[CLOS] [Maddie/Samael] "Time spent in reconnaissance is seldom wasted"

– Je suis arrivée, je coupe avant que les drones ne me repèrent.

Alors que j'enlevais mon casque en calant ma moto sur le trottoir, Elvis a confirmé mon silence radio avant de couper le signal que les petits aéronefs de la Ville haute auraient pu détecter. Je ne venais quasiment jamais ici. Ce n'était pas mon secteur et qui plus est, nous avions plus de choses à faire en Ville Basse. Quand Sliders avait à opérer ici, c'était toujours pour des missions de ce genre : de la reconnaissance avant que la Resistance ou Salvation n'intervienne. Placer quelques micros, surprendre quelques conversations, définir des plans d'évacuation... Bref, mon travail au sein de l'Underground. Un jour, mon père m'a dit "Le temps passé en reconnaissance est rarement gaspillé." J'ai appliqué ce conseil toute ma vie. A l'armée, au sein de la communauté et même à la police que j'avais intégrée deux ans plus tôt.

J'ai levé les yeux sur le building qui se dressait devant moi et j'en ai ressenti une certaine appréhension. Ce n'était ni la Waleman, ni la King, ce n'était qu'un immeuble de bureaux divers et variés mais qui contenait sur deux étages des dossiers classés des centres et foyers de services sociaux. Nous espérions pouvoir devancer l'état et trouver une piste sur où était ce gamin dont tout le monde parlait actuellement. Cet enfant aux pouvoirs "prodigieux". On ne savait toujours pas de quoi il s'agissait, cela dit mais la récompense pour le retrouver avait encore augmenté la veille. Bientôt, ce gosse vaudrait plus cher que mon joli schéma ADN sur une table d'opération. Un véritable chant lyrique.

De ceux qui pouvaient agir, je faisais partie de ceux dont la puce était en règle et surtout légale. Alors passer les frontières de la Ville Haute et ses contrôles n'était pas un problème pour moi. Je pouvais circuler comme bon me semblait. Il me fallait néanmoins éviter les drones. Je n'avais pas envie qu'ils me repèrent et me demande de m'identifier en donnant la raison de ma présence. Nous pouvions faire plus simple alors autant éviter de nous attirer des ennuis lorsque ce n'était pas nécessaire. Le problème restait entier car pour ma part, quand bien même je restais loin des ennuis, il avait été scientifiquement prouvé que je les attirais ! Depuis que j'avais quitté la Ville Basse, j'avais été suivie. Il ne s'agissait pas de moi baissant ma garde mais de ne pas virer parano au milieu d'une centaine de voitures sur le périphérique conduisant jusqu'ici pour ceux qui n'empruntaient pas le Shuttle. Je n'utilisais jamais les transports en mission, à moins d'en avoir besoin. Ma moto, c'était mon échappatoire mais je l'avais laissée quelques rues plus loin, encore une fois pour éviter d'être trop facilement repérée. Je suis passée derrière le bâtiment qui m'intéressait afin d'en relever les portes de sorties et les mécanismes employés. A cette heure-ci, la nuit était écrasante et la majorité des bureaux étaient plongés dans le noir dans lequel je me fondais grâce à ma tenue.

J'ai entendu un chat sortir d'une poubelle en feulant alors que le mécanisme de broiement se mettait en marche. Tout était si calme que j'en ai légèrement sursauté, tous mes sens se mettant alors en alerte. C'est là que je l'ai sentie. L'intuition, quelques fractions de seconde avant que quelque chose ne se produise, elle était là, comme une sonnette d'alarme se déclenchant, mais trop tard. J'ai tourné la tête pour identifier le pressentiment qui venait de m'envahir. Un poing s'est abattu sur mon visage en me faisant perdre mon équilibre et je me suis retrouvée le fessier sur le béton. J'ai porté ma main à ma lèvre et j'ai relevé des yeux vifs sur mon assaillant : trois types me dévisageaient, dont un qui se frottait le poing, comme pour mieux le limer en prévoyant de remodeler mon visage. Mais j'ai surtout perçu sur leur sourire dans l'obscurité, malsain.

– Et bien, et bien... On dirait que la petit fliquette n'est pas simplement une trouble-fête des bas quartiers ! C'est que le cuir te va mieux que le coton bleu marine estampillé bon marché, tu sais ?

J'ai commencé à me redresser mais un pied s'est abattu dans mes côtes en me faisant plier dans un grognement. Des petites frappes. Les membres d'un groupe de la Ville Basse que je tenais à l'oeil. On ne pouvait pas dire que j'étais très appréciée en tant que policier. Ma volonté à faire de cette ville un endroit plus sûr pour tous, Candidats, Positifs et Négatifs, n'était pas forcément l'objectif de tout un chacun. L'un d'eux n'a pas attendu que je retrouve ma respiration et m'a relevé la tête par les cheveux en m'arrachant un léger gémissement.

– Et ça, c'est pour pas faire de jaloux...

Si j'avais voulu employer mon pouvoir, je l'aurais déjà fait. Mais quand on vous attaque avec autant de précision, ça force la curiosité. Le coup de taser, en revanche, j'aurais pu m'en passer si seulement je l'avais vu à la ceinture de mon assaillant. Quand il l'a apposé sur mon cou pour l'enclencher, mon pouvoir a cherché à se manifester. C'était pour moi plus qu'un don, c'était une entité qui faisait partie de moi. Il se manifestait sur commande mais également selon sa propre volonté : pour me défendre, me sauver la vie... Mais ce jour-là, sous l'électricité qui me parcourait tout le corps, il n'a servi à rien. Je me suis entendue crier à travers la ruelle. Un son étrange, entrecoupé de silences nets, comme une séquence dont il manquerait des images. Ce n'était pas comme des interférences, c'était comme... Si je disparaissais mais que je ne pouvais plus bouger non plus. Tout mon corps était tétanisé.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Ca avait été une longue journée, dure, fatigante, éreintante... Se lever tard, passer une bonne heure à ne rien faire au fond de son lit, choisir de ne se lever que pour manger et finalement aller se jeter dans le canapé sans rien faire de l’après-midi pour finalement décider d'aller courir un peu manière de ne pas non plus rester totalement inactif. Usante journée, c'est bien ce que je disais. A tel point que le simple fait de s'habiller pour sortir l'avait fatigué. Ca faisait des jours qu'il ne travaillait plus. Depuis ce vol d'enveloppe sur le port on ne l'avait pas contacté, ni eux, ni d'autres. Bon, il ne s'en plaignait pas, quelques jours de vacances n'étaient pas le genre de chose qu'il refusait, mais quand on est un homme de 50 ans qui a toujours été très occupé, ne rien faire pouvait vite devenir d'un ennuie mortel. Alors pour l'instant il déambulait dans son appartement entre une grasse mâtiné et un après-midi télé en économisant tous ses vêtements mais il n'avait pas été élevé comme ça. Au moins courir allait lui vider la tête quoi qu'il n'y ai pas grand chose à vider en ce moment. Un pantalon de sport, un maillot de corps blanc sous un sweat à capuche et le voilà partit.

Ça lui rappelait brièvement son enfance et la formation militaire qui s'accompagnait sans grand étonnement d'une bonne partie d'exercices physiques dont entre eux la course, matin et soir. Ça avait été compliqué au début mais comme les autres, il s'était habitué. Il ne courrait pas plus souvent que ça, pas assez finalement parce que même si faire du sport pour faire du sport n'était pas sa tasse de thé, il devait bien avouer que ça lui vidait la tête. Et puis quand on fait son métier, s'entretenir n'est pas une option. L'endurance c'était la clé, mais on ne court jamais exactement à la même vitesse, et entraîner son cœur à s'accélérer d'un coup peut être utile. Rejoignant une rue un peu moins fréquentée, Sam piqua un petit sprint, rapide, agile, jusqu'à s'arrêter d'un coup, les yeux grands ouverts, le souffle court. Aucune douleur, aucun manque d'air, il aurait pu continuer comme ça encore un moment... Non, il y avait autre chose. Une sensation, un ressentit, un truc qu'il avait sentit. Il n'était certainement pas empathe et son pouvoir ne lui permettait pas de ressentir les choses alors à moins qu'il ne devienne fou, tout ça était étrange. Reprenant son souffle il se redressa et balaya son environnement proche du regard, tendant la main, fronçant les sourcils comme pour se concentrer. Suivre le signal, ou ici la sensation. D'où ça pouvait bien venir... Par là. Sam reprit sa course, prudent mais rapide, en s'enfonçant dans une ruelle qui le mena à une autre grande rue, sans rien voir. S’arrêtant un instant, il chercha à nouveau. Il avait déjà ressentit ça avant sans vraiment comprendre ce que ça représentait. Il savait juste qu'il cherchait un autre positif ou un autre candidat, capable de voyager dans le temps. Il n'avait jamais comprit pourquoi mais ils pouvaient se sentir entre eux.

