[CLOSED] [Maybel/Maddie] Chicken Run

[Je brasse du pixel pour combler les trous et je vais te montrer notre sanctuaire]

Il pouvait neiger dans Megalopolis... Il faisait une chaleur à crever à 1h du périphérique. Et aujourd'hui ? C'était le tour de Maddie de faire les courses de denrées rares. Du sucre, du chocolat, du vrai café du Mexique, des cigarettes pour certains, du thé pour d'autres plus des épices. Elvis voulait du chanvre pour Robyn, Dean manquait de piles et Dylan avait cassé son bracelet qu'elle devait faire réparer. Oui, non, ça elle n'aurait pas besoin de venir ici. Mais partout où Maddie allait, elle ramenait quelque chose à Dylan.

Elle finit par parquer la Camaro orange d'Elvis avant d'en sortir. Sa jeep et la jeep de son père avant elle avait daigné enfin rendre l'âme. Et no way que Maddie vienne ici à moto, c'était juste hors de question. Fort heureusement, ce jour-là, le soleil ne tapait pas trop fort. Le Désert. Le sanctuaire toutes frontières confondues où on pouvait tout trouver, toutes les marques, tout acheter. Echappant à la juridiction de la ville, à la police et au gouvernement. Une partie de l'état réservé aux renégats et aux hors la loi qui avait été presque dissocié du pays, ou du moins, c'était en passe. Digne du Nevada à la frontière du Maryland qui avant n'était consommé que par les forêts. Quand ils avaient dit que le climat changerait, ils n'avaient pas dit que les pôles s'inverseraient ? Toujours était-il que ce désert sur quelques kilomètres de diamètre, environ 3 ou 4, était ce qu'il y avait de plus neutre ! Et on y trouvait vraiment de bonnes choses.

Mais Maddie détestait la chaleur qui y régnait. Elle ouvrit le coffre de la Camaro et en sortit un énorme bidon. Faire la queue pour l'essence, aussi, elle avait l'habitude !

Maybel ne savait toujours pas comment elle s'était retrouvée là. Elle se souvenait nettement d'avoir parlé de fruits frais au gérant du motel, elle se souvenait aussi de son air ahuri. Elle savait que vouloir manger une pomme ou une orange relevait du fantasme dans les bas quartiers de Megalopolis mais elle ne pensait pas que c'était à ce point. Et puis de fil en aiguille elle s'était retrouvée dans le désert sous une chaleur écrasante et avait fini sa veste sur la tête pour essayer de se protéger du soleil. Comment elle allait rentrer était une toute autre histoire. Pour le moment elle était bien décidée à éviter le scorbut en consommant au plus vite des produits frais qui n'avaient pas été grignotés par des souris au préalable.

C'était fou tout ce qu'on pouvait trouver dans un lieu pareil. Plusieurs fois l'eau lui monta à la bouche et elle dut se retenir de dépenser tout son argent en futilités.
Attentive comme à son habitude elle ne remarqua même pas qu'elle marchait sur des pieds et bousculait des sacs à provision jusqu'à ce qu'elle tombe littéralement sur une jeune femme qui s'éloignait tout juste d'un moyen de locomotion non identifié -elle ne faisait déjà pas attention aux gens alors les machines...

Forcément elle s'empêtra dans le gros bidon et finit à moitié par terre en bafouillant.

"Je suis désolée, pardon..."

Elle tenta de lui tendre.

"Vraiment"

Et finit par retrouver l'usage de ses jambes, rougissante. Elle tombait trop souvent ces derniers temps.

Parce que Maddie pensait trop, surtout en ce moment, elle ne vit même pas la jeune fille lui atterrir dessus. Alors quand le choc arriva, Maddie écarquilla les yeux en manquant de tomber aussi. C'était qu'on était assez habitué à se faire piquer son essence alors les bidons étaient bien maintenus dans les mains. Elle se retint à une autre voiture voisine, pliée en deux avec son bidon toujours vide à la main.

Elle écarquilla les yeux avant de voir que tout ça n'était qu'une jeune femme ?

_ Ce n'est rien.

Elle l'aida à se relever en tendant son bras.

_ Non, c'est bon, pas la peine de t'excuser, ça va, je n'ai rien et toi non plus.

Elle sourit en la dévisageant. En voilà une fille plutôt coquette dans un monde pareil. La question était : était-elle bien à sa place ?

Effectivement elle n'avait rien à part une nouvelle bosse à son ego. Elle se contenta de se frotter le bras d'un air quelque peu gênée avant de ramasser sa veste pour se la remettre sur la tête. Dire qu'elle était à sa place dans ce bazar c'était comme dire qu'un escargot asthmatique pouvait concourir pour les jeux olympiques dans la catégorie saut de haie. D'ailleurs elle n'avait jamais su marchander et risquait de se faire plumer au premier étal.

"Vous ne sauriez pas où je peux trouver des fruits ?"

Elle lui avait demandé ça sur le ton de la confidence.

"Ils ne servent que des choses horribles en ville."

La jeune femme avait l'air sympathique et elle se risqua à lui sourire amicalement puis à lui tendre une main peu assurée.

"Moi c'est Maybel"

Ca faisait des siècles qu'elle n'avait pas été abordée de cette façon. En fait, elle avait fini par être tellement fichée que beaucoup la connaissaient. La Grande, ils l'appelaient. Comme si c'était un requin. Elle pouffa de rire avant de lui serrer la main.

_ Maddison. Et les fruits sont là-bas.

Elle lui montra une direction du pouce avant de lui faire un geste du menton.

_ Tu veux que je t'amène ? Tu m'as pas vraiment l'air du coin, je voudrais pas que tu te paumes.

Maddison baissa ses lunettes de soleil sur le nez pour se protéger du soleil. On ne pouvait pas dire qu'elle était habillée chic, une fois de plus. Son vieux jean, sa grosse ceinture militaire, un débardeur mauve plein de dessins et les cheveux en queue de cheval. Le tout avec une peau bronzée de base. Dans tout ce désert, au moins elle faisait bien son origine Mexicaine.

[Oui, elle aussi]

Puisqu'elle avait affaire à une femme, pour une fois Maybel n'eut pas peur que la proposition se finisse en tripotage dans une rue glauque. D'une part il n'y avait pas de rue et d'autre part il était évident que son interlocutrice manquait d'attributs pour lui faire ce genre d'avance.
Elle acquiesça donc de bon coeur à sa proposition, soulagée d'avoir un guide dans cette jungle.

