[CLOSED] [Ulysse/Maddie] Après la déprime, la dépense.

Si Maddie avait passé la journée la tête ailleurs, ne répondant souvent qu'au deuxième appel, complètement à l'ouest et ne comprenant qu'un mot sur deux de ce qu'on lui disait, répétant ce qu'on venait déjà de lui dire, le soir, elle ne se fit pas prier pour rentrer chez elle plus tôt que prévu. Elle était dans une sorte d'état second, quelque chose de bizarre, dans du coton, entendant à peine les mouvements autour d'elle.

Et rentrée chez elle, le problème était toujours le même. Elle avait repassé toute la journée dans sa tête ses propres mots prononcés à Noah avant de raccrocher et elle arrivait toujours pas à croire qu'elle avait pu dire une chose pareille. Elle avait donc vu juste, sans enfants, pas de Noah. Si encore le Scorpion avait été un problème, elle aurait su le gérer. D'ailleurs, le fait qu'il en soit pas un était curieux.

A peine quelques minutes devant la télé et Maddie en eut marre de son mutisme avant de foncer dans sa chambre pour se changer et ressortir. L'appartement pour elle seule était trop grand et trop silencieux ! Sans prévenir, elle débarqua chez Ulysse le soir en descendant de Taxi. Elle avait décidé d'accepter l'offre d'Ulysse. De toute façon, elle se sentait mieux quand il était dans le parages - boulot exclu.

Elle avait mis une jupe noire -sisi- dans le genre échancrée qui tombait un peu plus sur le genoux droit avec des bottes, un débardeur violet foncé et sa veste en cuir. Elle s'était également maquillée et même coiffée ! Cela dit, elle avait gardé son vieux sac qui détonnait totalement avec ce qu'elle portait. En espérant qu'elle ne dérangerait, elle avait subitement une folle envie et un fort besoin de sortir.

Ulysse, lui, ne s'attendait pas du tout à une soirée surprise. Depuis le départ de Noah, Maddie était un peu triste et souvent ailleurs. Il faisait tout pour lui remonter le moral mais il avait parfois l'impression de brasser de l'air. Tant pis, il était mignon comme ventilateur.

Il était donc rentré chez lui près d'une heure après le départ de sa partenaire, inquiet mais résigné. A peine arrivé il s'était débarrassé de son costume et de sa veste pour passer un short et une tee-shirt beaucoup plus confortables afin de s'apprêter à passer la soirée en tête à tête avec un bon match de basket. Maybel n'allait certainement pas tarder à rentrer, elle lui avait laissé un mot pour l'avertir qu'elle faisait quelques heures supplémentaires à la King Corp.

Vautré dans son canapé, les pieds croisés sur la table basse, des baskets aux pieds et le bras appuyé sur l'accoudoir, il suivait les joueurs en poussant des "oh!" et en gesticulant un peu, une petite bouteille de bière à la main. Il avait prévu de se nourrir de façon très structurée : chips, sauce barbecue, ketchup et hot-dog moutarde. Bref, une soirée de mec.

Lorsque Maddie frappa à la porte la première fois, Ulysse ne l'entendit pas. C'est à la seconde tentative qu'il dressa l'oreille et baissa le son de la télé qui était assez fort, engouement sportif oblige.

"J'arrive !"

Hop, il sauta par dessus le canapé d'un bond, une main appuyée sur le dossier et trottina jusqu'à la porte pour l'ouvrir à la volée.

"Maybel tu as encore oublié tes c..."

Il interrompit sa phrase, bouche bée, en découvrant une Maddie toute apprêtée et très différente de celle qu'elle était ces derniers jours.
Les sourcils hauts de surprise, il lui fallut quelques secondes pour retrouver son sourire jovial et pour pouvoir construire une phrase avec un sujet et un verbe.

"Maddie ! Entre je t'en prie"

Il s'effaça pour la laisser passer.

"Tout va bien ?"

En désespoir de cause, elle avait insisté sur la porte, il fallait qu'Ulysse réponde, elle ne supporterait plus cette situation en solitaire encore longtemps. Alors elle sautilla sur ses pieds, son sac dans les mains jusqu'à ce qu'il n'ouvre. Dans son regard, on pu y lire presque comme de la reconnaissance, un remerciement pour avoir enfin ouvert cette porte avec une lumière divine derrière lui. Elle lui sourit finalement mais quand il s'effaça, elle se retourna légèrement pour montrer derrière elle du pouce.

_ En fait...

Elle le regarda, le pouce toujours tendu par dessus son épaule et elle secoua la tête, faisant doucement bouger ses boucles d'oreilles -qu'elle ne portait jamais-. Elle lui sourit en fermant les yeux, gênée avant de les rouvrir, se mordant une lèvre, mal assurée.

_ Je me demandais si ton... invitation à dîner marchait toujours. Il y a un nouveau restaurant qui a ouvert en ville haute et Edison m'a filé deux entrées pour Noah et moi, alors... Vu que Noah n'est pas là et que ce serait vraiment bête de perdre ces réservations...

Elle ferma un oeil en grimaçant légèrement.

_ Tu veux venir avec moi ?

Ulysse ne s'attendait pas du tout à ce genre de demande et il écarquilla plus les yeux encore. De ketchup sur un doigt, sentant un peu "l'homme" d'avoir eu une journée de boulot et de ne pas avoir pris de douche en rentrant, avec son short et son tee-shirt pour trainer, il faisait vraiment tache à côté d'elle.

"Euh... Bien sûr ! Si ça ne te dérange pas de m'attendre une minute"

Il se désigna avec un sourire amusé.

"A moins que tu ais l'intention de m'inscrire à un concours de mangeurs de hamburgers après notre dîner bien entendu"

Il se dirigea vers le salon et dégagea ses petites affaires à la vitesse de l'éclair. Que Maybel voit ses caleçons trainer c'était pas grave mais Maddie c'était tout autre chose. Surtout quand l'un d'eux était un boxer orné de petits chiens "boxer" avec des gants de boxe bien entendu.

"Je fais vite, tu m'attends là ?"

Il lui adressa un dernier sourire et disparut vers sa chambre. Il ne ferma pas la porte totalement, de toutes façons cette dernière ne fermait pas. Les aléas du motel ! Il se déshabilla rapidement, son ombre filtrant par l'entrebaillement. Il chercha des yeux sa serviette pour aller se passer sous l'eau histoire de ne pas faire tomber Maddie comme une mouche à cause de son odeur corporelle disons... musquée.

"En tous cas tu es magnifique !"

Sa voix filtrait de la pièce d'à côté.

Elle entra et referma la porte derrière elle avant de tendre le cou jusqu'à l'entrebaillement de la chambre. Elle chercha à deviner ses formes alors qu'elle n'en voyait que l'ombre et quand elle entendit sa voix, elle se redressa, les sourcils hauts.

_ Oh !! Euh... Merci ! Toi aussi !

Elle fronça les sourcils en grimaçant. Elle était toujours si peu à l'aise avec ce genre de choses. Maddie aimait quand c'était un peu brutal et non prévu. Là, devoir attendre ou prévoir la stressait.

_ Tu sais... Je veux pas que tu te forces, hein ! Je faisais que proposer, sinon c'est pas grave.

