[CLOS] [Sam/Reese] Lost in translation

Maddison secoua la tête et Reese ferma les yeux en mimant un juron silencieux entre ses lèvres. Il les rouvrit sur la jeune femme au regard désolé, les bras croisés. Cela faisait un peu plus d'une semaine, maintenant. Une semaine de quarantaine pour la jeune fille qu'ils avaient trouvée près d'une des entrées de l'Underground. Malgré des heures de recherches, Elvis n'avait pas pu remonter une seule piste. Malgré des jours d'entraînement, Maddison n'avait réussi à manifester le pouvoir de Samiha. Sam, ainsi que l'avait surnommée Skandar. Ce dernier se montrait extrêmement protecteur envers la jeune femme, ce qui ne plaisait guère à Reese mais il ne pouvait faire autrement. D'expérience, le lanceur de couteau avait toujours su faire montre d'un très bon instinct et son aîné avait appris à lui faire confiance, même si certains voyaient ça d'un mauvais oeil.

Toujours est-il que Reese ne savait toujours pas qui Skandar avait ramené, ni son nom ni son pouvoir et ce, malgré les talents d'exception de Maddison et Elvis. Echo l'avait diagnostiquée Positive. Point. Reese soupira et se frotta la nuque avant de tourner les talons pour quitter le quartier des Sliders. Au dernier étage, quelques mètres à peine sous le dôme de verre qui surplombait l'immense hall principal où tout le monde se retrouvait pour s'entraîner ou des meetings, il s'appuya sur la rambarde et baissa les yeux vers le rez-de-chaussée. Comme d'un fait exprès, elle était là. Maddie lui avait donné quelques vêtements et si on lui avait interdit de mettre un pied dehors avant de savoir qui elle était, Sam n'avait pas attendu qu'on lui interdise également de venir s'entraîner un peu. Reese acquiesça et descendit les escalators immobiles pour la rejoindre. Maze non plus n'était pas très emballé par cette inconnue qui naviguait entre leurs murs. Mais Skandar l'avait portée jusqu'ici, inconsciente. Le débat avait duré pendant des heures et au réveil de la belle, son amnésie avait apaisé les flammes. Si certains ne perdaient pas de vue l'hypothèse d'une amnésie feinte, Reese n'était pas stupide et savait reconnaître quelqu'un torturé par soi-même et frustré. Et Sam lui faisait plus l'effet d'une bombe à retardement qui, jusque là, n'avait pas ou peu réagi. Et puis que personne n'avait réussi, Positif comme Candidat, il décida de s'essayer. Lui, le Négatif à la tête de l'Underground et d'une bande de sauvages armés jusqu'aux dents.

Sam put entendre ses pas derrière elle, quand même il était discret. Il avait de la peine pour elle mais demeurait méfiant.

Une semaine… Cela faisait une putain de trop longue semaine qu’elle était terrée comme un rat, non seulement terrée, ne voyant que la lumière du jour à travers de cette verrière, avec pour ordre de ne pas foutre le nez dehors, elle était en cage !

Sam avait été docile jusqu’à lors. On ne lui avait pas vraiment laissé le choix non plus avec cette maudite amnésie, elle avait presque oublié comment on tirait une satanée chasse d’eau !
Elle avait subit des interrogatoires, ah ! C’était la bonne blague, interroger une jeune femme qui ne savait même plus son propre nom. Maddie l’avait travaillée au corps pour trouver un pouvoir…  et Elvis lui, l’avait vraiment travaillée sous toutes les coutures pour espérer la retracer.

C’était une longue et pénible semaine qui venait de s’écouler et Sam avait envie d’hurler. Elle aimerait comprendre, comprendre qui elle était, ce qu’était l’Underground par ce que ah ! ça aussi on ne lui avait rien dit !
Si elle ne savait plus qui elle était, elle n’avait pas perdu son caractère. Le rouge lui était monté aux joues ce jour là et elle était partie comme une furie après avoir demandé à son protecteur dévoué de lui donner de quoi lui mettre du bonheur dans les oreilles. Avec de la chance, peut être que l’une d’entre elles l’aiderait a se souvenir d’un petit truc… D’un moment, d’un nom, de quelque chose bon sang ! Elle était frustrée et angoissée.

