2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [ABANDONNÉ] [Sunny/Matt] Les enfants de la falaise

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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Juin 2074

Sunny travaillait principalement le matin, conservant ses après-midi pour les consultations comme le FBI ou la police. Ou pour les rencontres dans ce genre. Quand son téléphone avait sonné, elle avait décroché sans grande conviction, ne reconnaissant pas le numéro. Un agent de police lui avait donné rendez-vous, ou du moins, lui avait conseillé de rencontrer quelqu'un susceptible d'apporter un nouvel élément au dossier. Et Sunny avait accepté, bien trop concernée par toute cette affaire pour jouer les prudes. Elle avait accepté à condition de choisir l'endroit et la femme avait cédé à l'argument sans se débattre.

Une jambe repliée sur le muret, elle attendait, un dossier posé sur les genoux et le regard sur l'océan. New York avait connu des jours meilleurs mais malgré tout, ces catastrophes en avaient fait un endroit inoubliable et romantique. Dans son dos s'élevait un vieux casino abandonné dont les pierres blanches étaient lustrées par l'air marin. C'était l'endroit qu'elle avait choisi. Frais, reposant, à elle. Oui, cet endroit était désormais à elle. Elle n'était pas sûre de ne pas le regretter mais Archibald s'était révélé quelqu'un sur qui elle pouvait compter, même si leur rencontre avait pu en étonner plus d'un, quoiqu'elle n'en parla à personne.

Sur le bord des falaises, les cornes des bateaux du port pas très loin et les cris des mouettes au-dessus de sa tête, Sunny se serait bien crue ailleurs un instant. Mais l'odeur la ramenait vite à la réalité. Encore que, cela restait léger. Ils n'étaient pas les pieds dans le port, après tout. Les docks se trouvaient bien plus loin et cette jetée n'était plus habitable, désertée. Non loin s'étendaient les pavillons résidentielles, les boîtes à sucre comme aimaient les appelaient son arrière grand père. Ces cubes qui s'emboîtaient les uns dans les autres en file indienne, elle vivait dans l'un d'entre eux. Le loyer était raisonnable, l'espace habitable aussi et elle n'avait pas besoin de beaucoup plus pour son fils et elle.

Et puis, ce qu'elle aimait ici, c'est qu'elle n'avait aucune prise sur la météo. Ce qu'elle voyait était pur, elle n'y était pour rien. Et rien ne pouvait l'atteindre à part un peu de grisaille. Aujourd'hui, le ciel ne semblait pas vouloir se découvrir mais ce n'était pas grave. Au moins, elle ne sautillerait pas dans tous les sens et elle ne pleurerait pas non plus un escargot écrasé sur la route. Resserrant la chemise de dossiers contre sa poitrine, elle inspira profondément, se protégeant de la brise en rentrant le nez dans son foulard. Et quand une moto se fit entendre, elle tourna la tête en espérant qu'il s'agissait de la personne qu'elle attendait. La curiosité était un vilain défaut, mais l'impatience l'était encore plus. Doucement, elle se laissa glisser du muret et écarta le tissu de devant ses lèvres pour montrer un sourire.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Cela avait été rapide, très rapide même. Maddison avait réussi à retrouver le nom de l'assistante sociale qui s'était occupée du Sweet Heaven et obtenu un rendez-vous en un claquement de doigts, pour le coup je l'en aurais presque vénéré. Presque. Je ne pouvais plus qu'espérer pour l'heure que la femme en question accepte d'aider Jane et les autres enfants de l'orphelinat par extension. Evidemment le rendez-vous était tombé pile dans mes horaires de travail mais Alex étant ce qu'il était je n'avais pas eu à mendier pour qu'il me remplace aujourd'hui d'autant plus qu'il savait que je lui avais promis d'aider Jane de mon mieux. Beaucoup de chose allaient se jouer cet après-midi.

Je ne venais pas souvent dans la Ville Médiane, la plupart des fois où je m'y étais rendu je me contentais de visiter le trottoir de ma sœur ou la Baie et le port ce qui bien sûr n'était pas tout à fait exact. Tout technopathe que j'étais j'avais besoin régulièrement de me promener dans des lieux « nature » et cette partie de Megalopolis était celle qui possédait le plus de verdure rythmée par des parcs. Nul doute que cette partie de moi était un héritage de mes grand-parents maternels à l'exacte opposé de celui que m'avait offert mon père.

La moto en cavale je m'étais donc rendu jusqu'aux falaises. Un casino désaffecté m'avait-on dit, pas vraiment le genre d'endroit auquel je m'intéressais surtout quand il était actif contrairement à celui-là. Je ralentis et cherchai le lieu exact du rendez-vous, maniant Cow'Baby Doll avec prudence. Il ne faudrait pas que je fonce sur mon salut avant qu'il n'ait pu m'aider n'est-ce pas ? Ni après d'ailleurs. J'aperçus une jeune femme blonde assise sur un muret, un dossier sur les genoux. Aux vues de ses réactions à mon approche je me dis que je ne risquais pas grand chose en supposant qu'elle était celle que je cherchais. J'arrêtai Baby en la conviant à m'attendre, enlevai mon casque que je posai sur elle et me dirigeai vers la demoiselle au foulard. J'étais assez remis de mes émotions et de mon aveu à Alex pour lui présenter un visage naturellement avenant.

Je souris en lui tendant la main et me présentai à ma façon.

- "Bonjour, je suppose que vous êtes Sun Sullivan ? Matthew Dare, enchanté."

Et là j'espérais ne pas m'être trompé, j'aurais l'air fin si c'était le cas mais comme on dit le ridicule ne tue pas... De plus la vue était agréable, ça compenserait une éventuelle erreur. Ou pas.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sun prit sa main également, lui offrant un sourire en écartant son foulard qui lui barrait le visage à cause du vent. Elle acquiesça à son nom et jeta un oeil en biais à la moto. Pour autant qu'elle y connaissait quelque chose, ces engins la rendaient curieuse. Elle n'avait aucunement envie de monter dessus mais l'idée d'être une "dure", assise sur la selle la faisait rêver. Sunny était une femme de fantasmes et de rêveries. Mais incapable de s'imaginer en réaliser un seul ! Elle sourit un peu plus et regarda autour d'elle en passant une mèche blonde derrière ses cheveux pour libérer son visage.

– Je suis désolée, l'endroit n'est pas parfait mais l'officier DeLuca m'a demandé un lieu assez discret. Il y a très peu de passage par ici depuis qu'ils ont refait la route et une sortie sur le périphérique. En revanche, elle ne m'a pas dit qui vous étiez. Juste que vous aviez des informations pour moi ?