"Mais non voyons. Je regarderai le match quand il sera rediffusé, t'inquiète pas"

Car ledit match continuait de se dérouler à la télévision restée allumée. Le son baissé au maximum on entendait rien des commentaires mais les joueurs continuaient de se disputer le ballon.
Il n'y avait pas d'accès direct à la salle de bains de sa chambre. Il en sortit donc, la serviette enroulée autour de la taille et fila d'un pas nonchalant. En bon agent du FBI, Ulysse s'entrainait assez régulièrement pour s'épargner le bidon rebondit et les pectoraux flasques.

"C'est quel type de restaurant ?"

Et hop il referma la porte de la salles de bains, lui parlant toujours au travers.

"Edison y est allé ?"

Elle regardait la télé quand elle l'entendit repasser. Elle écarquilla les yeux en le suivant du regard, la bouche bée.

_ Euh... Je...

Elle gonfla les joues, cherchant ses mots et elle soupira, les joues rouges.

_ Je euh... Hum...

Elle se racla la gorge en se retournant vers la télé, les sourcils froncés de concentration.

_ Non, c'est la première ce soir. Je pense qu'il y sera avec sa femme, oui. C'est quel type de restaurant, euh... Un genre un peu euh... Design... tu vois ? Le genre bien habillé mais sans costume ni robe de soirée, c'est le genre bien habillé soirée arrosée. En fait, j'en sais trop rien. Il fait toujours aussi chaud chez toi ?

Elle avait décidément un problème avec la chaleur !

Mais il n'entendit pas sa dernière remarque. Il avait filé sous la douche et avait allumé l'eau de telle sorte qu'elle couvrait ses paroles. D'ailleurs il n'essaya plus de communiquer avec elle. Alors que le liquide lui coulait dessus, il leva les yeux vers le pommeau de douche et les crispa un instant. C'était la première fois qu'il prenait conscience de la réelle féminité de sa partenaire. Jusqu'à présent il avait aimé passer du temps avec elle parce qu'elle partageait beaucoup de ses centres d'intérêt. En homme correctement constitué il avait également eu des pensées plus ou moins.... inavouables. Mais la voir ainsi pomponnée à l'attendre lui fit battre le coeur un peu plus fort.

Il baissa la tête en la secouant et se passa les mains dans les cheveux pour les rabattre en arrière, les yeux toujours fermés et les lèvres entrouvertes.

"Allez pas de connerie mon vieux."

Lorsque l'eau s'interrompit, il prit une bonne inspiration et s'essuya à la hâte.

"ça va Maddison ?"

Le silence n'avait pas duré très longtemps mais suffisamment pour qu'il se demande si elle ne s'était pas évaporée.

Elle n'osait plus bouger de là où elle était, plantée comme une âme en peine.

_ Euh... Oui ? Oui, ça va...

Pas du tout mais trop fière pour l'avouer. En regardant ses mains qui tenaient son sac devant elle, elle s'aperçut qu'elle portait toujours sa bague de fiançailles. Maintenant qu'elle l'avait, elle avait du mal à l'enlever, allez comprendre pourquoi. Elle la fit tourner sur son doigt en pinçant les lèvres puis elle se racla la gorge en relevant le menton.

_ Où est Maybel ?

S'intéresser à autre chose. Maintenant. Et vite.

Il se frictionna avec vigueur, commençant à avoir de plus en plus froid.

"Elle fait des heures supplémentaires à la KC. Elle t'avait dit qu'elle était secrétaire là-bas ? Je sais pas si elle va rentrer directement après ou si elle va passer à l'Underground. Elle me parlait d'aller voir Lina et Sunny hier soir"

Il n'eut pas besoin de repasser dans l'autre sens à moitié nu pour aller chercher ses vêtements. A son arrivée dans les lieux il avait bricolé un petit dressing directement dans la salle de bains sous le ballon d'eau chaude pour ne plus avoir à courir après ses vêtements le matin. Il se choisit donc une tenue à la fois habillée et décontractée et reparut assez rapidement, le sourire aux lèvres.

Lorsqu'il ouvrit la porte, Maddie put le découvrir, une chemise blanche au premier bouton ouvert et un pantalon noir de costume en guise de bas. Il avait coiffé ses cheveux vers l'arrière, une mèche lui retombant sur le front.

"C'est trop habillé pour toi ?"

_ Elle travaille là-bas ?!

Elle s'occupait en tripotant le dossier du canapé. Alors quand il revint, au son de sa voix, elle se retourna et se força à sourire pour cacher son malaise.

_ Euh...

Elle avait peu de conversation, ce soir, dis donc ! Elle le détailla en inspirant profondément avant de hausser les épaules, satisfaite.

_ Non, je trouve que ça va très bien ! Disons que le gel dans les cheveux, ça fait un peu...

Elle dodelina de la tête en la rentrant dans les épaules puis elle ouvrit d'un coup les yeux avec un sourire.

_ Gay. Mais ça va !! Non, vraiment, c'est parfait, tu es... Magnifique.

Elle déglutit, pas certaine d'être très flatteuse.

A propos de Maybel, il ajouta simplement en haussant les épaules :

"Oui elle remplace une secrétaire en congé maternité je crois. C'est Edward qui l'a pistonnée. Je veux même pas savoir de quelle façon"

Puis il leva les yeux vers ses cheveux avant de se les frotter avec énergie pour se débarrasser de l'aspect gominé.

"Tu me préfères comme ça, avec un air un peu indompté ?"

Il passa devant elle en la frôlant presque, la transperçant d'un regard amusé puis alla jusqu'à l'entrée pour passer des chaussures de circonstance et prendre sa veste. Lorsqu'il se retourna de nouveau vers elle, il lui tendit le bras avec l'air d'un parfait gentleman.

"Nous y allons chère amie ?"

Elle baissa les yeux quand il la frôla, se bougeant n'importe comment pour le laisser passer, s'excusant de toutes les façons possibles et inimaginables, rouge comme une pivoine. Dos à lui pendant qu'il mettait ses chaussures, elle porta ses doigts à ses lèvres en se raclant la gorge avant de se retourner vers lui et lui sourire en acquiesçant. Elle se contrôlait bien, la bougresse en mal d'amour !

Elle lui prit le bras délicatement avant de baisser le menton, complètement rouge sur son teint bazané. Une fois dehors, qu'il eut fermé la porte, elle fronça les sourcils.

_ J'ignorai qu'Edward embochait. Il m'a jamais proposé du boulot. Tu sais pas ce que son majordome a osé me dire ?

Elle pencha la tête, parler d'autre chose que d'Ulysse l'aidait bien.

_ Qu'il n'appréciait que peu ma collaboration avec Edward et qu'il ne comprenait pas que celui-ci me fasse confiance. Tu te rends compte ? Edward me ferait confiance ? Après tout ce qu'on se dit à chaque fois qu'on se voit ?

Elle ouvrit les bras, les yeux ronds.

_ J'ai l'impression d'être CENDRILLON quand je suis avec lui.

Elle pencha la tête sur le côté, blasée.

_ tu vois la grosse conne mal frippée avec des cernes et le super prince à côté !

Elle leva une main avant de la faire claquer sur sa cuisse avec agacement.

Ulysse pouffa de rire et préféra regarder autour de lui plutôt que de se concentrer sur elle. De là où il était son débardeur mettait assez en valeur ses formes pour qu'il ait du mal à se concentrer sur son rôle de gentil chevalier servant changeur d'idées.