"Je viens de L.A. Jusqu'à mon arrivée, je pensais presque que la nourriture se créait d'elle-même dans le réfrigérateur."

Elle adressa à Maddie un clin d'oeil accompagné d'un sourire en coin.

"Presque."

Le lieu était pittoresque. Sa mère aurait adoré ! Elle se serait certainement précipité vers un "vendeur local" pour faire son portrait. A cette pensée, elle sentit une vague de nostalgie lui nouer la gorge. Non, c'était pas le moment d'y penser.

"Vous êtes d'ici vous ?"

Elle lui emboita le pas, sa propre queue de cheval se dandinant au rythme de se sa démarche.

_ De Los Angeles ? Ouah, ça en fait de la route. J'ai vécu là-bas pendant un temps. Si je dois y retourner, c'est dans un cercueil. Hors de question que je remette les pieds là-bas.

Elle lui montra un chemin sablé avant de passer devant des stands. En général, Maddie allait aux fruits plus tard pour profiter du frais que diffusaient les glaçons. Mais à peine 5min et elle avait déjà besoin de glaçon dans le cou.

_ Je suis d'ici... et de là-bas. De partout et d'ailleurs. Je suis née au Kansas, ma mère était Mexicaine, mon père Canadien. J'ai vécu à Minneapolis puis à Los Angeles puis à Baltimore et enfin ici. J'ai pas vraiment de racines au final. Oouh ! Ils en ont à nouveau ! Excuse-moi !

Elle fit une embardée sur la gauche pour se pencher vers un vendeur "local" en sortant quelques pièces de sa poche pour lui donner. Elle revint avec une boîte verte de cacahuètes dont l'odeur épicée s'échappait une fois la boîte ouverte. Elle en envoya trois dans son bec avant d'en proposer à la jeune fille.

_ On trouve ça qu'ici. Ca pique mais c'est trop bon. Je sais pas si tu connais.

Maybel accepta les cacahuètes en haussant un sourcil et en mit trois dans sa bouche sans se méfier. Peu habituée aux choses épicées, elle se retrouva à tousser et à changer de couleur, la main devant la bouche.

"Dé...-toux- délicieux!"

Elle avait besoin d'un grand verre d'eau à présent. Elle déglutit à plusieurs reprises puis se précipita vers un vendeur avant de revenir vers Maddie en roulant des yeux furieux.

"C'est pas possible de demander autant d'argent pour de l'eau !"

Elle lança un dernier regard au vendeur courroucé qui lui lançait des regards fort amusés avant de l'ignorer. Elle enchaîna.

"Dis donc, tu en as vu des coins. Le voyage en car jusqu'ici ça a été le plus long trajet de ma vie. Et encore, je suis vivante je me plains pas trop. Tu aurais vu la poubelle qui servait de moyen de transport..."

_ Hey, l'eau c'est la vie, ma belle. On a pas trop le choix. Et encore, elle est moins cher ici qu'en Ville Haute. Mais on a l'eau courante, chez nous alors on boit au robinet et on la filtre. Et puis on a des mutants super cools qui la purifient pour nous ! Si c'est pas beau la nouvelle génération, hein ?

Elle se pencha vers un stand en tendant une pièce pour prendre un journal, tout en souriant à Maybel.

_ Mais te fais pas avoir sur les prix. Avec ta jolie petite beau blanche,ils voient de loin que t'es une touriste. Coups de soleil ? Prohibés également. Tu veux te fondre dans la masse ?

A côté du journal, elle prit une bouteille orange pour lui tendre.

_ Fais-toi un faux bronzage avec ça. Cela dit, si j'étais toi, je le ferai pas quand même. On a toujours pas pu déterminer ce qu'ils mettaient là-dedans.

Maybel attrapa la bouteille inconnue du bout des doigts et la déboucha pour en reniffler le contenu avant de faire la grimace et de la reposer.

"Merci, je préfère encore m'enduire de bouse de vache. Ca sent tout autant mauvais et au moins je risque pas le cancer de la peau."

Quoi qu'en n'y réfléchissant...

"Nan oublie ça."

Elle tentait de se protéger du soleil mordant aussi bien qu'elle le pouvait soit... très mal. D'ailleurs elle avait déjà les pommettes rouge vif et les bras qui se teintaient progressivement. La chaleur la faisait souffrir et elle sentait le peu d'eau qu'elle avait réussi à engranger avant de partir s'échapper par tous les pors de sa peau.

"Comment ils font tous ces gens pour tenir en plein cagnard ? C'est un coup à finir cuit comme une écrevisse !"

Lorsqu'elle repéra l'étalage de fruits, ses yeux semblèrent sortir de leurs orbites et elle sautillait presque jusqu'à l'étalage sans toutefois s'éloigner de Maddie. Si cette dernière savait marchander, elle était bien décidée à en prendre de la graine. Elle lui glissa donc à l'oreille, la bouche tordue en coin.

"MMMh... kestupensedesoranges ?"

Grand sourire au vendeur.

Maddie sourit en l'écoutant. Ce qui était parfois bien avec les nouveaux arrivants en ville, c'était leur innocence. Ce côté "Je connais rien, je découvre tout" qui faisait beaucoup sourire Maddie à défaut de la faire rire.

_ Ils y sont habitués, ils ont la peau dure comme du vrai cuir. Tiens, je vais te donner un truc.

Elle tira son sac devant elle pour l'ouvrir et fouiller dedans avant d'en sortir une bombe blanche.

_ Mets-toi ça sur la peau. Je ne jure que par ce truc-là, je supporte pas la chaleur, j'y suis allergique. Ca protège ta peau et vu comme t'es pâle, tu pourrais nous faire une insolation alors mets ça. C'est le sable et la terre qui fait cette chaleur et l'absence de montagnes. Mais elle est pire en Afrique, je te le promets.

Elle la suivit jusqu'à l'étalage avant de se pencher vers les fruits pour les regarder.

_ 5$ l'orange, c'est du vol.

_ C'est l'économie.

_ Elles viennent d'où à ce prix-là, d'Espagne ?

_ Non, du Mexique.

