2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Jane/Alex/Matt] Oiseau de nuit (H+ 30)

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Jane Doe
Jane Doe
Juin 2074


Jane ouvrit les yeux difficilement, son estomac tiraillé par la faim lui avait envoyé un appel au secours qui la fit sortir du lit. C'était bien compliqué de se redresser et surtout quitter la couverture toute chaude. Elle se frotta lentement les yeux tout en baillant sans retenu. Un coup d'oeil les yeux collés à droite, puis à gauche, elle émergea lentement, essayant de se souvenir où elle était. C'était compliqué là.
Il faisait encore nuit, et il lui semblait que la pluie tombait doucement dans la rue.

Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre en se grattant la cuisse d'une main, et dégagea ses cheveux de son visage de l'autre. Oui, il pleuvait de petites gouttes.
Ah ! Oui ! Jane se souvenait maintenant, Alex... Elle était dans ce bar, avec Alex, Lexy et Matt. C'était ça. Bon, ce n'était pas tout ça mais, le cerveau un peu plus clair ça ne nourrissait pas la bête. Peut être restait-il quelque chose à se mettre sous la dent en cuisine. Elle ignorait que c'était la seconde nuit qu'elle passait entre ces murs, pour elle, c'était toujours celle où elle avait été ramassée dans le rue.

Discrètement elle descendit les escaliers. Elle ne savait pas où ça dormait tous ces gens là, elle ne devait pas les réveiller. Et Alex ne lui en voudrait pas si elle se servait un peu dans le frigo des cuisines. Il était si bon avec elle.

Elle arriva enfin dans la grande salle et avançait un peu à l'aveuglette, faiblement éclairée par les lumières à l'extérieur. C'est qu'elle avait vite fait les repérages vitaux, les toilettes c'était au fond en face, les cuisine là bas pas loin. Elle si dirigea à pas de velours en remontant son short trop grand qui se faisait la malle.
Elle appuya sur un interrupteur et des lumières vives vinrent l'éblouir et la firent grimacer. Alors ça, c'était fait, maintenant le frigooooo... là-bas. Très vite elle prit une bouteille de lait, un morceau de pizza au pif et referma la porte avec le pied.
Elle revint sur ses pas sans oublier d'éteindre derrière elle. Elle remplit avec son estomac, installée à une table avec le morceau de pizza froid qu'elle fit descendre avec plusieurs grosses gorgées de lait direct à la bouteille. Elle soupira de satisfaction. Cela faisait du bien.

Elle était accoudée là, sur sa table et scrutait la salle. C'était calme, des tables, des chaises... Elle se leva et fit lentement le tour des lieu, toujours silencieusement, et c'était facile à pieds nus de rester discrète. Tout contre un mur elle vit quelque chose qui l'attira aussitôt. Un piano ! Elle courut sur la pointe des pieds et s'en approcha, le caressa du bout des doigts. Elle se demandait s'il était accordé et pour en être certaine... Elle hésita disons, une demi seconde avant de relever le plateau de l'instrument. Elle tira le tabouret et s'installa en devinant les touches couleur ivoire et noire face à elle.
Cela faisait un long moment qu'elle n'avait pu en voir un, mais l'envie de jouer était toujours là. Elle posa ses doigts, le manque de lumière ne la gênait pas, elle pouvait jouer les yeux fermer de toute façon, et quand on était aussi douée qu'elle...

Elle inspira avant de se lancer, ne se souciant plus de ceux qui pouvaient dormir entre ces murs. Jane se mit à jouer un morceau lent qu'elle affectionnait, histoire de se dégourdir et se chauffer les doigts...


   [HJ] Un petit Chopin ? https://www.youtube.com/watch?v=YGRO05WcNDk
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Alex Peterson
Alex Peterson
D'abord, les pas dans le couloir. Je me suis tourné et je me suis rendormi - ne me demandez pas comment. Et puis la lumière dans le couloir qui venait des escaliers. Je me suis retourné encore. Et les frigos, les bruits de table. Il n'était pas si tôt, encore. Non, c'était impossible. Dans ma tête, nous étions encore le soir, j'étais partie m'effondrer avant que Matt ou Lexy n'ait terminé de ranger. Je me suis réveillé dans ce demi sommeil étrange et pâteux. Celui dont on ouvre les yeux en se disant "C'est déjà l'heure de se lever mais je suis tellement fatigué, je veux dormir..."

Et puis les notes de piano. J'ai ouvert les yeux d'un coup, les poils droits sur les bras. Quelques secondes plus tard, j'étais dans le bar, à la lumière calfeutrée. A pas de loup, j'ai posé une main sur le comptoir pour m'avancer et mieux voir qui jouer de cet instrument qui prenait la poussière. J'ai cligné des paupières en reconnaissant Jane. J'ai levé les mains pour m'attacher les cheveux et je n'ai pas eu le coeur de l'arrêter. Ce n'était peut-être pas parfait mais à mon oreille, je ne faisais guère la différence. Je n'y connaissais pas grand chose en classique, je savais juste que c'était excellent pour une gamine de cet âge.

J'étais descendu sans prendre la peine de m'habiller avec juste un short, pieds nus et tous tatouages dehors. J'ai attendu qu'elle ait fini pour intervenir d'une voix basse et respectueuse.

– Il est trois heures du matin... Qu'est-ce que tu fais debout ?

Je me suis approché d'elle en traînant les pieds. J'aurais pu m'endormir là, sur la table à droite. J'aurais pu me laisser tomber et ronfler jusqu'à ce que Matt ou Angela n'arrive le lendemain matin. J'ai tiré une chaise pour m'asseoir et j'ai posé les coudes sur les genoux avant de la désigner du menton.

– Où est-ce que tu as appris à jouer comme ça ?

Avant cette nuit, elle s'était levée bien deux fois. De ce que j'en savais. La première, je l'avais trouvée errante dans la cuisine à tenter d'attraper une bouteille d'eau trop haute pour elle. La seconde, elle avait tiré le t-shirt de Matt en demandant où étaient les p'tits coins. Je crois que pendant tout ce temps, elle avait gardé les yeux fermés. Je n'étais même pas sûr qu'elle se souvienne s'être même réveillée car Lexy avait dû la remonter se coucher après qu'elle se soit endormie dans les toilettes ! Bon sang, je pleurerais pour pouvoir dormir deux jours entiers comme ça...
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Jane Doe
Jane Doe
A Chicago.

Elle n'en dit pas plus. Rejouer lui faisait un bien fou. Elle n'avait pas sursauté lorsqu'il se mit à parler, elle n'avait même pas tourné la tête pour le regarder, et il faisait trop sombre de toute manière. Elle retira non sans regret ses mains du clavier. Elle aurait aimé continuer à jouer et ne plus s'arrêter. Jane se demandait s'il l'avait laissé finir ou s'il était arrivé juste à ce qu'elle estimait être le bon moment.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. Il est mal accordé...

C'était dommage, mais elle aurait joué sur n'importe quel vieux coucou. Elle le regarda, à moitié couvert mais cela ne l'avait pas gêné. Elle quitta avec regret le piano pour rejoindre Alex. Elle vit ses tatouages. Jane se permit même d'en effleurer un du bout des doigts, puis un autre tout en continuant à parler.

J'avais faim, j'ai pris un morceau de pizza et j'ai bu un peu de lait... ça fait mal quand on te le fait ?

Elle se demandait quel était l'intérêt de se peindre comme ça la peau. Tout comme elle se demandait l'intérêt de se percer les oreilles ou le nez. Elle ne trouvait pas ça laid, ni particulièrement beau, peut être juste superflus. Jane s'installa sur les genoux de l'homme mal réveillé, l'encercla de ses bras et posa la tête contre son épaule en  fixant le vide. Elle se confia, un peu détachée.

J'étais dans une famille d'accueil là-bas, ils avaient un piano. Elle voulait que je joue d'un instrument, alors j'ai appris. Tu sais jouer ?

Et le professeur était en pâmoison face à cette gamine qui apprenait à une vitesse folle.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ai suivi son geste des yeux avec un léger sourire amusé alors qu'elle parcourait les vestiges de ma vie. Comment disait cet acteur ? "Mon corps est mon journal intime et mes tatouages sont mon histoire." Il y avait des souvenirs de toute ma famille et des épreuves que j'avais parcourues. Les expériences de ma vie et mes inspirations.

– Un peu. Mais je crains pas grand chose.

Sauf les mains d'une petite fille curieuse qui vient s'installer sur mes genoux pour une étreinte. J'ai ouvert les bras sans trop savoir où les mettre ensuite. Elle n'était pas ma fille à proprement parler mais elle lui ressemblait beaucoup. Je ne l'avais pas vue depuis un moment, maintenant. Je me demandais chaque matin à quoi elle ressemblait à présent. J'ignorais s'il était bien venu de considérer Jane de la sorte mais je n'arrivais pas à songer à autre chose. J'ai refermé un bras sous son genou et l'autre est venu soutenir sa tête contre mon épaule, mes doigts glissant sur sa tempe pour écarter ses cheveux.

– Non, je ne sais pas jouer du piano, il n'est pas à moi celui-ci. Mais si tu veux, je peux t'apprendre un peu de guitare si tu m'apprends un peu de piano ! Et c'est quand même pas la porte à côté, Chicago...

En réalité, ça me terrifiait. Nous avions parlé, en deux jours, nous avions eu le temps de nous demander ce que nous allions faire et comment procéder mais aucun de nous n'avait encore arrêté une idée tant que Jane n'avait pas été levée. A plusieurs reprise, nous avions même cru qu'elle était morte ! J'ai penché la tête vers elle pour la voir, gardant une voix basse.

– Tu sais que tu nous as fait peur ? Tu sais combien de temps tu as dormi ? Un peu plus de 30 heures ! C'est énorme ! Lexy t'a trouvé des vêtements, il faudra que tu les essayes si ils sont à ta taille, ce sera mieux que ça, tu crois pas ?

Je me disais qu'elle ne retournerait pas se coucher à présent. Mais je ne pouvais pas la laisser errer dans le bar toute seule, j'allais devoir rester éveillé avec elle. Cette pensée m'a épuisé plus qu'un lion après avoir dévoré une antilope entière.
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Jane Doe
Jane Doe
Elle n’en dit pas vraiment plus sur Chicago., pourquoi épiloguer. Tôt ou tard, comme les grands font toujours, il ne tiendrait pas ses promesses. Jane finirait pas être renvoyée au foyer retrouver les sans abris et toxicos du quartier. Alors prendre le temps de lui apprendre la guitare… Elle haussa les épaules.

- On préfère les bébés, et sains là-bas. Pour le piano et la guitare je veux bien, si on a le temps.

Comme ça il comprendrait qu’à son âge, elle n’était plus vendable à la capitale, ni ailleurs de toute façon, qu’elle n’espérait pas non plus rester une éternité aux crochets d’Alex. Il était doux avec elle, comme l’avaient été rarement les femmes qui travaillaient pour les services sociaux. A moins de tomber sur une en mal de maternité, elle ne recevait que de l’indifférence. C’était plus supportable que les coups, elle n’allait pas s’en plaindre loin de là. Jane laissa Alex faire.

- Il y avait longtemps que je n’avais pas dormi dans un lit, c’est pour ça. Elle est où ta chambre ?

Ni vraiment dormi en réalité. Les nuits étaient courtes et remuantes, bruyantes, une horreur pour des gamins. Il y avait comme quelques heures de sommeil à rattraper.  Le corps de Jane était encore las, sa voix aussi. Elle avait dormi plus de 30 heures et pourtant la gamine n’était à peine plus en forme qu’Alex.
Pour les vêtements, tout était forcément mieux que ce qu’elle avait sur le dos avant que son héros ne vienne à sa rescousse. Elle se blottit plus encore.

- C’est ta fiancée Lexy ? Je ne l’ai pas réveillée ?

On lui avait expliqué qui travaillait ici, mais après, elle ne faisait que des supposition en fonctions des attitudes des uns envers les autres.

- Ou c’est peut être celle de Matt…

Qu’est ce qu’elle en savait après tout.
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Alex Peterson
Alex Peterson
Je n'ai pas cessé de caresser lentement sa tempe en l'écoutant. Dans ma tête, nous avions tout le temps possible mais si je réfléchissais un peu plus, il était possible que j'en ressorte quelque peu utopique. C'était une idée exécrable que de m'attacher à cette gamine. Mais je n'arrivais pas à faire autrement. C'était aussi une façon pour moi de me rattraper. J'ai posé mon menton sur sa tête en la serrant contre moi et j'ai fermé les yeux. J'aurais facilement pu m'endormir comme ça.

_ Ma chambre ? Ca fait deux jours que tu dors dedans.

Et puis j'ai pouffé de rire à la mention de Lexy. J'étais même assez content qu'elle ne soit pas là pour ne pas entendre. J'ai pris mon temps pour répondre parce que contre toute attente, j'en rougissais. Si si.

_ Euh... Non. Et elle ne dort pas ici, elle dort chez elle. Donc, tu ne l'as pas réveillée.

Et puis j'ai éclaté de rire en m'écartant pour la regarder. Voilà qui venait de me ramener à la vie d'une certaine manière. Ah, tout était bon pour se moquer de Matt.

_ Dans ses rêves, très probablement ! Je suis persuadé qu'il passe plus de temps avec elle qu'avec moi. Mais je me posais exactement la même question que toi, tu sais ? Ils sont quasiment toujours d'accord sur tout et il est plus affectueux avec elle qu'avec moi, je crois que c'est un signe, qu'est-ce que tu en penses ? Tu devras lui poser la question demain quand il arrivera, je suis certain qu'il se fera un plaisir de te répondre.

Je pressentais déjà la tape derrière la tête qui m'arriverait lorsque le concerné se rendrait compte de la supercherie. Hey, je vous l'ai dit ! Matt était un peu comme le frère que je n'avais pas eu. Qui sait, finalement, nous n'étions peut-être pas si différent !

_ Et toi, t'as un fiancé ou pas ? Je suis certain qu'une fois récurée, tu fais tomber tous les fiancés de la terre avec des yeux comme les tiens. Tu peux me le dire à moi.
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Jane Doe
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C’est bien agréable toutes ces petites papouilles, Jane ne bougeait plus. Des moments trop rares en 9 ans d’existence.
Pour ce qui concernait Matt et Lexy, elle allait y réfléchir. Après tout ils étaient assez grands pour se débrouiller tout seuls non ? Et puis imaginer que ces deux là s’apprécient au point de se mettre ensemble, se marier et avoir la mauvaise idée de se reproduire… Jane ne s’en remettrait jamais d’avoir amorcé la bombe.

- T'es jaloux ?

Et voilà qu’Alex, comme revigoré se lance dans une tentative d’humour. Jane le regardait, le visage neutre. Un fiancé ? Elle ? Il avait complètement perdu l’esprit. Ce n’était clairement pas pour elle. Et si elle avait été une gamine comme les autres, elle aurait lâché une énorme grimace en crachant un « POUAH ! Les garçons c’est trop nul ! » ou quelque chose du genre.

- Je n’aurai jamais de fiancé, ni d’enfants. C’est inutile de s’attacher à quelqu’un.

C’était glacial dans sa voix et son regard. Dans ce monde des enfants ? C’était purement de l’égoïsme de la part des parents. Et si c’était pour les abandonner comme ses géniteurs l’avaient fait pour elle en plus... Non, que des irresponsables, égoïstes et menteurs.

- Mais avec toi c’est différent.

Elle reprit sa position initiale, c’est à dire tout contre son protecteur, et son visage qui  glissa dans le cou d’Alex.
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Alex Peterson
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_ Je suis d'accord avec toi, mais c'est un peu dur de dire ça à 9 ans, tu ne crois pas ?

Et puis je l'ai regretté instantanément. D'une part, parce que ça pouvait être mal interprété mais aussi parce que ça en disait long sur moi. En me voyant dans ce bar, à y vivre, manger, dormir, travailler, plus proche de Matt et Lexy que n'importe qui dans cette ville, comment pouvais-je ne pas paraître attaché à qui que ce soit ? Mais le fait qu'elle soit si certaine de ce qu'elle disait a réveillé l'inquiétude qui caractérisait déjà Lexy le début. Et j'ai puis il y a eu cette chape de plomb dans la poitrine avant qu'elle ne vienne se lover contre moi. Je crois qu'en cet instant, j'ai eu envie de mourir. Réellement. Ma main était restée en l'air et j'ai fermé les yeux avant de la reposer doucement sur sa tête.