"Tu es certainement pas assez distinguée à ses yeux. Mais tu sais -et je suppose que je ne t'apprend rien- il ne faut pas se fier aux apparences. C'est pas parce qu'il te traite de tous les noms qu'il ne t'apprécie pas. Les hommes sont des grands petits garçons qui gardent la mauvaise habitude de maltraiter les filles qui leur plaisent"

Il avait dit ça d'un ton léger et poursuivit toujours de la même manière.

"Quoi que dans le cas d'Eward il soit difficile de savoir ce qu'il ressent. Une trop haute éducation, ça change la donne."

La rue était légèrement humide, il avait plu récemment. Lorsqu'il fallut traverser la rue, il y avait une large flaque dans le caniveau. Ulysse l'enjamba et saisit Maddie par la taille pour lui faire passer sans qu'elle ne s'abîme les bottes. Puis doucement, il la reposa à terre, la sentant glisser contre lui. Il s'écarta rapidement en lui représentant son bras comme si de rien n'était.

"Il faut que tu me dises où c'est exactement. Tu veux qu'on prenne un taxi ?"

Elle grogna de rire en gonflant les joues.

_ Edward est comme ça avec tout le monde. Je peux même pas l'approcher à moins de 10cm, alors... Si quelqu'un doit plaire à Edward... C'est son intelligence virtuelle ! Et que je sois pas distinguée, alors ça, je m'en moque !

Mais alors quand il l'attrapa pour la faire passer au dessus de la flaque, elle se surprit à rester en apnée, les yeux ronds. Elle en revenait pas qu'il remettait ça ! Elle le pensait pas à ce point tactile lorsqu'elle même ne l'était pas. Elle se laissa glisser pour retoucher le sol de ses pieds et elle déglutit à nouveau en relevant des yeux curieux sur lui. Quand il s'écarta rapidement, elle sentit enfin ses poumons se remplir d'air mais elle était toujours... Bizarre.

_ Un... Un ... Un taxi serait pas mal, oui...

Elle se tourna vers la rue pour en cherchant un, ignorant alors le bras à nouveau tendu.

Ulysse siffla un taxi qui passait par là et écarta Maddie par le bras au moment où il freinait. Il aurait été dommage que l'engin ne lui envoie une bonne giclée d'eau boueuse en freinant. Puis doucement il la poussa dans le dos pour l'inciter à monter, la suivant de près.

Une fois installé, il tourna les yeux vers elle pour la laisser annoncer l'adresse au chauffeur.

"La réservation est pour quelle heure au fait ?"

Il écarta une manche de sa veste pour regarder sa montre, légèrement soucieux.

_ Bah... Quand on veut, en fait, j'ai juste une table pour deux.

Elle écarta une mèche pour la placer derrière son oreille avant de lui sourire timidement. Elle se pencha en avant pour donner l'adresse au chauffeur avant de se réinstaller dans son siège et de sourire à Ulysse.

_ Je suis désolée d'avoir débarqué comme ça, c'est pas vraiment mon genre mais... Je me suis décidée à bouger.

Il se laissa aller contre le siège et jeta un coup d'oeil dehors avant de reporter son regard sur elle, son sourire s'élargissant.

"Tu as bien fait. C'est toujours un plaisir de te rendre service chère coéquipière"

Son regard ripa sur la bague de fiançailles qu'elle portait au doigt. Il prit une profonde inspiration et se laissa conduire sans plus rien dire l'esprit ailleurs. Ils s'étaient énormément rapproché ces derniers temps. Il repensa immanquablement à Ellen, sa partenaire de Seattle et se mordit la lèvre. Etait-il en train de faire la même connerie, en train de se laisser aller à s'imaginer qu'il pouvait ressentir autre chose qu'une franche camaraderie à son encontre ? Il remercia la bague de lui rappeler qu'il n'en avait pas le droit.

Lorsque le taxi se gara, il descendit le premier pour tenir la portière à sa cavalière d'un soir et lui tendit de nouveau le bras. Devant le restaurant, plusieurs couples se présentaient.

"Ouah, ça m'a l'air bien chic quand même"

Il lui jeta un regard appréciateur.

"Heureusement que tu n'es pas venue avec ton pyjama et ta couette"

Elle garda le même silence, même s'il la fit replonger dans sa conversation avec Noah dont elle déglutit lourdement à nouveau, gardant sa boule serrée... Dans sa gorge ! Interdiction d'en sortir. Alors quand le taxi se gara, elle était rêveuse, regardant les couples devant la porte, attendant pour leur table. Quand Ulysse lui cacha la vue, elle sursauta avant de sortir pour lui sourire. Pitié, faites qu'il parle et qu'elle se change les idées. Ce qu'il fit et elle ne pu s'empêcher de rire en lui donnant un coup de coude dans le ventre.

_ Quand vas-tu t'arrête de dire des conneries ?

Elle regarda la petite file d'attente avant de relever les yeux sur lui. Elle leva la main pour la porte à son front à lui et lui écarter une mèche de cheveux.

_ Comme ça, c'est mieux. Ca fait un peu plus négligé sinon on aurait pu croire que tu l'avais paramétrée cette mèche.

Et il renchaina sur une bêtise pour cacher son trouble. Il était tellement rare qu'elle établisse un contact même visuel qu'il se sentit perdre ses belles résolutions de sagesse. Oui, l'abstinence c'était vraiment le Mal.

"Bien sûr ! Avant de sortir je prends mon équerre et mon rapporteur et hop je l'incline à 47° les jours pairs et...."

Mais il ne finit pas sa phrase. Il croisa son regard et s'y attarda un instant. Pourtant cette fois-ci il ne chercha pas à le fuir. Son sourire s'élargit et il haussa légèrement les épaules.

"On y va ?"

Il l'entraina avec douceur et fermeté, regardant à présent droit devant lui, reparti à faire la conversation pour chasser la gêne.

"Je me demande si on va croiser Edison. Je n'ai jamais rencontré sa femme."

S'il ne l'avait pas regardée, elle aurait sûrement vu Edison et sa femme s'approcher au lieu de le fixer de la même manière. Elle lui sourit doucement pour lui répondre et au moment où il finit sa phrase, elle dû se stopper alors qu'une femme leur souriait de toutes ses dents blanches en levant une main vers eux.

_ Maddison DeLuca ! Quelle joie de vous voir, ça faisait longtemps que je ne vous avais plus revue !

Edison serra la main d'Ulysse puis s'approcha de Maddison pour lui embrasser la joue avant de faire les présentations... Quelque peu ironiques.

_ Ashkevron, voici Madisson. Ma femme.

La femme était grande et élancée, d'un grand chic... et blanche. Edison était empoté... Disons le... gros. Et noir. Même grand, il paraissait comme le contraire parfait de sa femme. Et cette dernière reprit en ouvrant grands les yeux sur Ulysse.

_ J'ai tellement entendu parler de vous ! Le fiancé de Maddison par ci, le fiancé de Maddison par là...

La Maddison en question écarquilla les yeux et Edison allait corriger quand elle posa sa main sur le torse d'Ulysse en riant, d'un rire... Très Lanesque.

_ Oh non, lui c'est Ulysse, mon co-équipier ! Noah est en Irlande en déplacement pour l'instant et mon père étant à Boston, j'ai décidé d'en faire profiter un ami !