Elle se dirigea donc dans la salle d’entrainement et jeta son dévolu sur un tapis de course. Evidemment, devant cette saloperie de machine à programmer, elle se retrouva comme une idiote. Mais sa fierté était plus grande que sa mémoire, cependant, ce n’était pas bien difficile dans son cas, elle tripota les boutons au hasard et finalement réussit à trouver un rythme lui correspondant, plutôt soutenu. Il lui fallait au moins ça pour évacuer toute la pression.

Elle avait couru ainsi plus d’une heure, sans s’arrêter, avec cette musique qu’elle découvrait et qui allait lui filer la migraine si elle s’obstinait encore à l’écouter.
Elle transpirait sous l’effort et ça lui prit comme un coup de fusil, elle s’arrêta, essouflée en retirant vivement les écouteurs de ses oreilles.
Elle prit la serviette qu’elle avait laissé trainer sur un banc sur lequel elle y posa ses fesses. Elle s’épongea et un bruit de pas attira son attention, elle se retourna et vit s’approcher le fameux Reese. Le beau gosse à la tête de tout ce merdier, c’est ce qu’elle en avait déduit. Puisqu’il se déplaçait lui même pour venir lui parler, il avait certainement enfin découvert quelque chose sur elle.

Sur un ton plutôt mordant elle lui balança.

- Si vous n’avez rien trouvé d’autre qu’un taux de cholestérol élevé, vous pouvez partir tout de suite, je ne suis pas d’humeur…

Elle passa une dernière fois la serviette sur le front avant de se lever et faire face à l’homme, les mains sur les hanches. Non Sam, comme on l’appelait ici, n’était pas d’humeur douce.

– Moi non plus et j'en fais pas tout un plat.

Action, réaction. Reese n'était pas du genre à se laisser faire et pour ainsi dire, des petits caractères trempés comme Sam, il en était sacrément bien entouré pour ne citer que Camy et Maddie. Alors ça ne lui faisait pas peur, ni froid aux yeux. S'il avait su que l'on le qualifiait de "beau gosse" avant leader, il aurait sûrement ri, lui qui ne se trouvait pas particulièrement exceptionnel ni franchement très beau. On ne pouvait pas non plus dire que les femmes se bousculaient et contrairement aux apparences, il n'avait pas connu énormément de femmes.

Il acquiesça silencieusement lorsqu'elle lui fit face, le défiant par la même. Il la dévisagea de haut en bas et releva les yeux sur elle, attendant qu'elle morde. Mais rien ne vint. Il ne se laisserait pour autant pas faire et tout caractère trempé qu'elle était... imaginez quelqu'un pouvant l'être encore plus et dites-vous que Reese était bien pire. "The Lucky One" on le surnommait. Ou "L'Invincible". Voire même "Le Cocu" tellement il avait accumulé de chances dans sa vie. Toujours blessé, toujours à deux doigts d'y passer et pourtant toujours là, présent, haut de ses deux mètres, prêt à en découdre plus que n'importe lequel des Positifs. Il savait les matter mais il savait surtout être là pour eux. Même si cela ne se voyait pas forcément sur l'instant.

– Nous n'avons rien trouvé encore, je venais simplement voir comment tu allais. Et tu ne peux pas leur en vouloir, ils font vraiment leur possible. On finira par trouver. En attendant, tu dois essayer de rester patiente.

Elle le dévisagea à son tour en croisant les bras. Il n'y avait aucune raison qu'elle ne l'imite pas. Elle voulait simplement savoir qui elle était et sortir de ce trou le plus rapidement possible. Ces murs autour d'elle, les regards remplis de pitié qu'elle croisait parfois la rendaient dingue. Il n'y avait pas que du négatif dans cette histoire, Skandar était adorable avec elle. Mais cela ne faisait pas tout !
Elle n'en pouvait plus de ne pas respirer l'air de l'extérieur, de ne voir le soleil que par une baie vitrée. Elle n'en pouvait plus de passer le plus clair de son temps avec Maddie et Elvis.

Et là, elle saturait, elle allait devenir dingue. Et de voir Reese, son attitude et son air de la prendre pour... pour quoi d'ailleurs ? Une menace ? Foutaise ! C'était ça, elle le sentait, elle devenait folle. Imaginez une tête vide de souvenirs agréables. Ce que ça peut procurer comme sensation de n'avoir que la tête de ces rats de l'Underground qui vous regarde comme une bête curieuse en guise de visages familiers.
Ne pas savoir si quelqu'un vous cherche. Un amant ou un époux ? Des enfants peut être ! Un doux foyer, des parents? Des amis, un boulot ? Comment être patiente quand on refuse de vous lâcher dans la nature pour faire de vraies recherches ?

