2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Matt/Maddie] L'éveil appel la faim

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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Juin 2074


Il m'arrivait de rentrer tard, parfois très tard. Heures sup, découchage, balades dans la ville... Je ne dormais, finalement, que très peu et ça me convenait ainsi, j'étais une véritable boule de nerfs et je n'avais pas besoin de beaucoup. Mais quand je rentrais, je n'avais pas hâte de retrouver ma chambre où je ne faisais qu'y dormir. C'était une pièce très austère, je passais la plupart de mon temps aileurs donc j'avais pris une des plus petites pièces du quartier. Même quand je travaillais, c'était dans la cuisine commune. Je m'asseyais à cette table avec un café et je reprenais tous les rapports que Dean ou Elvis avaient rédigé en mon absence. Inventraires, stocks, états des lieux, disponibilités... Je révisais tous les chiffres, j'étudiais tous les nouveaux cas, je rattrapais tout mon retard.

A cette époque, j'étais plus impliquée que personne mais mon travail me faisait manquer beaucoup d'heures au sein des quartiers. Je ne me suis jamais considérée en tant que leader comme Maze ou Reese. Pour moi, Dean et Elvis avaient autant d'importance que moi, sinon plus car ils avaient vraiment le nez dans le cambouis.

A cette heure-ci, il n'y avait pas âme qui vive dans le quartier, ou alors en salle commune devant la télé à jouer à des jeux vidéos ou à lire. Probablement Dean et son insomnie et la fille qui jouait de la guitare, plus insomniaque que lui encore. Mais j'étais tranquille dans la cuisine avec une seule lumière au-dessus de ma tête et un stylo entre les doigts. Ces derniers temps, il m'arrivait de manquer des formations pour les nouvelles recrues. Un jour, je songerais sérieusement à me faire remplacer, mais je n'y étais pas encore. J'avais trouvé ma vocation en Sliders, je m'y sentais chez moi et responsable. J'aimais mon travail, j'aimais ce que je faisais. Depuis l'exécution de Stenton deux ans plus tôt, il m'avait fallu du temps pour me relever mais j'avais réussi.

En chantonnant un titre que j'avais entendu à la radio et qui m'était resté dans la tête, je me suis levée pour aller me préparer un truc à manger, la tête dans le frigo. J'étais connue pour... Avoir un appétit d'ogre.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Il était passé 2h du matin quand j'avais quitté le bar aujourd'hui, la soirée à thème de ce soir avait eu beaucoup de succès à tel point qu'on avait dû battre tambour pour fermer le bar. La soirée avait été somme toute agréable et si mes batteries ne se rechargeaient pas en permanence elle m'aurait laissé bien éreinté surtout avec l'après-midi que l'on avait eu. Mais voilà, j'avais caressé des machines une bonne partie de la soirée, café ou non. Le temps de ranger le bar, de le préparer à sa nuit, de prendre un verre avec Alex plus finalement de faire la route qui m'amenait jusqu'ici... Eh bah, il était aux alentours de trois heures quand j'arrivai dans cette fameuse pièce, la cuisine commune.

Autrefois, je ne savais pas si je devais bénir ou maudire mon si peu besoin de sommeil. Enfant, je ne pouvais guère sortir pour me distraire mais la question avait été réglé grâce à la curiosité insatiable qui me parcourait. En plus de jouer avec les appareils qui traînaient autour de moi j'étais devenu un vrai fada de lecture. Je dévorais tout. Les livres, les manuels, le net. J'aimais les livres qui me permettaient de m'évader mais j'aimais aussi tout autant apprendre et m'enrichir ce qui m'offrais un panel de connaissances divers. Bien sûr d'entre elles si limitait aux bases, ceux que j'avais travaillé le plus était lié en grande partie à mon don que j'avais étendu à la mécanique, à l'informatique et à la cybernétique. Etais-je normal ? Plus tard j'avais passé pas mal de temps à remettre en état la vieille moto que m'avait déniché mon très cher Pa'. Enfin, je n'allais quand même pas vous raconter toute ma vie.

