2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Garin/Angie] L'éveil

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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Je n'ai pas bougé. Pas d'un iota. Je n'ai pas baissé mes mains, ni les sourcils. Je ne l'ai pas quittée des yeux, tout comme elle soutenait mon regard.

– Oui, j'ai une faiblesse. Comme tout le monde. Et non, je ne suis pas immortel, je vieillis. Je n'ai pas deux cents ans et 1000 encore à venir, je parais pas plus jeune que j'en ai l'air et je suis pas plus vieux qu'il n'y paraît. Parfois, je suis enrhumé, il m'arrive de perdre la voix à cause d'une angine, j'attire les moustiques. Je suis immunisé contre certaines maladies mais pas d'autres, comme tout le monde... Et tu ne me ferais pas mal. Mais ça, c'est comme le reste. Si tu préfères rester sur tes certitudes, c'est toi que ça regarde. Moi, je te dis que tu vas te faire mal, toi, en me cognant. Tu ne me crois pas ? Si ça se trouve, t'as raison, je me trompe. Ou bien peut-être que je t'ai empêchée de me frapper pour que justement, tu évites de te faire mal. Tu as envie de croire ce que tu préfères être vrai. Ca t'arrange de rien tenter, pas vrai ? Comme le fait que je le mérite pas.

J'ai secoué doucement la tête.

– Tu ne sais rien de moi. Tu ne peux pas savoir ce que je mérite ou non. C'est pas la peine de me regarder comme ça, tu sais que j'ai raison. T'es juste trop bornée pour ne serait-ce qu'essayer de croire autre chose que la fatalité. Je pourrais t'en montrer des preuves de ce que j'avance. Maintenant, je pourrais, même si tu le voulais.

Tout ça parce qu'elle avait eu peur que je tombe ? Peur pour moi ? Comment la faire descendre de son petit nuage ? En l'énervant ? En la poussant ? En insistant ? En lui montrant ?

– T'as soit disant pas peur de mourir mais par contre, te faire un peu bobo à la main pour la bonne cause, ça, ça t'emmerde ! Pourquoi ? Quelqu'un qui régit ta vie ? T'as pas le droit de te blesser si personne t'en donne l'ordre ? On t'a dit "tu vas mourir" alors comme un brave soldat, t'obéis ? "Tu te feras pas mal" alors tu vas pas te battre ?

J'ai repensé à son comportement au téléphone quelques minutes plus tôt. Je la fixais toujours, je ne la lâchais pas. C'était sûrement une erreur de la pousser ainsi, peut-être en effet que j'étais plus fort que je le pensais. Et comme je me dévalorisais, j'imaginais que personne ne pouvait être moins fort que moi, ou que si moi je l'étais, alors tout le monde l'était. Et puis pour une fois, je voulais montrer que j'étais capable de faire quelque chose pour quelqu'un d'autre que moi. En la forçant un peu, c'était aussi à moi que je parlais. A cette partie de moi qui se sentait condamné alors que ce n'était pas le cas.

– Moi je dis que c'est pas parce que tu t'es foulée la cheville que t'as des ennuis. Je dis que c'est pas parce que tu auras posé la main sur ce que tu crois ne pas exister, que tu auras mal. Ce que j'en dis, c'est que c'est ta putain de vie et que c'est à toi de décider si tu as envie de découvrir la vérité ou si tu préfères t'enfermer dans ton immeuble la nuit en envoyant bouler ceux qui composent ton numéro de téléphone, mais pas ceux qui dealent de la drogue pas légale dans ton dit immeuble. Et toi ? Tu dis quoi ? Tu préfères peut-être que ta douleur mène ta vie ? Ce serait plus simple parce que c'est un truc que tu connais, ça, non ? En es-tu vraiment sûre, finalement...

J'avais peut-être envie qu'elle me cogne. J'avais peut-être envie de me dire que je sentais quelque chose quand on me frappait. C'était le cas mais j'avais l'impression de le chercher à chaque fois. J'avais l'impression de plier simplement pour dire "Je me suis battu parce que je suis en colère" ou "Il m'a fait mal, j'espère qu'il s'en veut, comme ça on sera deux." Ce qui n'avait rien de bien sain comme pensées. Il ne s'agissait pas de plier ici... Mais de ne pas plier du tout. Si j'étais fort... Alors elle aussi, c'est tout ce que je voulais qu'elle comprenne.
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Angela Foster
Angela Foster
Je le regardai, interloquée. Je ne comprenais pas ce qui se passait soudain. J’essuyai son discours sans rien dire, partagée entre divers sentiments qui m’assaillaient tous en même temps : la colère, l’incompréhension, l’indignation. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Qu’est ce que j’avais dit pour m’en prendre plein la tronche comme ça ? Je reculai sous l’effet de ses mots, percutants, comme des lames de poignard. Ca faisait mal parce que sur certaines choses, mais pas toutes, il avait raison.

Je levai la main, ma paume orientée vers lui, le bras tendu comme si je voulais me protéger de ses mots. Comme si ça pouvait faire un bouclier et les empêcher de passer. Mon regard était devenu douloureux. Je voulais que ça s’arrête, mais je ne savais pas comment.

