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| [CLOS] [Angela/Garin] Allo, El Gringo | |
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| Jeu 18 Juin - 3:55 | | Juin 2075
Quand je suis enfin rentré, je me suis laissé tomber sur le canapé, sur le dos avec mon téléphone entre les mains et j'ai composé le numéro d'Angela dans un soupir. Le Chinois était sorti, visiblement, ce qui m'arrangeait parce que je n'aimais pas me dire qu'il écoutait aux portes. Ou alors... Je n'avais pas tapé tous les numéros et j'ai regardé autour de moi. J'étais quasiment persuadé qu'il avait planqué des caméras. J'ai haussé les épaules et j'ai posé le téléphone à côté de moi le temps qu'il sonne.
Les merveilles de la technologie, c'était qu'on avait plus besoin de coller son oreille aux machines. Du coup, je pouvais grignoter mon pop corn transgénique dans le bol en équilibre sur mon ventre. Il était tard mais je savais qu'Angela n'était pas une couche tôt. De toute façon, on ne s'appelait jamais bien longtemps, le principal étant de se parler assez régulièrement pour ne pas s'oublier. Quoiqu'il fut difficile d'oublier Angela une fois qu'on la connaissait. De toute façon, nous n'avions pas beaucoup de temps pour nous parler, à part tard l soir. Elle avait ses cours, moi les miens, son travail et moi mon Chinois... Et avec les événements de Sky, j'avais mené mes propres petites enquêtes.
Mais Angela était la seule personne que je connaissais dorénavant en ville. Sky, c'était récent et quant au Chinois... Et bien, il ne comptait pas. Même si bizarrement, j'aimais lui parler, lui poser des questions quand j'en avais pour qu'il m'aide et me guide. Je ne lui disais pas forcément ce que je voulais faire de ses réponses mais j'écoutais attentivement ce qu'il avait à dire. Et il ne posait que rarement de questions. Je voulais entretenir ma relation avec Angela, même si parfois, c'était assez difficile. Quand elle a décroché, j'ai souri malgré moi.
"Hey... Je sais qu'il est tard, je te dérange pas ?" |
| | | | Jeu 18 Juin - 10:58 | | Et voilà, encore une journée de terminé. Elles s’enchaînaient à une allure. Dire qu’on était déjà en juin. Hey mais attendez ! C’était mon anniversaire le mois dernier ! Je ne l’avais même pas fêté. D’habitude, j’invitais mes amis, on se faisait une petite soirée autour d’un barbeuc, avec un stock de bière, à discuter, à simplement profiter du moment. Cette année, j’aurais pu inviter aussi mes collègues du bar, je n’étais même pas sûre qu’ils connaissent ma date d’anniversaire. Je n’avais pas souvenir de la leur avoir dit. Certes elle était sur mon CV, mais il avait été presque directement à la poubelle, si je me souvenais bien… Mais je n’avais pas pris le temps d’organiser quoique ce soit. Je me demandais même si je n’avais pas purement et simplement zappé la date. Pas étonnant, venant de moi, mais David me l’aurait forcément rappelée. Ou alors, il l’avait fait, et je ne m’en souvenais pas…
Bref.
Une journée de terminée, nous disions donc. Une journée comme les autres, partagée entre les cours et le bar. C’était peut-être pour cela que je ne voyais plus le temps passer ? Depuis quelques temps, mes journées se ressemblaient tellement qu’elles devaient se fondre en une seule.
J’étais rentrée du boulot depuis quelques minutes. J’avais largué mon sac dans l’entrée, posé mon casque sur le meuble, et je m’étais dirigée droit vers le frigo de la cuisine pour en sortir une bière. Et puis je m’étais avachie dans le canapé et j’avais allumé la télé. David n’était pas là ce soir, il travaillait, comme souvent. Il disait qu’il réfléchissait mieux la nuit. Cela ne m’étonnait pas des masses, j’étais pareille.
J’étouffai un juron en entendant mon téléphone sonner. C’est que j’étais bien installée moi, à deux doigts de m’endormir devant la télé d’ailleurs, avec ma bière en équilibre précaire sur mon ventre. Mais je me forçai à me lever. A cette heure-ci, c’était étonnant que quelqu’un m’appelle. Mon visage s’est éclairé lorsque j’ai vu « Garin » s’afficher au milieu de l’écran. Je l’aimais bien Garin. J’aimais bien discuter avec lui… quand ça ne finissait pas en engueulade. Mais ces derniers temps, j’avais appris à me contrôler. Et à orienter la discussion sur des sujets qui ne risqueraient pas d’exploser. D’autant que je n’étais pas toujours hyper à l’aise de parler de trucs sérieux au téléphone. Je préférais quand j’avais la personne en face de moi. Mais bref, passons, tout ça pour dire que je décrochai immédiatement.
- Salut Garin !
Je me trainai à nouveau jusqu’au canapé et me laissai retomber dedans dans un bruit sourd.
- Non, tu ne me dérange jamais tu sais.
Et c’était vrai. Quelque soit le jour où l’heure à laquelle il m’appelait, j’étais toujours contente de l’entendre.
