[CLOSED] [Ulysse/Maddie] Après la déprime, la dépense.

Maddie pinça les lèvres en suivant Maybel repartir. Elle n'était pas si idiote pourtant Maddison se croyait bonne en mensonge ! Elle regarda ailleurs quelques secondes et attendit que Maybel soit vraiment rentrée dans la chambre pour laisser un sourire perler sur ses lèvres.

Elle se frotta les lèvres légèrement de ses doigts avant de se racler la gorge et de regarder Ulysse. Elle ferma les yeux et pouffa de rire en secouant la tête. Celle d'Ulysse valait vraiment le détour, si seulement il savait ! C'était comme si Maybel venait de découvrir ses parents au lit -ce qui avait failli être le cas- mais au moins, elle leur rappelait qu'elle n'était pas bien loin, prête à surgir de n'importe où. Elle pouffa de rire un peu plus avant de se passer une main dans les cheveux pour regarder la télé. La réaction d'Ulysse avait été très intéressante, au final et elle se força à ne pas le fixer en regardant ailleurs.

Le passage de Maybel avait été comme un avertissement. Pourtant Ulysse avait du mal à lui en être reconnaissant. Il se sentait plus frustré qu'autre chose avec la désagréable impression que Maddie allait lui filer entre les doigts et avec elle l'occasion de... disons se détendre un peu. Aussi lorsque le silence se poursuivit trop longtemps, Ulysse se leva d'un bond et l'attrapa par la main, la tirant à sa suite en direction de la salle de bains. Il leur fallait une porte qui ferme.

C'était fou ce qu'un homme pouvait voir comme passage libre quand il avait envie de quelque chose. Prise par surprise, elle le regarda lui foncer dessus avant de se faire tirer par le poignet. Mais pour aller où ? Quoi faire à la salle de bain ? Oh elle le sentit venir gros comme un camion ! Maybel n'avait servit à rien, elle ne servait jamais à rien. Elle avait beau penser ce qu'elle pensait, ce n'était pas contre Ulysse mais contre elle-même, il ne lui restait qu'une seule carte à tirer pour éloigner Ulysse et l'empêcher de se sentir encore plus coupable.

Ulysse lui ne se souciait pas de ce qui pouvait passer par la tête de Maddie. Il avait verrouillé son objectif : finir ce qu'il avait commencé sans plus être interrompu. Il referma donc la porte derrière elle et la plaqua contre d'un coup, revenant sur ses lèvres avec force, ses mains passant sur sa taille puis ses hanches pour la rapprocher de lui.

Il se recula un instant le temps de tirer sur son tee-shirt, cherchant à l'enlever sans décoller ses lèvres des siennes, le faisant le temps d'un battement de cil pour le passer par dessus sa tête et le lancer plus loin, à présent torse nu. Il lui saisit le visage pour le maintenir tourné vers le sien, puis une main descendit vers sa cuisse, le long de son côté pour la remonter légèrement, la maintenant juste derrière le genou.

Elle l'avait vu venir le camion. Mais là, il s'agissait d'un semi trailer. C'était à peine si elle sentait son propre coeur dans sa poitrine tellement il brûlait. Elle essaya tant bien que mal de ne penser à rien alors qu'elle l'embrassait en retour. Pour une fois, elle espérant que Maybel n'ait pas entendu le "CLONG" qui avait résonné lorsqu'elle s'était plaquée contre la porte. Il deviendrait nettement plus dur d'expliquer ce qu'ils faisaient à deux dans la salle de bain, cette fois.

Mais au moins, il ne semblait plus aussi tendre et sensible qu'il ne l'avait été seulement quelques secondes avant que Maybel n'intervienne. Elle leva le menton pour le laisser aller dans son cou en fermant les yeux.

_ Arrête...

Ce qu'elle paraissait convaincante, c'était fou. Elle posa sa main sur la sienne pour tenter de l'enlever de sa cuisse.

_ Ulysse.... Je peux pas.

Mais Ulysse était tellement bien parti qu'il ne l'entendait qu'à moitié. Il sentit sa main sur la sienne et desserra son emprise dessus pour lui saisir de nouveau la hanche et la soulever légèrement contre son bassin. Il était bouillant et c'était rien de le dire. Il restait un homme et dans ces moments là, peu d'hommes se montraient compréhensifs.

Ses lèvres descendirent de nouveau sur son cou, puis plus bas encore vers sa gorge. Il lui embrassa la clavicule et remonta avant de revenir vers ses lèvres, avide de connaître chaque millimètre de sa peau.

"ça va aller... tout va bien..."

Sa voix était plus rauque que d'habitude.

Et ça lui rappelait vaguement quelque chose qu'elle avait connu il y avait très longtemps de ça. Mais à l'époque, elle se taisait et en profitait. Elle avait beaucoup changé même si la situation n'était pas exactement la même. Alors il ne lui restait qu'une seule carte.

_ Non, je veux dire... Je peux vraiment pas.

Elle le força à la regarder, partageant son souffle court.

_ Ca n'a rien à voir avec le fait que je sois toujours amoureuse de Noah, c'est...

Elle ouvrit la bouche mais comment dire ? Elle se mordit la lèvre en roulant des yeux. La position ne l'aidait absolument pas.

_ C'est... Autre chose de plus... Logistique.

Maddie pouvait voir le cheminement de la suggestion, la remise en route de son cerveau jusqu'à la lueur de compréhension dans son regard. Et ça avait été sacrément long. S'il avait été une machine, on aurait presque pu l'entendre grincer sous la réflexion.

"Oh !"

Et là il se sentait tout con. Il observa leur position et se râcla la gorge avant de la lâcher et de se reculer, se passant la main dans les cheveux toujours torse nu. Il ne savait pas quoi dire. En fait, il n'avait jamais été confronté à ce genre de situation. Les femmes n'étaient pas censé être distantes, agressives et placides pendant cette période là ?