Reprenant sa course, il suivit son instinct pour finalement débouler dans une ruelle où il tomba nez à nez avec trois types et une femme à terre. Son arrivée n'avait pas été très discrète en fin de compte, la précipitation, une mauvaise chose comme toujours. Reprenant son souffle sans trop de mal il jaugea chaque individus sans rien dire. - « Qu'est ce que tu fous là toi. Dégage, y'a rien qui te concerne ici. » - Sam arqua un sourcil. - J'en doute. - Pourquoi s'emmerder à répondre de toute façon. Il était pas du genre à sauver la donzelle en détresse mais quitte à être là... Sam figea le temps un instant, juste un instant, le temps de sauter sur un conteneur pour rebondir et retomber sur l'un des types, le faisant céder sous son poids, repoussant sa tête assez violemment contre le sol pour l'assommer. Se relevant assez vite pour éviter le coup de pieds que le second gars allait lui mettre fut une judicieuse idée, autant que de l'attraper par le cou pour le projeter contre le même conteneur qu'il avait utilisé pour prendre de la hauteur juste avant. Pas besoin d'arrêter le temps cette fois. Déviant le coup de poing qui allait venir, Sam frappa l'homme au visage, recula d'un pas pour éviter le revers et à nouveau frappa au visage. Il était sonné normal et tant mieux. Un pas avant et Sam écarta les bras du type qui avait remonté sa garde pour finalement lui asséner un violent coup de poing en plein ventre, coupant sa respiration et l'obligeant à se plier en deux. Pliant sa jambe il la remonta rapidement pour que son genou entre en collision avec son nez. Le choc le repoussa en arrière et il tomba, simplement, un poids mort sur le sol. Remettant son sweat en place, il se retourna vers le dernier type debout comme s'il ne s'était rien passé. Son regard en disait long mais il ne brisa pas un seul moment le silence.

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il offrit une diversion. Mon assaillant m'a finalement lâchée en me laissant retomber au sol. Je sentais tout mon corps vibrer et se secouer légèrement sous l'électricité. Je toussais, les mains à plat sur le sol en essayant de retrouver ma respiration. En entendant la voix de l'inconnu, j'ai relevé les yeux sur lui pour le voir disparaître. Pour moi, il s'agissait d'un simple Jumper. Rien de plus. Mais qui venait de commettre une grave erreur.

Je le savais pour l'électricité. J'en avais entendu parler par d'autres Sliders mais surtout, je l'avais déjà expérimenté. En cuisine ou en me prenant du jus dans des câbles. Je savais que pour nous, l'électricité était notre principal point faible. J'ignore comment ces abrutis ont su, ou bien était-ce une simple coïncidence compte tenu du fait que j'avais agi sur eux avec un taser - étonnant, non ? - mais en tout cas, à présent, ils avaient toute mon attention. Le temps que mon "sauveur" ne s'en prenne à deux des types, le troisième a fondu sur moi pour s'occuper de mon cas. J'ai roulé pour me retrouver sur le dos et j'ai poussé un cri en lançant mes jambes dans ses genoux. Je me suis redressée et relevée avant de me baiser pour éviter le poing de mon assaillant. J'ai foncé dans son abdomen pour le plaquer contre un mur avant de recevoir sa tête contre la mienne. Ma vue était troublée à cause du taser, mais pour le coup, j'ai vu des étoiles. J'ai reculé en portant mes mains à mon nez et j'ai manqué de tomber en arrière en recevant son pied dans mon ventre, ce qui m'a arraché un nouveau cri.

Mais le temps que j'entreprenne de répliquer, il m'a attrapée par le cou et m'a serrée contre lui avant de faire face à l'inconnu. Dans un silence soudain, j'ai senti le taser sous mon menton et je me suis raidie, immobile. Le souffle court, la lèvre en sang et une vive douleur dans le nez, j'ai tourné les yeux vers l'inconnu. Un simple jogger. Un Jumper de la ville haute qui passait par là. J'ai pincé les lèvres et fermé les yeux en sentant le taser se presser contre ma peau. Je tenais son poignet entre mes mains mais je n'osais bouger. Mon pouvoir hurlait à l'agonie, prêt à se manifester si je ne me décidais pas à le faire moi-même. Les dents serrées, j'ai écouté mon assaillant provoquer l'inconnu.

– On vient au secours de sa petite chérie ? Tu sais, c'est pas que j'aime me plaindre mais... C'est elle qu'a commencé !

J'ai levé les yeux au ciel, tendue comme une corde de violon et j'ai reporté mon attention sur l'inconnu. J'étais "blessée" dirons-nous mais le Jumper ne semblait même pas fatigué. Aussi, mon assaillant a dû penser que le danger c'était lui et qu'il valait mieux commencer par lui. Au moment où il a tendu le bras pour viser l'inconnu, j'ai hurlé et porté ma main à celle qui tenait le taser, activant mon pouvoir pour emmener le malfaiteur avec moi.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Il ne pouvait plus intervenir. En fait il aurait pu, avant, mais pendant qu'il se battait contre les deux autres, la jeune femme et le leader évident c'étaient battues. Le résultat n'était pas fameux et dans leur posture actuelle il ne pourrait rien faire. Et même s'il stoppait le temps, qu'est ce que ça changerait? Il devrait les défiger pour libérer la jeune femme de l’étreinte de l'homme, ça changerait rien du tout à la situation actuelle, à part peut être que sous la surprise il n'utilise son taser une nouvelle fois. Un coup de taser dans la gorge, clairement pas quelque chose d'enviable. - « On vient au secours de sa petite chérie ? Tu sais, c'est pas que j'aime me plaindre mais... C'est elle qu'a commencé ! » - Ce à quoi Sam répondit très explicitement... - Tssss... - Très constructif, merci. Bon, quelles options désormais. Il pouvait tout arrêter, se munir d'une arme, peut être l'un des gars au sol avait-il un couteau? Il pourrait le lancer et créer une ouverture? Ou alors il pouvait directement aller jusqu'au taser et déconnecter les fils? Mais en le faisant peut être allait-il aussi ramener l'homme, quoi que pas sur, c'était peut être la solution. Ainsi il pourrait l'avoir sans risquer que la jeune femme soit électrocutée, encore. Ou alors.. Merde!

Sans prévenir l'homme avait décollé le taser de la gorge de la femme pour le viser et tirer. Tendant une main comme par réflexe, Sam figea le Temps, le regard fixé sur les deux projectiles déjà en course et qui se stoppèrent en l'air. Pourtant cette fois tout était différent. Le flou de mouvement des objets, l'immobilité, le silence parfait, tout ça était normal. Mais ce qu'il voyait là, autour de lui... C'était pour le moins inédit.

The All-seen Eye

Un sliders le sait mieux que personne : Un battement d'ailes de papillon sur la muraille de Chine peut déclencher un ouragan en Floride. Et Samaël est sur le point de l'expérimenter.

Lorsqu'il fige le temps, Maddison a activé son pouvoir. Notre héros a du mal à la distinguer dans cette fumée noire étrange à travers laquelle elle devient difficilement visible, manifestation d'un de ces points chauds comme Samaël l'avait reconnu à quelques rues. Si le malfrat est dessiné de traits flous à cause de son mouvement, le Candidat peut voir... Autre chose.

Comme des vortex sans forme concrète ni opacité, des panneaux s'offrent à Samaël, un peu partout autour de lui. L'air est chargé d'électricité, lourd, étouffant et accablant. Ces panneaux ne sont autres que des visions, des perceptions d'un autre monde : des probabilités. Des fenêtres ouvertes à lui, à travers les yeux de Maddison. Il ne se voit à aucun moment, il n'est dans aucune des fenêtres, sauf une. La plus proche de lui. La vue est troublée, c'est à peine s'il peut se reconnaître, approchant. Et quand tout devient noir, la fenêtre disparaît, le portail vers ce monde est fermé et Samaël peut peut-être en conclure qu'à ce titre, il est arrivé trop tard.

Des moments de vie banals, parfois même des éclats de rire, des hurlements, aussi, des combats, en pleine nuit, en plein soleil, dans la forêt ou le désert... Chaque point chaud comporte sa fenêtre, une variante de notre monde à un moment où tout a bousculé. Mais il y a une fenêtre qui se détache des autres. Plus loin, dans la rue. Samaël peut naviguer entre les portails et s'il tente d'y passer la main, l'électricité qui s'en dégage le surprendra. Mais rien ne dit qu'il ne soit pas capable d'entrer dans un de ces univers.