- Pourquoi tu me dis tout ça ? Qu’est ce que tu veux ?

A force de reculer comme ça, je m’étais retrouvée adossée à un mur. J’avais le cœur qui cognait comme s’il cherchait à s’extraire de ma poitrine.

- J’ai pas envie de te frapper. Je te crois. Mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Je me suis battue, j'ai espéré, ça n'a servit à rien. J'ai suivi des traitements qui m'ont rendue encore plus malade, incapable de bouger mon lit, j'ai gâché des journées entières à avoir besoin de mon frère pour faire le moindre geste parce que je n'avais plus de forces, et ça n'a servit à rien. Je ne réaliserai jamais mes rêves, pourquoi tu ne me laisses pas les enterrer ? Je choisis la facilité parce que je ne suis pas capable d'en supporter plus. Pourquoi tu ne comprends pas ça ?

J’avais gardé la main tendue devant moi, même s’il était trop loin pour me toucher maintenant, même si ça n’empêchait pas ses mots de passer. Parce qu’ils continuaient à déferler sur moi. Je l’implorai :

- Arrête s’il te plait ! Tais-toi !

Je portai les mains à mes tempes. Vraiment trop de sentiments contradictoires dans ma tête. Ça n’était pas bon. Et au moment où je réalisai que je n’avais pas pris mes antiépileptiques depuis presque une bonne semaine, je la sentis venir, la crise. Mais je ne pouvais pas l’empêcher. Je m’écroulai sur moi-même. Et puis les convulsions commencèrent et je vidai mes tripes sur le sol. Lorsque ce fut terminé, je restai inconsciente un moment. Totalement immobile. Mes crises étaient aussi impressionnantes qu’elles étaient rares. Tant que je n’oubliais pas mes médicaments, tout allait bien. Mais si je les oubliais et que mon cerveau était soumis à une pression un peu trop importante pour lui, il finissait par craquer. Elles étaient impressionnantes mais pas graves. Le pire qu’il pouvait m’arriver, c’était de me blesser en tombant ou durant les convulsions.

Je revins à la réalité quelques minutes plus tard. Je regardai autour de moi, totalement désorientée. Il me fallut un moment pour me rappeler où j’étais, ce que je faisais là. Pour me rappeler Garin. Je me redressai en le cherchant du regard.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Assis en travers de l'encadrement de la porte, sa tête sur ma cuisse, j'attendais qu'elle revienne à elle et pendant une seconde, j'ai regretté qu'elle n'ait pas les cheveux plus longs. Je caressais sa tempe des doigts en regardant l'océan qui grondait au loin alors qu'un vent se levait en me faisant frissonner. Quand elle s'est redressée d'un coup, j'ai levé la main et je l'ai laissée reprendre ses esprits sans la quitter des yeux.

Je m'étais senti bien stupide lorsqu'elle s'était effondrée. Et moi qui pensait que mes crises étaient les pires de l'univers. En la voyant, je me suis imaginé suffoquer et mes mains se réchauffer comme lorsque mon pouvoir vient à se manifester. Ma gorge me brûlait à chaque fois parce que je n'arrivais plus à respirer, comme une flamme qu'on séquestre dans le vide. Mais elle... J'ai cru qu'elle faisait une crise cardiaque, ou ce genre de trucs ! Et c'était ma faute. Bien évidemment. Je l'ai attirée à moi et je l'avais soulevée jusqu'à la porte une fois qu'elle s'était calmée et qu'elle avait totalement perdu connaissance. je n'allais pas la laisser là comme ça, je n'étais pas complètement lâche ! Elle m'avait fait sacrément peur - encore - et je commençais à saisir que les Négatifs n'ont pas plus la belle vie que nous. Du moins... Pas tous. C'est toujours révélateur de se retrouver face à quelqu'un qui traverse des épreuves plus rudes encore que les vôtres. Le temps qu'elle rouvre les yeux, je me suis demandé, je me suis posé la question... Qu'arriverait-il si je lui donnais un peu de mon propre médicament ? Est-ce que ça marcherait sur elle ? Etait-elle une Candidate ? Le laboratoire faisait ce mélange pour moi et personne d'autre, pour l'instant. Ils traitaient la mutation pure. Et s'ils donnaient ça à quelqu'un prédisposé à recevoir la mutation, qu'est-ce que ça pourrait leur faire ? Je me suis senti soudain impuissant. Comme si aucun médecin ne s'était servi de Yu pour tenter de guérir des maladies comme celle d'Angie... J'étais bien naïf. A l'occasion, la prochaine fois qu'ils m'appelleraient, je leur demanderai. Que je sache, c'étaient les meilleurs médecins du monde qui s'occupaient de mon cas. Mais même ça, j'ose pas vous le dire.