J'ai fait glisser mon menton sur le haut de sa tête avant de lui embrasser les cheveux. Je suis peut-être resté un long moment comme ça sans rien dire. J'avais le coeur qui battait si fort et toutes les paroles de Matt et Lexy revenaient dans ma tête. Je m'en voulais d'être aussi égoïste. Ce n'était pas ma fille, elle n'était pas à moi, je n'avais aucun droit ni devoir sur elle.

_ Tu sais que tu peux rester ici tant que tu voudras. Cependant...

J'ai écarté la tête pour la voir, ramenant ses cheveux en arrière et j'ai poussé un soupir abyssal.

_ Cependant... Un bar, ce n'est pas fait pour une petite fille. Tu dois vivre dans une maison, aller à l'école, faire des études, mener une vie normale, celle que tu devrais avoir. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'offrir tout ça, je t'en fais la promesse. Tu sais...

J'ai baissé les yeux pour érranger la bretelle du débardeur sur son épaule.

_ La vie que je mène n'est pas faite pour les enfants. Je ne sais rien de toi, ni d'où tu viens mais il serait totalement égoïste de ma part de vouloir te garder comme si tu étais ma propre fille, quand bien même l'idée persiste dans ma tête. On va prendre notre temps, on va y réfléchir toi et moi, ensemble. Mais je te promets de ne pas te laisser partir n'importe où.

L'idée qui germait dans tête était... Douloureuse. Je me suis gratté le sourcil en fermant les yeux, las et fatigué par avance.
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Jane Doe
Jane Doe
Elle se redressa, ses yeux parcouraient tout le visage de l'homme d'incompréhension. Comment pouvait-il dire qu'elle pouvait rester mais qu'elle devrait partir. Elle l'avait laissé finir, pour ne pas l'interrompre. Plus il parlait, plus elle se détachait de lui pour se retrouver debout, décontenancée face à l'homme assis. Alex faisait maintenant  face avec le petit animal apeuré qu'il avait ramassé dans ses poubelles.
Jane secoua d'abord lentement la tête.

- Comment...  Non. Non non non non non ! Tu n'peux pas dire ça... tu n'peux pas ! c'est trop facile !

Et la fillette éclata de colère et cracha tout ce qu'elle pensait de son idée.

- Autant me ramener tout de suite au foyer ! Tu crois que c'est par ce que tu le veux qu'on va me mettre dans une jolie maison avec un jardin et une balançoire ! des parents aimants ! Une grande école privée ! ça n'marche pas comme ça ! Tu m'avais promis !

Elle regardait autour d'elle tout en reculant, prête à bondir. Elle serra les poings alors que sa respiration se faisait courte de colère, elle tempêtait, mais aucunes larmes malgré la détresse évidente. Des paroles qui n'étaient pas ceux d'une gamine de 9 ans. Vivre comme elle, ça faisait grandir les enfants trop vite.

-  Tu n'as pas le droit ! pas le droit de jouer ! Tu cherches à gagner du temps mais ça ne changera rien ! Du temps mais seulement pour toi ! Tu t'en fiches de moi ! Tu n'penses qu'à toi !

Et elle se mit à courir vers la porte la plus proche pour s'enfuir. Elle préférait repartir dans la rue dans des vêtements trop grands et pieds nus, que de rester avec un homme égoïste et pas assez couillu pour prendre sa décision.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ignore pourquoi. Mais je l'ai senti venir. Une bonne raison pour avoir péréféré son réveil pendant la nuit ? Le bar était fermé. A clés. Ce qui m'a laissé le temps de la rattraper et de fermer mes mains sur ses épaules. Je me suis accroupi pour être face à elle et qu'elle ne quitte pas mes yeux une seconde.

_ Je t'ai promis ! D'accord ? Je t'ai donné ma parole, je t'ai promis que personne ne viendrait te chercher ni t'enlever ni quoi que ce soit de ce genre ! Je ne pense pas qu'à moi, je pense avant tout à moi ! Si j'étais réellement égoïste, ce que je suis la plupart du temps, oui, alors je te garderai avec moi ! Mais ce n'est pas juste, tu m'entends ? Je ne peux pas faire ça ! Si aujourd'hui ce bar est sûrement l'endroit le plus sécuritaire pour toi, à long terme, ce n'est pas le cas ! Si personne ne te cherche, il est possible qu'en revanche, moi si. Est-ce que tu comprends ce que je suis en train de te dire ? Tu n'as pas... Idée...

J'ai porté mes mains à son visage pour encercler ses joues en replaçant ses cheveux en arrière. Je ne la quittais pas des yeux et j'ai serré les dents.

_ A quel point j'aimerais que tu restes avec moi mais je t'assure que tu mérites bien mieux qu'un bar et qu'un type comme moi. Tu ne sais même pas ce que je pourrais faire pour toi. Je ne peux pas jurer de te trouver une belle famille avec un grand jardin et une école privée. Mais je peux essaye de m'en approcher. Je connais du monde et jamais... JAMAIS je ne laisserai qui que ce soit te faire de mal, je ne t'enverrai jamais chez des inconnus. Mais je veux que tu comprennes que te garder ici serait vraiment égoïste de ma part et inconsidéré, injuste pour toi. Mais je n'ai jamais prétendu que j'allais me débarrasser de toi. C'est ce que tu as entendu ? C'est ça que tu crois ? Que je vais t'abandonner ? Je ne te ramènerai pas au foyer. Ni dans aucun autre.

La vérité était que je ne pouvais pas remplacer ma fille. J'avais déjà fait le choix difficile de les laisser derrnière fois, je ne pouvais pas me permettre d'avoir dépassé un tel sacrifice pour plonger la tête la première à nouveau.

_ Je n'ai pas dit que je te mettais à la rue demain. Ni après-demain ! Et je ne t'abandonnerai pas non plus. C'est promis. Juré. Regarde !

J'ai lâché son visage et je me suis redressé en tapotant mon torse de l'index.

_ c'est toute ma vie qui est gravée dessus. Ce sont les choses les plus importantes qui me sont arrivées dans la vie. Je sais peut-être rien de toi mais je sais que tu y as ta place. J'en ai encore plein ! Tu peux me dessiner tout ce que tu veux ! Toute cette place, elle est pour toi. J'ai juste besoin de toi pour ne rien faire de stupide.
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Jane Doe
Jane Doe
Evidemment, la porte du Bar était verrouillée, pourquoi n’avait-elle pas simplement pensé à passer par une fenêtre ?
Alex s’était accroupi devant elle, Jane avait envie de se jeter dans ses bras, mais elle le laissa lui expliquer les choses. La fillette serra les dents. Plus Alex parlait, plus les larmes lui montaient. C’était étrange cette sensation, même dérangeant de se sentir aussi impuissante lorsque un flux incontrôlable d’émotions trop longtemps retenu, enterré au plus profond de son être, tambourinait une porte murée depuis si longtemps, qui maintenant s’effritait et sur le point de céder.

Le visage entre les mains de l’homme, l’orpheline ne put retenir les premières larmes qui roulaient, de plus en plus nombreuses sur ses joues creuses alors qu’Alex lui faisait ce qu’elle comparait à une déclaration d’amour. Un amour paternel qu’elle n’avait jamais goûté, qu’elle ne voulait pas perdre et rien qu’à cette idée, de perdre Alex, ça la tuait. Elle parlait difficilement, sanglotant entre chaque mot. C’était douloureux, trop douloureux.

- Mais… c’est… toi… que je veux. Pas… une autre famille. On… n’a jamais été… aussi gentil… avec moi… Ils ont été si monstrueux. Ni les foyers, ni les familles d’accueil… ne me reverront… j’veux plus les voir.  Tu es si bon… avec moi.

Et elle voulait que ça dure, que cela n’arrête jamais. Elle sentait Alex sincère, elle ne voulait pas y croire au début, mais il était tellement habité par ce qu’il disait, que ça ne faisait plus aucun doute, il ne mentait pas LUI. C’était un cadeau qu’elle n’attendait plus.

- Je veux… rester avec… toi… Je t’embêterai pas… quand tu… travailles. Je n’veux plus… te quitter…

Elle renifla et essuya les larmes qui embrumaient ses yeux. Elle observait tous les tatouages qui sublimaient la peau d’Alex.

- Moi aussi je te veux dans ma vie, pour toujours ! Alex…

Elle se jeta sur lui pour le serrer aussi fort que ses bras le lui permettaient.

- ça me fait bizarre dans le ventre, dans le cœur quand je te vois…

Elle l’aimait comme une fille aimait son père. Elle avait déjà croisé des hommes et des femmes, qui se substituaient comme parents. Elle n’avait jamais ressenti que de l’indifférence pour eux, simplement le reflet de ce qu’elle recevait.
Et là, c’était grand, énorme, il lui donnait, elle recevait et voulait lui rendre.


- Je.. je t’aime déjà tellement Alex…
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Alex Peterson
Alex Peterson
Certains hommes vous diront que voir une femme pleurer leur donnait envie de les imiter. Sûrement des coeurs tendres. Et je reconnais faire partie de ceux-là. Mais il n'y avait en comparaison d'une enfant en détresse. Je l'ai dévisagée sans la couper en la laissant dire tout ce qu'elle avait à dire. J'ai simplement secoué la tête comme une promesse silencieuse de ne pas l'abandonner. J'aurais pu me demander comment on pouvait abandonner ainsi un enfant mais... J'avais déjà au moins une partie de la réponse.

J'étais un très bon menteur. Un excellent. J'avais réussi à amener la majorité de ma famille à croire que j'étais un bonhomme horrible et qu'on se portait bien mieux sans moi, à des kilomètres. Ils y avaient cru à force de leur répéter. Aujourd'hui encore, ce qu'il en restait devait toujours le croire. Je n'avais pas revu ma mère depuis des mois malgré que j'en avais profondément envie mais je savais qu'elle se relevait doucement. Il y avait des jours, des périodes, où passer du temps avec ma famille n'aurait pas posé de problèmes, j'aurais même pu être heureux sans avoir besoin de regarder par-dessus mon épaule si quelqu'un nous suivait. Nous étions dans ce style de période. Tout était si calme en ce moment, aucun danger à l'horizon. J'aurais pu emmener ma fille au zoo, ou déambuler dans les musées préférés de ma femme, j'aurais peut-être pu jouer au foot avec Jane, même ! J'aurais aidé ma mère dans son jardin... J'aurais fait une partie de basket avec ma soeur, Matt et Lexy et le perdant aurait payé sa tournée ou aurait été de corvée de vaisselles de Barbecue chez ma mère.

Alors... Dans ces moments-là, je ne pensais plus à cette double vie que je mettais. Vous devez vous dire que je mettais ma seconde famille autant en danger que la première, pas vrai ? C'étaient des Positifs. Ils savaient se défendre, ils n'avaient pas besoin de moi pour les protéger. C'était la différence ! Non ? Et je ne pouvais pas vivre au fond d'un trou en attendant mon heure, c'était trop déprimant. Ma vie dans ce bar, c'était... La vie que je voulais mener. Du moins pour l'instant, c'était chez moi.

Et quand Jane m'a sauté au cou, je n'ai pas voulu me rappeler qu'il y avait des périodes bien moins paisibles que celle-ci. Des périodes qui me rappelleront que je ne pouvais pas garder Jane malgré tout. Le même problème se reposerait, encore et je devrais à nouveau faire un choix qui me hanterait toute ma vie. J'ai serré l'enfant contre moi, sa tête dans ma main et j'ai fermé les yeux. Je les ai crispés si forts que j'en avais mal aux paupières. Vous n'avez sûrement pas idée de la force que les enfants peuvent mettre dans leurs mots, dans leurs expressions. Je ressentais l'injustice, celle d'entendre ces déclarations d'une enfant qui n'était pas la mienne. Celle d'en éprouver des sentiments féroces alors qu'ils devraient être interdits. C'était injuste pour elle, pour moi, pour ma propre fille.

Mais je n'ai rien dit. Je ne suis pas devenu plus raisonnable, je n'ai pas cherché à faire ce qu'il fallait. J'en ai juste profité. Parce que j'en avais besoin, parce qu'elle n'avait pas besoin d'entendre ce que j'en pensais. Parce que j'avais terriblement envie de croire que je pouvais conjuguer ma vie d'homme et celle de mutant. Je voulais essayer. Ca aussi, c'était injuste pour Jane.

– Ce n'est pas si facile. Je te promets d'essayer, de tout faire pour.

J'ai reniflé et je me suis écarté pour la regarder, caressant son visage d'une main en écartant ses cheveux de l'index. D'autres vous dirons qu'un homme, ça ne pleure pas. C'est faux. On essaye de ne pas le montrer, c'est différent. Les yeux rougis, je me suis éclairci la gorge avant d'acquiescer. Je me suis humecté les lèvres en me frottant le nez et puis j'ai repris avec un léger sourire.

– Je t'interdis de cafter à Matt ou Lexy, tu m'entends ?

Si j'avais tenu si longtemps sans montrer une seule de mes faiblesses, pourquoi est-ce que ça aurait dû commencer maintenant ? Avec cette gamine ? Probablement parce que ça aurait bien fini par arriver un jour, pas vrai ? C'est comme ça que ça se passe une famille, non ?
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Jane Doe
Jane Doe
Les yeux rouges également, Alex lui avait délicatement dégagé quelques mèches de cheveux  qui  étaient  collées sur son visage à cause des larmes. Jane eu un sourire en coin.

- ça veut dire que je peux te faire chanter que pour quelques larmes ?

Elle lui déposa simplement un baiser sur la joue comme promesse qu'elle tiendrait sa langue. Elle s'était calmée, c'était trop douloureux de se torturer l'esprit avec tout ça. Ne valait-il pas mieux savourer les instants qu'on leur offrirait, les prendre et les vivre à fond ? Oui, Jane ferait comme ça. Le sujet ne serait pas remis sur le tapis, enfin, cela ne viendra pas d'elle, elle vivrait chaque moment à fond, aux côtés de son ange gardien.
Ils seront séparés un jour sans nulle doute, mais pas demain. Dans une semaine ou plusieurs mois peut être ?  Elle sanglotait encore, cette fois nerveusement. Jane avait un peu de mal à se remettre de ses émotions.

- Je peux prendre un bain ? Je ferai vite promis . Et je crois que tu as besoin de dormir toi aussi, t'as vraiment une sale tête.

Elle ne critiquait pas le physique d'Alex, juste qu'il avait les yeux en bas du visage et si Jane avait dormi plus de 30 heures dans son lit, elle se doutait qu'il n'y avait pas de chambre douillette où se reposer.
Elle lui prit la main pour monter dans la chambre. une fois entrés dans la pièce, Jane tira un peu son débardeur.

- Tu n'aurais pas quelque chose d'autre ? J'ai eu un peu chaud en dormant, parfois je me réveille toute en sueur la nuit.

Et après avoir pris un bain, elle aimait surtout porter des vêtements propres, c'était bien plus agréable et surtout, elle ne voulait plus sentir cette crasse qui l'avait suivi ces dernières semaines.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ai souri un peu plus en secouant la tête.

– Non, je t'interdis de leur dire mais de toute façon, ils ne te croiraient pas.

A sa proposition, j'ai acquiescé en me pinçant le nez et j'ai reniflé en me relevant. J'avais même pris le temps de rire en la remerciant pour le compliment et je l'avais laissée remonter à l'étage après avoir tout éteint en bas. Et puis je lui ai offert un sourire énigmatique malicieux.

– Déshabille toi, je reviens, j'ai un cadeau pour toi.

Je lui ai ouvert la salle de bain pour qu'elle s'y infiltre et commence à se préparer. Une fois dans le bureau, j'en ai profité pour repasser un débardeur et un jogging et je suis revenu avec un gros carton que j'ai posé sur le lit. En sortant un pyjama, j'ai passé d'un coup le bras par la porte de la salle de bain, agitant des vêtements au bout d'un cintre. Il s'agissait d'un petit pyjama en deux pièces, rose clair avec des papillons mauves en motifs sur le pantalon.

– Qu'est-ce que tu en penses ? Attends...

J'ai voulu récupérer le vêtement mais le cintre s'est retrouvé gêné par la porte. Quand j'ai finalement réussi à le passer, je l'ai échangé avec une robe de nuit au bout du bras. Je l'ai agitée comme son petit copain. Elle était blanche, longue, avec un petit poney brodé sur le coeur.

– Sinon, j'ai ça ! Et euh...

Cette fois, je m'y suis mieux pris pour récupérer la robe et je lui ai présenté un autre pyjama, plus sobre, bleu marine avec la barre de direction d'un bateau dessiné sur une petite poche devant.