Sun resserra le dossier contre sa poitrine. Elle n'aurait pas su donner un âge à Matt, mais il ne ressemblait pas à l'un de ces flics qu'elle avait déjà aperçus au poste. Avait-il autre chose à voir ? Un journaliste, peut-être ? Un juriste... Un avocat, pourquoi pas ! Elle userait bien d'un avocat. Elle retira un cheveu du coin de ses lèvres.

– Enfin, pour le foyer, je veux dire. Pour l'enquête que je mène. Enfin, vous voyez... Elle a dit que c'était un peu urgent ? Comme dirait mon frère - Elle leva les mains, pinçant le dossier entre deux doigts et se mit à rire - "Définir 'urgent' !" il est un peu geek, sur les bords, il aime bien parler comme des requêtes numériques, je sais pas quoi... - Et plus elle était nerveuse, plus un flot de paroles s'échappait de sa bouche. - On peut se mettre à l'abri, peut-être ? Je vous rassure, ce n'est pas squatter. - Elle sortit une clé et lui montra, toute fière - C'est à moi.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Je me contentais de faire mine de rien voir tandis qu'elle observait ma fierté à deux roues. Etait-elle de celles qui aimaient piloter une moto, monter à l'arrière ou seulement en fantasmer ? Ce n'était pas un peu d'attention accordée à ma Baby Doll qui allait me le faire découvrir. Pendant qu'elle était occupée je me demandais, de la même façon que je l'avais fait à plusieurs reprises aujourd'hui, comment j'allais lui présenter la situation et à la vérité on peut guère s'y préparer sans savoir quelle genre de personne on a en face de soi, il me faudrait mélanger les différents scénarios.


- "Peut-être ne vous a-t-elle rien dit parce que je ne suis personne au fond et que ce n'est pas une rencontre officielle."

La demoiselle parlait beaucoup et semblait nerveuse sans que j'en connaisse la raison. Je ne l'avais pourtant pas bousculée... Peut-être était-ce dû à son dossier ou au fait de rencontrer un inconnu, je devais bien avouer que je ne m'y attendais pas vraiment d'une assistante sociale mais ce n'était pas important. Je restais à la fois sérieux et souriant pour ne pas la perturber d'avantage puis j'acquiesçai à ses paroles.

- "Urgent oui. Peut-être même plus pour un enfant. "

Je la suivis jusqu'au vieux casino que je croyais désaffecté et découvris avec surprise qu'il lui appartenait. Bigre, c'était une sacrée bâtisse pour une frêle jeune femme et ce que ça avait dû lui coûter...  Qu'y faisait-elle ? Je la regardais brillante de fierté et mon sourire s'agrandit, plus naturel.

- "C'est un sacré bâtiment que vous avez là, superbe qui plus est. " - Je haussai un sourcil interrogateur - "Mais vous ne vous y perdez pas avec tout l'espace et les pièces qu'il doit recéler ?"

J'attendis qu'elle ouvre la porte et y entrai à sa convenance. Mon regard fit rapidement le tour de la salle autant pour découvrir l'intérieur que pour vérifier la présence de caméras mais vu le lieu... Je me tournai vers elle.

- "Me croirez-vous si je vous dis que c'est la première fois que j'entre dans un casino ?"


En même temps les personnes qui pouvaient se permettent d'y dépenser leur argent n'étaient pas si nombreuses... Et la plupart des gens avec quand même mieux à faire. Je me tâtai à m'ouvrir d'emblée sur le sujet qui m'amenait ici mais avant...

Je continuai avec sérieux.

- "Avant de commencer puis-je compter sur votre discrétion ? Ce qui m'amène vers vous devrait pouvoir vous aider dans votre enquête mais cela pourrait m'apporter de sérieux problèmes... "

Parce que oui si elle décidait d'amener l'affaire Jane à de plus hautes oreilles... Jane trinquerait, mes collègues et le bar aussi. J'espérais sincèrement avoir fait le bon choix et seul l'assurance que Maddison ne m'aurait pas proposé quelqu'un d'insensible à notre petit problème me permettait d'envisager la situation avec une relative conscience.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny le détailla longuement, surprise par une de ses remarques. Dans un léger sourire, elle avança et lui rétorqua d'une voix empreinte d'évidence mais compréhensive.

– Personne n'est personne, nous sommes tous quelqu'un. A défaut d'être un autre, nous sommes nous.

En l'accompagnant vers la bâtisse, elle sourit un peu plus face à son étonnement. Il n'aurait pas été le premier, cela étant, à part Archibald, il était le premier qu'elle faisait pénétrer en ces lieux qu'elle jugeait sacrés. Elle était encore jeune et nourrissait pourtant des rêves qui pouvaient la dépasser. Ca lui était égal, tout ce qu'elle désirait était là, à l'intérieur. Elle secoua doucement la tête.

– Je viens tout juste de l'acquérir, il y a énormément de travaux à faire, j'ai établi un plan sur plusieurs années. D'ici quelques semaines, le temps de régler les papiers, je pourrai ouvrir au moins le rez de chaussée, je pense. Mais je pense savoir comment je vais faire.

Elle enfonça la clé dans la porte et la poussa de quelques coups d'épaule, le bois ayant travaillé et le manque d'entretient ayant eu raison des ruines. - Je devrais peut-être... - Elle leva un index pour lui demander de patienter. Nouveau coup d'épaule et un espace se créa, encore insuffisant - Plutôt envisager... - La porte céda finalement et s'ouvrit en grand, manquant de faire chavirer Sunny en avant. - Quelques mois ! - Elle leva les yeux vers le plafond craquelé et se retourna pour laisser Matt entrer à son tour. Elle sourit un peu plus à la "première fois" du jeune homme et pouffa de rire. - Ce n'est pas un casino. C'est un foyer pour enfants et adolescents en réinsertion.

Le soleil offrait beaucoup de lumières dans les galeries. Quand bien même la bâtisse était vieille, abandonnée, la ville avait toujours réussi à en garder les squatters éloignés. Le nombre d'offres faites pour la rénovation du bâtiment avait dépassé Megalopolis et si Sunny avait réussi, ce n'était que par l'aide d'Archibald qu'elle avait fini par accepter. C'était bien la première fois qu'elle agissait de la sorte et elle dut reconnaître que c'était quelque peu grisant. Elle voulait ce casino, elle voulait se battre pour son rêve, elle en avait assez de laisser la vie lui couler dessus. Cette fois, elle allait agir, même si pour cela, il lui fallait emprunter des chemins plus sombres. Elle désigna une des banquettes sous les fenêtres cassées de la galerie. L'air s'y engouffrait mais le vent y était bien moins gênant à l'intérieur. En marchant, elle releva les yeux sur Matt et acquiesça.