J'ai attendu qu'elle se réveille et quand elle a reporté ses yeux sur moi, j'ai baissé le regard. C'était ma faute, je m'étais cru plus fort que je ne l'étais, je ne m'étais pas imaginé qu'elle craquerait ou bien que j'aurais choisi un moment moins pire que celui-ci pour la bousculer un peu. Je m'étais toujours bousculé tout seul, j'aurais bien voulu, parfois, avoir quelqu'un pour me prendre par les épaules et m'aider à trouver le bon chemin, pour me soutenir. Mais il faut croire que je n'imaginais pas ça sans violence.

– Je suis désolé.

Et c'est tout ce que je pouvais dire, d'une voix assez blafarde. Quand bien même elle tenterait de lever la main sur moi que cette fois, je n'aurais même pas le courage de l'arrêter.
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Angela Foster
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Mes yeux se posèrent finalement sur lui, juste à côté de moi. Je me trouvai à nouveau dans l’encadrement de la porte. Il avait dû me ramener là quand les convulsions s’étaient calmées. Juste avant que je me réveille, j’avais eu la sensation d’avoir la tête posée sur un oreiller. Sa cuisse certainement. Ca pouvait également expliquer cette sensation que j’avais eue, de quelque chose de doux sur ma tempe.

Il baissa la tête tandis que je le regardai. Il était différent, une nouvelle fois. Il semblait penaud. Et ses paroles me le confirmèrent. Je secouais la tête, autant pour le détromper que pour le rassurer.

- C’est pas ta faute, tu pouvais pas savoir.

Je haussai les épaules et lui adressai un sourire. Je n’étais pas en colère contre lui. Comment j’aurais pu ? Avec le recul, je pensais qu’il avait juste essayé de me bousculer, de me faire comprendre quelque chose. Il ne s’y était pas pris de la bonne façon avec moi, c’est tout.

- Mon cerveau a sa façon à lui de gérer un trop plein de pression…

Je baissai la tête, prenant soudain conscience de ma stupidité.

- C’est moi qui ai fait l’erreur de croire que je pouvais me passer de médicaments plusieurs jours d’affilées.

Parce que c’était bien ça, finalement. Lorsque je m’étais rendue compte que j’avais oublié d’emporter mes médicaments, je m’étais dit que de toute façon, il y avait très peu de risques qu’une crise survienne. Je ne m’imaginais pas que rencontrerais quelqu’un comme Garin, qui me parlerait de la sorte. Je passai rapidement mes mains sur mes bras, mes jambes, ma cage thoracique et ma tête à la recherche d’une éventuelle blessure. Mais il n’y avait rien dans cet immeuble qui pouvait me blesser, pas comme à la maison. Une fois, je m’étais cassée 3 côtes en tombant dans l’escalier. Mon inspection terminée, je relevai les yeux sur Garin. Il avait l'air vraiment secoué quand même. Je lui envoyais mon poing dans l'épaule, de façon amicale, comme je le faisais avec mes amis.

- Hey, t'en fais pas, il m'en faut plus que ça pour me mettre à terre !

Je lui adressai un clin d'oeil et regardai l'océan. Une chance quand même que la crise n'ait pas eu lieu alors que j'étais assise ici. Je réfléchis quelques secondes et relevai à nouveau les yeux sur Garin.

- Mais je crois que tu n’as pas répondu à ma question. Pourquoi tu m’as dit tout ça ? J’ai l’impression que tu attends quelque chose de moi, mais je ne sais pas quoi… Tu peux me le dire. Tu sais, je comprends bien mieux les choses quand on me parle doucement et qu’on me laisse le temps de les assimiler avant de continuer. Et ça ne risque pas de « surcharger » mon cerveau…

Je lui adressai un nouveau sourire pour lui faire comprendre qu’il pouvait y aller. Je voulais aussi lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas. Vraiment. La preuve, j’étais encore là.
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Garin DeLyons
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Encore aurait-il fallu que j'ai le temps de répondre. Elle avait bien retrouvé ses esprits et je le sentais comme à nouveau d'attaque. Mais moi, je me suis contenté de hausser les épaules.

– La douceur, c'est pas trop mon truc, en fait.

C'était partiellement faux. Je n'y étais pas doué mais ça ne voulait pas dire que j'en étais incapable. C'était simplement pas quelque chose que j'avais la possibilité d'expérimenter. On m'avait enseigné la dextérité, la discrétion, la méfiance, oui ! Mais la diplomatie, pas trop. C'était un truc pour mon père, ça. Quant à la douceur en elle-même... Qu'est-ce que j'y pouvais ? On m'avait pas à proprement parlé d'une autre solution ou d'une autre possibilité. Et les filles que je rencontrais de çà de là, disons qu'elles ne cherchaient pas forcément la délicatesse. Et puis c'était comme se mettre à nu, ça me donnait la nausée. C'était comme révéler qui on était vraiment et cette idée m'était insupportable. Je refusais que qui que ce soit ne sache qui j'étais réellement. J'avais un besoin vital de me protéger. C'est pour ça que j'ai accepté l'offre de la CIA. Pour l'action. J'ai secoué la tête.

– J'attends rien de toi, j'essaye juste de te faire comprendre qu'il faut pas abandonner, c'est tout. Un jour, tu pourrais le regretter. Je veux juste pas que tu crois que parce que tu vois une couleur qu'il y en a pas d'autres à côté. C'est pas parce que les médecins disent un truc qu'ils détiennent la vérité. Même...