"Oh."

L'arrêt avait été brutal. Malheureusement son corps n'était pas tout à fait d'accord avec le revirement de situation. Il grimaça donc et serra un poing discrètement.

"Ha."

Il en avait des tas des mots comme ça. Il se recula encore plus et finit par lui tourner le dos pour aller jusqu'au lavabo. Il tourna le robinet et fit couler de l'eau fraiche pour s'en asperger le visage. S'il en avait l'occasion il aurait carrément pris une douche froide tout entier. Il n'osait plus la regarder.

Non, Maddie ne fonctionnait pas comme toutes les femmes à ce niveau-là. Avec un appétit de femelle en chaleur au moins pendant trois jours - ce que Noah avait pu expérimenter une fois -, pendant cette période-là, elle était plutôt caline, justement.

_ Je suis désolée, je...

Elle se mordit la lèvre en remettant l'épaule de sa veste en laine en place.

_ Je savais pas trop comment le dire mais... De toute façon... Ulysse, je suis désolée mais nous sommes partenaires, ce genre de relation est vraiment néfaste pour le travail, sans parler de Noah et... Et je suis pas une de ces filles qui couchent un soir, comme ça... Parce que ça plaît au gars en face. C'est pas mon genre. Noah était une exception.

Elle plissa le front.

_ Je l'aimais. Vraiment. Même avant qu'on sorte vraiment ensemble, alors... Je peux pas... Lui faire ça, c'est comme si je le trompais.

Elle rit en le désignant d'une main dans son dos.

_ Mais je pense que dans d'autres circonstances, j'aurais fait abstraction du FBI et je t'aurais violé à ta place.

Pourtant Ulysse n'avait pas très envie de rire avec elle. En fait, il se contenta de lui jeter un coup d'oeil à travers la glace, regardant dans les yeux son reflet (à elle) qu'il percevait derrière lui. Les deux mains appuyées sur les bords du lavabo il se redressa et se frotta la nuque.

"Puisque les circonstances ne sont pas différentes, je pense qu'il n'est pas nécessaire de le mentionner."

Oui il était un peu sec, ce n'était pas dans ses habitudes. En fait, il se sentait frustré. Il ferma donc les yeux en crispant la mâchoire avant de les rouvrir.

"Pardonne-moi."

Puisqu'elle était indisposée et que quoi qu'il en soit elle ne désirait pas qu'il se passe quoi que ce fut entre eux, Ulysse se baissa pour ramasser son tee-shirt et le passa sans ménagement.
En vérité il s'en voulait de lui avoir forcé la main et de s'être imaginé qu'ils pouvaient prendre du bon temps comme n'importe quel homme et n'importe quelle femme. Ils étaient partenaires et l'ombre de Noah planait au dessus de leur tête, inexorablement.

"Je crois qu'on ferait bien de retourner de l'autre côté"

Il se retint de la contourner pour sortir le premier et se contenta de la regarder sans croiser son regard d'un air gêné.

Elle secoua la tête doucement, vraiment désolée.

_ C'est rien... C'est moi, c'est ma faute, j'avais envie...

Elle agita une main.

_ J'avais envie de ressentir ça. J'en avais besoin. J'avais juste envie de t'embrasser et d'être moi-même. Ca peut te paraître vieux jeu, tout ce que tu veux mais si je t'ai envoyé des signaux pour te faire croire que je voulais plus, j'en suis terriblement désolée. Même sans... Ca, j'aurais pas voulu. C'est pas... Une bonne idée.

Elle secoua la tête un peu plus.

_ Je suis pas celle que tu crois.

Avec Maddie c'était toujours la même rengaine. Elle n'était jamais celle qu'elle paraissait être. Il ne savait jamais sur quel pied danser au final. A ce moment précis, il n'avait qu'une envie : laisser tout simplement tomber.

"Tu as raison. Tout à fait raison."

Il ne demanda pas ce qu'elle voulait dire par là, il ne voulait pas savoir qui elle était vraiment.

"N'en parlons plus."

Comme à chaque fois qu'il était contrarié, il préférait se murer dans le mutisme. Il n'avait pas envie de discuter.

"Il faut commencer à se préparer pour aller bosser de toutes façons. J'aimerais finir tôt ce soir"

Il soupira et se frotta la nuque, attendant qu'elle se décale et libère la porte.

Elle referma sa veste sur sa poitrine en croisant les bras puis elle rentra la tête dans les épaules en se pinçant les lèvres. S'il était contrarié, elle était encore plus déprimée qu'avant. Elle se décala de la porte, ses doigts passant sur ses lèvres alors qu'elle regardait par la fenêtre le jour qui se levait péniblement. Elle baissa les yeux sans rien dire, de toute façon, c'était sûrement sa faute, elle n'aurait pas dû l'embrasser, elle n'aurait pas dû jouer avec le feu... Tout ça. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même ! Quand quelque chose n'allait pas, elle était assez muette également alors la journée s'annonçait plutôt reposante, vue d'ici.

Reposante n'était peut-être pas le mot adapté. Morne serait sûrement plus près de la vérité. Ulysse passa près d'elle sans la regarder, les yeux fixés droit devant lui. Il sortit de la salle de bains sans demander son reste. C'était vraiment la dernière fois qu'il se cassait les dents sur le cas Maddie.