- Je viens de rentrer du boulot. Je me prenais juste une petite bière avant d’aller me coucher. Que me vaut le plaisir d’entendre ta voix ? |
| | | | Jeu 18 Juin - 12:39 | | « Le plaisir de… » J’ai ri en secouant la tête. Et puis j’ai pris une voix des plus suaves. J’en étais capable. « J’appelais juste pour savoir comment tu allais. Dis-moi ce que tu portes… »
Ok, je crois que Sky avait clairement une influence sur moi. Plutôt bonne, d’ailleurs, je dirais. Une bière avant de se coucher. Vous voyez ! El Gringo ! Je suis persuadé qu’elle ne montrait pas ce visage là à Sky. Rien qu’à moi. Il m’arrivait parfois même de l’imaginer cracher dans un bucket en dansant sur de la musique country. Pour un peu, je l’aurais même crue Texane.
J’ai ouvert la bouche et j’ai lancé un pop corn en l’air avant de le gober.Je n’avais pas envie de lui parler de l’accident de métro d’entrée de jeu. D’abord parce que je n’appelais pas que pour ça et que pour l’instant, ça m’amusait plus qu’autre chose. C’est sûrement ce qui arrive quand on connaît des situations périlleuses, on a tendance à tellement les dédramatiser qu’on ne leur donne même plus aucune espèce d’importance. Dans un sens, en ce qui me concerne, il valait mieux.
Quant à son anniversaire, il me semble que je ne le connaissais même pas. Le Chinois, sûrement, oui, il avait lu son dossier, il le connaissait même par coeur. Mais s’il avait souhaité son anniversaire, il ne m’en avait rien dit. En le connaissant, à tous les coups il s’était dit que ça ne m’intéressait pas ou que je n’avais qu’à connaître la date. Il a raison, d’ailleurs. Mais il était vendu. Je le soupçonnais d’en pincer pour Angela. Allez savoir, il était tellement imprévisible.
« Comment va la vie en Ville Basse ? » |
| | | | Jeu 18 Juin - 13:48 | | J’avoue, j’avais marqué un temps d’arrêt en l’entendant. Ce que je portais ? Sérieux ? C’était quoi cette question, et cette voix ? J’avais beau le connaitre de mieux en mieux, je me faisais avoir à chaque fois sur ce genre de blague. Mais maintenant, je ne tombais plus entièrement dans le panneau. J’hésitais, mais je ne répondais pas. Cela n’empêche qu’il y eut quelques secondes de blanc, avant que je ne secoue la tête en riant.
- Devine !
Je vidai ma bière et me redressai pour la poser sur la table basse avant de m’adosser à nouveau contre le dossier du canapé et de relever les jambes pour encercler mes genoux avec un bras.
- La ville Basse ? Ma foi, je dirais qu’elle est égale à elle-même. Dangereuse, indomptable, et tellement plus vivante que le reste de la ville.
J’avais beau vivre dans la médiane, j’avoue que je préférai nettement la ville basse. Je m’y sentais plus à l’aise. Remarquez, je ne connaissais pas la ville Haute. Je n’y avais mis les pieds que deux fois, d’ailleurs. La première pour assister à une exposition à laquelle j’avais été invitée par Richard Aberline en personne (s’il vous plait ! j’avais même fait des efforts pour l’occasion, robe et talons hauts… et oui, ça peut m’arriver). Et la seconde lors de notre excursion avec Alex et Jenna pour retrouver le petit Daniel. On ne pouvait donc pas vraiment dire que je la connaissais.
- Mais tu tiens vraiment à savoir comment va la ville basse ?
Je toussotais légèrement, me redressai un peu et repris la parole sans lui laisser le temps de répondre.
- Comment ça se passe avec le Chinois ? Il te fait pas trop vivre un calvaire ?
Allez savoir pourquoi, l’idée de le savoir sous le même toit que le Chinois me faisait doucement rire. Je veux dire… c’était le Chinois ! Il m’apparaissait comme quelqu’un de très gentil, mais tellement sérieux. Quelque chose me disait que Garin ne devait pas rigoler tous les jours. |
| | | | Jeu 18 Juin - 22:38 | | « Je parie que t’es toute nue ! La tenue commando, y a que ça de vrai. Les fringues, c’est dépassé, tu as tout à fait raison. »
Mais Angela ne connaissait pas le Chinois comme JE connaissais le Chinois. On riait beaucoup plus qu’Angela ne pouvait le penser.
« Bah ouais, elle me manque cette fichue Ville Basse, j’y vais pas assez souvent en ce moment. Pour te dire, je reviens de la ville Haute, j’ai fait un tour de Shuttle jusqu’au point d’observation en bout de ligne. Ca donnerait presque envie de s’installer là-bas. Presque. J’avais jamais pris le Shuttle, encore ! Tu verrais la population là-dedans, c’est un autre monde. »
Et puis, j’ai haussé les épaules. Est-ce que le Chinois me faisait vivre un calvaire ? D’une certaine manière, oui. Il m’épuisait, mais surtout physiquement et c’était pour mon bien, après tout. « Si. Mais il va bien. » Il a pris une balle dans la jambe à cause de ma meuf, celle avec laquelle t’as extirpé des gens d’un métro, paraît-il. « Il n’est pas encore rentré du travail mais il finit tard en ce moment. Je crois que sans ça, il s’ennuie à Megalopolis… Tu veux pas l’occuper de temps en temps ? »
Je me suis raclé la gorge.