Ce soir-là quand je pénétrai dans la cuisine pour me désaltérer, j'aperçus un fessier joliment fait dépasser du frigidaire mais je ne m'appesantis pas sur cette vue. A cette heure indue les insomniaques se comptaient sur le bout des doigts et il n'y avait quasiment que deux femmes parmi eux.  Et puis de toute façon les femmes, le sexe, l'amour... J'y avais fait une croix. Trop douloureux, trop dangereux. Trop de souvenirs. Je me dirigeai vers les placards sans essayer de cacher ma présence et en sortit un verre puis je m'adossai au meuble derrière moi.

- "Il ne resterait pas quelque chose à boire dans ce frigidaire par hasard ?"

Nul moquerie ou reproche dans le ton que j'avais employé même si on devait sentir le sourire que j'affichais, plus amusé qu'autre chose. Je crois bien que j'avais deviné qui se cachait au frais et vu ce que je savais de la demoiselle en question, elle ne pratiquait pas ce sport dans le vain espoir de se rafraîchir le visage et d'effacer des rides. J'attendis qu'elle prenne en compte ma présence, sorte du frigo ou je ne sais quoi et je continuai le plus naturellement du monde.

- "Bonsoir."
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
La tête dans le frigo, j'ai souri avant de me redresser pour regarder par-dessus mon épaule et voir Matt.

– Bonsoir.

Je me suis redressée en refermant le frigo, portant une grosse assiette de restes de poulet à la mayonnaise et une bouteille de bière fraîche. J'ai montré cette dernière à Matt dans un sourire.

– On partage ? Je boirai pas tout ça seule mais il me faut au moins ça pour relire toutes ces séries de chiffres !

J'ai éloigné quelques doigts de ma bouteille en haussant les sourcils avant de me rasseoir. j'ai posé mes victuailles à côté des papiers de Dean et j'ai soupiré.

– J'en viens parfois à regretter le temps où l'Underground ne comptait même pas une centaine de personnes pour occuper toutes les ruines du centre commercial et que nous n'avions pas dans l'idée d'engager autant de gestion. J'ai... Une dizaine de doléances à valider dont certaines sont des trous inutiles dans notre budget mensuel. C'est à croire qu'on est devenu un hôtel.

Puis, en relisant les cases, j'ai compté sur mes doigts sans relever le nez vers Matt, tout en espérant qu'il n'y ait rien le concernant.

– Une console de jeux - on en a déjà une. Ok, elle est d'occasion mais il ne manquerait plus qu'on mette du budget dans des arcades. Une télé incurvée ?! Qu'est-ce qu'elle a celle qu'on a en ce moment ? Un vase ?! Mais pourquoi faire ?! Une mappemonde ?

J'ai relevé les yeux sur Matt et j'ai haussé un sourcil. Qu'est-ce qu'on pourrait faire d'une mappemonde ? j'ignorais qui avait eu cette idée. Sûrement une idée brillante d'un professeur en herbe qui s'ennuyait à vouloir faire l'école dans nos murs pour s'occuper. Ou bien une rêveuse comme la copine de Dean qui chercherait à voyager sans quitter la salle commune.
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Matthew Ethan Dare
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Comme je le supposais j'avais devant moi Maddison DeLuca alias le Ventre-sur-pattes de l'Underground et accessoirement la Leader des Sliders. Jeune femme dont je ne m'étonnais même plus de la voir sortir d'un frigo assiette remplie à ras bord de victuailles. Oh bien, une bière ! Je n'avais pas prévu de boire d'alcool mais ça ferait l'affaire.

- "Ca me va."

Je répondis à son sourire et sortis un deuxième verre que je vins poser sur la table, j'attrapai le bouteille de bière et nous servis tous deux pendant qu'elle me chantait sa complainte.  Je tentais de m'imaginer le poids que représentait la gestion de l'Underground et décidai que je n'étais pas pressé de m'y essayer.

- "Je suppose qu'on peut considérer cela comme une preuve de leur intégration."