L'homme rassembla ses affaires qui trainaient un peu partout et en fit un tas sur une chaise. Puis il retapa les coussins avant d'aller à la cuisine. Il se mit en quête d'ingrédients histoire de préparer des pancakes pour les deux jeunes femmes. Il n'était pas certain que Maddie y toucherait mais Maybel, elle, ne ferait pas la difficile. On pouvait aisément la réveiller au beau milieu de la nuit elle avait toujours un creux.
Il y avait donc des tas de bruits qui résonnaient dans la cuisine, des bruits de vaisselle remuée, d'eau qui coule et de bouilloire sifflante. Ulysse n'avait toujours pas décroché un mot. En réalité il ne faisait pas la tête, il réfléchissait simplement. Bien sûr il se sentait toujours frustré mais ce n'était pas la raison principale de son introspection. Il s'était accroché à Maddie depuis son arrivée, élément stable dans un nouveau décor. La jeune femme avait beaucoup de charisme et le courant était tout de suite passé entre eux. Il avait eu la prétention de croire que ça suffisait. En réalité il ne s'était que peu ouvert aux autres et il réalisait que c'était une grossière erreur. Avait-il fait cela parce qu'il n'avait pas l'intention de s'attacher à Megalopolis ? Avait-il l'intention de retourner à Seattle dans quelques temps ? Pour la première fois, il se posa sérieusement la question.

L'odeur des pancakes envahit l'appartement. Ils crépitaient dans la poêle alors qu'il les retournait à la spatule.

Elle soupira plus fortement une fois qu'il fut sortit de la salle de bain puis elle se frotta le visage en fermant les yeux. Elle referma la porte derrière elle et entreprit de s'offrir une douche bien chaude. Mais quand elle en sortit, elle réalisa que ses vêtements étaient dans sa chambre. Entourée d'une serviette autour de la poitrine, elle trottina jusqu'à la chambre en faisant le moins de bruit possible, grimaçante à l'idée de son placard qui grince. L'odeur des pancakes la rendait complètement dingue et elle se demanda si Ulysse les feraient comme sa mère et s'il était conscient que tout ça n'était qu'un grotesque piège à nanas ! Elle attrapa le premier pantalon qui lui tomba sous la main pour l'enfiler sous la serviette. Elle ne pouvait pas se changer dans le salon !!! Si Ulysse la voyait, indisposée ou mensongère, peu importe, il ne tiendrait pas longtemps. Ca se voyait à la force qu'il avait mise pour la plaquer contre la porte. Elle pouvait pas lui faire subir ça.

Lorsque Maddie traversa le salon dans sa serviette pour aller jusqu'à la chambre, Ulysse ne l'entendit même pas. Il était concentré sur la cuisine comme si sa vie en dépendait. Ce n'était pas un grand cuisinier mais les pancakes étaient assez simples pour qu'il les réussisse sans grande difficulté. Lorsque la pile fut assez imposante dans l'assiette, il alla jusqu'à la table du salon pour les y installer près du sucre, du sirop d'érable et d'un peu de caramel liquide tout frais.

Il alla alors jusqu'à la chambre pour réveiller Maybel qui s'était étalée de tout son long sur le lit, les bras en croix comme une bienheureuse. Un peu plus et elle en ronflait de bonheur. Lorsqu'il poussa la porte il ne s'attendit pas à y voir Maddie en train de se changer et se détourna rapidement en rebroussant chemin.

"Pardon je ne savais pas que tu étais là"

Arrivé dans la salle à manger, il se munit de ses affaires et fila dans la salles de bains d'un bon pas. Tant pis il réveillerait sa majesté des marmottes plus tard.

Elle se vautra en entendant sa voix, créant un gros BLONK dans la chambre alors que ses pieds s'étaient emmêlés dans le pantalon. Un léger "WOUPS !" et elle était par terre, rouge comme une tomate. A une vitesse extraordinaire, elle enfila un débardeur avant de se relever et regarda le lit avec les yeux ronds, les cheveux à moitié dans les yeux et la main sur la bouche. Si Maybel se réveillait, elle se jurait de faire croire que c'était la faute d'Ulysse.

Mais Maybel était indifférente au monde extérieur. En fait, c'était à se demander si une explosion dans le salon lui aurait fait lever une paupière.

Dans la salle de bains, Ulysse se laissa tomber à terre, les jambes repliées et les coudes posés sur les genoux. Toute cette histoire lui semblait bien plus compliquée qu'elle ne l'était en réalité. Il avait été trop loin, elle l'avait recalé. Il tourna la tête vers la porte comme pour y voir au travers. Il avait un sérieux doute quant à son excuse imparable mais en quoi cela changeait-il quelque chose ? Si elle en était à avancer ce genre d'argument c'est qu'elle avait vraiment pas envie qu'il se passe quoi que ce soit.

Il se releva avec difficulté et se dévêtit, laissant ses affaires au milieu de la pièce puis il entreprit de prendre une douche assez fraiche pour lui changer les idées. L'eau coulant sur sa peau le fit frissonner. Il était ridicule de réagir comme un ado contrarié.

Aussi lorsqu'il ressortit de la salle de bains, habillé d'un pantalon de costume et d'une chemise entrouverte il semblait plus serein. Il se dirigea de nouveau vers la chambre et y toqua cette fois-ci.

Maybel n'avait pas réagit et Maddie avait soupiré profondément. Elle jeta ses affaires sur une chaise avant de sortir en refermant la porte derrière elle. Mais pas d'Ulysse. Où était-il ? Un regard à droite, un regard à gauche... Et elle détala dans la cuisine pour aller enfourner un ou deux pancakes, nature. Quand elle le revit passer, elle en prit encore un qu'elle dévora à moitié jusqu'à le suivre dans son dos alors qu'il frappait à la porte.

_ Chuis là, hein. Tu peux entrer, elle dort comme un loire.

Il ne l'avait pas entendu dans son dos et sursauta lorsqu'elle parla, se retournant vivement pour se retrouver nez à nez avec elle.

"La vache, je t'avais pas entendu venir"

Puis il se retourna de nouveau pour aller réveiller sa soeur.

"J'arrive, je vais la secouer un peu. Tu peux mang..."

Il lui jeta un coup d'oeil par dessus son épaule avant de sourire légèrement.

