[CLOS] [Sky/Garin] Smells like Teen Spirit

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'Quitte ou double' :

Dès que le coup partit, Oumar s'effondra. Pour autant la fièvre qui dévorait le corps de Sky ne s'interrompit pas si aisément, il lui faudrait sans doute un peu de temps avant que son métabolisme se rééquilibre. Néanmoins, elle montra des signes de vie. Elle bougea la tête et gémit, indifférente à l'échange entre Hyun et Garin.

De son côté Itembe avait arrêté de rire. Ces deux enfoirés venaient de lui dégommer son positif de frangin et il voyait très clairement qu'il serait le prochain sur la liste. Il avait commis une erreur de jugement : ce n'était pas le rigolo qu'il fallait craindre, mais le ninja.
Il sauta sur l'occasion quand Garin prit sa défense :

- Ouais c'est bon j'ai compris ! chacun son biz ! j'sais pas d'où vous sortez mais ok, on s'oublie et j'touche plus à la poupée sucette. Chacun chez soi et le seigneur pour tous ! ok ?

Il avait eu son compte. Il avait un peu préjugé de ses capacités et même si ca le foutait dans une rage noire, ce n'était pas le moment de la jouer potentat. Il n'était pas assez fou pour ne pas se rendre compte qu'il n'était pas en position de négocier. Il s'adressa à Garin.

- J'me barre maintenant et vous repartez tranquille ! allez mec ! regarde ton pote il va crever si tu le soignes pas rapidement et ta copine est pas en super forme ! J'y vais, on s'oublie... on s'est jamais vu...

Il prit un peu d'avance sur leur assentiment et en rampant, la main toujours contre la poitrine, il se dirigea vers la sortie qu'avaient laissée ses potes courageux.
Si Hyun ne faisait rien, Itembe prendrait la tangente sans s'attarder.

"Baisse ton arme, ça ne sert à rien."

L'avantage c'est qu'au moins, il y réfléchirait à deux fois, maintenant. Je me suis retourné vers lui et j'ai acquiescé en lui montrant la sortie.

"Magne. Allez !"

Ce que je voulais, ce n'était pas ça. J'aimais bien m'amuser, comme Itembe, c'était sûr, mais... Hyun prenait ça bien trop au sérieux. Ou alors était-ce moi qui jugeait mal ? En m'approchant de Sky, j'ai réalisé à quel point tout aurait pu mal tourner. Le Chinois n'a pas cherché à ralentir Itembe. Il aurait sûrement dû, pourtant.

"Lâche la machette."

"Je ne peux pas, elle est coincée."

"Et bien décoince-la."

"Je ne peux pas, je te dis. Qu'est-ce qu'elle a ?"

"De la fièvre. Garin, ne me force pas à te l'arracher, tu peux le faire, et je ne peux pas la porter. La voiture est trop loin."

J'ai soupiré en regardant ma main et j'ai essayé de me concentrer, de faire que les atomes s'éparpillent, que mon corps retrouve son élasticité normale. Mais rien.

SUCCES : Garin réussit à maîtriser son pouvoir
ECHEC : Garin manque encore d'entraînement. Ou de volonté. Et Hyun doit l'aider à la lui arracher des mains.

L'avantage, c'est que ça ne laisse aucune empreinte ! Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Je me suis concentré encore plus, j'en avais des perles de sueur sur le front et ça m'a pris un moment avant de sentir à nouveau mes doigts, le fourmillement caractéristique après l'engourdissement. La machette a glissé toute seule au sol. Je n'en croyais pas mes yeux, je n'avais jamais été capable de faire ça. Il avait toujours fallu que j'attende que mon pouvoir se rétracte tout seul.

Le Chinois m'a pressé et je me suis accroupi pour passer mes bras sous Sky. Le droit était toujours engourdi et c'était d'autant plus étrange que j'en avais des sensations, comme je n'en avais plus eues depuis des mois. Je n'ai pas pu m'empêcher d'écarter ses cheveux d'un index. Elle avait l'air si faible et même en seulement deux jours que je la connaissais, ça me semblait totalement inapproprié, comme si ce n'était pas elle. Je sentais la chaleur de sa peau contre la mienne, ses vêtements contre mon bras et mon coude et je dois dire que j'en ai profité encore quelques secondes.

"Je suis désolé, Princesse..."

"Plus tard."

J'ai relevé les yeux sur le Chinois et j'ai acquiescé avant de soulever Sky dans mes bras. Au moins, elle était légère et javais assez de force pour tenir jusqu'à la voiture. Je n'ai pas voulu la ramener au Casino, j'avais bien compris que ce n'était pas son lieu favori, de toute façon.

