2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Garin/Sky] Too much, too young, too fast

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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Juin 2075

Disparu, volatilisé, pfiout, comme ça, plus rien. Itembe devait sûrement la jouer profil bas en attendant de se regrouper, de retrouver ses forces et son armée. J’étais retourné à la boutique pour m’assurer de la bonne livraison de Sky, et accessoirement, trouver un compromis. Autant j’avais joué le malin, autant c’était une erreur de s’en prendre aux autres pour m’atteindre… Pour une simple histoire de drogue. Toujours est-il qu’il n’y avait plus rien. C’était à présent désert. J’ai cherché un message ou quelque chose, mais rien. Le Chinois me tuerait s’il savait où je me trouvais. Et pourquoi. Se faire distraire par une fille, c’était pas dans ses habitudes, ni dans ses prérogatives. Quelque part, je suis certain que c’est un moine. Mais je l’aime bien. Au moins, il ne m’a pas empêché de passer encore du temps avec Sky. Même s’il m’a fait les gros yeux, la morale, le sermon et tout ce qui va avec.

D’une part parce que j’étais incapable de ne pas m’attirer d’ennuis et que le MSS s’agitait sur mon cas de plus en plus - j’avais beaucoup de mal à me faire à cette idée que j’étais un agent des services de renseignements chinois… - mais qu’en prime, sans sourciller, j’avais mis une innocente en danger. Tout ça rien que pour moi, à tout juste 25 ans. Avouez que j’en tenais une sacrée couche, mais après tout, ce n’était que la première, j’étais encore large avant la mise à pied. Pas vrai ?

Je me suis excusé. Pendant des heures. Et à défaut de pouvoir m’entraîner au combat à cause de sa blessure, il a mis les bouchées doubles sur le reste. J’ai bouffé des conflits politiques sur une centaine d’années pendant quelques jours et il m’a refait l’historique de certains pays qui intéressent le MSS. En plus du chinois et de l’arabe, il m’a essayé au russe, mais là, j’ai dit stop, je n’arrivais plus à suivre. Trois langues aussi compliquées en même temps, je me mélangeais… Mais il a insisté. Sûrement une punition pour avoir oublié où était ma place réelle, à savoir : PAS avec un meuf des bas fonds à jouer les bandito avec la mafia Egyptienne… Ca et, les exercices sur mon pouvoir.

Autant dire que j’étais crevé. Naze. Ereinté. Epuisé. Dead. Kaput. Raide. Mort.

Volontairement, j’ai laissé quelques jours passer. D’abord pour me faire un peu oublier et aussi pour endormir la méfiance du Chinois. Cela dit, quand il travaillait, je n’étais pas forcément obligé… De faire les trucs qu’il me demandait, pas vrai ? En tout cas, un soir, j’ai décidé de prendre un peu de temps pour moi.

Sky était déjà venue deux fois à moi. Ok, la première, elle s’était surtout imposée. J’avais scruté le net et les journaux en espérant rien trouver sur elle. J’avais peur qu’Itembe s’en prenne véritablement à elle pour se venger de moi mais il n’en a rien été. Ce qui m’a étonné. Après notre rencontre et avec ce que Sky m’avait dit de lui, j’avais fait pas mal de recherches avec le matériel du Chinois. Itembe n’était pas qu’un abruti congénital… S’il avait détalé l’autre jour comme un gros peureux, c’était surtout pour mieux revenir, j’en étais certain.

Ce soir-là, je voulais m’assurer qu’elle allait bien et au lieu de me contenter d’un ordinateur, j’y suis allé moi-même.

La grande porte du Casino était ouverte et j’entendais des voix à l’intérieur. J’avais garé la moto contre le muret qui protégeait de la falaise et je suis entré dans la bâtisse avec la bouche grande ouverte. J’avais vaguement entendu parler de cet endroit mais s’y retrouver, c’était quelque chose de bien différent. Des gamins me passaient devant en me regardant mais ils ont dû se dire que j’étais perdu, comme tous ceux qui atterrissaient ici. Et bien dans mon cas, ce n’était pas ça.

Le soleil n’était pas loin de se coucher et il faisait encore chaud, mais l’air ici était bien plus frais que n’importe où ailleurs dans la ville. Une grande femme, brune, mince et élancée, d’un certain âge avec le visage marqué par la fatigue et la sévérité, est venu vers moi pour me saluer. A sa voix, j’ai oublié toute la rigidité que j’avais pu imaginer. Elle était plutôt basse et rauque, sûrement une grosse fumeuse, mais douce.

« Bonjour, euh, je viens voir… Sky ? »

Je ne savais pas vraiment comment me présenter. Elle m’a étudié un long moment, avisant sûrement mes yeux pour se rendre compte que je n’étais pas Négatif. Elle m’a souri et m’a demandé d’attendre ici avant de gravir les grands escaliers qui menaient à l’étage. Et puis, j’ai attendu Sky, les mains dans les poches, en regardant autour de moi. Je soupirais, sûrement la nervosité, en jouant avec mes lèvres. Je faisais toujours des bruitages quand j’étais nerveux.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Garin l’avait ramenée en fin d’après-midi ce jour-là. Elle faisait pitié à voir, lessivée et complètement démoralisée, mais elle s’était composé une mine réjouie pour ne pas avoir à essuyer les questions du cerbère de garde. Ca avait fonctionné. Même la blessure à la main, correctement soignée, n’avait suscité aucune interrogation particulière pas même sur ses talents de cuisinière.
Elle avait dormi comme un bébé, quasiment un tour complet d’horloge et le lendemain, elle avait travaillé d’arrache-pied avec Sunny pour ne rien laisser paraître. A croire qu’elle donnait bien le change.
Le temps défila sans qu’elle ne s’en aperçoive, se plongeant dans ses occupations quotidiennes pour ne pas penser. Parfois, quand la nuit tombait, son esprit ressassait les événements et elle craignait pour Janus. Elle lui avait envoyé un message d’un serveur public en usant de la discrétion dont ils avaient convenue et en utilisant ses pouvoirs. Mais rien. Pas de réponse. Elle n’avait pas osé remettre les pieds dans le ce quartier du Queen’s ne sachant ce qu’était devenu Itembé. Il y avait eu un mort pourtant d’après Garin. Celui qui avait failli la tuer. Mais là encore, rien dans les journaux. Les médias ne relayaient même plus les exactions du coin, à part peut-être cet incendie dans des ruines abandonnées. A croire que tout n’avait été qu’un rêve.
Parfois elle pensait à lui. Souvent en fait.
Au début elle s’en voulait terriblement de l’avoir entraîné dans cette galère. Elle se demandait même si elle pourrait le regarder encore dans les yeux sans rougir de honte. Puis, petit à petit, elle avait compris que si les choses avaient mal tourné ce n’était pas tant lié à son imprudence qu’à un malheureux concours de circonstances. Il y avait beaucoup de mystères autour de Garin. Dans une certaine mesure ca l’excitait, dans une autre ca la terrifiait. Dans tous les cas, loin de prendre la décision que toute personne normalement pas cinglée aurait prise, à savoir tenir ce type à distance, Sky se dit que la prochaine fois qu’elle le verrait, elle prendrait en compte dans ses équations l’imprévu. Prévoir l’imprévu. Et visiblement, avec Garin, c’était vital de le faire.

Quelques semaines plus tard, Sky était assise devant cette interface publique, une sucette coincée sur la langue qu’elle faisait rouler d’une joue à l’autre. Le goût n’était pas terrible en fait, elle se promit de ne plus piquer de celles-ci. Piquer des bonbons, c’était le deuxième truc qu’elle avait appris, juste après « marcher ». Elle le faisait encore, plus par habitude que par nécessité. C’était comme respirer. Naturel. Là encore c’était par habitude qu’elle était allée voir sa boite et avait trouvé ce message de Janus. Son colis était arrivé. Il lui avait fallu plusieurs minutes, stupéfaite, avant de se ressaisir. Itembe avait livré sa commande ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Elle hésita, le souffle court, puis avait répondu qu’elle passerait d’ici 48h pour la récupérer.
Cette surprise n’avait pas laissé de l’interroger. Elle ne parvenait pas à savoir ce qui se cachait dessous. Un piège très certainement. Aussi quand elle fit le trajet jusqu’à son ancien quartier, elle avait pris la peine de dissimuler a minima son visage sous un sweet à large capuche et de ne s’approcher de la maison de Janus que lorsqu’elle se fut assurée que personne à part lui ne l’y attendait. Si elle avait eu l’idée de se faire accompagner par Garin, elle avait rapidement écarté cette éventualité. Prévoir l’imprévu. Autant éviter de se tirer une balle dans le pied trop vite.
L’homme ne l’avait pas accueillie sur le perron comme à son habitude et déjà elle avait senti le vent tourner. Le silence régnait dans la maisonnette. L’odeur de déchetterie qui flottait perpétuellement dans son salon encombré (« Syllogomanie » aurait été le terme approprié mais Sky ne le connaissait pas) couvrait toute alerte olfactive potentielle.
Elle avait écarquillé des yeux quand elle avait trouvé cet énorme parquet cadeau sur la table débarrassée d’un revers de bras. Et bien sur, partagée entre l’effroi et la curiosité, le cœur battant la chamade, elle l’avait ouvert.
Tout y était.
L’arbalète de poing, petite et légère, appropriée à sa morphologie, les carreaux pour l’armer, les deux couteaux de lancer demandés et les cartouches de fusil. Il y avait même une petite sucette au C4 pliée dans un papier de chewing gum.
Mais surtout, dessous tout ca, il y avait la tête de Janus que les effets de la décomposition rendait encore plus grotesque.
Sky avait laissé les sanglots l’emporter mais rapidement la colère qui flamba dans ses veines surpassa son chagrin et elle se promit de ne pas laisser Itembe s’en tirer.
Elle n’avait que 17 ans.
Elle avait tout son temps et rien à perdre.

Rationnelle même dans la douleur, elle se doutait qu’elle ne pourrait pas ramener sa commande au Casino. Du coup, elle avait tout planqué dans cet appart abandonné du quartier des junkies. Un lieu sur lequel elle était tombée au détour de ses pérégrinations. Dans un des murs abîmé il y avait un trou assez large pour ranger ce qu’elle ne pouvait exposer. Devant, elle avait entassé des bricoles et des vieux trucs pour dissimuler l’excavation. Avec un peu de talc sur le sol, elle s’assurait d’être au fait de la première visite impromptue. Prudence est mère de Sûreté. Sky en connaissait un rayon en la matière.
Il lui avait fallu prendre sur elle au-delà d’aucune commune mesure pour reprendre la vie d’une adolescente en perdition, jouer le rôle qu’on attendait d’elle. Placer de petites provocations quand il fallait, ne pas franchir les limites qu’il ne fallait pas. Sunny, assez perspicace dans son métier, avait bien noté que Sky était perturbée par quelque chose qu’elle ne pouvait identifier mais la jeune fille restant définitivement hermétique à ce sujet, elle préféra ne pas la brusquer et jugea qu’elle lui parlerait quand elle le souhaiterait. Ce qui ce serait sans doute avéré vrai s’il ne s’était s’agit de trafic d’armes, de meurtres et de recel.
Après ce drame, les nuits furent longues et fastidieuses. Le sommeil se faisait chaotique et les cauchemars revenaient plus souvent qu’à leur tour. Mais plus elle se débattait avec sa conscience, plus sa colère grandissait.
Janus serait mort tôt ou tard et sans elle à force de tremper dans des histoires pas nettes. C’était son quotidien depuis aussi longtemps qu’elle le connaissait. Cependant elle se souvenait des heures qu’il avait passé à lui coller des glaçons sur les bleus, à nettoyer ses plaies et à lui adresser des regards tendres et désolés quand elle arrivait chez lui, haute comme trois pommes, indécrottablement suivie d’un John malheureux mais en pleine servitude. Il n’avait pas eu assez de courage pour la délivrer du joug de son beau-père mais assez de compassion pour une gamine maltraitée. Il lui avait appris la résistance, la douceur, la recette des pancakes et le crochetage. Il avait été là. Juste là. C’était si peu et tellement.
A son âge, on ne connait pas la juste mesure. On adore ou on abhorre. Itembe allait s’en mordre les doigts.

Sky était plongée en pleine lecture. Dernier livre que Sunny lui avait donné à lire. Elle les avait tous aimé, à part peut-être Peter Pan qu’elle avait trouvé un peu puéril et complètement stupide. Pourquoi vouloir rester un enfant ? C’était une condition tellement peu enviable.
A plat ventre sur son lit, elle parvenait à tenir les idées noires à distance en s’engouffrant dans les mots. L’éducatrice du jour frappa à sa porte avant de lui annoncer qu’elle avait de la visite. Cela ne manqua pas de la surprendre car en ayant vite fait le tour de ses connaissances, personne ne lui rendait jamais visite. D’abord elle pensa à Deniz. Rageusement, elle jeta le livre sur son lit, se demandant bien ce que cette petite salope pouvait bien encore avoir inventé pour venir la faire chier jusqu’ici. Puis, quand elle s’engagea dans les escaliers qui menaient au grand hall, ses pensées se tournèrent vers Angela. Elle avait été super et tellement adorable. Cela faisait un moment qu’elle ne l’avait pas vue et elle se promit de demander l’autorisation d’assister à un de ses concerts prochainement. Passer du temps avec elle avait quelque chose de rassérénant, la preuve vivante que Sky pouvait avoir une vie normale, avec de saines fréquentations.
Son cœur manqua une marche et dévala tout seul le reste de l’escalier, et s’il n’y avait eu sa cage thoracique, il se serait très certainement jeté après les murs.
Garin l’attendait à l’accueil.
Pour une fois, elle n’avait pas pensé à lui.

- Salut ! lui dit-elle en s'approchant, rayonnante.
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Garin DeLyons
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Je ne sais pas pourquoi ça m'a fait bizarre mais toujours est-il que la voir aussi souriante... Ca m'a fait bizarre. J'ai retenu mon propre sourire, me contentant d'un étirement simple des lèvres .

"Salut, Princesse." J'ai jeté un regard alentour. "Alors, c'est ici que tu vis, hein ? C'est plutôt pas mal. J'aurais bien vu des grands rideaux et quelques meubles de la Renaissance pour accentuer le côté palace." Et j'ai reporté mon regard sur elle. "J'avais enfin un peu de temps, je me suis dit que j'allais passer te dire bonjour alors..." J'ai sorti une main de mes poches pour l'agiter mollement. "Bonjour !"

Je me sentais toujours responsable de ce qui lui était arrivé la dernière fois, même si elle allait bien. Mais je lui trouvais les traits d'autant plus tirés, comme si elle n'avait pas dormi. En même temps, c'était monnaie courante, dans cette ville, pas de quoi s'alarmer. J'étais tout de même rassuré de voir qu'elle allait bien. Je veux dire, de mes propres yeux.

"Et t'as genre quoi, un lit à baldaquins avec des voiles, des meubles en marbre - lol - ce genre de trucs d'une autre époque ?"

Oui, c'est tout ce que j'avais trouvé à dire... Je n'étais pas euh... Très engageant.
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Sky Cervantes
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Elle ne lui tint aucunement rigueur de sa réserve. Sky était juste contente de le voir et elle ne s’en cachait pas. Elle rit même à l’expression de son imagination débordante quant à la décoration du Casino.

- C’est gentil de venir me dire bonjour, alors bonjour aussi. Te fies pas trop à ce que tu vois ils sont en train de tout rénover. Tu verrais les chambres c’est juste énorme ! Mais là ils commencent à les refaire comme des chambres normales. J’ai grave gueulé pour qu’ils ne touchent pas à la mienne. Ils ont capitulé pour le moment mais je pense que c’est parce que Sunny veut pas se battre là-dessus. Ca durera pas. Mais ouais c’est pas loin d’une chambre de princesse. En rouge.

Elle lui adressa un clin d’œil amusé.
Sky retrouva spontanément ces gestes qui prenaient naturellement leur place entre eux, sans questions, et elle glissa sa main dans la sienne pour l’entraîner vers le balcon. Il ne restait plus qu’une fine cicatrice en lieu et place de la coupure nette de la machette. Une trace qui disparaîtrait avec le temps.

- Viens ! j’vais te montrer un truc ! tu vas adorer !

La terrasse aussi grandiose que le reste du bâtiment offrait une vue époustouflante sur l’océan. C’était un des points forts du Casino. Dès son premier jour ici Sky était tombée sous le charme de cette splendeur. Si elle profitait des couchers de soleil ailleurs qu’ici, c’était pour l’isolement, non pas pour la perspective. Cette dernière ne rivalisait avec aucune autre.