"Tu as trouvé les pancakes. profites-en tant que Maybel est pas levée, elle avale plus vite que son ombre"

Et il s'engouffra dans la chambre.
Quelques minutes plus tard, il reparut avec Maybel sur les talons, les yeux mi-clos et les cheveux encore plus ébouriffés que lorsqu'elle s'était levée quelques heures plus tôt.

"Chuis faaaatiguée"

Elle alla jusqu'à la table et se laissa tomber sur une chaise. Puis elle redressa la tête avec les yeux plus grand ouverts. Son radar à pancakes s'était mis en route. Elle les chercha des yeux d'un air avide.

Elle lui sourit à pleines dents de pancakes. Mais comme tous les matins, Maddison s'activait et dans son rangement du salon, elle évalua mal la distance qui la séparait de Ulysse avant de lui foncer dedans alors qu'il se trouvait sur son chemin.

_ Je suis désolée !

Ranger l'aidait à ne pas trop penser, en fait. Mais pour le coup qu'elle osait peu le regarder, elle ne savait plus trop comment se comporter face à lui.

Sentir Maddie lui foncer dedans lui fit perdre ses moyens. Il ne l'avait pas vue venir et recula avant d'essayer de la contourner pour se retrouver de nouveau nez à nez avec elle.

"C'est rien. Pardon..."

Au bout de deux fois à ne pas réussir à la contourner, il finit par l'attraper par les épaules de loin, genre les bras tendus pour la faire pivoter hors de son chemin et repartir sans plus savoir ce qu'il était en train de faire.

Assise sur sa chaise un pancake dans la bouche, Maybel observa leur manège d'un air légèrement ahuri.

"Hey vous deux, faut arrêter le café hein"

Elle les trouvait un poil nerveux sans en comprendre la raison. Elle ne se doutait pas le moins du monde de ce qui s'était passé dans la salle de bains. Ou tout du moins, ce qui avait failli se passer;

_ Désolée.

Le nez dans sa couverture, elle fila à la chambre puis à la salle de bain pour finir de se préparer. S'il croyait qu'il était le plus frustré des deux, il se fourrait le doigt dans l'oeil parce qu'elle l'était pas mal également. Et maintenant, elle avait surtout peur de leur attitude l'un envers l'autre au travail ou même jusqu'à temps de partir pour le travail. Il ne la regardait pas beaucoup plus qu'elle. Alors qu'elle se séchait les cheveux dans sa serviette, Maybel et Ulysse purent entendre un cri venant de Maddison, le genre "J AI PEUR !"

Ulysse qui était en train de servir le chocolat chaud de sa soeur lâcha tout en entendant le cri et détala vers la salle de bains, complètement alarmé. Maybel manqua de tomber de sa chaise de surprise et fila à la suite de son frère qui fut le premier à débarquer en regardant partout.

"Qu'est ce qui se passe ?! Qu'est ce qui y a ????"

Il n'avait pas son arme mais c'était limite.

Affaissée contre le lavabo, la main sur le coeur, elle soupira, les yeux fermés.

_ Oh mon dieu.

Elle était sur les nerfs, en tout cas, ça se voyait. Elle ouvrit la fenêtre pour regarder en bas.

_ Un oiseau s'est écrasé sur la fenêtre et j'ai entendu quelque chose craquer et puis...

Elle se retourna vers Ulysse, les sourcils hauts.

_ Pouf. Plus d'oiseau. Je l'ai vu me foncer droit dessus avant de heurter la vitre ! Il voulait me dévorer, c'est pas possible !

Ulysse haussa un sourcil. L'attentat à l'oiseau ne nécessitait pas d'intervention musclée. Il jeta un regard à Maybel qui lui rendit le même.

"Je crois surtout que cette pauvre bête n'a pas vu la vitre et s'est brisé la nuque en voulant entrer dans la pièce."

Maybel grimaça et les poussa tous les deux pour passer la tête par la fenêtre à la recherche du cadavre.

"Pauvre petit oiseau !"

C'était le genre de chose à pas dire devant la "sauveuse de poussin".

"Vous croyez qu'il est mort ?"

Ulysse haussa les épaules.

"Y a des chances s'il a foncé sur la fenêtre à pleine vitesse"

Il tenta d'écarter les deux jeunes femmes pour refermer la fenêtre.

Maddison se redressa et fixa Ulysse avec de grands yeux.

_ Mais tu l'aurais vu m'arriver droit dessus, comme ça !!!

Elle leva l'index haut avant de le diriger bruitage à l'appui- vers sa poitrine.

_ Et puis KLONK contre la vitre et pouf ! Plus d'oiseau ! Il m'a vraiment fait peur ! Comment on peut voler, c'est pas naturel, de voler et l'apesanteur, tu en fais quoi ? Et le vertige ? Comment on peut ne pas avoir le vertige !

Il la regarda en dodelinant de la tête, partagé entre l'envie de rire et de se gratter la tête d'incompréhension.

"Ben oui, c'est un oiseau... Ils sont faits pour ça, ils ont les os creux pour être légers et des ailes pour voler."

La discussion était un peu bizarre. Maybel courait vers la porte d'entrée.

"On s'en fout qu'il ait eu le vertige ou la polio ! Le pauvre il est peut-être encore vivant en bas...."

Oui elle était bien décidée à aller vérifier que l'oiseau était mort dans son pyjama. Ulysse la suivit patiemment.

"Maybel on pas la le temps là. Tu vas pas aller le chercher, quand même ?"

"Si"

Il leva les yeux au ciel.

"Cette bestiole est certainement dégueulasse, elle a trainé je ne sais où. Arrête de faire l'enfant et..."

Le "PLONG" de la porte qui se refermait fut sa réponse. Ulysse soupira et revint vers Maddie en secouant la tête. Elle va rester 20 minutes à fouiller en bas pour trouver un oiseau écrabouillé. Elle me désespère. Tu la veux pas en pension un petit peu ?

Elle le regarda, encore sous le choc mais le front soucieux.