Je poussai son verre dans sa direction et tirai une chaise à mon tour pendant qu'elle profitait que je m'assisse pour débuter son inventaire puis je commençais à siroter ma bière. Une console de jeux ? Inintéressant effectivement et ce même s'il s'agissait d'un autre modèle, en même temps certains d'entre nous ne pouvaient pas sortir... Enfin les livres et les pc existaient aussi. Une télé ? L'actuelle fonctionnait à la perfection, et puis ça se réparait une télévision ! Un vase ? A croire qu'une des pièces manquait de verdure et de couleur. Ouais, comme la cuisine quoi.

Coudes posés sur la table, menton reposant sur mes doigts croisés, je pris le temps de réfléchir avant de me laisser retomber en arrière.

- "Et bien elle pourrait servir à donner un minimum d'éducation à certains de nos jeunes qui ne peuvent pas sortir d'ici, il y en a bien plus qu'on ne le croit tu sais ? On a deux/trois personnes qui aimeraient s'en charger. Autant leur remplir le cerveau de choses utiles qui pourront leur servir plus tard plutôt que de les laisser s'abrutir devant les jeux vidéos" - Je tournais mon verre distraitement dans ma main puis haussai une épaule – "Je suppose que d'autres s'en serviraient pour rêver de voyages et de contrées inconnues, le rêve peut être salvateur parfois."
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J'ai écouté Matt attentivement. Avoir le ressenti des autres, leur opinion, m'importait plus qu'ils ne le pensaient. Dean était parfait dans son travail, il le maîtrisait à la perfection mais s'il était plutôt bon pour cerner les gens, il était bien trop réservé. Nous nous connaissions depuis que nous étions enfants, à Baltimore, mais nous rencontrions encore parfois de grands instants de silence. Reese et moi avions pourtant vécu plus de choses mais nous n'avions jamais semblé aussi... "tristes" que lui. Dean n'était pourtant pas malheureux. Si ? Parfois, Matt me le rappelait un peu mais il était un peu plus à l'aise que son aîné d'à peine deux ans. Je ne savais rien de Matt, d'ailleurs. Il déambulait dans Sliders depuis un moment maintenant, je le savais facilement fourré avec Elvis de par la proximité de leurs pouvoirs mais ils étaient aussi avares d'expressions l'un comme l'autre. Vous voulez que je vous dise la vérité ? Je m'ennuyais. Oui, je m'ennuyais car je refusais d'être seule à la tête de ce quartier. Dean n'avait rien d'un leader. Logan était encore un peu trop jeune et fougueux, Elvis n'en avait cure, c'était un exécutant. Aussi, le devoir s'était reposé sur moi. Mais je n'avais plus autant de temps qu'avant et je ne me doutais pas que ce serait bien pire dans les années à venir. J'ignorais ce que Matt faisait de sa vie, d'où il venait, ce qu'il trafiquait quand il n'était pas là. Les seuls moment où je le voyais, c'est quand il rentrait du travail - un bar je ne sais où m'avait dit Elvis - souvent aussi tardivement que moi. A peine quelques mots échangés, un plat partagé et nous repartions vivre nos vies. Ce n'était pas ce que je voulais pour ce quartier. C'était ma faute, je n'aurais pas dû laisser ça comme ça.

Alors soudain, je me suis redressée et j'ai fermé le carnet pour le repousser de quelques centimètres après y avoir gribouillé quelque chose, et j'ai mis l'assiette de poulet froid entre Matt et moi. J'ai pris mon verre avant d'esquisser un geste vers lui pour trinquer et je lui ai souri.

– Vendu. Tu as tout à fait raison. Je n'y aurais pas pensé. Tu penses à autre chose dans ce genre ?

Je grignotais des morceau de poulet un peu caoutchouteux - mais on s'y faisait après avoir avalé des rations de lait en poudre à l'armée - tout en le dévisageant. Je m'ennuyais profondément et j'avais en même temps besoin que ce quartier bouge. Depuis que l'Underground s'était divisé, je n'avais eu de cesse que de prouver ma valeur. Il fallait toujours que je prouve à Reese - et maintenant à Maze - que je n'étais pas seulement ce diable enflammé irréfléchi et immature qu'ils croyaient. Je voulais, égoïstement, que Sliders soit le meilleur quartier, le plus sociable, le plus prospère et le plus uni. Parce que c'était là ce que je voulais dans ma vie et pour tout le monde. C'était mon but, mon objectif. J'étais peut-être une battante et même souvent belliqueuse, mais j'aspirais à quelque chose de bien plus grand : une unité parfaite dans le monde. Prétentieux de ma part, vous ne trouvez pas ? J'aime les utopies...