Elle tapota le torse d'Ulysse ne riant - jaune.

_ Non... Ulysse n'est pas... Mon fiancé... non.

Ulysse rit tout aussi jaune, entourant Maddie de son bras et la resserrant contre lui sans la regarder.

"Enchanté de vous connaître Madame. J'étais justement en train de questionner Maddie à votre sujet. Vous êtes très élégante ce soir."

Il inclina la tête vers elle et relâcha la pression en lui souriant de toutes ses dents, certain de récolter un beau regard foudroyant en retour.

"J'espère pouvoir vous voler une danse durant la soirée. Enfin, si Maddie me le permet"

Il rit doucement et enfouit sa main libre dans sa poche d'un air décontracté.

Edison rit à son tour.

_ J'attendais effectivement de revoir Noah. La dernière fois, ce n'était pas vraiment un moment adéquat.

Maddie acquiesça en se redressant, rouge comme jamais.

_ C'est vrai mais il est euh...

Elle pinça les lèvres avant d'éclater de rire.

_ Pas là ! On va dire ça comme ça !

La femme d'Edison sourit à Ulysse avant d'acquiescer.

_ Bien volontiers malgré que je sois sûrement bien trop vieille pour paraître au bras d'un si beau jeune homme. Vous seriez sûrement mieux avec votre amie !

Maddie ne put s'empêcher de rire encore plus comme si tout ça n'était qu'une vaste blague.

_ Oh non, je vous le donne. Ca ne me dérange pas.

Edison sourit avant de tendre une main vers la file d'attente qui rétrécissait à vue d'oeil.

_ Dans ce cas, allons-y, je ne sais pas vous mais je meurs de faim !

Il sourit et passa un bras autour des hanches de sa femme pour revenir vers le restaurant. Maddie en profita pour regarder Ulysse sans plus sourire, les yeux ronds et lui murmura un "Je suis désolée" discret avant de grimacer et de marcher à la suite du couple.

Ulysse prenait tout cela très à la légère. Il n'avait pas perdu son sourire et riait légèrement aux remarques qui méritaient un appui poli.

Puis lorsqu'ils s'engagèrent vers le restaurant et que Maddie s'excusa, il lui lança un regard reflétant une réelle bonne humeur sans gêne ni animosité. Il se pencha doucement à son oreille pour lui murmurer un :

"Tout va bien, détends-toi"

Très apaisant avant de se redresser et de se regarder autour. Tout sentait le neuf, le flambant neuf. Ce restaurant était le reflet de la ville haute : riche et un peu tape-à-l'oeil mais à l'intérieur il apprécia l'ambiance intimiste des petites tables et la musique d'ambiance délassante que jouait un groupe en costume de pinguin sur une estrade au fond de la salle.

Une hôtesse prenait les vestes des cliens et Ulysse en bon cavalier, vint doucement retirer celle de Maddie, lui frôlant le bras de la paume de la main. Puis il tendit son manteau ainsi que sa propre veste à la femme avant de la conduire de nouveau. Il se pencha de nouveau vers elle :

"Tu veux qu'on s'installe avec Edison et sa femme ou on se sauve dans un coin ?"

Si Maddison avait l'air d'une femme pour une fois, elle n'en était pas moins une femme "de la rue". Elle regarda autour d'elle, la bouche bée.

_ Ouah, si mes parents étaient vivants, ils me demanderaient ce que je fous là-dedans !

Elle rit en regardant Edison et sa femme qui étaient étonné de son langage dans un lieu pareil avec des entrées... VIP ? En sentant la main d'Ulysse, elle eut envie de lui demander ce qu'il faisait en se retournant vers lui mais quand elle vit tout le monde donner les manteaux, elle déglutit. Se séparer de sa veste ? No way ! Elle inspira profondément et regarda Ulysse en souriant. Elle n'était pas si à l'aise mais cette fois, il n'y était pour rien. Et elle resta pratiquement collée à lui des fois qu'un torchon trop propre viendrait l'attaquer. Elle n'eut pas le temps de répondre alors qu'Edison se retournait vers eux.

_ Nous sommes quatre, répondit-il au groom. Sauf si vous voulez rester en...

Maddie haussa les sourcils.

_ Entre partenaires ! De travail...

Elle plissa le front en arrière, l'allusion était très claire alors elle fit un pas de côté pour s'écarter d'Ulysse. Sa femme, complètement ailleurs se remit à rire en poursuivant.

_ Tant qu'on ne parle pas de travail !

Un regard à Ulysse et Maddie haussa les épaules en souriant.

_ Pourquoi pas. Tant qu'on parle pas de sexe, ça me va !

Edison et Madisson la regardèrent les yeux ronds. Maddie leva une main devenant rouge.

_ Je voulais dire... de messe ! La messe ! C'est une blague que fait souvent Edison au travail. "Est-ce que tu vas à la messe dimanche ? Si non, commence parce que t'as les épaules en feu à force de mentir à cause du diable sur ton épaule !"

Ok, elle était mauvaise mais Maddison était-elle bonne ?

[ Ca c'est pour te faire sourire. Lanesque !]

Ulysse fut tout aussi surpris que les autres par les différentes réactions de Maddie. D'abord son application à prouver par tous les moyens qu'il n'y avait rien entre eux, ensuite son allusion au sexe. Il la regardait avec les sourcils hauts, hésitant entre rire et s'inquiéter. Il choisit de réagir avec le plus de naturel possible et éclata de rire comme si elle venait de dire une blague hilarante en la montrant du pouce, entourant ses épaules de son bras et la pressant contre son côté comme s'il tenait son meilleur copain.

"Elle est formidable. Toujours le mot pour rire !"

Puis lorsque le couple Edison avaient tourné la tête, il fronça les sourcils et secoua la tête en faisant signe de l'index de se trancher la gorge comme pour l'inviter à ne plus dire de bêtise, très furtivement. Puis il retrouva son grand sourire de circonstances en suivant le mouvement vers la table qui leur avait été assignée.

"Alors, la vie n'est pas trop dure pour la femme d'un membre du FBI ?"

Il écarta la chaise pour permettre à Maddie de prendre place comme ça se faisait dans ce genre d'établissement puis s'installa à son tour. Il savait qu'Edison prendait soin de sa propre femme et attendit tout de même qu'elle soit installée avant de s'asseoir lui-même. C'était dans ce genre de moment qu'il remerciait le ciel d'avoir eu une mère un peu bizarre qui avait tenu à éduquer ses enfants sur la conduite à adopter en société.

Maddie rit avec Ulysse en rentrant la tête dans les épaules. Elle écarquilla les yeux en secouant la tête, mimant un "Je suis désolée" à nouveau. Elle n'avait pas fait attention, sa langue avait fourché... Et Ulysse n'aidait pas. Puis elle se lissa installer dans un sourire de fausse princesse actrice. Elle loucha sur l'assiette bien arrangée avant de se redresser pour regarder son homonyme répondre à Ulysse.

_ Et bien, jeune homme, sachez que depuis le temps, j'ai appris à faire avec. Et puis ce n'est que le FBI ! Je n'aurais sûrement pas réagi de la même manière s'il avait fini par m'avouer qu'il travaillait pour la CIA !