Maddie releva ses lunettes et planta ses yeux verts et plissés sur le vendeur avant de se pencher vers lui.

_ Alors elles valent pas plus de 1$, je suis moi-même Mexicaine et je peux te dire que tes fruits ils sont ridicules et tu sais quoi ? Je pourrais même appeler les flics pour leur dire que tu fais du faux commerce pour renflouer tes poches avant de rentrer chez toi, espèce d'escroc. Pour la peine, tu sais quoi ? Je t'en prends une sans la payer !

Elle lui donna quelques billets avant de tendre le sac de kraft à Maybel. Le vendeur avait beau gueuler, Maddie n'y prêta même pas attention. Quand on est pas riches et qu'on a un budget extrêmement serré, on se laisse pas faire !

_ Ils sont pas forcément frais mais une ou deux heures au frigo, ça devrait aller.

Elle avait eu du mal à retenir sa mâchoire du bas qui pendouillait minablement. Elle secoua la main discrètement tout en regardant l'orange d'un air incrédule.

"On peut faire ça ?!"

Maybel était du genre à ne pas utiliser plus d'une feuille de papier toilette chez les autres pour éviter d'abuser. Alors s'emparer ainsi d'une orange... Elle la regardait comme s'il s'agissait d'un bout d'os de St Machin-de-la-tronche-en-biais devant lequel tout le monde s'agenouillait et s'empressa de la ranger. On se savait jamais quand un désaxé pouvait surgir et vous arracher sauvagement vos biens. Elle acquiesça à sa pensée intérieure, les yeux perdus dans le vague.

La bombe blanche de Maddie était une vraie bénédiction. Elle s'en était collé aux endroits stratégiques et aurait presque senti son épiderme respirer si elle avait été plus tarée encore. Elle n'avait pas très bien étalé les petits tas et ressemblait sous certains angles à un indien qui aurait chié ses peintures de guerre.

"Où est ce que je pourrais acheter ce machin ?"

Il lui fallait une bombe magique. Une bombe magique et un truc sucré.

[Lol le truc sucré]

_ On fait ce qu'on veut ici ! Non mais 5$ une orange, il est taré ou quoi ? Même pas Canadien, ses dollars.

Elle baissa les yeux sur la bombe.

_ C'est mon médecin qui m'a dit de la prendre, je sais plus où je l'ai trouvé, on va voir s'il en ont ici. Enfin, mon médecin... Le Healer du quartier, quoi. Qui est médecin ! 'Fin tu m'as comprise. J'adore venir ici, on trouve de tout mais il fait toujours trop chaud. Si j'étais assez con, je dirais qu'on est dans le cratère d'une des bombes de 2024.

Elle l'invita à la suivre un peu plus loin dans ce "marché" en montrant le chemin d'un geste de la main et remettant ses lunettes de soleil sur son nez. Elle leva le menton pour essayer de voir le plus loin possible avant de regarder la jeune fille à ses côtés.

_ Tu as dit de venir de L.A. et maintenant, tu habites où pour avoir échoué ici ?

De toute évidence vu la tête qu'elle faisait, elle n'avait pas compris. Une histoire de quelqu'un qui s'appelait Healer et qui était médecin ou quelque chose comme ça. Elle acquiesça sans grande conviction, juste pour éviter à son interlocutrice de lui expliquer patiemment les choses.

"Dans un motel un peu miteux. J'ai rencontré des gens le soir de mon arrivée. Ils m'ont parlé d'un endroit où je pouvais loger gratuitement. Un truc qui s'appelait..."

Elle pinça les lèvres.

Peut-être que c'était un truc secret ? Elle ne voulait pas faire une gaffe et préféra changer de sujet.

"C'est pas si mal quand on fait abstraction des cafards et du voisinage. J'avoue que c'est pas donné pour ce que c'est mais au moins on me fout la paix. Je ne suis redevable à personne."

Elle pouffa de rire.

_ Un truc où on peut loger gratuitement ? Je connais cette ville comme ma poche et je connais pas un seul truc où on peut loger gratuitement. Et méfie-toi toujours des gens que tu rencontres le premier soir où t'arrives en ville. Y a pas mal d'arnaqueurs dans le coin qui peuvent renifler le touriste à des kilomètres.

Elle continua d'avancer, une main sur la liane de son sac en bandoulière qui lui traversait la poitrine et son magnifique débardeur gravé "AC/DC". Oui elle adorait ce débardeur, elle en était dingue. Elle le lavait le plus souvent possible pour le mettre le plus souvent possible. Puis elle grimaça.

_ Je déteste les cafards. Ca se faufile partout. Et je n'aime pas devoir quelque chose à qui que ce soit non plus, je compatis. Cela dit, tu peux trouver mieux qu'un motel, non ?

Au moins il y avait quelqu'un qui était de son avis ! Elle fut soulagée de ne pas être complètement parano.

"Je me suis fait la même réflexion. S'il y avait des choses gratuites dans la vie ça se saurait !"

Elle pouffa de rire en regardant le sachet qu'elle tenait encore à la main.

"Enfin, à part cette orange"

Cette orange c'était un peu le trophée de la débrouille. Depuis ce coup d'éclat, Maybel éprouvait de l'admiration pour la jeune femme à ses côtés.
Elle haussa les épaules lorsqu'elles parlèrent de sa chambre de motel, visiblement indifférente à ce genre de désagrément. Elle affichait même un petit sourire en coin.

"J'ai mon truc pour améliorer le quotidien."

Elle n'en dit pas plus. Elle s'était déjà mise à glapir en désignant un étal un peu plus loin.

"Oh regarde !! Des poussins !"

Elle avait des coeurs plein les yeux. ça pioupioutait joyeusement dans des cageots en bois.

"Oh les pauvres bêtes. Elles doivent crever de chaud"

Et pas une seule seconde, elle s'imagina que les mignons poussins étaient destinés à être engraissés et cuits à la broche ensuite.

Oui, alors, les animaux et Maddie ça faisait trois voire mille. Alors elle se contenta de grimacer avant de la suivre mais de loin. Une fois à sa hauteur, elle regarda les poussins. C'était comme Noah parlant de vouloir des enfants : ça la faisait grincer des dents en secret. Sauf que là, ce n'était pas vraiment des enfants. Elle se pencha lentement vers la jeune fille, une bouteille d'eau dans la main qu'elle s'apprêtait à ouvrir.