- Alors ? c’est beau hein ?

Elle prit une voix de bourgeoise mal dégrossie

- Mon cher de tous les appartements que j’ai eu, celui-ci est de loin le plus beau. Bon, le petit personnel n’est plus ce qu’il était mais que voulez-vous c’est le mal de notre époque !

Sky rit toute seule puis laissa quelques secondes de silence à Garin pour profiter du spectacle. Finalement elle retrouva son air sérieux et lui demanda doucement.

- Toi ca va ? et Hyune ?
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Garin DeLyons
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Sa bonne humeur était communicative. Je me suis laissé tirer par la main. En fait, d'abord, je n'ai pas bougé. J'ai attendu que la pression de sa main m'entraîne avec elle et j'ai souri un peu plus. Avec une telle vue, elle ne pouvait pas mieux tomber, en vérité. Mais je me suis gardé de ui dire, je n'ai pas voulu passer pour un de ces types maniaco romantique avec des punch lines à 100 yen. Vraiment. Ne me demandez pas pourquoi mais j'étais étrangement silencieux. C'est une chose quand les filles viennent vers vous et que vous faites face à des situations à gérer en un temps record. C'en est une autre lorsque vous faites le pas et que vous ne contrôlez absolument rien. C'est comme lorsqu'on vous pose une question. Vous choisissez la réponse. Mais quand vous posez la question... Il faut réfléchir. En bref, je n'étais pas à l'aise. Pourtant, j'avais décidé de venir aussi naturellement que de me lever le matin. "Tiens, et si j'allais dire bonjour à Sky à l'autre bout de la Ville Médiane ?"

"Je vois sensiblement la même chose depuis le jardin de la maison rien de comparé à ça, j'avoue."

Je n'ai jamais vu un truc pareil, point à la ligne. Il n'est pas autorisé de s'arrêter sur l'Interstate quand je la traverse, donc tout ce que je vois est fugace. Mais d'ici, je peux m'asseoir et contempler le ciel jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une nappe noire. Encore qu'à Megalopolis, le complet noir n'existe pas. Entre la pollution et la pollution lumineuse, on est dans les ténèbres uniquement au fond de la cave.

Je me suis appuyé contre la rambarde et j'ai croisé les bras en me penchant légèrement en avant.

"J'avoue que le loyer est intéressant pour une surface et une vue pareille. Vous avez la piscine au sel, aussi ?"

Je l'ai regardée avec un sourire et j'ai fini par acquiescer.

"Ouais, ça va. Quand il travaille pas, il me fait la morale." Ne pas retrouver Itembe m'inquiétait. Je me demandais s'il avait essayé d'entrer en contact avec Sky. "Et toi ?"

Ok, plus loquace, si possible ? Le ciel était magnifique, ma couleur préférée, mon moment de la journée favori, la fille la plus drôle de mon entourage, et c'est tout ce que j'ai trouvé à dire ? En général, je suis plus engageant avec le sexe opposé, mais je ne venais pas totalement par hasard. Je ne voulais juste pas que ça se sache.
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Sky Cervantes
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Ouah ! Paye ton enthousiasme ! Elle l’avait connu plus prolixe quand même. A croire qu’il n’avait pas envie de parler aujourd’hui. Pourtant si ses souvenirs étaient bons, le concernant c’était l’économie des mots son habitude, pas les logorrhées qu’il lui avait servies avant que tout ne parte en sucette.
En parlant de ca, elle en débusqua une dans une poche de son jean.
Soit. Elle respectait. Elle savait ce que c’était.
Sky tourna le dos à l’océan et se laissa aller contre le garde-fou. De cette manière, elle pouvait le regarder quand elle lui parlait. La vue, elle en profitait quand elle le voulait.
Elle eut conscience qu’elle laissait filer le temps avant de répondre à sa question. D’un geste nonchalant, elle froissa le papier du bonbon et le remit dans sa poche.
Le tout était de choisir ses mots avec soin.
Elle lui adressa un sourire.
Il s’inquiétait vraiment pour sa santé. Là-dessus elle n’avait pas de doute. Et force était de constater qu’elle allait bien. Elle guérissait bien et n’avait gardé aucune séquelle de cette fièvre qui l’avait terrassée. En revanche en ce qui concernait le reste, c’était une autre histoire. Il était ardu d’aborder le sujet qui la torturait non seulement parce qu’elle était heureuse que ce soit lui qui soit venu jusqu’à elle et qu’elle ne voulait pas gâcher ce plaisir, mais aussi parce qu’il lui était difficile de trouver les mots pour décrire son désarroi, sa peine, l’horreur du cadeau trouvé.
Et tout ce qu’elle put sortir de tout ça ce fut :

- Ca va.

Elle baissa le nez, contemplant ses chaussures.
Ces deux mots contenaient tellement plus que ce qu’ils signifiaient qu’elle eut l’impression qu’elle allait se mettre à pleurer.
C’était bien sa veine.
Garin avait apporté un rayon de soleil dans son quotidien et soudainement tout est revenu la submergeant comme un tsunami juste parce qu’il lui avait demandé comment elle allait. Elle préféra éviter son regard que de lui offrir le spectacle de sa désolation, le temps de se ressaisir.
Quand elle put de nouveau ouvrir la bouche sans se mettre à hurler, c’est elle qui posa la question qui les taraudait tous les deux :

- Tu sais ce qu’est devenu Itembe ?
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Garin DeLyons
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C'est tout ? "Ca va" ? Où était passée son engouement, sa fougue, son ton électrique et son sourire lumineux ? Je ne pouvais pas la blâmer, j'étais moi-même bien silencieux contrairement à d'habitude. J'ai froncé les sourcils en l'observant mais parce que je suis qui je suis, le poissard de service, la malchance de l'univers, Murphy himself... Et un peu égocentrique sur les bords, j'ai cru que c'était à cause de moi. Elle aurait eu tous les droits, elle aurait pu avoir réfléchi et en me voyant se dire qu'elle me laissait une chance et puis finalement... Réaliser que ce n'était pas possible. Cela dit, il m'a semblé voir autre chose mais j'étais bien incapable de déterminer quoi.

J'ai suivi son regard jusqu'à ses chaussures mais je n'ai rien voulu dire. Je ne voulais pas lui montrer à quel point plus de mauvais côtés que je n'en avais déjà. Elle en avait vu suffisamment, déjà. Alors, j'ai reporté mon attention sur le coucher de soleil et le bruit de la mer et celui des vagues et l'odeur de sel qui m'était on ne peut plus familière à tel point que je la haïssais autant que je l'aimais. J'ai eu cette pulsion de la prendre dans mes bras, car de toute évidence, ça n'allait pas, et j'ai failli lui demander pardon aussi. Mais pour ça, j'avais besoin de courage. Et clairement, il m'en manquait encore.

Mais quand elle a ramené Itembe sur le devant de la scène, j'ai tourné la tête vers elle, un peu brusquement, peut-être. Je l'ai dévisagée à nouveau, longuement et j'ai commencé à secouer la tête. J'ai fini par inspirer profondément.

"Non." Je me suis tourné un peu plus vers elle, la main posée sur le garde-fou. "C'est pour ça que je suis venu. J'espérais qu'il n'ait pas repris contact avec toi... Mais je l'ai cherché... Il a disparu."

D'un coup, j'ai perçu autre chose dans son "ça va" et son comportement. J'ai plissé les yeux et j'ai penché la tête pour capter son regard.

"Tu es sûre que ça va ?"

D'habitude, elle était plus bavarde... Mais moi aussi.
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Sky Cervantes
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Disparu.
Le contraire l'aurait étonné.
Il reposa la question.

- T'es pas venu pour moi alors ? moi qui croyais que c'était pour mes beaux yeux !

Bien tenté la petite pique humoristique mais le coeur n'y était pas vraiment. Juste elle ne pouvait pas s'en empêcher quand même, elle ne pouvait lutter indéfiniment contre sa nature.
Mais aussitôt, elle secoua la tête et ses yeux se remplirent de larmes. Elle se rapprocha de Garin pour ne pas laisser l'opportunité à quiconque se sentirait de venir les déranger maintenant de voir sa détresse.

- Il m'a laissé un cadeau. Chez Janus. Y'avait tout dedans. Tout ce que je lui avais payé. Il n'avait rien oublié.

De sa main elle essuya rageusement les larmes qui menaçaient de déborder.

- Et y'avait aussi la tête de Janus. Ce malade l'a décapité et m'a laissé sa tête en cadeau. Dans un paquet... plié.
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Garin DeLyons
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"Surtout pour tes beaux yeux, en fait."

Mon sourire s'est élargi mais ça a été de courte durée. J'ai d'abord froncé les sourcils au changement d'expression. Je veux bien être un goujat, égocentrique et égoïste, mais je ne voyais pas ce que j'avais bien pu faire pour justifier les larmes qui lui montaient. J'ai posé une main sur son bras alors qu'elle se rapprochait et j'ai à nouveau lutter pour ne pas la consoler. Quelque chose me disait qu'elle était ce genre de fille forte qui refusait laide des autres. Mais une autre me laissait entendre qu'elle en aurait bien besoin... Sauf que je n'osais pas.

"Et ?!"

Ok, Itembe avait tenu sa parole, mais quoi ? Pourquoi elle pleurait, alors ? Un instant, j'ai regardé autour de nous avant de reporter mon attention sur elle. Et elle a reprit. Mon teint est devenu blême, la bouche entrouverte, je n'en croyais pas mes oreilles. Je sentais mon coeur battre tellement fort que j'avais du mal à respirer. Les yeux ronds, je me suis redressé pour regarder l'horizon et j'ai porté un poing devant ma bouche. Il m’a fallu un moment pour assimiler l’information. Et autant pour réaliser.

« C’est ma faute. »

J’ai haussé les sourcils en me retourna vers Sky.

« Je l’ai provoqué, je n’ai pas pu m’en empêcher, je savais qu’on était susceptibles de me reconnaître, parce que j’ai pas toujours fait des trucs super réglos ! C’est fini tout ça, j’ai grandi depuis et… Mais les faits sont là et tout ça est ma faute, je suis désolé, Sky ! »

Je l’étais vraiment. Je ne sais pas si c’était à cause de mon pouvoir ou parce que mon insensibilité à mon environnement touchait également mes émotions, parce que je ne pleurais jamais. Je ne me souviens même pas la dernière fois que des larmes avaient coulé de mes yeux. Mais j’étais vraiment désolé. Le front plissé par l’inquiétude, j’ai secoué la tête.

« Je suis vraiment désolé… »
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Sky Cervantes
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- Hey hey ! c’est bon arrête…

Elle respira un grand bol d’air et sécha ses yeux. L’émotion s’apaisait comme le reflux.

- J’ai pas pu en parler à quelqu’un alors… j’ai un peu débordé

Sky eut un petit rire sans joie mais ce qui la peinait surtout c’était de voir Garin porter toute la responsabilité des événements. Il était temps que lui-même fasse le chemin qu’elle avait fait.
Elle ota la sucette de sa bouche et prit sa main encore une fois. Puis elle posa son menton sur son épaule. Elle murmurait presque à son oreille mais ce qu’elle avait à dire n’était que pour lui.

- La culpabilité c’est bon pour ceux qui n’ont rien d’autres à offrir. C’est lourd et ca sert à rien. J’en veux pas de ta culpabilité. Maintenant écoute moi. Tu m’as suivie, sans une seule question. Je t’ai trainé chez un fou furieux dangereux sans t’en avertir. C’est pas comme si on m’avait pas prévenue en plus. C’est pas comme si TU m’avais pas prévenue.

Elle ne put retenir un sourire amusé à ce souvenir

- Tu as merdé ? ok. Ca arrive à tous. T’as pris ton passé dans les dents ? Ok. Ca nous a tous mis en danger mais tu ne l’as pas cherché. On saura à l’avenir que tes secrets et les miens font pas bon ménage.

Elle écarta son visage pour pouvoir le regarder dans les yeux, ces yeux qu’elle adorait.

- Janus était un type qui roulait avec des gens pas recommandables depuis longtemps. J’l’aimais autant qu’on peut aimer un gars qui t’apprends que t’es pas une merde même si t’as que 6 ans et que tu vaux plus que le paquet de déchets qui t’entoure. Mais avec ou sans nous, il serait tombé sur un os un jour.
Itembe est un malade et ca n’a rien à voir avec toi.


Son expression se durcit et elle hocha brièvement la tête, déterminée :

- Je sais pas encore quand, je sais pas encore comment, mais tu peux me croire que je le laisserai pas penser que je suis terrorisée. J’emmerde ce connard et quand on se reverra, ce sera pas moi qui serai ligotée sur une chaise.

Puis elle lui offrit un sourire lumineux comme elle en avait le secret quand elle ne jouait pas de comédie, quand elle tombait ses masques successifs.

- Ca te va pas beau gosse l’inquiétude. T’es plus beau quand tu ris. On va pas laisser cet enfoiré nous gâcher la vue, non ?
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Je l’écoutais mais ne la regardais pas. Même quand j’ai réalisé qu’elle tenait ma main, j’ai secoué la tête en avisant l’horizon. C’était gentil de sa part, mais j’aurais pu éviter tout ça. J’ai soupiré en baissant les yeux. Elle essayait de me réconforter, de me consoler ou que sais-je, alors que ce n’était pas moi qui en avais besoin. Vous savez quoi ? Ca m’a fait plus qu’étrange. Ce n’était absolument pas quelque chose à quoi j’étais habitué. Pas gratuitement, du moins.

Quand elle s’est légèrement écartée, je l’ai regardée. Elle avait cette façon de me détailler, j’avais souvent l’impression d’être à moitié à poil. Pas parce qu’elle me toisait de la tête aux pieds, mais parce qu’elle voyait quelque chose et que je ne savais pas quoi. Je l’ai laissée continuer et je n’ai pas osé serrer sa main dans la mienne de peur de lui écraser encore. Le pire, c’est que je savais maintenant, que j’avais la possibilité de retrouver les sensations… Même temporairement, c’était possible.

Vous voulez vraiment que je vous dise ? Cette proximité, ça me rendait d’autant plus nerveux. Mais Sky se réveillait, elle s’animait avec détermination, ce qui forçait mon respect. J’ai commencé à sourire, mais très légèrement. Ce n’était pas de la timidité, plus de la réserve. Pas parce que je n’avais pas confiance ni foi en elle, mais plutôt parce que je n’avais pas envie de me bercer d’illusions. Assurément que ce connard tâterait à nouveau de mon sable, avec ou sans Sky - je préférais avec… - mais cette fois, je réfléchirai. Son sourire était communicatif lui aussi mais encore une fois, j’étais à moitié perdu dans mes pensées.

Je ne la quittais plus des yeux et quelque part, elle me rappelait moi, quelques années plus tôt. Pas parce que j’avais à peu près le même âge qu’elle à ce moment-là… Mais parce que je disais la même chose.

Et puis, elle m’a prise de cours. Sincèrement ? Déjà, qu’on me trouve beau, c’était une deuxième. A l’époque, j’ai pensé que c’était une première, mais je commençais à oublier Eve sans m’en rendre compte. Mais qu’on me sorte cette réplique, c’était carrément une première mondiale. La stupéfaction passée, j’ai pouffé d’un rire sans bruit en baissant le menton et les yeux, un sourire s’étirant sur mes lèvres. Oh le sol comme il est jouli ! Sûrement qu’il y avait un rougissement quelque part sous mon épiderme insensible.

Vous savez… Je n’en connais pas beaucoup qui avait cet effet sur moi. Hyun, ça va sans dire, mais c’était un pouvoir magique chez lui. Il a toujours eu le mot pour rire, me rassurer, me redonner confiance en moi. Quand je serai grand, je veux être aussi sage que lui. Mais, Sky, elle avait… Ce truc. Je sais pas trop si ça me plaisait ou quoi, mais en tout cas, j’en voulais encore.

« T’es vraiment une fille incroyable. » J’ai relevé la tête pour la regarder, mon sourire légèrement plus grand et les sourcils hauts. « Tu sais ça ? »

Je me suis décalé et j’ai inspiré profondément en passant mes bras autour de ses épaules pour la ramener contre moi. Promis, je n’ai pas serré trop fort. Je ne sais pas si Itembe faisait de l’humour ou si je sentais vraiment le sable chaud, mais en tout cas, je vous garantis que l’odeur qui émanait d’une fille, ça n’avait quand même pas d’égal dans le monde. Et puis ça m’avait manqué. Même si Sky n’était pas le top model à la top mode de la Top Ville, c’était le naturel qu’elle dégageait qui m’envoûtait, d’une certaine manière. Le menton au-dessus de sa tête, j’ai avisé les derniers rayons du soleil - Ô romantisme, Ô fureur, que n’ai-je tant vécu pour ton espoir.