On l'a ramenée à la maison et je l'ai déposée sur le canapé. Malgré la fièvre, je l'ai couverte d'une couverture pendant que le Chinois était à la salle de bain.

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'Quitte ou double' :

Le temps qu'ils arrivent jusqu'à leur jolie petite maison sur les falaises, Sky avait retrouvé un peu de ses couleurs habituelles. Elle avait le sentiment d'être loin encore, perdue dans quelques délires, comme les rares fois où elle avait été malade, petite. Sauf que cette fois-ci, il y avait quelqu'un à ses côtés qui se souciait de savoir comment elle allait.
Il aurait été un peu prématuré de la ramener dans cet état au Casino. Sa blessure à la main était sans gravité mais Sunny aurait détaillé chaque centimètre carré de sa protégée et Garin serait passé de son statut de héros à mauvaise fréquentation en un éclair. C'est le cas de le dire.
Elle ne se rendit même pas compte du trajet, du temps qui s'était écoulé depuis qu'elle avait perdu connaissance. Sans doute n'avait-elle même pas compris ce qu'il s'était passé.
Quand elle revint à elle, couchée dans un canapé et recouverte d'une couverture, son blouson dieu seul savait où, elle se souvint de la machette qui menaçait ses doigts. Dans la panique, elle n'avait même pas pensé à utiliser l'arme que Hyun lui avait donnée. C'eut été pourtant facile de tirer dans le mollet de ce furieux.
Puis Sky sentit la peur affluer de nouveau, ne reconnaissant pas les lieux où elle se trouvait, ni même si elle était encore entière. Son coeur s'emballa et elle se redressa séant sur le sofa, les yeux encore embrumés de sa fièvre, son esprit engourdi qui ne parvenait que difficilement à rester rationnel.
Son regard se posa alors sur Garin et elle sembla se rasséréner un peu.

Le Chinois n'avait pas voulu de mon aide. Etonnant, non ? Non, pas tellement, en fait. Mais j'envisageais d'aller vérifier dans la demie heure si je n'entendais plus rien. J'avais récupéré juste de quoi nettoyer sa blessure, assis sur le canapé à côté d'elle. Et quand elle s'est redressée, en faisant tomber le torchon imbibé d'eau glacée de son front, je me suis tourné vers elle en posant ma main sur son épaule.

"Doucement !"

J'ai replongé le linge dans le bol d'eau et je l'ai incitée à se rallonger pour lui reposer le torchon froid sur le front. J'ai posé le revers de ma main sur sa joue, savourant autant la baisse de température que le grain de sa peau contre mes doigts.

"Tu as encore de la température."

J'ai délaissé son visage pour prendre sa main dans la mienne et aviser sa blessure. Je lui ai jeté un regard mais je ne l'ai pas soutenu. C'est ma faute et si j'avais fait plus attention, elle n'aurait pas risqué sa vie. Il faudrait que j'aille récupérer son argent - ou sa commande - d'ailleurs. Mais je prévoyais d'y aller seul et sans rien dire à personne. Cette fois, personne d'autre ne serait en danger.

"Comment tu te sens ?"

J'ai entrepris de nettoyer sa main en faisant attention de ne pas la broyer dans la mienne. De ma main droite, je la sentais, c'était plus facile, aussi, j'usais de la main gauche pour l'essuyer.

Garin invita Sky à se rallonger d'une pression sur son épaule. Elle ne comprenait pas ce qui se passait, pourquoi il lui mettait ce linge froid sur le front. Elle devait reconnaître que cela lui faisait un bien fou et elle avait l'impression de retrouver ses esprits sous l'effet de la fraîcheur.
Il posa une main sur sa joue et ses doigts lui parurent aussi froids que le linge.
De la température ? Bon sang de ce qu'elle se souvenait, maintenant qu'elle se concentrait pour y penser, c'était de la vitesse à laquelle Hyune avait profité de l'inattention de leurs geôliers pour intervenir. Dans la foulée Garin avait dégagé Itembé de son bras et dans le feu de l'action, elle s'était libérée de l'entrave de la chaise. Quand elle a voulu enlever le chatterton qui obstruait sa bouche... elle s'est sentie mal. Oui c'est ca. Des ombres ont dansé devant ses yeux et son souffle est devenu court. Sa tête allait exploser. Finalement les ténèbres l'ont engloutie et ses souvenirs s'arrêtaient là.

"Comment tu te sens ?"

