[CLOS][Amber/Angie] Concert au Pachanka

Février 2074


C’était la première fois qu’on jouait dans ce bar. Le patron nous avait entendu au McLaren et nous avait aussitôt engagés. C’était un sympa, situé dans la ville basse, à la limite entre le bar et la boite. On en avait entendu parler depuis longtemps déjà car beaucoup de groupes étaient passés sur leur scène. Il était réputé pour avoir une bonne programmation en général. C’était donc une sorte d’honneur de pouvoir y jouer.

Seule ombre au tableau, ma cheville. J’avais eu un accident de moto la semaine précédente et depuis, ma cheville me faisait toujours un peu mal. Au bout de trois jours, j’étais allée voir un médecin et le verdict était tombé : entorse. Rien de bien méchant et désormais, une semaine et demie après l’accident, j’allais beaucoup mieux. Mais j’étais censée la ménager. Je dis bien censée parce qu’en réalité, je forçais un peu trop. Mais comment voulez vous mettre de l’ambiance à un concert quand la chanteuse reste statique ? Surtout qu’on jouait essentiellement des morceaux rock.

Bref, on jouait quand même, je chantais aussi bien que j’en étais capable. Je n’avais pas une voix exceptionnelle mais elle était taillée pour le rock. Avec les garçons (Un batteur, un bassiste, un claviériste et deux guitaristes) on mettait le feu sur scène. Les garçons et moi, il faut que je vous dise, c’était une grande histoire. On était inséparables depuis le jardin d’enfant. C’étaient mes meilleurs amis, mes seuls amis. On avait une sorte de lien, un truc particulier, comme une alchimie. Une réelle complicité. Et ça se voyait sur scène.

Personnellement, je me donnais à fond, je n’hésitais pas à jouer avec l’espace, m’approchant de l’un ou l’autre des garçons, sautant sur place, tournant sur moi-même, dansant. Ma cheville commençait à se faire sentir de nouveau, mais je n’y prêtais pas attention. Le concert était presque terminé. Encore trois ou quatre morceaux et on quitterait la scène. Elle tiendrait jusque là.

Les dernières notes du dernier morceau retentirent et le patron du bar monta sur scène pour nous présenter une dernière fois. Et nous commençâmes à ranger rapidement nos affaires pour laisser la place au groupe suivant. Tom, le batteur, m’aida à sauter au bas de la scène et nous nous dirigeâmes vers le bar pour nous rafraichir. On avait boissons gratuites à volonté ce soir. On avait bien l’intention d’en profiter !

Tandis que j’avançais vers le comptoir, je sentis qu’on me bousculait. Avec ma cheville blessée, mon équilibre était déjà plutôt précaire. Je trébuchai, tandis la main pour me rattraper à Tom qui était juste devant moi et bousculait à mon tour une jeune femme qui se trouvait près de moi.

M’appuyant sur l’épaule de Tom qui avait passé un bras autour de ma taille pour me rattraper, je retrouvai mes appuis et me tournai vers la femme en question.

- Je suis désolée. Pas trop de mal ?

Ce soir faisait parti des soirs où je n’avais qu’une seule envie c’était de me laisser aller et de mettre mes soucis au placard. Alors quoi de mieux que de le faire dans les règles de l’art ? J’avais appris qu’il y avait un concert dans bar où j’avais l’habitude d’aller de temps en temps et qui avait pour nom « Pachanka ».

C’était ce genre de lieu où le patron essaie toujours de donner une pointe d’interaction avec ses clients, que ce soit par le biais de concert, de soirée à thèmes ou de visionnage de match. J’aimais bien la décoration, il y avait cette ambiance steampunk, avec des rouages, des horloges et des références à la marine du début de l’air industrielle. Pour un concert de rock alternatif, c’était parfait.

Niveau vestimentaire, j’étais dans le thème. J’avais une veste en cuir noir, un ceinture cloutée sur la boucle, un short avec un t-shirt d’un vieux groupe de rock, Joy Division. Je me sentais dans mon élément.

Je n’étais pas non plus la seule de Resistance, Colin et Echo étaient là. Il y avait d’autres membre de l’Underground : un petit groupe de Sliders avec des visages que je reconnaissais, mais en revanche aucun connu pour ceux qui étaient de Salvation. Je me sentais en sécurité. A vrai dire, c’était Colin qui m’avait embarqué, il arrivait qu’on travaille ensemble lui à King Cybernetics et moi à la Waleman sur des projets reliés. Certes, il était un peu jeune pour moi mais il était gentil. Son côté geek me faisait rire.

_ Ok ok. Ré-explique moi encore l’histoire du chat de Cheshire !

Le concert avait touché à sa fin et on en était à prendre quelques shooters ensemble. Echo, roulait des yeux, se voyant déjà faire la babysitter et à nous ramener à l’Underground. J’ai grimacé alors que trinquais ma première gorgée d'alcool de toute la soirée. Ma veste en cuir était sur mes genoux, elle me donnait trop chaud.

Alors que je tenais mon shooter, une tête blonde s’est étalée sur moi, Colin a réussi à le rattraper en vol car il était plus vif et avait vu la chose arriver.

_ Thanks buddy !

Et puis j’ai finit ce qu’il restait dans mon verre. Je me suis retournée pour voir qui m’avait bousculée, j’ai ouvert grand les yeux.

_ Tu es la chanteuse qui vient de jouer ce soir !!! Pardon. Ça va aller ?

Je m’accrochai tant bien que mal à l’épaule de Tom tandis que la foule continuait à bouger autour de nous. Même avec son aide, il était assez difficile de garder un équilibre correct. Et à vrai dire, j’avais tellement forcé sur ma cheville que j’avais de plus en plus de mal à poser le pied par terre.

La fille que j’avais bousculé avait lâché son verre, sauvé in-extremis par l’un de ses amis. Quel réflexe ! Pas perturbée plus que ça par le fait que je la bouscule, elle termina son verre et finit par se tourner vers moi. A sa question, un sourire éclaira mon visage et je haussai les épaules.

- Oui c’est moi. Et lui…

Je tapotai la poitrine de Tom de ma main libre.

- C’était le batteur. Dis bonjour Tom !

Vous me direz « mais qu’est-ce qu’elle vient présenter son pote comme ça celle là ». C’est juste que je considérais que nous formions un groupe. Je n’étais pas seule sur scène ce soir. Tom était là également. Ainsi que Sam, Simon, Matt et Jimmy. Mais eux, ils étaient déjà accoudés au bar avec une bière à la main. Bref, la question de la fille m’avait donné l’impression d’être plus… enfin comme si on me mettait en avant par rapport aux autres et je n’aimais pas ça.

Tom roula des yeux et esquissa un sourire en direction de la fille.

- Fais pas attention à elle. Elle est pas dans son état normal quand elle sort de scène. Elle tient même plus sur ses jambes d’ailleurs.

Je fermai le poing et l’envoyai (gentiment, je suis pas une brute non plus) sur l’épaule de Tom.

- Hey n’importe quoi.

Je tournai la tête vers la fille.

- Si je tiens pas debout, c’est parce que je ne peux plus poser le pied par terre. Mais ça, Môssieur Tom, il s’en était pas rendu compte hein ? Je te paye un autre shooter ? Pour me faire pardonner d’avoir renversé celui là. Hésite pas, on a toutes nos conso gratuites ce soir !