– Je comprends. Ne vous en faites pas. Je ne suis pas non plus quelqu'un de très officiel. - Elle l'invita à s'asseoir à ses côtés et reposa lui tendit le dossier en se tournant légèrement vers lui. C'était sa façon de montrer patte blanche. - C'est tout ce que j'ai pu réunir en presque deux ans. Quelques photos, des comptes rendus, des plaintes avortées... L'officier DeLuca est restée extrêmement vague sur le sujet. Vous connaissez un enfant là-bas en difficulté ? Je veux dire... Personnellement ? Vous savez, si je vous aide, ce ne sera pas mon premier coup d'essai. Je ne sais même pas si je pourrai faire grand chose pour vous. Mais je vous promets de faire le possible.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Je haussai un sourcil amusé alors qu'elle pouffait de rire, c'est que la petite dame était moqueuse... Et pourtant ce bâtiment était bien un casino autrefois et si je n'attendais certes pas de lui qu'il soit toujours actif mais aux dernières nouvelles, les nouvelles publiques, ce vieux bâtiment n'avait pas encore était repris par qui que ce soit pour quoi que ce soit. Alors deviner qu'elle voulait en faire un foyer pour enfants et adolescents en réinsertion... Enfin je veux dire, en faire un accueil social cela était évident à moins que la jeune femme ait la folie des grandeurs et veuille en faire sa maison mais la mission particulière de cet accueil... Bref.

- "Mais il l'était autrefois non ? Je peux faire preuve de beaucoup d'imagination quand je le désire
- Je refis le tour des lieux du regard, notant le jeu d'ombre et de lumière causé par les ouvertures quelque peu délabrées – Mais je dois dire que je préfère nettement l'imaginer comme un foyer, il y a tellement d'enfants qui en ont besoin." - Je souris à la jeune femme - "Et d'après ce qu'on m'a dit de vous ce vieux monument pourrait devenir un lieu où il fait bon vivre pour ces jeunes."

Je la suivis jusqu'à la banquette et ôtai mon blouson en cuir,  ne gardant que mon maillot noir sur le dos. Il ne faisait pas chaud à proprement parler dans la bâtisse avec les courants d'air qui s'infiltrait mais comparé à ce que j'aurais le droit une fois que j'aurais enfourcher Baby Doll pour repartir... Je m'assis à côté d'elle tout en acquiesçant et pris le dossier qu'elle me tendait. Deux ans... J'ouvris le dossier et commençai à l'étudier. Dans l'ensemble ce qui lui manquait le plus était un témoignage, une preuve concrète.. Je relevai les yeux vers la jeune femme.

- "Savez-vous pourquoi les plaintes ont été avortées ?" - Je désignai les plaintes - "Enfin autre que les raisons qui ont pu être donné ."

Je soupirai et m'installai un peu mieux avant de lui répondre.

- "Pour tout vous dire il y a quelques jours mon collègue a trouvé un enfant en train de fouiller les poubelles du bar où nous travaillons, quand il a vu son état il l'a fait entrer pour lui donner à manger, la réchauffer." - Je secouai la tête - "Si vous l'aviez vu... On aurait franchement pu penser qu'elle n'avait jamais rien connu d'autre que la rue. Après qu'une de nos serveuses l'ait emmené prendre un bain pendant qu'on préparait la table nous avons découvert une fillette bien trop maigre pour son âge sous la couche de crasse qui la dissimulait. D'ailleurs Lexy m'a dit avoir vu des traces de coups sur la petite." - Je soupirai en passant une main dans mes cheveux, attristé en repensant à Jane et à ce qu'elle avait vécu - "En bref nous avons au bar une fillette de neuf ans, visiblement mal nourrie, maltraitée et délaissée qui nous a raconté des choses aberrante sur le foyer d'où elle vient et pour m'être renseigné sur le foyer en question je suppose malheureusement que la majeure partie de ce qui a été dit est à peine exagéré."

J'essayai d'accrocher le regard de la jeune blonde avec le mien.

-"Bien que nous soyons conscience des risques que nous encourons tous (Et là je parlais autant de Jane que de mes collègues et moi-même) elle est encore avec nous en ce moment, nous espérions trouver une solution qui n'inclue pas de la rendre à ce foyer..."

Je laissai passer quelques instants avant de reprendre.

-"Alors qu'en pensez-vous ? Peut-on trouver un moyen d'aider cette jeune fille et mieux encore tous les autres enfants de ce foyer ?"
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
– Les plaintes ont été avortées pour plusieurs raisons. Fautes de preuves, pot de vin, rétractation, pression, chantage... Certains bras de Megalopolis sont très longs. Celui-ci n'est pas le seul foyer sur lequel je garde un oeil.

Sunny conserva le silence un moment. Elle n'était pas sûre de pouvoir dire ce qu'elle voulait dire. Encore moins à un inconnu. Mais finalement, elle inspira profondément.

– C'est pourtant ce que le tribunal va vous dire. La rendre au foyer. Vous n'avez pas le choix. - Sunny leva une main pour faire patienter Matt, des fois qu'il chercher à l'interrompre pour s'indigner. Et d'une voix assurée, presque mécanique, elle reprit en détachant bien chaque mot, chaque syllabe. - Vous ne pouvez pas sauver un seul enfant et vous ne pouvez pas les sauver tous non plus. Ce n'est pas grâce à eux que vous réussirez à tuer l'hydre à dix têtes. Vous devrez faire un sacrifice. Le juge réclamera des preuves. Preuves que vous ne pouvez obtenir de cette manière. Tout ce que vous avez, c'est la parole d'un enfant contre celle de plusieurs adultes. Pour autant qu'ils sachent, elle a pu vous raconter n'importe quoi. - Et si Matt tentait de hausser le ton, bien que cela l'étonnerait, elle ferait de même - Ces marques peuvent avoir été là avant son arrivée au foyer. Pour ce que vous en savez ? Vous ignorez tout. Je ne vous dis que ce que vous devrez vous attendre à entendre si vous portez plainte... De manière légale.

Sunny dévisagea Matt un instant. Son sourire avait disparu, il ne restait qu'une jeune femme aux grands yeux bruns et au visage inquiet sur lequel se lisait une grande gravité. Et elle continua d'une voix calme, ne quitta pas son regard du sien.

– Mais je connais peut-être un autre moyen. Moins légal, pour ne pas dire totalement interdit. Je sais qu'il existe dans la ville des personnes douées et capables. Avant, les gens falsifiaient des cartes d'identité, des casiers judiciaires. Aujourd'hui, toutes ces informations ou presque sont concentrées sur une seule chose dont, finalement, nous sommes seules maîtres : notre puce électronique. Mais si vous faites ça, vous détruirez toutes les preuves pouvant la relier au foyer.