_ Non, je euh... Non, pas vraiment, elle...

Elle montra la porte du pouce.

_ Elle bouge beaucoup trop pour moi.

Elle ferma les yeux en souriant.

_ J'ai pas réussi à dormir, même si elle est pas casse pieds, c'est pas... Quelqu'un avec qui j'ai l'habitude de dormir. C'est une fille déjà et je m'entends très mal avec les filles. Donc euh...

Elle haussa les sourcils et tenta de le contourner dans l'espace exigüe, le frôlant sans le vouloir.

_ Je te la laisse... Désolée, je passe. Pardon.

Frôle, frôle...

Il rentra le ventre et tenta de se plaquer le plus possible contre la paroi pour ne pas avoir à la toucher, les yeux vers le haut. Pas que la chose soit désagréable, mais il était hautement mal à l'aise et désirait plus que tout éviter de remuer le couteau dans la plaie.

Puis il la suivit vers le salon pour débarrasser le petit déjeuner.

"Tu n'as plus faim je peux ranger ?"

Banalité quand tu nous tient.

_ Non, attends...

Elle fit demi tour et lui fonça dessus pour attraper tous les pancakes qui restaient. Elle en fourra un dans sa bouche et garda les autres dans les mains, oui nature.

_ Ma mère en faisait tout le temps, elle était douée pour ça. Chase et Ben en raffolaient, ils se battaient pour en avoir. Pourtant, moi j'avais surtout droit aux purées de légumes ! Jamais de viande ! Alors je me vengeais sur les pancakes. Ma mère avait peur que je tombe malade avec de la viande, comme elle.

Scrounch, scrounch, scrounch...

Il la regarda manger avec un certain étonnement.

"Il fallait me dire que tu aimais autant ça, je t'en aurais fait plus tôt"

Il ramassa donc la vaisselle vide et alla la mettre dans l'évier avant de gratter le récipient de caramel à la cuillère pour le terminer. ça collait méchamment.

"Ta mère ne digérait pas la viande?"

Ulysse suçotait sa cuillère d'un air distrait.

Elle s'approcha de lui et sauta sur le plan de travail pour s'y asseoir et le regarder.

_ Non, ça la rendait malade. Ma mère était un végétal, une sorte d'herbivore, c'était comme faire manger un boeuf à un cheval. De quoi le rendre malade. Et elle a eut peur que je sois pareille alors elle m'a nourrie à base de plantes et de légumes, autant te dire que mon enfance a été lonnnnnngue ! En plus, Ben, mon père, c'était un acharné de la bouffe et surtout de la viande, il ne jurait que par ça ! J'ai dû passer des tonnes de tests pour qu'on soit certains que je craignais pas la viande.

Elle balança les jambes en mordant dans les pancakes.

_ Et ausculter des mutants, à l'époque, non seulement ça coûtait cher mais en plus, ça se faisait pas facilement. Ma mère n'a su que très tard que j'étais une mutante parce que rien ne se développait. En fait, c'était toujours en moi. Elle a commencé à se poser des questions quand elle s'est rendue compte que je voyais pas les mêmes choses que les gens. J'étais daltonienne et je parlais sans arrêt d'une femme en rouge. Ca la faisait flipper parce que j'étais la seule à la voir.

Ulysse se lança dans la vaisselle en l'écoutant parler tranquillement. Il avait l'habitude de prendre son temps, étant de nature plutôt appliqué.

"Et essayer de te faire manger de la viande en te surveillant n'aurait pas été un test suffisant? Ca aurait pu être dangereux?"

Il lui jeta un coup d'oeil tout en frottant un bol.

"Et ton frère ? Tu as pris les mêmes précautions avec la viande ?"

Il se gratta le nez du revers du poignet, se mettant un peu de mousse dessus sans s'en rendre compte.

_ Non... Ari savait que ce genre de gènes ne suivaient pas de cette manière là. On a bien sûr pris certaines choses de nos parents mais la viande, c'était bien particulier à son pouvoir. Alors que la chaleur et le froid, c'étaient des conséquences. Enfin je crois que c'était ça qu'Ari expliquait.

Elle se pencha vers lui, la tête bancale.

_ Ari, c'est Ari Davis, l'anthropologue, tu sais ? Elle nous gardait quand on était petits avec Dean et mon frère et puis Amber. Dean et d'autres enfants, bien sûr.

Puis elle pouffa de rire avant de lui essuyer le nez du bout de l'index.

_ Cochon, va.

Il loucha sur son nez alors qu'elle lui essuyait avant de rire légèrement et de redonner un petit coup de manche par dessus.

"Je sais pas faire les choses proprement. Et encore je ne t'ai jamais fait à dîner."

Cela suffit à lui faire pincer les lèvres et détourner le regard. Il déglutit et enchaina comme si de rien n'était.

"Ari Davis.... Mmmh ça me dit quelque chose. Qu'est ce qu'elle est devenue ?"

Elle haussa les sourcils.

_ Anthropologue. L'une des premières mutantes à montrer le chemin des études. Elle vit à Boston, elle est professeur dans une université mais à la base, elle est de Baltimore, la tristement célèbre.

Elle le regarda faire, les yeux bas avant de tripoter le dernier pancakes entre ses doigts pour en couper des bouts mini entre ses dents.

_ Ulysse...

Elle se tourna légèrement vers lui, à peine.

_ Tu me détestes ?

L'homme soupira en regardant son eau de vaisselle un instant. Puis il releva les yeux pour chercher son regard du sien sans plus sourire.

"Mais non voyons."

Il leva la main vers elle comme pour lui tapoter la cuisse avant d'interrompre son mouvement, sa main dégoulinante n'étant pas le meilleur vecteur de sympathie.

"Pourquoi est ce que je te détesterais ?"