– Ca fait combien que tu es parmi nous, Matt ? Un an ? Un an et demi ? Peut-être moins ?
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Matthew Ethan Dare
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C'était bien la première fois que nous échangions autant, la plupart du temps on ne faisait que se croiser avec quelques paroles courtoises et pourtant j'avais essayé de m'intégrer. La faute de l'apparente inaccessibilité de Maddison ? Ou alors à la dose de travail que représentait son statut de Leader qui, couplée à son travail à l'extérieur, l'amenait à passer régulièrement ses soirées à dépatouiller les affaires des Sliders ? Je dois bien avouer que même si mon visage ne dévoila rien, je fus surpris de l'attention qu'elle nous accordait à moi et à mes propos. Et je le fus peut-être encore plus de la voir accepter si facilement. J'avançai mon verre pour trinquer et répondis à sa question.

- "En ce qui concerne ce projet là on ne peut que supposer qu'ils auront bientôt besoin d'autres fournitures, je sais qu'ils avaient choisi la mappemonde comme base pour l'histoire et la géographie. D'après Koby il n'y a pas mieux pour donner une bonne représentation du monde..." - Je souris un peu ironiquement – "Et apparemment ça pourrait aussi servir à préparer des éventuelles missions vu que c'est tellement mieux qu'une banale carte."

Oui, Koby avait ajouté une partie plus pratique ou du moins une justification plus « utile » de l'importance d'avoir une mappemonde au cas où il aurait quelqu'un à convaincre. Qui eut cru que ça serait moi qui aurait à expliquer leur demande ? Je bus un peu de ma bière tout en réfléchissant. Oh, pas énormément longtemps, ce que j'allais dire j'y avais déjà pensé plus qu'à mon tour.

- "Après niveau projet..." - Je haussai une épaule  -  "Il faudrait qu'on essaye de rassembler un peu plus les nôtres, on vit tous dans le même quartier mais au final ? On va, on vient, on se côtoie peu, le pire étant que nos jeunes font pareil. Qu'est-ce que ça va donner d'ici dix années ? Même les enfants sont dispatchés, les rares fois où je les vois rassemblés c'est quand je leur ramène un peu de friandises en fin de mois quand ça m'est possible. Et même là encore..." - Mon regard se voila - "Il y a toujours au moins un des petits qui est à l'écart, pas facile d'être physiquement Positif."

Le plus dur étant de trouver que faire pour y remédier. Une des solutions serait de réserver une salle et de la meubler pour en faire un foyer pour jeunes, avec un peu de propagande ça devrait bien  en attirer une partie et on pourrait peut-être faire quelque chose de similaire pour les plus petits... Il y avait des adultes qui ne pouvaient pas quitter l'enceinte de l'Underground après tout, certains d'entre eux pourraient assurer la surveillance ou les activités, cela permettrait en plus de créer des liens entre eux. Ils avaient besoin de la solidarité aussi bien pour maintenant que pour préserver le futur de leur quartier, des trois quartiers. Ils avaient besoin de se connaître au moins entre eux, Sliders.

A la question de Maddison je me frottais l'arrière du cou et fis le calcul. J'avais commencé à déconner il y a trois ans, j'étais parti de chez Grandpa il y a environ deux ans et je m'étais rendu à Megalopolis par la suite. Ca faisait donc à peu près autant de temps que je travaillais au bar et plus ou moins un et demi que j'avais participé à la fameuse chasse au trésor à travers la ville... Déjà ? J'étais visiblement surpris oui, je ne m'étais pas rendu compte que le temps avait filé si vite.

