour le fermer, baissant la tête vers Sax pour lui sourire. Il lui tendit la main pour la serrer.

"Merci pour votre coopération, monsieur Sax"

Puis il se détourna et sortit de la pièce comme si de rien n'était.

Ulysse ne parla pas avant qu'ils aient quitté le building. Lorsqu'ils furent hors de portée d'oreilles indiscrètes, il se tourna vers Maddie en jetant des regards partout à la dérobée.

"Qu'est ce que tu en penses ?"

Les sourcils froncés, Maddie suivit Ulysse à contre coeur. Malheureusement, sans quelconque preuve, ils ne pouvaient pas lui forcer la main ni l'interroger comme il se devait. Pourtant, elle aurait bien voulu. Elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à sortir puis une fois une fois en bas, elle sembla rageuse.

_ Ce gars nous ment ! Tu as vu ses yeux ? Des yeux de fouine. Il transpirait ! Tu as vu dès que je posais les questions sur l'entourage de son associé ? Il transpirait !

Les yeux ronds, elle détailla Ulysse comme si tout ça était logique.

_ Je t'ai dit que c'était un faux kidnapping !

Ulysse sembla perplexe.

"Tu veux dire que Sax et Jefferson se seraient entendus pour faire croire à sa disparition?"

Il croisa les bras.

"Mais dans quel but ? Si encore il y avait eu demande de rançon on pourrait soupçonner du blanchiment d'argent mais là..."

Il secoua la tête.

"C'est vraiment bizarre. Il est clair que ce gars n'est pas clair. Mains moites et regard fuyant, c'est un très mauvais menteur."

Un demi-sourire se dessina sur ses lèvres.

"Mériterait qu'on vienne lui rendre visite à des heures incongrues"

Elle lui prit le bras pour l'arrêter et le placer face à elle.

_ Non je veux dire que ce que mon flair me dit, c'est que c'est ce gars-là qui tient son copain. Comme par hasard, Jefferson n'a pas d'entourage, pas de famille, pas d'enfants.

Elle haussa un sourcil, le côté hispannique rebelle ressortant.

_ Moi j'ai bien envie d'appeler sa femme. Son ex femme.

Au moins ils étaient d'accord sur un point. Il fallait appeler l'ex-femme et l'associé était très louche. Ulysse acquiesça de la tête.

"Pour ça je suis d'accord. Même si je suis pas certain qu'au téléphone on ait assez d'éléments pour arriver à tirer quelque chose de sa femme."

Il se remit à marcher.

"On devrait retourner au bureau et consulter les fichiers pour mettre la main sur son adresse exacte et sur sa situation actuelle. Peut-être n'est-elle pas aussi idyllique qu'a bien voulu le laisser entendre notre ami Sax."

Elle eut un grand sourire avant de reprendre la marche en le regardant, malicieuse.

_ Tu veux qu'on aille dans l'Arizona ? Mmmhh je suis ta femme ! Enfin je veux dire, on dit "je suis ton homme" mais moi je suis une femme donc... Je suis ta femme ! Sans... Mauvais jeux de mot bien sûr. Le soucis c'est qu'on pourra pas intervenir sur l'Arizona, on devra lui dire de venir ou bien l'entretien se fera par téléphone.

Il la regarda avec un demi-sourire très complice.

"Et ce petit document avec le papier à entête du bureau fédéral ? Tu sais celui qui demande la collaboration du bureau local de l'Arizona à notre affaire ? Je suis certain qu'Edison pourrait assez facilement nous l'obtenir... Nous sommes une juridiction fédérale après tout."

Il haussa les épaules en enfouissant plus profondément ses mains dans ses poches.

"Après on peut aussi faire ça par téléphone. ça nous éviterait un voyage."

Elle haussa à nouveau les épaules.

_ C'est peut-être préférable. Je doute que Edison accepte qu'on aille jusqu'en Arizona pour une affaire de disparition. On a les moyens de faire ça à distance, pourquoi on s'en priverait, après tout. Et puis on ira visiter le pays un autre jour !

Elle le regarda et lui fit un immense sourire.

Il n'était pas convaincu, cependant ils devaient économiser leur précieux temps. Ulysse acquiesça donc avec un léger sourire.

"Bien alors résumons. Nous devons -il comptait sur ses doigts- appeler l'ex de notre disparu, fouiller dans les comptes de Sax et bien entendu placer ses lignes sur écoute et le suivre à la trace pour voir ce qu'il peut bien trafiquer de pas clair. J'oublie quelque chose ?"

Alors qu'ils passaient devant un petit kiosque ambulant de vente de café, il s'arrêta et tendit un billet à l'homme contre un grand café bien sucré.

"Tu veux quelque chose ?"