La fenêtre éloignée est silencieuse et surtout, elle attire l'oeil. Ses images ne sont pas fluides. Si elles se répètent comme toutes les autres, ici, c'est différent, ce n'est pas une scène mais plusieurs, comme un bug, la boucle d'un disque rayé. C'est aussi la seule dont aucun son ne s'échappe. Il y a d'abord le visage d'un homme aux grands yeux noirs qui sourit, puis un autre, debout sur une table au milieu d'une centaine de personnes, scandant quelque chose d'inaudible. Il y en a d'autres avec ces deux mêmes hommes mais elles sont trop rapides, trop fugaces pour que Samaël arrive à bien les discerner. Et enfin, il y a cette main, celle de Maddison, hésitante, alors qu'elle repose un livre doucement sur son étagère. C'est l'image la plus longue, la plus lente. Même sans y être, il peut sentir le doute, il peut deviner que cet instant est crucial. Si Samaël ne reconnaît ni les hommes, ni les endroits, il est pourtant sûr d'une chose : la vision de Maddison est celle qui a tout changé.

Samaël : Tu as ici deux options.
1/ Tu peux continuer ta route, chercher comment sortir Maddison de ce mauvais pas en mettant l'homme hors d'état de nuire et poser tes questions ensuite.
2/ Tu peux tenter de comprendre ces fenêtres, peut-être même d'y passer une main ou une tête pour y découvrir ce que tu n'arrives pas à comprendre.

C'est à toi.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Une fumée épaisse et sombre l'entourait. Une visibilité limitée s'offrait à lui, une visibilité étouffée et étouffante. Le temps était toujours figé, il pouvait le sentir, mais tout ce qui l’entourait était comme irréel. L'agresseur était toujours là, il en discernait la silhouette, mais cette fumée... elle bougeait. Le temps était arrêté, ça ne se pouvait pas. Et c'est là qu'il commença à voir autre chose, des images. Au début il ne les avait pas vu mais après un pas en avant il avait pu discerner du mouvement dans la fumée. L'image la plus proche lui semblait familière mais à peine avait-il fait un pas verre elle qu'elle avait disparut, se fermant à lui. Était-ce la réalité? Ou alors peut être était-ce des hallucinations dû à l'utilisation de son pouvoir? Quoi que ça ne lui avait jamais fait ça. Des voix, des rires, des cris, des pleurs, il entendant tout ça, comme un brouhaha constant mais étouffé, et quand il s'approchait de l'une de ces images il entendait plus distinctement ce qu'il s'y passait. C'était étrange et totalement inattendu. Approchant de l'une des images, il regarda plus attentivement. Celle-ci montrait une scène dans une région sous la neige, un homme et une femme, elle semblait mal en point. Il entendait les voix mais ne comprenait pas. Tendant la main, il traversa l'espace d'un instant l'image dans la fumée et eu le réflexe de la retira rapidement quand il reçu un coup de jus désagréable. Étaient-ce des portails vers d'autres espaces temps? Vraiment?

Mais son attention fut attiré ailleurs, plus loin, à un ou deux mètres de là. Il y voyait une fenêtre mais pouvait sentir qu'elle était différente. Se focalisant sur elle, il commença à marcher mais aucun sons n'en provenait. Il y voyait bon nombre de chose, des images parfois trop éphémère pour qu'il puisse vraiment les analyser, mais certaines ne l'étaient pas. Un homme aux yeux noirs, un autre sur une table en train de discourir plutôt vigoureusement et cette main... Pourquoi ne voyait-il que cette main? De cet angle ça ne pouvait être que vu depuis la personne, depuis ses yeux... Le voyage dans le temps n'avait jamais été dans ses habitudes mais il était presque sur qu'on ne voyait pas au travers des yeux de quelqu'un dans ce genre de situation... Était-ce un souvenir? Si c'était le cas il n'était pas de lui. Tout autour de lui semblait bouger mais pas lui, il restait immobile devant cette fenêtre, la fixant, la bouche à peine entrouverte, perdu dans sa contemplation. Il tourna finalement la tête vers la jeune femme que l'autre tenait encore dans cette image figée. Était-ce elle?

Mais il ne pouvait rester ainsi plus longtemps. Ce serait con de revenir en faisant son âge alors que l'autre a toujours son taser. D'ailleurs... Sam se retourna, l'air absent et traversa la distance jusqu'au deux immobiles avant de relancer le temps. Un geste vif lui permit de désorienter l'assaillant par un coup à la tempe. Un pas en avant lui permit d'accéder au taser dans sa main, la désorientation ayant fragilisée sa préhension, il le récupéra et fit sauter la recharge des projectiles avant d'enfoncer la tête de l'arme dans sa nuque et de l'activer. L’électricité frappa l'homme qui se mit à trembler avant de s'effondrer, deux marques noires de brûlure dans le cou. Sam le regarda un instant convulser avant de relever les yeux sur la jeune femme, le regard un peu largué. Pas dans le vide, juste... étrange. Il n'était pas en état de choc, c'est sur, mais quelque chose clochait et il avait l'intuition qu'elle y était pour quelque chose. - Mais qui êtes-vous?

[Demain. Demain soir, je m'occupe de ton avatar. Promis. Là ce soir, je voulais juste terminer ces RPs que j'avais à faire]

En une fraction de seconde, plus rien. L'inconnu avait disparu et je me suis retrouvée bousculée. Perdant l'équilibre en voulant m'écarter le plus possible, je suis retombée sur les fesses, les yeux ronds en voyant le sort réservé à mon assaillant. J'ai reculé de plusieurs mètres afin de m'éloigner le plus possible de l'électricité. Je la sentais grésiller même de là où j'étais. Les yeux fous, terrorisée, j'ai sursauté lorsque le malfrat est tombé au sol en convulsant et j'ai fait un mètre de plus en arrière sur les coudes. Je ne faisais pas la fière. Pour ainsi dire, j'étais même pâle comme un linge. Ce jogger passant m'a alors lancé un regard que je n'aurais su définir. Le souffle court et saccadé, je ne l'ai pas quitté des yeux, même après sa question. J'ai alors froncé les sourcils. Qui j'étais ?

– Et vous, vous êtes qui ?!

Un Jumper qui se mêlait facilement des affaires des autres. Je ne voyais qu'une raison : il en avait après moi aussi et maintenant qu'il était seul à pouvoir bénéficier de la récompense, il allait s'occuper de moi. Je sentais toute l'électricité encore parcourir mon corps, j'étais incapable de bouger, pétrifiée le derrière cloué au bitume. Je n'avais aucune conscience de ce qui était arrivé ou de ce qu'il avait vu. Il ne m'était même jamais venu à l'esprit que je créais des versions alternatives de notre monde.

Quoiqu'il en soit, je n'aurais pas laissé ce type m'approcher pour rien au monde. Il était sorti de nulle part, était intervenu comme s'il en avait quelque chose à faire. Et ça, dans mon monde à moi : ça n'existait pas. tremblant légèrement, j'étais incapable d'utiliser mon pouvoir. Quelque chose m'en empêchait. L'électricité qui alourdissait l'air ou bien cet homme au regard de glace qui aurait déjà dû partir. J'ai déglutit alors en attendant un couperet qui ne tombait pas.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Sam arqua un sourcil à la réponse de la jeune femme, enfin à sa question plutôt. Pourquoi personne pouvait répondre directement à ses questions, c'était agaçant à la fin. Il fallait la mettre en confiance, c'était simple en fin de compte, alors quoi de mieux que de lui donner son nom pour commencer. Approchant d'un pas, il lui tendit la main pour l'aider à se relever. - Je m'appelle Seth. Vous devriez pas rester par terre, c'est pas très... clean. - En même temps, le fin fond d'une ruelle même dans la ville haute, soyons honnêtes, ça pouvait pas être propre. C'était acceptable vu de loin, c'est tout.

Elle refusa finalement son aide pour se relever, ce à quoi Sam ne répondit que par un haussement d'épaule. Il pouvait concevoir sa méfiance, il avait pas fait dans la dentelle là, quoi que ça aurait pu être pire mais peu importe. Se retournant et observant la ruelle il repensa à ce qu'il avait vu. Toute cette fumée, toutes ces images, comme des possibilités, des alternatives à leur présent et à leur avenir. Et cette fenêtre vers un souvenir, ce souvenir qui n'était pas le sien, s'il était à elle, comment avait-il pu y avoir accés? Son pouvoir ne le permettait pas, c'était la première fois qu'il avait accés à tout ça et il était presque sur que c'était pas de son fait. Après tout, son pouvoir ne lui permettait pas de voyager dans le temps, c'était certain, alors comment était-ce possible? Il avait beau y penser, tout revenait à cette femme, il devait comprendre.

Se retournant vers elle, il ne tourna pas autour du pot pour poser cette question, celle qui semblait n'avait aucun sens mais qui en aurait, celle qui en appellerait d'autre: de quoi parlait-il? De qui? Comment pouvait-il savoir? Comment était-ce possible? - Qui était l'homme sur la table dans la bibliothèque?