Si je devais me froisser dès que je me faisais bousculer dans un concert, je ne serais pas sortie du sable ! Cela faisait littéralement partie des choses inévitables dans une soirée de ce genre.

_ Angie c’est ça ? J’ai levé mon index en l’air. Bonsoir, Tom, Amber.

Et puis j’ai souris, de façon assez naïve et sincère : parce que d’une l’alcool me montait à la tête et que de deux le batteur, comme toute la lignée batteur avant lui dans le monde du rock, était mignon. Ma réaction était tout à fait normale. Colin a côté de moi était mort de rire, je lui ai donné un coup de coude.

_ Demande lui son numéro tant que tu y es !

Echo quant à elle, se lavait les main de tout ce qui pouvait se passer. Elle jetait des coups d’oeil de temps en temps en sirotant son martini avec l’impression grandissante d’être un gardien de zoo.

_ Fait pas attention à ce qu’il dit. Colin fait l’intéressant parce qu’il est jaloux.

_ Jaloux ?! Mais de quoi Amber, y’a RIEN entre nous. C’est platonique, le calme plat, le désert du Sahara.

Je me suis tournée sur Angie, ignorant les garçons.

_ Va pour un autre ! Mais je même si la proposition de verres gratuits est tentante, je vais éviter d’en abuser.

Tom leva une nouvelle fois les yeux au ciel.

- Ouais bah "Môssieur", il t’avait dit de faire gaffe. C’est quand même pas ma faute si t’as choisi d'ignorer ta cheville pendant tout le concert ! Mais on continuera cette conversation plus tard !

Il posa de nouveau les yeux sur Amber et lui sourit.

- Enchanté de faire ta connaissance Amber.

Il avait un petit quelque chose dans la voix qui me fit tourner les yeux vers lui et scruter son visage. Je connaissais Tom par cœur. On était inséparable depuis… A vue de nez, je dirais depuis notre naissance. Alors forcément, cette lueur dans son regard, je la connaissais bien. Il avait la même à chaque fois qu’il croisait une jolie fille. Ah les hommes. Je levai les yeux au ciel tandis qu’il riait de l’échange entre Amber et son ami.

- 215-555-2435
- Tom, t’étais pas censé avoir une copine toi ?
- Ah c’est ça que je voulais te dire ! Plus maintenant.

Je soupirai en secouant la tête. Ah les hommes ! (comment ça je l’ai déjà dit ?) La réponse d’Amber concernant du shooter tomba fort à propos pour détourner l’attention de Tom. Pas que j’étais jalouse. En fait, ça m’était égal. Bien au contraire. Tom était mon meilleur ami alors tout ce qui pouvait le rendre heureux, me rendait heureuse. Mais là, j’avais soif. Terriblement soif ! Et tant qu’il restait planté là, moi aussi. Et le bar était loin, trop loin !

J’agitai ma main libre devant les yeux de Tom pour qu’il reporte son attention sur moi.

- Youhou, le tombeur, tu m’aides à aller jusqu’au bar. Que je puisse au moins commander le shooter de mademoiselle !

Tom finit par détacher son regard d’Amber et le reposa sur moi.

- Ok, on y va. J’en profiterai pour jeter un œil à ta cheville aussi.

Je roulai des yeux et reposai mon regard sur Amber.

- Tu nous accompagnes ?

J’étais suffisamment éméchée pour voir quand je plaisais et rendre la pareille. C’est pourquoi je fis un sourire en coin quand Tom me donna son numéro. Dans ma tête, cela n’allait pas bien loin, juste de quoi se déchaîner dans une salle de bar bondée. J’étais une vrai puce.

_ Parfait, je retiens, c’est noté. J’ai tapoté ma tempe de l’index, d’ailleurs j’avais quelque bagues sur mes doigts, mes fétiches, celle que je portais quand je sortais pour me tenir chance. Chacune avaient une symbolique.

Si j’avais un genre de gars en horreur, c’était le genre trop gentil et trop collant et j’avais ce vieux réflexe de fuir dès que je le pressentais. Même si je pouvais paraître entreprenante, cela ne restait qu’un jeu. Au fond de moi, je restais sur la défensive, je testais le terrain, d’où mon attitude désinvolte.

_ Au bar ? C’est vrai que ça fait terriblement loin.

J’ai jeté un coup d’oeil à Echo et Colin en leur lançais un « Je reviens ! » avant de m’être levée pour rejoindre Tom et Angie.

_ Alors, vous en avez pensé quoi de ce concert. Vous en aviez déjà fait un dans le coin ?

Je jetai un regard interrogateur à Amber. Elle se moquait de moi ou bien ?

- Quand on ne peut pas poser le pied par terre, ça fait un peu loin, oui.

Je décidai de ne pas m’appesantir plus sur le sujet et fis signe à Tom qu’on pouvait y aller. Il nous fraya un chemin jusqu’au comptoir, me portant à moitié au passage, Amber sur nos talons. Il nous guida jusqu’à l’endroit où était le reste du groupe. Matt et Sam s’étaient trouvé un tabouret de libre. Simon et Jimmy étaient debout à côté d’eux. Ils avaient chacun une bière dans la main et semblaient bien s’amuser.

- Dites les mecs, vous laissez la place à ces demoiselles ?

Les garçons sautèrent de leur tabouret et je m’installai sur celui libéré par Matt.

- Amber, je te présente le reste du groupe : Simon, Matt, Sam et Jimmy*. Respectivement guitariste, guitariste, bassiste et clavier.

Je montrai chacun des garçons de la main tandis que je les présentai à Amber. Ceux-ci esquissèrent un sourire et la saluèrent d'un geste de la main.

- Les gars, voici Amber.
- Angie, je vais jeter un œil à ta cheville si ça te dérange pas.
- Vas-y, fais.

Tom se baissa, retira ma chaussure et palpa ma cheville. Tandis qu’il s’occupait de moi, je me tournai vers Amber pour discuter avec elle.

- En fait, ça fait un moment qu’on joue dans les bars comme celui-ci. On a joué au McLaren, à la limite de la ville médiane. Un bar plutôt sympa avec un bon public.

Je me penchai sur le comptoir.

- Eric, un shooter et une bière s’il te plait.

Je reportai mon attention sur Amber.

- Ce soir, c’était plutôt sympa. Y’avait une bonne ambiance. Mais j’ai pas pu me donner à fond.

J’indiquai ma cheville d’un signe du menton.

- Et toi, tu en as pensé quoi ?




*Respectivement Eddy Redmayne, Max Irons, Darren Criss et Joseph Gordon-Levitt.

[T'es sérieuse avec cette effilade de beaux mecs XD]

Je m'étais calée sur l'un des tabouret et je profitais de regarder chaque nouveaux visages en les gratifiant d'une salutation, d'un hochement de terre ou d'un sourire. Je n'avais pas du tout prévu de faire des rencontres ce soir, mais je n'avais rien contre.

_ Le MacLaren a une ambiance sympa. C'est posé, les gens ne sont pas chahuteurs, c'est impeccable pour commencer ! D'ailleurs vous faites ça en semi-pro ? Pro ?

Au comptoir, j'ai commandé la même chose, sauf avec un alcool différent pour le shooter.

_ L'important c'est d'avoir pris du plaisir. C'est communicatif, ça s'est vu alors pas d'inquiétude à avoir de ce côté là ! C'est le principe de la musique après tout.

J'ai tournée le regard sur Angie.