Elle se tordit les lèvres avant de porter un ridicule morceau de pancakes encore chaud à sa bouche. Elle haussa les épaules, l'air morose.

_ J'ai pas été très juste envers toi, je t'ai laissé faire alors que je savais que je pourrais jamais aller jusqu'au bout même si j'en avais envie. Tu as le droit de me considérer comme une allumeuse.

Elle baissa les yeux sur son pancake qu'elle tenait entre ses doigts, sur ses genoux.

_ Je sais pas t'expliquer, j'avais juste... Envie d'un baiser, tu vois ? Et je suis consciente que j'ai eu tort, j'aurais pas du croire que je pouvais me servir de toi ou bien que tu ne te contenterais que de ça.

Ulysse sortit les mains de l'eau et les secoua avant de les essuyer dans un torchon. Il prenait son temps pour répondre.

"Ecoute, je ne sais pas si j'ai vraiment envie de reparler de tout ça tu comprends ?"

Il lui jeta un regard puis se mit à essuyer la vaisselle qui était déjà rincée.

"Je n'ai jamais pensé ou imaginé que tu étais le genre de fille à ... -il fit un moulinet du poignet- une fille légère. Je te respecte trop pour me servir de toi afin d'assouvir un besoin physique. Mais la vérité Maddie c'est que j'ai parfois un peu de mal à brider mes pulsions. Alors quand tu commences à m'envoyer des signaux forcément je me pose moins de questions."

Il pinça les lèvres et posa l'assiette qu'il était en train d'essuyer pour la regarder en face.

"Le fait est que je crois que je me suis trop accroché à toi et c'était une erreur. Je crois qu'on devrait arrêter de se voir en dehors du boulot, du moins pendant quelques temps."

Mais ça, c'était quelque chose qui faisait réagir Maddison plus qu'il n'aurait pu le croire. Elle releva des yeux ronds sur lui, choquée, alors que son coeur avait raté un battement.

_ Tu me punis, simplement parce que j'ai envoyé des signaux un peu trop forts ?! De quel droit tu te réserves le besoin de choisir si on peut se voir ou pas ?! Hey, je suis désolée si je te semble pas stable ou pas réglo, ou tout ce que tu veux, j'essaye de faire avec, tu vois mais j'ai parfois un peu de mal à rester raisonnée et toi, t'es là tu me caresses les cheveux, tu me tiens la main et tu t'attends soit à ce que je te tombe dans les bras, soit à... A... A je sais pas quoi et tu me punis si je fais pas ce que tu veux, au final !

Elle sauta du plan de travail avant de poser le pancake tel quel puis elle fixa Ulysse, le ton bien haut pour le coup et elle se montra la poitrine.

_ Depuis quand il faut se séparer à tout prix pour avoir une vie ! Ca fait des semaines que je te repousse à chaque fois que tu t'approches un peu de moi mais c'est moi qu'on punit ?! Je comprends pas ce que je t'ai fait ! D'abord mon frère, puis Noah et après Reese et maintenant toi ! Je parle même pas de mes parents, mais c'est quoi votre truc à vous les hommes de m'abandonner sous prétexte qu'un truc cloche chez moi !

Ulysse secoua la tête en se reculant légèrement, les sourcils froncés.

"Mais qui a parlé d'une punition ? Pourquoi faudrait-il forcément que je réagisse pour te punir parce que tu m'as repoussé ? C'était ton droit le plus élémentaire et je n'aurais même pas dû tenter ma chance. Oui ça m'a frustré, je l'avoue. ça m'a frustré et je fais avec."

Il soupira et envoya voler son torchon.

"Mais comme tu me l'as si bien rappelé on est partenaires, on est simplement partenaires. Tu crois que ça me fait quoi de te voir pratiquement tous les soirs ? Tu crois que ça m'aide à ne voir en toi que le côté professionnel de notre relation ? Je n'ai pas envie de tomber dans un truc malsain où j'accrocherais à toi ou je ne sais quoi. Si je dois rester dans cette ville il faut que je rencontre du monde, il faut que je m'émancipe un peu de Maybel d'abord et de toi ensuite. Tu es ma solution de facilité Maddie, tout comme je suis la tienne."

Il pinça les lèvres et fixa le placard derrière elle en se redressant légèrement.

"Tu ne peux pas te servir de moi pour avoir un baiser lorsque tu en as envie parce que tu es malheureuse de l'échec de ta relation avec un autre et me repousser le reste du temps. Je n'ai pas envie de tomber dans ce genre de travers, et me réveiller un matin en me rendant compte que tu es la seule femme que je désire réellement sans que ça soit réciproque. On est partenaires, on travaille ensemble. On est amis aussi. Mais à ton contact je ne peux pas m'empêcher de penser à des choses que je ne devrais pas penser."

Il désigna le salon d'une main tendue.

"Je n'avais pas envie de dormir sur le canapé pendant que tu étais dans la chambre ! Je n'avais pas envie de détourner le regard quand tu te changes ! Si je restes près de toi je vais devenir lourd alors autant que je prenne un peu de distance et qu'on recommence sur des bases saines quand j'aurai... -il déglutit- quand j'aurai je sais pas ! Tiré mon coup quelque part peut-être."

Il se passa la main sur la nuque en penchant la tête vers l'avant.

"ça n'a rien à voir avec une punition. Mais vraiment rien à voir."

_ C'est pourtant ce que tu fais ! Je t'ai jamais interdit de voir d'autres personnes que Maybel ou moi et personne te demande de t'émanciper de ta soeur, qui fait ça ! Logan se plaint pas de m'avoir dans sa vie, lui !

Elle désigna le salon tout comme lui.