Elle eut un rire et croisa ses doigts fins devant elle, accoudée à la table avant de pencher la tête en dévisageant Ulysse.

_ Et vous ? Que pense votre petite amie ou votre femme, que sais-je, de votre intégration au sein de cette unité ?

Maddie passa de la femme à Ulysse du regard, sans bouger la tête.

Ulysse se pencha également en avant avec ce sourire en coin qui le caractérisait et parla à Madame-femme-d'Edison sur le même ton de confidence qu'elle.

"Hé bien il n'y a personne dans ma vie pour s'en préoccuper pour le moment en réalité. Je vis avec ma petite soeur qui ne se soucie pas de ce que je fais de mes journées tant que je fais la vaisselle une fois de temps en temps"

Il rit de bon coeur en se laissant aller à s'appuyer sur le dossier de sa chaise et jeta un coup d'oeil vers Maddie.

"Mais je suis très satisfait de mon intégration ici. J'ai des collègues sympathiques et l'ambiance de travail est idéale."

Il déplia sa serviette d'un mouvement du poignet et la posa sur ses genoux. Et dire que moins d'une heure auparavant il s'apprêtait à s'empiffrer de chips et de hot-dogs gras devant un match de basket.
Il leva la main et inclina légèrement la tête.

"On avait dit pas de travail ! J'arrête là"

Charmeur mais pas trop, il sourit plus largement à la femme élancée et appela le serveur d'un mouvement de l'index. Ce dernier rappliqua presque ventre à terre.

"Bonsouar mesdames zi missieurs"

Il avait un fort accent latin, italien sans doute. Il glissa à chacun une carte contenant le menu.

"Désirez vous un appéritif ?"

Ses "r" roulés étaient très chantants mais donnait très envie à Ulysse de l'imiter pour se moquer un peu. Il se mordit la lèvre et disparut derrière sa carte pour ne pas regarder Maddie de peur de ne pas réussir à se tenir à carreaux.

Edison prit la carte et releva le menton en commandant une bonne bouteille de vin. Maddie se planqua également derrière sa carte, rougissant à vue d'oeil.

_ Et pour vous, mademoiselle ?

Elle sortit les yeux de derrière sa carte, regardant la tablée, rouge de honte avant de se racler la gorge.

_ Un... Un coca ?

Le serveur autant que son homonyme eurent un hoquet de dédain.

_ Allons, Maddison, laissez-vous tenter !

Mais elle sourit, désolée.

_ Pas d'alcool pour moi... Mais merci. C'est gentil mais je vais rester au soda.

Elle se pinça les lèvres avant de se pencher sur la table, malicieuse.

_ L'alcool me donne des gaz.

Edison ferma les yeux et se cacha les yeux d'une main.

Cette fois-ci Ulysse ne put s'en empêcher, planqué derrière sa carte il pouffa de rire. On vit simplement le menu tressauter et le gloussement fut assez bref pour lui permettre de se redresser avec un air très inspiré, se frottant le menton et rebaissant la carte.

"Pour moi ce sera une bouteille d'eau plate s'il vous plait"

Le serveur nota le tout sur son calepin un sourcil haut et il jeta un dernier regard réprobateur en direction de Maddie avant de s'éloigner dans une courbette.

Ses yeux s'attardèrent sur ses boucles d'oreille puis dérivèrent vers sa gorge. Avait-elle mis le collier assorti ? Ses yeux glissèrent plus bas et il les remonta précipitamment en se raclant la gorge, se frottant la nuque avant de se redresser avec un sourire tout neuf.

Il ne savait pas quoi dire au couple en face de lui. En fait, il ne savait pas du tout quel sujet il fallait aborder en présence de son patron et de sa femme. S'ils avaient été seuls il l'aurait charrié un peu et il l'aurait écouté tout simplement. Et conseillé au besoin. Lorsque le silence se fit vraiment trop long, il appuya sa tête dans sa main, les sourcils hauts et les lèvres pincées dans un sourire puis laissa discrètement tomber sa serviette à terre.

"Oups!"

Il désigna le sol en crispant les dents dans une expression faussement désolée.

"Que je suis maladroit"

Et il disparut sous la table. Une fois dessous, il pinça la jambe de Maddie pour attirer son attention.

Cette fois, c'est Maddie qui roula des yeux.

_ C'est incroyable ce qu'il est maladroit ! La première fois que je l'ai vu, il a fait tomber son caAAHAHAAAA !!!

Elle sursauta avant de se pencher pour se gratter la jambe en riant.

_ Quand je dis qu'il est maladroit, c'est qu'il est même pas capable de faire attention où il met ses MAINS !

Elle eut le même rire crispé, penchée avec sa main sous la table qui tordait le poignet d'Ulysse.

_ Et sinon, madame Andersen, où en est votre galerie d'art ? J'ai cru comprendre que vous alliez bientôt l'ouvrir également ? Edison parle tellement de vous, si vous saviez.

Et pas toujours en bien, d'ailleurs mais elle ne connaissait pas un seul maître du FBI qui clamait haut et fort combien leur femme était belle, intelligente et jamais chiante. Edison, le sourcil levé, suivait le spectacle d'un oeil aveugle sur ce qui devait se passer sous la table.

Ulysse reparut quelques secondes plus tard en brandissant sa serviette et la recala sur ses genoux avec un sourire d'excuse.

"Elle a tenté de se sauver la coquine."

Il ouvrit de grands yeux passionnés pour écouter la réponse de l'intéressée. Une galerie d'art ? Comme c'était passionnant. Il afficha donc un sourire poli et se prépara à écouter une discussion qui le barbait déjà.
Il évita également soigneusement le regard de Maddie afin de rester toooootalement concentré. Il avait hâte de manger pour la peine.

Le serveur italien gay revint avec leurs commandes et disposa les boissons sur la table avant de se caler entre Edison et sa femme et de dégainer de nouveau son carnet et son stylo.

"Si missieurs dames ont ils soisit leur ménou ?"

Ulysse rouvrit la carte et se mordit la lèvre en acquiesçant de la tête, les yeux écarquillés. Il n'y avait pas un seul intitulé qui lui semblait clair.

"S'il vous plait...."

Il désigna un titre de plat.

"Qu'est ce que le... mijoté d'Hernanie aux câpres du sud ?"

Le serveur leva discrètement les yeux au ciel avant de lui répondre avec un sourire légèrement forcé.

"Oune...Bourguignon messieur"

Et Maddie se retenait tellement de rire qu'elle n'en écoutait pas ce que disait la femme d'Edison. Fort heureusement, le serveur revint vite et Maddie se pencha vers Ulysse pour lui faire humer son parfum de shampoing bas marché et lire la carte avec lui, la tête penchée. Elle releva cette dernière en même temps que Ulysse puis à la réponse du serveur, elle se redressa en fermant sa carte. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais sentit tellement le regard de son homonyme qu'elle décida de se taire.

_ Je vais prendre ça !

Elle tendit la carte au serveur pour qu'il la reprenne le temps qu'Edison et sa femme choisissaient... De façon très à l'aise. Un regard à Ulysse et elle grimaça légèrement comme si elle n'y était pour rien. Pour elle : ne pas comprendre l'intitulé d'un plat signifiait que c'était forcément bon. Et pendant que l'italien était occupé avec le coupe, Maddie se pencha vers son partenaire à voix basse.