En le voyant tendre sa main, j'ai reculé d'une main. Des gestes brutes, des horreurs, dans ma vie, j'en avais vues pas mal mais je ne m'y étais jamais habituée. J'ai déglutis et me suis relevée seule, non sans un léger gémissement de douleur dans les côtes. J'ai grimacé et porté une main à mon visage avant de relever les yeux sur lui. Ce type était vraiment curieux, il était encore là à me regarder comme si j'étais la curiosité de la ville. Il n'avait jamais rencontré sa majesté l'électricité ? J'ai grogné en fronçant les sourcils.

_ Qui ça ?

Je n'avais pas idée de ce dont mon pouvoir était capable de révéler sur moi. Je n'y avais même jamais songé, en réalité. Alors l'idée qu'il puisse résonner avec un autre ne m'avait pas traversé l'esprit non plus. J'avais toujours été seule avec mon pouvoir. Cet organe vital, ce muscle que j'utilisais régulièrement pour éviter de m'ébouillanter avec la passoire parce que je n'étais pas douée ou quand je ratais une marche... Je me demandais combient de vies il me restait au compteur.

Je me suis tournée pour regarder autour de nous et j'ai fait une moue dubitative, les sourcils hauts avant de faire un mouvement des épaules.

_ Tu vois une bibliothèque ici, Seth ? Tu as dû recevoir une sacrée décharge pour débloquer comme ça.

J'ai baissé ma main pour y voir une tache de sang en espérant qu'il ne m'avait pas pété le nez au passage. Me tenant les côtes d'une main, j'en oubliais de dire mon nom. D'abord parce qu'il ne me semblait pas qu'il en ait besoin et aussi parce que je n'étais pas en terrain connu. J'ai reporté mon regard sur les corps autour de nous et j'ai soupiré. J'avais honte de l'avouer mais... Il m'avait sortie d'une mauvaise posture. Je l'ai désigné du menton.

_ Mais merci. ces petites frappes m'ont suivie depuis la Ville Basse.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Sam la fixa, incrédule. Elle se foutait de lui là en fait? Non parce qu'il venait de lui sauver la vie quand même, c'était pas rien. - « Mais merci. ces petites frappes m'ont suivie depuis la Ville Basse. » - Et il la fixa, encore, avant de regarder les corps inconscient autour d'eux, et finalement revenir à elle. - Non mais on s'en fout. Bon, de rien, mais on s'en fout. - Énervé? Stressé? Paniqué? Non, rien de tout ça. Un peu agacé en revanche. Il venait d'être le spectateur d'une chose totalement inédite, inédite probablement pour l’entièreté de l'humanité et tout ce bordel méritait explication. Faisant quelques pas il tenta de se remettre en tête la scène et ce qu'il venait de voir.

Une bibliothèque oui. Et une main reposant un livre. Tout ça dans un genre de fenêtre suspendu en l'air au milieu d'autres et d'une épaisse fumée. Ça vous dit quelque chose? - On aurait pu le croire fou à cet instant, ça n'aurait pas été franchement incompréhensible, mais il savait ce qu'il avait vu et il voulait comprendre. Qu'avait-il vu en fait? Pourrait-il le revoir? Bonne question tiens. Fermant les yeux il stoppa un instant le temps, faisant quelques pas dans la ruelle immobile sans rien voir de différent. Il s'approcha de la jeune femme, cherche du regard quelque chose qui pourrait le mettre sur la voie, mais rien, nada. Revenant un peu en arrière il relança le temps tout en marchant, son changement de place ne devait certainement pas être passé inaperçu. Il n'était pas imprudent, pas là, elle l'avait déjà vu utiliser son pouvoir pendant le combat et il avait l'intuition proche de la certitude qu'elle était elle aussi une positive.

Son regard parcourait la ruelle, cherchant un autre indice. Il le posa finalement sur la jeune femme. Peut être que ce n'était pas elle finalement? Mais alors pourquoi avait-il pu voir tout ça? C'était pas dans ses habitudes? Non, quelque chose s'était produit, il fallait juste trouver quoi.

Etait-il dangereux ou simplement stupide. Je ne comprenais toujours pas ses réactions. je l'ai fixé sans comprendre et sans rien dire, ma main toujours portée à ma lèvre qui commençait à gonfler. Je n'avais pas la moindre idée de quoi il parlait. Une bibliothèque, une main ? Quelle main ? J'ai à nouveau porté mon regard autour de moi, cherchant le lien de cause à effet et j'ai lentement secoué la tête. Ca me rappelait bien quelque chose mais je ne voyais pas du tout ce que ça pouvait venir faire ici. Encore moins comment il aurait pu le savoir. C'était bien quelque chose qui me travaillait mais... En retournant la tête pour le regarder, il avait changé de place en un temps record. C'est tout naturellement, toujours à vif, que j'ai explosé.

– Tu peux arrêter de jumper deux secondes ?! C'est quoi ton problème ? Je n'ai pas la moindre idée de quoi tu parles, enfin ! Quelle bibliothèque ? Quelle fenêtre ?!

Mon regard dans le sien, je me suis tue. Il était si perçant, je sentais bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas et il n'était pas fou, je ne me ferais pas avoir à croire ça. Il avait le sang froid, je l'avais vu agir. Quelque chose avait dû se produire dont je n'avais pas eu conscience. Restait à savoir quoi. Machinalement, j'ai réactivé mon micro afin qu'Elvis m'entende et agisse en cas de besoin. Il n'était pas à côté de moi et je me demandais si je pourrais continuer ma mission avec les corps inertes au sol et un Jumper imprévisible sur le dos. J'ai repris d'une voix plus douce mais en restant à une distance honorable de lui. Il ne me faisait pas peur à proprement parler mais sans être blessée, j'étais diminuée et je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Disons que j'étais plutôt... prudente.

– Qu'est-ce que tu cherches ? J'ignore ce que tu as vu mais ce n'est pas mon cas. Alors... Explique-moi au lieu de t'agiter dans tous les sens.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Jump... Je ne suis pas un vulgaire Jumper. - Et ce fut la seule réponse qu'elle obtint avant la suivante, après qu'elle lui ai demandé de se calmer et de lui raconter ce qu'il avait vu. Son changement de ton était d'ailleurs louche mais pas dangereux pour lui. Ça pouvait paraître désobligeant... Mais c'était pas pour autant faux. N'importe qui pouvait aller d'un endroit à un autre, il le faisait aussi, à pieds, comme le commun des mortels. Se balader en dehors du temps n'était pas donné à tout le monde et même si on avait forcé sa mutation il en était fier. Accessoirement, même s'il n'avait pas trop de doutes, le fait qu'elle connaisse ce terme supposait qu'elle était plus au moins au fait des positifs. Sam respira quelques secondes tout en marchant avant de finalement croiser les bras et revenir face à elle.

Autour de moi, dans cette ruelle, une fumée épaisse et par endroit je pouvais voir des scènes, parfois la même ruelle mais avec des gens ou des actions différentes, parfois d'autres endroits... Et ces images qui m'ont marqués, ça ressemblait à un souvenir... Et ce n'était pas un des miens, je le saurais. - Sam se tut, que pouvait-il ajouter de plus après tout ça. Il n'en avait pas vu beaucoup plus, peut être aurait-il dû explorer un peu plus tout ça avant de revenir à l'action? - Ça aurait été plus simple de pouvoir le montrer. - En même temps ses explications ne vaudrait jamais le fait de voir directement par soit même, c'était quand même assez étrange comme situation, il ne pouvait pas l'expliquer avec des mots.

A nouveau, je ne l'ai pas quitté des yeux. La fumée ne pouvait être que la manifestation de mon pouvoir. Alors j'ai réfléchi quelques instants. Des actions différentes ? Je n'étais pas sûre de comprendre. Je ne pouvais pas savoir ce qu'il avait vu. Jamais personne n'avait réagi à mon pouvoir, encore moins de cette façon. En dehors de l'électricité, je ne me connaissais aucun némésis. Pas que Samael en soit un, d'ailleurs. Néanmoins, cette main sur un livre me rappelait quelque chose. Ce doute qui m'avait pris, cette chaleur qui m'était montée à la poitrine. J'étais seule ce jour-là. Etait-il possible qu'il ait pu voir un souvenir à moi ? Pour ça, j'avais besoin de savoir quel était son pouvoir.

– Quand tu parles d'une bibliothèque... Qu'est-ce que tu as vu ?