_ J'ai aimé votre concert. C'était agréable mais un peu trop sur la retenue pour mes goûts. Je préfère quand ça se lâche plus. En revanche, je peux dédier qu'il y a quelque chose dans votre son d'intéressant et particulier.

[J'aime être bien entourée ^^]


Je souris à Amber tandis que le barman posait nos commandes devant nous. Elle semblait nous prendre pour des débutants, il valait mieux la détromper à ce sujet.

- En fait, ça fait pas loin de 2 ans qu'on joue régulièrement. On anime souvent des soirées, comme des mariages, des anniversaires, ce genre de trucs. Et ça nous arrive régulièrement de jouer dans les bars. On a tous un boulot ou des études à côté.

J'indiquai les garçons d'un signe de tête.

-  Simon est tatoueur, Jimmy termine ses études de médecine, Matt est un petit branleur...
- ... Ca va oui ?

Ca, c'était le principal intéressé qui ne semblait pas franchement ravi que je le décrive de cette manière. J'esquissai un sourire. Avec Matt, on se cherchait en permanence. Y'en a qui appelle ça l'amour vache. J'avais une relation différente avec chacun des garçons, mais celui dont j'étais le plus proche, c'était Tom et ça se voyait certainement.

- Bah quoi ? C'est vrai.

Je reportai mon attention sur Amber et repris mon inventaire.

- Matt est coursier, Sam étudie le droit et Tom...

Je tapotai la tête de ce dernier, toujours penché sur ma cheville.

- ... est sauveteur/secouriste. Et comme tu peux le voir, il prend son boulot très à cœur.

Tom releva la tête, adressa un sourire à Amber et se replongea dans son occupation : à savoir resserrer la bande censée me maintenir la cheville en place.

- Et moi, ça change régulièrement. Les concerts, ça permet de mettre un peu de beurre dans les épinards.

J'écoutai Amber donner ses impressions par rapport à ce qu'elle avait vu et entendu.

- Merci c'est gentil. Tu me rassures. En fait, à la base, on joue des reprises. Des standard du rock, des morceaux de groupes qu'on aime bien. Mais depuis quelques temps, on glisse aussi quelques unes de nos compo dans notre programme. Histoire de voir comment les gens réagissent. Ce soir, c'est la première fois qu'on joue uniquement notre musique à nous. Alors on était un peu tendus. Mais si ça c'est pas trop vu, alors ça va !


Tom se releva en prenant appui sur mon genou et pencha la tête sur le côté.

- Angie... Si tu veux que ce truc guérisse correctement, évite de trop t'appuyer dessus pendant quelques jours.

Il tourna alors la tête vers Amber et lui sourit.

- Et toi, tu fais quoi dans la vie?

Dans le genre question naze, on fait difficilement mieux.

Un à un je les ai regardé quand elle m’a fait le listing de ce qu’il faisait et dans ma tête cela dégringolait.

_ De ce que je comprend, vous êtes un groupe de potes qui se sont lié pour faire de la musique ensemble. C’est cool.

J’ai hoché la tête. Tous avaient des jobs prenants, la musique venait donc en second plan et leur servait donc d’exutoire et d’échappatoire. Cela s’en ressentait. J’avais des amis qui étaient musiciens, je voyais la différences. Ils avaient quelque chose de frais, mais de maladroit, ce qui les rendaient attendrissants et passionnés.

_ Pourtant, faire de la musique ça ne paie pas extraordinairement bien. Les concerts c’est surtout pour faire parler de soi, faire le buzz. Et puis aussi pour l’exaltation de la foule et la folie que ça procure. Mon père était musicien dans sa jeunesse, donc je connais un peu le milieu.

J’ai souris pour cacher les souvenirs qui me remontaient à l’esprit rien qu’à l’évocation de mon passé.

_ C’est pour ça que j’aime bien les concerts, je trouve que c’est un moyen de s’exprimer génial et qui défoule. Ce soir c’est ce que j’ai ressenti. Il y avait votre nervosité qui transparaissait mais vous avez su l’utiliser comme énergie donc c’est un gros point positif. Dans la musique, la création, c’est ce qui fait la différence.

Tom m’adressa une question pré-faite qui typiquement à le don de m’agacer, et qui montre un manque cruel de savoir faire dans ce qui est d’engager une conversation. Je n’ai rien laisser apparaître, j’ai fait bonne figure.

_ Je travaille en temps assistante dans une grande firme dans le centre de la ville dans le domaine de l’innovation. Ce n’est pas le job de ma vie mais ça paie les factures.

J’ai haussé les épaules.

- C’est tout à fait ça !

Je hochai la tête en souriant et portai ma bière à mes lèvres.

- A la base, l’idée nous est venue de jouer ensemble surtout pour nous amuser. Et puis… on s’est dit qu’après tout, pourquoi ne pas tenter notre chance ? Après tout, on est pas des pros, mais on se démerde plutôt bien.

Je l’écoutai me parler des « inconvénients » du métier de musicien. Je penchai la tête sur le côté et eus un sourire gêné.

- Ca dépend de la musique que vous faites et du genre de concert aussi… Vous savez que, pour peu qu’ils soient bons, les groupes animant des soirées n’ont pas trop de soucis à se faire financièrement parlant ?

Et pour cause, lorsque nous étions engagés pour jouer à un mariage, nous touchions un cachet assez conséquent. L’année dernière, on tournait autour 1100-1200$ par soirée. Plutôt pas mal pour une seule soirée non ? Bon, il fallait retirer de ça tous les frais qu’on avait à payer (droits d’auteurs, tout ça) mais au final, ouais, ça aidait quand même pas trop mal à finir le mois. D’ailleurs, il y avait plusieurs groupes comme nous qui n’avaient aucune autre activité en parallèle. Ceux-là enchainaient les concerts à un rythme bien plus effréné que nous. Nous, on ne jouait que le week-end. Et encore, pas tous les week-ends. Et puis, on n’était qu’un groupe de la médiane, on prenait beaucoup moins que les groupes de la haute.

Je haussai les épaules.

- Certains couples sont prêts à payer une fortune pour avoir un bon groupe à leur mariage. Il n’y a bien sûr aucune place à la création musicale du coup, mais… nous, ça ne nous gêne pas.

Quand elle eut terminé de s’exprimer sur le concert de ce soir, je lui adressai un sourire et portai à nouveau ma bouteille à mes lèvres. Tom prit le temps d’écouter la réponse à sa question et en resta là. Il se contenta d’hocher la tête et se pencha au-dessus du comptoir pour se commander une bière. Il n’était pas doué pour les conversations. Enfin, pas tant qu’il ne connaissait pas bien la personne. Il faisait beaucoup d’efforts, mais au fond, c’était un grand timide. Les garçons étaient retournés à leur conversation et Tom les rejoignit, me laissant seule avec Amber.

Moi, pour le coup, je ne savais plus trop quoi dire. Je n’étais pas spécialement à l’aise avec les autres filles. A bien y réfléchir, ce n’était pas si étrange que ça. J’avais grandi avec ces garçons. C’était mes seuls amis. Je m’étais toujours bien entendu avec les garçons en général, mais avec les filles, c’était toujours plus compliqué. J’étais garçon manqué, je n’avais pas les mêmes préoccupations qu’elles, ni les mêmes discussions. Je n’avais pas non plus les mêmes activités. Pendant que les filles de ma classe allaient faire les boutiques entre copines, moi je faisais du skateboard avec Tom ou de l’escalade avec mon frère David (et quelques autres activités pas très recommandables).