« Je te promets que je le trouverai. Et puis je te l’amènerai. Je t’aiderai à te venger. »
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Sky Cervantes
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- Ouais j’sais j’suis une fille exceptionnelle tout ca… dit-elle dans un sourire mutin.

Ironie quand tu nous tiens. Elle se retourna face à l’océan elle-aussi, les coudes appuyés sur la balustrade, calant sa sucette comme à son habitude dans le creux de sa joue.
Ironie ouais. Parce qu’elle aurait pu en passer des heures et des jours et des nuits à tenter de se convaincre qu’elle n’était pas une moins que rien. Mais elle était tellement certaine du contraire que c’était acquis. Intellectuellement, non. Elle pourrait tenir ce discours rationnel de la fille sure d’elle, mais au fond de son âme, elle luttait perpétuellement contre cette idée insidieuse. Alors l’ironie c’était très bien. On pouvait botter en touche sans avoir l’air d’y toucher justement.
Il la ramena près de lui en l’attirant par les épaules.
Sky était surprise, après ce qu’il lui avait dit de lui et de la démonstration qu’il lui en avait faite, de constater combien il pouvait être doux dans ses gestes. Si elle ne savait pas, elle n’aurait jamais pu le deviner. A part peut-être cette fois où il lui avait broyé les doigts mais c’était sous le coup de la discussion qu’ils avaient.
Elle se laissa aller à cette proximité ne boudant pas son plaisir.
Garin semblait plus détendu, moins anxieux et elle s’en félicita. C’était comme ca qu’elle l’aimait le plus, quand elle retrouvait ce garçon qui avait été assez audacieux pour récupérer sur sa moto une voleuse impétueuse juste par jeu. Lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui dire qu’il l’aiderait à se venger, elle sourit franchement.
Tout était réuni pour un moment magique. Le spectacle millénariste que leur offraient les cieux, le soleil et l’océan… même le Casino semblait s’être assoupi. Un vrai moment de cinéma.
Elle repensa à ce jour, cette robe, ce vigile.

- C’est dingue. Tu vas dire que je suis dingue….

Elle secoua la tête.

- Ca fait quoi ? trois fois qu’on se voit ? Je t’ai dit plus de choses sur moi en trois fois que je n’en ai jamais dit à Deniz ou Ros ou… ou tous… en deux ans ! On se connait pas vraiment finalement mais…

Sky hésita.
Son expérience en matière de garçon n’était pas franchement probante, même carrément limitée, mais comme toute gonzesse qui se respecte elle savait instinctivement combien c’était farouche ces petites choses et qu’à moins d’y aller avec des sabots pour marcher dans le plat, le moindre faux pas était rédhibitoire. Si y’en a bien un qu’elle ne voulait pas faire fuir, c’était celui-là. Mais tant pis pour la mièvrerie, elle n’était plus à ca près.

- … j’ai l’impression de te connaître depuis des siècles. J’veux dire, c’est pas comme si je te découvrais, c’est plus comme si je t’avais retrouvé.

Elle rit, autant de la stupidité de ce qu’elle venait de dire que d’avoir osé le dire.

- C’est con je sais. Epargne moi un sarcasme, je mourrai pas de honte comme ca.
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Garin DeLyons
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J'ai haussé les sourcils. Mais vraiment. Très franchement. C'était assez marrant les mots qu'elle choisissait, sans le faire exprès, elle les choisissait et ils pilaient droit dans le mil. J'ai à nouveau ouvert les lèvres pour parler mais rien n'en est sorti. A la place, c'est un rire qui est parvenu. Mais pas par moquerie.

"Pour être honnête, ça ne m'étonnerait pas." Les coudes sur le muret, j'ai souri en croisant mes doigts. "Une des particularités de mon pouvoir, d'être composé de carbone et tout ça... C'est que ça me procure une drôle de mémoire. Parfois, j'ai des flashs, des visions, des souvenirs qui ne m'appartiennent pas à moi précisément, mais à ceux qui avec qui je partage mon code génétique. Le Chinois appelle ça la mémoire carbone, tout simplement. Je ne suis la réincarnation de personne, mais j'ai une sorte d'héritage de la part de mes ancêtres. Il m'arrive de partager des bouts de leur vie." Surtout de leur mort, mais ça, elle n'a pas besoin de le savoir. Pas aujourd'hui. "Tiens, regarde."

Je me suis retourné vers elle et j'ai soulevé mon t-shirt pour lui montrer la fine cicatrice sur mon abdomen, une estafilade.

"Je me suis jamais rien fait, à cet endroit là, c'est de l'auto suggestion. Un jour..." Le jour de mon exposition, en vérité. "...Le souvenir partagé a été si fort, si intense et si réel que je me suis réveillé avec la même blessure. C'est une épée qui a fait ça. Une épée !" J'ai laissé tomber le t-shirt. "J'ai passé des mois à faire des recherches et à reconstituer tous les éléments dont je me souvenais. C'était pendant les Croisades. Alors, tu vois, tes siècles, c'est pas si idiot, finalement. Qui sait."

J'ai haussé les épaules.

"Il s'appelait Garin. J'ai gardé son nom, en hommage. C'est celui qui me ressemblait le plus, je crois."

Bah non, Garin c'est pas mon vrai nom.
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Sky Cervantes
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Sky l’écouta attentivement.
Une mémoire carbone ? Rien que ca ?
Elle le regarda faire, soulever son tee-shirt pour lui montrer sa cicatrice et elle ne put retenir son sourire, même ce qu’il lui disait ne s’y prêtait pas. Elle le laissa terminer, notant au passage la révélation détournée qu’il venait de lui faire.
D’une voix douce mais amusée elle lui demanda

- Et t’en as d’autres comme ca des cicatrices à me montrer ?

Puis elle explosa de rire.
Loin d’elle de vouloir se moquer et elle espéra qu’il ne le prendrait pas mal mais là encore, l’occasion était si belle.

- Pas Garin alors, hmm. Bon !

Elle fronca les sourcils, prit un air faussement sérieux

- Jonathan ! Brian ? Non un truc plus anglais…

Ses connaissances des prénoms anglais n’étaient pas sa préoccupation première mais le jeu l’amusait :

- William ! Charles…? Alexander, Arthur, Nathan, Garrett ?... John ? Je sèche !
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Garin DeLyons
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Elle retrouvait sa bonne humeur, et la mienne avec. Itembe n'était finalement qu'une ombre qui venait de passer sur nos têtes mais sans nous vaincre, car nous étions tous les deux et qu'on se complétait pour l'affronter. J'ai secoué la tête en riant.

"J'en ai plein oui. La moindre coupure, ça se transforme en un truc comme ça, c'est assez pénible, on croirait que je me mutile, mais pas du tout."

J'ai haussé un sourcil de surprise quand elle a commencé à chercher mon nom. Le vrai. Celui qu'il me fallait parfois quelques secondes pour me souvenir.

"Tu es sérieusement en train de chercher ?" J'ai éclaté de rire à mon tour. "Mais qu'est-ce que ça peut faire, il n'existe plus nulle part."

J'ai secoué la tête au premier. Puis au second. Mon sourire s'étirait de plus en plus, jusqu'à ce que je ne la regarde plus, franchement amusé par son jeu de devinettes. J'ai posé mon menton dans ma main, accoudé au muret en me penchant plus en avant et j'ai tourné la tête vers elle. Et j'ai attendu qu'elle trouve.

"Vraiment ? Tu sais que mes parents n'avaient absolument aucune originalité. Vas-y réfléchis..." J'ai laissé ma tête retomber dans mes bras à 'John', en riant. John... Le prénom le plus commun de l'univers. "Ok, ils avaient un peu plus de suite dans les idées et j'ai plus longtemps vécu en France qu'en Angleterre." Je me suis redressé et j'ai commencé à me décaler. Pour partir. "Ok, pendant que tu cherches, je vais aller faire un Scrabble avec mon Chinois, tu m'appelles quand t'as trouvé ? Salut, hein !"

Et j'ai levé ma main pour la saluer en m'éloignant, tout sourire, de quelques pas en arrière.
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Sky Cervantes
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- Bien sure que je cherche !

Elle ouvrit les yeux et leva les mains comme si elle s’apprêtait à lui jeter un sort

- Tu ne sais donc pas que connaître le Nom c’est détenir le Pouvoir ? Tous les grands sorciers le savent ! Et les sorcières aussi !

Sky croqua la sucette, la broya en quelques secondes et le bâtonnet rejoignit le papier dans sa poche. C’était bon de se laisser aller à l’insouciance. Les inquiétudes prenaient le large au moins pendant un temps, fut-il court.

- Julian… Eric… Thomas… Gregory… Richard…

Se pourrait-il qu’elle ait un peu de chance ? La foultitude de prénoms… et puis tout à la fois français et anglais ca compliquait largement la tâche. Elle s’amusait tout autant de ce jeu bête que de la réaction de Garin.
Il fit mine de s’en aller et elle le retint par le bras en riant :

- Vous pouvez pas jouer au scrabble c’est pas les mêmes lettres ! T’as même pas l’intention de m’aider un peu !

Elle souffla, prit un air inspiré et débita d’une seule traite :

- George, Anthony, Gabriel, Eliot, Nicholas, David !
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Garin DeLyons
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"Je parle très bien chinois, j'te f'rais dire." J'ai continué de rire en prenant son bras également. "Tu vas tous les faire et le mien sera le dernier."

Quand elle est arrivée à David, j'ai sursauté et je l'ai désignée de l'index, tout joyeux, comme si elle avait trouvé. Je l'ai regardée fixement, hypnotique, faisant traîner le suspens de la confirmation de la réponse. Ou pas.

"Non, toujours pas !"

On m'aurait dit un an plus tôt que je serai là, à faire deviner mon prénom alors que je considérais celui-ci comme un secret classé défense. Il était hors de question que je le donne, et prendre le risque qu'on puisse me retrouver par la CIA et donc, mettre Liberation en danger, ainsi que les autres. Mais aujourd'hui, j'avais disparu des radars, remplacé par un autre nom que j'utilisais depuis si longtemps que ma trace informatique s'était perdue dans les limbes.

"Pourquoi tu veux savoir mon nom, on s'en fiche tellement, ce gars-là est mort depuis des années ! Il était petit, moche et débile. Un gamin. Ca ne me va pas du tout, en plus. Au collège, on m'appelait DéDé pour se foutre de ma gueule. Au moins, De Lyons, je donne l'impression d'avoir retrouvé ma noblesse, tu vois ! C'est même pas un nom français, ni anglais... C'est hébreux, c'était le dernier des quatre prophètes de l'Ancien Testament." Même si je ne riais plus aussi franchement, j'étais toujours souriant. Je jouais de sa main dans la mienne et j'ai décidé d'abréger ses souffrances. "Daniel."

Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose a bondi dans ma poitrine. C'était la première fois que je prononçais mon vrai nom, de moi-même, avec ma voix, pour le dire à quelqu'un, depuis des années. Même Eve ne le connaissait pas, il me semble.
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Sky Cervantes
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David ?
Elle s’était figée, n’en revenant pas d’avoir trouvé parmi toute la multitude. Mais non ! Il la faisait juste guigner, se prenant au jeu lui aussi.
Elle poussa un juron de rage mais cela n’entama en rien sa bonne humeur.
Ce qu’il pensait de son prénom, ce qu’il représentait pour lui, disait bien plus de lui que ce qu’il devait l’imaginer. Sky tenait le sien de son père. C’est à peu près la seule certitude qu’elle avait à son encontre. Du reste, elle avait vite compris que le sujet était tabou et elle n’interrogea jamais sa mère sur cet homme.
Un prénom c’est un héritage. Il contient beaucoup et quand elle en plaisantait au sujet de la sorcellerie, ce n’était pas tout à fait faux, même pour de la sorcellerie moderne.
Elle ne connaissait pas grand-chose de la religion. Il semblait plus fier de porter ce nom hébreu que celui que lui avaient choisi ses parents.

- C’était qu’un gamin ! tu devrais être plus indulgent avec lui ! Si ca peut te rassurer t’es toujours aussi débile !

Elle fronca le nez et sourit. Puis il le lui donna, comme ca, sans faire durer sa curiosité plus longtemps.
Sky le prit pour ce que c’était, un cadeau. Une façon de lui donner accès à ce gamin, à son passé, à ce qu’il avait été quel que soit ce qu’il en gardait aujourd’hui.
Elle pencha la tête.

- Daniel…

Ce prénom ne lui évoquait rien.

- Va pour Garin ! Mais merci…
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Garin DeLyons
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"Ouais, je sais, merci pour le compliment. Mais je suis surtout plus con, en fait."

Elle était si jolie quand elle fronçait le nez que j'en ai souri d'autant plus. J'ai acquiescé quand elle a répété mon nom. J'ignore en quoi c'était si important pour elle quand je m'en fichais autant. Mais je pouvais bien lui donner ça. Elle le noterait dans son journal intime, tiens. Avec des petits coeurs, autour. Et un plus gros avec D&S dedans. D and S... Comme le protocole de réseau. Je m'égare. C'était peut-être un signe, cela dit.

C'était d'autant plus bizarre de le dire que de l'entendre et j'ai plissé le nez. Je ne sais pas trop si ça me gênait ou si j'étais juste ému. Contrairement à Garin où ça ne me faisait rien du tout. Et en parlant de ça, je me suis offusqué d'un coup. J'ai ouvert la bouche et je l'ai lâchée d'un coup, comme si je la rejetais.

"Tout ça pour ça ?! Tu te fiches de moi ! Je te dirai plus rien."

J'ai ri en regardant autour de nous. Le soleil avait quasiment totalement disparu et il n'en restait que sa lumière au-delà de l'horizon.

"Hey ça te dit que je t'emmène en balade ? Cette fois, on aura pas les flics aux fesses. Je commence à avoir faim." J'ai souri plus sincèrement. "Et de rien. De quoi, je sais pas, mais c'est tax free."

Pas gratuit... Juste sans TVA incluse.
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Sky Cervantes
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- Comment ca tout ca pour ca ? Tu sais même pas ce que je vais en faire ! Ca se trouve j’vais confectionner une poupée vaudou et te piquer le cul à coup d’aiguille toutes les nuits ! Elles sont assez courtes en ce moment mes nuits, j’m’ennuie, ca m’occuperait !

Elle fit une petite grimace théâtrale.

- Je voulais juste dire merci de me l’avoir dit. Déjà parce que tu m’épargnes vu que je suis un peu du genre obstinée, tu vois, et puis parce que… j’sais pas, dit-elle en haussant les épaules, vu ce que tu en penses aussi, bah c’est que t’avais envie de me le donner.

Elle doutait que ce fut sans réellement d’importance pour lui, même s’il le lui cachait bien. S’il souhaitait sauvegarder les apparences alors elle devait le respecter.

- Et puis arrête de faire ta farouche, je sais bien que tu vas encore me mettre une tête comme ca à faire ta grande bavarde !

Sky sourit puis jeta un dernier regard sur l’océan. Elle hocha la tête.

- Ca marche ! Mais cette fois ci tu roules doucement j’ai cru mourir de trouille la dernière fois. En termes d’émotions j’ai eu mon compte entre les camions, les métros et les fous furieux qui me foncent dessus.

Oui c’est le moins qu’on puisse dire. Tout ca en moins de 3 mois. Elle risquait pas de s’ennuyer si ca continuait comme ca. Et peut-être bien que finalement elle avait un super ange gardien. Qui allait avoir encore plein de boulot.

- Faut juste que je prévienne et… que tu me files un casque. J’veux pas trop chercher les ennuis au Casino, c’est pas le moment !

Elle délaissa la balustrade et prit la direction du hall.

- Tu m’emmènes où ?
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Garin DeLyons
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Ce que j'en pense ? Est-ce que je pense quelque chose de mon nom ? Sincèrement ? Je m'en fiche. Mais je tiens à celui de Garin. C'est ce que je suis maintenant. C'est mon destin. Et je l'assume, j'attends. Plus elle parlait et plus je souriais.