Et puis elle tiqua. Les sourcils froncés, elle cligna des paupières. Jusque là, elle avait entendu parler de deux personnes. Matt et Lexy.

– Un bar ? Que fait-elle dans un bar ? Et combien êtes-vous ?
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Notre monde était vraiment pourri sur certains aspects, comme je m'en doutais il y avait certaines grosses têtes de Megalopolis qui protégeaient l'orphelinat et ses aberrations. Comment pouvait-on  soutenir et encourager ce genre de comportement ? A croire que ce foyer étaient rempli d'enfants Positifs et que ceux qui soutenaient ses vices étaient des anti-mutants... Pour ce que j'en savais c'était peut-être le cas. J'acquiesçai sans mot dire, tout à mes rouages tournants, et la laissai débattre avec elle-même à moins que son silence n'était que cela, un silence. Finalement elle commença ses explications et je l'écoutais sans l'interrompre. J'étais venu requérir son aide ce n'était pas pour agir grossièrement et élever la voix ce qui de toute façon ne me ressemblait pas. J'étais là devant elle, le visage grave et attentif puis, après un court silence je soupirai.

- "Je ne m'attendais pas à autre chose en réalité mais je voulais être sûr qu'il n'y ai pas d'autres possibilités même s'il est vrai que je ne pensais pas que cela s'étendait à d'autres orphelinats, j'avais espéré naïvement que celui de Jane était le seul touché même si je n'y croyais pas vraiment."

Je glissais mes doigts sur le dossier avec regret.

- "Vous n'êtes pas beaucoup plus avancée finalement."

Même pas du tout. Si comme elle le disait -et j'étais d'accord avec elle- le tribunal rejetterait aussi négligemment le témoignage de Jane nous n'avions tout simplement rien. Et si on portait plainte et qu'on se faisait débouter la petite retournerait directement à l'orphelinat et dieu sait qu'ils lui feraient payer là-bas.

- "Modifier sa puce oui... Changer d'identité, commencer une nouvelle vie à l'aveugle, pas simple pour une enfant de cet âge mais probablement préférable à ce qui fait sa vie actuellement, néanmoins comme vous venez de le dire cela lui ôterait tout lien avec le foyer."

Je marquai une pause et répétai ce qu'elle avait dit précédemment.

- "Mais en faisant cela je détruirais toutes les preuves... Cependant si j'ai bien compris ce que vous me disiez plus tôt ces mêmes preuves ne serviraient à rien devant un tribunal ? Ou peut-être ai-je mal interprété ?"

Je l'observai alors qu'elle semblait réaliser quelque chose, sa réaction m'aurait amusé dans d'autres circonstances mais l'heure ne s'y prêtait pas. Le bar. J'esquissai un fin sourire ou plutôt un fin demi-sourire.

- "La place d'une enfant n'est pas dans un bar nous sommes bien d'accord mais comme je vous le disais tantôt c'est dans les poubelles du-dit bar que nous l'avons surprise en train de chercher de la nourriture." -Mon sourire disparut avec l'explication que j'entamai- "Après que mon collègue l'ai surprise il l'a invité à l'intérieur pour lui donner à manger, on venait de faire la fermeture du bar et on s'apprêtait à dîner ensemble comme chaque soir ce qui fait que nous ne sommes trois avec  notre serveuse à être au courant." -Je m'arrêtai puis clarifiai pour la jeune femme- "Alex, celui qui l'a recueilli, vit au dessus du bar c'est pour cela que je disais tout à l'heure qu'elle était au bar même si ce n'est pas tout à fait exact."

Non je vous assure, on ne la laissait pas boire avec les clients, ni traîner dans leurs pattes, on l'employait encore moins comme serveuse et assurément pas comme domestique-esclave pour nettoyer le bar. D'une nous n'étions pas ce genre de personnes, de deux Alex nous aurait pété un câble divin.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny acquiesça à tous les dires de Matt. Il semblait sérieux et elle en fut plutôt soulagée. Toutes ces histoires de bar, d'enfant trouvée dans les poubelles, Sunny resta sur ses gardes bien qu'elle n'en montra rien. Mais il était impliqué, elle ne pouvait le nier. Et il avait visiblement des contacts dans la police. Sun se demanda un instant qui il pouvait bien être pour être remonté jusqu'à elle ainsi. Un simple barman ? Les sourcils froncés, elle écouta avant de répondre.

– Des preuves comme les vôtres, il y en a eu plein. Mais le foyer a toujours réussi à s'en sortir en disant que ces marques dataient d'avant, qu'ils récupéraient toujours des enfants en mauvais état, qu'il n'était pas facile de, je cite "les rendre à nouveau visibles pour le monde." Le problème étant que... - Elle haussa une épaule, défaitiste - La plupart du temps, ils ont raison. Les avocats que nous trouvons sont souvent peu couteux et s'en ressentent. Ou bien alors manquent de foi face à tout ça. Il y a tellement de foyers et d'enfants dans ces conditions à travers le pays que ces affaires sont recalées bien loin.

Sunny soupira et se gratta le bout du nez en secouant la tête. Elle avait l'impression que tout recommençait. A chaque fois qu'elle croyait avancer, elle se retrouver à faire marche arrière. C'était en tout cas l'impression qu'elle avait. Personne ne voulait l'aider à avoir gain de cause. La police fermait les yeux, les tribunaux fermaient leurs portes... Elle ne trouvait pas la preuve d'un quelconque trafic. Et maintenant, Matt s'ajoutait à elle dans sa peine. Mais il semblait seul, ce qui la découragea quelque peu. Elle secoua la tête.

– J'aimerais assez rencontrer cette enfant. Si c'est possible. Lui poser quelques questions, aussi peut-être. Si je pouvais recouper des informations que j'ai déjà avec de nouvelles, j'arriverais peut-être à avancer. Mais je confirme qu'un bar n'est pas un endroit pour une enfant. Si l'inspection passe chez vous, - et ils le font toujours sans prévenir - vous risquez la fermeture immédiate. Surtout si elle n'est pas en règle, vous seriez très vite accusés de kidnapping et Sweet Haven aurait le droit de vous attaquer. Si besoin est, je peux éventuellement la garder avec moi le temps de trouver une meilleure solution.

Matt et son bar lui rappelaient un film, trois bonhommes étranges autour d'un seul bébé dont ils ne savent quoi faire. Ce qui lui arracha un sourire.