« En fait, je viens d’apprendre pour l’accident dans le métro. Il m’en a parlé l’autre fois mais je l’ai pas cru sur le moment. J’ai eu du mal à t’imaginer à la télé, surtout alors j’ai ri et je suis remonter m’évanouir dans mon plumard. » J’ai pouffé de rire avant de retrouver assez vite mon sérieux en baissant le ton. « Non, je voulais juste m’assurer que tu allais bien. »
Je n’avais pas encore regardé l’émission, mais je ne voulais rater ça pour rien au monde. Angela et Sky n’avaient strictement rien à voir. L’une était intravertie, l’autre extravertie, les deux côte à côte, ça a dû faire son effet à l’audience, je parie. J’imaginais sans mal Sky faire son grand show, mais Angela ? La chaîne a pu se s’estimer heureuse qu’elle ait ouvert la bouche. |
| | | | Ven 19 Juin - 1:10 | | En réponse de quoi j’explosai de rire, forcément. Essayant de retrouver mon sérieux, je démentis ses dires, cependant.
- Ça aurait pu.
Non, absolument pas, ce n’était pas mon genre, me balader en sous-vêtements, éventuellement, mais avec moins que ça, non. D’autant que…
- Mais non. Désolée. N’oublie pas que je ne vis pas seule !
Je soupirai, retrouvant mon sérieux, ne pouvant cependant pas effacer ce petit sourire qui devait s’entendre à ma voix. Enfin, je crois. Il parait qu’on entend la différence entre quelqu’un de souriant et quelqu’un de neutre. Je l’écoutai me parler de son excursion en ville haute. Je vous l’ai dit, je n’y avais quasiment pas mis les pieds. Je n’étais jamais montée dans le Shuttle. Je l’avais vu, bien sûr, entendu aussi, mais n’avais jamais ressenti le besoin de sauter à l’intérieur. Je n’en avais pas eu l’occasion non plus, d’ailleurs. Ceci pouvait expliquer cela. Je ne pouvais donc que le croire sur parole.
Et puis, alors que je demandais de ses nouvelles à lui, il m’en donna du Chinois. Je fronçais les sourcils, secouais la tête (ce qu’il ne pouvait, évidemment pas voir) mais ne l’interrompis pas. D’autant que sa question me laissa perplexe, quelques secondes.
- L’occuper ?
Nouveau blanc. A aucun moment, depuis que nous étions rentrés de Colombie tous les trois, je n’avais songé à passer du temps avec le Chinois, en dehors des séances de contrôle qu’il m’imposait. Séances qui, d’ailleurs, s’étaient pas mal espacées depuis décembre, et je devais avouer que ça m’allait plutôt bien. Non pas que je n’aimais pas le Chinois, au contraire, je le trouvais sympa, et intéressant. Mais les examens, tout ça, ce n’était pas trop ma tasse de thé.
- Je doute d’avoir quoique que ce soit qui l’intéresse. En dehors du cas que je représente, je veux dire. Mais pourquoi tu l’envoies pas faire un tour en ville basse de temps en temps ? Y’a tout ce qu’il faut pour occuper un Chinois là-bas non ?
Et puis vint la question du métro. Je serrai un peu plus mes genoux contre moi et réprimai un frisson. Mais je souris, néanmoins, lorsque Garin baissa d’un ton pour me demander si j’allais bien.
- Un peu secouée, j’avoue. C’était… carrément flippant.
J’esquissai un sourire. Venant de moi, carrément flippant, ça devait être quelque chose. Je me souvenais encore de cette réflexion qu’il m’avait faite, à propos de mes peurs. Ou plutôt, de mon absence de peur. Enfin, je ne me rappelais plus ses termes exacts.
- Mais ça va mieux, maintenant. |
| | | | Ven 19 Juin - 7:33 | | "Il travaille déjà dans la Ville Basse et tu le connais mal si tu crois qu'il s'en fiche de nous... Je veux dire, hors Yu. C'est tout le contraire, sinon il ne serait pas là. Donc ouais, l'occuper. Je sais pas, viens jouer au Mah-jong avec lui. Ou faire de la couture. Viens lui compter fleurette là. Il est chiant, il tourne en rond, il m'énerve. Chuis sûr qu'il va voir des petites asiatiques en sortant du taf pour passer le temps."
Et à sa réponse, j'ai acquiescé silencieusement. Mes doigts jouaient dans le pop-corn sur mon ventre, dans le calme de la maison. Et puis, je me suis frotté un oeil. parler ou non de Sky ? Pour une raison inconnue, je n'avais pas envie d'en parler beaucoup avec Angela. Une partie de moi s'en voulait toujours de m'être servi d'Angela l'année passée. Un peu comme si une ombre planait sur nous sans que j'ai envie de l'affronter en face.
"En fait, c'est Sky, qui me l'a dit. C'est marrant parce qu'on a quelques contacts en commun. Elle connaît ton Matt, aussi, je crois ? Megalopolis, c'est si petit, finalement. Tu te souviens, je t'ai dit que je m'étais payé une petite moto, bah, l'autre jour, je suis au feu à attendre de passer et elle saute dans mon dos genre en me promettant un butin si je mets les gaz. Tu me dis butin, je pense diamants ! Non, c'était une pauvre robe à fleurs qu'elle avait piqué dans un magasin. Ca m'a amusé plus qu'autre chose."
Et je me suis arrêté là, je n'en ai pas rajouté. Même si j'avais envie de parler à Angela, il y avait toujours cette distance entre nous que je n'arrivais ni à décrire, ni à comprendre ni même tout simplement à définir. Mais elle était la seule à presque tout savoir de moi. Presque parce que je n'avais pas parlé de l'avant ni de ce que j'avais fait et découvert avant de quitter la CIA. Savait-elle même pour la CIA ? J'en avais encore froid dans le dos à y penser. Et puis depuis que j'étais rentré d'Arabie, je dormais moins bien. Le Chinois l'avait bien vu et il cherchait à occuper mon esprit. Il savait que j'avais tiré sur l'agent pour me défendre mais il savait aussi que... Ca me hantait plus que n'importe quoi d'autre.
