2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [Tomorrow Night Talks - 27/01/75] Rencontre avec R. Aberline et C. Fairbanks

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Shannon O'Dair
Shannon O'Dair
[Tomorrow Night Talks - 27/01/75] Rencontre avec R. Aberline et C. Fairbanks Utv_meeting_odair-riot1

27 janvier 2075 - 8.27pm
Channel 1 - UNITED NEWS En Direct
Parvis du Hall of Justice de Megalopolis, PD.



[Tomorrow Night Talks - 27/01/75] Rencontre avec R. Aberline et C. Fairbanks Avatar_lux_cal
Cal Fairbanks, Procureur d'Etat de Polis District
Le micro de l’envoyé spécial se coupa un peu brusquement et son visage disparut de l’écran. Les projecteurs, déjà, se rallumaient sur le plateau, mettant en exergue les visages graves des deux invités et de la présentatrice. Shannon n’en était pas à sa première émeute et elle avait déjà couvert des sujets d’une gravité au moins équivalente.

« Merci encore à Jimmy MacAllister et Dan Clark pour ce reportage exceptionnel sur les événements d'aujourd'hui, événements que vous avez pu suivre en direct sur notre antenne heure par heure. A cette occasion, je reçois Richard Aberline, récemment élu au Sénat de Polis District et conducteur des projets avant-gardistes de la Waleman Dynamics, et Cal Fairbanks, fraîchement Procureur d'Etat. »

Mais ce n’était plus vraiment la peine de les présenter. Shannon leur avait adressé un signe de tête, tour à tour, incitant la caméra à se braquer sur les visages de ces deux personnages emblématiques de l’opinion publique d’aujourd'hui. En arrière-plan, les images choquantes de l’émeute continuaient à défiler en boucle dans un silence, bien inhabituel, juste troublé par la voix de la jeune femme. Croisant une jambe sur l’autre, Shannon pencha la tête, ponctuant ses phrases d’un geste de la main.

« Le bilan est encore provisoire, ce soir. La police fait état de 14 morts juste dans l'explosion et de plusieurs blessés graves qui ont été presque immédiatement évacués vers les hôpitaux les plus proches. Monsieur Fairbanks, vous êtes réputé depuis des années pour défendre la cause des Positifs au sein de notre société, mais également au coeur même de notre monde. Vous avez déjà défendu de nombreux Positifs au tribunal. Votre dévotion a forcé l’admiration même chez vos opposants. Croyez-vous qu’il y ait un lien de cause à effet entre le fait qu’il s’agisse là de Positifs et la survenue d’actes d’une extrême violence ? Peut-on dire ce soir qu’être Positif prédispose à cette violence ? »

Cal Fairbanks prit le temps de la réponse. L’émission avait été préparée sur le vif et Shannon était quelque peu nerveuse. Les questions n’étaient pas réellement préparées, le script était à l’improvisation et le silence la força à considérer chaque expression que pouvaient montrer les deux hommes. Elle se contenait pour ne pas se ronger les ongles récemment manucurés et ne pas entortiller ses boucles d’or autour de son index après avoir été coiffée à la mèche près. Elle savait que les premiers mots qui seraient prononcés donneraient le ton. Finalement, Cal répondit et sa voix raisonna sur le plateau.

« Je pense que votre article est la cause de ce qui est arrivé ce soir. »
« Mon article ? Vous voulez dire que je suis responsable de cette tragédie ? »
« Non, ce que je veux dire, c’est que nous sommes ici trois Négatifs à parler de la vie et de la mort d’êtres humains que l’on ne considère plus comme tel depuis l’Épidémie Yu. Sous prétexte qu’ils sont différents, nous devons les condamner. Ils ne sont pas plus différents que vous et moi, Mademoiselle O’Dair. Votre article fait l’apologie de l’Underground et pose cette communauté comme martyr de la résistance. Le Vilain Carter Mitchell est anti-Positif, il faut l’abattre en laissant entendre qu’il finance des mouvements tels que celui de Liberation… »
« Ce n’est pas ce que j’ai écrit, il me semble. »
« Non, mais c’est ce que les gens ont lu. Là est la différence. Le problème de votre métier, Mademoiselle, c’est que vous devez condenser des années de faits en moins de 2000 mots, vous êtes obligés de passer à côté de la vérité. Vous faites votre travail et en ça, nous vous remercions. Néanmoins, la justice et les médias n’ont jamais vraiment fait bon ménage. Quand nous essayons de démêler des noeuds qui déchirent une société comme la nôtre, vous ne pouvez faire autrement que résumer les faits et malheureusement, chacun y voit ce qu’il veut, ensuite. Je ne dis pas que vous êtes la cause d’une horreur pareille. Mais les gens sont en colères, Mademoiselle O’Dair, depuis longtemps. Vous leur avez donné simplement l’opportunité de se révolter avec un bon argument. »
« Mais celui-ci n’est pas avéré. »
« Peu importe. Peu importe qui est derrière Liberation, là n’est pas la question, vous leur avez offert un ennemi commun à abattre. Et c’est tout ce qu’ils attendaient. »