– En tout cas, elle semble avoir de la chance d'être tombée sur des personnes comme vous. Beaucoup baissent les bras, de plus en plus... C'est rassurant de voir qu'il y a encore quelqu'un sur cette planète qui se soucie un peu de l'avenir.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Foutu foyer et fichue corruption. Des traces de coups ne mettaient quand même pas plusieurs années à disparaître ! A croire qu'ils n'avaient juste que des enfants fraîchement débarqués là-bas. Si encore on ne parlait que de cicatrices... Mais dans le cas de Jane il y avait aussi des bleus. Des bleus tout frais. Des hématomes bleuis et violacés mêlés à d'autres déjà passé au vert et au jaune, il n'y avait rien de très ancien sur ce point. Se pourrait-il que le foyer ait agi moins prudemment avec elle ? Qu'à force de gagner ils aient un peu relâchés prise ? Jane avait l'air de bien connaître le quartier, je doutais qu'elle ne soit là-bas que depuis quelques semaines, moins d'un mois.

- "Je ne sais pas pour les autres enfants mais Jane avait des hématomes violacés sur elle. Je ne suis pas médecin mais à moins qu'elle ait été transférée moins d'une semaine avant ils étaient tout récent." - Ma bouche prit un pli amer - "Bien sûr ils pourront toujours dire qu'elle est tombée, qu'elle s'est battue avec les autres enfants ou que sais-je encore."

Si je m'en tenais aux propos de Sun Sullivan ils seraient même capable de nous accuser nous qui l'avions recueilli d'avoir porté la main sur elle. Je ne savais pas pourquoi mais j'étais sûr que cette possibilité leur plairait au plus haut point. La suite me fit réfléchir, comment réagirait Alex si je me pointais au bar à l'improviste avec une assistante sociale... En même temps ce n'était pas comme si nous n'avions pas déjà parlé de tout ça avant qu'il ne me pose un ultimatum. J'acquiesçai. Sur ce coup là j'espérais bien ne pas me fourvoyer.

- "La rencontrer bien entendu, vous devez vous assurer de son bien-être et de ses dires après tout. Pour le reste on verra bien une fois que vous lui aurez parlé, ce qui a des chances de ne pas être facile au vu de son amitié pour les assistantes sociales."

Si j'étais d'un naturel souriant – ou un bon comédien au choix - je sentis une ombre passer sur mon visage que je ne cherchai pas à cacher. Bien qu'elle avait le sourire doux, le sujet lui était grave.

- "Malheureusement la plupart des gens oublient que les enfants sont notre avenir et que ce qu'ils en feront dépendra de ce que nous leur avons offert. Ils sont nos rois après tout."

Les rois c'est ce qu'ils étaient dans le grand échiquier de la vie, c'est pour cela que nous nous devions de les protéger. C'était dans ce genre de situation, quand je m'attardais sur ce genre de pensée que je me réjouissais le plus d'avoir rejoins Sliders. Nous ne manions pas les armes, nous ne défilions pas les rues mais à notre façon nous préparions l'avenir, lentement mais sûrement.

J'esquissai un sourire à la faveur de la jeune femme.

- "Mais vous avez raison elle a eu de la chance, tout le monde est aux petits soins pour elle."

De la chance dans son malheur mais de la chance quand même, il s'agissait maintenant de faire en sorte que la chance ne tourne pas.

- "Quand seriez-vous disponible pour venir la voir ?"
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny acquiesça tristement lorsque Matt commença à comprendre leur situation face à cette enfant. Doucement, elle pencha la tête pour attirer son attention.

– Ils pourront également dire que vous êtes la cause de ces blessures. Vous ou vos collègues, peut-être même tous. L’héberger dans un bar n’ira pas en votre faveur, ils diront que vous l’avez exploitée et devant un juge… Qui sait pour qui il vote ? Aujourd’hui, la justice est une valeur surfaite. Les gens veulent des preuves, et uniquement des preuves recevables. Je commence à les connaître et à maîtriser leur langage. Si vous voulez vraiment aller dans ce sens, attendez-vous à ce que ce ne soit pas aisé. Et même, que vous soyez mis sur le devant de la scène. Ce genre de foyer n’hésitera jamais à vous rabaisser, à faire des recherches sur vous, savoir qui vous êtes, d’où vous venez pour vous discréditer aux yeux de tous.

Elle sourit et récupéra le dossier pour le ranger. Elle le garda sur ses genoux en l’écoutant et sourit un peu plus à la mention de la phobie des assistantes sociales. Sunny comprenait ce sentiment et elle le partageait. Si quelqu’un venait dire qu’elle ne savait pas s’occuper de son fils, essayant de lui enlever pour en donner la garde exclusive à son ex, elle ne savait pas comment elle pourrait réagir. Sunny n’était pourtant pas quelqu’un qui s’énervait facilement. Encore moins un jour suffisamment ensoleillé comme celui-ci. Plutôt de bonne constitution, il n’avait fallu qu’un temps orageux pour la faire sortir de ses gonds dans l’enceinte du poste un jour. Elle avait hurlé tellement fort qu’il avait fallu deux hommes pour la faire sortir. A tel point que même Maddison, qui ne la côtoyait que de loin, en avait été marquée.

– Je ne sais pas ce qu’il en est de l’avenir mais j’ai moi-même un enfant et je me sens particulièrement concernée par ce qui arrive aux autres. Je ne vois pas pourquoi mon fils se serait retrouvé dans un foyer pareil mais admettons... Je n’en sais rien. Bébé, il aurait pu m’arriver quelque chose, à son père, ou bien à nous deux. Il aurait pu être placé dans un de ces foyers et rien qu’à cette idée, je sens la colère monter en moi. - elle eut un rire - Rares sont ceux qui m’ont vue me mettre en colère mais il paraît que de l’extérieur, c’est assez impressionnant. Mais je suis certaine que vous êtes aux petits soins pour elle. Vous n’avez pas l’air de quelqu’un de bien méchant si j’ose dire !

Elle pinça les lèvres en se raclant la gorge et ramena une mèche derrière son oreille. Sunny était une jeune femme timide, qui prenait rarement de risques pour ne pas dire aucun. Sauf quand cela concernait son travail. Mais en relations adultes, elle n’était pas très douée. Naïve serait même plus exact. A sa question, elle regarda sa montre et haussa une épaule. Elle prit son sac pour le poser sur les dossiers et commence à fouiller à l’intérieur. Il semblait sans fond, pour ne pas dire gonflé de choses inutiles. Elle fouilla un moment avant de sortir son carnet, s’excusant par centaine de fois de le faire attendre.