- "Un an et demi environ, je ne l'ai même pas vu passer..."
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Maddison DeLuca
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J'ai acquiescé à ses arguments. Je n'avais pas vu les choses comme ça. En réalité, je ne voyais pas grand chose à part l'extérieur. Justement. Grâce à Matt, je me rendais compte - même si je le savais déjà quelque part - de la réalité des quartiers. Même si les gens nous remerciaient d'être là, il y avait toujours un écart avec moi. Ils ne me considéraient pas comme égale mais comme celle qui avait un pouvoir sur eux et sur leur destiné. Enfin, j'imagine. A tout moment, nous pouvions décider que l'Underground n'était plus. Ce qui n'arriverait pas, bien sûr. Nous avions également de la sécurité à maintenir. J'étais tellement obnubilée par mon travail et ce que j'avais à faire pour cet endroit que j'en oubliais les gens qui y vivaient. Je savais qu'ils étaient là, je connaissais leur nom mais... j'en oubliais parfois qu'ils n'étaient pas... Moi.

Je scrutai Matt pendant qu'il parlait et j'ai fini par acquiescer en portant ma bière à mes lèvres et baissant les yeux. Et quand il reprit, j'ai haussé les épaules.

– La mauvaise nouvelle, c'est que le temps passe. La bonne, c'est qu'on en est le pilote.

Une devise que je répétais à mon frère depuis si longtemps. C'était ce qui nous caractérisait, les Sliders. Maîtres de leur destin, contrôlant leur vie mieux que n'importe qui, même quand cet argument pouvait être renversé. J'ai inspiré profondément et j'ai posé mon menton dans ma main pour reporter mon regard sur Matt et le dévisager longuement. Il était intelligent, calme, attentionné et à l'écoute des autres. Des qualités propres à l'Underground.

– Je ne sais rien de toi. Je ne sais pas d'où tu viens, je sais tout juste ton âge sauf que je l'ai oublié. Je ne sais même pas ce que tu fais en dehors de ces murs. Des photos, je crois ? Parle-moi un peu de toi !

Et je me suis redressé en piochant un morceau de poulet avant de le porter à mes lèvres. Moi aussi, je savais être attentive. Et si je manquais parfois de mémoire ou que je me perdais dans mon discernement, je n'en demeurais pas moins curieuse ni à l'écoute. J'avais besoin que quelqu'un m'aide, soit mes yeux et mes oreilles dans ce quartier, mais pas à travers des câbles. Quelqu'un qui puisse m'aider à prendre la température, à tirer la sonnette d'alarme lorsque son instinct lui criait alerte. Jusque là, personne ne s'était présenté avec ces qualités. Tout le monde semblait... Justement comme moi : absorbé.

[Et 2 points pour Underground !]
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Matthew Ethan Dare
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- "...La mauvaise nouvelle, c'est que le temps passe. La bonne, c'est qu'on en est le pilote."

J'avais répété cette devise pensivement, goûtant à tout ce qu'elle impliquait. Le contrôle. Le choix. Le levier de vitesse. Finalement je haussais un sourcil amusé à l'égard de Maddison, un petit sourire au bord des lèvres.

- "Donnerais-tu des cours de pilotage par hasard ? En cas de situation exceptionnelle ?"

Je la laissais me dévisager longuement sans faire mine d'intervenir, ce qui ne m'empêcha pas de me demander ce qui lui passait par la tête. Je n'avais pas de poulet collé au visage n'en ayant pas manger et de toute façon ça semblait un peu plus profond. Une nouvelle mise à l'épreuve comme à mon arrivée ? Une décortication de mon être ? En tout cas ce n'était pas par passion amoureuse, de cela j'étais sûr je n'avais pas à m'en inquiéter. Et puis vint l'explication de son comportement. Plus ou moins. Comme si elle avait essayé de lire les réponses à ses questions à travers moi. Je hochai calmement la tête, bus une gorgée et reposai mon verre.