Pour dissimuler ma gêne, je pris une profonde inspiration et sortis le premier truc qui me venait à l’esprit.

- L’innovation… c’est plutôt vaste non ? Vous avez un domaine particulier ?

Parce que techniquement, tout n’était qu’innovation, tout le monde cherchait à innover, quelle que soit sa spécialité.

_ Si on aime animer des goûter d’anniversaire et des bar-mitsva. Ça peut peut-être amortir les frais mais c’est pas super fun. C’est voir même un peu ringard et assez réducteur artistiquement parlant.

J’avais parlé un peu trop vite, puisqu’Angie venait de m’avouer qu’elle faisait partie de ses groupes de musique là qui joue à des mariages. Alors je l’ai regardé avec un mélange d’effroi et de choc, comme si ce n’était pas digne de vrais artistes de se pervertir à ce genre de choses. Pour moi, les musiciens en particuliers étaient du genre à vivre pour la beauté de l’art car pour créer cela demandait une capacité de retranscrire les émotions à travers la musique. Tout ce côté des labels qui exploitent leur artistes pour se faire du profit quitte à leur faire faire n’importe quoi, ça me dégoutais et m’horrifiais. Jamais mon père n’a cédé à ce genre de chantage et cela ne l’a pas empêché d’enregistrer un album et d’avoir une notoriété en son temps, surtout quand il a collaboré avec sa meilleure amie. Cela m’arrivait encore d’écouter ses morceaux.

_ Woups, désolé, je pouvais pas dénigrer ou quoi… Si vous y trouvez votre compte, c’est le principal. Disons que je suis vraiment passionnée par ce domaine là. Il m’arrive parfois de m’emporter un peu et d’être prise dans l’élan de l’instant.

Angie paraissait nerveuse maintenant qu’elle n’étais qu’avec moi, mais j’ai tout de suite voulu la mettre à l’aise.

_ Tu sais, tu n’as pas à faire la conversation si tu ne le sens pas.

Je lui ai adressé un sourire.

_ Moi aussi je suis du genre à traîner surtout avec des garçons. Je n’aime pas trop les histoires de filles, devoir se raconter ses histoires de couples, quelle couleur se peinturlurer les ongles, etc… Tu peux te détendre. Et pour répondre tout de même à ta question, dans ce l’innovation technologique. C’est assez large en soit, mais ça peut la robotique comme les nouvelles façon de communiquer. Cela fait seulement quelque mois que j’ai finit mon stage et je suis maintenant assistante. Je n’ai pas le job de ma vie, mais ça reste intéressant.

A sa réplique, tellement spontanée, je fronçai les sourcils et crispai légèrement la mâchoire. Ok, voilà qui avait le mérite d’être clair. « Pas super fun », « ringard »… Je me tortillai sur ma chaise et commençai à tourner ma bière entre mes mains. Inutile de dire que ce que je venais d’entendre n’était pas des plus plaisant, pour moi en tous cas. Et à voir comment Tom s’était retourné, il n’était pas hyper ravi non plus. Nos regards se croisèrent, l’espace d’une seconde et il retourna à sa conversation avec les garçons.

J’allais lui répondre quand elle reprit la parole, pour s’excuser. Sauf que c’était un peu tard, en ce qui me concernait. Je me contentai de hocher la tête et portai ma bouteille à mes lèvres.

- Tu sais, jouer la musique de quelqu’un d’autre, ça n’est pas forcément faire une copie conforme. Nous interprétons les morceaux à notre façon, les garçons passent des soirées entières à adapter les partitions. Désolée de ne pas être assez « artiste » à ton goût.

Une chose était sûre, je n’allais certainement pas me faire une amie ce soir. En même temps, ce n’était pas ce que je cherchais. D’une part parce que j’avais, comme je l’ai dit, toujours beaucoup de mal à être amie avec d’autres filles, et d’autre part, parce qu’étant donné mon principe numéro 1, il était hors de question de me faire de nouveaux amis.

Mais pour autant, je savais rester sociable et je retrouvai mon sourire lorsqu’elle m’avoua être un peu comme moi.

- Ah tu me rassures. Je ne supporte pas les filles comme ça. Je fais des efforts avec leurs copines…

J’indiquai les garçons d’un signe de tête.

- … Mais ça reste tendu. De toute façon, elles ne m’apprécient pas des masses non plus.

Je portai une nouvelle fois ma bière à mes lèvres tandis qu’elle me parlait un peu plus de son boulot.

- Mais dis moi, qui peut prétendre avec trouvé le job de sa vie ? Personnellement, je n’en connais pas beaucoup qui ont cette chance.

J’ai failli m’étouffer dans mon verre quand j’ai entendu « désolé de ne pas être assez « artiste » à ton goût.

_ Je trouve ça louche que tu sentes le besoin de t’excuser.

J’ai haussé un sourcil.

_ Tu ne devrais pas, pas pour ce que tu fais. Quand tu fais quelque chose de créatif si tu commences à t’excuser dès que quelqu’un à un avis divergeant, tu ne vas pas t’en sortir. Affirme ce en quoi tu crois. Tant pis pour ceux qui ne sont pas d’accord, ceux qui le sont sont ceux qui te suivront. Et il vaut mieux garder le soutien non ? C’est comme ça que tu te fera des admirateurs. Vous avez pensé à chercher un label ? Ou bien balancer vos chansons sur le net ?

Par la suite, j’ai pris une autre gorgée avant de revenir à Angela.

_ Tu es comme tu es. Faire des efforts pour des pimbêches ça ne sert à rien. Reste qui tu es. Exactement pareil que pour la musique. Tu es mieux avec tes potes, et bien reste avec eux. Personnellement, la période lycée m’a suffit à comprendre ça. Jamais je ne me ferai passer pour ce que je ne suis pas. Et si les gens n’aiment pas, grand bien leur fasse. Je préfère être fidèle à moi-même.

Peut-être qu’il y avait une part d’alcool qui déliait ma langue, mais je crois que même sobre, mon discours resterait le même. J’aime la franchise et m’entourer de personnes sincères. Peut-importe leur sexe.

_ Oh si. Il y en as plus qu’on ne le soupçonne. C’est bien plus épanouissant de faire ce qu’on aime. Parfois il faut savoir faire ce choix entre gagner beaucoup avec un job de merde ou bien peu mais faire un travail passionnant. Le jackpot reste quand on réussi à allier les deux !

J’ai de nouveau froncé les sourcils. M’excuser ? Ce n’était pas vraiment des excuses plutôt… de l’ironie, un truc du genre « désolée, mais je suis ce que je suis et si ça te plait pas, tant pis ». Le genre de remarque qu’on est capable de sortir quand on vient d’entendre quelque chose qui nous a vexé.

Mais, si Amber avait fait une « erreur » (si tant est qu’on puisse parler d’erreur parce que finalement, dire ce que l’on pense vraiment n’en est jamais une), elle se rattrapait bien. Sur ce coup là, on avait plutôt la même façon de penser.