J’ai demain à partir de 15h - En lisant son carnet, elle leva une main pour compter - Mais avant 18h, après j’ai une séance en Ville Haute. Sinon ensuite, j’ai tous mes après midi… Et le samedi matin, j’ai plusieurs sessions dans un lycée de la Ville Basse. L’après-midi, je dois retourner en Ville Haute. - Elle releva les yeux sur lui. – Sinon, et bien, j’ai fini ma journée et mon fils est chez son père cette semaine, donc j’imagine… Que je suis disponible maintenant.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Comme je le pensais nous en étions venus à la même conclusion sur ce dont serait capable le foyer pour protéger ses intérêts et rejeter la faute sur nous. Sun nageait suffisamment dans ces eux troubles pour savoir quels requins s'y cachaient et moi je n'étais pas né de la dernière pluie. Tout de même cette notion de la justice me ramena à ma sœur, comment vivait-elle cette corruption elle qui travaillait dans ce domaine ? Je la voyais mal accepter ce genre de chose le sourire aux lèvres... Bien sûr elle avait aussi raison pour le reste et j'espérais bien ne pas atteindre le devant de la scène, nous interviendrons autrement si possible, à la manière de Sliders. Il y avait beaucoup plus qu'une petite fille à sauver.

Je l'écoutais sans un mot, attentif à tout ce qu'elle me révélait sur le foyer, les enfants et même sa famille. Ainsi donc elle avait un fils et probablement un compagnon aussi, elle devait comprendre encore mieux ce qui arrivait à ces enfants. L'ombre d'un sourire passa sur mon visage tandis qu'elle parlait de ses rares colères et je me demandai un instant si le scandale qu'elle avait fait au commissariat le fameux jour où Maddie était de service était un de ces exemples. Probablement que oui, étrangement je l'imaginais mal se mettre si facilement dans cet état d'ordinaire mais en même temps je ne la connaissais pas et il ne s'agissait peut-être là que d'une première impression.

Je souris avec amusement à sa dernière phrase et à la réaction qu'elle eut en retour, la petite dame était timide ou je ne m'y connaissais pas, ça ne m'étonnerait même pas que ses relations sociales avec les adultes -a fortiori ceux du sexe opposé- lui soient plus difficiles et bien moins naturels qu'avec ses jeunes protégés. J'en avais rencontré quelques unes par le passé mais je m'étais toujours gardé de flirter avec elle de peur de les faire souffrir, dans ma tête à l'époque elles résonnaient comme plus fragiles que les autres.

Je lui adressai une boutade avec malice dans l'espoir que ce petit passage à blanc soit dépassé et qu'elle se détente à nouveau.

- "Je n'ai encore jamais mordu personne si ça peut vous rassurer" – Mon sourire s'accentua d'un côté - "Ou alors j'étais trop jeune pour m'en souvenir."

...Et Sun Sullivan était une vraie femme caricaturée avec un sac à main. Il semblait rempli à ras bord de choses plus ou moins utiles voir complétement inutiles à mon humble avis. Je ne m'appesantis pas sur le contenu de son sac pour autant et ne cherchai pas à voir ce qu'il y avait à l'intérieur, ma chère mère m'avait éduqué mieux que ça et à première vue elle n'allait pas en sortir une arme sous une quelconque forme. Quoiqu'un agenda puisse être une arme redoutable.

Je n'eus même pas besoin de réfléchir à ses plages horaires. Alex mon bougre de frère m'avait fixé un délai ridiculement court et je devais donc avancer le plus vite possible et comme le disait l'adage il fallait savoir battre le fer pendant qu'il était encore chaud et pour l'heure il était rougeoyant.

- "J'opterais bien pour maintenant et ainsi en profiter pour vous montrer le chemin cependant il ne me semble ne pas avoir aperçu de véhicule près de votre foyer, mais peut-être êtes vous garée plus loin ? Je peux aussi vous proposer de vous y conduire si vous n'avez pas peur de chevaucher une moto."

Seul hic je n'avais qu'un casque et si elle acceptait ma proposition l'un de nous serait obligatoirement sans... Ce n'était pourtant pas mon genre de faire ce genre d'infraction et de ne pas voter pour la sécurité, c'était à croire que j'avais d'autres prérogatifs aujourd'hui mais sans pouvoir m'assurer de ce que faisaient les autres au volant de leurs engins je me connaissais suffisamment pour avoir confiance en ma conduite. Il ne me restait plus qu'à attendre la réponse de la jeune femme.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny rougit d’autant plus. Matt avait décidé de faire de l’humour, tout en souriant et c’était une chose à laquelle elle était parfaitement réceptive. Elle pouffa de rire en rentrant la tête dans les épaules et baissa les yeux. Mais voilà qui fut pire lorsqu’elle cru entendre « profiter de vous » au lieu de « pour vous ». Ce à quoi elle devint rouge pivoine. Si bien que lorsqu’il parla de monter sur sa moto, Sunny ne sut plus où se mettre et parti d’un rire plus gêné.

– Sur votre engin de malheur ?! Et bien… J’ai l’habitude des transports en commun que j’affectionne plus. Mais je n’ai pas peur ! C’est plutôt la question du comment peut-on voler sans ailes, c’est absurde ! Comment peut-on rouler sur seulement deux roues ! On penche à droite, on penche à gauche ! Vous savez, dans le monde, l’insécurité routière, c’est près de 2 millions de morts et une presque centaine de blessés, tous les ans. 2% des victimes sont des cyclistes. Près de 50% sont des motos. Rien que sur 2073. Les chiffres ne vont pas en diminuant. Un siècle et demi environ que nous conduisons, un petit peu plus, disons deux. Et personne n’apprend de tous ces terribles accidents ! Je préfère prendre le bus. Le risque d’accident est bien moins important. J’ai calculé quand mon fils a commencé à aller à l’école. Je suis consciente qu’en étant à pieds, j’ai encore plus de chance d’avoir un accident, mais je dois dire que je fais vraiment attention à tout ça. Et puis le Shuttle est vraiment très bien, je fais la Ville Basse chez moi en 20 minutes ! Je dois être un peu paranoïaque ou surprotectrice, sans ça je crois que je me serais jetée sur votre moto !

Sunny rit à nouveau avant de se racler la gorge. Elle retrouva son sérieux et baissa les yeux un instant. En elle, il y avait cette jeune femme totalement accro à la légalité, faire les choses bien, la justice, que chaque chose soit à sa place. Autrement dit : une maniaque. Monomaniaque, même de temps en temps. Et puis il y avait aussi l’adolescente, celle qu’elle avait dû abandonner un jour quand on lui avait demandé de grandir un peu trop vite. Celle-ci refaisait surface dans des moments comme ça. Après tout, pourquoi se priverait-elle ? Elle était seule, sans enfant à l’heure actuelle. Elle n’avait pas besoin de jouer la mère de tous ni la soeur de qui que ce soit. Alors un sourire naquit sur son visage et elle se mordit la lèvre inférieure en rougissant à nouveau.