_ Tu sais que c'est de la bouffe hein ? Tu le sais ?

Elle haussa un sourcil avant de la regarder.

_ T'as un truc pour améliorer leur quotidien à eux aussi ?

Le pincement de lèvres aurait été visible à 100 miles à la ronde. Elle regarda les bébés poulets d'un air désolé, ignorant les grondements de son ventre qui lui signifiait bien qu'un bon rôti ça faisait toujours du bien par là où ça passait. Elle était trop fauchée pour se permettre d'être végétarienne.

"Oui, bien sur que je sais."

Elle inspira, attendit que le vendeur regarde ailleurs et tendit la main vers la cagette, rapide comme l'éclair, choppant au passage un poussin piaillant.

"Cours !"

Et elle détala tout bonnement, comptant sur Maddie pour lui trouver un coin où se planquer au plus vite.

"Je vais sauver la vie de celui là, pour le quotidien des autres on verra plus tard !"

La chaleur l'exténuait. Elle était déjà essoufflée et avait peur d'écrabouiller la bestiole qu'elle avait caché dans un pli de sa tunique.

Maddie aurait pu le voir venir. Mais non ! Elle écarquilla les yeux avant de détaler comme un lapin également alors que le vendeur se mettait à hurler.

_ T'es complètement tarée !

Elle lui attrapa le poignet pour la faire tourner.

_ Par ici !!!

Elle regarda derrière elle en s'assurant de la distance mais certains d'entre eux étaient armés ! Elle espérait juste que celui-ci ne l'était pas. Parce que qu'elle sache, les armes étaient interdites ici. Pas vrai ?

_ Magne-toi !

Elle l'entraîna vers la voiture, fuir était le meilleur système ! Pas vrai ?

L'orange dans une main, le poussin dans l'autre. L'avantage c'est qu'elle n'avait pas dépensé trop d'argent pour le coup. Maddie devait avoir un mal de chien à courir avec son bidon encombrant mais lorsqu'elle lui jeta un coup d'oeil, elle se rendit compte qu'elle s'en sortait mieux qu'elle. L'entrainement certainement...

"Attends ! T'as tout ce qu'il te faut ?!"

Elle ne s'arrêtait pas de courir mais désigna un étalage du nez, non loin de là où était garée la voiture. Le vendeur était occupé à marchander et releva à peine le nez quand elles passèrent devant en courant. Alors un emprunt de plus... Les sourcils hauts elle interrogea Maddie. Au cas où elle avait libéré une de ses mains en coinçant le sachet de l'orange sous son bras. Elle attendait simplement ses instructions.

[Il était encore vide son bidon lol. Ca me fait penser que Maze cherchait comment te décrire l'Underground. Moi j'ai plus simple en deux mots : Terminal City]

Tout en courant, elle regardait derrière elle.

_ Je reviendrai. J'ai pas très envie de me battre, aujourd'hui. Et non, ça suffit maintenant, on se magne, on s'en va et on reviendra plus tard !

Maddie n'était pas une voleuse et puis d'ailleurs, voler au Sanctuaire ne servait pas à grand chose, ma foi. Elle secoua vivement la tête avant d'arriver à la voiture qu'elle ouvrit à la volée. Elle jeta le bidon derrière et signifia à la jeune fille de se dépêcher de monter alors qu'un groupe de marchands arrivait sur elles.

_ Un poussin... Et tu vas en faire quoi maintenant !

[Je visualise bien ! J'ai édité mon précédent message]

Maybel sauta sur la place passager sans demander son reste et fit claquer la portière de la voiture. Ce n'était pas une voleuse non plus, d'ailleurs c'était la première fois qu'elle faisait une chose pareille. Mais c'était grisant et le sourire qui s'étendait d'une oreille à l'autre ne la quittait plus. Elle pourrait mettre une croix devant la ligne correspondant à cette nouvelle expérience !

Elle regarda les vendeurs mécontants s'éloigner peu à peu derrière elles, distancés par la voiture avant de reporter son attention sur la petite créature. Cette dernière lança un "piou" exténué, calé au creux de sa main. Elle pencha la tête en le regardant.

"Je ne sais pas... Le garder je pense. Si c'est une femelle, elle nous fera de bons oeufs plus tard ! Et si c'est un poulet..."

Elle haussa les épaules, satisfaites.

"On le mangera pas."

Une mutante étrangère dans une ville inconnue, paumée et un peu secouée du cocotier avec une poule de compagnie... Quoi de plus normal après tout ?

"Je vais l'appeler Joey !"

Et elle est contente en plus !

_ Elvis va me tuer.

Elle fit chauffer la Camaro de son ami avant de démarrer sur les chapeaux de roue et créa un nuage de sable derrière elles jusqu'à être assez distancée. Sur le sable terreux, elle fit chauffer le moteur, risquant un calage sous la sur-chauffe mais elle refusait d'avoir à confronter ces gars-là qui n'avait jamais rien compris au Buddhisme.

Une fois assez loin, elle calma la voiture qui diffusait une chaleur énorme. On aurait pu croire à une voiture de sport mais c'était juste à cause de sa taille assez petite et son ergonomie tout en longueur. C'était une vieille voiture avec un orange passé et deux bandes noires allant du capot au coffre. Elle dirait qu'elle n'avait pas supporté la chaleur et Robyn irait avec Elvis à sa place. Après tout, ils étaient plus enclins à venir ici qu'elle, non ?

Elle reprit une route, se dirigeant vers le centre ville de Megalopolis en soupirant. Elle avait l'habitude de ce genre de courses et l'adrénaline lui donnait toujours des ailes... Mais elle commençait à accuser l'âge de guerre alors la pression retomba vite et laissa place à une sorte d'angoisse.

_ Y a des milliers de chats dans la rue et des chiens aussi qui n'ont pas de foyer, tu vas pas nous refaire l'Arche de Noé, quand même, si ?

Elle haussa une épaule, gagatisant complètement devant la petite bestiole

"L'arche de Noé nan... Mais l'arche de Maybel pourquoi pas ?"

Elle lui adressa un grand sourire plein de dents avant de se faire chier dans la main par la boule de plumes.

"Haaa!"