Personne ne savait. Je n'avais parlé de cet instant à personne car depuis, il était persistant dans ma tête. Je n'y pensais plus avec autant de lucidité et d'éveil que ce jour-là mais c'était latent, là quelque part dans un coin de mon esprit. Je n'étais pas fière de ce doute et quand bien même j'aurais souhaité me confier à quelqu'un, ce n'était sûrement pas involontairement à un inconnu dans une rue qui plus est. Mon esprit analytique, connaisseur de Yu continua de réfléchir.

– C'était quoi... Comme des fenêtres ? Tu dis que tu voyais des moments différents mais au même moment ? Tu dis ne pas être un vulgaire Jumper... Alors qu'est-ce que tu es ?

La seule idée qui me venait à l'esprit était qu'il était comme mon frère, un Slider, comme moi mais qui figer le temps au lieu de s'y balader. Mais je ne pouvais en être certaine que s'il me le confirmait. Cependant, il devait reconnaître dans mon regard un intérêt piqué de curiosité. J'étais incollable sur les pouvoirs mais ils ne cessaient de nous étonner.

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Feat. Maddison DeLuca

Sam ne savait pas quoi lui répondre, il n'avait pas vu grand chose de plus. Il doutait que les autres images qu'il avait pu voir dans cette boucle étrange appartenaient au même souvenir. La bibliothèque ne concernait que cette main reposant un livre. - Je sais pas... C'était juste un main, reposant un livre sur une étagère. C'était lent.. Probablement quelqu'un qui réfléchissait en même temps. L'image en elle même n'était pas importante je pense, c'était surtout le sens derrière et la réflexion qui devait s'y passer... - C'est sur que c'était lent et malgré le peu de temps qu'il avait prit pour observer il doutait que c'était juste l'image qui était lente. C'était bien l'action à l’intérieur et donc la personne, à l'époque. Ou alors était-ce bien le souvenir qui était accru d'une façon ou d'une autre? Il ne saurait dire, après tout ce n'était pas le sien.

Mais elle lui avait demandé la nature de son pouvoir. Il avait bien sur ignoré la question un temps mais plus il parlait plus il comprenait que c'était inévitable et qu'il devrait bien le lui dire. Ou plutôt que le dire... Sam la fixa un instant sans rien dire avant de sortir son téléphone portable de sa poche et de lancer en l'air. A cet instant précis il figea le temps, retirant sa main de sous un téléphone figé en plein mouvement, un flou de mouvement le caractérisant. Faisant quelques pas, il approcha de la jeune femme et soupira avant de poser sa main sur son épaule l'espace d'une petite seconde, le temps de lui rendre sa temporalité, avant de retirer sa main et reculer d'un pas manière de pas prendre un coup de poing dans la tronche, et surtout pour qu'elle puisse voir le téléphone toujours en l'air. - Disons que je peux me soustraire au Temps. - Mais il n'allait pas non plus en abuser pour une simple démonstration. Revenant jusqu'à son téléphone, il relança le déroulement naturel du temps et attrapa l'objet qui continua de remonter avant de retomber dans sa main. - Et toi? D'ailleurs, c'est quoi ton nom? - Et d'ailleurs elle le tutoyait déjà alors pourquoi s'encombrer du vouvoiement...

Mais pourquoi ce type n'aurait vu que ça ? Quel rapport ? Comment pouvait-il voir des souvenirs auxquels je n'avais plus pensé depuis des mois ? Sa démonstration m'a arraché une surprise mais surtout un sourire amusé. Mon frère avait le même pouvoir mais peut-être ne le contrôlait-il pas encore aussi bien. J'ai même eu un léger rire en suivant Samael des yeux alors qu'il naviguait. Il ne tenait pas en place, c'était incroyable. Il commençait à me donner le tournis, d'ailleurs.

– Un Observateur. Je n'en avais pas vu depuis des années. Te soustraire au temps, oui, c'est une façon de voir les choses.

Je crois que je commençais à comprendre ce qui s'était passé. J'ai à nouveau scruté la ruelle, promenant mon regard autour de moi. Lorsque j'ai cru qu'il Jumpait, il figeait le temps. Et quand j'ai voulu empêcher l'homme de l'électrocuter, j'ai usé de mon pouvoir. J'ai pouffé de rire d'un air presque émerveillé alors que je cherchais à voir ce qui m'était invisible à l'oeil nu, ou du moins sans lui.

– Tu as vu mes probabilités... - J'ai reporté mon regard sur lui avec un sourire. - Maddison. Je voyage à travers le temps. - Mais mon frère ne m'avait jamais parlé de telles fenêtres. Alors mon sourire s'est effacé doucement et j'ai froncé les sourcils. - Je ne vois pas le rapport avec ce livre... Ce n'est qu'un souvenir. Tu es sûr de ce que tu as vu ? Qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?

Je n'étais pas encore totalement consciente des univers alternatifs que je créais. Je ne pensais qu'à des probabilités. J'arrivais facilement à comprendre le fonctionnement du pouvoir des autres, à en saisir les particularités si précises. Et lorsque je pensais connaître le mien, il m'arrivait quelque chose comme Samaël pour me souvenir que j'avais encore tant de choses à découvrir. Je n'étais qu'à l'aube des capacités de mon pouvoir mais je m'en émerveillais chaque jour un peu plus. Je faisais partie de ces mutants qui étaient fiers de ce dont ils étaient capables. Et dans mon cas, c'était peut-être ça le problème. Mon sourire s'est agrandi. Et si je pouvais déterminer des probabilités avant d'agir ? Que pouvais-je faire de plus, encore ?

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Feat. Maddison DeLuca

« Un Observateur. Je n'en avais pas vu depuis des années. Te soustraire au temps, oui, c'est une façon de voir les choses. » - Sam la fixa. Oui, il se soustrayait au temps. Littéralement. - Je sais encore ce que je fais, merci. - Réplique sèche du vieux Sam qui connait encore la nature de son propre pouvoir. Mais il enchaîna de suite. - Mais content d'être une rareté. - Il le savait déjà mais il était toujours content qu'on le lui rappelle. Ça ajoutait un degré à sa fierté.

La suite fut plus qu’intéressante. Maddison de son prénom était capable de voyager dans le Temps et c'était alors l'interface de son propre pouvoir qu'il avait vu. Elle pouvait voir à quand elle activait son don, c'était fascinant. Peut être que d'habitudes personne ne pouvait voir ça mais le fait que lui ai pu en être spectateur prouvait une chose utile ou non: le pouvoir de Maddison était accessible durant peut être une fraction de seconde au commun des mortels, le temps qu'elle l'active en fait. Sinon, même en figeant le temps, il n'aurait pu y accéder. Leurs pouvoirs s'étaient synchronisés et c'était quelque chose... D'absolument fascinant, ça aussi. Sam était vieux, il avait vu nombre de chose, mais quand quelque chose d'aussi inédit se produisait, il redevenait un gosse que tout émerveille, alors imaginez sa curiosité à cet instant, probablement la même que celle qu'il dessellait dans le regard de Maddison. - Ton pouvoir utilise tes souvenirs comme moyen d'encrage? Parce que tu as beau pouvoir voyager dans le temps et avoir vu sur les différentes possibilités, ça demeure étrange que j'ai pu voir l'un de tes souvenirs.

C'est d'ailleurs sur ces mots qu'il enchaîna et répondit à sa question. - Et non, je n'ai vu que ça. C'était comme une boucle, un disque rayé. D'abord un homme aux yeux noirs, ensuite un autre debout sur une table qui semble faire un discours à une centaine de personnes et enfin cette image avec le livre. Le reste n'était pas bien observable.

J'ai relevé les yeux sur l'immeuble. Ma mission était compromise, je ne pouvais pas me défaire de Samael, pas avec en plus des corps au sol pouvant se réveiller à tout moment. Il me faudrait revenir plus tard sans parler du fait que je sentais encore l'électricité dans mes jambes. J'ai à nouveau baissé les yeux sur lui alors qu'il détaillait un peu plus ce qu'il avait vu et mon sourire a disparu peu à peu. Mes doutes se confirmaient et j'ai poussé un profond soupir.

– Ce n'est pas un souvenir à proprement parler... C'est un doute. Mes souvenirs ne sont sûrement pas des ancrages mais c'est la première fois. Un autre Slider qui fige le temps n'a jamais été face à ça avec moi. Alors j'imagine que... Ton pouvoir est différent, quelque part. En quoi, je ne sais pas trop. Probablement une évolution due à l'âge, ou une perception différente. Aucun pouvoir n'est identique, après tout, pas vrai ?