– Mais j'ai peur que tu aies trop chaud avec ça.

Je l'ai laissée choisir son préféré des trois avant de lui donner celui qu'elle voulait et j'ai rangé le reste.

– Lexy y a passé des heures. Tu aurais vu ça, elle est revenue avec des tonnes de fringues, à croire qu'elle n'a pas assez joué à la poupée Barbie quand elle était petite. On a été obligés de faire le tri avec Matt ! On aurait dit une gamine prise sur le fait. Elle trouvait un truc, elle le prenait. Elle aimait, elle arrivait pas à choisir alors elle a pris tout le magasin. Plus des bricoles qu'elle a ramenées de son foyer d'aide aux jeunes. Tu verras, elle t'a ramené un petit quelque chose aussi que je suis sûr, tu vas adorer.

Quel enfant n'aimait pas les peluches ? Vraiment ? Le plus classique des classiques : un lapin en peluche. La société était telle qu'aujourd'hui, c'était probablement le genre de chose extrêmement rare qui n'existait plus que dans les malles au fond des greniers ou alors, hors de prix, voire de collection inclassable. Le temps qu'elle prenne son bain, j'ai regardé le contenu du carton. Des fringues, quelques livres pour enfant, des BDs... Mais lorsqu'elle a fini par sortir... Je m'étais endormi, le carton reposé par terre à côté du lit duquel une de mes jambes pendait. J'avais du penser que j'allais juste fermer les yeux jusqu'à ce qu'elle sorte de son bain mais c'était sans compter sur la fatigue qui m'avait gagné dès que ma tête avait touché l'oreiller, la peluche toujours dans la main, sur le ventre.
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Jane Doe
Jane Doe
Elle glissa dans la salle de bain et fit couler l’eau bien chaude. Jane aimait quand sa peau était rouge et fumante en sortant de l’eau, cela la détendait tellement. Cette fois, il n’y avait pas le petit sachet magique de Lexy, pas de bulles, pas de mousse. Simplement de l’eau chaude et du savon, mais c’était bien le principal n’est-ce pas ? Et elle ne voulait pas trainer. Malgré ses longues heures de sommeil, elle repiquerait bien un peu du nez.
Un gant de toilette, une bonne dose de savon, et Jane se savonna rapidement tandis qu’Alex s’amusait à lui faire l’inventaire des vêtements que lui avait dégotée la belle Lexy. Cette femme était la bonté réincarnée pensa-t-elle alors que son choix était fait.

- Le rose Alex !

Elle dut tendre l’oreille pour écouter Alex derrière la porte et toute cette histoire la fit rire. Elle voulait faire vite mais finalement, elle se laissa partir un peu, glissa jusqu’à ce que sa bouche soit immergée, ses cheveux trempaient dans l’eau. Elle ferma doucement les yeux sans s’endormir. Elle entendait un léger bruit de fond de l’autre côté de la porte puis plus rien. Elle se rinça rapidement en s’aspergeant d’eau, tira le bouchon avant de sortir de la baignoire et s’enrouler dans la serviette. Elle attrapa le pyjama choisi pour l’enfiler.
C’était la bonne taille en tout cas, et après un remplumage du moineau, ça sera parfait !

Elle sortit sans trop faire attention et laissa la porte ouverte derrière elle.

- En tout cas Lexy….

Voyant Alex endormi sur le lit, Jane se tut. Elle regardait ce grand machin au cœur tendre dormir et afficha un grand sourire en le voyant avec le lapin dans les mains. Une image très comique qu’elle ne manquerait pas de raconter à Matt, ils avaient l’air d’aimer se taquiner ces deux là. C’était donc cette peluche la petite surprise. Elle passa à coté du carton tout en jetant un œil rapide dedans mais se rapprocha du lit et glissa aux côtés d’Alex pour s’allonger à son tour. Elle lui laissa le lapin, de peur qu’il ne se réveille en tirant dessus. Elle se hissa jusqu’à se retrouver tout contre lui et se laisser partir, et finalement s’endormir.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ignore quelle heure il était. Je sais juste que quelque chose m'a réveillé à la frontière du réel et du rêve. Vous savez, ce genre d'événement qui se mêle à votre sommeil. J'ai inspiré lentement en me réveillant à cause de sanglots. Etait-ce les miens ? Ceux de ma mère ? Il m'a fallu un moment pour m'en rendre compte. J'ai redressé la tête en me demandant où j'étais et j'ai regardé à côté de moi pour voir Jane gigoter, recroquevillée sur elle-même à sangloter. J'ai posé ma main sur son épaule pour la retourner vers moi et l'enlacer dans mes bras en la réveillant doucement pour la sortir de son rêve ou de son cauchemar. Je lui ai alors répété que c'était fini, que tout allait bien, et que j'étais là. Je l'ai serrée contre moi pour la bercer et j'ai embrassé le haut de sa tête pour l'apaiser. J'aurais chanté quelque chose mais ce n'était pas vraiment mon rayon. Je savais Matt et Lexy bien plus doués que moi pour ça.

Je m'étais endormi sans même m'en rendre compte. J'aurais du me lever, j'aurais du l'aider à se rendormir et retourner dans le bureau. Mais je cumulais les heures de sommeil à rattraper et mes yeux me brûlaient atrocement. Je n'avais même pas la force de poser un pied par terre. J'ai tourné la tête et tendu le bras pour éteindre la lumière restée allumée et j'ai reporté mon bras dans le dos de Jane pour lui frotter doucement en la gardant contre moi. J'ai continué de la bercer, les yeux fermés en lui répétant que j'étais là.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Une nouvelle journée commençait sous le signe du soleil et de la chaleur, une belle journée qui allait faire fructifier le parfum de la Ville Basse, c'est dans ces moments-là que j'étais heureux que le bar ne se situe pas dans un des quartiers les plus sordides de la ville. Alors que je pensais entrer par la porte arrière du bar je dus me rendre à l'évidence, elle était verrouillée. Il serait peu dire que j'étais surpris, Alex m'avait habitué à la trouver ouverte à mon intention chaque matin que Dieu fait et il ne me restait plus qu'à espérer qu'il ne lui soit rien arrivé. Avec toute cette histoire d'orpheline... Enfin il avait peut-être tout simplement fini par s'abattre de fatigue assis sur la cuvette des toilettes après les dernières nuits qu'il venait de passer...

Je sortis mon trousseau de clefs et pénétrai le seuil de la cuisine. Pas d'Alex. J'ouvris les volets et passai de pièce en pièce à sa recherche, guettant une trace qu'un petit roquet aurait pu laisser derrière lui tout en éclairant et en aérant les pièces. Personne dans la cuisine, personne sous le comptoir, personne non plus dans la salle principale, pas de trace de bave dans les toilettes, personne d'échoué dans les escaliers, personne de sardiné dans le bureau, pers- ah si, il y avait quelqu'un d'autre que Jane dans la chambre.

J'avais ouvert cette porte là avec plus de délicatesse que les autres, me doutant que la petite fille y serait. Je m'approchai doucement et remarquai avec soulagement qu'elle s'était enfin réveillée à nouveau depuis la pause-pipi de la dernière fois. Je souris et me mordis les lèvres devant la scène qui s'offrait à moi, si on m'avait dit qu'un jour je trouverais Alex dans cette position... Ils étaient attendrissants tous les deux mais en même temps la brusque évolution de mon presque-frère m'inquiétait un peu. Bon, j'aurais tout le temps qu'il faut pour penser à cela. Que devais-je faire maintenant, les réveiller tous les deux ? Non. Non non non. Je retins un rire.  Alex, Jane, le lapin en peluche. Jane dans les bras d'Alex, le lapin entre eux. Alex, le lapin collé au visage. J'eus une idée lumineuse qui plus tard me vaudrait peut-être un épisode assombri par une période d'inconscience.

Je sortis mon appareil-photo. Bien sûr ce n'était pas celui avec lequel je bossais en tant que photographe, celui-là était plus petit, plus discret et plus passe-partout. Et il s'appelait Cowboy. Cowboy Joe. Parce que je le trimballais partout, lui qui chevauchait sans cesse, toujours prêt à capturer une image au lasso, fier cavalier des temps anciens au milieu d'un troupeau de moutons aux poils bouclés. Sans bruit, je me déplaçai pour prendre la photo avec le meilleur angle possible. Si je la prenais là, comme ça.... Je pourrais avoir tout à la fois un plan des trois et par la suite retoucher la photo pour en avoir un autre vissé sur le visage d'Alex et Lapinou. Serais-je assez fou pour l'imprimer un jour ? Pour l'afficher dans une pièce privée du bar ? Hmmm, je verrais bien.

Je rangeai Cowboy Joe bien au chaud à sa place et me penchai pour secouer doucement l'épaule d'Alex. Pourvu qu'il ne se soit rendu compte de rien !

- "Alex ?"

Je l'avais appelé d'une voix basse, presque chuchotante et je me promis de ne lui faire aucun commentaire, vocal ou visuel.
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Alex Peterson
Alex Peterson
Si seulement j'avais pu l'en empêcher. Ce matin-là, j'avais dormi à poings fermés. Je ne m'étais rendu compte de rien. Ni de la circulation, ni du fait que j'avais froid aux épaules. Je m'étais rendormi avec Jane contre moi pour ne plus me réveiller avant l'arrivée de Matt. Je n'avais même pas entendu l'alarme - la radio et les infos - qui s'était finalement éteinte au bout d'un moment. J'avais fait des rêves bizarres qui bougeaient un peu dans tous les sens. Mais malgré ça, il a fallu que Matt y mette du sien pour que j'ouvre les yeux. En entendant mon nom, j'ai sursauté en aspirant l'air brutalement et je me suis légèrement tourné en levant un bras pour voir Matt. Ca faisait deux fois qu'il me réveillait. Trois avec Lexy.

– Jesus Christ...

J'ai passé une main sur mon visage et j'ai soupiré en laissant ma tête retomber sur l'oreiller.

– Quelle heure il est ?

J'ai tourné la tête pour regarder mon réveil. Une belle indonésienne pleine de couleur dansait autour de l'heure. C'est beau la technologie. Je me suis raclé la gorge en m'étirant quelque peu et j'ai frotté le bras de Jane que je tenais contre moi.

– Depuis combien de temps t'es là à me regarder dormir, pervers bizaroïde ?

Si Matt s'en était empêché, je n'allais pas me priver. D'abord parce que la situation était déjà suffisamment compromettante et que j'y remédiais avec un trait d'humour moqueur comme nous en avions le secret. Je me suis redressé et assis sur le bord du lit en me frottant les cheveux pour essayer de me réveiller, le temps que Jane fasse de même.

– Je vais avoir besoin d'un vrai café. J'arrive.

Et d'une bonne douche. Je suis passé à côté de Matt et j'ai tapoté son épaule en le remerciant de m'avoir réveillé et j'ai attrapé les premières fringues que j'ai trouvées avant de disparaître dans la douche comme un zombie.
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Jane Doe
Jane Doe
La seconde partie de son interminable nuit avait été plus agitée. Certainement que la petite mise au point quelques heures auparavant avec Alex sur ce qui allait advenir d'elle avait réveillé quelques démons. Jane était bien plus affectée qu'elle ne le pensait. Heureusement les bras forts d'Alex, les mots réconfortants l'avaient inconsciemment apaisée sans avoir à la réveiller totalement.
Malgré tout, cette nuit avait été la plus reposante, aussi loin qu'elle s'en souvienne la plus douce qu'elle n'avait jamais connue. Rassurante, chaude, elle aurait aimé qu'elle ne finisse jamais.
On s'agitait autour d'elle et son pseudo père lui frottait le bras. Il devait être l'heure cette fois. Un oeil ouvert, le second collé, elle s'étira doucement des doigts jusqu'aux orteils dans un espèce de grognement ronronné et s'agrippa aux vêtements de son voisin de lit pour finalement le lâcher.

Jane n'avait absolument pas capté la présence de Matt, du moins jusqu'à ce qu'elle se redresse et ouvrit difficilement les deux yeux qu'elle s'était frotté.

- Salut Matt...  Dit-elle dans un bâillement après avoir embrassé la main d'Alex assis sur le lit et se laissa tomber en arrière. Maintenant que la salle de bain était occupée et près quelques secondes, elle s'adressa à Matt.

- J'ai dormi comme une masse, et toi ? Ah ! Elle se redressa vivement sans attendre de réponse.

Le cerveau un peu plus clair, elle se souvint maintenant qu'il y avait un carton plein de trésors pour elle. Elle se leva d'un bond, pleine de vie, et s'approcha de la boite en avançant rapidement sur les genoux. Rien à voir avec la Jane ramassée deux jours plus tôt.

- Tu as vu ça Matt, tout ce que Lexy m'a ramenée ! C'est... C'est un amour cette fille...
Elle tourna un visage lumineux sur le jeune homme. Le sourire large malgré les joues encore creuses, non, ce n'était déjà plus la même gamine. Tu as vu tous ces vêtements ! On pourrait habiller une jumelle sans souci ! Oh ! mais regarde moi ce jean ! De quoi faire mourir de jalousie n'importe quelle fillette avec ces strass sur les poches.

Elle se désintéressa un instant des vêtements pour regarder les livres et BD dégotés. Elle fit signe à Matt de la rejoindre et lui tandis un Marvel tout en riant.

Regarde, je ne savais pas qu'Alex était célèbre. Elle lui montra la couverture d'une aventure de Superman.

Elle se releva en couvrant son mollet avec la jambe de son pyjama rose à papillons.

- J'ai faim... C'était étonnant non ?
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Pourquoi avais-je voulu l'épargner ? Lui ne se privait pas pour commencer dès le réveil ! Enfin ça voulait peut-être tout simplement dire qu'il n'était pas encore en mode roquet à crocs pour l'instant. Je lui fis un sourire aguicheur tout en prenant une pose théâtralement séduisante.

- "Depuis deux ou trois heures mon chéri, je commençais à songer à te donner le baiser de Blanche-Neige."

Je le laissai passer et s'engouffrer dans la salle de bain. Jane quant à elle, se réveilla doucement pour finalement se jeter sur le carton que lui avait ramené Lexy. Je savais qu'il y avait dedans de quoi ravir n'importe quelle petite fille de la Terre. En tout cas ça la ravissait suffisamment pour qu'elle m'appelle par mon prénom et qu'elle me parle plus agréablement qu'elle ne l'avait fait depuis son arrivée, Lexy était même devenu un amour. C'était... un grand changement. Je me retins de hausser un sourcil et lui souris.

- "Lexy a un grand cœur tu sais."

Je m'approchai du carton et m'accroupis en face de Jane puis je dépliai quelques vêtements pour qu'on puisse mieux les regarder. Cela fait, la petite s'extasia devant un jean couvert de quelques brillants.

- "Il est très joli,  tu mettrais quoi avec ?" - Je dépliai un corsage à carreaux mauve pâle comme les piqûres de son jean puis un maillot dans les mêmes tons - "Tiens et ça, qu'est-ce que tu en penses ?"

Mais déjà elle me montrait une des BD ramenées par Lexy, sur celle-ci on pouvait apercevoir Supermen dans sa paire de collant, les poings sur les hanches. Au moins ne planait-il pas celui-là... Je me mis à sourire malicieusement et lui fis un clin d'oeil.

- "C'est le fait de se promener avec un slip au-dessus de ses collants qui le rend inoubliable, un jour je lui proposerais une soirée déguisée."

Je me relevai à l'entente de sa déclaration : elle avait faim, qui l'eut cru... Je me souvins que ma grand-mère disait à ma mère quand j'étais petit qu'un enfant qui dort c'est un enfant qui mange. A l'évidence cela ne s'appliquait pas à Jane, dormir plus de 30h ne l'avait pas rassasié mais juste affamé. Ou peut-être s'avèrerait-elle plus tard, une fois débarrassée de la faim qui l'avait tenaillée dans la rue, être un ventre sur pattes à l'instar de Maddison.

- "Et bien il est un peu l'heure du petit-déjeuner aussi, je vais aller le préparer. Tu aimes le chocolat chaud ?" - Je me dirigeai vers la porte et me tournai vers elle - "Tu peux descendre avec moi si tu veux, tu pourras toujours t'habiller après avoir mangé."

Je redescendis et me mis à l'aise, je n'avais guère eu le temps de déposer mes affaires avant de commencer la chasse à l'Alex. Je préparai ensuite un chocolat chaud pour la petite et le posai sur la table. Une fois la fillette assise j'attrapai le paquet de croissants que j'avais déposé en entrant et lui tendit avec un sourire.