- Patiente ? Rester patiente ? C'est une plaisanterie là ?! Elle se mit à rire nerveusement, en passant une main sur la nuque. Comment veux-tu que je reste patiente alors que vous n'êtes pas fichu de répondre à mes questions ! A se demander si vous cherchez réellement qui je suis. Et tu crois que je vais comment ? OUIII super la grande forme regaaaarde !

Elle leva les bras et la tête au plafond en tournant une fois sur elle même, ses mains maintenant au dessus du crâne, les coude écartés.

- J'ai l'impression de perdre la raison en plus de la mémoire ! Si seulement tu ne m'empêchais pas de sortir un peu. Non ça ne vous vient pas à l'idée que je puisse avoir besoin de voir des choses qui m'aiderait peut être à me souvenir. Un lieu, un arbre, une odeur ? Non? Ah et bien non... Elle imita ce qui devait être la voix de Reese, l'accent de la jeune femme en plus, tout en laissant retomber ses mains. "tu restes là en quarantaine SAM, TU FAIS PEUR !!"

Et elle se mit à rire, un rire qui laisser présager rien de bon, ce rire qui laisser entendre un ras le bol certain. Elle se reprit aussi rapidement qu'elle avait failli, le ton presque menaçant.

- Laisse moi sortir...

Elle s'approcha de Reese d'un pas franc et le pointa du doigt.

- Laisse moi sortir ou je partirai sans ton autorisation.

Reese compatissait. Vraiment. S'il avait été à sa place, il n'aurait pas donné cher de ses bourreaux - et de leurs oreilles. Mais les rôles étaient inversés ici et il ne pouvait que penser au bien être de sa communauté, ainsi que celui de Sam, qui qu'elle soit. Néanmoins, il l'écouta sans rien dire. Si elle avait besoin de se défouler, il était là pour ça, après tout. En tout cas, c'était son objectif. Il ne cilla pas non plus lorsqu'elle le menaça. Il resta là, droit devant elle, son regard bleu glacial dans le sien. Il voulait l'aider mais il n'était pas sûr de savoir comment s'y prendre. C'était bien la première fois qu'ils rencontraient une situation pareille. Aussi, il lui répondit le plus calmement du monde.

– Je t'invite à voir les choses sous un autre angle. Si on ne sait pas d'où tu viens, nous non plus. Tu sais ce qui t'attend dehors ? - Il haussa les épaules dans une moue - Nous non plus. Il ne t'est pas venu à l'esprit que nous pouvions juste te protéger ? Qui sait si on te cherche pas, là-dehors ? On a visiblement cherché à te faire du mal. A tel point que tu en as perdu la mémoire. On ne peut pas te laisser sortir pour l'instant.

Il secoua la tête, sincère.

– Je suis désolé. Pour ta sécurité, comme la nôtre. Mais tu ne fais pas peur. Les gens ne savent pas alors ils se méfient, comme toi, comme moi, comme nous tous ici. Je sais que c'est long, je sais que tu en as marre, que tu es fatiguée que ça n'avance pas, mais sache qu'on fait vraiment tout ce qu'on peut.

Il aurait voulu essayer de susciter quelque chose chez elle. Un souvenir, une idée, une avancée. Il n'était pas Positif mais il avait ses propres atouts. Il renifla avant de reprendre.

– Je t'offre deux options. La première, tu viens avec moi. Je te montre un endroit où tu seras dehors mais en sécurité tout en prenant en compte que c'est un risque que je prends. Ou bien tu restes là à te demander à quel moment tu vas me coller ta droite dans la tronche.

Elle le regarda, la bouche ouverte et  consternée face à sa réponse. N'avaient-ils pas émis l'hypothèse qu'elle avait été au mauvais endroit au mauvais moment ? Qu'elle n'avait juste pas eu de chance ou, qu'elle avait été prise pour quelqu'un d'autre ? Un passant l'aurait tout aussi bien retrouvé et appelé une ambulance et ses proches ou amis ou elle ignorait qui pouvait l'attendre à l'extérieur auraient fini par la retrouver?