Elle grimaça et allait pour secouer la main avant de se dire que fiche de la crotte d'oiseau partout dans la voiture de sa toute nouvelle camarade n'était peut-être pas la façon la plus sympathique de nouer des liens durables.

"La saloperie."

Elle haussa les sourcils.

"C'est qui Elvis ?"

Maddie eut un sourire et vérifia le rétroviseur. Le Sanctuaire s'éloignait et déjà la pile d'arbres arrivait. Elle ne serait que de courte durée avant qu'ils entrent sur la route menant au périphérique, au goudron, à la pollution, la puanteur, le bruit, les gaz... Quand elle l'entendit se plaindre, elle donna un bref regard sur sa main et haussa un sourcil.

_ Il y a des mouchoirs normalement dans la boîte à gants. Y en a toujours pour quand on va au Sanctuaire sinon je repeins la carrosserie et Elvis me tue si on salit sa caisse. Il faut que je m'arrête prendre de l'essence, tant pis je payerai plus cher.

Elle la regarda un instant puis reporta son attention sur la route.

_ Elvis, c'est un ami à qui appartient cette voiture. La mienne a rendu l'âme l'an dernier, c'était une vieille jeep militaire d'au moins 20 ou 25 ans. J'ai fait mes classes avec cette bagnole et quand j'ai eu 25 ans, je me suis offert une moto seulement, la prendre pour aller là-bas, c'est pas l'idéal donc j'emprunte la voiture d'Elvis.


[Tiens, y a pas de titre au sujet]

Le poussin calé entre ses cuisses, elle fouilla dans la boite à gants de sa main libre pour trouver les mouchoirs. Le paquet était désespérément clos. En 100 ans, elle ne comprenait pas qu'on ait pas revu le principe d'ouverture des paquets de kleenex ! C'est donc avec beaucoup de classe qu'elle ouvrit tout ce bazar avec les dents, en sortit un exemplaire et s'essuya les doigts d'un air dégouté. Pour éviter que ce genre d'inconvénient ne se reproduise, elle cala la bestiole dans le mouchoir.

"Ha d'accord..."

La chaleur décrut rapidement à mesure qu'ils quittaient le desert. Elle frissonnerait même avant d'arriver au périphérique.

"C'est clair qu'en moto avec tous les paquets et le bidon c'est pas terrible"

Un silence s'imposa un instant, juste perturbé par le "piou" du poussin à moitié endormi qui semblait ronfler dans son sommeil.

"Où est ce qu'on va ? A part à la station essence je veux dire"

[Effectivement... Comment on pourrait l'appeler ? The Chicken Santuary ? Chicken Story ? Chicken run !]

[Ah Chicken Run j'aime ! Bon, allez un tour du forum et je vais réviser]

_ Je prends de l'essence et après je t'emmène à ton motel si t'as besoin de rien d'autre.

Elle enleva ses lunettes de soleil pour les poser sur le cadran.

_ Ce qui est fou, c'est qu'on a la même lumière ici, le même soleil. Mais qu'avec toute cette pollution, c'est fou mais c'en est presque opaque. A dire vrai, je m'en aperçois à peine... Depuis le temps que je vis ici ! Et même quand j'étais à Baltimore avant, c'était sensiblement pareil, alors... Cela dit, j'étais dans le Minnesota il y a pas très longtemps et la différence est si frappante que le retour aux bercails a été assez violent !

Elle hocha la tête mollement en scrutant le ciel. Elle avait vu le ciel bleu si peu de fois dans sa vie qu'elle pouvait les compter sur les doigts de la main. Il en était de même pour la plupart des gens de sa génération. Enfin, à part ceux qui avaient la chance d'être nés dans le bon quartier de la ville et allaient passer leurs vacances sur des îles protégées en plein milieu du pacifique.

"La pollution c'est l'horreur. Non seulement on suffoque mais ça rend la peau toute grise. Quand tu te mouches t'as l'impression que le ramoneur n'est pas passé depuis dix ans"

Elle pinça les lèvres en regardant Maddie avec plus d'insistance.

"Comment tu fais pour t'en sortir au quotidien ? Tu bosses ?"

Quand on connaissait le taux de chômage de Megalopolis, dire qu'on avait du travail était plus qu'une fierté. Même si ça consistait à ramasser les cadavres de rat dans les rues.

Soudain, Maddie leva une main en ouvrant grande la bouche.

_ C'est vrai !!! Comme tu as raison ! Quand je me mouche -et je me mouche souvent, comme dit, je suis allergique à la chaleur- J'ai l'impression d'être une grosse crado qui s'est pas lavée depuis des jours après avoir sniffé de la terre. C'est abominable. J'ai un tic, quand je me mouche, faut que je regarde dedans pour voir la couleur ! Quand je fais ça devant mon copain -oui aussi incroyable que ça en ait l'air, j'ai un copain- il peut pas s'empêcher de grimacer. Ce que je trouve normal mais ce que je trouve anormal, c'est la couleur qui sort de mon nez alors qu'il est propre, je me mouche quasiment tout le temps dès que je suis en dehors de chez moi !

Elle secoua la tête en soupirant puis elle regarda Maybel.

_ Si je travaille ? Oui, bien sûr ! Mais je suis payée une misère et j'ai un quartier à faire vivre. Je paye pas tout ce dont on a besoin toute seule, c'est sûr mais j'aime veiller à ce que les gens que j'héberge se sentent bien, alors...

La discussion tournait à la philosophie : pour ou contre l'inspection de mouchoir après utilisation ! La question était cruciale. Maybel acquiesça donc avec tout le sérieux du monde.

"Je sais ce que c'est je fais pareil ! Sauf que moi j'ai pas de copain pour grimacer."

Elle se retint d'ajouter qu'elle n'avait jamais eu de copain du tout, ça aurait pu faire tartignole. Pas qu'elle n'en avait pas eu l'occasion mais ça s'était toujours terminé en catastrophe avant la conclusion. Les prologues avaient été fort intéressants pourtant.

"Je fais ça aussi quand je me nettoie les oreilles"

Elle tira à moitié la langue en rigolant à cette anecdote, l'index en l'air

"Comme on dit chez moi : tout est une question de couleur"

Elle poursuivit plus sérieusement, regardant dehors par intermitence.

"Tu fais vivre tout un quartier ? Pourquoi ?"