Les images correspondantes se mirent à défiler sur grand écran dans le dos de Shannon, des images qui avaient déjà fait le tour du pays et des chaînes de télévision. Et malgré les mouvements de la caméra à l’épaule, la bousculade et les badauds effrayés qui passaient devant le champ, les silhouettes de meneurs de files se détachaient nettement de la foule de manifestants. Shannon se racla la gorge avant de porter son attention sur Richard Aberline.


[Tomorrow Night Talks - 27/01/75] Rencontre avec R. Aberline et C. Fairbanks Avatar_lux_richard
Richard Aberline, Sénateur de Polis District
« Sénateur Aberline, quelle est votre opinion à ce sujet ? »
« J’aimerais vous dire que je ne suis pas inquiet. Qu’un événement comme celui-ci se produise alors que j’accède tout juste au Sénat, et que je n’ai pas encore pris toutes mes marques, je crois que cela est un signe. J’y vois là comme l’opportunité, malgré des circonstances tragiques, de faire quelque chose et de prouver que tout ce que j’ai entendu lors de ma campagne - celle-là même que vous avez magistralement administrée, par ailleurs... - »
« Doit-on d'ailleurs s'interroger sur l'indépendance de la presse, ce soir ? » Glissa Cal avec un sourire mi-figue, mi-raisin, qui n'empêcha pas Richard de poursuivre. Bien que nerveuse et peu à l'aise, Shannon n'en montra rien et demeura silencieuse.
« ...est réalisable. Il n’est pas question d’ordonner des couvre-feux ou d’interdir le passage de Positifs dans des lieux à majorité Négative. J’ai pour mission de travailler en étroite collaboration avec Cal Fairbanks mais je dois également m’assurer que ni l’une, ni l’autre des parties ne soit un danger pour la ville, celle-ci même pour laquelle je travaille tous les jours. Je ne veux pas paraître enfantin mais il est temps de se focaliser plutôt sur les méchants qui font des choses pas belles, peu importe qui ils sont, plutôt que ce dont ils sont capables - ou non - avec leurs petites mains. Avant, il y avait les noirs, maintenant, il y a des mutants mais l’histoire est la même… Je dis que si un Positif a assassiné sa femme, il mérite le même traitement qu’un Négatif mais que la présomption d'innocence s'applique autant à eux qu'à nous. »

L’écran suivait à présent les factions policières, tentant de contrôler les dissidents violents à l’aide de tazers. Si l’intention de ne pas blesser mortellement était louable, au milieu de la foule et de la bousculade, cela donnait surtout l’impression d’un combat de David contre Goliath. Et ces images ne redoraient pas le blason déjà entaché des Positifs qui semblaient se jeter sur leurs opposants comme une meute de loups sur un troupeau d’agneaux sans défense.

« Pensez-vous alors qu’il s’agisse d’un défaut de confiance de la société envers les Positifs ? Carter Mitchell avait-il raison en parlant de la menace de l’Underground ? »

Cal Fairbanks se redressa en s’appuyant d’une main sur l’accoudoir de son fauteuil.