- Bah le truc, c’est qu’on ne cherche pas tellement la gloire en fait. On fait surtout ça pour nous avant de le faire pour les autres. C’est… l’équivalent d’une partie de jeu vidéo entre amis. C’est juste parce qu’on avait envie de faire quelque chose ensemble et comme on est tous musiciens…

Parce que oui, à la base, j’étais musicienne moi aussi, je jouais du violon. Mais dans le groupe, je me contentai de chanter. C’était suffisant pour ma part. Je n’avais pas vraiment envie d’en faire plus. Apprendre les chansons, c’était déjà assez de travail, surtout quand elles étaient en français.

- En fait, les efforts, c’est pas pour les pimbêches en question que je les fais. C’est pour eux. C’est pas facile, je pense, d’être coincé entre sa copine et sa meilleure amie.

Parler de boulot, de rêves, tout ça, ça me déprimait passablement. Elle avait raison, bien sûr, j’étais parfaitement d’accord avec elle sur ce point. Et d’ailleurs, à bien y réfléchir, effectivement, j’en connaissais plus que je le pensais qui étaient bien dans leur boulot.

- Il y a malheureusement certains cas où, le boulot de nos rêves reste… juste un rêve. Un truc inaccessible parce que la vie fait qu’on a pas les moyens de l’atteindre…

Je vous le concède, c’était pessimiste. Mais à vrai dire, j’étais dans ce cas là. On pouvait me dire tout ce qu’on voulait, mais être microbiologiste sans faire d’études, c’était compliqué. Et faire des études quand on suit un traitement lourd, ce n’était pas non plus de toute simplicité.

- Enfin après, mon cas est loin d’être une généralité, heureusement !

Je ponctuai cette conclusion d’un sourire. J’allais quand même pas me laisser abattre !

_ Ce n’est pas une question de chercher la gloire. Ceux qui la cherche à tout prix finisse par se casser le nez. C’est vraiment malsain. Donc tant mieux si ce n’est pas dans votre état d’esprit. Il suffit de regarder tout ces groupes qui ont mal finit… Non, ce qui vous irait le mieux de partager ce que vous faite sur des plateformes de vidéo ou de musique en ligne. Ce qui est intéressant c’est d’avoir un retour sur ce que vous faite, sans forcément penser à tout ce qui est marketing. Ça élargi le champ encore plus que les concerts. Il y a même des live-concerts qui se font où c’est l’alliance des deux. Vous avez un son très particulier, ça serait bête de le garder « timidement » seulement pour vous.

J’ai fait un signe de guillemets avec les doigts.

_ Et puis ça peut vraiment permettre de gagner de l’expérience. A l’occasion tentez !

Lorsqu’Angie me répondait sur le fait de faire des efforts, je me suis retournée sur ses amis au moment où elle a dit «  C’est pour eux ». J’ai froncé les yeux, car je percevait là un non-dit.

_ Tu veux dire pour ‘‘lui’’ n’est-ce pas ?  

J’ai baissé d’un ton ma voix avec un léger sourire malicieux sur les lèvres.

_ Des fois il faut se donner les moyens. Bien sûr que c’est long et difficile. Ça peut prendre une vie, sans pour autant y arriver mais ça sert de motivation, de but… de carburant. Ça me rappelle quelqu’un qui m’a dit un jour que l’important n’était pas la destination mais le voyage pour y arriver.

Cette phrase était du Chase tout craché, mon imprévisible et indomptable de père. Il avait beau m’avoir abandonné comme une chaussette, il y avait toujours une part de moi qui était fasciné par sa vision des choses parce qu’il était l’incarnation même de l’expression « Carpe Diem ».

_ Comment ça ton cas ?  

Sur sa dernière phrase, j’ai plissé les yeux.

- « Lui » ?

Je fronçai les sourcils ne comprenant pas où elle voulait en venir. Mon regard est passé d’elle à mes amis, et s’est posé sur Tom. Et là, ça fit tilt dans ma tête.

- Tu parles de Tom c’est ça ? Non, on est juste ami. On se connait depuis qu’on est tout petit, ça serait… trop bizarre ! Non… Et puis non, c’est pas juste pour lui. Ils ont tous plus ou moins des problèmes avec leurs copines. Il semblerait que ça soit difficile de voir ton mec trainer en permanence avec une autre fille…

Je levai les mains et roulai des yeux comme si je ne comprenais pas la situation. Et pour cause, j’avais du mal à comprendre parce que je ne me voyais pas avec les yeux de leurs copines. Je ne me voyais clairement pas comme une menace. Je connaissais chacun d’entre eux depuis qu’on avait 3 ans (pour ceux que j’avais rencontrés le plus tard !), je ne pouvais simplement pas imaginer être plus qu’une amie avec l’un d’entre eux. On était très proches, en particulier avec Tom, c’était certain, mais ça s’arrêtait là.

- Mon cas…

J’esquissai un triste sourire et secouai la tête. J’avais, encore une fois, parlé sans réfléchir.

- Disons que j’ai dû arrêter mes études. Et ça a rendu mon rêve inaccessible. Je pourrais les reprendre mais…

Je haussai les épaules. Reprendre mes études ? Je n’arriverai certainement pas plus à les suivre qu’avant. Certes là, mon traitement était terminé… jusqu’à ce qu’on en trouve un autre et qu’on l’essaie sur moi, ce qui arriverait, forcément. Ca arrivait toujours. Et même si le traitement ne reprenait pas, qui sait si j’aurais le temps de les mener à bout ? Rester assise à étudier ne serait par conséquent qu’une perte de temps. Un temps qui m’était précieux, un temps dont j’avais besoin pour vivre à fond le temps qu’il me restait.

- Ca ne servirait probablement à rien que je décroche mon diplôme. Je n'aurai pas le temps de l'utiliser.

Je gardais mon sourire amusé sur les lèvres pendant qu'Angie voyait où je voulais en venir. J'ai même posée la mâchoire sur ma paume en l'écoutant. Oh ! C'était tellement clair qu'elle éprouvait un intérêt pour Tom. Il y a certain signe qui ne trompent pas et j'avais une certaine expérience en la matière.

_ J'ai aussi grandi avec mon meilleur ami, et je l'ai connu depuis toujours... Et pourtant, il faut croire qu'on ne peut pas vivre l'un sans l'autre. Quand on a réaliser ça, on a commencé à sauter le pas. Ca a complexifié pas mal de chose, c'est vrai. Mais aucun de nous ne le regrette.

Pour l'instant du moins, cette tête de mule a décidé de partir pour l'armée. On verra bien ce qu'il adviendra.

_ Que l'amitié se transforme en amour, c'est loin d'être impossible.

En parlant d'impossible, Angie me racontait ce qu'elle avait sous-entendu mais cela me paraissait encore plus flou qu'avant.

_ Huh.... je ne comprend absolument rien.

J'ai froncé les sourcils prise par l'incompréhension avant de reprendre une gorgée.

Je l’écoutai me parler de sa propre expérience. Et tandis qu’elle parlait, mes yeux s’agrandissaient. Mon regard se posa sur Tom et, pendant quelques secondes, je me pris à imaginer ce que ça pourrait être, si on était plus que des amis, et je rougis.

- Je sais que c’est tout à fait possible. C’est juste que… je sais pas. C’est sûr que Tom est mon meilleur ami, on est très proches tous les deux. Mais… ça serait trop… Je crois qu’en fait, on se connait trop. On n’a plus le moindre secret l’un pour l’autre, plus rien à se cacher. Ca ne peut pas marcher parce qu’il n’y aurait pas cet élément essentiel qui fait qu’un homme peut m’intéresser.