_ Qui te dit que tu n'étais qu'une solution de rechange ! D'accord, je ressens pas la même chose que toi, c'est vrai mais je ne suis pas la garce que tu décris à me servir de toi uniquement quand ça me chante ! Sinon je t'aurais pas repoussé le premier jour ! Ca ne t'est pas venu à l'idée que si je te repoussais, c'était justement parce que j'essayais de ne rien voir de plus en toi qu'un collègue ? Reese te le dirait, lui, Noah aussi, je suis toujours proche des gens, qu'ils soient des collègues ou des amis. D'abord, tu t'attaches à moi et tu me laisses m'attacher à toi avant de me dire "Non, pas le droit" ?! Et tu me dis ça juste après ma rupture avec Noah ! Tu fais exactement la même chose que lui au final à un niveau différent ! Tu veux t'éloigner de moi parce que je suis néfaste pour toi ! Mais la vérité, c'est que c'est la seule chose qui m'empêche de tomber dans une dépression dure comme celle que j'ai connue il y a quatre ou cinq ans et qui m'a poussée à sauter sur Noah, c'est toi ! Parce que tu m'aides à garder la tête haute. Et maintenant, tu veux aller voir du pays parce que je te donne pas ce que tu veux !

Elle allait partir mais elle revint en virevoltant sur elle même.

_ Si tu me laissais ne serait-ce que quelques jours le temps que je me remette de tout ce qui m'arrive ces derniers temps, peut-être que je ferais pas de BLOCAGE en sentant ta main sur ma cuisse ! Tu y as pensé à ça ? Que peut-être j'avais envie mais que ce qui me terrifiait le plus, c'était que tu me touches justement comme il fallait ! Je me sens déjà assez coupable comme ça et toi, tu en rajoutes une couche. Tu ne t'es pas dit que peut-être j'avais épuisé mes cartes pour te repousser alors que fondamentalement, j'en avais pas envie !

Mais Ulysse n'y croyait pas. Il secoua la tête à la négative en faisant tout pour ne pas la regarder dans les yeux. Il savait qu'il aurait plus de mal à répliquer s'il voyait son visage.

"Amoureuse comme tu es de ton Irlandais ? Avoir envie de te laisser tenter par moi ? Permets-moi d'avoir quelques doutes. Mais là n'est pas la question."

Il y avait de l'amertume dans sa voix.

"Je ne t'ai jamais perçue comme une garce, je suis trop concentré sur le fait d'éviter de passer pour un salaud qui essaie de profiter de ta détresse ! J'y peux rien Maddison, quand je te vois j'ai envie de te toucher."

Il s'approcha d'un pas avant de serrer la mâchoire et de se forcer à se reculer.

"J'ai envie de passer mes doigts dans tes cheveux, j'ai envie de t'embrasser, j'ai envie de t'entendre soupirer."

Il se mordit la lèvre et lui tourna le dos finalement, les deux mains sur le plan de travail appuyé comme pour reprendre contenance.

"Et je sais que si je reste près de toi je n'arriverai pas à me résoudre à être simplement... Ulysse Ashkevron, oreille compatissante des coeurs brisés et faiseur de pancakes."

Il lui jeta un regard par dessus son épaule.

"Et pitié ne me dis pas que ce n'est pas ce que tu attends de moi. Je connais la chanson on en a déjà parlé."

Il serra un poing en fixant de nouveau droit devant lui.

"Alors oui, je suis peut-être un sale égoiste qui n'a pas envie de s'enticher pour rien. Oui, je suis même très certainement un connard d'individualiste qui ne me soucie pas de ta détresse. Mais je dirais pour ma défense que de te voir ainsi vulnérable me donne une furieuse envie de t'Aimer."

Elle le fixa avant d'ouvrir la bouche.

_ Comment tu peux dire des trucs pareils !! Tu ne sais même pas qui je suis en dehors des bribes que je te raconte et de ce qu'Edison a laissé sortir ! Tu me vois en détresse !

Elle leva une main avec le poing fermé.

_ Alors que tu ne vois pas à quel point je me sens détruite alors oui mes mots, mes gestes, ce que tu veux, ça paraît parfois pas accordé, en fausse note ! Mais toute ma vie est mise à l'épreuve ces derniers temps et Noah était déjà là qu'il était clair qu'il y avait quelque chose entre nous et même ça, ça t'a jamais vraiment arrêté.

Elle s'approcha de lui.

_ Tu veux voir de l'individualisme ?

Elle posa sa main sur son épaule pour le retourner qu'il lui fasse face. Elle lui agrippa la chemise pour l'approcher de son visage et l'embrasser. Ne jamais énerver une Maddison. En changeant les rôles, peut-être qu'elle deviendrait assez intéressante pour qu'il lâche l'affaire mais pas assez pour qu'il la lâche, elle. Elle passa ses bras autour de sa nuque pour se serrer contre lui. ELLE était individualiste pour le coup.

Il recula sous le coup de l'assaut sans savoir s'il devait la repousser ou profiter de l'instant. Que désirait-elle? Qu'attendait-elle de lui ? Il se raidit et crispa les yeux au contact de ses lèvres. La sensation était tellement délicieuse, la tentation si forte.... Ses mains vinrent l'entourer lentement avant qu'il ne la serre avec force contre lui, la soulevant légèrement de terre, une main venant se mêler à ses cheveux puis encadrer son visage.
Il eut l'impression d'entendre une voix hurler dans sa tête. Le signal d'alarme de sa conscience qui lui dictait de ne pas retomber dedans comme un bleu. Mais il prenait un tel plaisir à la sentir dans ses bras.... Un son rauque s'échappa de sa gorge alors qu'il se forçait à décoller ses lèvres des siennes, son front rencontrant le sien en douceur. Il desserra son emprise et tenta de s'écarter d'elle sans grande conviction.

"Non... Non ce n'est pas réellement ce que tu veux."

Sa mâchoire se crispa en blanchissant légèrement et ses doigts glissèrent de sa taille pour se séparer d'elle.

"Je ne peux pas te laisser faire. Pas tant que tu as l'esprit si embrouillé"

Il n'en revenait pas. Il résistait ! C'était un tel exploit qu'il en déglutit plusieurs fois, le souffle court.