"Je suis content de savoir que tu vas bien."
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| | | | Ven 19 Juin - 10:01 | | « Il travaille déjà dans la ville basse ». C’était un peu flippant de me rendre compte que je ne savais, finalement que très peu de choses à propos du chinois… D’ailleurs qu’est-ce que je savais réellement de lui, hormis que c’était un scientifique, comme moi ? C’était notre principal sujet de conversation quand on se voyait, les sciences, ses recherches, ses progrès. Nous avions pas mal échangé à ce sujet, d’autant plus depuis que j’avais repris mes études. Et c’était chouette de pouvoir discuter avec quelqu’un qui travaillait vraiment et qui savait de quoi je parlais. Enfin c’était chouette… ça aurait été plus sympa dans un autre contexte, c’est vrai. Parce que ces conversations étaient surtout là pour m’aider à me détendre pendant les tests.
Je levai les yeux au ciel quand j’entendis les mots mah-jong, couture, et fleurette. Sérieux ? Il était désespéré à ce point-là pour qu’il en vienne à imaginer que je pourrais faire ce genre de chose avec le Chinois ? Les deux premières, y’avait qu’à me regarder pour savoir que ce n’était clairement pas le genre d’activités que je préférais. Quant à la dernière proposition… je n’arrivais même pas à croire que ça lui soit venu à l’idée. Enfin… C’était pas la première fois qu’il semblait vouloir me caser avec quelqu’un. Parce que c’était ce qu’il me suggérait, non ? l’air de rien ? Peut-être pas, c’est difficile de savoir juste en entendant une voix dans un téléphone. C’était pour ça que je préférai parler aux gens « en vrai ».
Je commençais à avoir faim. Aussi, je me levai du canapé et farfouillai dans les placards de la cuisine. Contrairement à Garin, je n’avais pas activé la fonction haut-parleur et avais conservé le téléphone à l’oreille. J’avais tellement l’habitude que David soit à la maison, susceptible d’entendre mes conversations, que c’était instinctif en fait. Du coup, Garin devait entendre le moindre bruit que je faisais. Peut-être pas une bonne chose ?
- Non, tu connais Sky ?
J’allais continuer sur ma lancée, mais il continuait à parler, aussi, je m’arrêtai là, écoutant ce qu’il me disait. Je ponctuai son histoire de moto d’un petit bruit qui signifiait « oui ». Un peu que je m’en souvenais qu’il s’était acheté une moto. J’avais écarquillé les yeux comme pas possible quand il me l’avait dit et puis j’avais explosé de rire. Lui, une moto ! Sérieux ? Il m’avait affirmé ne pas être à l’aise avec ce genre d’engin alors je suppose que vous comprenez ma réaction. Et depuis, j’attendais toujours qu’il me la montre. Je commençais à me demander si elle était bien réelle, d’ailleurs.
- Un sacré phénomène cette fille ! Je l’aime bien. Sans elle, je ne sais pas si on s’en serait aussi bien sortis. C’est elle qui a trouvé les secours et qui nous les a ramenés. Et il était temps, j’ai vraiment cru que ce type allait me claquer entre les mains. On a discuté un peu, elle et moi, le lendemain de l’accident. Elle a pas l’air d’avoir eu une enfance vraiment rose. Et elle est sacrément perspicace pour une fille de son âge. Elle me donnait parfois l’impression de me décrypter avec une telle facilité, comme si tout était inscrit sur mon front.
Je m’emparai d’un paquet de biscuits et claquai la porte du placard au moment où les dernières paroles de Garin parvenaient à mon oreille. Je marquai un nouveau temps d’arrêt, souris et m’assis sur le plan de travail. Je n’aurais pas su expliquer pourquoi, mais ça me touchait, ce qu’il venait de me dire. Quelque part, c’était un peu comme s’il s’était inquiété. Enfin, je me trompais peut-être, ce n’était pas toujours évident de savoir ce qu’il ressentait, surtout au téléphone (oui, je sais, je me répète)
- Et toi ? Comment tu vas ? |
| | | | Sam 20 Juin - 2:07 | | Un sacré phénomène, c’était le cas de le dire. J’ai souri. J’ai tourné la tête pour regarder l’heure en écoutant Angela. Sacrément perspicace, oui. Pour une fille de son âge, non. Je connais plein de filles plus âgées qui ont l’intelligence d’un bouleau cuit. Sky était maligne, en prime, c’est sûrement ce qui l’avait sauvée. Quant à son enfance pas rose, j’ai acquiescé dans un « Mmhh » laissant entendre que je savais - même partiellement - et que j’étais d’accord. Et puis j’ai ri doucement.
« Ouais, c’est ça qui est bien avec elle. Et tout est écrit sur ton front, Angie… »
J’étais moi-même plutôt bien en phase avec elle, c’était d’ailleurs ce qui nous étonnait tous les deux.