"Je fais pas ma farouche ! Je vois pas l'intérêt, je m'appelle plus comme ça, on s'en fiche, c'est tout." Et j'ai ri. "Hey dis donc. Je suis parfaitement capable de me taire, tu sais !"

J'ai éclaté de rire et j'ai pris ma grosse voix de gros branleur.

"Boh quoi, tu m'as collé les flics au train, tu pensais vraiment que j'allais respecter les limites de vitesse en agglomération ?!"

Je marchais à reculons vers le hall en lui faisant mine de venir avec moi, les mains tendues.

"J'ai pas de casque, Princesse, j'en ai pas besoin et de toute façon, ma tête est trop grosse." Immense, le sourire. "Et j'en sais rien, juste une balade ! De là-haut on voit mieux la ville. Tu as déjà pris le Shuttle dans ta vie ? Ca va tellement vite, on dirait que ça te vibre dans les jambes et que ça te remonte dans le tronc, et tout. Tu te croirais dans un avion. T'as l'impression que tu vas décoller vers les étoiles."

...

Je suis peut-être capable de me taire, mais j'ai visiblement pas la notion du "quand".
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Sky Cervantes
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Pas de casque. Non pas que Sky tenait absolument à respecter les règles, là-dessus il était inutile qu’elle essaie de prouver quoi que ce soit. Les règles en général, elle pensait qu’elles existaient uniquement pour lui procurer le plaisir de les piétiner. Et quand on est jeune, on est immortel, c’est bien connu. Elle devrait donc esquiver les cerbères du Casino pour s’éviter encore un sermon ou une prise de tête longue et douloureuse et surtout, parfaitement inutile.
Elle fit une petite moue comme si elle hésitait finalement à le suivre mais elle sourit en levant les yeux au ciel.

- Ok ! On va la jouer comme ca ! T’as la grosse tête j’avais bien compris… j’suis une pauvre fille faible qui sait pas te dire non en fait. J’suis irrécupérable.

Est-ce qu’elle avait déjà pris le Shuttle ? non, même pas de face non plus ! Juste les métros. Et là encore elle n’en avait pas vraiment vu l’intérêt jusqu’à maintenant. A cette question, elle s’aperçut qu’elle zonait un peu toujours dans les mêmes coins et qu’elle n’avait jamais vraiment exploré Magalopolis dans son entier. Un tort. Il allait falloir qu’elle élargisse considérablement sa vision du monde. Bien au-delà même des frontières de ce qu’elle connaissait des nouveaux états unis.

- Non, le Shuttle ce serait une première pour moi... j'ai jamais eu l'occasion de le prendre. Pourquoi pas ?

Sky demanda la permission de sortie comme une bonne gentille fille bien élevée. Elle y mit les mots et les formes. Elle obtint l’accord escompté mais avec une heure de sortie maximale, limite à laquelle elle ne dérogerait pas sauf si elle comptait leur coller les flics au train. Chose qu’elle s’empressa de démentir évidemment.
Garin était sa caution morale, s’ils savaient les fous, et elle abonda en ce sens. Parfait.
En quelques minutes, le temps pour elle de refaire sa réserve de sucettes, elle était prête à partir et ils filaient hors du Casino. Entre chien et loup, le ciel délaissait le jour pour épouser la nuit. Il faisait doux et elle voulait vraiment se changer les idées.
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Garin DeLyons
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« Je n’ai pas la grosse tête ! »

En réalité, je n’avais jamais pris le Shuttle non plus. En arrivant, je n’avais pas eu besoin de quitter la Ville Basse. Et depuis que j’étais rentré de Colombie, et que j’avais ma moto et bien… Je ne voyais vraiment pas l’intérêt du Shuttle. Rester dans un cylindre de fer lancé en flèche droite à 150km/h, alors qu’on peut profiter de la vue, très peu pour moi. J’étais vraiment un gros romantique...

Quoiqu’il en soit, dans ce Casino, ils étaient plutôt laxistes. Me laisser moi, caution morale, il fallait vraiment pas me connaître. Mais j’avoue que je donnais plutôt bien le change avec les adultes. Un sourire par ci, un clin d’oeil par là… Ok, en vérité, les adultes et moi, on était pas super copains alors je jouais pas trop au con avec eux. Un sourire poli, on acquiesce à la dame, on dit merci au monsieur, on demande pas son reste et on respecte sa promesse.

J’ai grimpé sur la moto et j’ai tendu la main pour qu’elle fasse de même dans mon dos.

« Okay Princesse, prête ? »

Et j’ai pris la route. Je savais conduire normalement quand personne me prenait en chasse. Histoire de ne pas avoir à garer la moto côté Ville Basse, je nous ai plutôt remontés à l’arrêt à la frontière entre la Ville Basse et la Ville Médiane. Quinze minutes aller, quinze minutes retour, l’océan en vue et le temps à la lune de grimper, on sera assez hauts pour la voir.

Mais une fois sur la gare routière, en coupant le moteur, je me suis à moitié tourné vers elle, les sourcils froncés et un léger sourire amusé.

« Hey, au fait… Je connais probablement la réponse, mais… Pourquoi avoir sauté sur ma moto ? A ce que j’ai pu voir, tu cours plutôt vite, tu aurais pu facilement distancer ce type sans t’attirer plus d’ennuis qu’avec un inconnu sur un deux roues, juste en face de toi. T’es peut-être incroyable, mais j’aimerais m’assurer que t’es pas complètement stupide non plus. »

Ca, c’était gratuit, rien que pour elle. Sans mon immense sourire malicieux, il y aurait eu de quoi mal le prendre. Mais que voulez-vous, je suis un peu troll… Ca vient sûrement de ma taille.
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Sky Cervantes
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Elle grimpa sur la moto en prenant la peine, cette fois ci, de chercher les poignées passager situées sous le siège. Comme le lui avait dit Angela elles y étaient. D’un autre côté se priver du plaisir de lui entourer la taille, elle n’était pas complètement conne non plus. Elle délaissa les poignées.
Sky devait reconnaître qu’à une allure raisonnable, filer dans l’air du soir était un petit moment de bonheur. Ses cheveux s’emmêlaient dans le vent et elle oubliait les longues minutes qu’elle passerait à les démêler, surtout avec une crinière comme la sienne. Oui, depuis quelques temps, elle avait renoué avec un peigne. En fait ils ne se connaissaient pas trop tous les deux et il leur a fallu un peu de temps pour s’apprivoiser mais aujourd’hui ils parvenaient à entretenir de cordiales relations. C’était pas non plus le grand amour mais c’était déjà un début.

La gare routière était illuminée comme un 4 juillet en ce début de nuit. Un peu de ville haute dans ce coin là de Megalopolis. Sky descendit de la moto tandis qu’il arrêtait le moteur et observa le bâtiment avec curiosité. Habituée aux ruines plus qu’au luxe, l’architecture ce n’était pas vraiment son truc mais elle devait reconnaitre qu’il en jetait, ce fleuron de l’art moderne. Elle se souvint de ce promoteur dont Maze lui avait parlé et se demanda s’il construirait des choses comme ca dans la ville basse. Surement que non.
Garin la détourna de ses pensées. Pourquoi l’avait-elle suivie ? Grands Dieux il avait de ces questions des fois ! Y avait-elle seulement réfléchi ? Pas vraiment. Sky était superstitieuse et ses commentaires sur le destin le prouvaient assez. Aussi elle aurait pu répondre que c’était écrit mais il n’y avait pas eu que ca.
Elle se tourna vers lui et haussa les sourcils. Le sourire qui lui tendait atténuait son sarcasme et elle ne s’en offusqua pas.

- J’l’aurais peut-être pas distancé non. J’suis une sprinteuse pas une coureuse de fond et des obstacles m’auraient peut-être ralentie plus loin. J’suis pas aussi sure que toi que j’aurais réussi.

Elle prit un air très sérieux pour répondre, choisissant ses mots dans le même temps.

- Tu cours sur un trottoir à t’en décrocher les poumons pour échapper à un type qui a plus d’endurance que prévue, et là au feu, au milieu de nulle part, attend sagement un beau gosse qui a l’air complètement désespéré de solitude et d’ennui. Tu te dis que tu ne peux pas passer à côté de ce cadeau divin. C’aurait été comme… cracher à la gueule de Dieu lui-même tu vois ?

Elle s’approche de Garin, amusée de son propre récit

- Je ne pouvais pas te laisser partir comme ca. C’était contre ma religion. Et franchement…. Franchement ? je risquais quoi ? que tu m’amènes directement chez les flics ? Elle eut ce petit sourire en coin, moqueur - même si t’avais eu des intentions plus agressives, toi et moi on sait tous les deux que je t’aurais marave ta jolie petite gueule en deux secondes.

Sky posa son index sur le front de Garin et poussa dessus comme si elle voulait lui faire entrer une idée dans la tête, puis elle éclata de rire.
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« T’es vraiment une grosse nulle. »

J’ai ri en descendant de moto et j’ai secoué la tête, sans me départir de mon sourire. Un cadeau divin, ce qu’il fallait pas entendre, maintenant… Elle n’était pas avare sur les compliments - s’ils en étaient réellement - et ça me mettait passablement mal à l’aise, mais je n’ai pas pris le risque de lui montrer. Malaise ou non, ça avait le mérite d’être agréable et de changer un peu. Même si, au fond, il y avait plus de moquerie qu’autre chose.

J’ai relevé le nez quand elle s’est approchée. Pourquoi elle s’approchait, tout à coup ? Tout ce qu’il y avait dans mon dos, c’était ma moto… Et j’avais peur de la faire basculer si je lui rentrais trop dedans - et de faire peur à Sky si je gardais mes distances. Elle me prenait par surprise à chaque fois, sans que je sache comment elle arrivait à faire ça. Mes yeux ont louché sur son doigt alors qu’elle enfonçait son index sur mon front. J’ai attrapé son doigt avant qu’elle ne me fasse un trou dans le crâne et j’ai haussé les sourcils.

« Et tu sais quoi ? Je vais te laisser croire que c’est vrai parce que je frappe pas les filles ! » Pas celle qui me poursuivent pas. « Et je ne suis pas un désespéré de solitude, où est-ce que tu vas chercher des trucs pareil ? Donc en gros, tu t’es dit ‘V’là un bon pigeon, hop, roulez mutants !’ Gna gna gnaaaa… »

J’ai lissé mon plumage et je me suis remis en marche. L’un d’eux arrivait de l’autre côté et on pouvait le voir de l’extérieur. Ce gros cylindre éclatant et silencieux dont la lumière jaillissait des fenêtres. Ca en imposait, je devais le reconnaître, on avait pas fait que de la merde à Megalopolis. La Ville Haute, c’était too much. La Ville Basse regorgeait de conservateurs et de rabat-joie, quant à la Ville Médiane, ce n’était qu’une belle endormie. Mais le Shuttle, ça, c’était un truc qui avait de quoi rendre la ville fière d’elle-même. Il a disparu dans sa gare et j’ai pris la main de Sky pour la tirer avec moi.

« Allez, BipBip, faudrait pas qu’on manque notre train ! »

Ca forçait l’admiration et le gamin en moi se réveilla en marchant plus vite. Dans la gare, c’était la foire à l’Europe. Ou au monde entier, comme vous voulez. Des gens de tous les horizons, des vagues de touristes. Où que je regardais, il y avait des turbans, des longues robes à paillettes, des claquettes qui résonnaient sur le sol brillant… Le bruit était assourdissant, tout le monde parlait et fort, il y avait tellement de lumière et le revêtement reflétait la presque totalité de la vie qui bouillonnait dans la station. En face, le train qu’on avait vu arriver reprit sa route en direction de la Ville Basse. J’allais me contenter de lui faire voir la Ville Médiane, mais, au dernier moment, je me suis rappelé qu’elle était comme moi… J’ai présenté ma puce et j’ai montré le chemin Direction Ville Haute avec un immense sourire. C’est que ça devait valoir le détour vu de là-haut...

Sur le quai, il y avait tellement de monde, on se serait cru dans un aéroport. Du monde mais un espace immense où personne n’avait l’occasion de se marcher dessus. Des groupes de ça de là qui discutaient et… Nous. Enfants perdus d’une autre civilisation au milieu de tous ces riches et touristes d’un autre monde venu découvrir notre faune locale. Enfin, celle de Sky, moi je n’étais pas d’ici non plus. Mais bizarrement, mon épaule ne quittait jamais la sienne. Des fois que je la perde.

« J’ai l’impression de commettre un vol à l’étalage juste en laissant traîner mes yeux… »
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Sky Cervantes
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Elle avait eu un petit froncement de sourcils quand il l'avait appelée "BipBip" se demandant bien ce qu'il voulait dire par là.
Au milieu de cette foule multicolore ils passaient totalement inaperçus. La diversité était telle qu’un petit couple de la ville basse ne choquait pas vraiment.
Sky était étonnée de voir autant de monde à cette heure pour tout dire. Mais elle se souvint combien les nuits étaient aussi prometteuses que fraiches en cette saison et que tout à chacun y tentait sa chance. La ville haute devait résonner de tant de jeux et de divertissements qu’on devait pouvoir s’en saouler jusqu’à l’ivresse, au sens propre comme au figuré. La jeune fille ouvrait grands les yeux émerveillée par ce qu’elle voyait. Les tenues, les gens, les lieux, tout concourrait à la porter aux nues. Elle rit, comme une enfant, et s’abstînt de battre des mains pour ne pas avoir l’air trop puéril non plus.
Le contrôle de la puce était passé sans souci. Cette fois-ci elle n’avait rien eu à cacher, dans la mesure où elle ne faisait rien d’illégal. Le Casino lui-même pourrait l’assurer. Ca lui fit drôle quelque part de n’avoir justement rien à masquer. Pas même elle.
Elle ne lâchait pas Garin qui lui ouvrait la route comme un guide dans une jungle hostile. Quand il lui fit part de sa remarque sur le vol à l’étalage, elle hocha la tête.

- C’est vrai.

Elle tourna la tête vers lui, les yeux brillants

- Mais j’pars du principe que si c’est exposé, c’est qu’on peut se servir. Parce que personne ne nous le donnera si on ne le prend pas. Alors j’me sers si tu permets. J’ai autant ma place ici que les autres !
-
Quand elle avisa le fuselage du fleuron technologique mégalopolitain, elle poussa un petit sifflement admiratif.

- Sérieux quand on prend le temps de le regarder il est magnifique. D’habitude il file tellement vite qu’on n’a pas le temps. Tu sais où il s’arrête ou c’est aussi une première pour toi ? non parce qu’autant te l’avouer, pour moi, c’est une première !
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Un jour, peut-être, il faudrait que je lui refasse son éducation des classiques. Après tout, c’est vrai, quand on y pense… Quand j’étais enfant, je n’avais que ça à faire, pour ma part : regarder la télé et les dessins animés plus stupides les uns que les autres. Je n’avais pas besoin de… Par exemple trouver de la nourriture dans les rues.

« Je ne disais pas ça pour faire une remarque sur notre place ou non… C’est juste… Pas… » J’ai suivi du regard une femme au teint mat et brillant, comme si elle s’était enduite avec de la nacre. Sa peau se reflétait comme de l’or et que voulez-vous, je suis attiré par ce qui brille. « Mon style… »

Alors qu’elle marchait en faisant claquer ses talons sur le sol, je n’ai pu m’empêcher de remarquer à quel point son postérieur était des plus… rebondis. Si mes lunettes de soleil n’était pas déjà sur ma tête, j’aurais dû les enlever. Ou bien les replacer face à tant d’éblouissement. Elle était fine, élégante, élancée et j’ai perçu son odeur sucrée du moment où elle m’est passée à côté, jusqu’au moment où un gros libidineux a explosé ma bulle de son rire gras.

J’ai secoué la tête pour suivre le regard de Sky sur le fuselage. Ah oui, ça aussi c’était chouette mais… J’ai voulu revoir la bombe orientale qui m’avait filé entre les doigts mais elle avait déjà disparu...