- "J'espère que tu aimes les croissants, je les ai achetés pour toi."

Je la laissai décider si elle les aimait ou non et me dirigeai vers Lady pour la préparer, quand j'entendrais Alex s'agiter en haut il ne me resterait plus qu'à la lancer pour qu'on se retrouve avec un mug de café chaud tous les deux.
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Alex Peterson
Alex Peterson
[En relisant, je me suis souvenu vous avoir dit de faire un tour dans le vide sans moi. Mais allez... De toute façon, je suis déjà debout, j'ai le temps.]

Je suis sorti de ma douche 10min plus tard en manquant de m'y endormir. J'ai ouvert toutes les fenêtres de la chambre et j'ai rattaché mes cheveux en baillant au corneille. Ne les voyant plus, je les entendais toutefois en bas. En descendant, je les ai retrouvés tous les deux en plein babillage avec l'odeur des croissants qui me montaient au nez. Une fraction de seconde, j'ai imaginé ce que ma vie aurait été si j'étais resté. Cette agréable impression de famille au réveil, de retrouvailles, cette vie qui s'échappe tout en en étant témoin, téléspectateur. C'était si rassurant et sécuritaire. Rageant, même peut-être un peu parce que je n'y avais pas le droit.

Je leur ai souri, constatant que Matt avait pensé à me préparer un café. Je l'ai remercié et j'ai frotté le haut de la tête de Jane en lui passant à côté pour aller m'installer. J'ai pris une mine sérieuse, les sourcils froncés et j'ai agité ma petite cuillère sous son nez pour la mettre en garde.

– Bon ! On peut espérer qu'après deux jours de ronflements, elle est en forme et requinquée, maintenant ! On va peut-être pouvoir passer aux choses sérieuses ! Tu sais que tu vas devoir travailler ici ! Je veux dire, il y a du pain sur la planche ! Si moi je travaille pour payer mon loyer, tu vas devoir travailler pour payer ton sous loyer !

Si j'avais ri à la fin de ma phrase, j'ai toutefois repris une expression sérieuse plus sincère.

– Il va aussi falloir étudier, ma p'tite dame. Lire, compter, tu connais tes tables de multiplications par coeur ? Parce qu'ici, on en voit du chiffre ! Le soir, que ce soit clair entre toi et moi, pas d'accès en salle. Il y a du monde et les gens ici ont tendance à oublier que l'alcool, ça transforme les gens et ce n'est pas un endroit pour un enfant. D'accord ?
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Jane Doe
Jane Doe
Elle soufflait sur son chocolat encore trop chaud. Jane avait même demandé si Lexy travaillait aujourd'hui. Elle avait souri et remercié Matt pour les croissants. C’était comme une friandise, elle n’en avait que très peu mangé, c’était presque un luxe un  petit déjeuner avec une viennoiserie. Si elle avait osé, elle aurait aimé le découper et y fourrer une grosse cuillère de confiture ou même de pâte à tartiner au chocolat !

La fillette trempa ses lèvres mais la boisson chocolatée était encore un peu trop chaude à son goût. Pas de confiture, ni de chocolat, qu’à cela ne tienne ! Elle trempa l’extrémité du croissant pour la gober directement. Jane aurait pu attendre que les deux hommes la rejoignent à table, mais entre l’odeur des croissants et le chocolat fumant, son estomac avait été plus fort que sa volonté. Oh elle était certaine qu’ils ne lui en tiendraient pas rigueur.

Alex les rejoignit enfin et déjà, à croire que la douche lui avait donné vigueur, il entama les joyeusetés. Elle avait regardé la petite cuillère s’agiter sous son nez et cela la fit presque loucher. Son attention se reposa sur lui et elle fit de gros yeux étonnés.
Elle se demandait soudainement si elle allait se faire exploiter à l’arrière en cuisine pour la plonge du bar et astiquer les cuisines ainsi que la salle en fin de journée. Mais elle comprit où il voulait en venir par la suite.

Etudier… Là Jane ne put s’empêcher de grimacer… Et voilà, elle allait devoir reprendre les bonnes habitudes. Lecture, écriture, maths… Elle avait envie de laisser ton petit déjeuner en plan, tellement elle était dégoutée d’être « agressée » de la sorte de bon matin.

- Non mais… C’est vraiment utile ?

Elle chercha de l’aide en appuyant son regard sur Matt, la bouche entrouverte l’air de dire « aide moi… Pitié »

- Par ce que je sais lire et faire une addition, et mes tables, ça va quoi…

Elle prit une bouchée en baissant les yeux et sa première gorgée de chocolat. Non mais il n’allait pas commencer à l’embêter avec l’école ! De toute façon, elle ne pouvait pas y aller.

- De toute façon tu sais que je ne peux pas y aller. On me renverrait là où je devrai être. Mais je peux m’occuper de laver ton linge !  C'est pas compliqué de mettre une dose de lessive dans la machine, pas besoin de faire des études pour ça !

Oui, elle se foutait clairement de lui, un sourire en coin. Mais se retrouver dans ce dépotoir de foyer, c’était très peu pour elle. Elle préférait encore savoir à peine lire et écrire. Mais là, elle anticipa la réaction des deux hommes en fronçant les sourcils, le ton allait peut être monter non ? Elle posa lourdement la tête dans une main, l’air faussement boudeuse. Elle avait vitre compris, en très peu de temps comment ça fonctionnait entre les deux hommes.
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Alex Peterson
Alex Peterson
– Et quoi, tu veux passer la serpillière toute ta vie ?

J'ai porté mon mug à mes lèvres en regardant Jane en biais. Je disais pareil à son âge. Quel enfant ne s'est pas un jour dit "tout ça, ça ne me servira jamais à rien !" Et finalement, aujourd'hui, j'avais une part de comptabilité dans mon travail et j'utilisais des règles élémentaires, tous les jours. Et puis, ça faisait partie du jeu, du rituel... Forcer un peu pour aller à l'école.

– Et oui, c'est utile. Quand on aura décidé quoi faire de tes os et si tu veux pouvoir rester avec nous, il faudra aller à l'école. Comme une enfant normale. Mais d'abord, tu vas reprendre des forces. Retrouver un cycle de sommeil normal. A tour de rôle, on fera des exercices avec toi. C'est important de te faire travailler, c'est ton éducation ! Un jour, tu voudras faire quelque chose dans ta vie et tu seras bien contente de ne pas avoir abandonné l'école !

En deux jours... Il s'en était passées des réflexions dans ma tête. Des idées, des solutions... Tout ce que je voulais faire avec ma fille, je le reportais sur Jane. Ce n'était pas très malin, j'en étais conscient. Cet amour par procuration n'était pas, ni pour elle, ni pour moi. Mais je n'arrivais tout bêtement pas à m'en empêcher. C'était quelque chose de plus fort que moi. Une voix au fond de moi me trouvait totalement irrationnel et déraisonnable. Je ne savais rien de cette gamine, après tout ! Mais s'il y avait bien une personne en laquelle j'avais confiance, c'était bien moi-même. Je savais qui j'étais, ce que je valais, mais surtout ce que je ressentais. Et aucun de mes signaux d'alarme ne s'était déclenché. J'ai secoué la tête et froncé les sourcils.

– Et tu ne vas pas laver mon linge, non. En revanche...

Et j'ai souri avant de me pencher vers elle, malicieux.

– Tu pourrais aider en cuisine, qu'est-ce que t'en penses ?
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Jane Doe
Jane Doe
Non, bien sûr...

Il y avait mieux que de passer la serpière toute sa vie. Elle en aurait levé les yeux au ciel si elle n'était pas aussi attachée à Alex. C'était inattendu, rapide, mais c'était un fait, Jane était comme liée à lui, sentimentalement parlant. La fillette soupirait presque de soulagement lorsque Alex parlait de reprendre des forces avant de l'envoyer sur les bancs de l'école. Et ça allait certainement prendre un peu de temps, même si les enfants avaient cette capacité de refaire surface à une vitesse fulgurante.

Et... Comment je...

Elle fourra son nez dans sa tasse de chocolat, elle allait gaffer devant Matt. Elle ne devait absolument pas parler de son nom "secret" que lui avait affublé Alex, ni devant Lexy, ni devant personne ici. C'était étrange mais ainsi. Elle se demanda maintenant comment il allait faire pour l'inscrire dans une école sans avoir un nom passe partout...

Elle fut délivrée d'un poids quand elle apprit qu'elle n'aurait pas à laver caleçons et chaussettes sales et un sourire malicieux se posa sur ses lèvres quand il parlait d'aider en cuisine. Comment engraisser plus rapidement une gamine qu'en la mettant dans une cuisine tous les jours avec la tentation de se gaver à chaque instant pour lui faire reprendre des forces.

- Si je comprends bien , je vais en cuisine un certain temps, dans le but de faire du gras et ensuite tu te débarrasseras de moi dans une école du coin ?

L'idée était loin d'être déplaisante. Elle allait peut être découvrir de nouveaux petits plats, bien qu'elle se doutait que dans ce genre d'établissement, à part des Hamburgers, pizzas et autres Hot-dog, on était loin de la grande cuisine de certains restaurants bien plus classieux en ville. Mais au moins elle ne serait pas seule. N'y avait-il pas un cuissot et son apprenti dans cette cuisine ? Cela lui ferait de la compagnie lorsque les autres seraient en salle. Et comme ça, elle pourrait se gaver de crème glacée ! Oui, en fait c'était une excellente idée !

- Tu crois qu'on me laisserait essayer de cuir la viande ? Et je pourrai aussi vous aider à servir ! Je suis certaine que je ferai plus de pour-boire que vous tous réunis

Lançait-elle fièrement en bombant son ridicule petit torse. Elle sourit ensuite aux deux hommes.
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Alex Peterson
Alex Peterson
– Je ne compte pas me débarrasser de toi, non. Et sûrement dans n'importe quelle école du coin ! J'ai suffisamment d'économies de côté pour te payer un établissement décent.

J'ai pouffé de rire en l'écoutant. Au moins, elle ramenait un vent frais dans le bar. Ce n'était pas ce qui manquait, une allure légère et enlevée. C'était déjà le cas mais pas avec une enfant pour nous distraite. C'était un peu une mascotte, finalement, à mieux y regarder.

– Cuire la viande, peut-être pas. Tu es trop petite, j'aurais peur que tu te brûle. Et je te signale que faire travailler les mineurs, c'est interdit par la loi alors tu ne viendras pas servir avec Lexy et Angela en salle. Aider si tu veux en cuisine parce qu'il n'y a pas de clients, que tu t'ennuies ou ce que tu veux oui. Mais la salle, non. Du moins, pour l'instant.

Et puis, j'ai porté une main devant ma bouche en relevant les yeux vers Matt, honteux. J'ai cligné des paupières et j'ai repris.

– Est-ce que ça fait de moi un mec pas net si je dis qu'elle pourrait nous ramener un max de fric juste en déambulant entre les tables ?

Et puis je me suis repris en dressant un index impérial vers Jane avec de gros yeux.

– Non ! Pas de salle pour les enfants !

Je l'ai laissée engloutir un bon petit déjeuner, la couvant régulièrement du regard en buvant mon café. Je savais que Matt attendait, qu'il me fixait sûrement de temps en temps pour que je me lance. Je sentais la pression qu'il exerçait sur moi, qu'il en soit conscient ou non. Les yeux dans mon mug bien entamé, je me suis raclé la gorge avant de reprendre un ton plus sérieux. J'ai tourné la tête vers elle et j'ai relevé les yeux pour la dévisager.

– Tu sais qu'on va devoir discuter. Et tu te souviens ce que j'ai dit. Personne ne veut te mettre dehors, ici. Matt t'a apporté des croissants, Lexy t'a acheté plein de trucs, Angela a hâte de te rencontrer, je parie. Mais si tu veux rester, il va falloir que tu nous aides et qu'on établisse quelques règles. Matt a des questions à te poser, ça serait sympa que tu répondes sans essayer de t'enfuir, cette fois.

J'ai haussé les sourcils en penchant la tête. J'espérais qu'elle savait et qu'elle comprenait que ce qu'on faisait là, c'était aussi pour son bien. Le sien, comme le nôtre.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
J'étais là silencieux parmi eux, adossé contre le mur mon mug à la main et me contentai d'observer leurs interactions. Ce n'était pas parce que j'étais hostile à ce qui se passait ou que je ne m'en souciais tout simplement pas, c'est juste qu'hier Alex avait eu l'air bien décidé à prendre ces responsabilités-là. De plus on en apprenait des choses en observant les gens vous savez ? Bien sûr il s'agissait de comprendre ce qui motivait mon collègue mais aussi de découvrir qui était cette petite fille tombée des poubelles. Alors oui ce n'était qu'une fillette et les enfants étaient par nature innocents mais la vie m'avait appris que nos ennemis se cachaient là où on les attendait le moins. Est-ce que je considérais cette gamine comme tel ? Non, évidemment. Cependant mon passé m'avait rendu méfiant, il m'arrivait de l'être sans même m'en rendre compte c'était pour dire... Assurément je voulais aider notre petite Cosette mais d'un autre côté étrangement je me sentais comme si je devais protéger Alex, lui qui était pourtant assez grand pour s'en charger lui-même mais plus je les observais et plus... Il allait y laisser des plumes. Je ne devrais pas m'en soucier n'est-ce pas ? Depuis plusieurs années je m'efforçais de ne pas m'attacher aux autres mais on ne pouvait pas dire que j'étais très bon à ce jeu. J'étais trop humain, trop soucieux des autres pour cela et je finissais toujours par me lier plus ou moins à mon entourage. Alex, Lexy, les petits Slide' et pour ce que j'en savais peut-être bientôt Angie aussi... Ca commençait à faire beaucoup pour quelqu'un qui essayait de se tenir à distance.

Si les circonstances n'étaient pas aussi exceptionnelles nous serions en pleine scène de famille banale, une scène comme celles qui auraient dû être mon quotidien depuis trois ans. Y repenser me donnait mal au cœur, me rappelait des souvenirs, des désirs et des regrets que je muselai au plus profond de mon âme. Jane réagissait comme une gamine normale, un peu trop peut-être pour une fillette qui n'était là que depuis peu, tout juste éveillée de son long sommeil et je me demandai si elle ne s'était pas réveillée entre-deux sans qu'Alex nous en parle. Qu'avait-il été lui promettre ? Et Alex... C'était comme s'il avait déjà eu à gérer ce genre de scènes, comme s'il avait déjà lui-même élevé des enfants... Avait-il des frères et sœurs beaucoup plus jeunes, des enfants ? En tout cas ils n'étaient pas autour de lui.

Tout au long de leur discussion j'avais gardé une expression détendue et souri au gré de leurs paroles mais là pour le coup je ne pus empêcher un petit froncement de sourcils. Je me demandais s'il était vraiment sérieux quand il parlait de l'école et de ses économies car à ma connaissance il épargnait pour son rêve de club. Son attitude m'effrayait quelque part, ça allait beaucoup trop loin. Il était prêt à tout abandonner pour une enfant qu'il ne connaissait que depuis trois jours à peine si on comptait le temps qu'elle avait passé à dormir. Qu'est-ce que cela cachait réellement ? Je portai mon regard sur Jane et me mit à l'observer, Alex ne tournait plus rond depuis son arrivée et je commençais à douter qu'il s'agissait d'un sentiment de protection face à un enfant des rues quelconque, nous en croisions presque tous les jours et jusqu'à présent il n'en avait ramené aucun. Des frères, des enfants, une fille... La sienne ou une amie qu'il avait eu enfant ?

Je relevai la tête et clignai des yeux, ils s'étaient perdu dans le vague pendant mes réflexions. Ainsi Alex voulait que ce soit moi qui pose les questions finalement ? Je souris à Jane et hochai la tête pour confirmer les propos d'Alex.

- "Alex a raison tu sais, même si nous ne te rejetons pas nous avons besoin de connaître quelques petites choses pour que nous soyons tous en sécurité ici. Comme ton nom et celui de l'orphelinat d'où tu viens."