_ Fais moi encore du pied, GCM et je te jure que tu passes un sale quart d'heure.

Penché vers Maddie, il lui répondit sur le même ton bas, fixant le couple du coin de l'oeil et prêt à se redresser avec un grand sourire au premier battement de cil dans le direction. Fort heureusement ils semblaient vachement occupés avec le serveur qui était bien plus aimable avec eux.

"Pour faire du pied il aurait fallu que j'utilise mon pied mon petit canard en sucre. Ecoute j'ai...."

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase car Edison tournait la tête vers eux avec une expression si équivoque qu'il se promit de ne plus jamais douter de son passé d'agent de terrain. Il pinça les lèvres et tendit sa carte au serveur.

"Pour moi ce sera le Rôti ambassadeur et son évasion exotique"

Y avait l'air d'y avoir de la viande là-dedans. Plus un autre truc inconnu. Tant pis il serait brave et affronterait le plat mystère. Après tout dans un tel restaurant, rien ne pouvait être mauvais !

Le serveur disparut après un point final sur son carnet et Ulysse se sentit soudain très seul face au couple qui les étudiait tous les deux d'un oeil bien trop aiguisé.

Il prit la bouteille d'eau et la leva avec un sourire jovial.

"Quelqu'un veut de l'eau ?"

Oui dans un restaurant ça équivalait à un bon vieux "fait beau aujourd'hui n'est ce pas ?"

La femme d'Edison lui fit un grand sourire de remerciement avant de tendre son verre. Elle prendrait du vin au prochain tour.

_ Alors Maddison, racontez moi les nouvelles ! J'ai appris que vous aviez été blessée lors de cette terrible attaque en Ville Basse.

Elle sourit poliment avant de croiser les bras sur ses genoux.

_ Rien de bien grave, juste un bras démit et un bobo sur le nez, mais rien de bien méchant.

_ Alors comme ça, vous êtes fiancée, maintenant ? Qui l'eut cru ! Je vous ai toujours connue si combattive et active ! Je croyais que vous étiez hors d'atteinte !

La femme sourit et Maddie se força à faire de même.

_ Que fait-il pour être en Irlande, c'est à cause de son travail ?

_ Non, il...

Elle se racla la gorge en se servant son verre de soda.

_ Il a décidé de prendre quelques vacances. Une mauvaise nouvelle récente et il doit encore s'occuper de la succession de son père en Irlande. Il est médecin.

_ Les médecins sont si souvent attentionné ! Alors ce mariage, c'est prévu pour quand ? Vous avez déjà pensé où le faire ?

Oui, elle essayait de comprendre pourquoi ces deux là ressemblaient à un couple s'ils ne l'étaient pas. Maddie déglutit avant de se pincer les lèvres.

_ En fait, euh...

Ce n'était pas du tout le moment pour parler de ça et vu le regard inquisiteur qu'elle lança à Edison, celui-ci décida de baisser les yeux. Maddie sourit de nouveau, mentant à plein tube.

_ On est pas encore très mariage, disons qu'on s'est fait une promesse mais que ce n'est pas pour tout de suite ! Mais ce sera en Irlande et Ulysse sera mon témoin avec mon frère. Et... Je pensais qu'Edison pourrait m'accompagner.

Ce dernier fut surpris de la nouvelle et haussa les sourcils.

_ Et ton père ?

_ Avec mon père, bien sûr. Mais j'ai de la chance, j'ai plein de pères dans ma vie alors j'en profite jusqu'au bout !

Maddie retint un hoquet avant de tirer sa chaise pour se lever.

_ Veuillez m'excuser. Une envie pressante. Je reviens.

Le couple la regarda s'éloigner et la femme d'Edison haussa les sourcils avant de regarder Ulysse comme s'il avait toutes les réponses.

_ Elle est bien étrange, je ne l'ai jamais connue aussi tendue ! Est-elle malade ?

Il y avait quelque chose d'anormal. Ulysse fronça imperceptiblement les sourcils en l'écoutant parler. Bien entendu il y avait cette dispute et le désespoir de Maddie ces derniers jours mais il y avait autre chose. Il ne savait dire quoi. Un petit machin nouveau.

Aussi, lorsqu'elle se leva pour s'éclipser il la suivit du regard un moment avant de comprendre qu'on s'adressait à lui. Il tourna un regard étonné vers son interlocutrice et soupira en buvant une nouvelle gorgée d'eau.

"L'attaque a été une rude épreuve. Elle a perdu de nombreuses connaissances, des personnes proches parfois."

L'attaque de l'Underground avait bon dos ! Il pinça les lèvres en avalant sa gorgée, acquiesçant de la tête d'un air compatissant.

"Elle n'en parle pas, nous évitons le sujet dans la mesure du possible"

Un coup d'oeil à Edison assez éloquent lui demandait discrètement de ne pas chercher plus loin. Après tout les problèmes de Maddie ne regardaient personne. Au bout de quelques minutes d'un nouveau silence, il termina son verre d'eau en jetant de nombreux coups d'œil vers le fond de la salle. Comme sa partenaire ne revenait pas, il se racla la gorge et leur sourit en se levant.

"Veuillez m'excuser, je vais aller m'assurer que tout va bien"

Puis il disparut à son tour en direction des toilettes. Arrivé dans le couloir, il alla jusqu'à la porte des femmes sans oser la pousser.

"Maddie ?"

Alors qu'elle se rafraîchissait le visage en se l'essuyant prudemment d'un papier pour ne pas que son maquillage fasse un effet panda, elle entendit la voix d'Ulysse et sursauta légèrement. Elle renifla et se frotta les joues pour paraître plus accueillante et moins déprimée avant de lui ouvrir la porte d'un grand sourire.

_ Hey ! Tu sais, je peux aller aux toilettes comme une grande fille. Tu laisses le boss tout seul ? Tu as envie qu'il s'imagine des trucs, ou quoi ?

Ce qu'elle était... Pas convaincante, c'était fou !

Mais Ulysse ne fut pas dupe. Il fronça les sourcils et pencha légèrement la tête sur le côté.

"Allez raconte-moi"

Il l'entraina par la main vers un coin du couloir dissimulé par une énorme plante verte. La lumière des plafonniers y était bien moins vive. Il se laissa glisser à terre le dos appuyé contre le mur et tira sur sa main pour l'inciter à faire de même.

"Edison peut bien nous attendre deux minutes. Il sait bien que tu n'es pas dans ton assiette ces temps-ci"

Il n'ajouta pas qu'il était aussi très content de se débarrasser des discussions rasoirs et qu'il avait mal aux zygomatiques à force de se forcer à sourire avec politesse. Oui Ulysse était un peu sauvage en société.

"Et tu sais que tu ne me dérange jamais."

Bien sûr... Encore un à qui elle pouvait pas mentir. Voilà qui la mettait en rogne mais elle ne dit rien et se contenta de soupirer en se faisant traîner. Ce n'était vraiment pas l'endroit ni le moment mais... Elle ne passerait pas outre Ulysse. Elle finit par soupirer en s'asseyant à côté de lui, ses jambes repliées et ses bras les entourant. Elle baissa les yeux en se pinçant les lèvres puis elle inspira profondément.