« De quoi ? » Le temps que je percute qu’elle me parlait, j’ai repassé sa voix dans ma tête pour comprendre ses mots et je l’ai à nouveau regardée. « Non, c’est la première fois aussi, mais on va aller vers la Ville Haute, je voudrais la voir d’en haut. Ca attire les touristes de tous les coins du monde, il doit bien y avoir une raison ! »

Je n’ai pas pu m’empêcher d’aviser le fessier de Sky alors qu’elle montait à bord. Ah, ce n’était vraiment pas pareil… J’ai penché la tête, l’air concentré et un gars m’a poussé pour m’obliger à avancer un peu plus vite. J’ai rejoint Sky dans le train, mais je suis resté au niveau des portes. On voyait rien de l’intérieur à cause des lumières, il fallait se plaquer contre la vitre.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
En matière de références, Sky se posait là oui. N’oublions pas d’où elle venait. Possible aussi qu’elle ne sache même pas où elle allait. Toutefois elle était toute à son admiration et si ces regards étaient bien moins libidineux que ceux de Garin ils n’en étaient pas moins scrutateurs, évaluateurs. L’opulence a ceci de fascinant : elle hypnotise et attise. Par ailleurs, soit elle n’accorda aucune importance à ses œillades soit elle ne les remarqua pas.
Elle grimpa dans le Shuttle à la suite de la foule chamarrée, choisissant une place avec soin. La vitesse devait monter progressivement, on n’était pas dans un manège pour adultes. Elle devait pouvoir rester debout pour profiter du voyage sans avoir à pâtir du « décollage ». Si elle se trompait ma foi, elle en sera quitte pour une franche rigolade.
Une fois qu’elle ait eu calé ses reins pour assurer son assise, elle sortit une sucette d’une de ses poches mais ne fit pas mine de vouloir la déballer. Elle n’en proposa pas à Garin. Elle avait retenu la leçon. Elle apprenait vite, et là-dessus Sunny elle-même pourrait l’approuver.
Autour d’eux les touristes et les rupins riaient et parlaient sans retenue. Sky envia leur insouciance et quelque part, elle était assez communicative. Elle les transperçait de son regard sombre, essayant de deviner ce qu’ils allaient faire tu temps à venir, à quoi allaient-ils le passer.

- Ca fait des siècles que j’ai pas joué les oiseaux de nuit…

Sky se remémora ces longues nuits d’été où ils attendaient le jour pour prendre du repos. Aux heures obscures tout peut arriver, le pire comme le meilleur. Chaque nuit porte une promesse. Tout s’expose dans la nuit, sans fards, et tout devient possible.

- Ca me manque. J’ai l’impression de devenir folle avec ces journées interminables. Lire, apprendre, se concentrer, manger, aller dormir. T’imagines pas comme je rêve juste de pouvoir me barrer, passer la nuit dehors à me vider la tête et le corps, avec des musiques, des courses de débiles, des jeux à la con, même boire comme un andouille à chanter des chansons stupides et romantiques.

Elle haussa les épaules se concentrant sur sa sucette

- Et j’te jure que depuis la mort de Janus ca m’a démangé plus d’une fois…

Mais voilà, on ne peut pas tout avoir. Sky savait que les opportunités qui s’offraient à elle ne se représenteraient pas deux fois. Les petits larcins, passent encore. Les conneries plus grosses, si elle devait en accepter la facture, il faudrait qu’elles en vaillent la chandelle.

- Tu m’as demandée la première fois qu’on s’est vu je crois, pourquoi autant de risques juste pour une robe. Pour ca aussi, tu vois. Pour pas devenir folle.

Elle se rapprocha un peu de lui pour ne pas laisser trainer leur conversation dans toutes les oreilles alentours.

- Dernièrement, je me suis intéressée à un autre truc. Un peu plus… brillant. J’suis tombée sur un pépin. ‘Fin une grosse connasse en fait, mais on va l’appeler pépin. Elle tape plus fort que moi et bon, disons que par principe, j’ai pas vraiment cherché à lui faire bouffer ses dents, mais… Bref. J’l’ai eu mauvaise d’abord. Puis quand l’orage au Casino est passé, qu’on m’avait soignée, j’ai pas pu m’empêcher de trouver ca génial. J’avais l’impression d’avoir retrouvé un peu ce que j’étais. D’être de retour presque. J’ai pas pu sourire parce qu’elle m’avait ouvert la lèvre cette conne, mais j’l’aurais fait sinon.

Elle se tut, en pleine réflexion.

- Je crois que je suis accroc aux sensations fortes en fait et j’sais même pas pourquoi. C’est pas que je cherche les emmerdes, c’est juste que quand elles me trouvent, j’ai l’impression de pas être oubliée, inexistante.

Le Shuttle indiqua son départ. Sky se retourna vers la grande vitre d’où elle pourrait voir défiler le paysage et profiter du voyage.

- J’suis vraiment à la ramasse comme gonzesse en fait…

Et elle rit.

- On va jouer à un jeu tiens !

Sky montra d'un petit signe du menton un homme d'une trentaine d'années, coiffé et habillé à la mode de la ville haute et qui portait un sac en bandoulière. Il avait l'air seul et, parmi la foule, semblait pensif et sérieux. L'homme était plutôt beau, sans être non plus un canon de beauté.

- A ton avis, il va faire quoi, lui, en ville haute ?

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Garin DeLyons
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Quand le train a annoncé son départ, je me suis accroché à la barre métallique plantée dans le sol, dans le dos de Sky et j'ai observé la sucette entre ses mains, me demandant si elle allait finir par l'ouvrir et la manger, ou non. Mais plus elle parlait, plus j'avais l'impression de m'entendre, ou du moins, j'aurais pu tenir le même discours. Dans la lumière diffuse du train, le bleu de ses yeux était d'autant plus clair et on aurait dit qu'ils brillaient. J'aimais les yeux bleus, c'était sûrement mes préférés.

J'ai froncé les sourcils alors qu'elle me racontait son anecdote et son besoin de vivre, de se sentir vivante, tout simplement. C'était un besoin que je n'avais plus vraiment maintenant. Mais je m'en souvenais. Je n'avais surtout plus de raison de fuir. Quand l'Underground a trouvé Eve et qu'on a dû fuir, je n'avais pas moyen de savoir si elle était toujours en vie ou non. C'est là que tout est parti en vrille et que j'ai commencé à vivre ma propre vie, hors de Liberation.

J'ai baissé le menton alors qu'elle se rapprochait, l'air toujours concentré sur ce qu'elle disait. Son récit, sa façon de le raconter, j'ai souri malgré moi, mon regard dans le sien. Je l'imaginais la lèvre fendue à cause d'une fausse Lolita dans le même genre que Sky, à se créper le chignon dans la boue. J'entendais autre chose, au-delà de ses mots mais avant que j'ai pu lui en faire part, le train démarrait et elle passait à quelque chose. Tournée vers la fenêtre, je me suis retrouvé dans son dos, toujours accroché à la barre et j'ai baissé les eux vers elle en imaginant son visage, cela dit, je le voyais se refléter dans la vitre.

J'ai suivi la direction de son regard et j'ai haussé les épaules.

"Il rentre chez lui. Regarde le, il n'est absolument pas curieux de ce qui l'entoure, il est habitué, voire blasé. Peut-être un professeur de l'université ou un employé du centre commercial. Tu as la ville à tes pieds et les lumières en compagnie et tu détailles les gens dans ton dos ? C'était qui cette pépin, qu'est-ce qu'elle te voulait ? Tu sais que je peux lui casser sa gueule aussi, si faut ? Elle est jolie ? J'aime pas trop défigurer les jolis visages, c'est bête. Mais bon, s'il le faut..."

J'ai haussé les épaules dans une moue désolée et je les ai laissées s'affaisser en soupirant.
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Sky Cervantes
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Sky assura sa prise pour ne pas perdre l’équilibre quand le train démarra. Beaucoup de ceux qui les entouraient ne faisait pas vraiment attention au paysage mais il fallut quelques minutes avant que le Shuttle ne quitte sa gare et trouve sa vitesse de croisière. Dans ce sens, il prenait ses aises, il devenait aérien. Plus il s’éloignait de la ville basse puis de la ville médiane, plus il s’approchait du ciel.
Elle resta silencieuse, sans bouger, observant la ville qui s’offrait aux regards comme une belle femme, sûre d’elle, immuable et éternelle.
Garin avait raison, on en prenait plein les mirettes.
C’était assez étonnant comme Megalopolis regorgeait de trésors, qu’ils soient naturels ou architecturaux. Loin des fureurs du monde, de ses enjeux politiques et de ses combats quotidiens, ils s’exposaient, là, à qui voulait bien les voir.
Sky soupira puis sourit à Garin.

- C’est un tueur en série. Dans son sac il transporte son couteau de boucher et son masque de torture. Il essaie de se faire oublier alors il évite de croiser les regards et se fait passer pour un monsieur tout le monde.

Les touristes s’intéressèrent à leur tour au paysage et ils se penchèrent vers les baies vitrées pour commenter dans une multitude de langues ou de rires ce qu’ils voyaient. Sky se décala sous la pression d’un couple empressé qui ignorait superbement sa présence. Elle fronça les sourcils mais ne leur fit aucune remarque bien sentie, se contentant de déballer sèchement sa sucette et de la porter à sa bouche.

- Elle est jolie oui. Et elle voulait juste ce que je voulais pour le plaisir de me faire chier.

Sky se tourna vers Garin puis le regarda quelques secondes, amusée. Elle rit doucement avant de reprendre :

- Merci mon chevalier mais ce sera inutile de lui casser sa jolie bouche. Pour être très honnête, ce que je lui ai piqué lui a coûté une petite fortune. En plus, elle est fichée dans cette bijouterie comme voleuse à l’étalage. C’est con. Finalement, j’suis pas certaine que ce soit moi qui ai le plus perdu.

Elle haussa les épaules, comme pour dire « c’est la vie ».
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Garin DeLyons
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Je l’ai dévisagée et j’ai souri. Mes lèvres se sont étirées encore un peu plus. Ca me fait toujours rire quand on dit que les filles aiment les bijoux et tous les trucs qui brillent. Je suis un diamant de 100kg et je vous jure, je vois pas la différence avec un looser. Sans vouloir me la jouer défaitiste et pessimiste. Ce n’est pas parce que je suis pas un gars « à filles » que j’aime pas plaire de temps en temps. C’est bon pour l’égo et ça aide pour la confiance en soi. C’est une étude de Columbia qui l’a dit. On fait dire ce qu’on veut à une étude, je sais...

« Et c’était quoi ce truc brillant qui coûte une fortune ? »

Un faisceau de lumière m’a ébloui subitement et j’ai relevé les yeux pour voir les grattes-ciel. J’ai étiré le cou pour essayer de voir en bas, estimant que nous étions rudement haut. Je ne sais plus qui m’a dit qu’on sentait le train vibrer dans ses jambes mais si c’était le cas, pas moi. C’était tout juste si on l’entendait et si on ressentait les petites secousses de frein. De mémoire, il n’y a même pas de conducteur. Ca en faisait flipper certain. Je m’en fichais, je ne prenais pas le Shuttle.

Ca n’avait tellement rien à voir avec la Ville Basse ou la Ville Médiane. D’autant plus, vue d’en haut. Des pubs, des écrans lumineux, des drones, le summum de la technologie. Et pourtant, les rues étaient toujours bétonnée. Personne n’avait encore inventé un revêtement révolutionnaire ? J’ai passé mon bras autour de son cou pour la rapprocher de moi et j’ai tendu le dit bras pour lui montrer une tour au loin dont le sommet brillait encore plus que les autres.

« C’est la tour satellite ! En gros, si tu veux faire péter la ville, commence par– »

Je me suis reculé brutalement, attirant Sky avec moi, lorsque je nous ai sentis happé dans un tunnel. La ville était désormais invisible et nous arrivions en gare. Je me suis détendu en regardant autour de nous et j’ai tiré Sky un peu en arrière pour laisser passer les gens. la Ville Haute n’était pourtant pas grande mais c’était dingue le passage qu’il y avait. Comme si c’était le berceau de la vie. Trop de monde, trop de foule, ça me mettait mal à l’aise. Je suis un gars de l’air, moi.
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Sky Cervantes
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Les trucs brillants qui coutaient une fortune s’exposaient sous leurs yeux. La technologie dans sa forme la plus avancée, la plus séduisante pour les amateurs et peut-être un peu pour les Cyber.
Elle se retourna vers les espaces vitrés, portant son regard sur la tour qu’il lui indiquait.
Garin démultipliait les petits gestes à son intention, protecteur et avisé, alors elle profitait autant des merveilles qui satisfaisaient ses yeux que de celles qui rassasiaient son cœur.
Sky se joignit à lui pour laisser passer la foule qui descendait précipitamment en piaillant alors que le Shuttle arrivait en gare.
Là encore, c’était une débauche de lumières et de sollicitations tant visuelles qu’olfactives. Ca vous filait presque le tournis. Pour une fille qui quémandait l’ivresse comme un assoiffé de l’eau, elle sentait sur sa peau l’électricité ambiante que transportaient tous ces gens. Cela la mettait de bonne humeur, dans l’expectative de ce qui pourrait bien arriver, ouverte à l’inconnu.
De son côté, Garin lui semblait nerveux mais elle n’arrivait pas vraiment à savoir pourquoi. La foule peut-être bien. La dernière fois qu’elle l’avait senti tendu comme ca, il avait eu de bonnes raisons de l’être. Pourtant, rien ne laisser entendre qu’ils puissent faire l’objet d’une réelle menace.
Elle lui jeta un regard perplexe puis le bouscula gentiment

- Hey ! détends-toi ! on risque rien là ! Viens on sort…

Par acquis de conscience tout de même, elle jeta un regard alentour. Mais ici, il n’y avait rien de moins ni de plus que ce qu’ils avaient déjà vu dans la gare de la ville médiane.
Elle glissa sa main dans la sienne et prit la direction de la sortie.
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Garin DeLyons
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J'ai haussé les sourcils. Me détendre ? Pourquoi, je paraissais plus tendu que je l'étais ? Est-ce que je l'étais, déjà ? On risquait tous les jours quelque chose. Mais si j'étais nerveux, je n'étais pas non plus en alerte.

"De quoi ? Hey !"

Je n'avais même pas fait attention que nous étions au terminus du train, ce pour quoi tout le monde descendait. La Ville Haute était plus petite que la Ville Basse, mais on s'attendait toujours à ce qu'elle soit immense. Ce qu'elle avait d'énorme, c'était surtout son égo... J'ai tiré Sky par la main dans l'autre sens et lui ai montré un signe qui parlait d'un point d'observation. Sûrement prisé avec tous les touristes mais hey, c'est ce qu'on était à ce moment-là, non ? Des touristes. Découvrir notre ville ne pouvait pas nous faire de mal. Et si la Ville Haute devait un jour écraser la Basse, autant commencer à se ranger du côté des gagnants.

Moi, pessimiste ? Non, réaliste. La Ville Basse n'avait aucune chance contre la politique. Rien que des rebelles fanatiques qui se faisaient du tort à eux-mêmes juste en se la jouant Ned Kelly... Un peu comme quand Liberation a assassiné Stenton. La plupart des gens ont vu ça comme un acte criminel, guidé par la vengeance et la folie. Très peu y ont compris le message politique. Malgré Yu, nous restons trop nombreux. Et jusqu'à preuve du contraire, personne ne voyait assez loin pour saisir les subtilités de notre monde.

Le point d'observation couvrait bien près d'un kilomètre dans un tube vitré, dont le plafond était ouvert en été au plaisir des visiteurs. Aussi large, les touristes pouvaient observer la Ville Haute mais aussi au-delà, jusqu'aux montagnes et même voir le Sanctuaire. C'était un peu... Comme si on était les maîtres du monde.

"A se demander comme je n'ai pas pu vouloir venir jusqu'ici plus tôt !"

Quoiqu'il en soit, je n'ai pas lâché sa main.
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Sky Cervantes
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Elle était partie d’un pas décidé en direction de la ville sans tenir compte des indications. Si Garin ne l’avait pas retenue, elle serait surement déjà dehors, happée par la frénésie ambiante.
Ses yeux avisèrent l’holo publicitaire qui vantait les mérites d’une vue hors du commun sur le fleuron de la technologie et de l’urbanisme mégapolitain. Visiblement, tout était prévu pour vendre la ville. Elle s’était trompée. Ce n’était pas une femme. Belle, certes, mais une prostituée. Les nouveaux Etats Unis devaient s’acheter une vitrine après tout ce qu’il s’était passé et toutes leurs ambitions, et elle supposait que la ville haute en était le parangon.
Qu’importe, elle joua le jeu volontiers et sans se départir de son sourire, elle suivit son guide qui découvrait tout comme elle.
Les touristes, à cette heure, aspiraient aussi à d’autres divertissements, aussi il n’y avait pas la foule que Sky pensait trouver. L’espace dégagé qui s’ouvrait sur des hauteurs incroyables filait le vertige. Tout était étudié pour donner cette sensation de grandeur, d’espace aérien. Le sol semblait se dérober sous leurs pieds et le ciel était à portée de main.
Sky retint sa respiration et laissa échapper son admiration dans un souffle rauque.