Je commençais à comprendre ce qu'il avait vu et j'ai cligné des yeux en réfléchissant, essayant de ne pas paraître aussi sombre que ce que m'inspirait ce doute. Avait-il pu voir les deux possibilités qui s'offraient à moi alors que j'étais indécise ? Ou bien était-ce les deux résultantes de ce même doute ? Mais ça n'avait rien à voir avec cette rue... S'il trouvait ça fascinant, je ne m'en émerveillais pas tant. Il s'agissait d'une fenêtre sur mon pouvoir, Dieu seul sait ce qu'il avait vu d'autre et ce qu'il pourrait voir à nouveau. J'avais un autre problème. Je ne me lassais pas de discuter dans la rue ainsi mais si je ne donnais pas signe de vie à un moment donné, on débarquerait et je n'étais pas certaine qu'il veuille être découvert de la sorte.

– Ecoute, c'est pas que discuter Yu avec toi m'ennuie mais... - J'ai désigné mon visage sûrement gonflé par endroit et dodeliné de la tête en haussant un sourcil dépité - A moins que tu aies une trousse à pharmacie, je n'ai pas envie d'être encore là quand ces abrutis se réveilleront. Merci hein... Je ne sais pas ce qui serait arrivé si tu n'étais pas intervenu.

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Feat. Maddison DeLuca

Sam acquiesça à sa remarque sur les pouvoirs et leurs différences. C'était vrai. Deux pouvoirs pouvaient se ressembler, ou sembler avoir le même effet, mais si l'on y regardait de plus pret les détails étaient différents. Et c'était ces détails qui faisaient toute la différence. Mais quand elle parla des imbéciles par terre il ne fit que les observer, l'air innocent. - Pas faux. Allons chez moi. - C'était à la fois l'expression de sa curiosité et un test pour elle. Habituellement il n'emmenait jamais personne chez lui, après tout c'était chez lui, et il se devait de garder cet endroit sauf. Mais là c'était différent, il y avait des questions qui exigeaient réponses. Tournant les talons, il commença à marcher.

L'immeuble dans lequel il vivait n'était pas spécialement éloigné. Il n'avait pas couru si longtemps que ça avant de tomber sur Maddison et les trois machins. C'était l'un des plus haut bâtiments. Ils utilisèrent un ascenseur pour monter au plus haut, sortirent dans un couloir et empruntèrent un court escalier pour accéder à une porte que Sam ouvrit. Bienvenue chez Sam. Un grand loft aux murs d'épaisses pierres rouges/grises dont un constitué non pas de pierres mais d'une immense baie vitrée, donnant sur une terrasse avec vue sur la ville. C'était beau, un peu impressionnant et vertigineux, mais en plus de nuit... Enfin bref. La salle principale était plutôt vaste et comprenait toutes les pièces de vie normales dans une seule grande salle hors-mit les chambres et la salle de bain mais on supposait que tout ça était situé à l'étage, sous le toit. Un escalier en fer menait à un genre de balcon intérieur lui aussi en fer et le reste n'était pas visible de là où ils se trouvaient. - Je t'en pris - Avait-il dit en lui indiquant le canapé. Un canapé en U parfaitement blanc disposé autour d'une table basse en verre, le tout tourné face à la baie vitrée.

Sam ouvrit l'un des placards à côté de l'entrée et en sortit une sacoche en cuir marron qu'il ouvrit sur la table basse. C'était une trousse de premier soins, de quoi soigner, plus ou moins, les quelques blessures que Maddison portait sur son visage.

Son invitation m'a parue pour le moins... imprudente. Il ne savait pas qui j'étais ni d'où je venais, après tout. J'ai relevé les yeux sur le bâtiment qui m'intéressait et je l'ai finalement suivi. Moi aussi, j'étais curieuse et attirée par ce qu'il avait pu voir. Je n'avais juste pas envie de rester dans cette ruelle sombre. Et en réalité, le bâtiment qu'il occupait se trouvait en face de celui qui m'intéressait. Mon regard analytique l'a alors détaillé et j'ai envoyé un message à Elvis pour l'informer que j'avais dû abandonner mais que je cherchais un nouveau point d'observation.

J'ai suivi docilement Samael sans rien dire et mes yeux se sont attardés sur tout. Les murs, la propreté, la netteté, la grandeur... Le regard curieux, j'ai avancé comme un robot, d'un pas lent avant d'entrer. J'aurais pu m'émerveiller mais ma lèvre me faisait si mal que je n'osais plus bouger la bouche. Même quand il m'a invitée à m'asseoir, je l'ai à peine regardé, je n'ai pas relevé. J'ai continué de marcher, jusqu'à la baie vitrée que je n'ai pas osé toucher des doigts. La ville s'étendait sous mes yeux et j'ai laissé échapper un soupir d'admiration en retirant ma veste en cuir et la poser sur le dossier du canapé.

Il était là. L'immeuble que je convoitais était là, juste en face. Ce que je ne pouvais voir de la rue, j'avais d'ici une vue imprenable. Il restait encore des personnes et certaines lumières des étages étaient allumées ce qui me permettait d'y voir au travers. Samael s'avérait être bien plus intéressant que je le pensais. J'ai tourné la tête vers Samael, intriguée.

_ On est au combien ?

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Feat. Maddison DeLuca

Sam sortait un à un chaque objet, instrument, produit, qu'il faudrait pour Maddison et les posait sur la table basse sans vraiment prêter attention à ce qu'elle faisait. Enfin en apparence, parce que le reflet sur le verre de la table basse lui offrait un parfait point d'observation. Il leva finalement les yeux vers elle quand elle lui demanda à quel étage ils se trouvaient. - J'ai vraiment une tête à savoir ça? - Avait-il répliqué dans la seconde avant de la fixer... Et finalement revenir à son déballage en ajoutant... - 58 ème. - Bien sur qu'il le savait. Cet immeuble n'était pas un bâtiment résidentiel, alors cet immense loft en haut... Oh il l'avait voulu, et il l'avait obtenu.

Terminant son étalage de gaze et de désinfectant, il finit par l’appeler. - Allez vient, faut nettoyer ça. - La seule chose à laquelle il pensait c'était de savoir si elle allait lui demander son assistance pour ça aussi. Il était pas infirmière non plus. Dans un cas comme dans l'autre une chose était la même, et depuis le début, il n'avait rien demandé au sujet des agresseurs. Une bande de gosses qui tapent dans le vide d'ailleurs mais là n'est pas la question. Et quitte à la soigner chez lui, au moins il pouvait espérer obtenir des réponses à ce sujet. - D'ailleurs, ces types, ils te voulaient quoi?

J'ai cligné des yeux. 58 étages, c'était rudement haut. Je me félicitais de ne pas avoir le vertige. J'ai reporté mon regard sur la ville jusqu'à ce qu'il m'adresse à nouveau la parole, alors que j'en avais oublié ma mission principale. J'ai retourné la tête vers lui et observé l'étalage sur la table basse. Je me suis alors souvenue de ma lèvre et sûrement de magnifiques bleus que j'aurai le lendemain mais ce qui me faisait le plus mal, c'était cette électricité. Et pour ça, il ne pouvait rien, j'en avais peur. Je suis revenue vers lui et j'osais à peine pose mes fesses de crasseuse mexicaine sur son joli canapé de riche jeune premier. Alors j'ai plutôt opté sur la table, plus facile à nettoyer si besoin. Des tours à l'infirmerie, j'en avais fait plus d'un. Je me suis assise et je l'ai laissé imbiber le coton. J'ai ramené des mèches de cheveux derrière mon oreille avant de prendre le coton entre mes doigts pour lui répondre.

– Je suis de la police, dans la Ville Basse. Il y a deux ou trois semaines, on a appréhendé un groupe délinquants qui taggaient les murs avec des messages extrémistes contre les Positifs... Le quartier a commencé à porter plainte et on est intervenus une fois, deux fois... la troisième, on a dû faire appel à une unité d'intervention. Ca allait trop loin. - J'ai porté le coton à ma lèvre et j'ai grimacé en crispant les yeux, non sans un grognement. J'ai soupiré en rouvrant les yeux. - On a utilisé des tazers, c'était la seule façon de les neutraliser sans les blesser ou les tuer. Alors ils se sont vengés, j'imagine. Les Positifs n'ont pas le droit d'utiliser leurs pouvoirs en service alors ces gars là n'avaient aucun moyen de savoir ce que j'étais. Mais je suis pas fan de l'électricité. Ils ont dû trouver ça très drôle.

J'ai relevé les yeux sur lui en quittant la baie vitrée de mon observation. J'étais bien incapable de dire quel âge il avait. Pas plus que moi, j'osais penser. Mais il aurait pu avoir le même âge que mon frère, après tout. Je lui ai tendu le coton, il devait y voir bien mieux que moi après tout. Je lui ai souri en question de demande silencieuse.

– Qu'est-ce que tu appelles "te soustraire au temps" ? Tu figes le temps, c'est ça ? Tu crois que tu pourrais le refaire ?