J'avais tenté d'employer un ton qui puisse la mettre en confiance bien plus que mon sourire. Avais-je réussi ? Rien n'en était moins sûr.
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Jane Doe
Jane Doe
Pas de cuisson de viande, pas de salle et une bonne école. Jane avait lancé de gros yeux ronds à Alex. Allait-il vraiment lui payer  une école correcte ? Elle n'en croyait pas ses oreilles. Si comme toutes les gosses, elle ne désirait pas perdre son temps à étudier des choses ennuyeuses, elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle ne voulait pas mesurer sa chance, cette roue qui avait tournée et si rapidement. Trop rapidement ? Tant de promesses qu'elle avait commencé à croire, elle Jane, qui ne faisait plus confiance aux grands.
Mais là, c'était différent, c'était SON Alex, presque un père de substitution. Cependant, la gamine se demandait quand le rêve allait prendre fin. C'était trop beau, et les belles histoires, c'était dans les contes, pas dans ce monde pourri.

- Tu veux vraiment faire tout ça pour moi ?...

Et Jane avait acquiescé à toutes les explications de son Superman sans collants.

Matt était resté longtemps silencieux en les observant. Même si l'intention de la jolie petite frimousse se portait essentiellement sur le grand bavard, elle n'avait manqué ce détail. Lorsque son tour vint, elle força un sourire contraint en serrant les poings.

- Je... On m'appelle Jane Doe, je déteste ce nom... J'ai l'impression de n'être personne. Et je me suis libérée du Sweet Heaven... C'était plutôt l'enfer là-bas. Et cette grosse vache de directrice s'appelle Madame Bloom.

Elle se pinça les lèvres, les poings toujours fermés à s'en faire blanchir les phalanges.

- Je suis désolée mais c'est ce qu'elle est.

Elle resta prostrée sur sa chaise, en attendant la suite de l'interrogatoire, les yeux rivés sur sa tasse de chocolat vide.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'avais bien noté le regard insistant de Matt mais une fois encore, je n'avais pas relevé. Je lui avais silencieusement demandé d'arrêter de me fixer ainsi. Oh je savais ce qu'il pensait, il me l'avait déjà fait comprendre la veille. Mais je n'étais pas aussi méfiant que lui, je faisais confiance à mon instinct. Peu m'importait ce qu'il avait vécu dans sa vie pour s'en retrouver à ce point méfiant. Pour ma part, je songeais que j'étais déjà bien assez vieux et que la vie était bien assez courte comme ça maintenant pour ne pas hésiter aussi longtemps sur des chose qui me semblaient totalement lucides et claires. Alors j'ai souri à Jane et j'ai acquiescé. Bien sûr, que je le ferais ! Cet argent, j'aurais pu le donner à ma fille, me diriez-vous. Mais qui sait, j'avais peut-être bien assez pour les deux. Deux semaines plus tôt, j'avais fait mes comptes. Il ne me restait plus qu'un an d'épargne, même pas tout à fait, et je pouvais entamer les travaux. Les murs ne me couteraient rien. Les travaux et installations, en revanche...

A son histoire, j'ai haussé les sourcils. Je m'attendais à... Peut-être quelque chose de bien pire. Juste une directrice casse-pieds ? Je me suis raclé la gorge et j'ai croisé les bras sur le bord du comptoir après avoir repoussé mon mug de quelques centimètres.

– Et tu y étais depuis combien de temps ? Je veux dire, où sont tes parents ? Et qu'est-ce que cette femme a bien pu faire pour que tu en viennes à t'enfuir, comme ça ? Depuis combien de temps tu étais dans la rue avant de venir fouiner dans notre poubelle ?

J'étais conscient qu'il y avait là beaucoup de questions. Mais je ne voyais pas comment faire autrement. Si Matt pensait que je n'avais rien à dire, il se trompait. Moi aussi, je voulais savoir. Mais j'avais préféré instaurer de la confiance au préalable. Il y avait de fortes chances qu'elle n'aurait pas répondu aussi docilement, sans ça. J'ai tourné les yeux vers Matt. Nos méthodes étaient totalement différentes, nos parcours également, ce que nous avions vécu nous opposait. Mais nous voulions toujours la même chose.
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Jane Doe
Jane Doe
Jane ne regardait pas Alex. Elle se prêta au jeu mais avait honte de ce qu'elle était. Honte par ce qu'elle n'était rien, pour personne. Jane avait été la gamine qui servait de rente aux différentes familles d'accueil où elle avait été à chaque fois déposée comme un paquet trop encombrant. Elle n'avait pas été malheureuse dans certaine famille qui la considérait comme une personne à part entière, parfois elle avait l'impression de faire partie de la famille,  une place au dessus de celle du chien.
Chicago n'avait pas été tendre mais comparativement à ce qu'elle avait vécu ces quasi trois dernières années...
Ah ça, elle lui avait dit la peau de vache de Bloom, qu'elle lui en ferait baver. Et pourquoi? Tout simplement par ce qu'elle arrivait de Chicago, et que selon elle, Jane avait été bien assez maternée et qu'elle devait apprendre maintenant la dure réalité de la vie. Et de toute manière elle n'était qu'une vulgaire positive, à peine bonne à récurer ses toilettes. Si si, elle l'avait dit à l'époque, dans un vocabulaire moins châtié.

- Je n'ai jamais connu mes parents, on m'a trouvée sur le pas de la porte d'un orphelinat.

Il était inutile de souligner le pourquoi de cet abandon. Elle savait Alex, et peut être Matt intelligents, enfin c'est ce qu'ils paraissaient être, pour ne pas les insulter en insistant sur le fait qu'elle était le fruit d'un couple de positifs. Elle était résignée.

- On ne nous nourrissait pas au Sweet Heaven. Parfois on avait le droit à quelque chose, mais c'était une fois ou deux par semaine, quand on avait de la chance. Et encore... il n'y en avait jamais assez pour tout le monde. Elle inspira profondément, l'angoisse montait au fur et à mesure des mots qui sortaient de sa bouche. On nous battait, sans aucune raison, mais ils en trouvaient toujours une. Et...
La mère Bloom ouvrait ses portes aux sans-abris et drogués du quartier pour se faire plus d'argent. J'ai eu de la chance, ils n'ont jamais réussi à... Je n'étais que mêlée dans les bagarres d'ivrognes.

Et Certains n'avaient pas cette chance. Les pervers avaient bien abusé de leur force physique sur les pauvres gosses en volant ce qui leur restait encore d'ignorance, et le personnel était prié de la fermer sous peine d'être viré, c'est que la vieille sorcière ne voulait pas s'emmerder de procédures, et surtout, ne voulait pas justifier de la présence de ces cas sociaux. La police me direz-vous ? Elle passe simplement devant le bâtiment, certainement corrompue par la peau de vache, enfin c'est ce que Jane en avait déduit.

- Je n'étais dans la rue que depuis quelques heures... Je... Elle inspira une nouvelle fois, le larmes lui montaient tout à coup. Sa voix tremblait. Je n'en pouvais plus, elle m'avait encore frappée, interdit de manger... Je n'avais pas mangé depuis près de dix jours...

Les larmes coulèrent alors que sa voix mourut dans la dernière phrase, elle se cachait en tournant son visage tout en essuyant ses larmes.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Son histoire était triste. Très triste. Etait-elle si peu courante dans notre monde, dans les quartiers défavorisés ? Je craignais que non. Ce n'était pas bien difficile de comprendre que les parents de Jane étaient des Positifs, du moins l'un d'entre eux et ce même si les parents Positifs n'étaient pas les seuls à abandonner leurs enfants. Je gageai que Jane était elle-même une des nôtres, appelez cela de l'instinct si vous voulez. Ce n'était cependant pas là la source de son malheur, elle était dans nos lois, dans la crainte et le dégoût que nous inspirons aux autres.

Je ne pus empêcher la tristesse de m'envahir et de submerger mes yeux, de laisser poindre la compassion. Je n'étais pas un monstre et j'étais encore moins fait de glace, les aberrations de ce monde me remplissaient de chagrin pour ceux qui les subissaient. Si Alex croyait que cela m'avait été facile de réagir à l'arrivée de Jane comme je l'avais fait... Moi aussi ma première réaction avait été de refuser son retour à l'orphelinat mais je faisais de mon mieux pour rester lucide. Est-ce que ça fonctionnait toujours bien ? Hmmm.

Je jetai un regard sur Alex et je le sentis prêt à aller en découdre avec le personnel de l'orphelinat. Je ne le comprenais que trop bien mais cela de résoudrait rien, ça aggraverait peut-être même certaines choses même si j'avais moi-même envie d'aller leur sonner les cloches. Je pris une profonde inspiration, lâchai un léger soupir en reposant ma tasse et m'approchai doucement de la petite. Je glissai mes doigts dans ses cheveux et attirai sa tête à moi en les caressant.

- "Rien de tel ne t'arrivera ici tu sais ? Tu ne risques rien avec nous."

Je continuais de lui caresser les cheveux en espérant que ça l'apaise un peu, sachant pertinemment qu'elle n'était pas aussi réceptives à mes charmes qu'à ceux de mon collègue. Je finis par m'accroupir devant elle et glissai un doigt sous son menton pour lui relever lentement le visage.

- "C'est fini d'accord ? C'est une toute nouvelle vie qui commence pour toi, on ne laissera personne te faire de mal." - J'essuyai ses larmes de mes doigts et la taquinai un petit peu en espérant la faire sourire, la douceur laissant place à la tendresse - "Tu es bien plus jolie quand tu souris que quand tu pleures, tu sais cela ?"

Au bar mes collègues me connaissaient souriant, plein d'humour, à la fois secret et réservé. Nous rions ensemble, nous plaisantons ensemble, nous discutons ensemble, nous taquinons entre nous, avons parfois des discussions plus sérieuses... Mais je crois bien que c'était la première fois que je m'ouvrais ainsi devant l'un d'eux, montrant la tendresse dont j'étais capable, l'inquiétude et l'amour désintéressé pour mon prochain, mon souci pour l'être humain.
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Alex Peterson
Alex Peterson
Mon regard s'était durci au fur et à mesure de son récit. Je pouvais comprendre le désarroi  des parents, peut-être même leur désespoir. Au moins avaient-ils essayé de faire au mieux sans s'imaginer qu'ils causeraient le pire. Que diraient-ils aujourd'hui ? Feraient-ils la même erreur ? Se demandaient-ils où elle était, ce qu'elle devenait ? Je savais que certains orphelinats ou foyer pouvaient être horribles, je l'imaginais bien, nous étions en Ville Basse, même si notre quartier était loin d'être le pire. Mais comment pouvait-on décemment laisser des enfants sans manger pendant 10 jours ? Comment était-ce seulement physiquement possible ? J'étais le meilleur dans ce que je faisais. J'étais celui qu'on payait le plus cher pour mon sang froid et mon aptitude à créer des douleurs là où personne ne s'imaginait pouvoir en avoir. J'étais celui qui agissait sans poser de questions, qui obtenait le plus de résultats favorables. Mais j'avais des règles et des principe. Que vous soyez d'accord avec moi ou non, j'étais bien plus humain que ces foyers. Et à cet instant ? Matt avait raison, j'étais à deux doigts de me lever pour attraper la batte de Lexy dans un des placards du comptoir. Mes mains se sont accrochées au bord pour me maîtriser, ce que j'ai réussi à faire par un effort sur-humain. Je n'avais qu'une envie : me lever et aller jouer de mes dons certains sur cette Madame Bloom - et sûrement d'autres.

Je pense que je l'aurais fait si Matt n'avait pas réagi avant moi. La douceur et l'attention qu'il a offert à Jane, je ne m'y attendais pas. Comprenez-moi bien, je n'ai jamais imaginé Matt brutal. Pour ainsi dire, il m'a toujours semblé trop calme, trop raisonnable, trop juste et trop droit. J'aurais aimé qu'il se déride plus souvent, plus facilement. J'aurais aimé le voir appliquer ces gestes tendres à une femme, pour changer et pas uniquement à une enfant pour qui il éprouvait sûrement de la pitié en plus de la compassion. J'ignorais, finalement, ce qu'il faisait de sa vie en dehors du bar mais j'aimais à penser qu'il restait ici authentique. Un mode "Ce que vous voyez, c'est ce que vous avez." A sa vision néanmoins, mon regard s'est adoucit. Je me suis rendu compte que si je réagissais autant à chaud, j'aurais pu effrayer Jane. A la place, je me suis passé une main sur le visage et j'ai soupiré en fermant les yeux.

J'ignorais comment nous allions faire, ce que nous allions bien pouvoir trouver pour la sortir de là tout en faisant tomber ces monstres. J'ai porté mon autre main à mon visage, m'accoudant au comptoir. Il me fallait réfléchir plus vite, je ne pouvais pas réagir au quart de tour. Alors j'ai passé en revue tous mes contacts, tout ce que je savais. Beaucoup ne s'intéressaient pas à ce genre de cas. Et puis, j'ai réfléchi plus loin, à toute vitesse dans ma tête. J'ai froncé les sourcils en pensant à Liberation mais tout ce que je savais en surfant sur le net et de la presse, tout ce que j'en concluais ne me disait rien qui vaille. Ce n'était pas un groupe de ville, il visait quelque chose de plus grand, un orphelinat ? Sans trafic de Candidats ou de Positifs, c'était peine perdue. Je n'aurais jamais cru un jour penser ça mais j'ai étouffé un grognement dans mes mains en songeant à l'Underground. Plus discrets que Liberation, il arrivait à la presse d'en parler mais pas tellement les médias de type télé. Je n'étais pas forcément d'accord avec ce que j'entendais d'eux, ils se mêlaient de ce qui ne les regardaient pas, mais malgré tout, ils faisaient quelque chose pour la ville. En cet instant, j'aurais tellement aimé en savoir plus. Sur le principe, j'étais d'accord avec eux. Mais en même temps, ils préféraient dissimuler des Positifs que les amener en plein jour. Si j'aimais que le bar reste neutre, je ne l'étais pas moi-même en dehors. J'aimais que mes "condamnés" sachent qu'ils étaient mis à mal par un Candidat.

J'ai soupiré et laissé mes mains retomber sur le comptoir avant de regarder Matt. Qui l'eut cru que j'étais plus proche de l'Underground que de Liberation en cet instant. Il ne m'est pas venu en tête, une seule seconde, que Matt puisse en faire partie. Pour moi, les gens qui y étaient étaient tous dans le besoin, sorte de foyer gigantesque. Et Matt n'était clairement pas dans le besoin. Sachez que ma voix était à la hauteur de mon regard : froide, glaciale mais aussi posée.

– J'ai peut-être une idée. Si j'y vais moi avec la batte de Lexy, je vais finir au poste et sûrement plusieurs semaines de taules si on me condamne pas à vie pour avoir rejoué Columbine mais à coup de batte de baseball. Les flics en auront sûrement rien de plus à faire. Mais si on trouve un moyen de contacter l'Underground, c'est un bébé qu'on pourrait peut-être leur refiler. Ce ne serait pas la première fois si on en croit ce qu'on lit sur le net et ce qu'on entend dans la rue.  

J'ai repoussé mon mug et je me suis levé en secouant la tête, perdant ma froideur. Je me sentais me réchauffer de l'intérieur et j'ai inspiré profondément en me levant, me passant les mains sur le torse comme si je cherchais mon portefeuille, mes clés, quelque chose, prêt à partir.

– Il faut que je les trouve. Je dois trouver comment les contacter.

Et puis j'ai ri, mais jaune.

– Je suis peut-être pas un saint, ni un ange et encore moins un super héros, mais j'ai jamais laissé ma gamine crever de faim en attendant de la vendre au plus offrant. Où sont mes clés ? Matt, reste avec elle le temps que je revienne.

Et c'était vrai. Une partie de l'argent que je gagnais, pas forcément beaucoup, je leur envoyais. Je voulais qu'elle sache que j'étais toujours en vie et que je tenais ma promesse, qu'un jour viendrait où peut-être je reviendrais, quand je n'aurais pas le sentiment que j'ai encore tant de choses à faire. On ne devient pas Candidat comme moi sans conséquence.
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Jane Doe
Jane Doe
Etait-ce de la compassion ou de la pitié que ressentait Matt, Jane ne pouvait le dire. Même si à première vue, il paraissait plus chaleureux et sympathique qu'Alex, il s'avérait finalement être l'inverse, du point de vue de la gamine. Touché sincèrement peut-être? Mais peu importait, tant qu'on lui évitait un retour à la case départ et qu'on lui donnait toute l'affection dont elle avait besoin, elle prenait sans rechigner. Matt tentait de la rassurer, lui promettant lui aussi de ne pas la renvoyer au foyer. Elle s'était laissée faire. La tête contre Matt, elle opina doucement du chef en tentant de se reprendre.
Il était difficile pour elle de tout déballer ainsi, mais c'était tout aussi salvateur, elle se sentait soulagée d'un poids qui était trop lourd à porter pour ses frêles épaules.