« Carter Mitchell est une cible facile ici. »
« Je suis certain que les habitants de la Ville Basse sont heureux de l’entendre. »
« Ce que je veux dire, c’est que ces émeutes sont l’explosion qui couvait depuis des années. Il n’est pas le premier à montrer du doigt l’Underground, il est simplement le premier à le faire pour protéger notre ville. »
« En financement des groupes secrets et en mettant des gens à la rue. »

Cal désigna Richard d’un index en dévisageant Shannon qui resta impassible.

« Voilà où je veux en venir quand je parle d'interprétation. »
« Vous êtes censé aller dans le sens de la ville, vous avez rendu un jugement contre lui. »
« Cela implique que j’ai soigneusement pris en considération chaque élément de cette enquête. Loin de moi l'idée de faire de Carter Mitchell un martyr, mais il n’est pas insensé de rappeler que l’enfer est pavé de bonnes intentions. S’il a mal agi, il l’a fait avant tout pour Megalopolis. »
« Ces actes ne seront malheureusement pas isolés. Ils en appellent à la révolution comme ce qui est déjà arrivé en 2055. »
« Les affrontements d’octobre 55 à Baltimore ne sont pas comparables et sont d’une autre époque de laquelle nous sommes heureusement revenus. »
« Non, mais ces événements ont déclenché d’autres attaques et l’on a pu voir des groupes similaires naître aux quatre coins du monde. C’est le principe d’une révolution. Liberation n’est pas le seul mouvement sur le continent Nord-Américain. Encore moins dans le monde. »

Shannon secoua la tête pour relever le menton.

« Hélas, quand nous voyons ces images, il serait assez aisé de faire un amalgame et il est même presque compréhensif que la population ait peur des Positifs, non ? »

Cal secoua la tête. « Bien sûr que c’est normal. Les gens ont peur, mais la peur conduit à des comportements comme ceux dont nous avons été témoins. J’aimerais vous dire que les Positifs sont des Bisounours et les Candidats des licornes, mais dans un monde parfait, les Bisounours seraient des dealers de drogue et les licornes des sombrals issus du monde de Harry Potter. Trouver un équilibre dans notre monde avec ces personnes capables du pire comme du meilleur, ce n’est pas une révolution qui se fera en un seul jour, ni en une seule bataille. »
« Pensez-vous que cette émeute pendant le procès ait influencé la décision du tribunal ? Certains accusent d’un certain laxisme à l’encontre de Mitchell. Pensez-vous qu’il y ait eu parmi les décisionnaires des personnes qui soutiennent le point de vue de l’ex-candidat ? »
« C’est évident. Mais ce n’est pas criminel. La peur mène également à des raisonnements plus extrémistes. La force par la force. »

Shannon fixa la caméra d’un regard direct et neutre, comme la parfaite journaliste qu’elle était toujours, une mèche or tombant sur le col de son tailleur prune.

« Je rappelle à nos téléspectateurs que Carter Mitchell, promoteur en immobilier, et ex-candidat à la mairie de Megalopolis était entendu pour des affaires de corruption, de détournement de fonds et de collusion avec des milices anti-positifs extrémistes. » Elle tourna la tête vers Richard. « Qu’est ce qui, selon vous, distingue un groupe anti-Positifs extrémiste, d’un mouvement anti-Négatifs comme celui que nous avons vu manifester devant le tribunal lors de ces événements ? »

Richard prit le temps de choisir ses mots. Nul ne savait qu’il soutenait Liberation, pas même Shannon, et il ne souffrirait d’aucune révélation. Son pouce dragua le coin de ses lèvres brièvement et il en profita pour se réinstaller confortablement. D’une voix plus grave et solennelle, il répondit enfin en relevant le regard sur Shannon.

« Des mouvements comme Liberation, il y en a depuis des siècles. On parle de celui-ci parce qu’il est propre à Megalopolis, un peu comme Superman est le héros de Metropolis, Batman de Gotham ou les Marvels de New-York. L’histoire ne fait que se répéter mais avec des variantes différentes. Avant, il y avait la traite des esclaves, le mariage gay, Al-Qaïda… Aujourd’hui, il y a les Positifs, l’Underground, Liberation. Il n’y a pas de groupe plus extrémiste l’un que l’autre. »

Cal s’apprêta à répliquer mais Richard l’arrêta d’une main en haussant d’un ton pour se faire entendre.