Je haussai les épaules. Ce n’était pas tout à fait faux. Ce que je préférais, dans une relation, c’était le tout début. Vous savez, ce moment où les regards se croisent, où on décide que l’autre nous plait, on discute, on essaie de se séduire. Une fois que ce moment était passé, les choses perdaient toute leur saveur, pour moi en tous cas.

- Et puis… imagine qu’on se donne une chance et que, pour une raison ou pour une autre, ça marche mal. Notre amitié en serait totalement gâchée parce que ça ne serait plus jamais comme avant. Ca ne vous fait pas peur à vous ?

Sans compter cette dernière raison que j’avais, que je ne disais pas. Je ne voulais tout simplement pas m’engager avec qui que ce soit. Je savais que, quoiqu’il arrive, la personne avec qui je m’engagerais sur du long terme aurait à en souffrir à la fin. Et je ne voulais pas faire souffrir une personne de plus. J’en avais déjà assez avec mes amis et ma famille. Remarquez, Tom souffrirait, quoiqu’il arrive, mais je me disais que ce serait dans une proportion moindre. Peut-être que je me trompais.

- Et puis, de toute façon, je doute qu’il me voit autrement que comme son meilleur pote !

Je ponctuai cette conclusion d’un sourire et bus une nouvelle gorgée de ma bière. La déclaration d’Amber et son froncement de sourcils firent disparaitre mon sourire. J’hésitai un instant avant de répondre et baissais  les yeux sur ma bière dont j’étais en train d’arracher l’étiquette.

- Disons que… pour faire simple…

Mais comment faire simple sans révéler toute la vérité ?

- J’ai été malade, et les traitements étaient trop importants pour me permettre de suivre les cours. Et le problème c’est que quand on est en études supérieures, on peut difficilement s’en sortir en loupant la moitié des cours. Du coup, j’ai dû abandonner les études et mon rêve de devenir microbiologiste en même temps. Parce que c’est impossible de faire de la recherche médicale quand on n’a pas de diplôme suffisamment élevé.

J’étais une bien piètre menteuse, il faut bien se l’avouer, du coup, j’avais choisi de dire la vérité à Amber. Ou du moins, une partie de la vérité.

J’ai haussé les épaules face à sa question. A vrai dire que je n’avais jamais réfléchis comment gérer les choses si entre moi et Logan
cela se finissait mal, tout simplement parce que je n’envisageais pas que cela se produise. Je ne le voulais pas. Logan était mon point de repère, mon ancrage. Pourtant, il fallait que je m’y mette à l’évidence à un moment ou à un autre, mais je repoussais l’échéance.

_ Non, ça ne me fait pas peur. Je me dis qu’on trouvera toujours une solution pour que ça marche. C’est peut-être un peu idéaliste. On est au clair sur ce qu’on ressent et je pense que c’est la clé.  

J’ai penché ma tête en regardant Angie.

_ Dans ces cas là, il faut suivre son instinct je suppose.

Son explication me paraissait valable, ce que je ne pouvais pas m’empêcher de penser était les possibilités que l’entreprise où je travaillait proposait. Mon cerveau faisait déjà les connections, et l’opportunité me paraissait trop belle pour ne pas lui en parler.

_ Hey ! Je travaille dans la robotique mais je suis en contact étroit avec des biologistes. C’est essentiel de comprendre comment différents organismes fonctionnent pour pouvoir le répliquer en mécanique. C’est particulièrement dans la biomécanique que je me concentre. La Waleman proposent des programme d’apprentissages, sans forcément passer par de grandes écoles. Ils recrutent énormément. Si tu veux, je peux te conseiller.

Les chances que cela aboutissent étaient de 50/50. Mais je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de pouvoir aider quelqu’un. Et puis c’était l’avantage de faire partie d’une grande boite.

Je posai à nouveau les yeux sur Tom et l’observait un moment. Il me tournait le dos, discutait avec les garçons, riait parfois. Tom était un garçon génial, tout simplement. Il dégageait cette impression de tendresse et de sureté que pouvait rechercher la plupart des filles. Et il était intrépide aussi, presque autant que moi. C’était pour ça, d’ailleurs, qu’on était aussi proches. Je n’aurais pas pu être amie avec une chiffe-molle. Bref, Tom avait tout du petit ami idéal… mais pas pour moi. Je ne l’avais jamais vu autrement que comme un ami. Je n’étais pas amoureuse de lui. Et quand bien même, je ne pouvais pas lui faire ça. Il ne méritait pas de souffrir de la sorte.

- Suivre son instinct… Mon instinct me dit de garder mes distances en ce qui concerne Tom. Et pas seulement lui d’ailleurs. Mais j’espère que ça marchera longtemps entre ton ami et toi.

Je l’écoutai attentivement tandis qu’elle me parlait de son boulot et d’éventuelles possibilités pour moi. C’était tentant, très tentant, mais pas raisonnable du tout. Je finis par secouer la tête.

- C’est gentil, mais ce ne sera pas nécessaire. Je n’aurais certainement pas le temps d’arriver au bout de la formation. Et quand bien même j’y arriverai… je ne pourrais certainement pas travailler. Sans compter que… si les traitements reprennent, je devrais de nouveau laisser tomber… ça serait une perte de temps. Pour tout le monde.

Je secouai une nouvelle fois la tête. Et puis, soudain, j’eus l’impression de me montrer particulièrement ingrate en refusant son aide de cette manière.

- Mais c’est gentil de proposer. Merci.

J’ai haussé les épaules.

_ On verra. Pour t’avouer, je n’ai aucune idée de quoi le futur nous réserve. Surtout qu’il part faire son service militaire. Les relations à longue distance, je n’en ai jamais faite.

Autant de réticence d’un coup… Peut-être était-ce une forme de timidité, ou bien elle cherchait à se protéger. Je ne sais pas mais j’avais du mal à connecter, ce n’était pas faute d’essayer et de briser la glace. A chaque fois que je faisais un pas, elle en faisait deux en arrière. Il y avait quelque chose de déstabilisant. En général je n’avais pas de soucis pour faire connaissance avec des personnes. J’étais quelqu’un que l’on pouvait qualifier quelqu'un de sociable. Bien sûr, comme tout le monde cela m’arrive d’avoir des moments où je n’ai pas envie de faire la causette, mais je le fais savoir rapidement. Est-ce qu’elle n’osait pas me dire qu’elle voulait que je parte ? Très franchement, je ne savais pas sur quel pied danser.

_ Oh d’accord…  Tu sais si tu changes d'avis, il n'y pas de problème. Je peux te donner de quoi me contacter.

Alors j’ai regardé en direction de Colin et Echo. Ils n’avaient pas bougés et ils discutait ensemble. Colin me jetait de temps en temps des coups d’oeil à travers la foule. J’ai croisé son regard et je lui ai fait signe que tout allait bien. De ce que je percevais, ils n’avaient plus l’air de s’amuser puisqu’ils sirotaient leur boissons lascivement. Je me suis ensuite retournée sur Angie.

_ Vous avez un prochain concert de prévu ?

Je penchai la tête sur le côté et haussai les épaules.

- Les relations à distance, j'ai jamais testé non plus.

Je n'avais même d'ailleurs jamais testé les relations tout court. Question de principe, pas envie, goût de la liberté... bref, beaucoup d'arguments contre.