- Oui, je sais... Avait-elle dit doucement les yeux fermés. Et elle avait le coeur en fête de savoir que lui aussi refusait de la renvoyer.

Matt faisait preuve d'une grande tendresse, elle mesurait sa chance, elle avait maintenant deux hommes, comme deux chevaliers servants prêts à remuer ciel et terre pour elle ! Elle baissa les yeux un sourire gêné alors qu'elle rougissait jusqu'à la racine des cheveux au compliment de Matt.

Mais l'air de rien,  elle sentait la colère qui avait gagné peu à peu son héros. Si Matt savait garder calme et sang froid, Alex était plutôt son opposé. Mais le ton usé et le regard tout aussi glacial frappèrent la jeune Doe. Elle s'écarta de Matt pour fixer le sanguin. Elle secoua lentement la tête.

- Alex...

Elle se leva et Jane l'imita presque dans le même temps. Elle le sentait remonté. L'underground?

- Alex... Non... Reste avec moi, reste... Elle s'approcha et l'entoura de ses petits bras en se collant à lui.
Reste ici... Si moi je n'ai pas le droit de faire n'importe quoi, et bah toi non plus.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Que Jane se laissa faire aussi facilement m'étonnait quand même un peu malgré les circonstances, on aurait pu penser que seul compterait Superman à ses yeux. Je continuai de lui caresser les cheveux pour l'apaiser et résistai à l'envie de déposer un baiser sur le haut de sa tête. Cela aurait été prématuré pour elle comme pour moi. Surtout pour moi. Je ne devais pas oublier que j'avais une famille à protéger et que je ne pouvais pas me permettre de me la jouer façon Alex. En parlant de lui le voilà qui était prêt à remuer ciel et terre, merde et fumet pour délivrer l'orphelinat entier des griffes de madame Bloom. Je notais son regard, son expression, sa voix, ils ne me disaient rien qui vaille c'était une partie d'Alex que je ne connaissais pas et qui fit monter en moi une certaine appréhension.

Je laissai Jane s'essayer à retenir Alex, non pas par lâcheté ou tout autre stupide raison mais de nous deux c'était celle qui avait le plus de chance de réussir à l'atteindre, il suffisait de voir comment s'étaient passés les derniers jours. Demander à l'Underground... Pourrait-on y faire quelque chose ? Pourquoi pas après tout, je pourrais toujours me renseigner auprès de Maddie, je ne risquais rien à poser la question et ces enfants avaient besoin d'aide si Jane n'exagérait pas la situation. L'un dans l'autre il faudrait se renseigner, être sûr de ce que nous avions.

Il me regardait. Se pourrait-il que.. ? Non c'était impossible, j'avais bien fait attention à ne rien laisser filtrer sur mon appartenance à l'Underground et à moins qu'il soit bien placé ailleurs... Il ne l'était pas n'est-ce pas ? Libération, tout ça, plus ? Je ne savais même pas comment il pensait à l'extérieur du bar. La règle ici était de ne pas faire de  différence ou de préférence entre humains et mutants mais une fois sorti, que pensait-il ? Etait-il de ceux qui n'en avaient rien à faire? De ceux qui prônaient l'égalité ou de ceux qui désiraient la suprématie ? Il était peu dire que je n'en savais rien. En dehors du bar nous n'avions rien, absolument rien. Nous ne savions rien l'un de l'autre. Et ce rire, et cette phrase... Je contournai la table et fit quelque pas vers eux.

- "La petite a raison Alex... Pour ce que je sais de l'Underground, ce qu'on en lit dans les journaux, ton idée a l'air bonne mais on dit aussi que ne les trouve pas qui veut. Tu vas te lancer à leur recherche comme ça sur un coup de tête et après ? Je peux rester avec elle le temps que tu reviennes cependant... Combien de temps mettras-tu à les trouver, une semaine, six mois, un an ?"

Je soupirai en regardant Jane, le regard un peu vague.

- "J'aimerais savoir comment nous devons nous y prendre... "

Je savais pertinemment qu'il pourrait courir la ville longtemps, très longtemps à moins que quelqu'un de chez nous entende parler de lui et de son affaire. Je pouvais, moi, faire remonter l'information mais je ne pouvais pas le lui dire, je ne prendrais pas ce risque tout Alex qu'il soit. Parce que j'avais ma famille sous-terraine à protéger et parce que je ne savais rien d'Alex en dehors de sa partie collègue. Je ne savais pas si c'était le vrai lui, j'aimerais le croire, j'aimais le croire mais je ne pouvais pas pour autant prendre ce risque. Pour ceux que je côtoyais chez moi, ceux des autres Quartiers, les enfants qui y courraient en tout sens.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ai poussé un soupir abyssal en passant un bras autour de Jane. C'était incroyable comme une gamine de 9 ans pouvait arriver à me faire perdre mon calme et à me le rendre presque instantanément. Et puis j'ai écouté Matt. Il avait raison, je le savais. Mais je n'étais pas comme lui, il faut croire. J'étais moins raisonnable... Bizarrement. Mais en essayant de me voir d'une façon objective, par les yeux de Matt, je me suis rendu compte que ma façon d'agir n'avait de logique que pour moi. Je ne m'étais jamais intéressé aux orphelinats, aux foyers d'adoption et autre, un gamin dans les rues m'avait peut-être déjà attiré de la pitié et de la compassion mais jamais le besoin d'une croisade. Cela faisait deux jours, presque trois, que Matt jouait les pare-feu avec moi. Et il ne s'était toujours pas énervé. Ou du moins, il ne m'en avait rien montré. néanmoins, plus je retournais le problème, plus j'avais l'impression d'être le seul à le faire. Alors j'ai fixé mon ami et collègue et j'ai haussé les sourcils.

– Si SuperMatt a une meilleure idée, je suis preneur. Elle ne va pas pouvoir rester ici indéfiniment et il va nous falloir une supercherie pour que les services sociaux ne nous tombent pas dessus parce qu'il est clairement évident que tout conciliant qu'est Ennis, ce sera sa première réaction. Alors je répète : Est-ce que tu vas m'aider, oui ou non ?

Et puis, j'ai éclaté. Je crois que je ne supportais plus de le voir aussi raisonnable, lisse, sans jamais prendre de risque. Il était si réfléchi, le pendant masculin de Lexy, le grain de folie en moins. J'avais toujours cette impression que son humour, sa façon d'être avec moi n'était qu'une façade. Il était différent avec Lexy, avec Angela et avec les autres, il s'adaptait à chacun d'entre nous. Mais nous n'avions jamais été confronté à une situation où nous avions à nous révéler l'un à l'autre. J'ai levé mon bras libre, serrant Jane de l'autre, et j'ai haussé le ton à nouveau.

– Parce que jusque là, je ne t'ai pas beaucoup entendu chercher des solutions et je commence à en avoir assez de te voir me regarder comme tu le fais maintenant ! Parce que si tu veux qu'on la remette dehors et qu'on la joue légal avec les services sociaux, ce serait comme pisser dans un violon en pleine mistral ! Je ne t'ai jamais rien demandé, je crois. Et bien c'est chose faite. Aide-moi. Si la situation avait été inversée, que tu me demandais une telle faveur, qui je sais te coûte, j'en suis conscient, mais sache que je le ferais sans poser de question.

J'ai laissé une seconde de flottement et j'ai acquiescé. Ma voix s'était calmée pour la simple et bonne raison que je ne supportais pas de m'énerver, que j'avais besoin de Matt et que je ne savais pas comment le formuler autrement.

– Après tout, c'est ce qu'on fait ici, non ? C'est pour ça que ça marche, pas vrai ?
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Je contemplais la scène qui s'offrait à moi, comme je le pensais Jane l'avait calmé en un rien de temps mais cela ne dura guère. Je ne sais pas ce qui dans mon attitude ou peut-être dans mes propos le mit  dans cet état qui me fit tressaillir et me rendit vulnérable à ses paroles acerbes. J'essayais de ne rien laisser paraître mais je savais que cet accès de vulnérabilité se voyait ne serait-ce que dans mes yeux, maintenant dans l'état qu'était Alex je pouvais espérer qu'il n'y verrait goutte.

- "Ennis ne devrait pas reparaître avant quinze jours, ça nous laisse au moins ce laps de temps pour régler l'affaire et si par malheur il devait venir plus tôt, tu pourrais toujours prétexter qu'il s'agit de ta nièce que tu gardes le temps que sa mère sorte de l'hôpital."

Un peu pâle ma voix ? Qu'importe, je n'y pouvais plus rien. Et le voilà qui reprenait sa diatribe, haussant le ton dans un nouvel éclat. Etais-je devenu son nouveau punching-ball ? J'en avais un peu l'impression ces derniers jours à toujours me mettre au travers de ses attaques, si ça continuait je ne donnais pas cher de l'ambiance du bar et de la bonne entente de l'équipe. Ca serait dommage si peu de temps après avoir recruté Angie en lui faisant miroiter une équipe soudée... Je fermais les yeux un bref instant, blessé par la teneur de ses propos et la violence de sa voix. Je savais que je n'aurais pas dû réagir comme ça, ce qu'il me disait, la façon dont il le faisait c'était bien peu au final mais ça faisait plusieurs jours que je l'endurais en supportant sa mauvaise humeur avec le sourire tout du moins pour nos clients, j'avais été bien plus sérieux durant notre conversation hier matin, j'avais même commencé à m'énerver, haussant le ton pour la première fois sur mon collègue.  Pfff, contrairement à ce qu'il avait l'air de penser je ne faisais pas que l'observer et si je le faisais c'était avant tout parce qu'il me donnait l'impression d'être prêt à péter un câble. Je passai une main quelque peu tremblante dans mes cheveux et me forçai à retrouver une voix normale.

- "D'une, je te ferais remarquer que ce n'était pas toi que j'étais en train de regarder mais Jane. De deux, ça fait plusieurs jours que j'essaye d'aider et pas plus tard qu'hier matin tu as refusé mon aide sous prétexte que tu t'en occupais, que c'était ta responsabilité. Je ne sais pas ce qui te prend ni pourquoi mais tu as refusé notre aide à tous et tu ne l'as pas fait de la plus jolie façon qui soit !"

Je soupirais, soudainement las, ces trois derniers jours m'avaient travaillés plus que je ne l'aurais voulu.

- "Je ne suis pas stupide au point de penser que la jouer légal avec les services sociaux comme tu dis soit la bonne solution, j'avais proposé ça uniquement comme point départ, on ne peut pas juste foncer, buter les travailleurs sociaux du foyer et se la couler douce mais on aurait au moins pu prendre la température de ce qui s'y passe, chercher des failles à exploiter pour pouvoir contourner la loi." - Je pris une inspiration - "Maintenant que j'ai le nom du foyer je vais pouvoir me renseigner sur lui et je vais contacter une connaissance qui travaille régulièrement avec les services sociaux pour lui demander conseil." - Je l'empêchais de protester - "Une personne dont je suis sûr de la discrétion totale."

On devait bien trouver ça chez Sliders non ? Quelque part on faisait un peu dans le social nous autres... J'eus un sourire un brin ironique.

- "Qui sait, ça me permettra peut-être de mettre la main sur un de tes « Underground » au passage, après tout s'il leur arrive de traiter ce genre d'affaires ils doivent bien avoir des contacts parmi les services sociaux pour les aider." - Je réfléchis un instant puis regardais Alex - "Laisse-moi deux/trois jours maxi, okay ?"

J'espérais qu'il comprendrait que c'était ma façon d'accéder à sa requête même si ma méthode ou tout simplement ma proposition ne lui plairait peut-être pas, difficile de trouver the solution avec un sang-vif comme Alex l'était en ce moment. Comme toujours quand mon armure était mise à mal, je jouais avec le bracelet de cuir qui enserrait mon poignet droit, le faisant tourner.
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Alex Peterson
Alex Peterson
Matt était énervé. C'était aussi ce qui me calmait. Je ne l'avais jamais vu se contenir, je ne l'avais jamais entendu hausser le ton, je ne l'avais jamais connu "contre" moi. J'ai dégluti en l'écoutant attentivement car, quoi que vous pensiez, j'attendais vraiment de lui qu'il m'aide, j'étais preneur de toutes les propositions à étudier. J'ai caressé la tempe de Jane contre moi en ramenant ses cheveux en arrière. J'ai voulu intervenir à plusieurs reprises pour remettre quelques choses en place mais je m'en suis bien gardé. Je voulais l'écouter jusqu'au bout, sans m'énerver parce que je lui demandais de l'aide et qu'il était en train de me l'offrir. La moindre des politesse était d'attendre.

J'étais frileux de ramener consciemment une tierce personne dans notre équation et j'ai serré les dents en refermant une main ferme sur l'épaule de Jane. Ce geste, je ne m'en suis même pas rendu compte. J'étais naturellement doué pour protéger les miens, pour les protéger du monde extérieur et de moi-même également. J'étais né pour ça, c'était ma vocation. J'avais probablement choisi une voie qui me permettait d'exprimer la violence de cette surprotection sans avoir à étouffer mes proches. Ce que je faisais en dehors du bar, je n'en étais pas fier mais je savais que les chose avançaient ainsi.

J'ai enfin levé un index vers Matt, au bout de quelques secondes de silence. Un silence sûrement pesant autour pour lui que pour Jane. J'ai serré les dents en pinçant les lèvres et j'ai finalement haussé les sourcils.

– Tu as deux jours, Matt. Je te donne deux jours avant que ce ne soit moi qui m'en charge. J'ai confiance en toi, j'ai foi en toi, je sais que tu feras du mieux que tu pourras mais si dans deux jours, on est encore là à en parler alors oui, ce sera entièrement de ma responsabilité. C'est beaucoup trop important, Matt. Et je ne dis pas ça uniquement pour Jane.

J'ai acquiescé enfin et ajouté :

– On dirat que c'est ma nièce, si tu veux oui. De Lexy ou de toi, pour ce que ça change.

J'ai baissé les yeux sur son poignet et les ai relevés sur lui. Matt n'en menait pas plus large que moi. Si je réagissais depuis deux jours avec véhémence, il avait également sa part de mystère. Je crois... Que j'en avais assez de tous ces silences. On ne pouvait pas travailler côte à côte depuis des années, se sentir si proche de quelqu'un et ne même pas savoir qu'il a une mère quelque part. Ce n'était plus possible. Lexy ne nous cachait rien mais Matt et moi semblions... Peut-être protéger les mêmes valeurs.

– Et toi ? Tu n'as rien à me dire, non plus ?

Je faisais référence aux dires de Jane dans le couloir, le soir où Jane était arrivée. Le soir où je lui avais menti. Ce qu'elle avait sûrement répété à Matt car à défaut d'être une tombe humaine, elle ne pouvait s'empêcher de communiquer son inquiétude pour moi à notre collègue.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Il m'écoutait. Il m'écoutait sérieusement sans trop s'énerver et en s'efforçant de ne pas m'interrompre, c'était vraiment une première en deux jours. Bon il serrait les dents et tout et... et il se mit à lever le doigt. J'avais horreur quand il faisait ça, c'était... J'en avais assez d'être remis en cause de cette façon, d'être pointé du doigt. Et ces mots... Oh il avait confiance en moi, il avait foi en moi, c'était d'ailleurs pour cela qu'il me posait cet ultimatum non ? Parce que c'était à cela que ça ressemblait avant tout, un ultimatum agrémenté de caresses dans le sens du poil, future friandise pour chien-chien obéissant. Je sentis mon nez se pincer alors que je répondais d'une voix ironique.

- "Deux jours, bien chef. "

Je lui lançai un long regard, il ne voyait vraiment pas ce que ça changeait ? Ni Lexy ni moi n'habitions ici, voilà où était la différence. Comment il expliquerait ça à Ennis s'il débarquait un soir après le boulot ? Oh, Lexy a oublié sa nièce en repartant ne vous inquiétez pas elle la récupérera demain !

- "Ca change que nous nous n'habitons pas ici et que nous ne sommes pas à l'abri qu'Ennis passe en dehors des horaires d'ouverture."

J'avais répondu d'une voix neutre, je n'avais pas non plus envie qu'Alex finisse par écraser son poing dans ma figure et je n'avais non plus aucune envie de continuer sur le chemin de l'ironie qui était bien trop risqué pour nos relations. A la place je passais mes nerfs ou plutôt mon sentiment d'insécurité croissant, de danger sur mon bracelet. Ce n'était pas dû aux risques liés à la situation non, plutôt au fait que j'avais du mal à conserver mon armure, que je sentais que je me perdais et je ne voulais pas finir dans une situation semblable à celles que je pouvais créer pendant ma période noire. Je l'ai tellement bien trituré que je commençais à sentir ma peau qui s'échauffait et que je finis par m'entailler le poignet avec un des rivets. Rien de grave mais j'avisais le sang qui s'écoulait lentement et poussai un juron à voix basse.