J’ai bien perçu le bruit dans sa cuisine et j’ai haussé les sourcils, mais n’ai pas relevé. Et à sa question, j’en suis resté tout autant silencieux. Après tout, je n’avais pas manqué de mourir dans un accident de métro récemment et de là à lui raconter le guet-apens dans lequel Sky et moi nous nous sommes mis, je doute que ça l’intéressait… C’était surtout l’Arabie dont je ne lui avais pas parlé. C’était, de plus, une mission du MSS et pour autant que je sache, Angela ne savait pas que j’avais rejoint ces forces-là. Elle pensait toujours que le Chinois était là pour nous et uniquement pour nous. Je ne pouvais pas tout dire à Angela, non, mais je pouvais au moins discuter avec elle. Finalement, c’était un peu comme à la CIA, sauf qu’à l’époque, mon meilleur ami était avec moi, mon père me parlait à peine et je n’avais, finalement, que ma mère pour mentir. Qui plus est, je n’ai pas non plus eu beaucoup le temps de pratiquer et mentir. Je n’aimais pas beaucoup cacher tout ça à la seule personne que je pouvais considérer comme une amie. Mais je n’avais pas le choix, sur ce coup-là. Il ne s’agissait pas que de moi.
« Je vais bien. Je m’ennuie un peu quand il est pas là, en fait. Pour ça que je suis sorti ce soir, je viens de rentrer il n’y a pas longtemps. Sky n’arrêtait pas de me parler des gens au Casino, alors je suis allé voir. C’est magnifique là-bas ! Il y avait un coucher de soleil que même en Colombie, ils en ont pas des comme ça. Et elle m’a parlé de toi - elle t’aime bien, on dirait ! - et de son Matt et de Sunny, elle m’a parlé d’une autre fille et d’un gars qu’on a connu tous les deux il y a quelques temps. Mais la vue, là-bas est imprenable, j’aurais jamais cru ! Tu y es déjà allée ? » |
| | | | Sam 20 Juin - 6:15 | | J’ai pris un air faussement indigné, qu’il ne pouvait pas voir, mais qui s’entendait certainement à ma voix.
- Comment ça, tout est écrit sur mon front ? Tu veux dire que je n’ai pas le moindre mystère ? Mince alors. Moi qui espérais pouvoir me la jouer genre énigmatique. Il parait que ça marche bien pour la drague.
En réalité, ça m’embêtait un peu, tout de même, ce qu’il venait de dire. Parce que ouais, sincèrement, je n’avais pas tellement envie qu’on découvre tous mes secrets rien qu’en me regardant. Et si c’était le cas, ça puait. Non pas que j’avais énormément de secrets, cela dit. Mais il y avait des choses que je n’avais pas forcément envie que les gens sachent. A commencer par ma nature de Candidate.
Mais… attendez une minute. Est-ce que j’étais si facile à lire que ça ou l’étais-je simplement pour lui ? Parce qu’il me connaissait bien et que j’avais certaines facilités à parler avec lui. Parce que, autant dire ce qui est, je crois que Garin était l’un des rares à vraiment bien me connaitre. Hey, on avait quand même vécu des sacrés trucs ensemble, tout le monde ne pouvait pas en dire autant. Garin, c’était particulier donc, et pour autant, j’aimais à penser qu’il ne savait peut-être pas tout non plus. Mais je me souvenais encore de la réaction d’Alex quand il m’avait tiré les vers du nez avec ses questions auxquelles je n’avais eu d’autre choix que de répondre sincèrement (en fait, si j’aurais eu le choix, on a toujours le choix, j’avais juste décidé d’être honnête avec lui, j’avais essuyé une violente tempête, mais je crois qu’au fond, ça nous avait un peu rapprochés aussi, et finalement, je ne regrettais pas de lui avoir fait confiance). Alors bon, je n’étais peut-être pas si lisible que ça, n’est-ce pas ? Oui, je sais, on se rassure comme on peut.
Je l’écoutai me parler de son ennui quand le Chinois n’était pas là (finalement, il l’aimait bien, non ? Je n’avais peut-être pas tellement besoin de l’occuper, ce Chinois ?), de Sky, et du Casino.
- Avec elle aussi vous avez des connaissances en commun ? Et bah dis donc, dire que je croyais Mégalopolis gigantesque ! J’y suis allée une fois, au casino. J’ai juste raccompagné Sky après une sortie, pour éviter qu’elle se retrouve avec une Sunny morte d’inquiétude sur le dos. Mais je devais aller bosser, je ne suis même pas rentrée à l’intérieur.
Je soupirai et calai ma tête contre la faïence, derrière moi.
- Mais ouais, de ce que j’en ai vu, ça a l’air d’être un endroit vraiment sympa. Perdu au bout du monde. Ca ne m’étonne pas que la vue y soit chouette. Autant que celle de l’immeuble en ruines, tu crois ?
En réalité, je n’y avais jamais emmené Garin. Mais il savait de quel immeuble je parlais, c’était là-bas qu’on s’était rencontrés. Une rencontre clairement pas banale d’ailleurs. Je n’avais aucune certitude qu’il soit monté sur le toit d’ailleurs, mais peut-être y était-il retourné, par curiosité ? En tout cas, même si ça n’était pas le cas, il pouvait s’imagine la vue non ?
- On a beau dire ce qu’on veut, on ne vit peut-être pas dans le plus bel endroit de la planête, mais on a quand même de chouettes couchers de soleil à Megalopolis. Tu connais le parc qui borde la falaise de la baie, dans la Médiane ? C’est sympa aussi, là-bas.
Evidemment qu'il le connaissait, c'était là-bas qu'il avait retrouvé David non ? Après que mon frère soit parti en trombe de la maison quand il avait découvert que j'abritais l'homme sur lequel il venait de tirer... |
| | | | Sam 20 Juin - 12:35 | | Cet immeuble, je n’y avais plus jamais mis les pieds. J’avais besoin d’un endroit non fréquenté pour mes passes et savoir qu’une nana hantait les murs m’avait quelque peu dissuadé. Mais je m’en souvenais, oui. J’ai soupiré, brièvement. Ce n’était pas contre elle, mais plutôt contre cette version de moi que je haïssais. Et que je détestais d’autant plus qu’elle me rappelle. Comme si c’était quelque chose qu’on avait en commun qui avait de l’importance et une signification. Pour elle, peut-être. Pour moi… C’était plus un vieux cauchemar.