Maddie pouffa de rire en la regardant par intermittence avant de prendre la bretelle du périph.

_ Pour le mec, t'en fais pas... ca te tombera dessus par hasard, comme moi au détour d'un couloir. Et non, j'avoue que les oreilles je fais moins de fixation dessus. Je les nettoie tout le temps. Mais le nez ! Avec tout ce qu'on respire en ville, c'est inévitable. C'est très dur de mettre de l'eau dans son nez pour le nettoyer, tu sais ?

Elle passa sous le pont avant de se garer dans une station service. Elle sortit du véhicule avant de commencer son affaire, à moitié penchée pour que Maybel l'entende par la vitre ouverte.

_ Je tiens un quartier dans la Ville basse oui depuis plusieurs années. Un jour, avec des copains de l'armée, on s'est dit : "Et si on faisait une sorte de foyer communautaire et on ferait le tour des gens qui sont dans le besoin alors que nous, on ne l'est pas ! On a commencé par là et puis le foyer est devenu un complexe puis une ville quasiment.

ça lui faisait beaucoup penser à ce que lui avait montré Maze à son arrivée. Est ce qu'ils parlaient du même quartier ? De ce qu'il avait appelé "l'Underground" ? Elle aurait voulu y rester. A bien y réfléchir, elle y retournerait. La chambre de Motel lui avait permis de mettre ses idées en ordre mais elle ne gardait aucun souvenir dérangeant de sa visite de la petite ville souterraine, bien au contraire.

"Un endroit où humains et mutants sont accueillis sans distinction et où vous luttez... contre les multinationales corrompues et les machines qui tirent dans le tas à la solde de la police ?"

Elle rougit.

"Un truc dans le genre ?"

Elle avait carrément passé le nez par la fenêtre pour croiser le regard de Maddie. Joey s'était endormi profondément et ne bougeait pas. Elle n'y pensait même plus.

Maddie fit une grimace en réfléchissant avant de secouer la tête et de la regarder.

_ Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on fait que ça. Ca nous arrive mais... On veut surtout s'entraider en vivant en communauté, chacun vit à sa manière mais sans oublier les lieux communs. On a tous un travail ou pas, qu'on soit humains ou mutants, oui. Tu viens vraiment de débarquer, on dirait.

Elle rit avant de remplir son bidon en suivant.

_ Toute la ville connaît ce quartier. Personne sait par où entrer, c'est tout.

Maybel eut un sourire gêné et se gratta le derrière de l'oreille d'une main.

"Près du bar irlandais..."

Elle avait à peine murmuré. Ainsi Maddie devait connaître Maze ! Lui avait-il parlé d'elle ? La jeune fille secoua la tête. Bien sûr que non. Ce dernier devait voir des dizaines de gens par jour. ça aurait été plus que surprenant qu'il ait rencontré précisément Maddie et qu'il ait choisi de lui parler d'elle plutôt que de ses missions ou d'autre chose de plus important. Elle risque tout de même :

"Tu connais un... un garçon qui s'appelle Maze ?"

Avec le bruit des machineries, elle n'avait pas entendu. Mais elle aurait été étonnée ! Depuis le temps que Noah parlait de ce bar et de l'y emmener ! En passant sa puce de poignet sous le contrôleur, elle tiqua à la question de la jeune femme avant de se tourner vers elle.

_ En fait... Oui ! Mais on est pas en bons termes en ce moment.

Elle se racla la gorge avant de mettre le bidon plein et scellé dans le coffre et de contourner la voiture pour la rejoindre.

_ Pourquoi cette question ? Tu connais Maze ? Ahhh...

Elle paru exaspérée en poussant son soupir et roula des yeux en claquant la portière.

_ Ne me dis pas qu'il t'a draguée pour se prouver qu'il est toujours dans le coup !

Elle haussa une épaule en la suivant des yeux et secoua légèrement la tête.

"Nan on s'est rencontré le soir de mon arrivée. En fait, c'est marrant quand on y repense. Je venais de débarquer avec mon sac sur l'épaule et j'étais franchement paumée. Deux gros lourds sont venus m'embêter et une bande de machines a ouvert le feu sur nous ! Bon, moi j'étais pas visée mais j'étais là où faut pas quoi. Maze est arrivé avec une fille, Amber, et ils ont botté le petit cul métallique des robots."

Elle haussa de nouveau les épaules, feignant l'indifférence.

"Il a proposé de me loger dans l'underground. Et il était plutôt sympa, je trouve"

Son petit sourire signifiait clairement "et mignon en prime" mais elle n'ajouta rien. S'il n'était pas en odeur de sainteté auprès de Maddie, elle ne voulut pas en rajouter.

Elle souriait en remontant dans la voiture, tout semblait aller bien, elle était calme, paisible.. Normale.

_ Et SuperMaze est arrivé, hein ? Il adore faire ça, c'est son truc de sauver les gens. Il fait ça tout le temps.

Elle fit danser ses sourcils au dessus de ses yeux avant de démarrer la voiture mais aussitôt qu'elle entendit le nom d'Amber, elle cala. Tellement violemment que sa tête partit en avant en évitant le volant de près. Ses joues étaient devenues rouges et pas de honte. Amber, ENCORE Amber, TOUJOURS Amber ! Amber par ci, Amber par là... Amber a fait ci ! Amber la pauvre chérie... Pas aller chez la Resistence voir son copain parce que AMBER a tenté de l'étrangler simplement parce qu'elle avait dit "pétasse". Hey, on peut pas aimer tout le monde ! Maddie resta aussi calme que possible et poussa un profond soupir, les joues gonflées en faisant redémarrer la voiture.

_ C'est un chic type Maze. Il a quelques principes auxquels je n'adhère pas mais...

Elle se frotta le front nerveusement avant de sourire... faux.

_ Mais c'est un mec bien.

Elle ferma un oeil à la réflexion, d'ailleurs !

_ Même si je trouve qu'il ne fréquente pas toujours les bonnes personnes. Mais ça, c'est une autre histoire. Mais Maze est toujours sympa. Sauf quand il s'énerve !

Elle s'arrêta au feu de sortie et regarda la jeune fille.

_ Du coup, je te ramène chez Maze ou à ton motel ?

Maybel bailla et se laissa aller contre le siège.