- Certains disent que ça ne marche jamais, quoiqu'il arrive. D'autres pensent au contraire que ça marche. Je crois que ça dépendra de ce que vous voulez vraiment. Et puis, il aura des permissions, il reviendra de temps en temps.

Je savais de quoi je parlais. Mon frère avait été dans l'armée, quelques années. Il revenait régulièrement. Ce que je ne dis pas à Amber par contre, c'est qu'à chaque fois, il revenait différent : plus dur, plus violent, moins joyeux... On ne s'était pas éloigné pour autant, mais l'armée avait fini par changer mon frère. Et on n'avait jamais su pourquoi ni comment.

A sa proposition, j'hésitai un instant et finis par hocher la tête.

- Je veux bien oui. Comme on dit, y'a que les imbéciles qui changent pas d'avis.

J'esquissai un sourire. Qui sait, peut-être que je vivrais assez longtemps pour que la médecine trouve une solution à mon problème et à ce moment là, si je guérissais, je pourrais peut-être envisager de renouer avec mes rêves d'avenir !

Je suivis son regard jusqu'à son groupe d'amis et plissai le nez légèrement. Je ne m'en étais pas rendu compte, mais ça faisait un moment qu'on discutait toutes les deux. Je secouai la tête et répondis à sa questions.

- On en a même plusieurs. Des soirées privées, pour la plupart. Et sinon, on joue dans un autre bar, le mois prochain. Mais que des reprises, cette fois. Tes amis ont l'air de s'ennuyer non ?

Je les indiquai d'un geste du menton.

- C'est ma faute, quand je suis lancée à discuter avec quelqu'un, j'ai du mal à m'arrêter

La question était : est-ce qu’il voudra vraiment revenir ? Justement cela me faisait peur avec le départ de Logan. Je savais qu’il allait changer et perdre une part de son innocence. Il avait beau s'en réjouir, c’était son choix après tout. Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher d’appréhender. Au plus profond de moi, je présentais qu’il l’allait plus être le même. Il allait voir et subir des choses qu’il n’imaginait pas. Est-ce que cela voulais aussi dire qu’il allait arrêter de m’aimer ? J’ai baissé le regard, un frisson me parcourant l’échine.

_ On verra. Mais son départ pour l’armée me fait tellement peur…

J’ai ensuite prit une serviette en papier. A l’heure du digital à outrance, les valeurs ancienne telle qu’écrire simplement avec un stylo ne se perdait pas ! J’ai noté mes coordonnées dessus : mon nom et prénom, mon numéro de téléphone et puis mon adresse email.

_ Envoie moi ton CV avec une lettre qui explique qui tu es, ce que tu as vécu. Tu peux même parler de la maladie que tu as eue. C’est une partie très importante pour la Waleman. Et puis ce que tu aimerais faire. A partir de ça, je m’occuperai de faire suivre à la bonne personne.

Certes, ce n’était peut être pas la façon la plus « classieuse », je n’avais pas encore de cartes de visite pour quoique ce soit dans le genre. Cependant, j’avais réussi à me frayer un chemin dans cette multinationnale tortueuse.

_ Oh… Colin et Echo. J’ai tournée mon regard sur eux encore une fois. Ils sont probablement creuvés de leur journée. Les connaissants, ils ne vont pas tarder à partir.

J’ai lancé un sourire à Angie en retour.

_ Pas d’excuses j’ai dit ! Il va falloir travailler ça. C’est très bien de discuter avec quelqu’un du moment que ça sort du coeur !

Mon regard se perdit dans le vague tandis qu’Amber disait cette phrase, comme dans un souffle. Je m’accoudai au comptoir derrière moi et baissai la tête moi aussi.

- L’armée c’est… je vais pas te dire le contraire, je suis une piètre menteuse et tu t’en rendrais compte tout de suite. L’armée ça change les gens. Ca les bouleverse. Ils voient des choses qu’ils n’auraient pas crues possibles. Ils font des choses dont ils n’auraient jamais pensé être capables… Et ils n’en parlent pas. Ils reviennent différents, mais on ne sait jamais vraiment ce qui les a fait changer…

Je relevai la tête et esquissai un sourire réconfortant.

- Mais tout le monde ne change pas. Certains sont plus forts que d’autres. Certains ont cette petite flamme que même l’armée ne parvient pas à éteindre. Ils changent, mais leur nature profonde reste là.

C’était le cas pour David. C’était du moins, ce que j’avais pu remarquer. Si l’armée l’avait rendu plus prompte à la violence, elle avait aussi conforté son humanité et son envie de protéger tout le monde, tout le temps. Mon frère était une sorte d’ange gardien, qui faisait son possible pour rendre le monde meilleur. Il ne serait jamais devenu ce qu’il était s’il n’avait pas passé ces quelques années chez les snipers d’élite.

- La seule chose qu’ils attendent quand ils reviennent, c’est de nous trouver là, sur le quai de la gare. Parce que nous sommes comme une espèce d’ancre, un truc qui ne bouge pas, qui ne change pas alors qu’eux-mêmes ne se reconnaissent pas toujours.

Je pris la serviette en papier qu’elle me tendait en baissant la tête.

- Merci. Mais… tu sais, je le ferai pas tout de suite. Il faut d’abord que… certaines choses changent, avant que je puisse envisager cette voie. Ma vie est encore trop… incertaine.

Je secouais la tête et lui adressai un sourire tout en glissant la serviette dans ma poche.

- Mais si finalement, ces choses devaient finir par changer, alors je te contacterai.

Sa dernière remarque me fit rire.

- Travailler ça ? Mais je suis l’incarnation parfaite du « excuse-moi » ! On ne peut pas corriger ça ! C’est ça qui est assez drôle d’ailleurs, chez moi. Je suis plutôt du genre  « je m’en foutiste ». Je fais ce qui me plait, quand j’en ai envie. Mais je ne peux pas m’empêcher de m’excuser à chaque fois ! Je suis une fille bourrée de contradictions !

J’ai mordu ma lèvre inférieure à ce qu’Angie venait de me dire. Je le savais. C’était comme enfoncer le clou plus profondément et de conforter mes craintes les plus enfouies. Ses mots résonnaient dans ma tête. Chaque phrases. Jusqu’à ce que je percute sur certaines de ses paroles. Elles étaient portées sur l’espoir.

_  Une petite flamme.

Je l’avais dit surtout pour moi. Une flamme qui dure à l’intérieur qui malgré tout ne s’éteint pas. Bien que cela soit une métaphore, cela m’a envoyé le souvenir violent de mon père et j’ai cru à un instant que les larmes allaient me monter aux joues. Mais j’ai fermé le poing forcément pour m’en empêcher.

_ Logan a toujours été mon ancrage justement. Mon point de repère. Et je pense que lui aussi voit cela en moi. Là ça ne sera plus le cas et je n’ai aucune idée de comment gérer ça.  J’ai l’impression que je vais devoir tout réapprendre.

J’ai ensuite haussé les épaules pour faire signe que ce n’était pas un problème.

_ Je ne suis pas pressée. La Waleman non plus.  Elle existera encore pendant un moment j’imagine.  J’ai ri. En tout cas, je pense vraiment qu'elle peut t'ouvrir des possibilités. On en reparlera. Et puis... je compte bien à ce que tu me re-contactes pour me tenir au courant pour ton groupe !