- "Te dire quoi et à quel sujet ?"

Non je n'avais pas saisi la référence, j'étais bien trop occupé à me traiter d'idiot alors que je me dirigeais vers l'évier. J'y pris un bout de sopalin que je mouillai et je nettoyai mon poignet à l'eau et au savon. Je le rinçai et l'essuyai, le tout sans ôter mon bracelet que de toute façon je n'enlevais jamais ailleurs que chez moi au moment de la douche.
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Alex Peterson
Alex Peterson
– Je m'occupe d'Ennis, d'accord ? Tu crois sincèrement que je n'y ai pas réfléchi ?!

J'étais presque vexé mais je n'ai rien dit. J'étais à deux doigts de lui dire. La pression montait tellement entre nous que j'étais sur le point de craquer. J'étais une cocotte minute prête à exploser et lui révéler la raison de mes engagements et les combines que j'envisageais pour aider Jane. Je l'ai suivi du regard après avoir jeté un oeil bref sur son poignet. Je n'ai rien dit. Je me suis contenté de ne pas le quitter des yeux jusqu'à finalement ouvrir la bouche.

– Tu veux qu'on parle de ce qui te met dans cet état ou bien je peux prendre le crédit à mon compte ?

J'ai soupiré et lâché Jane pour m'avancer vers lui d'un pas décidé.

– Je sais que je t'énerve, d'accord ? Je sais aussi que c'est pas dans tes habitudes et que tu me mettrais sûrement bien ton poing dans la figure mais tout ce que je te demande, c'est de me faire confiance en retour.

J'ai posé les mains sur le comptoir, en face de lui et ... Je lui ai fait mes yeux de chat. Matt était mon ami et je n'avais aucune envie de l'énerver et qu'il se retourne contre moi. Je me mettais à sa place. Si les rôles avaient été inversés et que je n'avais pas compris les réactions de Matt, j'aurais sûrement couru à la déception et j'aurais très probablement tourné les talons. J'avais peur qu'il pense de la même façon. Je ne voulais pas briser l'équilibre du bar, plus instable qu'il n'y paraissait. Au travail, nous étions indestructibles mais en dehors... Qui étions-nous ?

– Je sais ce que je fais, d'accord ? Je peux juste pas le faire sans ton aide. - J'ai soulevé les doigts du comptoir et secoué la tête doucement - Je te revaudrai ça ? Je ne prendrai pas de vacances à Noël ! Je te préparerai thanksgiving ! Gratuitement ! Je t'offre une semaine de congés en plus. Je te permets même de m'en coller une si ça peut t'éviter de t'ouvrir les veines avec ton bracelet...
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Je me raidis en entendant sa question. J'ai bien failli lui répondre un « Tu ne veux pas qu'on parle de ce qui TE met dans cet état plutôt ? » mais je m'en abstins. D'une il valait mieux pour moi que je la boucle en cet instant et que j'essaye de me reprendre et de deux, ça n'aurait fait que mettre le feu aux poudres. J'agrippais le bord de l'évier à m'en faire pâlir les phalanges et pris une inspiration tremblante. Je ne répondrais pas, voilà tout. Je me détournais de l'évier quand mon collègue s'avança d'un pas décidé pour s'arrêter en face de moi, tous deux uniquement séparés par le comptoir. Je l'écoutais, oh oui je l'écoutais beaucoup. Toujours.

- "Tu ne sais rien (Jon Snow) Alex."

J'avais voulu prendre une voix calme, je la trouvais un peu morne.

Il ne savait que ce qu'il croyait donc rien, pas grand chose. Il avait prit mes réactions et mon ressenti pour de l'énervement et bon, il y en avait un peu mais il était noyé face au reste. Et voilà qu'il me faisait des yeux de chat, habituellement ça m'aurait fait franchement sourire mais là... Je baissai la tête en fermant les yeux et laissai passer quelques secondes en silence. Je me sentais... mal. A cause de ce qui m'arrivait, à cause des réactions et des mots que j'avais eu envers Alex au point qu'il se croit obligé de me faire ses yeux de chat qui n'avaient cette fois ni leur dimension ni leur environnement habituel. Je relevais la tête en passant une main dans mes cheveux et soupirai légèrement tout en esquissant un sourire.

Et là, il recommença. Je roulais des yeux à l'énumération de tout ce qu'il me proposait en échange et commençait à lui répondre pour interrompre sa liste.

- "Arrête de vouloir payer mes serv- "

Mais avant même que j'ai fini ma phrase vint la sienne, la dernière. Et ça ne fit qu'un tour, je le regardais dans les yeux, agressif.

"J'vais certainement pas m'ouvrir les veines pour si peu !"

Et ma voix avait suivi, elle avait à nouveau perdu son timbre agréable pour se faire virulente et un peu rogue. Instinctivement mes mains prirent appui sur le bord du comptoir pour me repousser au loin jusqu'à ce que mon dos rencontre un obstacle. Je baissai la tête, le dos un peu courbé et j'essayai de me calmer. Simultanément je déplaçai une de mes mains jusqu'à mon visage, le pouce et l'index collés à mon front comme une visière. L'autre avec le bracelet reposait derrière mon dos comme une barrière. Pourquoi. Pourquoi avait-il fallu qu'il aborde ce sujet-là même en plaisantant maintenant ? J'avais réussi un instant à tout remettre plus ou moins en place et tout avait volé en éclat. Je tentai de comprendre ce qui m'arrivait. Ce n'était pas le première fois qu'on parlait de ça devant moi ou qu'on m'y incluait et je n'avais jamais réagi comme ça. Etait-ce ce qui s'était passé avant qui m'avait fait cet effet ? La peur qu'Alex découvre mes secrets ? Les retours en arrière que je faisais malgré moi depuis quelques jours ? Mon auto-persuasion du matin qui ne suffisait plus ? Le souvenir du mal que j'avais fait à ceux qui m'étaient proche quand je m'étais coupé les veines le dernière fois ? Ce n'était pourtant plus si récent...

Je voulais m'excuser... Mais là tout de suite j'en étais incapable...
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Alex Peterson
Alex Peterson
Et puis il a éclaté. Je croyais que le plus instable des deux, c'était moi. Je croyais réellement qu'il en avait après moi parce qu'il prenait mes réactions pour de l'immaturité, certainement. J'avais également cru que ma petite énumération, doublée de mon ton humoristique et de mon sourire naissant aurait suffit à apaiser les tensions. Mais je m'étais trompé. Encore. Mon sourire - déjà léger - s'est effacé lentement devant sa réaction. Et j'ai su que j'avais soulevé un point sensible, sans même avoir essayé. Instinctivement, mes yeux se sont posés sur ses poignets mais je ne voyais rien à cette distance et quoiqu'il en soit, ça ne me regardait pas.

– Matt, je plaisantais ! Je me doute bien que ce n'est pas ton genre, je parlais juste du...

J'ai levé une main vers lui pour faire référence à son bracelet et j'ai ouvert la bouche pour inspirer profondément. J'ai soupiré et secoué la tête en me retournant vers Jane. J'ai acquiescé et repris d'une voix douce.

– Tu veux bien monter te changer ? On va bientôt ouvrir le bar.

J'ai alors reporté mon attention sur Matt et l'ai dévisagé un instant avant de reprendre plus calmement. De mémoire d'homme, je n'avais jamais été en froid avec qui que ce soit. Même quand je m'énervais - ce qui était déjà suffisamment rare pour être noté - ce n'était jamais longtemps et ne supportant pas les conflits et les tensions, je mettais un effort inconsidérable à ne jamais mettre de distance. Les seules personnes, finalement, avec qui je pouvais être en froid étaient... mortes. Et moi qui pensais que la présence de Jane ne réveillait des démons qu'en moi, là aussi, je me trompais. Mais à cet instant, Matt ressemblait plus à un animal sauvage prêt à bondir s'il se sentait trop menacé et... Je dois reconnaître que ça m'intimidait pas mal. Si je n'avais jamais été énervé au point d'en faire baver qui que ce soit, je ne me souvenais pas non plus un seul instant que Matt ait déjà eu ce genre de réactions. Pas devant moi, en tout cas.

– Je suis désolé. D'accord ? Je n'ai pas voulu t'énerver, encore moins t'offenser. Matt... Est-ce que ça va ? - J'ai haussé les épaules et ouvert une main - Si tu veux rentrer chez toi... Enfin, je peux m'occuper du bar. Vraiment.
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Jane Doe
Jane Doe
Les supplications avaient réussi à calmer Alex, ce n'était pas ce soir qu'il sortirait faire n'importe quoi en l'abandonnant entre les mains de Matt. Malgré tout son chevalier recommença vite à s'énerver face à son collègue tout en lui demandant de l'aide et la petite fille s'agrippa à lui. Ne serait-ce jamais fini ?

Elle écouta attentivement, le visage caché dans le jeans d'Alex, ce que Matt avait à proposer il s'agissait après tout de son avenir. Elle se crispa alors qu'il proposait de contacter une assistante sociale, allant même jusqu'à dire non de la tête. Ne comprenait-il pas ? Ils étaient tous des pourris ! Les services sociaux ne valaient pas mieux que cette grosse dégueulasse de madame Bloom avec ses clochards puants.
Ils la retireraient d'ici et la remettraient à Grosse Bloom ou encore pire ! Et la vieille là... elle lui ferait payer encore et encore, son nouveau rêve serait brisé à jamais. Adieux burger, pizza, pailles et coca... Adieux haleine de campeur alcoolisé le matin au réveil, soufflée en plein nez et adieux son Superman sans slip au dessus du pantalon.

Elle aurait pu continuer comme ça encore longtemps à faire la liste de tout ce qui n'allait pas et ce qui irait encore moins après mais la vue du sang lui tira un tressaillement auquel vint se mêler l'inquiétude. Elle ne voulait pas non, elle ne voulait pas qu'ils se battent pour elle.

Et voilà qu'Alex l'abandonnait, il avait fini par suivre Matt qui était en train de nettoyer sa plaie, la laissant seule avec sa peur. Allaient-ils se disputer encore ? Mais non elle ressentit un instant de soulagement, son Alex essayait d'arranger les choses, tout irait bien. Elle finit par les suivre pour finalement se stopper devant la réaction de Matt, son ton hargneux.

Elle leva des yeux agrandis sur son cher Alex qui la congédiait et si elle ouvrit d'abord la bouche sans répondre, son regard fit bientôt la navette entre les deux hommes, elle hésitait clairement à les laisser seuls. Et s'ils se battaient ? Finalement elle releva le menton et s'adressa à eux sur un ton angoissé, étouffé.

- Ne vous battez pas à cause de moi… S’il vous plait… ne faites pas ça ou je vais… je vais…

Jane n'attendit pas leur réponse et fit volteface et on l'entendit bientôt monter les escaliers en courant.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
J'étais encore dans mes ténèbres quand Alex tenta de s'expliquer, de s'excuser. J'essayais désespérément de refermer la boîte que je venais malencontreusement de fracasser et cet effort me prenait tout, je n'avais même pas la force de lui répondre. Sa proposition de me remplacer aujourd'hui m'atteignit plus profondément qu'on aurait pu le penser et je retins un instant ma respiration avant de faire non de la tête. J'en étais arrivé là ? Au point où on préférait m'éjecter de mon boulot ? Je donnais l'impression de dérailler à ce point ? Stupide, idiot, incompétent, à peine acteur de rue, saltimbanque. C'était ça le moi d'aujourd'hui... Ca ne me suffisait donc pas d'avoir condamné ceux que j'aimais à la mort, de les avoir enterré... Je devais me reprendre avant que j'en n'entraîne quelqu'un d'autre dans cette spirale désastreuse.

Je tressaillis. Cela faisait à peine deux jours que Jane était ici et je la mettais déjà dans cet état. Qu'est-ce que ça serait dans deux ans... Peut-être vaudrait-il mieux que je laisse Alex et son apparente immaturité s'occuper entièrement d'elle une fois l'affaire réglée. Je ne voulais pas la détruire. Je ne voulais pas le détruire. Je ne voulais pas les détruire.

Je me laissai lentement glisser jusqu'au sol et me retrouvai bientôt la tête appuyée sur mes bras posés mes genoux.

- "Je suis désolé... "

Rauque.
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Alex Peterson
Alex Peterson
Je n'eus pas le temps de rattraper Jane, mais de toute façon, j'avais confiance. D'abord parce que je ne comptais pas me battre avec Matt, mais ensuite parce que quoi qu'il arrive, ce que j'avais à lui dire, je ne voulais pas que Jane soit là. Par pudeur, peut-être, étrangement, mais aussi parce qu'il ne s'agissait pas que de moi. J'étais abasourdi de voir à quel point Matt semblait fragile en cet instant, chose qui n'était jamais arrivée. Pas une seule fois depuis que je le connaissais. C'était comme si Jane avait brisé une cloison étanche, imperméable, grâce à laquelle le son ne passait même pas en vibrations. Elle avait ébranlé toutes nos barrières à Matt, moi, et sûrement Lexy à en juger par tout ce qu'elle avait ramené. J'ai suivi Jane du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Moment qu'a choisi Matt pour se laisser glisser derrière le comptoir.

J'ai alors vérifié que personne n'arrivait - à l'oreille - et je me suis approché de Matt en contournant le bar. Je me suis assis à ses côtés, lentement, et me suis accoudé à mes genoux, les doigts croisés pendant dans le vide. Je l'ai étudié quelques secondes, le regard inquiet. Jamais je ne l'avais vu comme ça et pourtant, j'avais l'impression que ça aurait pu être moi. Qu'est-ce qui pouvait être pire que mon secret, finalement ? Ou bien étais-je plus à même de lutter contre ça ? Avec le temps, je m'étais fait une raison... Je me suis humecté les lèvres, j'ai regardé autour de nous, vérifiant à l'oreille que Jane était toujours à l'étage.

– C'est rien, Matt. Tu veux m'en parler ?

J'ai retourné la tête sur Matt, restant à ses côtés mais sans non plus l'obliger à parler. J'ai pincé les lèvres avant de me frotter le nez du pouce.

– Je comprendrais que tu ne veuilles pas. Moi même je n'en aurais pas envie. Mais je demande... Au cas-où.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Il était là devant moi, ses yeux à la fois effrayés et perdus cherchant un chemin où fuir, quelqu'un pour l'accueillir. Je me vis lui offrir ma main pour se relever et lui sourire pour l'encourager à la prendre. Je voyais son sang s'écouler de son visage tuméfié, ses petites mains enserrer son ventre douloureux. Il distribuait des regards terrifiés au petit groupe qui s'éloignait. Ces ordures. Il ne demandait qu'à pouvoir cacher son visage contre quelqu'un et oublier, qu'on lui fasse découvrir l'autre versant du monde. Mais ce n'était pas moi qui avait tendu cette main, c'était mon père qui avait porté l'enfant et qui l'avait ramené à l'orphelinat. Moi j'avais été le lâche apeuré par la scène qui s'était déroulée sous ses yeux, celui qui se contenta de suivre sans un mot.

Je sentis la cuisse d'Alex rejoindre la mienne sur le sol et le compris près de moi, dans une position similaire. Devais-je rester là ou fuir ? J'étais sûr de savoir quels seraient ses prochains mots. Il voudrait savoir. Et c'était tout à fait ça. Ou presque. La vérité étrange c'est qu'il me donnait le choix. Celui de tout garder pour moi en bon Matthew Dare ou celui de partager avec lui. Mais partager quoi ? Tout était tellement confus. Il s'est passé plusieurs minutes avant que je ne tourne lentement la tête vers lui, des mèches blondes me caressant le front. Je le regardai longuement, la confusion sur mon visage laissant progressivement place à l'incertitude. Lui parler, me taire ? Prendre le risque d'être rejeté, de m'attacher encore plus ?

- "Te parler de quoi Alex, mes échecs ?"

Là, en cet instant précis, je me sentais comme mort de l'intérieur. Et amer.
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Alex Peterson
Alex Peterson
J'ai haussé les épaules dans une moue. S'il parlait d'échecs, je ne pouvais pas le deviner. Comment aurais-je pu ? Il ne parlait pas plus que moi, sinon encore moins. Alors, j'ai secoué la tête en tournant les yeux vers lui.