- "Et bien j'ai vingt-quatre ans et je suis originaire du Kansas" – Je me stoppai, l'oeil pétillant – "Voilà pour le rafraîchissement de mémoire." - Je repris plus sérieusement - "A l'extérieur je travaille en tant que barman dans un bar de la Ville Basse, celui où Reese et les siens ont l'habitude d'aller si ça peut t'aider à le situer. Après oui, je fais beaucoup de photos c'est ma passion depuis que je suis petit, j'ai quasiment grandi avec elle dans le sang." - Nouveau sourire – "A tel point que les machines que j'ai l'habitude de côtoyer pourraient en être jalouses. En dehors de mon appareil photo bien sûr."

Bon je n'étais pas natif du Kansas mais du Wyoming ceci dit c'était là que j'avais passé le plus de temps avec ma famille. En repensant à ce que je venais de dévoiler à Maddie je me suis rendu compte de l'armure que j'avais placé sur moi depuis si longtemps, je lui avais répondu sans pour autant approfondir naturellement. Pourtant Maddie, et bien... elle faisait partie de ma nouvelle famille, elle dirigeait les Sliders... J'étais sensé lui faire confiance non ? En même temps comment pourrais-je me livrer si facilement à elle alors que je n'avais jamais tout dévoilé à mes propres parents, cachant tout ce qui aurait pu les inquiéter ou leur donner du souci, des remords ?

- "Je n'en sais pas énormément plus sur toi au fond."

Et puis je repensais à notre situation au bar et à l'ultimatum d'Alex. Maddie avec son boulot devrait pouvoir m'aider un minimum, c'est en tout cas ce que j'avais pensé face à mon collègue. Et elle ne l'ébruiterait pas, pas vrai ? Du moins je comptais sur sa discrétion. Je m'étais fait pensif, le regard fixé sur mon verre que j'avais repris en main, ma décision prise je relevais un regard calme mais déterminé sur la jeune femme en face de moi.

- "J'aurais un conseil à te demander si tu veux bien."

J'attendis d'avoir son attention et son accord en quelque sorte puis continuai.

- "Il y a quelques jours mon collègue a recueilli une fillette qu'il a trouvé dans nos poubelles derrière le bar. Elle nous a dit venir d'un orphelinat appelé Sweet Heaven, un établissement qui porte bien mal son nom à en juger ses dires et son état. A peine revêtue de haillons, la peau sur les os. Tellement crasseuse qu'on ne pouvait même pas définir si c'était une fille ou un garçon, si elle était blonde ou brune. Clairement négligée." - Je fis une pause, fronçant les sourcils – "J'ai vérifié, l'orphelinat existe réellement et il n'a vraiment pas l'air correct. Les enfants sont plus que miséreux et ils abritent aussi quelques sans-abris et les ivrognes du coin." - Je tentai d'accrocher les yeux de Maddison – "Mon collègue ne veut pas l'y renvoyer ce qui est compréhensible vu le sort que ça lui réserverait, il était prêt à aller là-bas pour secouer tout le monde. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment attendre l'aide des services sociaux, ils doivent être un minimum au courant de ce qui se passe là-bas. Pour les autres options... Ca  ne serait pas viable sur la durée. Et puis il y a les autres enfants de toute façon. Je me suis dit qu'en s'adressant à quelqu'un de complaisant... Quelqu'un qui a vraiment les intérêts de ces enfants à cœur... On ne peut pas s'adresser à n'importe quelle personne des services sociaux. Trop risqué. Tu en penses quoi ?"

J'espérais vraiment qu'elle puisse m'aider ou qu'elle puisse au moins m'orienter vers quelqu'un. Si elle Maddison la leader des Sliders ne le pouvait pas alors qui le pourrait ?

(HJ : J'espère ne pas avoir fait d'erreur en considérant que l'orphelinat existait et que Matt avait pu faire quelques vérifications)
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Je levai fièrement mon index à la mention du Kansas.

– Ca je m'en souvenais ! Je suis née là-bas, aussi, ça m'a marquée.