Non, ce n’étais pas de la drague voyons quelle idée ! Bien que de l’extérieur, sans suivre la conversation et en jugeant nos gestes, on aurait pu y penser. D’ailleurs, c’était tout à fait ce que Colin avait perçu et il s’était empressé à le signaler à Echo qui avait fait une moue désespérée avant de prendre le gamin par la peau du coup. Elle avait l’air d’exprimer « J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. »

_ Je vais ramener le lambin à la maison. A-t-elle dit de façon sarcastique après s’être lever pour me signaler son départ. Si tu as besoin que je te ramène. Passe moi un coup de fil.

J’ai secoué positivement la tête en leur disant au revoir.

_ A ça… On est tous bourré de contradictions ! Ça se trouve -J’ai plissé les yeux- tu as un côté british pour t’excuser autant. Mmh ?

Je l’écoutai me parler avec un léger sourire. C’était marrant, j’avais l’impression qu’elle me disait des choses, somme toutes assez persos. A moi, qui n’était qu’une inconnue qu’elle venait tout juste de rencontrer. Je savais que j’inspirais généralement la confiance, et j’aimais bien ça. Mais ça me mettait finalement assez mal à l’aise, parce qu’habituellement, les échanges de ce genre n’avaient pas lieu avec d’autres filles. Je vous l’ai dit, en générale, les filles et moi, ça passe pas. Mais Amber… ben ça passait plutôt bien finalement.

- Peut-être que pour vous, ça ira. Tu sais, c’est pas parce que mon expérience personnelle dis une chose que pour vous, ça sera forcément le cas. Tu seras toujours son ancre à lui. Et je suppose que d’une certaine façon, il restera toujours la tienne, même s’il change un peu.  

Je me sentais pas spécialement à l’aise avec ça. Je n’étais pas douée pour réconforter les gens, encore moins lorsqu’il s’agissait d’histoires comme la leur.

- Que je te tienne au courant pour mon groupe ? Ok… mais tu sais, ne t’attends pas trop à ce qu’on devienne plus que ce qu’on est déjà. On est bien comme ça. On est tranquille, on joue quand on veut, on répète dans notre garage quand on peut…

Ses amis s’approchèrent de nous pour annoncer qu’ils partaient. Je leur adressai un sourire et reportai mon attention sur Amber. Sa remarque me fit rire. Je secouai la tête, reprenant mes esprits.

- British, non. Irlandaise, oui. Ma famille a émigré en 1912. Mais ce n’est pas tellement dans la nature des Irlandais de s’excuser autant… je dois être une sorte de mélange bizarre. Ou alors, mes gènes irlandais se sont perdus en chemin.

_ Oui bien sûr. Bien sûr.

J’haussais la tête pour m’en convaincre alors que je faisais des ronds sur la table du bout du l’index avec l’eau qui était sur la bierre. Avoir un autre point de vu était bénéfique même si cela me faisait imaginer le pire des choses, cela donnait l’occasion de relativiser. Combien de famille ont connu cette même situation ? C’était presque dans l’ordre naturel des choses.

_ Aucun soucis pour ton groupe. Parfois il faut savoir savoir utiliser les recettIes qui marchent et arriver à son rythme.

Il y avait des gens qui se complaisaient dans ce qu’ils avaient. Ni plus, ni moins. Alors j’ai secoué la tête pour lui faire comprendre que je  comprenais avant de rire sur sa réponse.

_ On dit que les irlandais sont ronchons et têtus il y a peut-être de ça aussi en toi pour compenser.  

J’ai lancé un sourie amusé.

La réplique d’Amber me fit rire. Je portai ma bière à mes lèvres et secouai la tête.

- Ronchons et têtus hein ?

Je fis mine de réfléchir un instant, comme si je cherchais si ces deux adjectifs pouvaient me définir.

- Effectivement, ça compense.  

Je souriais d’un air entendu.

- On dit aussi des irlandais qu’ils sont…

J’hésitai un instant, cherchant le mot exact. Je savais ce que je voulais dire, je savais où je voulais en venir, mais j’étais incapable de l’exprimer précisément.

- Révoltés…. Enfin, ce que je veux dire c’est que les irlandais se sont toujours battus pour ce qu’ils pensaient être justes. Pour avoir les mêmes droits que les autres. Ils se sont dressés contre l’autorité pour avoir une vie meilleure.

J’esquissai un sourire.

- Et je crois que j’ai ça dans le sang aussi. Cette envie de me battre pour ce qui en vaut vraiment la peine. Mais je ne sais pas comment m’y prendre.

Je secouais la tête et me mit à rire.

- Non, y’a pas à dire, je suis une vraie irlandaise !

_ Et oui, les origines ressortent parfois là où on s'en attend le moins.

Je lui ai offert un sourire.

_ Tout le monde pense se battre pour une cause qui lui parait juste après tout.

Et puis j'ai haussé les épaules avant de me relever.

_ Le problème vient souvent des différences de perspectives. Mais il faudrait plus qu'une simple soirée pour l'expliqué. C'est tout un cours sur la psychologie qu'il faudrait. En tout cas, merci pour cette soirée, je pense qu'il est temps pour moi de m'en retrouver les miens.

[On clôture ? J'ai planté les idées que je voulais, là je suis un peu à sec je t'avoue.]

_ Et oui, les origines ressortent parfois là où on s'en attend le moins.

Je lui ai offert un sourire.

_ Tout le monde pense se battre pour une cause qui lui parait juste après tout.

Et puis j'ai haussé les épaules avant de me relever.

_ Le problème vient souvent des différences de perspectives. Mais il faudrait plus qu'une simple soirée pour l'expliqué. C'est tout un cours sur la psychologie qu'il faudrait. En tout cas, merci pour cette soirée, je pense qu'il est temps pour moi de m'en retrouver les miens.

[On clôture ? J'ai planté les idées que je voulais, là je suis un peu à sec je t'avoue.]

[Pas de soucis pour clôturer. J’espérais t’amener à me parler de l’underground, mais j’avoue que je ne vois pas comment. Pis je doute qu’Amber en parle comme ça, dès le premier soir ^^]

J’acquiesçai à ses paroles.

- Oui, comme tu le dis, tout vient du point de vue qu’on choisit d’adopter. Ce qui est « juste » pour certains ne l’est pas pour d’autres… Quoi qu’il en soit, je rêve d’égalité et de tolérance. Quand je vois le monde qui m’entoure, j’avoue que je suis écœurée par l’attitude de certains qui se disent « humains ». C’est à vous dégoûter d’être négatifs. Les hommes ne sont-ils pas capables de vivre en paix les uns avec les autres, quelques soient leurs différences ? Il y a des fois, j’ai tellement envie de taper du poing sur la table ! Mais personne n’écoutera une petite blonde qui n’a encore rien vécu. Pas si je suis toute seule.

Je secouai la tête et esquissai un sourire.

- Mais ce n’est ni le lieu ni l’endroit pour parler de ça. Peut-être une autre fois.

Je lui adressai un clin d’œil, même si je savais qu’il n’en serait rien. Combien de chance y avait-il que je recroise Amber par hasard dans cette ville ? Bon, ok, elle n’était pas si grande que ça, et j’avais son numéro dans ma poche donc je pouvais toujours la recontacter si j’en avais envie. Mais le ferai-je ?

- Merci à toi aussi. C’était sympa de discuter avec une fille, pour une fois !

Je lui rendis sa liberté et rejoignis mes amis pour terminer la soirée en beauté.