"Au motel s'il te plait. Je n'ai pas encore décidé si je voulais habiter là-bas. Et puis je me vois mal débarquer comme ça, j'ai pas envie de l'embêter !"

Oui, parfois elle se prenait la tête pour rien. Souvent même. Il avait dû lui répéter une dizaine de fois que non, elle ne gênait pas, et que non s'il lui proposait c'était de bon coeur et sans arrière pensée... Mais elle arrivait encore à se persuader que c'était vrai.

Elle rigola légèrement en poursuivant :

"Tu n'hadères pas à sa tendance "superman" ?

Elle haussa les épaules.

_ Ah si. On est un peu tous comme ça là-bas, qu'on soit mutant ou humain, d'ailleurs. Mais oui, Maze est celui qui a le plus ce... Cette sorte de...

Elle agita une main en la moulinant.

_ De feeling Superman, comme tu dis, ça doit être ça. Mais je l'aurais plutôt vu en Batman ! Et sa Amber, là, c'est Robin en nettement moins sexy. Oui parce que Superman n'a pas de toutou qui le suit inlassablement. Bah, cherche pas. Si Maze t'a proposé de vivre dans son quartier, vas-y.

Elle pouffa de rire avant de se pencher vers elle sur le ton de la confidence.

_ Ca peut pas être pire que ton motel, sans rire.

Elle tourna la tête vers Maddie plus franchement pour la regarder. Cette dernière étant occupée à conduire, elle ne pouvait pas en faire autant. Mais c'était tout de même plus pratique lorsqu'on entamait une discussion sérieuse.

"Je ne comprends pas. L'underground ressemble à une grande communauté. Alors pourquoi des quartiers distincts ? Y a une sorte de rivalité entre eux ou quoi ?"

Elle souffla sur une mèche de cheveux qui lui tombait dans l'oeil.

"J'veux dire, est ce que chaque quartier est indépendant ? Qu'est ce qui détermine que chaque personne est dans tel ou tel quartier? Y en a pour les mutants et d'autres pour les humains ?"

Elle fut plus hésitante :

"Genre toi... Euh, pourquoi t'es dans ton quartier et pas un autre ?"

_ C'est comme ça que Maze t'a décrit l'Underground ?

Elle jeta un bref coup d'oeil vers elle avant de les reporter sur la route.

_ C'est pas tout à fait ça mais on a chacun notre vision de la chose, j'imagine. A l'origine, l'Underground était un seul et même quartier sous-terrain que des amis de l'armée et moi-même avons décidé de monter pour aider ceux qui en avaient besoin dans la Ville Basse. Et ça marchait bien. Seulement, si on était unis à l'armée, sur le terrain réel, c'était tout autre chose. A l'armée, on était que deux ou trois mutants sur un bastion d'une vingtaine d'âmes. Deux mutants en moins, ça n'en laissait plus qu'un. Les deux mutants étaient un ami et moi-même. Alors quand nos avis ont commencé à diverger, le quartier a commencé à se diviser en deux tout naturellement. Je te parle de ça ça fait plus de 10 ans. Il n'y avait pas vraiment de camps, c'était juste... Chacun son opinion. Et dans ceux qui s'étaient ralliés à nous, il y avait Maze. Et Amber. Au fil du temps, Maze a créé son propre quartier suite à une très grosse dispute entre nous trois car il était peut-être proche de Reese mais il ne l'était pas de moi. Cela dit, il avait d'autres plans pour la ville. Aujourd'hui, on a trois quartiers dans un seul, on s'étouffe parfois mais on vit chacun de notre côté. Chaque quartier est indépendant, a ses propres manières d'agir et de faire face aux différentes situations. Il y a des humains dans les trois quartiers bien qu'ils soient plus nombreux du côté de Reese à cause de l'aspect militaire dominant. Et si on est... Des leaders aux yeux des autres, c'est simplement parce qu'on a moins peur d'ouvrir notre grande gueule que d'autres. Et il n'est pas rare que ça pète, d'ailleurs. En général, on s'entend plutôt bien Maze et moi. On voit pas les choses de la même manière mais on s'entend plutôt bien. Mais depuis quelques temps, tout fout le camp et les quartiers se fondent les uns dans les autres, ça fait un beau bordel et j'avoue ne pas être innocente là-dedans. Mais on a trop de succès, trop de gens veulent venir vivre avec nous pour la paix et la sécurité et je les comprends tout à fait. Mais on accueille plus de gens qu'il n'en part, alors...

Elle haussa les épaules.

_ Ce qui détermine le choix de l'arrivant, c'est un parent dans l'un des quartiers, une ambition plus proche de l'un ou de l'autre, il n'y a pas vraiment d'axe précis. Il arrive à certaines personnes de changer de quartier, d'ailleurs.

Maybel haussa les sourcils de surprise. Elle ne pensait pas que dans un monde qui lui semblait si idéaliste un véritable système politique ce soit mis en place.

"En fait il ne me l'a pas vraiment décrit. Il m'a simplement parlé d'un endroit où les parias et les idéalistes avaient leur place. Un endroit où une fille débarquée de L.A pouvait être acceptée..."

Elle pouffa de rire en poursuivant.

"C'est marrant. En fait que ce soit au dessus ou en dessous de la terre, l'entente parfaite n'existe pas. J'imagine que vous devez avoir de véritable psychopathes qui débarquent chez vous parfois."

Elle regarda le poussin au creux de sa main avant de poursuivre

"C'est con quand même, ces histoires de quartier. Vous ne seriez pas plus forts si vous étiez unis ? Bon j'y connais rien dans ce genre d'affaire, mais les différences sont si importantes que ça ?"

Elle éclata de rire.

_ Pour les parias ? Pourquoi il a dit ça ? C'est faux ! Les gens qui viennent sont ceux qui ont besoin d'aide. Oui, on a parfois eu des gens bizarres mais... On est dans la Ville Basse ! Mais il y a des gens qui ont faim, même à notre siècle, qui n'ont pas d'argent ou pas de famille. Ils viennent chercher l'aide dans la vie communautaire où chacun a sa part de corvées à faire. Mais la majorité ont un travail à côté, ils vivent, certains se sont mariés... Des parias et des rebus de la société, il m'en fait un beau paria, tiens, le Maze...

Elle pouffa à nouveau de rire avant de reprendre.