J'ai relevé les genoux pour les entourer de mes bras, croisant mes doigts entre eux sur mes tibias et j'ai reporté mon regard sur l'océan. Je n'avais spécialement envie de parler. Je n'avais pas vraiment envie d'en dire trop sur moi, parce que je ne voulais pas qu'on puisse me plaindre, je ne voulais pas qu'on puisse dire que je me plaignais. Et puis, je n'aimais pas parler de ce que j'avais vécu, de toute façon. Tout ça, je ne pouvais en parler qu'à Liberation. Et autant le reconnaître : ils n'étaient pas de la meilleure écoute. Sauf Gen, peut-être. Mais je n'aimais pas quand elle posait son regard désolé sur moi. On s'était tous racontés comment nous en étions arrivés là, ce qui nous était arrivé pour que l'on devienne déserteurs de notre nation. Tu parles, d'une nation.

– J'en sais rien, ça me regarde pas, en fait.
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Angela Foster
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Quand il m’a répondu, ça m’a fait rire, doucement.

- Ouais, ça, c’est ce que j’avais cru comprendre. La fille qui arrivera à capter ton attention aura intérêt à pas être trop… « délicate ».

Je haussai les épaules.

- Remarque c’est pas trop mon truc non plus… Enfin, je veux dire, je suis capable d’être douce, ça ne me pose pas de problèmes. Et c’est plutôt agréable d’être l’objet de ce genre d’attention de temps en temps. Mais point trop n’en faut.

Et c’était vrai, autant j’étais plutôt douce avec les gens, quand ils ne me provoquaient pas. Autant, quand ça s’adressait à moi, ça me mettait assez mal à l’aise à la longue.

J’ai posé mes mains derrière mon dos et je me suis appuyée dessus. J’écoutai ce que Garin me disait et ses paroles faisaient leur chemin dans mon esprit.

- C’est marrant, t'es la deuxième personne à me faire réfléchir sur ma façon de voir les choses. A croire que je prends vraiment les mauvaises décisions. Mais tu sais, j’ai beau être résignée, si demain on vient m’annoncer qu’on a trouvé une solution miracle pour moi, j’hésiterai, mais je tenterai quand même le coup… Je crois.

Parce que je pouvais mentir aux autres, mais pas à moi-même. J’étais prête à donner n’importe quoi pour qu’on m’enlève définitivement ce truc de la tête. L’espoir n’était pas totalement mort finalement.

Sa dernière remarque me fit tourner la tête vers lui.

- C’est vrai, mais… ça ne semblait pas te poser de problèmes jusqu’à présent. Alors vas jusqu’au bout de ta pensée. Tout conseil est bon à prendre, même si on décide finalement de ne pas le suivre.

Je lui adressai un sourire encourageant et peut-être un poil enjôleur, mais ça, je ne m'en rendais pas vraiment compte.
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Garin DeLyons
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– C'est pas parce que j'en ai fait qu'à ma tête que j'ai pas le droit de me rendre compte de mes erreurs !

J'avais levé une main et tourné doucement la tête vers elle comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. J'étais gonflé par les défauts, abasourdi à chaque fois un peu plus devant ma stupidité quand je pensais tout connaître. Ca me mettait toujours en colère de constater que je n'étais pas capable de m'en empêcher. Alors j'estimais qu'elle pouvait se garder ses jolis mots au lieu de tenter de me rassurer. De plus, comment étais-je supposé lui répondre de façon franche sans parler un peu de moi ? Ce n'était pas compatible et son sourire n'a pas égayé mon visage comme elle devait s'y attendre. J'ai ouvert la bouche et j'ai soupiré en secouant la tête pour reprendre mon observatoire de l'océan, ravalant ce que j'avais à dire. De mon pouce, je me suis frotté le bout du nez en demeurant silencieux un moment.

– C'est moche, c'est tout. On est tellement obnubilé par tout ce qui nous arrive, ces pouvoirs, ces trucs, ces machins, ceux qui sont blessés parce qu'ils ne savent pas gérer le don qu'ils possèdent, ceux qui sont tués par ceux qui abusent de leur pouvoir - ou pas, d'ailleurs. Toute cette... Guerre qui dure des années, qui a pris une nouvelle forme avec le temps. Avant, c'était autre chose, à l'époque médiévale, c'était encore... Autre chose. Aujourd'hui, c'est nous. Et on a tendance à oublier qui est le véritable ennemi. Qu'un accident de voiture est vite arrivé, qu'on crève encore de maladies dont l'âge se compte en siècles, voire en millénaire.

N'importe qui se serait probablement énervé, en aurait voulu au monde entier, aurait probablement achevé l'immeuble à la simple force de ses poings. Mais pas moi. Parce que je savais. J'ai pincé les lèvres et secoué la tête avant de la laisser retomber contre l'encadrement derrière moi.