_ J'ai appelé Noah, ce matin. Je voulais... Qu'on discute de ce soucis qu'on a et je crois bien que le fait que je sois le Scorpion n'a strictement aucune influence sur nous, au final. Non, ce qu'il y a c'est... Que je veux pas d'enfants et lui si alors...

Elle haussa une épaule, regardant la moquette.

_ On a rompu. Du moins je crois bien que c'était ça. En tout cas, il n'a pas rappelé.

Elle se passa le poignet sur la pommette avant de sourire et de regarder Ulysse.

_ Ca me pendait au nez, de toute manière, je m'y étais préparée.

Ulysse hésita entre la plaindre et simplement acquiescer. C'est vrai que la situation des derniers jours ne présageait pas une fin heureuse à leur histoire. Mais il était tout de même désolé pour elle. Il tendit une main vers elle mais la sachant sensible sur les contacts physiques, arrêta son mouvement pour simplement lui tapoter la jambe avec un sourire compatissant.

"Hé bien si ça peut te rassurer, tu es très en beauté pour une fille qui vient de rompre"

Maladroit. Nul. Débile. Il se gratta la tête très mal à l'aise de s'y prendre comme un pied. Il baissa les yeux pour les remonter vers les siens sans plus sourire.

"Je suis désolé pour toi ma douce. Peut-être... Peut-être qu'il est trop fier pour rappeler pour le moment mais qu'après une nuit de sommeil il...."

Il ne voulait pas lui donner de faux espoirs. Il interrompit donc sa phrases et lui frotta l'épaule pour la réconforter.

"Hey"

Il se pencha pour chercher son regard et lui sourire doucement.

"Tu veux rester à la maison ce soir ? Je n'aime pas trop te savoir toute seule"

Elle eut un rire aussi jeune qu'un poussin.

_ Je suis toute seule depuis plusieurs jours, maintenant alors c'est pas un jour de plus qui va changer, hein.

Elle renifla à nouveau avant de baisser les yeux.

_ C'est pas la peine de faire comme si ça t'intéressait, je sais bien que vous vous détestez, tous les deux. Je sais pas pourquoi mais je vois comment il soupire dès que je dis que je passe la soirée à bosser avec toi et je te vois bien te retenir de rouler des yeux quand je parle de lui. Mais en fait, je veux pas savoir pourquoi vous vous aimez pas parce que je m'en fiche.

Ce qui était faux. Elle leur demandait pas d'être amis mais pour le coup, elle n'avait pas la meilleure situation. Oui, Maddie était une grosse tête bien têtue ! Elle reposa ses mains au sol, prête à se relever.

Il leva une main et secoua la tête.

"Je ne veux pas débattre là dessus mais je n'ai absolument rien contre Noah. Ce qui me désole c'est de te voir malheureuse. Je t'assure que je n'ai jamais ressenti d'animosité envers lui."

Et c'était vrai en plus ! Bon il était parfois un peu exaspéré parce qu'elle semblait très mal vivre leur relation et qu'il n'aimait pas la voir désespérée de la sorte. Mais le peu de fois où il avait croisé le jeune médecin, il avait apprécié sa compagnie. Dans la mesure du raisonnable. Bon certes ce ne serait jamais son meilleur ami.

"Enfin, en tous cas tu sais que notre porte est grande ouverte."

Il se replaça le dos à plat contre le mur, les lèvres légèrement pincées et les yeux fixés sur le mur d'en face. Il n'arrivait pas vraiment à mettre de mot sur ce qu'il ressentait. Puis il se reprit et fit claquer ses mains sur ses cuisses (à lui) et se releva dans un bond avant de lui tendre la main.

"Allez, on va passer une bonne fin de soirée. J'ai été embauché pour bonne humeur communicative chronique non ?"

Elle roula des yeux avant d'ouvrir les mains face à lui.

_ Tu sais pas être un peu combattif, des fois ? Être toujours aussi gentil et souriant, ça te colle pas mal à la mâchoire, à la longue ? Perso, ça me fatiguerait. Je reviens,il faut vraiment que j'aille faire pipi, cette fois.

Ah au moins, elle se sentait moins triste ! Mais elle était agacée. Allez savoir d'où elle sortait cette lunaticité. (oui oui c'est un mot)

_ J'ai pas envie d'être de bonne humeur.

Elle poussa la porte des toilettes avant de la laisser se refermer lentement derrière elle. Non, décidément, les sourires, c'était pas son truc, en ce moment.

Il haussa un sourcil en la regardant s'éloigner et soupira en s'enfonçant les mains dans les poches.

"Cette fille...."

C'est vrai qu'en général il était plutôt sympa, patient, amical et souriant. Mais c'était la première fois qu'on suggérait qu'il l'était trop ! Au boulot il était souvent brusque et trop concentré pour être gentil. Il faisait énormément d'efforts en société. Piqué au vif, il se précipita à la suite de Maddie dans une impulsion et lui saisit le poignet pour la faire se retourner face à lui, juste avant qu'elle ne passe la porte des toilettes.
Il plongea alors son regard dans le sien sans sourire cette fois et conserva sa main sur ses reins pour qu'elle ne se sauve pas.

"Je croyais que c'était ce que tu attendais de moi.... Le partenaire sympa et compréhensif qui te passe les mouchoirs"

Il avait le chic, quand même pour la mettre mal à l'aise. Mais cette fois, elle ne se laissa pas démonter. Le regard quelque peu dur se figea dans le sien alors que sa poitrine se soulevait sous sa respiration profonde.

_ T'attends peut-être que je te donne un billet ?

Elle grimaça en le dévisageant de haut en bas.

_ Qu'est-ce que tu attends de moi, au juste ?! C'est pas comme si je te demandais d'être là pour moi. Quand tu me poses une question, je réponds si j'en ai envie mais t'es pas obligé de me demander, tu sais ça ?

Ulysse la relâcha et se recula, les sourcils légèrement froncés.

"Moi je n'attends rien. Et certainement pas un billet ni un susucre, ni une réponse d'ailleurs. Je ne suis pas de ce genre là, Maddison."

Puis il tourna les talons et alla se remettre plus loin dans le couloir, appuyé contre le mur et les mains dans les poches. Il n'avait pas l'intention de se sauver et de la planter là, il allait simplement attendre qu'elle ait fini de faire pipi. Avec elle il ne savait pas sur quel pied danser et cela le déstabilisait bien trop à son goût.

_ Sûrement pas non... Mais tu es quand même étrange des fois, tu devrais t'en rendre compte.

Elle montra la grande salle du restaurant du pouce.

_ Comme le fait de me pincer le mollet sous la table...

Elle allait rentrer puis elle soupira en faisant demi tour pour le regarder.

_ Ecoute...

Elle se frotta le front.

_ Ma vie est... Je crois qu'en ce moment, c'est le pire que j'ai jamais eu de toute ma vie, oui je mets cette période au dessus de celle de la mort de mes parents. Ca fait... Beaucoup de choses pour moi à encaisser en l'espace de seulement quelques jours et je veux pas passer pour une pleurnicharde à tes yeux ou quoi que ce soit, d'accord ? Alors...

Elle leva une main stricte devant elle.