_ On est forts de cette manière parce qu'on a instauré des quartiers et les gens vivent avec ceux qu'ils veulent. Ou presque. C'est comme comparer Brooklyn, le Bronx et Manhattan ! Tu l'as compris, Manhattan, c'est moi.

Maybel éclata de rire à son tour :

"Oui, c'est clair que c'était le Bronx ! Je ne pensais pas voir autant de monde dans si peu d'espace."

Elle marqua une pause avant de lui demander :

"Et ça te plait comme vie ? Je veux dire... Travailler pour nourrir ton quartier, toutes ces responsabilités... Tu ne dois pas avoir beaucoup de temps pour toi. Ton copain vit là-bas lui aussi ?"

Elle leva la main :

"Nan parce que bon, t'es comme une super grande soeur quoi. Pour les soirées romantiques et les échappées sauvages sur un coup de tête ça doit pas être évident"

D'abord, elle la regarda avec un léger sourire. Terrain glissant s'il en était... Puis elle grogna de rire avant d'éclater.

_ C'est vrai, tu as raison, c'est pas toujours évident de se trouver du temps à nous, surtout qu'on vit pas dans le même quartier. On s'est vus pour la première fois HORS de l'Underground il y a à peine deux ou trois semaines. On est sortis ensemble une première fois il y a quatre ans mais ça n'a pas duré... Et là ça doit faire quoi, un peu plus d'un mois qu'on est ensemble je crois et on s'était encore jamais vus en dehors ! Je veux dire rien que lui et moi. Faut dire qu'on a beaucoup de travail autant l'un que l'autre alors le plus souvent, on se vautre sur le lit, complètement vannés et s'endort comme des merdes.

Oui oui, elle avait bien évité la question.

Elle pinça les lèvres. Apparemment, Maddie n'avait pas beaucoup envie d'aborder la question. Après tout c'était compréhensible, pourquoi se livrer à une parfaite étrangère ?

"J'imagine...."

Elle se redressa sur le siège et se mit à sourire.

"Hey tu sais quoi ? Tu devrais pas rentrer ce soir. J'ai planqué du pop corn sous mon lit et mes voisins c'est mieux que la télé. On pourrait faire des commentaires désobligeants et s'empiffrer de cochonneries ? Je suis sure que tu apprécierais ma chambre. C'est très cossu dans le genre post-moderne apocalyptique."

Elle manquait cruellement de compagnie. Maddie était la première fille avec qui elle parlait plus de cinq minutes depuis son arrivée et l'idée de rentrer toute seule et de manger en regardant le mur la déprimait au plus haut point. Elle aurait bien été voir Maze mais il était certainement occupé.

_ Oh euh...

Maddie n'avait jamais été invitée à participer à une soirée fille comme ça ! De plus, elle devait encore travailler ce soir.

_ Tu habites où ? Je veux dire, ton motel, il est de quel côté parce que vers 7pm je dois partir bosser donc rentrer à l'Underground déposer la Camaro et reprendre ma moto pour y aller. Sinon Elvis va me tuer. Cela dit, je peux lui demander la Camaro pour la soirée si tu habites dans le coin de mon travail ! Mais euh...

Elle plissa le nez avant de la regarder.

_ C'est sensé être quoi en fait une soirée entre filles ? Parce que mes soirées entre filles sont souvent des soirées entre mecs. Des militaires qui plus est, donnnnnnnnnnc...

Elle se mit à réfléchir à la question. Elle énuméra les activités en comptant sur ses doigts.

"Beeeen... Tu discutes des mecs ou de tes relations antérieures si y en a, tu mets un pyjama que seule une fille peut voir sans se foutre de toi, tu manges plein de trucs bons mais dégueux pour ta ligne, tu chiales devant un film triste ou tu fais des trucs de fille genre euh... se faire les ongles, ou se natter les cheveux. Je sais pas, des trucs comme ça"

Elle grimaça. Elle ne voyait absolument pas Maddie dans ce genre d'activité !

"Ou alors tu fais rien de tout ça, tu t'amuses juste à faire ce qui te passe par la tête sans te poser de question."

Elle haussa les épaules :

"J'habite vers le quartier résidentiel. C'est pas chicos mais tu arrives à peu près à sortir sans te faire violer."

Alors d'abord, Maddie eut envie. Après tout, elle avait envie de voir comment c'était une vraie fille. Il fallait dire que Robyn n'était pas sa comparse préférée. Les films qu'ils regardaient tous les 5 en général, ils s'endormaient dessus. Et... Non en fait, Maddie réalisa qu'elle n'avait que des hommes autour d'elle en dehors de Robyn. Il y avait bien Meredith mais elle était plus proche de son style que de celui d'une fille sans parler de son pouvoir qui était un réel handicap. Quant à Dylan... Avant qu'elles se mettent à regarder des films en pleurant dessus, il y avait tout un espace temps. Maddie n'était pas sûre d'apprécier ce genre de relations à... Rien faire au final ! Mais elle avait quand même envie d'essayer, ça faisait partie de ses résolutions pour plaire à Noah : devenir une vraie femme qui veut se marier et avoir des enfants.

_ D'accord.

Elle avait lâché ça en s'en rendant à peine compte.

_ Mais euh... La ligne, c'est quoi ?

Elle la regarda en haussant les sourcils avant de sourire malicieusement.

"Mmmmmmh, c'est un truc que tu mets longtemps à gagner et rapidement à perdre ! Une sorte de saint graal de fille."

Elle traça de ses mains des courbes dans l'air censées d'écrire les formes d'une femme.

"Un machin de dictature machiste pour nous forcer à bouffer de la salade et à finir par ressembler à une brindille craignant le moindre poil de vent !"

Elle fit rentrer ses joues et tira sur le dessous de ses yeux histoire de lui faire comprendre qu'avec ce genre de principe ou ressemblait vite à un cadavre.

"Tu te souviens de l'épidémie de choléra y a une dizaine d'années ? Ben c'est le même résultat mais fait exprès."

Elle se mit à rire et se pinça le bourrelet.

"Ce soir ma vieille, on va entretenir nos bouées. La ligne ce sera juste dans la tête. Un truc de mec je te dis. Tout ça pour pouvoir manger tout ce qui est bon dans ce monde en nous faisant culpabiliser en prime."