« Il n’y a que des fantômes là-bas, Angie… »
Je me suis redressé et j’ai reposé le bol de pop corn sur la table.
« Oui, je vis pas très loin. Tu devrais venir un de ces jours. »
Pour tout vous dire, je m’attendais à un refus. Angela avait cette propension étrange d’être un électron libre et de pas mal repousser les gens. En tout cas, c’était comme ça que je le voyais. C’était sa manière de se protéger, j’imagine. Je la voyais déjà me répondre quelque chose comme ‘Oui, un jour que j’aurai moins de travail’ ou ‘Oui, pourquoi pas’ et de ne rien voir venir. Je n’ai jamais vue Angela comme quelqu’un apte à prendre des risques considérés. Et je ne parlais pas uniquement de cette histoire de Candidat. Finalement, elle n’était plus malade alors c’était une victoire ! Mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser que ce n’était pas la meilleure solution. Cela dit, je n’étais pas un juge. Ce n’était pas ma vie. Je n’étais personne pour prendre des décisions à sa place.
D’autant que j’aurais pu lui parler de l’invitation de Sky à faire quoi… Un barbecue entre nous ? J’étais le premier à me rétracter. Alors j’aurais été bien hypocrite de reprocher quoi que ce soit à Angela.
« J’ai de moins en moins de trouver mon propre appart. Finalement, on est bien là. Justement, il épie tous mes faits et gestes. Dans un sens, c’est bien, si quelque chose dérape, il intervient à point nommé. Dans un autre, va fricoter une nana avec Big Brother Watching You… » |
| | | | Sam 20 Juin - 18:14 | | Je crois qu’il ne comprenait pas vraiment ce que représentait cet immeuble pour moi, ni pourquoi je continuais à y aller. Ce n’était pas forcément lié à mon passé. Certes, mes pas m’y avaient mené dans une période plutôt mauvaise de mon « histoire », mais c’était un lieu qui m’apaisait, quoiqu’il arrive. On a tous besoin d’un sanctuaire non ? Quelque soit son histoire, comment on l’a découvert, ou quoique ce soit. On a tous besoin d’un endroit où on se sente bien et en sécurité. Manifestement, Garin semblait penser que ce n’était pas un bon endroit, je n’étais pas d’accord avec ça, mais je m’abstins de le relever, me contentant de garder le silence. J’aurais fini par changer de sujet, d’ailleurs, s’il n’avait pas repris après mon histoire de parc.
Un de ces jours… Ouais, ça serait bien. J’hésitai quelque peu avant de répondre, et m’apprêtai à ouvrir la bouche lorsqu’il reprit la parole.
- Oh, je suis sûre que tu exagères. Il ne t’espionne quand même pas à ce point ! Je doute qu’il ait posé des caméras et des micros dans ta chambre. Et puis, ce qui est valable pour toi l’est pour lui également. Ca lui est déjà arrivé de ramener des filles ? Je parie que tu l’embêtes autant qu’il t’embête.
Je me redressai soudain, une idée venant de traverser ma tête.
- Et pourquoi je ne viendrais pas maintenant ?
Après tout, il était chez lui non ? Et j’étais chez moi. Je n’avais rien à faire, et quelque chose me disait que lui non plus. Etant donné l’heure qu’il était, ça aurait été étonnant. Parce que oui, il était tard. Alors, ok, j’avais cours le lendemain et j’avais déjà un bon petit paquet d’heures de sommeil à rattraper, mais je ne commençais qu’à 10h, j’aurais le temps de dormir un peu demain matin.
- Autant profiter de l’absence de Hyun. Et j’attends toujours de voir ta moto d’ailleurs. Honnêtement, je doute un peu de son existence.
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| | | | Dim 21 Juin - 3:16 | | Comme prévu, Angela a éludé ma question de venir un jour par ici. Comme prévu, ça ne m’a pas étonné.
« Je n’exagère pas. Et non, il ne ramène jamais de fille. Cela dit, moi non plus. Ca occasionne trop de questions si on voit que je vis avec un Chinois. Ca ne peut même pas être mon père ni mon oncle ou alors je dois dire que j’ai été adopté. Tu vois le tableau ? Et de toute façon, non, c’est une règle : pas de fille à la maison. Donc il va se les chercher dehors et moi aussi. »
J’ai toussé. Dans mon cas, elles… Venaient à moi. Enfin, elle.
« Mais je ne le traque pas, moi ! »
Je riais quand elle s’est redressée et qu’elle a proposé de venir. Sincèrement ? Je suis resté interdit.