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Feat. Maddison DeLuca

Tiens tiens tiens, très intéressant, un agent de police. Sam c'était insensiblement redressé. C'était presque rien, mais c'était suffisant. Ne pas avoir tiqué l'aurait rendu suspect. Le commun des mortels ressent toujours un léger stress quand ils sont en présence d'un représentant des forces de l'ordre. C'est pas toujours visible, mais c'est là. Qu'elle soit flic ne le gênait pas, malgré ses activités, il n'avait aucune raison de se sentir en danger. Pour autant, il devait adopter un comportement commun, en cohérence avec ce qu'il montrait ou laissait voir. Ces petits détails qui semblent inutiles et insignifiants mais qui existent, toujours. - Je peux comprendre ton rapport à l'électricité. - Après tout il était aussi un Slider, l'électricité n'était pas sa tasse de thé non plus. - Mais j'espère que vous les aurez.

Et puis elle enchaîna sur la nature de son pouvoir. Petite curieuse. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Sam adorait rencontrer des positifs essentiellement pour connaitre leur pouvoir, leur nature, leurs effets... C'était plutôt fascinant, et c'était une chose qu'il avait apprécié le temps qu'il avait passé à travailler dans le camp en Sibérie. Certes ça n'égalait pas son dégout pour l'endroit et ce qui s'y produisait, mais découvrir les pouvoirs en même temps que les enfants ça avait toujours été agréable. Mais trêve de nostalgie mal placée. - C'est assez compliqué à expliquer comme ça en fait mais tu peux prendre ce que j'ai dis au pied de la lettre. - Figer le temps, c'est ça en gros. En ce qui concerne le fait de recommencer, il était encore loin des limites de son endurance donc... - Et donc oui, bien sur je peux recommencer. T'as une idée?

_ Je veux dire... Reproduire. Ce que tu as vu. J'aimerais voir la même chose que toi. Ca ne te l'a fait qu'une fois ?

Se "soustraire au temps", ça ne signifiait rien pour moi. Parce que je conservais l'idée de Logan dans ma tête et j'étais donc incapable de me représenter ce dont il était capable. Je l'ai dévisagé un instant, les lèvres entrouvertes mais sans rien dire, hésitante. Et puis je me suis lancée.

_ Ca s'est produit quand j'ai activé mon propre pouvoir, pas vrai ? Je savais que tu étais un slider, alors quand il t'a menacé, j'ai voulu l'en empêcher. Et la seconde suivante, tu n'étais plus là. J'imagine que c'est à ce moment-là que tu l'as vu.

Je me suis levée sans attendre en me frottant les mains, non sans un regard admiratif à l'extérieur du loft. Il y avait plus que ma "mission", j'aimais les hauteurs. Ce n'était pas pour rien que j'avais demandé à avoir les toits de l'Underground. D'abord parce que c'était plus simple pour nous mais aussi parce qu'ainsi, je pouvais aller courir l'aventure à travers la ville basse. J'avais un point d'observation là-bas mais il n'était sûrement pas aussi haut. J'aurais bien osé demander à Samael de m'ouvrir pour que je puisse sortir, prendre l'air qui devait être plus "frais" ici mais sûrement moins "pur". Peut-être plus tard. L'avantage de la Ville Basse, c'est qu'en étant en bordure d'océan, nous avions au moins un air marin, ce qui n'était pas le cas de la Ville Haute, ceintrée dans les terres. Je me suis à nouveau retournée vers lui et lui ai souri. J'étais plus que curieuse de savoir ce qu'il s'était passé.

– Tu te souviens de ce que tu as fait ? Si je pouvais voir la même chose que toi, ça m'aiderait à comprendre !

Et s'il avait perçu quelque chose d'important ? Quelque chose qui m'aiderait à mieux appréhender et considérer ce doute qui m'habitait depuis des mois ? Face à lui, je me suis concentrée et je me suis raclée la gorge. Une seconde plus tard, je sentais les vibrations dans mes jambes, caractéristiques de la manifestation de mon pouvoir. La fumée noire commençait à apparaître et normalement, elle aurait dû être fugace, à peine perceptible. Mais pour que Samael puisse agir, j'ai créé un ralentissement, comme si je réfléchissais où j'allais me transporter. Et quitte à essayer, j'en ai profité pour visualiser ma moto. Si quelque chose se passait mal avec Samael, il me suffirait de revenir quelques minutes avant que les huluberlus ne me sautent dessus.

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Feat. Maddison DeLuca

Samaël suivit Maddison et se leva à son tour. Elle voulait reproduire ce qui s'était passé dans la ruelle et pouvoir le voir par elle même. C'était logique, ses explications étaient quand même très flous, même pour lui. Retirant son sweet à capuche, il se tint face à elle et attendit quelques secondes. C'est quand il pu ressentir l'action de la Slider qu'il activa son pouvoir à son tour, figeant le Temps, entrant à nous dans ce monde si différent.

Autour de lui la fumée était revenue, embrumant son appartement, et de nouvelles images dispersées avaient prit place. Aucune ne montrait la ruelle désormais, elles étaient plus ciblés, essentiellement son appartement. Dans l'une il pouvait observer le loft avant qu'il n'y fasse faire les travaux à son arrivée, c'était un endroit vide et sale, un grand grenier inexploité. Dans une autre il pouvait observer le même loft mais envahit par une multitude de bureaux, l'endroit était plongé dans une atmosphère sombre, secrète, et un grand écran camouflait les vitres, vieilles vitres d'avant qu'il en fasse une baie vitrée neuve. Dans d'autres il pouvait se voir ou voir l'endroit après son arrivée, il resta un instant silencieux devant l'une des images qui le montrait lui, se demandant s'il était vraiment comme ça vu de l'extérieur, encore que ce qu'il voyait ne lui déplaisait pas. Et puis ce silence qui l'attira, toujours un peu à l’écart, cette fenêtre vers un passé qui ne lui appartenait pas. Cet homme sur sa table, cet homme souriant, et cette main reposant ce livre...

Samaël resta un instant à regarder une nouvelle fois ces images qui passaient en boucle avant de se retourner et d'aller vers Maddison. Si elle devait voir ça, il fallait qu'il la ramène. Et c'est ce qu'il fit. Un dernier regard autour d'eux et il posa sa main sur son épaule, l'intégrant à ce non temps qui le caractérisait...

A peine un clignement de paupières. Quand j'ai rouvert les yeux, Samael était toujours là devant moi, bien qu'il ait changé de place de quelques centimètres. J'ai tourné le regard à droite. Puis à gauche, tendu l'oreille. Mais rien. Je n'ai rien vu, rien entendu. En me "réactivant", il avait avorté mon pouvoir. La fumée avait disparu et je sentais mon corps à nouveau au repos. J'ai reporté mon attention sur lui et... J'ai souri.

_ Alors ? Je ne vois rien...

J'entendais la ville au loin, je voyais vaciller des lumières mais c'était bien tout. Cependant, Samael n'a pas semblé vouloir en rester là, proposant de recommencer. Je me suis raclée la gorge en détendant les épaules. Je ne comptais pas non plus m'arrêter là, après tout. Et s'il avait une idée, alors j'étais preneuse. Alors j'ai commencé à compter à rebours en partant de 3. Peut-être avait-il activé son pouvoir un peu trop tard. J'ai inspiré profondément et j'ai doucement fermé les yeux avant de prononcer 1.

Les fenêtres sont réapparues. Celle de mon doute n'était jamais au même endroit, elle semblait se mouvoir au gré de mes hésitations, quand bien même je n'en étais pas totalement consciente. Des questions sans réponses qui résonnaient dans mon esprit depuis des mois. Samael avait la possibilité de les voir en image. Les autres fenêtres n'étaient qu'une suite de séquences répétitives sur ce que l'endroit était en fonction des choix que j'avais opéré. Un papillon pète en Chine et le loft se transforme en bureau. J'ignorais totalement ce que mes changements opéraient plus tard. Qui sait même si je n'étais pas un changement issu de mes propres modifications du temps ? Je n'avais aucun moyen de le savoir. Suis-je celle avec laquelle vous avez démarré l'histoire ? Ou bien une pâle copie de ce que j'aurais dû être ? Je n'avais qu'un seul doute, et mon pouvoir n'en faisait pas partie.

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Feat. Maddison DeLuca

Sam tournait la tête dans tout le sens, cherchant la fumée. A l'instant même où il avait défigé Maddison, en un clignement de paupière, tout avait disparut, comme si ça n'avait jamais été là. C'est déçu qu'il avait laisser filer le temps juste après qu'elle lui ai dit ne rien voir. C'était lié à son pouvoir, mais son pouvoir était lié à elle à l'évidence. Enfin, tout pouvoir était lié à son possesseur, mais là c'était plus que ça, plus ancré. Il réfléchit un instant avant de vouloir remettre ça. - On peut recommencer? J'ai peut être une idée. - Et Maddison se mit à compter à rebours, rebours qu'il suivit, pour finalement activer son pouvoir en même temps qu'elle.