Ses mots étaient déconcertant de conneries. Oui, Sam était certainement de mauvaise foi, et même si Reese lui avait prouvé par A+B qu'il avait raison et que ce n'était pas discutable, elle aurait trouvé de quoi lui mettre le nez dans la merde. Son esprit s'échauffa et Sam serra les poings.

- Si vous craignez tous autant que vous êtes pour votre sécurité, il ne fallait pas me ramener ici et me laisser crever dans un caniveau ! Je n'ai rien demandé ! Rien ! Et aujourd'hui je le paye ! Alors vous allez me laisser errer comme n'importe qui d'autre ici ! Ou je vais finir par être un danger pour moi même !

Et ce n'était pas du tout une menace, c'était la stricte vérité. La quarantaine n'était qu'une fausse excuse pour l'écarter. Elle allait prendre sa liberté d'une façon ou d'une autre et elle ne supporterait plus l'enfermement un jour de plus.
La proposition de Reese était valable si Sam n'était qu'une simple godiche sans cervelle (quoi que) qui dirait amen à tout ce qu'on lui proposerait. Elle était tentée par la proposition de Reese il fallait l'avouer, par les deux même ! Pourquoi faire un choix ?
Elle s'approcha de lui, le regard mauvais et menaçant, tout comme son index qu'elle appuyait sur le torse fort de Reese.

- Je ne me contenterais pas d'une sortie sur un balcon ou je ne sais qu'elle autre connerie que tu vas me trouver ! je veux sortir !

Et elle lui colla le genou dans les bijoux de famille de sorte qu'ils lui remontent jusqu'aux amygdales puis tenta de fuir...

Elle marquait un point. Ils auraient pu l'amener ailleurs, comme dans un hôpital, par exemple. Mais Skandar en avait décidé autrement. L'avenir révèlerait bien des surprises et Reese n'était pas réellement adepte de l'inconnu. Il aimait le concret, il aimait savoir où il posait les pieds, comment, pourquoi. Mais depuis que le jeune lanceur de couteaux était à l'Underground, il avait appris à savoir que son instinct était souvent juste, même quand il agissait avec passion et un certain manque de réflexion. Mais il avait souvent raison. C'était bien la seule chose qui rendait Reese "docile" face à l'inconnue. Et quand elle le menaça, il ne dit rien. Encore une fois, il comprenait totalement sa réaction. Après tout, c'était assez injuste mais avaient-ils vraiment le choix ? Il était prêt à craquer. Il était prêt à lui dire d'accord pour sortir mais avec une escorte - lui - , il était prêt à lui donner ce qu'elle voulait parce que Reese était loin d'être méchant, il était juste strict. Mais elle a levé son genou et il n'eut pas le temps de réagir.

Il se pencha en avant, le souffle coupé et le visage rouge, c'est qu'elle avait de quoi répondre ! Elle avait même de la force. Et elle était plutôt rapide. Il tenta de la rattraper mais la douleur le cloua au sol.

RÉUSSITE RÉUSSITE : Reese est un dur, un vrai, un mec, un , il trouve la force de se redresser pour la rattraper d'un seul pas
RÉUSSITE ÉCHEC : C'est un roc mais au moment où il la rattrape, elle se défend et il mange son poing dans le visage, la poursuite continue.
ÉCHEC RÉUSSITE : Il lui faut un moment pour se remettre avant de courser Sam qu'il finit par rattraper en parcourant la distance qui les sépare avec l'avance qu'elle a prise.
ÉCHEC ÉCHEC : Sam cogne plus fort qu'elle ne le croit et Reese n'a pas pu prévenir le coup. Sam gagne de l'avance et elle bouscule quelqu'un sur son passage, laissant tout juste à Reese le temps de se remettre à sa poursuite.

Reese eut presque une larme à l'oeil sous la douleur, le genre de maux qu'il n'avait plus ressenti depuis des années. Quand il rouvrit les yeux, Sam bousculait quelqu'un pour se frayer un chemin. Il se redressa et prit une profonde inspiration pour se remettre à sa poursuite, la colère lui montant dans la poitrine. Pourtant, des rebelles, il en avait matté plus d'un. Et d'une. Le bousculé regarda d'abord Sam s'échapper puis Reese suivre la marche. Remis de son coup, son endurance ne fut pas en reste.