Lessivée. Broyée. L'impression de sortir d'une longue convalescence. Elle ne savait pas ce qu'il était advenu de leurs bourreaux mais elle supposa que tout avait dû rentrer dans l'ordre s'ils étaient ici, au calme et en sécurité. A mesure qu’elle reprenait ses esprits, elle comprit qu’ils étaient dans la petite maison sur les falaises.

- Ca va... Aïe !

Sa blessure était superficielle mais elle l'avait complètement oubliée. Elle se rappela à elle quand Garin la nettoya. Il allait encore falloir inventer un gros mensonge pour Sunny.
Il était étonnamment doux pourtant. Il prenait soin d'elle avec une attention délicate et elle sentit son coeur s'emballer. Elle se morigéna. C'était vraiment pas le moment.
Après tout s'ils avaient été dans cette merde c'était bien encore à cause d'une de ses idées foireuses. Elle avait honte d'avoir entrainé Garin, et Hyun par extension, dans son escapade. Quelle andouille ! si elle avait été seule, ils n'auraient pas été en danger et le chinois n'aurait pas pris une balle. Elle pourrait mourir de honte là, maintenant, à cette idée.

- J’espère que Hyune va bien…

Elle hésita et tourna la tête vers le dossier du sofa pour se dérober au regard de Garin.

- Je suis vraiment désolée.

Et il n’imaginait même pas à quel point elle l’était. Lui faire des excuses était la moindre des choses mais elle ne savait même pas comment s’y prendre.

"Désolé..."

J'ai relevé les yeux sur elle sans sourire et j'ai continué à lui nettoyer la main autour de la plaie.

"J'irai voir s'il est toujours vivant dans un petit moment. Mais je pense qu'il a connu bien pire, ne t'en fais pas. C'est son égo qui est fragile."

Quand elle s'est excusée, j'ai voulu demander de quoi mais en relevant les yeux, je me suis aperçu qu'elle ne me regardait même pas. Ce n'était pas la première fois qu'on faisait pression sur moi de cette manière et ça m'attristait. Dans le genre la culpabilité me rongeait les os. Et c'était pas peur dire considérant... Mes os. J'ai inspiré profondément en reposant mes petits outils et je me suis penché en travers d'elle pour poser mon coude contre le dossier du canapé. J'ai appuyé ma tête contre mon poing, la main de Sky toujours dans la mienne. Depuis quelques minutes, je perdais à nouveau les sensations alors, le temps que ça durerait...

"Tu n'as pas à être désolée, c'est moi qu'ils voulaient. Au moins, je t'ai récupérée." Je lui ai souri doucement. Elle, au moins, j'avais réussi. "Je suis content que tu ailles mieux. Tu m'as fait une de ces peurs..."

Je sais, ça ne s'est pas vu.

"Tu n'y es pour rien. Hey... Regarde-moi." J'ai acquiescé doucement jusqu'à ce qu'elle me regarde enfin. J'ai soulevé la tête pour libérer mon poing et j'ai laissé mon bras choir du haut du dossier. Du bout de mon index tendu, j'ai écarté une mèche rebelle de son visage. "C'est cool. D'accord ? C'est ma faute. Et le Chinois te dira la même chose quand il aura fini de chanter avec les elfes."

Au jeu de celui qui était le plus désolé il n’y avait jamais de gagnant. En fait, y’a toujours des jeux débiles de ce genre qu’on s’impose au cours d’une vie pour des enjeux médiocres et des clopinettes. Sky n’en savait pas grand chose du haut de sa jeune vie de ces jeux là, mais une chose était sure c’est que, quand elle jouait, c’était pour gagner.
Malgré tout ce qu’elle ressentait et tout ce qu’elle mourrait d’envie de lui dire, elle garda le silence. Pas de gagnants. Elle devrait s’accommoder de sa culpabilité.

Il lui dit qu’il avait eu peur pour elle. Combien de personne avaient eu peur pour elle ? Et dire que de stupeur elle l’avait insulté. Ca elle s’en souvenait bien. Trop bien. Là encore elle lui devait une palanquée d’excuses mais elle allait mourir de honte avant. D’avoir été aussi stupide l’affligeait particulièrement. Elle ajouta sur sa todo list «apprendre à garder la tête froide ». Beaucoup de boulot en perspective.
Elle finit par tourner la tête vers lui sur son insistance.
Il eut ce petit geste tendre qui lui colla le rouge aux joues et elle espéra qu’avec la fièvre cela passerait inaperçu. Elle parvint quand même à lui rendre son sourire et à balbutier un « OK ». C’était déjà un bon début.