« Les méthodes sont différentes, je n’ai pas dit que j’étais d’accord avec elles mais que l’acte en lui-même, peu importe la façon de faire, ne devrait pas avoir lieu simplement à cause d’un code génétique différent. Il ne s’agit pas de jouer Dieu et de dire qui doit vivre et ne pas vivre. Liberation, l’Underground, peu importe leur nom, ils se battent pour ce en quoi ils croient et ils ont des buts louables, autant que Carter Mitchell, d’ailleurs ! Mais cela n’enlève rien au fait qu’un jour, chacun d’entre nous devra répondre de ses actes. »

« Quelle va être, selon vous, la position des habitants du fameux quartier Underground que Mitchell voulait faire raser et ce, ne le négligeons pas, s’il avait réussi à le trouver ? Pensez-vous qu’ils soutiennent les attaques perpétrées à l’encontre des anti-Positifs ? »

Shannon fixait Cal avec une nouvelle intensité. La question était rhétorique, aucun homme public ne pouvait ouvertement soutenir des actions ayant entraîné la mort. De plus, Cal était réputé pour se battre pour les Droits des Positifs depuis des années, maintenant. Néanmoins, il y avait bien des façons d’expliquer les choses.

« Je pense que les choses vont empirer. Que mon travail va s’avérer plus complexe. Je vois mal l’Underground rester passif. On le sait depuis longtemps, le quartier n’abrite pas que des Positifs mais aussi des repris de justice. »
« Et cela ne vous met pas en colère ? »

Cal laissa planer une seconde de doute sans quitter la jeune femme des yeux. Il ne cilla pas avant de répondre le plus naturellement du monde.

« Non… Je suis dans ce domaine depuis suffisamment d’années maintenant pour savoir que la justice n’est pas toujours… juste. J’imagine qu’ils ont leurs raisons, tout comme Carter Mitchell avait les siennes. »

« Avant de clore ce débat, messieurs, avez-vous un dernier mot à adresser à nos téléspectateurs ? Je sais qu’ils sont nombreux à être dans l’appréhension d’une nouvelle démonstration de violence et à craindre de nouveaux débordements. »

Cal prit le temps réfléchir avant de plonger son regard dans la caméra face à lui, pour être sûr que chacun de l'autre côté de l'écran se sente concerné.

« Nous avons vu aujourd'hui les conséquences des extrêmes. Nous avons vu aujourd'hui que rien ne pouvait en sortir de bon. Nous devons remettre en question ce en quoi nous croyons et nous poser les bonnes questions. Tout le monde peut faire des erreurs. Doit-on pardonner ? Doit-on poursuivre dans ces erreurs ou doit-on tenter de les corriger ? Il ne faut cependant pas négliger une chose : ce qui est à la source même de ces événements est l'intolérance. A nous donc de décider si l'on peut condamner quelqu'un pour une caractéristique génétique qu'il n'a pas demandé, ou non. C'est la réponse que nous apporterons à cette question qui déterminera les événements à venir. »

Il conclut avec un haussement de sourcil interrogatif teinté de complicité avec le téléspectateur.


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Hogan Mogdawi, Maire de Megalopolis
Shannon les remercia d’une formule bien chaloupée et accompagna ses mots d’un sourire d’égale sincérité à l’égard des deux protagonistes. La caméra tournait toujours, elle allait mettre le point final à une émission spéciale autour d’événements qui avaient déjà été largement commentés.
« Nous serons demain en direct du parvis du Hall of Justice de Megalopolis, en compagnie du Maire Hogan Mogwadi afin de rendre hommage aux victimes de ce jour sombre. En attendant, nous vous souhaitons une excellente soirée sur United TV. »

Le jingle entêtant retentit une nouvelle fois et les images qui passaient jusqu’à lors en arrière-plan envahirent l’écran de télévision tout entier, images à peine masquées par les noms des techniciens et autres collaborateurs à l’émission qui défilaient à bonne allure. Un policier tirait dans la foule, un homme s’écroulait. Il s’était déjà écroulé des centaines de fois sur toutes les chaînes et à longueur de journée depuis l’émeute. Puis il n’était plus possible de distinguer les factions. L’image se coupa net. La vie reprenait son cours sur Channel 1 comme dans le reste de la ville.
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