– Ils en parlent pas, parce qu'ils ont peur des représailles et que ce n'est pas très... flatteur. Ils ont la possibilité de guérir des tas de maux, il existe des Positifs au pouvoir tellement... - j'ai serré les poings en grimaçant, cherchant le mot exact - exceptionnel ! Nous sommes chassés parce que nous sommes les rebus de la société américaine, nous sommes la punition infligée à un Etat par un autre alors, naturellement, on nous rejette. Cela dit, pas trop loin, on a besoin de nous coller dans des laboratoires pour voir ce qu'on pourrait faire pour la médecine, tu vois ? Alors on fait des tests, on continue, pis on en fait d'autre quand on claque ! Ces abrutis préfèrent pratiquer leurs recherches sur des cobayes vivants dont la mutation ne peut rien pour les autres, plutôt que de chercher la véritable source de la mutation pour en faire des produits dérivés pour aider la science. Yu n'est pas qu'en nous... Il est partout aujourd'hui. Je suis certain qu'ils ne cherchent pas au bon endroit. Tu savais qu'il n'y avait que dans ce pays que les Positifs sont traités comme des lépreux ?

Je me suis tournée vers elle et j'ai haussé les sourcils.

– Je connais des endroits où ils sont volontaires pour aider la médecine et tout ce petit monde. Où on les aide à gérer leur vie en paix ? Ok, je suis pas un élément exceptionnel, j'ai un pouvoir qui ne sert à rien, au mieux, terrible, au pire. Mais ça fait partie de moi maintenant alors je vis avec. Mais j'ai... j'ai fait ce choix. - J'ai porté mon index contre ma poitrine - Moi, j'ai choisi. - J'ai éclaté d'un rire sans joie en regardant le plafond - Par Dieu, je me suis porté volontaire pour toute cette merde ! - Mon sourire s'est doucement effacé alors que je reportais les yeux sur elle. Mais pas toi. Et ça, c'est pas juste. Si ces gros débiles se concentraient un peu plus sur les véritables problèmes que sur nous, peut-être qu'on se rappellerait... Qui est notre véritable ennemi.
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Angela Foster
Angela Foster
Je me mordis la lèvre inférieure consciente, au regard qu’il me jetait, que je venais de faire une bourde. Je reportai mon attention sur l’océan.

Ses paroles firent disparaitre toute la gaieté que je m’étais efforcée de retrouver après ma prise. J’avais voulu détendre l’atmosphère, retrouver ce petit moment de complicité (si on pouvait utiliser ce mot) qui avait précédé l’appel de David. J’avais essayé, j’avais échoué. De toute façon, c’était idiot comme envie. Quand un moment comme celui là est passé, il ne reviendra pas de sitôt.

Je ne savais pas grand-chose de la condition des positifs et des candidats. Je savais juste qu’ils avaient été mis au ban de la société, traqués pendant un long moment. Je croyais qu’aujourd’hui les négatifs étaient enfin revenus à la raison. Je m’étais rendue compte, cependant, qu’ils étaient toujours victimes d’une sorte de « racisme ». Si j’avais été plus courageuse et moins égoïste, j’aurais certainement pris partis pour eux, les positifs et les candidats. Parce que je ne comprenais pas pourquoi on se méfiait autant d’eux. Garin ne semblait pas penser la même chose que moi, mais j’étais persuadée que nous étions tous des êtres humains à la base, avec nos sentiments, nos envies. J’avais l’impression que nous reproduisions les mêmes erreurs que nous avions toujours fait et ça me rendait malade. Comment pouvait-on ne pas tirer de leçon de notre histoire ? Mais je me contentais de penser cela, et de garder toutes ces pensées pour moi. J’étais trop tournée sur moi-même pour m’engager dans la « lutte ».

Quand il m’a parlé de son choix, j’ai tourné la tête vers lui et je l’ai fixé un moment. Je n’aurais pas vraiment su dire ce qu’il pouvait lire dans mon regard. Je savais en revanche qu’il n’y trouverait ni jugement, ni pitié, ni répulsion. Je me contentais de le regarder, avec toute l’intensité dont j’étais capable. Je ne pouvais pas dire que je comprenais son choix, je ne connaissais pas son histoire. Mais je le respectais, c’est tout. Et s’il m’avait posé la question, je lui aurais répondu que j’étais prête à le prendre, tel qu’il était. Sans chercher à en savoir plus, sans chercher à le comprendre ou à le changer.

J’ai de nouveau reporté mon regard sur l’océan lorsqu’il parla de moi. C’était vrai, je n’avais pas eu le choix. C’était vrai, ce n’était pas juste. Mais c’était comme ça. On ne pouvait rien y changer. Ce qui était fait, était fait. Je ne pouvais que vivre avec dorénavant.

J’appuyai ma tête au chambranle de la porte moi aussi et soupirai.

- Alors c’est à nous de leur apprendre, de leur montrer qu’ils se trompent… de les remettre dans le droit chemin… Il ne tient qu'à nous de nous battre pour que notre monde devienne celui dont nous rêvons... Parce que si nous le faisons pas, qui le fera ?