J'ai souri avec elle et j'ai acquiescé lentement en récupérant ma main.

"Ok."

Je me suis redressé et j'ai repris sa main dans les miennes pour lui soigner. J'avais appris quelques petits trucs avec Annie et le MSS avait fini l'enseignement. Mais clairement ? Pas mon truc. Je lui ai posé une bande sans rien dire, essayant de ne pas faire n'importe quoi, pour changer. Et finalement je lui ai rendu sa main.

"Tu n'auras dire qu'on a fait un gâteau et que tu t'es coupée avec un couteau." Je me suis appuyé d'une main sur le dossier du canapé pour la regarder. "Je vais aller vérifier qu'il s'est pas évanoui comme une gonzesse." J'ai remplacé la serviette froide. "Tu devrais dormir un peu, le temps que la fièvre tombe totalement. Je te préparerai un truc à manger." La cuisine, c'était déjà clairement plus mon domaine ! "Et puis quand tu voudras, je te ramènerai. Je reviens, repose-toi."

J'ai serré sa main brièvement et je me suis levé. J'ai attrapé la bouteille de saké japonais sur la table et avant de disparaître, je me suis retourné vers elle, assez penaud. J'ai ouvert la bouche, hésitant avant de me lancer.

"C'est chouette… Que tu aies compris que je n'étais pas sérieux quand j'ai dit tous ces trucs dans la rue. J'avais peur que tu saisisses pas. Merci d'avoir joué le jeu."

Autrement dit, elle n'a pas essayé de jouer les rebelles. Au début, j'ai cru qu'elle avait vraiment cru que j'étais sérieux, à sa façon de réagir. Mais en se réveillant, et même là-bas, elle n'a pas essayé de m'insulter ou de se rebeller, elle… C'était comme si elle savait, alors j'en ai déduis qu'elle jouait mieux la comédie que n'importe qui. Elle m'impressionnait, en tout cas. Jamais je ne lui aurais donné 17 ans si on me l'avait demandé.

Elle le laissa croire qu’elle n’avait pas été dupe c’était nettement plus valorisant que d’avouer qu’elle n’avait pas vraiment saisi toutes les subtilités de l’astuce. Prendre le risque de passer pour une imbécile ? Plutôt mourir encore une fois. De honte aussi tant qu’à faire encore une fois. Mais quelque part elle se réjouissait quand même que tout cela ne fut que de la comédie.
Avant qu’elle ne laisse les derniers effets de la fièvre l’emporter dans les bras de Morphée et que Garin aille jouer les infirmières avec Hyune, elle l’interpella :

- Qu’est-ce qui est arrivé à Itembe ?

La question m'a cueilli par surprise. Itembe ? Quoi, c'est tout ce qui l'intéressait ? Le gars que le Chinois avait descendu sans procès, non ? J'ai secoué la tête.

"Il a détalé comme un lapin. Je m'occuperai de ta livraison, ne t'en fais pas, tu auras ce que tu as payé. Mais j'irai seul, cette fois. Ca vaut mieux."

J'imaginais bien qu'elle serait contre, mais de toute façon, elle n'aurait aucun moyen de vérifier. C'était un peu comme quand Angela avait parlé de son boss macho et esclavagiste et que je m'en étais occupé dans son dos. Il avait vite fini à l'hosto et avec une inspection d'hygiène. Notez que pourtant, elle a voulu m'en empêcher. Mais elle n'a pas non plus eu le choix. J'ai levé une main.

"Ne t'occupe pas d'Itembe pour l'instant. D'accord ? On en reparlera plus tard."

Ou pas.

Je me suis éloigné pour retrouver le Chinois dans la salle de bain. Une chance, la balle avait traversé et il était en train de finaliser son bandage. Je lui ai tendu la bouteille dont il a pu une bonne dizaine de gorgées avant de la poser à côté. J'ai nettoyé tout ce qu'il avait éparpillé et je l'ai accompagné jusqu'à sa chambre où il s'est laissé tomber sur le lit. Ca ne faisait pas forcément rêver mais on prenait soin l'un de l'autre, finalement. Même s'il était intervenu parce que je n'avais pas su rester discret. Je l'ai laissé là le temps que ses anti douleurs fassent effet pour qu'il puisse nous rejoindre en bas.

Je n'ai pas fait de la grande gastronomie, juste de quoi lui remplir efficacement le ventre et je me suis installé à côté d'elle dans le canapé. C'était mon tour de me sentir fatigué et surtout, pour la première fois, j'étais le seul à être indemne.