« Euh… » J’ai haussé les épaules. « Oui, pourquoi pas ! Je vais finir par croire que tu l’évites, cela dit. Mais oui, après tu n’es pas une fille donc… Enfin je veux dire, tu n’es pas une étrangère, il te connaît, tu sais que je n’ai pas été adopté, c’est différent pour toi ! Tu peux venir sans problème. Et ma moto est réelle. Ok, alors… Je t’attends ? »
J’ai regardé autour de moi. Le Chinois, dans son genre, était plutôt ordonné avec le souci de la propreté. La maison était impeccable en dehors de ce que j’avais dérangé dans la cuisine. J’ai finalement raccroché et même moi, j’étais habillé correctement. Je n’avais vraiment plus qu’à l’attendre. Ce que je suis allé faire devant la maison, pour la voir arriver, assis sur le petit muret qui bordait le jardinet… avec la moto devant le garage. Nous avions un garage mais il était vide. Nous n’avions pas grand chose, en réalité. Quelques fringues, la maison était meublée, ce qui la rendait quelque peu impersonnelle, mais ce n’était pas grave, nous ne nous attachions pas à ce genre de détails. |
| | | | Dim 21 Juin - 15:49 | | « Pas de filles à la maison ». Drôle de règle. Difficile à suivre certainement. En tout cas pas facile à vivre. Je savais ce qu’il en était, il y avait la même à la maison. Enfin, une variante. Je me voyais mal ramener un homme sachant que David vivait sous le même toit que moi. Et je crois que c’était quelque chose d’encore plus gênant lorsque votre colocataire est votre frère… mais bon, on faisait avec. Et maintenant que j’étais guérie, j’allais pouvoir me prendre un appart toute seule… Sauf que je devais bien avouer que David me manquerait en fait, beaucoup. Bah, j’avais le temps d’y réfléchir !
Je fronçais les sourcils, cependant, en entendant Garin continuer.
- Il te traque ? Et bah il doit pas avoir de grandes difficultés à te trouver, vu que tu vis sous le même toit que lui ! Mais sérieux ? Dis moi, t’as quand même le droit de faire ce que tu veux, quand tu veux non ?
Je sautai à bas du plan de travail sur lequel je m’étais installée et retournai vers le salon pour récupérer mon casque et mon blouson tout en écoutant Garin.
- Ouais, j’arrive. Et c’est pas tellement que je veux l’éviter non. C’est juste que… je ne sais pas. Il est gentil, mais je ne te parlerai comme j’aimerais le faire si je le savais dans les parages. Tu comprends ? Allez, à tout de suite.
Je raccrochai, enfourchai ma moto et pris la direction de la maison de Garin et de Hyun. Il m’attendait tranquillement, appuyé contre un muret, sa moto pas très loin, visible depuis la route. Je me garai juste devant la maison, retirai mon casque et m’avançai vers Garin en souriant tout en me recoiffant d’une main (ou plutôt en ébouriffant mes cheveux, ça dépendait du point de vue).
- Salut !
Je jetai un regard vers la moto et laissais échapper un sifflement admiratif.
- Effectivement, elle est réelle.
Je m’approchai de la moto et en fis le tour, la détaillant d’un regard connaisseur.
- Belle machine. Ca coûte une blinde les bécanes comme celle-ci, comment t’as fait ? |
| | | | Dim 21 Juin - 16:11 | | Je me suis levé en la voyant arriver. Elle s'est garée et je l'ai suivie jusqu'à ma moto qui dormait sagement. Ca va, c'était pas non plus la pure beauté de l'univers, elle était petite et légère pour que, doublée par mon poids, elle raye pas la route. Les mains dans les poches, avec un sourire sur les lèvres, j'ai haussé les épaules.
"Je vis avec un Chinois dont l'argent n'est pas une préoccupation. Et compte tenu de mon comportement docile, ils ont accepté de me faire ce cadeau. Disons que je ne demande rien en temps normal, donc... De plus, c'est une occasion, elle n'est pas neuve et n'a donc pas coûté si cher. Hey !"
J'ai écarté des mèches de son visage pour mieux la voir et mon sourire s'est d'autant plus étiré.
"Tu ressembles à une fille, maintenant !!!!"
Mon tour de siffler d'admiration. Ca lui allait rudement bien ! Je mentirais si je disais qu'Angela n'était pas une jolie fille. Mais elle l'était vraiment comme ça. C'est bête l'idée reçue des cheveux courts qui font garçon, mais que voulez-vous, je suis parfois un peu bas de plafond. Je l'ai désignée du menton.
"Viens, j'ai préparé du pop corn, il va pas se manger tout seul."
J'ai invité Angela à me suivre, non sans jeter un regard alentour, comme à chaque fois que je quitte le devant de la maison pour rentrer. Le Chinois faisait la même chose. Le couloir de l'entrée était plutôt sombre avec des escaliers menant à l'étage. Mais une fois dans la pièce principale, avec le salon à droite et la cuisine ouverte à gauche, la baie vitrée murale donnait sur le jardin et sur la falaise, protégée par quelques arbres.
Je lui ai sorti une bière chinoise du frigo pour lui tendre avant de m'asseoir sur le tabouret du plan de travail central sur lequel trônait mon gros bol de pop corn.
"Alors comme ça, t'as peur du Chinois, hein ? Il est pas méchant, tu sais. C'est même assez rassurant de le savoir dans les parages !" |
| | | | Dim 21 Juin - 17:05 | | Je m’accroupis à côté de la moto, comme pour voir le moteur de plus prêt. Je n’étais pas une pro de la mécanique, mais je m’y connaissais un peu. En matière de moto, en tous cas, parce que pour les voitures, même pas la peine de me demander quoique ce soit. En fait, à l’époque où j’étais plus que fauchée, j’avais finis par apprendre à me débrouiller seule, et il m’était arrivé de mettre les mains dans le cambouis plus d’une fois. Enfin, lorsqu’il s’agissait de petites réparations pas trop graves seulement.
Je me relevai tandis qu’il m’affirmait qu’il s’agissait d’une occasion et tournai la tête vers lui, un peu étonnée suite à son exclamation. Je sentis ses mains écarter mes cheveux tandis que ses paroles arrivaient jusqu’à mes oreilles. Et je ne pus m’empêcher de rire.