Je m’étais incluse dans ce nous (que je voulais général, je parlais des positifs, des candidats, des négatifs sympathisants, de tous ceux qui pensaient comme Garin, et comme moi), parce que désormais, j’étais prête à prendre position. Je ne venais pas de prendre cette décision, tout de suite, maintenant. C’était une idée qui grandissait dans mon esprit depuis un moment déjà. La réflexion s’était intensifiée depuis que j’avais rencontré Elijah. J’avais pris conscience que, certes, ma vie ne serait pas longue, mais qu’il ne tenait qu’à moi d’utiliser le temps qu’il me restait pour faire quelque chose de bien, pour me battre pour mes idéaux. Afin que d’autres, ceux qui resteraient après moi, puissent bénéficier d’un monde meilleur. Je ne changerai pas le monde à moi toute seule, mais plus on était nombreux, plus on était fort. Je savais qu’il y avait plusieurs mouvements qui agissaient pour créer ce monde dont je rêvais. J’étais prête à m’engager leur côté. Il ne me manquait que le contact, la personne qui me ferait entrer.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
J'ai pouffé de rire en secouant les épaules.

– T'es vraiment une fille paradoxale. Tu crois à l'utopie mais pas à une guérison, c'est incroyable.

J'ai replié une jambe sous l'autre, pendante dans le vide, pour me pencher légèrement en avant et j'ai inspiré profondément en jouant avec un de mes bracelets sur mon genou.

– On n'est pas comme vous et on le sera jamais. Cette guerre ne prendra jamais fin. Nous sommes comme un Etat qui réclame son indépendance. Pour l'instant, on vit avec vous parce qu'on a pas le choix - sans vouloir t'offenser. - J'ai levé une main face à elle pour la rassurer - mais ça ne va pas durer encore bien longtemps. Nous sommes différents, Angie. Peu importe ce que disent les uns et les autres, les utopies des uns et des autres, nous n'avons rien à voir. Notre sang est différent, nos médicaments ne vous soignerons pas et les vôtres seront impuissants sur nous. C'est comme ça. Et si nous on peut faire avec alors vous allez devoir faire avec aussi.

J'ai à nouveau secoué la tête en baissant le menton et les yeux sur mes doigts en train de jouer avec un fil de coton.

– Je suis désolé.

Aussi sincère qu'elle paraissait, si elle manquait de foi en sa guérison, moi, c'était en l'être humain. Avais-je tort ? Aucune idée mais quelque chose me disait que quoi qu'il arrive, au moins, ce que je pensais n'appartenait qu'à moi. Et que là aussi, j'avais fait un choix. Le mien. On pouvait me traiter de tout mais pas de manquer de détermination.

– Il n'y a pas de "nous", dans cette affaire. Je ne suis même pas sûr de le vouloir, d'ailleurs.

J'ai relevé les yeux vers elle pour la dévisager un instant. Elle me rappelait quelqu'un... Mais qui ?

– C'est marrant. Quand je te regarde, on dirait que tu viens de naître. A croire que jamais personne t'avait dit la vérité.
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Angela Foster
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Sa remarque me fit sourire, légèrement. Mais le genre de sourire désabusé.

- Oui, je sais. On me le dit souvent. Ce n’est pas parce que je n’ai plus d’espoir pour moi que je n’en ai pas pour les autres. Et qui sait, dans un monde utopique, peut-être qu’on arriverait à me soigner.

Mon sourire s’effaça tandis qu’il me faisait son petit laïus sur « on n’est pas comme vous ». Je secouai la tête.

- Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça… Ok, on a n’a pas le même sang, ok, vous êtes différents de nous. Mais est-ce que vous n’avez pas des faiblesses comme nous ? Tu l’as avoué toi-même tout à l’heure. Est-ce que vous n’avez pas des sentiments, des envies ? « Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ? »

C’était une citation de Shakespeare, dans une de ses œuvres, j’avais toujours pensé qu’elle s’adaptait parfaitement au contexte dans lequel nous vivions.

- Tu sais à quoi ton discours me fait penser ? A celui des nazis, des esclavagistes. Eux aussi, ils se disaient différents. Et ils n’ont pas hésité à asservir, voir même éliminer  ceux qui, selon eux, ne leur ressemblaient pas.

Je levai moi aussi une main vers lui pour l'apaiser parce que je savais que la comparaison était forte, trop même.

- Attention, je ne dis pas que c’est ce que tu penses. J’en doute même, parce que je pense que si tu avais pensé comme eux, tu serais parti au moment même où je t’ai dit que j’étais une négative. Mais ton discours me fait un peu penser au leur. Et ça me fait peur. Qui me dit que parmi les tiens, certains ne sont pas de cet avis ? Qu’est-ce qui nous dit qu’un jour, les Positifs et les Candidats ne se ligueront pas contre nous, juste parce que nous ne sommes pas comme vous ? Qu’est-ce qui nous dit qu’un jour, ce ne sera pas à nous d’être traqués comme nous vous avons traqués ?

Je plongeai mon regard dans le sien.

- Garin, toi et moi, on est différent, mais… je suis sûre que toi aussi tu as eu cette impression qu’on se ressemblait, ne serait-ce qu’un petit peu. Ca veut bien dire qu’on n’est pas si différent non ?