– Mais après tout, si c’est le seul moyen d’y aller… Je m’en voudrais que vous arriviez avant moi, que je vous fasse attendre ! Et puis on dit qu’il ne faut pas mourir con ! Au moins, je saurais ce que ça fait que d’être à dos d’un deux roues qui n’est pas le vieux vélo de mon frère.

Sunny ouvrit la bouche dans un sourire amusé. Ce petit côté pimpant, cette lueur de malice à l’idée de faire quelque chose de nouveau mais aussi un peu interdit. Monter dans le dos d’un inconnu, arpenter des rues peu fréquentables… Sun eut soudain envie de se lâcher un peu. Si cela devait passer par une moto, alors soit. Mais être la mère célibataire ringarde que personne ne remarque quand elle est en plein soleil et que tout le monde ignore quand il fait orage, voilà qui commençait à lui peser légèrement. Elle se leva en remettant son sac à son épaule.

– Vous me promettez cependant de faire attention ? De prendre les virages doucement ! De ne pas déboucher devant un bus ! Je déteste quand les motards font ça ! De vous arrêter quand le feu devient orange ! De ne pas discuter avec les jolies filles dans leurs voitures de luxe au feu rouge. De laisser les enfants traverser sur les passages piétons et le temps aux personnes âgées de bien rejoindre le trottoir d’en face. Dans ces conditions, je n’aurai pas peur de chevaucher votre… Moto.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
J'avais voulu faire disparaître le passage à blanc, détendre un peu la jeune femme et c'était chose faite en quelque sorte. Je l'avais bien sentie timide dans ses relations avec les hommes mais là sa réaction dépassait toutes mes espérances : elle rougissait, riait, rentrait sa tête dans ses épaules et si en réaction un sourire s'afficha sur mon visage mes yeux eux s'écarquillèrent. J'avais littéralement déclenché un effet boule de neige, son discours rapide et accentué en était la preuve. C'était fou comme ce petit bout de femme en avait dans le gosier et dans la tête, de plus elle semblait placer la sécurité au-dessus de tout. Je me demandais un instant si elle avait exilé tout tapis du pied de son lit pour ne pas prendre le risque de se casser le cou au lever... Tout à mon étonnement je la laissais déballer ses statistiques sans mots dire, me contentant de faire bonne figure. De toute façon je n'aurais même pas eu temps de répondre quoique ce soit, Sun s'était remise en route après un nouveau rire et ce que j'apparentais à un instant de réflexion.

C'était... fascinant, vraiment. J'avais l'impression d'assister à l'éclosion d'un poussin qui s'essayerait à sortir de son œuf et qui y arriverait d'une certaine façon, c'est-à-dire en gardant une partie de la coquille sur lui à la manière des vieux dessins animés qui nous offraient des oisillons pimpants d'innocence. Pimpante et malicieuse, la jeune femme en face de moi le devenait de plus en plus à l'idée de se laisser porter par ma Baby. Elle avait ce petit air d'adolescente et cette excitation grandissante qui adoucirent mon regard bien malgré moi. Cette Sun Sullivan était un paradoxe en elle-même.

J'opinai en retenant un rire et me levai à mon tour avant de récupérer mon blouson et de le mettre tout en répondant à la jeune blonde.

- "Vous pouvez oublier les statistiques et vous rassurer je fais toujours très attention quand je conduis, de plus je ne suis pas du genre à faire l'idiot sur la route ou à prendre des risques inutiles." - Je lui fis ce sourire que certains qualifiaient de désarmant - "Pas de virages à toute vitesse, pas d'agression de bus ni de discussion avec ces demoiselles, pas de circulation sur les passages piétons occupés..." - Je lui fis un clin d'oeil - "Je laisse même passer les chiens sans aucune honte."

Je l'accompagnai jusqu'à l'extérieur et l'aidai à refermer la porte, je ne lui dis rien mais n'en pensai pas moins qu'il lui faudrait pas mal de temps (et d'argent) pour remettre ce vieux bâtiment en état et lui permettre d'accueillir des enfants. Ses intentions étaient louables mais il ne fallait pas avoir peur de retrousser ses manches ce que visiblement elle ne craignait pas. Une fois devant ma Baby j'avisai la taille de son sac et de ses dossiers et lui proposai de les mettre dans les bagages de la moto puis je lui tendis mon casque et lui expliquai sérieusement :

- "En temps normal je ne prendrais pas la route dans ces conditions c'est tout à fait exceptionnel, si vous voulez que je vous raccompagne tout à l'heure j'irais chercher mon autre casque." - J'enfourchais ma petite Babe et lui tendis la main pour l'aider à monter - "N'ayez pas peur de bien vous tenir à moi pendant la route et posez vos pieds là-dessus, vous verrez une fois bien installée c'est tout à fait stable comme engin."

Une fois la demoiselle installée et casque sur la tête j'ajoutai sérieusement :

- "Et je vous promets de ne pas rouler trop vite et de prendre les virages en douceur."

Je m'assurai que ses bras étaient bien passés autour de ma taille puis lui demandai simplement, question d'avant départ :

- "Prête ?"
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Bien sûr que non, Matt était un jeune homme bien sous tout rapport, prudent sur la route et à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Sunny acquiesça en pinçant les lèvres, le jaugeant sans rien dire. C'était l'impression qu'il lui donnait. Malgré tout, de par son côté paranoïaque, elle se demanda jusqu'où il serait prudent. Il n'avait pas d'amis avec qui faire la fête ? Ou bien était-il plutôt du genre à être celui qui ramenait les copains un peu trop ronds ? L'était-il lui-même dans ces cas-là ? Néanmoins, Sunny avait un plutôt bon feeling. Matt ne ressemblait à aucun des bonhommes qu'elle rencontrait dans les lycées, ou ceux qui lui faisaient peur quand elle devait agir en terme domestique. Elle était jeune et son expérience ne l'avait pas encore accomplie. Elle avait tout de même déjà vu des choses scandaleuses. Sunny se détendit grâce à son clin d'oeil et lui sourit un peu plus.

Elle suivit Matt à l'extérieur et s'approcha lentement de la moto en resserrant ses affaires contre elle. C'était tout de même un sacré bolide, elle en voyait rarement des si gros en Ville Médiane. Peu rassurée, elle lui tendit ses affaires pour les ranger et prit le casque avec hésitation. Quoi, il n'en aurait pas ? C'était ça un type prudent ? Dans son regard, Matt pu y percevoir une once de reproche. S'il se cassait la tête à cause d'elle, il entendrait le son de sa voix hurler à travers l'univers en le traitant d'imbécile stupide et idiot et qu'il ne s'attende pas à ce qu'elle se sente coupable. Du moins, c'est ce qu'elle hurlerait.