– Non, de toi. Pour commencer. Et de ce qui ne va pas, si tu le souhaites.

J'ai baissé la tête et je me suis humecté les lèvres avant de renifler et j'ai relevé les yeux sur la poignet du placard en face de nous avant de reprendre d'une voix un peu blanche. Je n'étais pas doué pour exprimer ce que je ressentais.

– Matt, si ce bar fonctionne, c'est parce qu'on sait ce qui est bon pour lui, mais aussi pour nous. On ne sait rien les uns des autres et je trouve ça très bien, mais en même temps c'est dangereux. Tout va bien du moment que tu ne dis rien et tant que je n'exprime rien. La vérité, c'est qu'à un moment donné, si on veut conserver ce bar et sa force, il va falloir donner un peu du nôtre. Toi et moi sommes les deux personnes les plus présentes dans cet endroit. Chaque fois que je voudrais dire qu'il m'appartient, je me rappelle que tu as autant ta part que moi.

J'ai soupiré en me passant une main sur la bouche et j'ai baissé la tête en jouant du bout du pied avec une latte du parquet.

– Si tu penses avoir connu des échecs, je te rassure, c'est mon cas aussi. Mais je préfère parler d'épreuves. Et je me sentirais sûrement très con si tu me demandais de t'en parler. Mais... Probablement que je le ferais si tu me le demandais. Parce que j'ai confiance en toi. Et que peut-être que ce bar a besoin de nous, plus que nous avons besoin de lui, qu'est-ce que tu en penses ?
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Je ne pouvais pas faire autrement que de me concentrer sur ce qu'il disait, ou plutôt je ne voulais pas me laisser ce choix bien trop facile à parcourir. Je les  regardai s'éloigner et disparaître, parfois ensemble parfois à tour de rôle : le petit garçon, mon amour, ma sœur, mon sang... Je les rangeai bien à l'abri dans mon cœur et dans mon esprit comme dans un coffret scellé.

Je l'écoutais parler sans un mot, aussi sage que l'élève studieux devant son maître jusqu'à ce qu'il conclue sur le bar et que je laisse échapper un bref rire étranglé.

- "Je ne sais pas qui du bar ou de nous a le plus besoin l'un de l'autre. On le fait vivre et je suppose qu'on est plutôt doué en la matière. En même temps" - Pauvre petit haussement d'épaule – "pas sûr qu'on retrouve tout ce qu'on a dans un autre bar."

Je me redressais un peu dire de ne plus être affalé sur mes avant-bras comme un enfant assit seul dans le noir.

- "Parler hein..."

Je déglutis et recommençai nerveusement à triturer mon bracelet. Je n'étais pas assuré mais alors pas du tout sur ce coup. Parler de moi bah... Je n'avais pas l'habitude.

- "J'crois bien que j'sais pas comment faire, j'ai toujours tout gardé pour moi."

Mes mal-êtres, mes blessures, plus encore ma famille. Je me suis laissé glisser en arrière jusqu'à ce que ma tête repose contre la surface derrière moi, mon regard tourné vers le plafond.

- "C'est pas... - Nouveau petit haussement d'épaule - "Mes parents avaient tellement peur qu'on apprenne que j'étais Positif que... Ca les dérangeait pas eux, juste... Il y a tellement de fous furieux dehors et ce petit orphelin que mon père a sauvé un jour de ces mêmes fous... Ils craignaient que ça m'arrive aussi."

Tournant distraitement mon cher bracelet, je haussai les sourcils pour moi-même, pensif, puis je continuai :

- "Je ne voulais pas en rajouter alors j'ai joué le petit garçon sage et ce qui n'allait pas, quand ça n'allait pas, je l'ai gardé pour moi."  - Je fis une pause – "C'est devenu une seconde nature je crois bien."

C'était ma façon de protéger ceux que j'aimais et elle était double : les préserver de l'inquiétude et les préserver des autres. Parce que je ne parlais jamais d'eux non plus, je les aimais mais je ne notifiais pas leur existence à tout-va, je ne me serais jamais pardonné qu'il leur arrive quelque chose à cause de moi. En un sens je faisais de mon mieux pour ne pas être la cause de leur destruction.

Je soupirai puis décalai ma tête en direction d'Alex, l'homme qui aurait presque pu être mon grand-frère.

- "Te dire ce qui ne va pas ? Je ne sais plus comment faire, je ne me souviens même pas de l'avoir su un jour. Ce que je sais... c'est que c'est un sacrément beau fouillis ici."

Je le regardai dans les yeux, tendu en l'attente de sa réponse. Saisirait-il la demande sous-jacente ?

Montre-moi comment faire...

Apprends-moi...
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Alex Peterson
Alex Peterson
Je l'ai laissé parler. Je l'ai écouté sans rien dire et j'ai attendu, mon regard dans le sien. J'oubliais souvent que Matt était plus jeune que moi mais je ne manquais jamais que je ne savais rien de lui et jusque là, ça ne m'avait pas dérangé. Je n'étais pas curieux de lui parce que je partais du principe que sa vie ne me regardait pas. Je n'avais pas à poser un jugement sur ses choix. Je pensais la même chose de ma famille et de mes amis, ceux qui comptaient réellement pour moi. Je me moquais de savoir ce que Lexy avait pu faire dans sa vie et j'appréciais qu'elle ne se pose pas la question de savoir ce qui m'avait conduit à devenir celui que j'étais. C'était pareil pour Matt et le voir ainsi me fendait le coeur. Je me suis frotté le nez en soupirant et j'ai croisé mes doigts entre eux avant de reprendre.

– Certains ont besoin de ce chaos. Parce que c'est le leur. En tout cas moi, j'en ai besoin. Ce fouillis, je l'aime, c'est mon équilibre. C'est ce qui me rappelle la vie. Mais tout le monde n'est pas comme moi et je peux comprendre que ça commence à t'oppresser. Je suis désolé... si tu te sens mal à cause de tout ça.

J'ai haussé une épaule doucement.

– Si tu ne sais pas dire ce qui ne va pas, commence par dire ce que tu ressens. Je sais que... Je réponds différemment depuis que la gamine est là mais j'aime à espérer que ton changement de comportement n'est pas uniquement du au mien. Matt...

J'ai secoué la tête en baissant les yeux sur le sol mais j'ai gardé le silence. J'ai senti comme un gouffre, ou du moins une falaise. Comme si nous étions tous les deux de chaque côté et qu'il ne tenait qu'à nous de créer un pont afin de rester unis et de conserver cet équilibre qui était le nôtre depuis que nous nous connaissions et ce, sans jamais avoir eu besoin de parler de nous, ce qui était un soulagement. Mais peut-être étions-nous arrivés à un point où le silence que nous avions conservé était responsable de ce gouffre.

– Je suis vraiment désolé, tu sais ? - J'ai relevé les yeux sur lui, les sourcils hauts - J'ai pour réflexe de tout garder pour moi aussi et je ne te demande pas de te confier si tu n'en as pas envie parce qu'il n'est pas certain que si tu me posais une question indiscrète j'y répondrais. Ca n'a rien à voir avec un quelconque manque de confiance mais plutôt de la préservation. Je veux juste que tu saches que si tu as besoin... Je suis là. Et j'espère que tu le sais.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Si lui avait besoin de ce fouillis, s'il représentait la vie pour lui pour moi c'était plutôt l'inverse. J'avais besoin d'ordonner mon esprit, mes ressentis pour ne pas me sentir envahi jusqu'à finir enfoui sous une avalanche chaotique qui représentait plus pour moi le chemin vers la mort et la damnation que la vie. Bien sûr cela n'avait pas toujours été à ce point mais quand quelque chose s'est brisé en moi il y a quelques années, des années si proches... C'était devenu quasiment la seule façon que j'avais de garder la tête hors l'eau. Lui dire ce que je ressentais... mais qu'est-ce que je ressentais au juste à cet instant précis ? Inconsciemment je crispai mes doigts sur le cuir. Ce foutoir... De la honte, du remord, des regrets, de la peine... De l'énervement, de la compassion... Du chagrin...C'était un vrai tourbillon, une tornade qui se calmait à mesure que nous discutions ensemble Alex et moi. Etait-ce le rejet ? De l'attachement... oh mon dieu, je n'avais pas fait ça? Je posai mes mains sur mes genoux pour m'empêcher de triturer mon bracelet et me retrouvai à maltraiter le tissu à la place. J'ouvris la bouche et la refermai sans émettre un son. Et puis...

- "Le fouillis de la vie hein ? Je suppose qu'on ne peut pas être plus diamétralement opposé que ça tous les deux." - Je pris une inspiration - "Pas uniquement non, je me suis laissé emporter et..." - Je me frottai sous l'oeil avec mon poing - "Ca faisait longtemps que mon passé n'avait pas envahi le présent."

Que pouvais-je lui dire d'autre ? J'étais mal à l'aise à l'idée de révéler ce que je ressentais et ça me ramènerai immédiatement à mes souvenirs, à tout revivre une fois encore. Les remords de ne pas avoir pu aider ? La culpabilité ne n'avoir pas su protéger ma famille, les sauver ? Le déchirement qu'avait créé en moi le rejet d'Hannah et qui étrangement se superposait à l'étrange amitié qui me liait à Alex ?

- "Tu n'as pas à être désolé." Parce que bon j'aurais dû savoir gérer ça... Ma voix avait pris un ton plus rauque sans que je ne puisse rien y faire. - "...Je comprends ça."

L'avais-je regardé tout du long je ne saurais le dire mais dans tous les cas je détournai le visage, peu à l'aise dans ce que je m'apprêtais à révéler.

- "Tu sais... Même si on se connait sans vraiment se connaître je crois que..." - Je pris le temps d'avaler ma salive et continuai en penchant la tête vers le bas, ma voix suivant le mouvement - "Tu es ce qui se rapproche le plus d'un frère pour moi. "

Finalement je me retrouvais le front pressé contre mes genoux et j'ajoutai d'une voix plus basse, étouffée.

-"J'aurais bien voulu..."

...que tu le sois. Et ce même si je ne voulais désespérément plus m'attacher aussi fort à qui que ce soit. J'étais crispé dans l'attente d'un possible rejet, je me sentais tellement gauche et enfantin en cet instant précis...
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Alex Peterson
Alex Peterson
N'avais-je pas été le premier à prononcer le nom de frère ? Ou bien seule Lexy en avait fait mention ? J'ai dévisagé Matt sans rien dire, attristé par ce qu'il avait vécu, même sans savoir de quoi il s'agissait. C'était venu, comme ça, sans crier gare. Cela faisait maintenant trois jours que le bar était chargé en émotions. Matt, Lexy ou moi, Jane avait créé un raz de marée sans précédent. Je ne sais pas si je devais l'en remercier ou bien m'en effrayer. J'ai porté mon poing à mes lèvres pour ne rien dire lorsque Matt m'a fait son aveu. Je voulais lui laisser une chance de finir de s'exprimer. Mais il n'a rien ajouté. J'ai soupiré en laissant mon bras pendre de mon genou. Je voulais serrer Matt contre moi mais quelque chose m'a soufflé à l'oreille que ce geste aurait paru déplacé.

– Tu sais, j'ai déjà une soeur... D'à peu près ton âge, d'ailleurs. Moins blonde que toi, aussi. Mais elle a tes yeux ! Et ton sale caractère, bien que vous ne puissiez être à la hauteur du mien, l'un comme l'autre.

J'ai posé ma main sur son épaule et je lui ai serré en m'appuyant légèrement contre lui. J'ai alors pris une voix plus douce, retrouvant mon sérieux et j'ai soupiré.

– Mais j'ai toujours voulu avoir un frère. - Sérieux qui n'a pas duré longtemps - Je m'ennuyais quand j'étais petit. Les filles, c'est nul et un garçon, c'est bien plus drôle pour faire le pitre. Matt... Ce qu'a dit Lexy l'autre soir, je le pense aussi. D'accord, je la considère moins comme une soeur mais je suis un mec et Lexy étant ce qu'elle est... Enfin, tu vois. - Je me suis frotté les lèvres de l'index avant de reprendre. - Mais quoi qu'il arrive, tu es déjà comme mon frère. Je n'ai pas besoin de connaître les détails de ta vie pour veiller sur toi. Cela dit, je suis là si tu veux en parler. Si tu veux cogner, aussi.

J'ai esquissé un sourire à la mention indirecte de mon pouvoir. Matt aurait pu me cogner, il ne m'aurait jamais fait mal. Quand bien même j'aurais senti la douleur, j'étais à toute épreuve, non ? En tout cas, pour lui, je l'étais. Ce bar, c'était ma famille et ses employés aussi. D'une voix au timbre plus normal, j'ai relancé, espiègle en me penchant un peu plus vers lui.

– Tu sais ce que ça fait un petit frère ? Ca suit les conseils de son aîné. Trouve-toi une fille. Et une bien, pas une greluche de passage. Tu le mérites.

J'ai tapé son épaule avant de me redresser et je lui ai tendu la main pour qu'il se lève avec moi.

– On a du travail et une gamine à occuper.
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Matthew Ethan Dare
Matthew Ethan Dare
Les secondes s'enchaînaient lentement, lourdes et sombres comme les battements assourdis de mon cœur. Plus le silence s'installait et plus je me crispai en l'attente d'un rejet qui arrivait visiblement à grands pas. J'étais sûr en l'entendant ouvrir la bouche que sonnait là le glas annonciateur mais au lieu de cela...

Je retins ma respiration à l'évocation de sa sœur, elle dont j'ignorais l'existence. Le fait qu'il nous comparait me donnait une lueur d'espérance incertaine. Et si finalement... Mais si je me trompais... Puis vint sa main sur mon épaule, son corps appuyé contre le mien et cette douceur... Je tournai lentement ma tête vers lui avec hésitation, celle-ci toujours appuyée sur mes genoux et je cherchai ses yeux du regard, analysai son visage. A aucun moment je n'ai prononcé de mot, me contentant juste de ne pas le quitter des yeux. Un enfant voilà ce que j'avais l'impression d'être, un enfant solitaire qui attendait beaucoup de la personne à ses côtés. Beaucoup trop. J'esquissai un geste de dénégation quand il parla de le cogner. Ce n'était pas mon genre, vraiment. A part pour défendre ma sœur ça oui, il y avait encore un ancien du lycée qui devait s'en souvenir j'en étais sûr.

Je relevai un peu la tête alors qu'il se penchait vers moi avec un air espiègle sans me douter un instant de ce qu'il allait sortir pour me faire sourire. Ce qui pour le coup était raté. Un éclair de douleur passa dans mon regard alors qu'il évoquait une fille, me ramenant à Lizzie et à ma décision de ne plus m'attacher à une femme de cette façon. Je souris à Alex, sourire que je raffermis en le sentant quelque peu tremblant et je lui répondis sur le ton de la plaisanterie.

- "Et si je n'en trouve pas, tu vas le faire à ma place ? Et vérifier que celles qui se présentent sont assez bien pour moi ?"

Je ne sais pas si je le méritais. Non. Je savais que je ne le méritais pas et surtout que n'importe quelle femme méritait mieux que moi et le peu de bonheur que j'avais à lui offrir.

Je regardai un instant la main qu'il me tendait puis y plaçait la mienne. C'était vrai le travail ne nous attendrait pas et Jane devait commencer à trouver le temps long. Je me relevai et lui offrit un sourire sincère bien que fragile, j'avais l'impression qu'une étape avait été franchie. J'ignorai s'il avait conscience d'avoir eu un aperçu du vrai Matt, celui que je ne montrais à personne et à quel point c'était rare. Ce que je savais, ce que je ressentais au plus profond de moi c'est que notre relation venait de changer irrémédiablement. J'aurais dû m'en inquiéter voir même me rebeller moi qui ne voulais plus aucune attache de cette sorte mais au lieu de ça je me sentais libéré, comme soulagé d'un poids et pour une fois je tournai le dos à cette voix qui me criait de m'éloigner, de briser ce lien.

J'ignorai fermement cette petite voix. J'avais une journée de travail qui m'attendait, une petite fille à occuper conjointement avec Alex et une enquête à mener et de plus je n'avais que deux jours. Deux jours pour me renseigner sur ce foyer et ce qui s'y tramait puis pour trouver une bonne âme et une solution au problème de Jane.

Curieusement une fois passé le brassage du début de journée, même cette perspective ne réussit pas à ombrager le calme positif qui avait fini par m'ensoleiller.

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[CLOS] [Jane/Alex/Matt] Oiseau de nuit (H+ 30)
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