"Non..."

Il revint sur ses lèvres d'un coup ferme, en agripant son visage. Puis il se sépara de nouveau.

"Non ça suffit."

Il n'osait pas la regarder en face. Il crispait les poings.

Elle porta ses mains à son visage pour l'obliger à rester contre son front. Sa voix était plus qu'un souffle ou un murmure et les yeux fermés, elle ignorait quel message elle voulait faire passer mais elle le faisait passer.

_ Ne crois pas tout savoir sur moi, Ulysse. Tout ce que tu vois n'est qu'une surface, imagine ce qui se passe à l'intérieur. Ne parle d'individualisme, tu ne sais pas ce que c'est. Tu n'as pas plus envie de m'aimer que qui que ce soit, tu es juste face à quelqu'un qui réagit de la même manière que toi et qui répond à tes gestes.

Elle joua de son nez contre le sien, les lèvres entrouvertes.

_ S'il n'y avait pas eu Noah, tu ne te serais pas senti de la même manière, tu aurais eu ce que tu voulais et le lendemain, tout aurait été comme avant.

Elle frôla ses lèvres des siennes en le forçant à rester là, collée contre son torse.

_ Parce que je suis pas plus intéressante qu'une autre, voire pire. Parce que tout ce que tu vois, c'est une jolie paroi qui nécessite des centaines de tubes d'hydratant chaque jour pour éviter que la coque casse alors tu vois...

Elle lui mordit doucement une lèvre, tenant toujours son visage entre ses mains.

_ Tu as déjà pas mal réussi à la craqueler. Si j'en avais pas eu envie, je t'aurais pas laissé faire. Tout ce que tu vois en moi, ce n'est qu'un challenge pour prendre la place d'un autre mais au final, c'est pas plus intéressant qu'ailleurs.

Il avait les yeux clos, crispés de se retenir de la plaquer de nouveau contre la première surface lisse qui lui serait passé à proximité. Il la désirait si fort, si puissamment il se concentrait tout entier pour ne pas céder à la tentation. Lorsque ses lèvres passaient près des siennes, il ne pouvait pourtant pas s'empêcher de les happer des siennes, de les embrasser, de les mordiller. Son torse se soulevait à intervalles de plus en plus courts sous l'effet de la chaleur qu'il sentait brûler en lui.

"Tu te trompes. Tu te trompes tu n'es pas un challenge. Et je n'ai pas envie de prendre la place de Noah."

Il releva le visage sans bouger, le tournant vers le plafond avec les yeux toujours clos pour échapper à ses lèvres. Ses mains s'égarèrent de nouveau sur sa taille et glissèrent sur les vêtements. Sa voix était à peine plus élevée qu'un souffle.

"Je n'ai jamais aimé les cadres proprets. Je n'ai jamais aimé...."

Il déglutit et revint sur ses lèvres comme pour y prendre une nouvelle bouffée d'air délicieuse.

"Pas de mot, pas de... pas de conventions"

Il fuit de nouveau sa bouche. Il ne savait plus s'il devait espérer se sauver ou se perdre contre elle. La prendre dans ses bras et s'isoler du monde.
Il se contracta de nouveau et éloigna son corps du sien.

"Maddison..."

Il rouvrit les yeux pour la regarder avec une détresse non dissimulée dans le regard.

"Arrête, je ne le supporte pas"

Ulysse répondait bien trop à ses provocations. Noah avait un certain charisme mais Ulysse était encore bien pire. Et il avait l'art de lui faire oublier tout et n'importe quoi autour d'eux. Maddison se retrouvait exactement dans la même situation qui l'avait poussée à sauter sur Noah quelques années auparavant et elle essayait, très difficilement, de rester raisonnable mais rien n'y faisait.

Elle revint vers Ulysse, piégé par le plan de travail dans son dos et elle prit ses mains pour qu'il l'entoure à nouveau, venant poser son nez contre sa joue.

_ J'ai menti tout à l'heure.

Inutile de préciser sur quoi. Elle avait un besoin quasi vital d'évacuer, il fallait qu'elle évacue. Et Ulysse était juste parfait. Elle retint ses mains dans les siennes, sur ses reins, frôlant ses lèvres des siennes.

_ Je compte pas m'arrêter.

Ulysse emmêla ses doigts aux siens en fermant les yeux lentement, il tentait de s'empêcher d'être brutal. Il avait l'intention de profiter de l'instant et le désir le dévorait si fort qu'il avait envie de lui arracher ses vêtements sans ménagement. Les lèvres entrouvertes, il ressentait ses mots plus qu'il ne les écoutait.

"J'espère bien..."

Il avait prononcé cela dans un souffle. Puis il revint sur ses lèvres avec force, les dévorant des siennes, ses mains se dégageant des siennes pour la presser contre lui, les descendant peu à peu vers ses fesses pour la soulever et l'empoigner pour la plaquer contre ses reins. Son rythme cardiaque s'accéléra sensiblement et son souffle se fit plus court. Ses lèvres se mirent de nouveau à explorer son cou, le frôlant à peine pour réveiller son épiderme. Il lui mordilla la carotide puis lui embrassa profondément la nuque pendant que ses mains remontaient dans son dos pour faire glisser son haut lentement.
Il la ressentait fermement, plaquée contre lui. Chaque frisson lui était délicieux. Son souffle glissait sur sa peau qu'il était bien décidé à dénuder.

La porte d'entrée claqua sans ménagement.

"Vous n'allez pas me croire !"

La voix de Maybel parvenait du salon. Elle fit voler ses chaussures et jeta un coup d'oeil dans la pièce d'un air étonné.

"Hey vous êtes où ?"

L'arrivée de sa soeur le fit sursauter violemment. Il laissa retomber le haut et s'écarta de Maddie d'un air affolé.