- Ah merde ! ce que c’est beau !

Ses yeux voyageaient si loin, au-delà de toutes les distances qu’elle n’avait même jamais parcouru en rêve. Elle regrettait qu’au-dessus de leurs têtes les quelques étoiles qui tentaient de rivaliser avec les lumières de la ville soient si peu nombreuses mais s’ils tournaient leurs regards vers le Sanctuaire, ils pouvaient voir le firmament qui reprenait ses droits. Aussi c’est dans cette direction qu’elle s’avança, le plus proche possible des garde fous habilement dissimulés, de verre ou d’une matière qu’elle ne connaissait pas.
A cette hauteur, elle sentit la fraicheur de l’altitude jouer sur ses bras. Pour autant elle n’avait pas froid, non, mais elle ne savait pas si c’était elle ou la vue qui lui donnait des frissons. Personne ne pouvait rester insensible à cette vision. Megalopolis y avait veillé.
Sky se tourna vers Garin qui la suivait de près.

- On se croirait dans un palais de conte de fées ! On aurait presque envie de se dire que cette ville est merveilleuse et que rien de mal ne peut en sortir, hein ?
Comment quand on habite ici, on peut être blasé ? Si j’avais un chez moi ici, je viendrais tous les jours pour voir ca… Regarde ! là-bas c’est ce qu’on appelle le Sanctuaire non ? tu connais ? tu y es déjà allé ? Il paraît que c’est vraiment un endroit à part !

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Garin DeLyons
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Au moins, elle était aussi énergique que moi ! La Ville haute ne m'intéressait pas tant que ça, ce que je voulais, c'était voir le reste. Dont le Sanctuaire. C'était amusant de constater que Sky partageait mon envie. Pour voir la même chose qu'elle, je suis resté dans son dos pour lui montrer des points dans le ciel.

"C'est le Sanctuaire, ouais ! Tu vois, y a des lumières plus ou moins éparses, mais en grande partie, si c'est sombre, c'est parce que le souk est fermé à cette heure-ci. Et puis il y a des économies d'électricité. J'y ai vécu, même. C'est un peu un réseau de nomades, une zone de non droits où tu peux acheter des trucs au noir qui sont interdits dans Megalopolis. Je vivais quelque part par..." J'ai pris sa tête dans mes mains pour lui tourner vers la gauche, dans une des zones sombres. "Là... Donc tu vois, j'avais pas mal de trajet pour aller bosser, mais ça se fait. Il fait toujours chaud là-bas, peu importe le mois de l'année."

J'ai baissé les yeux vers elle en me décalant légèrement pour la voir, accoudé à la rambarde de métal.

"La Ville Haute, c'est de la poudre aux yeux, Princesse, ce n'est qu'une vitrine, les gens ici, ils travaillent pas, ils vivent pas, ce ne sont que des pions, des petites figurines de plomb dans la maquette d'un architecte qui a vu grand. Là-bas..." J'ai montré le Sanctuaire d'un pouce par dessus mon épaule. "On vit pour de vrai. On négocie des prix, on teste de la qualité, on sait ce qu'on mange ! Et on le paye pas si cher, en prime. Là-bas, que t'aies une puce ou non, on s'en balance, du moment que tu respectes la vie des autres, leurs limites et que tu fais chier personne. Et surtout, les fédéraux osent même plus s'aventurer là-bas. Ils sont tous armés, les gonzes ! Ton Itembe, il tiendrait pas une heure dans un environnement pareil. Ou alors, il en serait l roi. Mais avant ça, il faudrait qu'il montre patte blanche et autant te dire qu'avant que ça arrive, je lui aurai moi-même refais sa face de cirage et sans don."

(Il me fait chier à 500 bornes, j'ai pas envie de bosser)
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Sky Cervantes
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C’était un autre monde pour elle. A mesure que Garin parlait, elle eut l’impression de découvrir un autre pays, d’autres coutumes, d’autres façons de vivre, un peu de la manière dont il avait effleuré la Colombie ou l’Arabie saoudite. Pour Sky la moindre petite chose qui sortait de son quotidien ou de ses maigres connaissances était source d’émerveillement. Et puis reconnaissons le, elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une petite pointe d’infériorité qui lui rappelait cruellement son jeune âge. Il avait vu tant de choses à côté d’elle.
Elle écoutait pourtant attentivement, buvant ses paroles, comme si elle pouvait vivre par procuration ce qu’il lui livrait.

- Ca a l’air de bien porter son nom. Ca manque un peu de clinquant à mon goût, dit-elle en riant, mais ca à l’air chouette. Je suis pas sure qu’Itembe ait quelque chose à foutre là-bas. Ce genre de mecs, ils règnent sur le royaume des aveugles parce qu’ils sont borgnes. Mais son matos il doit bien le tenir de quelque part, ca j’en suis bien certaine. Le Sanctuaire ou un autre… qui sait…

De toutes ses pérégrinations toutefois, aucune ne l’avait conduite si loin de Megalopolis en général, de la ville basse en particulier. Cela attisa sa curiosité sur l’histoire de Garin :

- Et qu’est-ce qui fait qu’un gentil garçon aussi délicat que toi ait pu finir par habiter dans cette jungle sans foi ni loi ?

Elle lui adressa un coup d’œil malicieux en croquant sans sa sucette.
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Garin DeLyons
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J'ai haussé les épaules dans une moue avec un léger sourire et j'ai regardé par dessus mon épaule pour apercevoir le Sanctuaire au loin.

"Je sais pas si je suis quelqu'un de délicat." Non. "Mais j'ai pas toujours eu une puce dans le poignet quand j'aurais dû, donc j'imagine que c'était plutôt une bonne planque."

J'ai à nouveau porté mon regard sur elle. Curieusement, elle n'avait posé aucune question. Qu'Angela ne soit pas curieuse, c'était dans sa nature. Mais quelque chose me disait que Sky, quant à elle, avait un esprit bien plus critique et fonctionnant à un autre carburant.

"Je suis autant gentil garçon délicat que t'es mignonne petite fille..." Je me suis redressé en tournant le dos au Sanctuaire, appuyé de mes deux mains dans mon dos contre la rambarde et j'ai à nouveau haussé les épaules. "Ce n'est pas une jungle sans foi ni loi, j'en sais rien, c'est... Normal. Les gens sont nombreux. Ok, ils dealent des trucs la plupart du temps et tout, mais ils sont pas aussi prétentieux, tu vois ce que je veux dire ? On les entend rire fréquemment, ils dansent, ils chantent, ils ont des fringues de couleur et des slips pas trop serrés ni des marcels 2 tailles au dessous... Y a qu'aux Etats-Unis que les gens sont des zombies."

Je l'ai dévisagée avec un sourire naissant, de plus en plus malicieux.

"Tu n'as connu que Megalopolis, pas vrai ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Avait-il pris sa remarque au sérieux ? Se pourrait-il ? Elle fit une moue théâtrale quand il l’appela « petite fille »

- Oh je me fais peut-être beaucoup d’illusions à ton sujet mais celles-ci, non. Je plaisantais. Sans vouloir te vexer, « délicat » c’est pas le premier mot qui me viendrait à l’esprit en ce qui te concerne. Encore que…

Elle haussa un sourcil amusé

- Tu l’es plutôt avec moi. Pas dans le sens petite chose fragile, on est bien d’accord. Dans le sens… attentionné.

Ses yeux se posèrent de nouveau sur le Sanctuaire quand il entra un peu plus dans les détails. Elle hocha la tête puis voulut préciser sa pensée.

- C’est pas nécessairement en mal que je dis sans foi ni loi. L’une et l’autre ont tendance à faire plus de mal que de bien. Ceux qui ont la Loi pour eux ont laissé des cadavres, super blague, sur le pas de Sa porte. Et la foi… vaste question.

Elle hésita jouant avec sa sucette

- C’est vrai. C’est ta deuxième puce.

Sky essaya de reconstituer ce qu’elle savait de son histoire à voix haute, sollicitant sa mémoire.

- T’es né en Angleterre et t’as grandi en France. A l’adolescence, tu choisis de devenir Candidat par rapport à un copain, par défi ou par solidarité. Copain perdu de vue ? Mort ?
T’es pas fier de ton choix que t’as toi-même qualifié de débile si ma mémoire est bonne, ou un mot du genre. Candidat. C’est donc un organisme d’Etat qui t’as récupéré. Pas celui de ton pays tu m’as dit. J’suis pas très calée en la matière j’connais que la CIA parce que c’est d’ici, et le MSS parce que même du fin fond de mon Queen’s natal on n’a pas arrêté de nous bassiner avec.


Regard interrogateur mais elle reprend

- Là tu me parles de clandestinité au Sanctuaire. C’est d’ailleurs pas la première fois que t’abordes le sujet, la dernière fois qu’on en a parlé t’avais effectivement l’air de savoir de quoi tu parlais. J’en déduis que t’as du déserté et te cacher et c’est pour ca que t’as enlevé ta puce. Pourquoi ? tu t’étais porté volontaire même si c’était pour de mauvaises raisons. Aujourd’hui tu es là avec moi et une autre puce qui visiblement n’est pas une fausse. Tu vis avec un chinois dans une petite maison au bord de la falaise. C’est pas ton petit copain et vu comme il te suit à la trace, je dirais que c’est pas non plus ton colocataire.

Elle se pencha vers lui, le regard inquisiteur

- T’avoueras que c’est plutôt décousue comme histoire et que ca a une fâcheuse tendance à exciter ma curiosité.

Puis Sky soupira, délaissant les yeux de Garin pour observer ses boots.

- Ouais. Moi j’suis née ici et j’en ai jamais bougé. Quand les gens qui t’entourent n’ont pas d’avenir, ca limite carrément tes perspectives. Désolée.

Oui, c’est vrai qu’au vu de son pedigree cela paraissait logique mais elle ne pouvait s’empêcher de faire un complexe de cet état de fait. Et du coup, ca l’interrogeait encore plus sur les choix de Garin

- Toi t’avais le monde dans la main. Pourquoi t’es venu t’enterrer ici ?
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Garin DeLyons
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C’était au-delà de l’étrange. Je l’ai dévisagée, un peu interdit, tout le long, les sourcils hauts. Il y avait du monde, allant et venant dans le long couloir de verre mais personne ne prêtait attention à nous, c’est l’avantage de la Ville Haute : personne n’existe, tout le monde est invisible. S’il y a des mal intentionnés, ils ne nous suivront pas jusqu’ici, c’est trop peuplé et lumineux.

J’ai ri et j’ai baissé les yeux vers le sol en secouant la tête.

« Ouah, dit comme ça, ça semble vraiment difficile à croire. Je ne savais pas que tu tenais ma biographie ! Tu veux un autographe, aussi ? » Au cas où, sait-on jamais, je me suis légèrement tourné pour lui présenter mon épaule afin de me protéger d’une éventuelle claque. Et j’ai à nouveau secoué la tête en soupirant. « Je n’ai rien dans la main, Princesse. Pas plus que toi et encore moins le monde. Tout ce que j’ai, c’est… » J’ai haussé les épaules en relevant les yeux sur elle. « Une paire d’alter égo qui me racontent leur histoire la nuit et un Chinois qui se prend pour ma mère. »

Je l’ai observée un court instant. J’ai avisé Sky comme si je la découvrais pour la première fois, qu’elle entrait dans ma vie sans y être de passage, comme si je savais qu’elle allait être là un moment. Alors qu’en fait, cette impression ne m’avait plus quittée depuis le début. J’ai repris d’une voix plus basse, pensif.

« Je ne sais pas comment tu fais, mais… J’ai confiance en toi. » Et puis j’ai ri. « Le Chinois me tuerait s’il savait la moitié de ce que je t’ai dit, il est un peu parano. Mais c’est la vérité, tout ce que je t’ai dit, ce n’est pas une maladresse de ma part, je l’ai juste… Dit. Je n’ai pas cherché à attiser ta curiosité ou quoi, ni à passer pour le mec mystérieux qui fait des énigmes. Je me suis juste pas caché. J’en ai un peu marre de jouer à cache cache avec les gens, j’ai pas l’impression de vivre. Je suis pas allé en Arabie Saoudite pour le plaisir mais pour le boulot. Je suis allé en Colombie parce que j’avais de gros soucis avec mon pouvoir et qu’il y avait quelqu’un là-bas pour m’aider. J’ai quitté l’Europe pour mettre le plus de distance possible entre mon passé et moi parce que oui, on me cherche parce que je sais des choses. De la même façon qu’on cherchait ton Roswell parce que dans le gros puzzle de ce putain de monde, il possédait une pièce et moi une autre. Je veux dire que t’es assez intelligente pour savoir que tout ce qui se passe de nos jours, c’est pas hyper net. Et j’ai pas peur de toi. L’inverse serait plus logique, cela dit. Mais j’en sais rien… J’ai confiance en toi. »

Et c’était probablement une erreur, je ne la connaissais pas tant que ça, finalement ! Je veux dire, objectivement parlant.

« Je suis… Mort… L’année dernière et quelque chose, quelqu’un, m’a ramené à la vie et depuis, tout a changé. Mon pouvoir a évolué, ma vision du monde est différente, je n’ai pas les mêmes buts. »

Je me suis légèrement redressé pour me rapprocher d’elle. Je n’avais quand même pas envie qu’on nous entende. J’ai jeté un regard alentour avant de reprendre.

« Oublie les gouvernements, il n’y a pas que ça. Et je crois que ce que tu cherchais, c’était Scotland Yard, les services de renseignements britanniques, mais peu importe aujourd’hui, ça n’a pas d’importance. Il y a le KGB en Russie, si tu veux, aussi. »

J’avais peut-être confiance en elle, mais j’étais encore pas totalement débile pour lui parler de mon recrutement au sein de la CIA. Je l’ai dévisagée, un peu penché vers elle.

« Le truc, c’est que… Il me reste une chose à faire ici, une petite vengeance personnelle. Un compte à régler avec le mec qui m’a fumé et puis… Je pourrai quitter Megalopolis. Je sais pas encore précisément où j’irai, mais… Sûrement quelque part où il fait soleil toute l’année, que l’eau sent bon avec du sable entre les orteils… »

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais j’avais glissé ma main dans la sienne. Ca me désolait de l’entendre dire, en gros, qu’elle n’avait pas d’avenir, pas d’idée peut-être de ce qu’elle voulait ? Je connaissais ça, cette impression d’être là mais pas complètement ou pour personne précisément. Peu importait qui s’occupait d’elle, ce n’était pas ça qu’elle voulait. Pas à long terme. Comme moi, en somme. A cette époque, le MSS était un prétexte pour moi. Une façon stratégique de rester proche de Liberation, armé avec les ressources nécessaires pour faire tomber Abel mais pas ce qu’il y avait autour de lui. Jericho n’était que la première pierre de mon plan. Et même pour ainsi dire, je commençais déjà à me fatiguer. J’avais de plus en plus foi en le Chinois et ce qu’il me disait, le fait que la CIA ait recruté pour lutter contre la Chine ne me fait dire qu’une seule chose : ils ne valent pas mieux. La Chine a tenté de se redresser et de faire autre chose des ressources offertes par Yu, mais les USA, eux… Comme d’habitude, centrés sur leur nombril.

« Qui sait, tu pourrais peut-être venir avec moi. Mon avenir n’est pas certain, mais j’ai un objectif. »
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Sky Cervantes
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Il avait l’air étonné qu’elle ait pu lui ressortir le peu de ce qu’elle savait de lui. Pourtant c’était si succinct que ce n’était pas vraiment un exercice difficile. Il lui avait juste fallu mettre bout à bout ce qu’il lui avait distillé au fur et à mesure de leurs conversations.
Elle a souri quand il lui a proposé l’idée d’un autographe mais, même s’il s’en protégea, elle n’esquissa pas un geste, se contentant de jouer avec le bâtonnet de sa sucrerie.

- Hey, c’est pas parce que je réponds pas que j’écoute pas ce que tu me dis. Et toi t’es plutôt du genre à esquiver les questions, alors j’attends que tu parles tout seul, c’est vachement plus efficace.