Le membre 'Reese Owen' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Quitte ou double' :

Reese n'avait pas vu le coup venir, et si Sam en avait eu le temps, elle s'en féliciterait et en  sourirait presque de plaisir, à moins que cela ne soit juste l'effet de quelque chose de retrouvée. Cette montée d'adrénaline qui lui donnait presque des ailes, comme une sensation perdue mais maintenant retrouvée, c'était délicieusement excitant. Elle voulait fuir, et vite. quitter cette cage et cette bande qui lui avait volée sa liberté et Reese, ce grand gaillard allait se remettre très vite de sa douleur.

Sans réfléchir elle partit droit devant, bousculant sur son passage un mec qui aurait du se pousser, par ce que personne ne se mettrait en travers de sa route, elle ne dévirait pas !
Sam savait ou conduisait chacune des portes qui s'offraient à elle, chacune menant dans un quartier de l'underground, mais on ne lui avait jamais autorisé à sortir et bien sûr, montré où la sortie se trouvait. Elle n'allait pas se perdre dans ce dédale de couloirs, cela serait trop simple pour celui qui était maintenant à sa poursuite et qui devait connaitre le moindre passage, le moindre conduit d'aération comme le fond de sa poche pour y errer les yeux fermés. Cependant il y avait bien celle-ci juste en face, qui donnait dans un long couloir très sombre où brillait aussi une lumière verte, l'issue de secours et c'est par là qu'elle s'enfuirait même si on lui avait expliqué qu'elle ne menait nulle part. Comme si elle allait les croire.

Elle sentit Reese la rattraper malgré son avance qu'elle avait estimé confortable, mais elle avait sous-estimé le vieux derrière elle qui allait bientôt la talonner. Le couloir était sombre, très sombre et Sam n'apercevait rien d'autre qu'un mur de chaque côté, aucune autre porte ou ouverture où elle aurait pu se glisser. Son but approchait enfin, elle souffla sous l'effort mais sa course n'avait pas faibli, elle devait passer cette porte avant qu'il ne la rattrape.

Elle y était enfin et enclencha la poignée pour s'acharner dessus, avec la paume de la main la frapper de rage  en pestant de toute ses forces pour finalement lui filer un coup de pied en guise de coup de grâce qui ne servirait à rien. Elle était verrouillée, Sam était coincée dans ce cul de sac, Reese aux fesses...

La petite brune se retourna d'une trombe, essoufflée et le regard mauvais. Elle entendait ses pas et sa silhouette devenait plus visible à chacun d'entre eux. En position défensive, Samiha était prête à lui sauter à la gorge s'il le fallait.

- Laisse moi partir !

En passant à côté de la personne, Reese ordonna d'aller chercher Skandar.  Une fois à la hauteur de Sam, à peine essoufflé, il leva les mains pour prouver son innocence. Les yeux ronds, il tenta une approche plus calme et secoua la tête.

– Je ne peux pas. Je suis désolé mais je ne peux pas. Pas toute seule, en tout cas. Mais plus tu auras une attitude pareille, moins on sera enclins à te laisser sortir. Il faut que tu me donnes encore du temps. Je te promets de faire mon possible.

Si Sam essayait de s'en prendre à Reese, celui-ci avait plus d'un tour dans son sac et ne manqua pas de parer ses coups. Malgré l'âge, il n'était pas en reste. Ils n'auraient jamais dû l'amener ici. Ils n'auraient jamais dû amener entre leurs murs une inconnue pareille. Ramasser les chiens écrasés était une chose, mais dans sa quête, Skandar en avait sous-estimé les dangers. Et il était clair que nous ne savions rien. L'absence de puce - et visiblement arrachée - laissait à penser qu'il s'agissait d'un Candidat. Si c'était bien le cas, d'où venait-elle ?  De la Waleman ? Elle serait donc un élément de preuve, un peu d'eau à leur moulin pour déjouer leurs plans. C'était bien la seule raison pour laquelle Reese avait accepté qu'elle reste. Et dans son quartier. Même s'il avait confiance en Maze et Maddison - encore qu'il se méfierait toujours de la seconde - il se sentait responsable de Sam, par le biais de Skandar. Donc si erreur il devait y avoir, elle viendrait de lui. Néanmoins, des Candidats venant de la Waleman, ils en avaient un ou deux. Et aucun ne connaissait Sam, mais ça n'avait rien d'étonnant. Donc rien n'aidait Reese à mieux comprendre qui était cette inconnue. D'un geste du bras, il désigna l'immense salle d'où ils venaient et son dôme de verre.