_ Arrête d'être si gentil comme ça, avec moi alors que tout ce dont j'ai envie, c'est faire des trous dans les murs. Depuis que je suis au FBI à temps plein avec mon matricule et ma plaque, j'ai cru que j'avais parfois touché le fond d'une vie plus dénuée de sens, tu meurs. Mais là... J'ai juste du mal à exister alors si tu pouvais... Juste arrêter de faire semblant que tout va bien alors que rien ne va bien, ça m'arrangerait. Juste... Tu vois ? Tu veux m'aider ? Alors cartonne des murs avec moi, j'en sais rien mais... N'essaye pas de jouer au petit copain compatissant avec moi. Je vois ce que ça a donné avec Noah et si ça pouvait ne plus m'arriver...

Elle avait beau être droite et tenter de rester stoïque, ses mains tremblaient.

_ Ca m'aiderait. Je me sens comme... Y a environ 4 ans quand j'étais au plus mal à réaliser que je n'arriverai jamais à sauver mes parents et que j'ai sauté sur le premier venu qui s'est trouvé être Noah. Alors. S'il te plaît... Par pitié.

Elle ferma les yeux en essayant de garder le contrôle.

_ Ne m'incite pas à répéter cette histoire.

Ulysse l'écoutait les bras croisés et l'air légèrement renfrogné. Il n'était ni fâché ni blessé par ses paroles. Il ne pouvait pas dire non plus qu'il la comprenait mais au moins il respectait son point de vue. Après tout il n'était pas dans sa tête.

"Si je t'ai pincé la jambe c'est pour une bonne raison, pas pour le simple plaisir de te faire couiner."

Il désigna la salle de restaurant du pouce derrière lui.

"Est ce que tu as remarqué qui mangeait 5 tables plus loin ? Allez je te le donne en mille"

Il compta sur ses doigts.

"Le maire de Megalopolis, le directeur commercial de la Waleman et l'ex sous-secrétaire d'Etat à la Maison Blanche qui est devenu ?"

Il se frappa la cuisse de la main.

"Consultant Fédéral des Armées. Tu te souviens de ce dossier qui a été classé un peu avant mon arrivée à propos de terrains d'essais aux nouvelles technologies d'intelligence artificielle. Les fameux "Agents B". "

Vu qu'elle n'était pas dans son assiette, il développa.

"Les Agents d'infiltration cyborg de dernière génération, ceux qui fonctionnent avec une source d'énergie organique et qui peuvent s'autodétruire à l'accomplissement de leur programmation. Les Agents Bombe. Nous n'avions pas pu prouver le lien entre la Waleman et le bureau de direction des renseignements fédéral. Qu'est ce qu'un commercial fait avec le maire de la ville et l'acheteur numéro 1 de l'armée ?"

Il leva les deux mains en guise d'innocence.

"Pardon Maddison, je sais que tu en as plein le dos du boulot et je ne veux pas te bourrer la tête avec ces histoires. Traite-moi d'idiot si tu veux mais je pensais que ça te ferait du bien de sentir un peu de soutien."

Il haussa les épaules et fourra de nouveau ses mains dans ses poches.

"Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Que Noah est un gros con de ne pas avoir cédé pour cette histoire de môme, que tu es laide et pathétique et que tu devrais défonser ton appartement à coup de massue pour te défouler ?"

Il leva les yeux au ciel.

"Je t'en prie."

Il chercha son regard du sien et l'accrocha sans plus le lâcher.

"Tu serais capable de me faire refaire le plâtre ensuite. Non c'est hors de question. Alors, voilà ce que nous allons faire. Tu vas finir de boire ton coca puis nous mangeront un morceau en souriant à Edison et sa charmante épouse. Puis je te conduirai sur la piste de danse..."

Il se rapprocha d'un pas.

"Lorsque tu en auras assez de tournoyer, nous commanderont le dessert puis nous nous éclipseront. Nous rentreront à pied, je te donnerai ma veste pour que tu n'ais pas froid, nous regarderont les étoiles et...."

Il se rapprocha encore. Il était à présent assez proche d'elle pour pouvoir l'effleurer des doigts.

"Nous balanceront de la caillasse sur les canards du parc. On se fera courser par le gardien ce sera très défoulant tu vas voir."

Il lui souriait avec beaucoup d'ironie et lui enleva une peluche de l'épaule en suivant son mouvement du regard.

"Puisque je n'ai pas le droit de te dire que tout va bien se passer, est ce que je peux au moins te soûler jusqu'à en perdre la tête et profiter de ta fragilité passagère? Pour une fois que je peux avoir le dessus, j'aurais tort d'en profiter non ?"

Mais il ne souriait plus. Il se pencha délicatement vers elle, assez pour qu'elle sente son souffle chaud sur sa tempe. Il déposa délicatement les lèvres sur sa joue et lui effleura l'autre du pouce. Puis il se recula et lui présenta son bras, les sourcils hauts.

"Fais-moi juste confiance, Maddison DeLuca. Je ne suis pas Noah."

Elle soupira d'agacement lorsqu'il parla des tables.

_ Je ne suis pas Edward !!! Personne s'attend à ce que je me tienne à carreau, comme lui ! C'est pas la peine d'en rajouter, dis-le que je suis une pouilleuse et puis n'en parlons plus, zut !

Elle soupira à nouveau en se frottant le front du plat de la main puis d'un coup, elle le regarda avancer avec le coeur à lui en déchirer la poitrine. Profiter de sa faiblesse ?! C'était visible à ce point là ? Oh qu'elle avait envie de lui faire payer ce qu'il venait de dire.

_ M'aider à défoncer mon appartement serait un bon début, oui.

Mais alors au descriptif de sa soirée, elle se sentit obligée de frémir, il n'allait pas lui faire ça, hein ?

_ Je ne danse pas. Je ne sais pas danser et je n'aime pas ça, c'est...

Et plus il avançait, plus elle perdait de l'assurance dans sa voix. Insulter Noah ne devrait pas lui faire plaisir, en temps normal mais là, elle l'en remerciait. C'était peut-être de ça dont elle avait besoin, quelque chose de pas raisonnable. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il la frôle et là, elle déglutit, encore moins à l'aise que d'habitude. Avoir le dessus sur elle ?! C'était quoi cette expression ? Il aurait bien mérité une gifle ou au moins de se faire repousser mais il n'en fut rien. Elle ferma les yeux à son contact, la chair de poule sur les bras la picotant. Puis finalement, elle dégagea la tête d'un mouvement un peu brusque, plus qu'elle ne l'aurait voulu et fuit son regard avant de se retourner vers la porte.

_ J'arrive dans deux minutes.

Ulysse soupira et la regarda disparaitre. Face au mur vide, il se cogna le front contre la paroi à plusieurs reprises avant de secouer la tête et de venir s'y adosser, le regard dans le flou.
Sa première pulsion toute masculine lui dictait de la plaquer contre un mur pour un entretien disons... musclé et la part raisonnable de lui-même lui susurrait à l'oreille de la fuir avant de céder.

Il attendit donc, bien sagement en remuant un peu d'impatience.

"Maddie, nos plats doivent être arrivés maintenant. Je suis sur qu'il y a du moisi qui se développe dessus"

Il tourna la tête vers la porte et se mit à taper du poing contre le mur. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres.

"Tu veux que je vienne t'aider ? Je te peux te tenir la culotte si tu veux!"

A ce moment là, une femme sortit des toilettes en lui lançant des regards outrés. Il s'inclina vers elle, les mains dans les poches.

"Bonsoir madame. Belle soirée n'est ce pas ?"