Et force lui était de constater qu’elle avait raison. Garin se livrait à elle sans qu’elle ait besoin de le quémander. C’était étrange cette façon qu’ils avaient de fonctionner. Ca la déroutait un peu aussi quelque part. Certes, elle ne lui disait pas tout à son sujet, éludant ce qui la dérangeait et elle supposait qu’il faisait sans doute de même. Mais à son instar, il ne lui avait jamais traversé l’esprit de lui mentir ou de lui dissimuler quoi que ce soit sur ce qu’elle était, sa personnalité. Son seul mensonge à ce jour remontait à leur première rencontre. Se présenter sous un faux nom était par ailleurs une habitude, même plus une volonté.
Il lui parla, de façon assez décousue, comme à son habitude finalement, partageant en vrac des ressentis et des événements.
Oui, elle avait conscience du grand échiquier du mal qu’était le monde. Comment ne pas le comprendre, même quand on est si jeune ? Ailleurs, on créait des êtres surdoués en utilisant Yu, ici on les stigmatisait. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond ? On faisait d’une force potentielle pour les USA, une tare. Et des types comme Ros en venaient à devoir vivre cacher. Et à en mourir.
Ce qu’elle retint surtout de tout ceci, au-delà du fait que dans cette grande fresque elle commençait à apercevoir ce que l’Arabie et la Colombie foutaient là, c’était sa confession sur la confiance qu’il lui accordait.
Ca la toucha profondément parce que, pour elle, du haut de ses 17 ans, c’était le sentiment le plus intime, le plus difficile à partager. La confiance était un bien grand mot. Lui donner du sens relevait le plus souvent du défi. Pourtant, elle devait reconnaître qu’elle-même avait naturellement ressenti la même chose.
Elle était amoureuse, c’était indubitable, mais cela aurait pu sans doute arriver avec un autre tant elle avait tendance à se laisser embarquer dans ses élucubrations romantiques. Gourdasse. Cependant, cette complicité, ce partage spontané, ca n’avait rien à voir et cela contribuait à faire battre son cœur encore plus fort quand elle le regardait.
Il continuait de parler.

- Le mi5. Pour les Anglais. J’ai vu un vieux film. John Bond. James.

Oui, maintenant qu’il le disait ca lui revenait. John lui avait cassé les noix avec ca pendant des semaines, trouvant particulièrement excitant d’être un agent secret. Pour sa part, elle avait trouvé le film assez nul et l’acteur carrément dépassé. Même ses magnifiques yeux bleus étaient gâchés par sa mise old school et sa coupe de cheveux à la gomme.
Elle fit cette remarque pour elle, quand le souvenir était revenu, mais elle n’interrompit pas Garin. Pas vraiment.
Il estimait qu’il serait plus logique qu’elle ait peur de lui mais pour ca, il aurait fallu qu’elle puisse anticiper les dangers et avoir assez de plomb dans la tête. Or elle était très sélective dans ces disciplines. Non pas qu’elle ne sache pas faire, juste qu’elle ne le faisait jamais pour ce qui le méritait.
Et puis que voulait-il dire par « Mort » ? Un profond sentiment blessant qui l’aurait laissé exsangue ?
Elle fronça les sourcils.
Il avait l’air de le dire dans le premier sens du terme. Elle en voulait pour preuve le restant de sa confession sur ses désirs de vengeance. Ridicule. Elle n’avait sans doute pas compris ce qu’il voulait dire mais elle avait bien perçu la volonté farouche de clore une histoire qui devait se terminer définitivement pour qu’il puisse tourner la page et passer à autre chose.
Garin lui prit la main.
Ca devenait une habitude entre eux. Comme si le contact leur était indispensable.
Sky la retourna sans sa propre main, paume vers le ciel. Les doigts de sa main libres longèrent les lignes de vie et de cœur, elle caressa le renflement du pouce et la base du poignet.

- D’accord, répondit-elle à sa proposition en posant à plat sa paume contre la sienne. J’ai plus rien ici de toutes manières.
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Garin DeLyons
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J'ai souri. Doucement suffisamment pour savoir que ça aurait dû me faire rougir.

"Cool. Un rencard."

Je m'en voulais de ne pas ressentir ses doigts dans ma paume. Mon pouvoir avait guéri par bien des aspects mais il me rappelait, dans des moments comme celui-ci, que tout n'était pas facile dans la vie et que ça ne tombait pas tout cuit dans le bec. Je devais le mériter, moi qui n'était pourtant pas né avec. Je l'avais voulu. Enfin, non, pas vraiment, disons que j'avais essayé de changer d'avis mais ça n'avait bizarrement pas donné grand chose de l'autre côté. Mais le moins que je pouvais faire, c'était de vivre avec en l'acceptant et en faisant avec ce qu'on m'avait donné, ce que j'avais mérité. Ma vie n'était qu'une vaste farce et chaque jour, je me disais : "Tu feras mieux à la prochaine vie, mon vieux." Sauf que je n'avais ni frère, ni soeur, ni enfant. Mes parents étaient morts, ma lignée génétique s'arrêtait avec moi. C'était morbide de penser à sa prochaine vie, d'une certaine manière, mais j'avais envie de vivre. A tout prix. Je ne concevais absolument pas la possibilité de mourir et de ne pas revenir. Les souvenirs qui remontaient à mon esprit en étaient la preuve.

"Qu'est-ce que tu lis ?"

Ce n'était pas vraiment mon genre de croire à toutes ces conneries dans les lignes de main. Mais depuis que j'étais revenu d'entre les morts, ma perception de la spiritualité avait également changé. A commencer par le sens de la vie.

Rien que ça.

En tout cas, pour rien au monde je n'aurais dégagé ma main. Et alors que, des yeux, je suivais le trajet de ses doigts, la tête légèrement penchée, j'ai senti une de ses une mèche de ses cheveux me chatouiller le front
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Sky Cervantes
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Sky esquissa un sourire.
Elle ne lisait rien. Rien qu’elle put interpréter en tous cas.
Elle-même croyait aux fantômes, aux monstres du placard, évitez soigneusement de ne serait-ce que penser à Candyman quand elle se brossait les dents devant son miroir et était absolument convaincue que le Diable existait tout autant que Dieu. Elle croyait à tout ca parce que cela revêtait quelque chose de magique, cela donnait à la vie du relief, une dimension qui laissait entendre que tout pouvait arriver, pouvait exister, mais qu’elle ne le voyait pas. Cela contribuait à entretenir cet espoir fou qu’elle plaçait dans la vie, alimentant le feu qui brûlait en elle. Alors oui, elle aurait pu croire ce qu’une diseuse de bonne aventure aurait trouvé dans la main de Garin, mais elle n’en était pas une.

La splendeur qui les entourait, l’émotion qui l’étreignait, leur proximité, ou bien juste parce qu’elle en avait envie à ce moment… qu’importe la cause… elle se dit que la chance, parfois, souriait aux audacieux.
Sky ne répondit pas.
Elle se pencha vers lui et posa ses lèvres sur les siennes.
Son cœur s’arrêta de battre, le monde se fit silencieux.
Quand elle s’écarta, elle retint son souffle, tout à la fois terrifiée et transportée de ce qu’elle avait osé.
Son baiser avait le goût de ses sucettes, à la fraise.
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Garin DeLyons
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Vous voulez que je vous dise ? J'avais beau faire le paon enfariné la moitié de la journée, les filles, pour moi, c'était le mystère de la terre. Je n'y comprenais rien et c'était tout juste si je prenais le temps de m'y intéresser pour peu que l'une d'elle soit suffisamment exceptionnelle pour attirer mon attention. C'était le cas de Sky. Mais comme à chaque fois, je ne réfléchissais pas. Ni à ce que je disais, ni à ce que je faisais, ni à ce que tout ça signifiait pour elles comme pour moi. C'était sûrement cette raison pour laquelle Eve s'effaçait de mon esprit petit à petit. Mais même si je ne réfléchissais pas - ou peu - je ne fonçais pas non plus tête baissée et je n'aurais rien fait si je n'avais pas eu l'impression que Sky pensais la même chose que moi. Mais même là, elle m'a pris de vitesse. Ou alors, elle en a eu marre de me regarder prendre mon temps.

L'un comme l'autre, j'ai toujours eu un timing de merde.

Sous la surprise, je me suis raidi et j'ai retenu mon souffle, sans pour autant la repousser. J'ai senti la rambarde dans mes reins et comme d'un fait exprès, mon pouvoir s'est activé pour me protéger de cette horrible barre de fer qui intentait à ma vie de vénérable chevalier. Et à peine ai-je eu le temps de sentir les lèvres de Sky contre les miennes qu'elle s'en détachait.

Mon pouvoir avait un sens de l'humour vraiment particulier. Il me privait de sensations comme celles-ci mais il suffisait qu'il soit occupé ailleurs et il laissait libre court à la chair de poule qui redessinait mes bras.

Je l'ai dévisagée, sans bouger, mais ça n'a duré peut-être qu'une seconde. Je n'étais pas complètement réfléchi, comme d'habitude. J'agissais et réagissais à l'instinct et à l'envie. Comme Sky, finalement. J'ai profité que mon pouvoir soit toujours concentré à protéger mes reins d'une menace invisible et j'ai libéré ma main. Pas pour m'éloigner d'elle, mais pour la ramener à moi. Mes doigts ont glissé sur sa mâchoire jusqu'à se mêler à ses cheveux alors que je la couvais de mon regard. De ce geste, encadrant son visage, mon nez a frôlé le sien. Ressentir à nouveau, c'était comme un don du ciel et je voulais en profiter tout le temps que ça durerait, aussi court soit-il.

Elle avait ce goût typique de fille, fruité et sucré et je n'en avais pas eu assez. Je sentais un picotement dans mes doigts, causé par ses cheveux glissant sur ma peau et j'en savourais chaque fourmillement alors que mon pouce caressait sa joue. J'ai embrassé ses lèvres brièvement, relevant son nez du mien, quelque peu hésitant quand même. Nous nous tenions entre la Ville Haute et le Sanctuaire, même si ce dernier était assez loin et ni l'un ni l'autre, nous n'avions réellement notre place ici. Quelque part, nous appartenions au même monde, même si je ne savais pas encore bien lequel. J'ai finalement fondu avec force sur ses lèvres en la serrant d'autant plus contre moi et un feu nourri a embrasé ma poitrine, se propageant à travers mon baiser. Et à ce moment-là, je ne pensais plus à rien, ni à personne. Ni Eve, ni Angela, ni même le Chinois ou encore ma vie en général. C'était un de ces rares moments où j'étais moi-même et uniquement moi-même, quelqu'un se rapprochant sensiblement de ce gamin de 17 ans insouciant qui lorgnait sur les filles avec l'espoir d'un jour trouver celle qui lui irait comme un chausson de verre à Cendrillon. Quelque part, au fond de moi, j'étais juste Daniel.

Je sentais même jusqu'à mon coeur battant à tout rompre dans ma poitrine contre celle de Sky. J'ai retrouvé ma respiration, jouant brièvement de mon nez avec le sien et j'ai souri. Mon pouce a souligné ses lèvres et j'ai à nouveau embrassé ses lèvres, plus doucement, cette fois. Mon rougissement était certainement visible, cette fois.

"Je savais que t'étais folle de moi."

La réplique qui tue, c'est toujours pour moi.

On a tapoté mon épaule et j'ai tourné la tête avec un regard noir pour voir un vendeur de fleurs - de roses multicolores - me sourire de dents particulièrement blanches. Dérangément blanches.

"Une jolie rose pour une jolie fille ? Regarde, elles sont magiques !"

Et il a déposé délicatement la rose sur les lèvres de Sky, rougies par sa sucette. Celle-ci en a pris la couleur sans perdre de son scintillement particulier, comme si elle venait juste d'être coupée de son arbre. J'ai haussé les sourcils mais de là à offrir une fleur transgénique à une fille qui trouverait plus de fun à les voler dans le jardin d'un riche bedonnant Pro-Négatif... Rassuré, finalement, qu'il n'y ait pas de danger, j'ai souri.

"Je crois qu'en trucs brillants, elle a ce qui faut. C'est que je la gâte !"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Ce genre de quitte ou double ca avait le don de lui mettre les nerfs en pelote. Mais quand on est joueuse, on ne se refait pas.
Pour le coup, son pari la mena au-delà de ses espérances.

Tout ce qu’elle ressentait ou pensait tenait dans cette seconde d’éternité où elle s’était écartée de lui. La crainte qu’il la rejette, l’espoir fou qu’il réponde à son baiser. Après tout, c’était nouveau pour elle. Jamais elle n’avait ressenti quelque chose d’aussi intense pour un autre, pas même pour John. L’inconnu ne l’effrayait pas outre mesure mais le rejet… toute l’histoire de sa vie et cela la terrifiait.
Elle crut qu’il allait se dérober quand elle lut la surprise sur ses traits mais il se ressaisit presque aussitôt et sa main glissa sur son visage et dans ses cheveux.
Sky pensa défaillir mais ses jambes tinrent bon.
Sa caresse était si douce, comme il en était capable à chaque fois.
Il fut d’abord tendre et délicat, puis son baiser devint plus gourmand et elle comprit que son cœur battait à l’unisson avec le sien.
Elle ferma les yeux pour profiter de cet instant de grâce et sentir son corps s’engourdir, sa bouche brûler du feu de son étreinte.
C’était si fort et si doux qu’elle aurait voulu que jamais cela ne s’arrête.
Mais tout a une fin.
Elle avait le rouge aux joues et de ce point de vue, elle n’avait rien à lui envier. La nuit masquait aux regards des autres leur émotion qui s’affichait sur leur visage, le témoignage intime de ce que l’un ressentait pour l’autre et qu’eux seuls ne pouvaient voir tant ils resteraient proches.
Mais Garin était Garin.
Là où elle aurait volontiers prolongé le conte de fées, il ne put s’empêcher de l’ouvrir. Et en bon public qu’elle était, elle rit.
Il n’y a que dans les poèmes de Lamartine que le temps suspend son vol et que les heures propices suspendent leur cours. Dans la vraie vie, y’a toujours un type qui se sent de venir faire chier quand c’est pas le moment. Dur retour à la réalité alors qu’elle était encore sous le coup de son émoi et qu’elle venait à peine de quitter les étoiles.
La modernité avait amené son lot d’évolutions bénéfiques à l’humanité mais elle avait été complètement incapable de faire disparaître les vendeurs de fleurs à la sauvette. Sick Sad World.
L’importun se sentit obligé de faire une petite démonstration de son dernier gadget à la mode et elle lui aurait volontiers fait bouffer sa rose et pas nécessairement par la bouche.
C’est Garin qui intervint, renvoyant le vendeur dans ses pénates, avec sans doute plus de diplomatie qu’elle en aurait été capable.
Elle ne pouvait pas comprendre l’allusion qui le faisait sourire mais oui, en trucs brillants, elle avait ce qu’il fallait. Elle y avait veillé.
L’homme n’insista pas. Des touristes, il y’en avait assez, et l’un d’eux finirait par lui acheter une de ses roses.
Quand il s’éloigna, Sky reprit définitivement pied même si son cœur avait entreprit de composer une symphonie assourdissante. Raison lui demanda de la mettre un peu en sourdine mais le fourbe n’en avait rien à faire.

- T’es un malin. Tu me fais croire que tu connais pas, mais en fait t’amènes toujours les filles ici. T’as raison ca marche.

Et Sky retrouva son petit sourire moqueur.
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Garin DeLyons
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Alors que le vendeur s'éloignait - et que je me retenais un fou rire - j'ai reporté mon attention sur Sky et en voyant son expression désabusée, il m'a été d'autant plus difficile de ne pas éclater de rire. Je ne parle même pas de la suite... Sky avait ce don de me faire rire avec n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment !

"Ouais, t'as raison." J'ai pincé le pan de son haut pour l'attirer à moi. "C'est trop bien ici, je les amènerai toujours ici, dorénavant." Je lui ai donné un dernier bref baiser en riant contre ses lèvres. "C'est vrai que j'ai des tas de filles. Je suis un foutu tombeur !"

J'entendais déjà le Chinois. "Elle est pas un peu jeune pour toi ? Ah non, j'oubliais, 15 ans d'âge sentimental. Et sinon, elle sait que t'es un mort vivant ?" Ha Ha, très drôle, comme toujours. Bizarrement, ça ne m'arrêtait pas. Pour une fois que j'étais le plus âgé. Et puis j'ai percuté. Je me suis reculé d'un coup en fronçant les sourcils.

"Est-ce que tu viens de dire que mon charme est inopérant à l'extérieur d'un tube de verre ? Mon sourire vaut 60 millions de Yuan° !"