– Je te l'ai dit. Je peux t'emmener là-haut. C'est qu'un balcon mais c'est dehors. Mais tant qu'on ne sait pas qui est après toi, on ne peut pas prendre le risque de te lâcher. De plus, je te ferais remarquer que ton sale caractère ne m'incite pas à plier à ta requête inconsidérée de petite fille colérique, caractérielle et indomptable. Mais si tu te calmes et que tu deviens un peu plus docile... On peut négocier. Qu'est-ce que t'en dis ?

- Négocier? Négocier ?! Arrête tu vas me faire rire. J'ai été plus que patiente en me laissant tâter comme l'on fait  d'un cheval de course ! On a bossé avec Maddison comme deux malades à chercher quelque chose qui me dépasse, vous connaissez mon intérieur mieux que moi, alors j'ai le droit à plus qu'un ridicule balcon avec vue sur une décharge !

Elle ignorait ce qu'elle y verrait réellement, mais ça ne devait pas être beaucoup mieux. Sam n'avait absolument rien contre Reese personnellement, il avait l'air d'un chouette type même, mais elle le trouvait tellement mou, tellement... pas la carrure d'un meneur. Bon sang à sa place, elle ne se serait même pas supporté dix minutes sans se coller un bourre pif. Mais se faire appeler petite fille colérique ne passait pas.

- Tu peux penser ce que tu veux de moi, j'en ai rien à faire. Si vous pouvez me rendre la vie impossible, je suis capable de rendre la votre un véritable enfer.

C'était réellement une réplique pitoyable, alors qu'elle savait pertinemment que Reese n'avait qu'un mot à dire pour qu'elle se retrouve au fond d'un trou dans le noir où on l'oublierait vite. C'était peut être la meilleure solution finalement.

Sam ouvrit la bouche mais quelqu'un arrivait au pas de course, c'était Skandar, elle aurait reconnu sa silhouette mieux que n'importe laquelle ici. Ce n'était que partie remise avec Reese. Elle lui balança un regard et un sourire en coin, une vraie provocation en somme, mais c'était plus un acte désespéré, par ce qu'elle l'était et que ça n'échappait à personne, mais Sam refusait de l'admettre. Pas d'étripage ni de fuite, cela ne se passerait donc pas aujourd'hui, ils avaient été tous les deux "sauvés" par un Skandar à la rescousse.

- Skandar !

Un cri comme une délivrance, elle se précipita vers lui, expliquant grosso modo ce qu'elle faisait ici, et pourquoi. Skandar l'écoutait et  la réconfortait toujours sans émettre le moindre jugement ni reproche. Et ils commencèrent à s'éloigner calmement.

Et un enfer, elle en créait déjà un. Reese était fatigué. Son caractère commençait à lui porter sur les nerfs, lui pourtant d'un calme olympien en règle générale. Samiha avait semblé prendre Reese en grippe dès le départ. Il était de bonne constitution mais elle atteignait des limites de patience. Mais Reese ne savait pas non plus comment s'y prendre avec elle, c'était délicat. Il la comprenait, aussi, il essayait de jouer deux poids deux mesures mais elle le pressait comme un citron, il lui était difficile de rester objectif et patient.

Il n'eut pas le temps d'essayer de l'amadouer, peut-être de l'amener à saisir certaines choses comme le fait qu'ils n'étaient pas ennemis. Mais Skandar arrivait déjà et Reese retint un juron entre ses lèvres en redressant la tête. Il laissa Sam le rejoindre, plissant les rides de son front à sa provocation. Elle n'en manquait définitivement pas une. Mais lui non plus. Il avait envie de la cogner comme de lui dire ses quatre vérités mais il savait qu'il ne ferait ni l'un ni l'autre. C'était étrange de voir à quel point il commençait à manquer de patience alors que Maddison - impatiente devant l'éternel - tenait encore le choc. Sûrement parce qu'elle était une femme. Pourtant, il ne se souvenait pas de la dernière fois où Maddison était restée calme et attentive face à une autre femme. Ainsi donc, ils jouaient le jeu du bon et du mauvais flic. Pour une fois que Reese jouait le méchant. Alors qu'ils s'éloignaient, Reese ne pu s'empêcher de la mettre en garde.

_ Change de comportement et je changerai le mien !

A croire qu'il parlait à sa fille. Elle était peut-être trop vieille pour l'être mais c'était sûrement comme ça qu'il agirait si c'était la sienne !