J'ai posé mon menton dans ma main pour écouter la suite avec un léger sourire et j'ai acquiescé à la mention de ce bar où j'avais été une fois. Juste une fois. Reese n'était plus mon capitaine, ni mon supérieur et nos quartiers étaient différents. Quand bien même il demeurait mon meilleur ami après tout ce que nous avions vécu et traversé, traîner dans les bars ne faisait pas partie de mes habitudes. Et puis je n'avais pas le temps. Mon bar, il était ici. Et maintenant. Et j'ai même pouffé de rire quand il a parlé des machines. Du côté de Sliders, nous avions des pouvoirs assez extraordinaires et souvent liés à la technologie. Ce qui était assez marrant dans le sens où... Je n'y connaissais rien. Dean, Elvis, Matt, tous les trois avaient un fort point commun : ils étaient devenus indispensables au quartier. Par leur calme, leur objectivité et leur soutient, ils étaient même devenus très appréciés des autres quartiers. Tout le monde savait que l'on pouvait compter sur eux. En réalité, tout le monde savait pouvoir compter sur les membres de Sliders. Même sur moi tant qu'il ne s'agissait pas de mon pouvoir, en fait.

– Je pensais n'être un secret pour personne mais si ça t'intéresse, je suis ouverte aux questions, je n'ai rien à cacher.

C'était faux, bien sûr. J'avais au moins une chose à cacher. Mais je n'étais pas forcément une adepte de la vérité à tout prix. Et pour vivre heureux, vivons caché, pas vrai ? J'ai froncé les sourcils alors que Matt enchaînait sur un tout autre sujet. De ceux que l'on traitait tous les jours, finalement. Ceux du quartier. Ceux pour lesquels nous étions là et la raison pour laquelle nous oeuvrions. J'ai relevé la tête, analysant chacune de ses paroles. S'il était redevenu plus sérieux, alors moi aussi. J'étais peut-être fatiguée mais pas assez pour ne pas lui prêter l'attention nécessaire. Et puis, j'ai fait une légère moue de réflexion en gardant le silence. Il était rare que je parle sérieusement pour ne rien dire. Ou même que je parle dans le vide tout court. Pour m'aider à réfléchir, j'ai pris un morceau de poulet que j'ai porté à mes lèvres pour le mâcher distraitement et j'ai repris en tournant les yeux vers Matt.

– Je crois que j'ai déjà entendu parler de ce truc. Au boulot, j'entends. - J'ai pris mon verre pour boire une gorgée avant de reprendre - Il y a plusieurs mois de ça, une assistante sociale a débarqué et porté plainte pour trafic d'enfants ou je sais plus quoi. C'est pas moi qui m'en suis chargée, c'est pas mon domaine. J'étais juste là quand elle a tapé un scandale. Je sais qu'on a mis quelqu'un dessus mais... A défaut de preuves... L'association a manqué de porter plainte et l'assistante n'a eu de cesse que de dire que ce n'était pas ce qu'elle avait vu. En d'autres termes : tout le monde savait qu'il y avait un problème là-bas mais impossible de les coincer. Je ne sais pas du tout où en est l'affaire, si quelqu'un la détient encore. Je regarderai pour toi, si tu veux. Je peux te retrouver l'assistante sociale si tu veux la rencontrer et juger par toi-même avant. Et à ce moment-là... On pourra essayer de faire autre chose. Il est clair que la police est pieds et mains liées. Mais pas nous.

Je lui ai donné un sourire et un clin d'oeil avant de reprendre un morceau de poulet.

[Tout de suite Maddie = tank. C'est ouf.]
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Matthew Ethan Dare
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- "J'ai entendu ce qu'on dit autour de toi, ce que les gens pensent savoir avec plus ou moins de certitude mais ça ne remplace en rien ta propre version. Et puis... il faudra bien que tu te présentes un jour non ?"

J'avais de prime abord haussé les épaules puis j'avais finalement conclu mon couplet sur un ton bien plus badin.

Si Maddison acceptait de me parler d'elle comme je venais de le faire c'était très bien, si elle n'avait pas plus l'intention de le faire que ça ce n'était pas un mal. Quant à son affirmation sur le rien à cacher... Et moi j'étais un singe de l'espace avec un nez de clown rouge, une touffe de cheveux rose à la Gigi, habillé d'un bikini jaune fluo en train de faire des claquettes tout en soufflant l'hymne national dans une cornemuse ? On avait tous quelque chose à cacher, c'était aussi simple que cela.