J'aurais pu me sentir totalement à l'aise avec cette situation. Si j'avais été un type normal. J'espérais également que Eve ne se souvienne toujours pas de moi. Mais je me sentais une certaine responsabilité envers Sky, à présent. J'avais l'impression que maintenant, plus qu'avant, j'allais devoir garder un oeil sur elle. Deviendrait-elle ce que le Chinois appelait une distraction ? Je lui prouverai que non. Je lui prouverai, qui plus est, que Sky pouvait se révéler un élément essentiel, d'ailleurs.

"Et encore... T'es une vraie chanceuse, tu le sais même pas." J'ai acquiescé, malicieux, en pinçant les lèvres. "C'est que pour toi, je trouve du temps. J'ai une amie, je t'ai plus vue ces derniers temps qu'elle depuis le début de l'année." Mais d'un coup, j'ai froncé les sourcils en me souvenant de quelque chose. "Tu n'as pas parlé d'un accident dans le métro récemment ?"

Ou bien était-ce quelqu'un d'autre ? Pourquoi est-ce que j'associais Sky à cet événement ?

°Environ 10 millions de dollars
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Sky Cervantes
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Elle haussa un sourcil et le laissa causer. Blablabla.

- Dois-je vraiment préciser que la prochaine que t’amènes ici je lui arrache les yeux ? tu ne m’as pas encore vu à l’œuvre avec une petite cuiller…

…une fourchette ou même un trombone. Une vraie petite merveille d’ingéniosité quand il s’agissait de préserver ou d’embellir ses plates-bandes. Aucune gonzesse ne fait pipi partout pour marquer son territoire. Le franchissement de la frontière est létal. Juste. Y’a pas de sommation.

- Après je vois pas trop ce que vaut un Yuan mais te connaissant, je dirais que 60 millions c’est déjà trop, beau gosse. Et tu peux pas dire que tout ca…
d’un mouvement de tête elle engloba le ciel, les lumières et la vue spectaculaire… n’aide pas un peu ton charme ravageur. Tu serais un sacré foutu menteur !

Elle lui adressa un clin d’œil mais pour être honnête, elle n’arrivait pas à se départir de son sourire, flottant dans une sorte d’état second. Le lendemain elle aurait surement des courbatures aux zygomatiques si c’était possible. Possible même qu’elle soit d’une humeur joyeuse pendant ses cours. Et possible aussi, si la chance n’avait pas complètement tournée, qu’elle arrive enfin à coincer Matt et Sunny.
Gourdasse au carré.

Lorsqu’il fit allusion à l’accident de métro, elle secoua la tête. Non, elle ne lui en avait pas parlé mais elle se souvenait soudainement de ce que Angela avait dit au sujet de leur interview avec Shannon. La notoriété risquait de frapper à leur porte. Pour autant qu’elle ait pu le voir, cela n’avait pas été le cas. Quelques personnes du Casino lui avaient fait part de leurs commentaires sur son Show (ce n’était rien d’autre pour elle, un jeu où elle avait pu se donner en spectacle) mais aucune extérieur ne l’avait accostée.
Si Garin abordait le sujet, c’est soit qu’il avait vu l’émission, soit que quelqu’un d’autre lui en avait parlé.

- Je crois pas t’en avoir parlé non. Mais y’a pas que les malades afro-américains qui m’en veulent. Les métros aussi ouais. J’suis passée à la télé juste après. La gonzesse et moi qui avons aidé à faire sortir les blessés on a été interviewées par Shannon…
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Garin DeLyons
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« Je crois que je vais vite me faire à cette situation. »

Dis-je avec un sourire en coin. Pourtant, la jalousie, j’avais horreur de ça. Mais qu’on puisse marcher sur des corps pour protéger ce qui lui appartenait (moi), c’était flatteur. Je m’occuperai de la folie que cela impliquait… Plus tard. D’abord, j’en ai profité un moment. Je n’arrivais toujours pas à lui expliquer le véritable secret de mon pouvoir. Pas encore. Pas par manque de confiance mais parce que je n’avais pas envie de passer pour un abruti fini qui se la pète. Peut-être qu’un jour… Je lui montrerai. Ce sera plus simple.

En parlant de mon pouvoir, celui-ci regagnait la totalité de mon corps et avec lui, l’insensibilité. Ca a pris de longues minutes, mais je savais que bientôt, ce serait fini. Pour aujourd’hui.

Je l’ai écoutée, écoutée, écoutée, les sourcils froncés et j’ai fouillé dans ma mémoire. Pourquoi j’associais autant Sky et Angela à un accident de métro. Le Chinois m’en avait parlé oui et puis, c’était paru dans les journaux. Encore des Positifs qui ont oublié de faire honneur à leur héritage… Et d’un coup… Ca m’a percuté. J’ai écarquillé les yeux en inspirant profondément.

« C’ÉTAIT VRAI ??????? » Un fou rire me remontait de la gorge. « Le Chinois m’a dit l’autre jour ‘Tiens, Angela est passée à la télé.’ Mon amie, dont je viens de te parler. Alors, j’ai ri, j’ai répondu ‘C’est ça oui, Angela à la télé.’ Et puis, il a ajouté ‘Avec Sky, d’ailleurs, elles ont aidé à extirpé des prisonniers du métro.’ Alors, moi, j’ai ri ! Il me dit ça avec un sourire, comme à chaque fois qu’il me fait marcher - ce qui lui arrive fréquemment - alors je ne l’ai pas cru ! Je passais juste par la cuisine me prendre un truc à manger avant d’aller me coucher, j’étais rincé de la journée, un vrai zombie. Je suis parti sans demander mon reste et puis j’ai oublié. J’ai rigolé cinq minutes et je me suis endormi. »

Et parce que je le répète : j’ai un timing de merde, j’ai brusquement pris les épaules de Sky entre mes mains, le regard fichtrement inquiet.

« Tu vas bien ?! »
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
- En dehors du fait qu’une rame de métro m’a ratée à 3 pouces près et que je me suis vue mourir, oui je vais bien, merci, dit-elle en écartant ses mains inquiètes de ses épaules. Je m’en suis mieux tirée que le chauffeur, tu peux me croire.

Le genre de truc qu’elle pourrait raconter à ses petits-enfants si elle finissait un jour par être assez inconsciente pour seulement envisager une descendance. Vu qu’elle n’était plus à une connerie près cela dit, elle restait prudente et évitez toujours d’employer « jamais ».

- Je me suis juste foulé poignet et le médecin l’a immobilisé le temps que je récupère.

Pour attester de sa bonne santé, elle tourna l’articulation dans tous les sens.

- Ils m’ont enlevé la résine y’a une dizaine de jours. C’était vraiment rien.

Elle passa allègrement sur les conséquences de la peur de sa vie et son strip-tease improvisé pour grimper sur les épaules de ce jeune homme. Mon dieu, dit comme ca, à froid, elle pria bien fort pour que l’énergumène n’ait pas l’idée d’exploiter le filon médiatique et se sente de balancer tout ca sur les réseaux. Il faudra quand même qu’elle aille explorer le net par acquis de conscience.
N’empêche qu’elle n’avait pas eu le fin mot de l’histoire concernant cet affrontement entre Positifs et même Angela se perdait en spéculations sur le sujet.

- Megalopolis est un village apparemment alors ?
Angela est une fille super, vraiment. On s’est revu après le drame pour faire un peu plus connaissance dans de meilleures conditions, tu vois. Elle m’a trainée sur sa moto, elle aussi, mais je lui ai pas offert de robe après. J’ai juste profité d’un concert privé avec elle et ses potes autour d’une bière. Un moment cool. Ils sont vraiment sympas. Tous. Je leur ai promis d’aller les voir jouer un de ces soirs.


Machinalement, comme à chaque fois qu’elle réfléchissait ou qu’elle sentait le manque poindre, elle fouilla dans une poche de son jean pour trouver une sucette. C’était automatique, elle ne s’en rendait même plus compte.

- Elle a vraiment assuré tu sais. Son sang-froid, son professionnalisme. Elle a jamais flippée, elle est restait droite, tout le temps, même quand on s’est retrouvé face à ce mec positif. J’pense pas qu’il ait voulu nous agresser mais j’t’avouerai que sur le coup, ca paraissait pas si évident.

En y repensant, elle avait bien cette batte de base ball dans la main mais c’est Angela qui s’était montrée dissuasive.

- Enfin voilà. On a fait connaissance un peu bizarrement. Et toi ? tu la connais d’où ?
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Garin DeLyons
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Je l’ai écoutée parler avec un air d’effroi. La personne qu’elle me décrivait n’était pas Angela, c’était… Impossible ! Pour moi, Angela était une fille inconsciente, bercée par le confort d’une certitude qu’elle s’était inventée pour se voiler la face. Je n’étais pas vraiment juste, mais j’ai voulu l’aider… Pas qu’elle échappe à son destin. J’avais accepté le mien avant qu’on ne décide subitement de me réveiller dans cette rue. Je peux vous garantir que j’ai eu beau y réfléchir pendant des jours, ça m’a pris des semaines avant d’accepter d’être revenu à la vie quand d’autres n’avaient pas eu cette seconde chance de faire quelque chose de leur vie. Qui plus est, « pourquoi moi » s’était transformé en « mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour que ça ait un sens ? » Alors que Angela dise oui froidement aux Chinois pour devenir Candidate dans L’HYPOTHÈSE que ça l’aide…

Décidément, à part la tête brûlée, irréfléchie et inconsciente que je connaissais, nous ne devions pas parler de la même personne et mon regard a dû se faire dur, d’une certaine manière. Je n’étais pas avec Sky comme j’étais avec Angela.

« Elle… Euh… » J’ai froncé les sourcils en fermant les yeux pour réfléchir. Ca ne faisait qu’un an, maintenant, mais tout avait tellement chaviré depuis que j’ai dû faire un effort de mémoire - et pas des moindres en me frottant la tempe. « Un copain, euh… De ton Roswell et moi, à l’époque. » J’ai rouvert les yeux mais toujours concentré. « Il a essayé de la draguer. On était dans un bar dans lequel elle travaillait à l’époque, un truc miteux mais on aimait y passer du temps, pour décompresser. Jason et moi, on bossait au même endroit, mais lui il était dans les transports, ‘fin j’imagine qu’il l’est toujours. Moi, j’étais plutôt sur les docks, chargement, déchargement. Bref, peu importe. Et je sais pas, il a vu cette nana… » J’ai désigné le vide de mes deux mains et j’ai haussé les sourcils. « Jericho a dit ‘Que de la gueule, ça marchera pas.’, l’autre s’est levé et il lui a fait le coup de l’ange déchu. On n’y croyait pas, et maintenant que je la connais bien, je peux te dire qu’un truc pareil, ça ne marcherait jamais sur elle en temps normal. Elle a dû vouloir lui faire plaisir et lui éviter de s’attirer plus de honte. Ce qui est assez étrange parce que Jason n’est pas un mec hyper engageant. Mais il l’a vue et j’imagine qu’elle lui a plu ! Il a dû partir et c’est à moi qu’est revenu la lourde tâche de lui filer son numéro… Sauf que visiblement… Elle… » J’ai grimacé. « M’a préféré moi ? » Et j’ai regardé Sky en rentrant légèrement la tête dans les épaules.

Jusqu’où irait sa jalousie ? Mon cerveau s’est enfin remis en marche et je me suis rappelé que je ne connaissais pas Angela du bar, mais d’avant.

« Ne lui répète jamais si tu la revois mais sa moto me faisait peur… J’ai dû décliner son offre. »

Bravo Garin, tu passes pour un goujat, c’est bien, ça change du psychotique paranoïaque.

« Mais on n’arrive pas à se voir depuis des mois. Et pour tout te dire, on s’engueule presque tout le temps… On s’appelle, de temps en temps, mais elle travaille beaucoup et le Chinois me lâche plus. Tu sais… »

J’ai baissé les yeux et j’ai repris ses mains dans les miennes. Toute sensibilité avait disparu, maintenant et j’ai soupiré. Je ne pouvais pas m’amuser à localiser mon pouvoir dans un point précis, juste pour apprécier sa peau contre la mienne. Ca me demandait trop d’énergie et la journée arrivait à sa fin, j’étais déjà passablement fatigué.

« Ce qui me plaît chez toi, c’est ta force de vivre, c’est ton courage et ta détermination. Ne laisse jamais personne te dire l'inverse. Peu importe ce qui s’est passé dans ce métro, ce que je sais, c’est que j’ai pas besoin de regarder par-dessus mon épaule pour m’assurer que tu es toujours derrière. Je sais que tu suis. Et c’est ce qui me plaît. » J’ai relevé les yeux dans les siens et j’ai porté ma main à sa joue pour lui caresser d’un léger sourire. « Je me fiche de savoir d’où tu viens ou ce que tu as fait. Tu es comme moi, tu n’as qu’une envie, c’est vivre. Et j’avais vraiment besoin de quelqu’un qui soit comme moi. C’est difficile à expliquer mais j’ai un but dans ma vie, maintenant, sauf que je le parcours seul et je t’avoue qu’il y a des jours, c’est pesant. Je peux pas tout te dire, parce que je veux pas que tu crois que je me plains, que j’ai besoin de pitié ou quoi, je vais très bien, je m’en sors très bien, juste… Je m’en sors mieux accompagné. Hyun, c’est particulier, il m’a sauvé la vie plus de fois que je ne peux en compter dans un calcul mental et je ne parle pas d’une simple vie, je parle… » J’ai tapoté ma tepe. « Là-dedans. C’était plutôt le bordel, avant… Ca va mieux, grâce à lui. Je lui dois beaucoup. Mais… » J’ai haussé les épaules. « Je suis content que tu sois là. Je me sens moins seul. C'est facile, avec toi. Ca me repose. »
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky ne connaissait pas Angela. Enfin pas suffisamment en tous cas pour avoir une opinion d’elle différente de celle qu’elle avait livrée à Garin.
Pour sa part, elle l’avait trouvé impressionnante, même si Angie avait mis ses réactions sur le compte de son avidité pour l’adrénaline. Après tout pourquoi pas.
Sa rencontre avec Garin était finalement des plus banales.
Elle lui adressa un regard de merlan frit quand elle le vit hésiter à lui avouer les préférences de la blondinette

- Ne prend pas tout ce que je te dis au premier degré non plus tu vas te faire un ulcère à ce rythme….

Mais tandis qu’elle déballait enfin une sucette sur laquelle elle avait fini par mettre la main, elle explosa de rire. Mais vraiment. Du genre « t’es le roi du foutage de gueule quand même »

- T’as eu peur de sa bécane ? tu me charries là ! T’as joué les matadors sur deux roues avec moi et t’as flippé quand elle t’a proposé de te raccompagner ? T’es juste… laisse tomber !

Elle avait du mal à contenir son rire et elle secoua la tête. Elle l’imaginait, face à une Angela aussi sure d’elle qu’elle lui avait démontrée dans le métro, confus de se voir proposer ce que son ami espérait. Et puis qui drague encore avec des trucs aussi débiles que ca ? Sky était à peu près sure qu’Angela avait du repérer Garin bien avant que lui-même ne comprenne qu’il était l’objet de son attention. Ledit Jason n’avait été qu’un moyen, pas une fin. En tous cas, elle le sentait bien comme ca mais elle garda ses réflexions pour elle.
Il continua sur sa lancée mais cette fois son ton avait changé. Il ne s’agissait plus de son amie mais d’elle et Sky se vit particulièrement touchée par son éloge. Elle profita de sa caresse pour rouler sa joue contre ses doigts. Elle n’était pas dépourvue de sensations, elle.
Etre là, juste là. C’est un rôle qui lui convenait bien.

- Alors on sera deux. Juste comme ca, à profiter, sans se prendre la tête. Je resterai tant que tu voudras de moi.

Et puis nous chanterons joyeusement sous la pluie de merde qui ne manquera pas de s’abattre un moment ou à un autre sur nos tronches ahuries. Parce que, hey, s’ils avaient additionné 1+1 entre deux baisers, ils avaient tous deux parlé de vengeance. Autant dire qu’en termes de perspectives d’avenir, on était loin de la petite maison dans la prairie.

Elle l'embrassa à son tour puis revint sur Angela. Sky avait cru percevoir qu'il était ennuyé de ne la voir que rarement et pour s'engueuler. Ca pouvait se comprendre.

- On pourrait aller tous les deux à un de ces concerts. Peut-être que dans une ambiance plus cool vous arriveriez à vous parler et à partager un bon moment...
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