A nouveau, la fumée l'entourait, épaisse, sombre... et les fenêtres des possibilités étaient elles aussi de retour. Parfois le loft était détruit durant la guerre, parfois il le voyait toujours aussi sale, parfois il s'y voyait, de nombreuses fois en fait, et toujours cette fenêtre vers ces souvenirs. Elle avait bougé, mais c'était toujours les mêmes images qu'il pouvait y voir. En temps normal tout ça était invisible car n'existant dans le monde physique qu'une infime nano seconde, mais là, le contexte était différent. Samaël sortit son téléphone de sa poche et lança une capture de vidéo. Il filma tout ce qui l'entourait. La fumée, les fenêtres vers les différents possibilités de son loft et finalement il se rapprocha de la fenêtre silencieuse et resta devant pour que toute la boucle soit capturée par l'appareil avant de finalement relancer le temps comme il l'avait fait précédemment.

Du poins de vu de Maddison il avait, encore une fois, changé de place. Ses traits semblaient tirés, vieillis, mais c'était très léger. Malgré tout, un sourire satisfait ornait son visage alors qu'il observait son téléphone. - Ça a marché. - Approchant de la jeune femme il lui tendit son portable. - Regarde. - Elle n'aurait qu'à lancer la vidéo pour observer ce que lui même avait pu voir. Le temps qu'elle fasse ça, Samaël avait ouvert la baie vitrée et c'était aventuré sur sa terrasse, un besoin d'air se faisant ressentir. On aurait pu croire beaucoup de chose en raison de se trouver en pleine ville haute, mais à cet étage, dans l'un des endroits les plus haut de la ville, un vent frais loin d'être désagréable soufflait, éloignant la chaleur et les odeurs qui de toutes façons montaient rarement jusqu'à cette altitude. Il alla s'appuyer à la barrière, une rambarde métallique fixée dans un muret fait des même pierres qu'à l’intérieur, et observa la ville, silencieux...

J'ai suivi sa main du regard alors qu'il me tendait son téléphone. J'ai jeté un oeil curieux sur lui avant de prendre l'appareil entre mes doigts, délicatement. Depuis que je connaissais Elvis - Et Matt ensuite - je faisais toujours très attention au matériel. Surtout quand il ne m'appartenait pas. Finalement, je traitais ces petites machines électroniques avec le même soin que j'apportais à ma moto. J'ai laissé Samael s'éloigner alors que je prenais connaissance de la vidéo.

C'était la première fois que je voyais mon pouvoir d'un oeil extérieur. La première fois que je prenais conscience de ce qu'il se passait lorsque je l'activais. J'ai entrouvert les lèvres, ne sachant si je devais en être effrayée ou bien émerveillée. Toutes ces possibilités, toutes ces fenêtres. J'avais pour habitude d'apprendre leur pouvoir aux autres, d'en savoir plus long qu'eux-mêmes. Et pour la première fois, on m'apprenait quelque chose sur moi. J'ai silencieusement remercié Samael de s'être arrêté plus longtemps sur la fenêtre qui m'intéressait le plus. Celle qui m'a fait manquer un battement de coeur. J'ai fait glisser mon pouce sur le visage de l'homme aux yeux sombres et j'ai dû bien laisser la séquence se répéter une dizaine de fois. Je ne voulais rien perdre de vue, je voulais tout enregistrer dans ma tête. Intérieurement, je voulais aussi en profiter. Toutes ces images qui allaient et venaient, je pensais savoir de quoi il s'agissait.

A contre coeur, j'ai éteint le téléphone et inspiré profondément en relevant la tête vers Samael. Il me faudrait peut-être essayer avec Logan. Mais s'il voyait la même chose que Samael... Je ne voyais pas comment j'aurais pu lui expliquer. Doucement, j'ai rejoint l'inconnu sur sa terrasse, m'humectant les lèvres. Je me suis accoudée à ses côtés pour admirer la ville en contrebas et j'ai soupiré.

_ C'est une boucle temporelle. Une vraie.

Je lui ai rendu son téléphone avec un "Merci" timide. Il n'avait sûrement pas conscience de la valeur de ce qu'il avait vu. Peut-être ne l'aurait-il même jamais. J'ai inspiré profondément en rentrant la tête dans les épaules et j'ai reporté mon regard sur le vide.

_ C'est une décision que je dois prendre. Une décision qui sera déterminante pour la suite, j'imagine. Ce livre que tu vois, cette scène... C'est un souvenir. Une seconde, une seule. Un instant de pure lucidité où j'ai douté de moi. Comme si le temps s'était arrêté pour moi en cette seconde parce que toutes mes convictions ont été ébranlées. Parce qu'en cet instant fugace, j'ai compris une chose : que je n'étais pas faite dans le marbre. Depuis lors, ce doute me hante, chaque jour. Parfois je ne m'en rends pas compte, le plus souvent, c'est latent, dans ma tête mais c'est toujours là. - J'ai tourné les yeux vers lui - Le reste ne sont que des fenêtres de possibilités, des conséquences oubliées de ce que j'ai déjà modifié.

Time spent in reconnaissance is a seldom wasted.

Feat. Maddison DeLuca

Samaël comprenait un peu mieux maintenant. Enfin non, pas vraiment, mais le sens du souvenir, ça il le comprenait, et il comprenait son importance du coup. Pour autant, tout le reste n'était que flou total. Leurs deux pouvoirs se synchronisant en un accés limités aux différentes possibilités les plus probables? Pouvait-il seulement observer? Ou alors pouvait-il y accéder et entrer à l’intérieur? Peut être n'être que spectateur de ces possibilités mais en les voyant de l’intérieur? Peut être était-il possible de superposer une de ces possibilités à la réalité?

Dans l'une de ces possibilités je me suis vu avec les cheveux longs attachés en queue de cheval... Vaut mieux que ça reste dans ces fenêtres. - Son ton était plus que sérieux mais bien sur, et c'était évident, il disait ça pour détendre l'atmosphère un peu trop sérieuse de cette conversation. Posant le regard sur sa main et les tâches sombres qui y étaient désormais un peu visible, il croisa les bras, frissonnant. Au moins il le savait, en vieillissant, il risquait de devenir frileux.

J'ai besoin d'un verre... - Avait-il dit tout en retournant à l’intérieur, allant se servir un verre de scotch. - Par contre je te le dis de suite, j'en ferais pas beaucoup plus pour ce soir. - Oh il était encore loin de ses limites, il les avait frôlé plus d'une fois, mais il ne souhaitait pas les atteindre pour autant, aussi curieux soit-il. Dormir deux jours de plus ne le tentait pas des masses.

J'ai pouffé de rire et secoué la tête alors que je reprenais mon observation de la ville. D'ici, on voyait tellement de choses, tous les toits à des kilomètres. En plissant les yeux, et avec une meilleure vue, peut-être que l'on pouvait voir le dôme de l'Underground, jalousement protégé par l'un des nôtres.

_ J'imagine que tu interceptes cette fraction de seconde où tout est possible, où tout peut changer. C'est un très court instant où j'ai pris la décision de changer quelque chose, modifiant par la même toutes les probabilités d'un futur qui n'existe pas encore pour nous. - J'ai reporté mon regard sur lui avec un sourire et j'ai répété - Merci... De m'avoir permis de mettre une image sur ce truc qui tourne dans ma tête depuis des mois.

Et ça m'aidait, très franchement. Parmi les images qui avaient tourné, j'avais reconnu des souvenirs mais j'y avais aussi entrevu des possibilités. Reese n'était jamais monté sur cette table. Pas encore. Mais Abel m'avait déjà souri de cette manière. n'avais pas souvenir d'avoir assisté à tout ça néanmoins. En d'autre terme : la loyauté qui m'avait jusque là caractérisée était en train de s'effriter alors que ma relation avec Abel prenait le pas sur mes activités. Cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose : très bientôt, j'aurais un choix à faire. Et de ce choix dépendrait tout un avenir. La devise que je partageais avec mon frère, cette morale que j'enseignais à tout mon quartier, je la mettais en oeuvre en ce moment. Samael se redressa et je le suivis avant de récupérer ma veste.

_ Je ne vais pas te déranger plus longtemps, de toute façon.

Samael n'était qu'un inconnu, après tout et je savais ce que figer le temps pouvait provoquer chez quelqu'un, je le voyais avec mmon frère. Cependant, je n'avais aucune idée de ce qui le caractérisait, lui. Finalement, la soirée avait été bénéfique. Pas forcément pour l'Underground, encore que cela restait à déterminer. J'ai acquiescé en me dirigeant vers la sortie.

_ Ne joue pas trop les héros, quand même.

Je lui ai fait un clin d'oeil avec un sourire et je suis sortie

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