Je secouai la tête et soupirai.

- Mais à quoi bon te dire tout ça ? Tu t’es déjà fait ton opinion. Mais laisse-moi te poser une dernière question… Si un jour, tu rencontrais une femme, une qui te bouleverserait au point que tu serais prêt à tout pour elle, LA femme, ton âme sœur, est-ce que tu la laisserais tomber sous prétexte qu’elle est Négative ? Parce que si c’est le cas, alors je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.

J’avais prononcé cette dernière phrase avec une voix faible, chargée de regrets. Parce qu’au fur et à mesure de notre discussion, j’avais commencé à l’apprécier. Parce que, contre toute attente, je me sentais bien avec lui. Et ça me ferait mal, vraiment, de me rendre compte que je me trompais sur lui.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
A la comparaison, je me suis redressé en inspirant profondément et j'ai serré les dents. Avait-elle seulement osé ? Pour quelqu'un qui ne connaissait pas l'existence des Candidats quelques heures plus tôt, elle avait un avis bien arrêté. Depuis combien de temps est-ce que j'avais mon pouvoir ? Quel âge est-ce que j'avais aujourd'hui ? Je n'étais plus très sûr de ma date de naissance. Juin, oui, parce que c'était toujours la fin de l'année scolaire... Mais le jour... Qu'est-ce que c'était ? J'avais 18 ans. Je m'en souviens parce qu'ils n'avaient pas pu nous recruter plus tôt. Je n'appartenais à Liberation que depuis quelques années à peine, tout juste deux, trois au maximum, je crois. Il m'avait fallu du temps pour en arriver à la conclusion à laquelle j'étais finalement parvenue. Elle ne pouvait pas comprendre à quel point elle se trompait. Elle n'avait foi qu'en l'être humain mais nous n'avions plus rien d'humain. Nos sentiments étaient altérés par notre pouvoir, par nos mutations, notre vie ne pouvait plus tourner qu'autour de ça. L'Underground se trompait, un entente à égalité avec les Négatifs étaient totalement impossible. Pas à 100%. Or, ils cherchaient la perfection et nous l'indépendance.

J'ai laissé Angela finir malgré tout, si ça lui plaisait de penser qu'elle pouvait nous sauver, qu'est-ce que je pouvais y répondre. J'ai détourné le regard, refusant de m'énerver pour si peu et alors que je sentais les battements de mon coeur accélérer dans ma poitrine, il m'a semblé en louper un quand elle a parlé d'une femme. J'ai dressé un index vers elle pour la faire taire.

– N'ose même pas m'amener sur ce terrain.

J'ai serré les dents et j'ai senti le rouge me monter aux joues. Cette fois, c'était elle qui ne voulait pas se taire. Les images affluaient dans mon esprit, des souvenirs, les mémoires de mon corps que j'étais incapable d'interpréter ni de comprendre à l'heure actuelle des choses. Et pourtant, le sentiment était si vif, si réel que j'avais toujours l'impression que tout m'était arrivé, à moi. Entre mes lèvres pincées, j'ai repris.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles et c'est bien là le problème.

Le ton de ma voix n'était pas monté, j'avais réussi à ne pas m'emporter, par je ne sais quel miracle. J'ai tourné les yeux vers elle, le regard froid et empreint d'une colère qui ne lui était pas adressée. La mâchoire serrée, je me suis un peu subitement redressé pour poser un genou au sol, m'appuyant d'une main pour me relever. Néanmoins, je suis resté à sa hauteur et je me suis penché vers elle pour qu'elle enregistre bien ce que j'étais sur le point de lui dire.

– Ma faiblesse... C'est d'être une bombe à retardement. Ca ne fait en RIEN de moi un être humain.

Malheureusement pour Angie, je n'en étais pas à ma première Négative rencontrée et encore moins à la première utopiste qui ne comprendrait pas. La complicité qu'elle avait ressentie n'était qu'un écran de fumée pour moi. Une façon de me protéger, de me fondre dans la masse. Ma dernière phrase, comme la sienne, j'allais la prononcer avec une pointe de regret. Non seulement je ne m'imaginais pas un instant avec une femme mais en plus, je ne voyais pas comment je pourrais en aimer une. J'en sais rien, ça ne me ressemblait pas. Ce n'était pas moi. En tout cas, c'était ce que je pensais, ce dont j'étais convaincu. Surtout depuis que je l'avais vue dans mes visions. Ses grands yeux bleus, son sourire et ses cheveux blonds et bouclés dans la lumière du soleil. Et puis il y avait les flammes, beaucoup de flammes. Je le cachais bien mais... Je n'estimais pas mériter grand chose dans ma vie. Alors une femme...

– Et ce, peu importe l'âme soeur.