Rassurée ou non par ses paroles, elle prit lentement sa main et les gestes suivirent les paroles de Matt. Du moins pour la partie de repose-pied. Elle releva les yeux sur lui, un brin inquisitrice. Se tenir à lui ? De quelle manière ? Avec ses bras ? Autour de sa taille ? Sunny l'avait déjà vu faire dans les films. Ces filles qui s'agrippaient au motard avec un sourire béat comme si c'était la technique de drague la plus en vogue. Elle avait vu ça dans Megalopolis aussi plusieurs fois. Mais elle n'avait pas envie de draguer Matt ! Il n'avait sûrement pas envie de la draguer non plus. Aussi, elle trouva la situation un peu cavalière - sans aucun jeu de mot - mais néanmoins rassurée - un minimum - par ses paroles. Elle sourit finalement et acquiesça en posant ses mains sur sa taille... Une de chaque côté. Non, elle ne l'entourerait pas de ses bras. Ils ne se connaissaient pas, elle était sur sa moto et ce serait bien tout ce qu'il gagnerait d'elle !

Mais quand Matt la redressa légèrement, Sunny vit le sol bouger. Soudain, elle s'agrippa à lui, ses mains remontant sur son torse pour le serrer de toutes ses forces. Un regard vers le sol qui bougeait au rythme de Matt et elle acquiesça vivement. Prête ? Non. Mais elle ne lui dirait pas. Et une bonne partie du trajet, elle demeura figée jusqu'à ce qu'elle comprenne, effectivement, que Matt était quelqu'un de prudent. Et seulement à cet instant, elle commença à se détendre.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Le reproche dans ses yeux avait été clair, net et précis, je ne pouvais pas douter de ce que j'avais vu ou était-ce parce que je m'attendais à cette réaction après notre discussion sur la sécurité ? Ca n'aurait rien dû me faire, vraiment. J'avais fait un choix et je l'assumais alors pourquoi ce sentiment étrange de la décevoir, elle une inconnue ? Une inconnue qui allait peut-être nous aider tout de même... Pour Jane nous devions être irréprochables aux yeux de la jeune femme. Oui ça devait être ça.

J'acquis une certitude avant même que nous montions sur ma Baby, Sun Sullivan n'était jamais monté à l'arrière d'une moto et n'était absolument pas à l'aise. Je basculais ma chère monture pour lui donner un aperçu et qu'elle se décide à passer ses bras autour de ma taille chose qu'elle fit avec beaucoup de vigueur. Force qui s'accentua quand nous partîmes à l'aventure sur les routes de Megalopolis, je crus bien à un moment qu'elle allait me... pfiou. Je roulais prudemment. Très prudemment. Je ne voulais pas que Sun finisse par s'évanouir et finalement elle finit par se détendre, se relâchant tout en me tenant fermement ce qui était hautement plus agréable. Le reste du voyage se passa sans encombres. Je laissai passer une personne âgée, évitai d'embêter les bus... On ne pourrait pas me reprocher à la fin du voyage de ne pas avoir été prudent et c'était clairement une habitude chez moi.

Bientôt nous arrivâmes dans la Ville Basse, nettement plus lugubre avec ses rues sombres et étroites ajoutées à l'abandon de son entretien par les hautes instances. La rue où se situait notre bar l'était bien moins -étais-je partial à son sujet ?- elle avait une apparence plus propre mais surtout elle n'était pas parmi les plus citées pour ses rixes malgré les établissements qui s'y trouvaient. Si si je vous assure. J'allais me garer à ma place habituelle pas très loin du bar - en me plaçant bien je pouvais apercevoir Baby de la fenêtre – et aidai mon accompagnatrice à mettre pied à terre.

Je la regardai en essayant de deviner comment elle se sentait, je savais pour avoir déjà pris d'autre personnes avec moi sur ma moto que certaines en ressortaient toutes flageolantes tandis que d'autres donnaient dans l'euphorisme.

- "Ca va aller ?"

J'attendis qu'elle se sente prête à continuer et profitai de ce temps pour récupérer ses affaires et les lui rendre puis je la guidai jusqu'au bar qui à cette heure-ci commençait déjà à bien se remplir. Après une hésitation je décidai de passer par l'arrière pour bénéficier d'une entrée discrète, la cuisine était propre et nous n'y croisâmes aucune âme.  Je saluai Lexy en passant dans la pièce principale, celle-ci savait déjà que j'avais prévu de rencontrer une assistante sociale et ne s'étonna donc pas plus que cela de me voir rejoindre l'escalier en compagnie d'une jeune femme. Nul besoin de faire des dessins à Lexy pour qu'elle sache ajouter 1 + 1, je lui faisais confiance pour qu'elle se porte garante de notre tranquillité.

Je fis passer Sun devant moi dans les escaliers et j'en profitais pour lui expliquer avec un sourire avenant mais à voix basse :

- "Jane doit être dans la chambre je doute que vous vouliez lui parler dans la salle du bas, je vous aurais bien proposé le bureau mais mon collègue y a installé un lit de fortune pour lui dormir."
- Mon regard pétilla un instant - "De toute évidence notre vieux fauteuil n'était pas assez confortable."

Il n'était pas difficile de comprendre qu'Alex avait fait du bureau sa chambre provisoire depuis l'arrivée de Jane. Une fois arrivés sur le palier j'abandonnai la jeune femme en lui glissant que j'allais déposer mon casque dans le bureau et la rejoignis aussi vite. Si celle-ci avait suivi ma progression du regard elle put constater que je n'avais pas menti, le bureau était encombré par le coin dodo d'Alex, en tout cas j'avais laissé la porte assez grande ouverte pendant ce temps pour qu'elle le remarque. Pas de doute possible que quelqu'un dormait là et vu les quelques affaires qui y trainaient...

Je jetai un dernier regard à la jeune femme : était-elle prête ? Une fois assurée qu'elle l'était je toquais doucement à la porte et l'entrouvris légèrement pour que Jane puisse m'entendre sans que je n'ai besoin de hausser la voix, nous étions à l'étage et il était peu probable qu'on nous entende mais sait-on jamais....

- "Jane, on peut entrer ?"


Cette chambre pour l'heure était sienne et elle y passait la majorité de son temps, c'était normal de lui laisser un peu d'intimité et de prévenir avant d'entrer non ? En tout cas cette phrase elle la connaissait, je l'avertissais toujours de mon arrivée.



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