J'écoutai attentivement ce que Maddie avait à me dire et je réfléchis à la suite à lui donner. Savoir où en était l'affaire, qui la détenait pourrait aider. Mieux encore, l'assistante sociale semblait être au courant de la situation et avait été assez décidée à y mettre un terme pour faire un esclandre devant les forces de l'ordre, il y avait peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là... Il me faudrait la rencontrer assurément. Et rapidement. Je n'oubliais pas l'ultimatum que m'avais mis Alex mais quand même, il aurait pu m'accorder un jour de plus le grand bouledogue, ça allait être dur de conclure cette affaire ou du moins la partie Jane en deux jours.

- "Tu penses pouvoir me trouver ces informations rapidement ? Au moins le nom de l'assistante sociale ? Il faut que je m'occupe de la partie « fillette » le plus rapidement possible, je sens bien que mon collègue va nous pondre une connerie intersidérale sans ça."

Bien sûr je n'envisageais pas d'abandonner les autres enfants à leur sort pour autant.

Je lui rendis son sourire.

- "J'imagine déjà leur déconfiture à tous quand on les privera de leurs agissements."

Parce que oui, s'il y avait moyen de faire fermer cet orphelinat et d'empêcher ce possible trafic d'enfants je comptais bien suivre l'affaire de près et m'y investir. On ne jouait pas avec les êtres humaines et encore moins les enfants.
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Maddison DeLuca
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Je ne sais pas vraiment s'il s'agissait d'une demande de renseignement ou bien d'un désir d'entretenir la conversation poliment. Il ne me semblait pas être si secrète. Alors j'ai haussé les épaules. Je savais qu'il courait bien des rumeurs à mon sujet mais je ne les écoutais pas. Je faisais mon travail et je le faisais bien, quand bien même on me jugeait de plus en plus indisponible, ce qui entachait le quartier. J'ai inspiré profondément en reprenant un morceau de poulet avant de me frotter les mains.

– Je te trouverai les informations demain, c'est promis. En attendant, dis à ton collègue de se méfier. Ce n'est pas parce que la police ne relève pas toutes les plaintes qu'elles ne sont pas prises au sérieux. Si quelqu'un lance un acte de disparition sur votre gamin, votre bar en payera le prix. Mais ça, j'imagine que tu le sais déjà...

J'ai porté le verre à mes lèvres sans le quitter du regard, les sourcils hauts. Je savais Matthew suffisamment intelligent et prudent pour ne pas se faire choper sur un coup pareil. Mais je ne connaissais pas du tout son collègue. Cependant, je pouvais totalement comprendre son agissement. Nous-mêmes étions assez portés sur les missions de sauvetage, notre activité préférée. Prudent... Nous l'étions tous à Sliders. C'était même une part de notre devise silencieuse. Nous y mettions un point d'honneur et je savais parfaitement que Matt le respectait. M'essuyant la bouche, j'ai repoussé doucement l'assiette de poulet une fois mon estomac rempli.

– Quant à moi, je ne sais pas trop ce que tu veux savoir que je n'ai pas déjà raconté à qui que ce soit... Pose tes questions. Je suis un livre ouvert !

Tout le monde connaissait mon histoire, ou presque. Je leur braillais suffisamment dans les oreilles quand je m'énervais pour leur rappeler qui était le véritable ennemi. Après, il n'était pas impossible que je ne leur dise pas tout. Mais le principal, ils le savaient. Matt était-il plus curieux qu'il ne voulait le laisser paraître ? J'ai ouvert les mains comme pour me livrer à lui. Il incarnait ce calme qui m'était bénéfique et dont je saluais les effets. Il ne jugeait pas, il était calme, posé et surtout diplomate. Je le sentais dans sa façon d'être. Sliders gagnait beaucoup à posséder un membre comme lui.
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[CLOS] [Matt/Maddie] L'éveil appel la faim
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