J'ai posé ma main sur la joue d'Angela, mon pouce dessinant sa pommette d'un geste et je lui ai donné un faible sourire avant de me relever, murmurant un simple "Désolé". En y réfléchissant, j'aurais bien aimé avoir quelqu'un à qui offrir des sentiments si forts... Mais je me voyais mal comment combiner Liberation avec toutes ces conneries. Mais ça aurait pu être sympa, j'imagine.
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Angela Foster
Angela Foster
En l’entendant parler, j’ai baissé la tête. Je m’étais trompée, manifestement. Cette conclusion me fit mal au cœur et je serrai les poings. Je n’aimais pas me tromper sur les gens. Je m’en voulais aussi, un peu. J’avais une confiance aveugle en l’être humain, je croyais en mes idéaux. Tout ce que je venais de dire à Garin, je le croyais réellement. Pas parce que c’est ce que mes parents m’avaient enseigné, mais parce que c’est ce que j’en avais déduis moi-même. Je relevai la tête et fixai l’océan.

- Tu as raison, je ne sais pas de quoi je parle. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai étudié Yu. Je sais comment il fonctionne, comment il est composé. Je serais même capable de le reproduire, je l’ai déjà fait. Je sais ce qu’il implique comme changement. Mais il semblerait que ce ne soit pas suffisant.

Je tressaillis en sentant sa main sur ma joue et plongeai mon regard dans le sien. C’était une sensation étrange, qui me mettait un peu mal à l’aise. J’entendis son « désolé », comme un murmure. Je secouais la tête.

- Pas la peine de t’excuser. Tu as pris ta décision. Et j’ai bien compris que quoique je dise, je n’y changerai rien. J’espère que tu n’auras pas de regrets.

Je me suis dégagée de sa main et je me suis relevée. J’ai soupiré un instant, consciente qu’il n’y aurait désormais plus de retour en arrière. J’ai attrapé la bretelle de mon sac à dos et l’ai balancé sur mon épaule.

- Tu n’es pas le seul à être une bombe à retardement dans cette pièce. On n’explosera pas de la même façon, on ne fera pas les mêmes victimes, mais on explosera, l’un et l’autre.

J’ai réajusté la position de la bretelle de mon sac sur l’épaule.

- Tu sais, pendant quelques instants, je me suis dit qu’on aurait pu se comprendre tout les deux, et je sais pas… se soutenir. Entre condamnés. J'aurais pu apprendre à te comprendre. Mais je crois que c’est mieux comme ça. Je n’avais pas l’intention de te revoir de toute façon. Alors…

Je me détournai de lui et me mis à marcher vers la sortie. Il pouvait me retenir, j’espérais même qu’il le fasse. Mais j’en doutais sérieusement. Tant pis, la vie est ainsi faite. On croise sans arrêt des gens, mais on ne peut pas les forcer à s’arrêter et faire un bout de chemin avec nous s’ils n’en ont pas envie. Je le croiserai peut-être à nouveau, un jour. Seul l'avenir pouvait le dire.
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Garin DeLyons
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C'était moi. Elle me rappelait moi, au début. J'ai eu un rire sans joie en regardant ailleurs pendant qu'elle ramassait son sac. Plongeant les mains dans les poches, je l'aurais bien secouée pour la ramener à la réalité mais je doutais que ça puisse marcher. Alors la seule chose que j'ai pu faire, c'était la laisser partir. J'ai baissé les yeux à ses paroles et je l'ai laissée dire sans riposter. Je n'avais aucun moyen de la faire réaliser qu'il était impossible de me comprendre. Moi-même je ne me comprenais pas. Comment lui dire que je ne parlais pas de façon métaphorique quand je disais "bombe" ? Je semblais aller bien vu d'ici, c'est vrai. Il devait être difficile de croire ce qui se passait réellement en moi. Et c'était bien dommage, dans un sens...

Si seulement j'avais même compris ce qui se passait dans sa tête. Il ne me venait même pas à l'esprit qu'elle ait pu croire une seconde qu'on puisse se rapprocher l'un de l'autre. Je me trompais ? Je l'ai suivie des yeux et j'ai serré les dents. Non, décidément ! Comment vouliez-vous me comprendre quand moi-même je n'étais pas certain de saisir les messages de mon cerveau ! Et puis j'ai froncé les sourcils. Ca voulait dire quoi "J'ai travaillé sur Yu" ? Mes propres médecins bossaient dessus depuis des années et avaient été incapables de le reproduire. Ou du moins, de l'isoler proprement. Ou un truc du genre, j'en sais rien, en tout cas... Elle me mettait la puce à l'oreille.

Contrairement à elle, je savais qu'on se reverrait. Une intuition. J'étais bon en intuition. J'étais nul en prévision météo mais j'avais les poils droits sur les bras et les os qui vibraient quand j'étais certain d'une chose. J'ai eu un sourire en coin. Je connaissais son "refuge", mais une chose était sûre, je ne viendrai plus chercher ma marchandise dans ce coin. Trop dangereux. Mais qui sait... Si je m'ennuyais. De plus, j'avais été amusé par sa façon de me dire "adieu". Serait-elle vexée ?

J'ai poussé un profond soupir en tournant sur moi-même pour voir l'océan une dernière fois et j'ai proféré un léger juron entre mes lèvres avant de sortir à mon tour pour rentrer au Sanctuaire.
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