- Parce que ce n’était pas le cas avant ? Merci. Je suppose que je dois prendre ça comme un compliment.
Je me passai une nouvelle fois la main dans les cheveux, les rejetant vers l’arrière et je sentis mes joues s’empourprer légèrement suite à son sifflement admiratif. Autant le dire tout de suite, quand on a des allures de garçon manqué, ce n’est pas spécialement quelque chose dont on a l’habitude. Et ca me faisait bizarre. Mais heureusement pour moi, il faisait nuit, et la lumière des lampadaires de la rue n’était pas assez puissante pour que Garin voit mes joues, n’est-ce pas ?
Je délaissai la moto pour lui emboiter le pas et le suivis à l’intérieur de la maison. En entrant, je déposai mon casque et mon blouson près de la porte et ne pus m’empêcher de promener mon regard sur tout ce qu’il y avait autour de moi avant de hocher la tête d’un air appréciateur.
- C’est sympa ici !
Je pris la bière qu’il me tendait en le remerciant et baissai les yeux en entendant sa question. Je me hissai sur un tabouret, cherchant quoi répondre à ça.
- C’est pas tellement que j’ai peur de lui. Au contraire, je l’aime bien. Je veux dire, il est gentil ; Et c’est la seule personne à qui je peux « vraiment » parler de sciences. Je veux dire, sans être obligée de tout expliquer dans le détail avant de me rendre compte que mon interlocuteur n’a strictement rien compris ou s’en moque royalement, au choix.
Je soupirai et examinai l’étiquette de ma bière, mais sans la voir vraiment.
- Mais, disons que toi et moi, on discute parfois de choses qu’il n’a pas forcément besoin de savoir. Et tu dois être un peu d’accord avec ça, non ? Sinon tu n’appellerais pas que quand il est absent.
Je piochai dans le bol de pop corn et le savourai en fermant les yeux.
- Hum, ça fait une éternité que je n’en ai pas mangé ! |
| | | | Dim 21 Juin - 22:38 | | J'ai levé un sourcil en l'observant savourer son pop-corn. Comment on peut vivre à cette époque et à Megalopolis de surcroit sans se goinfrer de pop-corn ? À part les sectes de conservateurs… Parfois, j'avais cette impression qu'Angela débarquait, tout simplement. J'ai haussé les épaules.
"En fait, j'ai pas appelé avant parce que j'étais pas rentré. Il travaille toujours de soir donc quand je t'appelle il est rarement là, c'est vrai. Mais… Non. Je n'ai pas non plus l'impression qu'on parle de trucs hyper importants, ni de secrets. Je veux dire, il sait déjà tout."
En fait, c'était moi qui ne disais pas tout de ce que je faisais avec lui quand Angela n'était pas là. Le monde à l'envers. J'ai froncé les sourcils.
"On discute parfois de choses qu'il n'a pas besoin de savoir ? Angie, la plupart du temps, on ne parle même pas de grand chose."
Je n'arrivais même pas à être plus précis en ce qui concernait Sky !
"Tu me parles parfois du travail mais est-ce que tu as un copain ? Je ne pense pas. Toujours est-il que même si tu en avais un, je te vois mal venir m'en parler. Quant à la science, tu étudies avec un tas de gens comme toi, tu n'en parles pas avec eux ?"
J'avais beau réfléchir, je ne voyais pas de quoi nous avions parlé de si secret. Ou bien était-ce moi qui n'avait trop rien à cacher avec quelqu'un comme le Chinois qui donnait l'impression de lire dans mes pensées.
"Et puis après tout, tu reviens de loin, moi je serais toi, je me serais trouvé le premier mec et j'aurais quitté la ville pour aller vivre une autre vie."
Après tout, c'est vrai. Quand on vous dit combien vous êtes malade et fini, que vous avez cessé de vivre pendant des années pour ne plus voir qu'à travers des traitements, le jour où on vous dit l'inverse et que vous avez encore au minimum une cinquantaine d'années devant vous pour danser, jouer, aimer, rire et même travailler pour vous faire de l'argent qui ne sera pas dépenser dans les hôpitaux ? Non, moi, je m'en irais. C'était même ce que je prévoyais de faire ! Je prévoyais déjà de faire le mur et si le Chinois l'avait perçu, il n'en disait rien. Etait-il même conscient que j'avais moi-même brisé le disque en Arabie ? Que ce n'était pas un accident ? A quel niveau me faisait-il confiance ? Aucune idée mais bizarrement, il était un peu la raison pour laquelle je me faisais docile avec le MSS. Il me montrait autre chose que la violence actuelle.
J'ai eu un sourire en coin.
"Non ? Personne ? Allez, une jolie nana comme toi."
Oui oui c'est bien moi. |
| | | | Lun 22 Juin - 15:23 | | Je rouvris les yeux et les posai à nouveau sur Garin. J’esquissai une moue un peu gênée et fixai le bol du pop-corn avant d’en piocher encore un peu. Je sais que je ne lui parlais pas tant que ça. Mais en réalité, ce n’était dû au fait que ce soit lui, mais plutôt au moyen de communication que nous avions. Bon, ok, il y a des sujets que je n’aurais probablement pas abordés de moi-même avec lui, comme la question du petit copain par exemple. Enfin, en même temps, pour ce qu’il y avait à en dire… Mais il y avait d’autres sujets dont j’aurais aimé discuter avec lui. Vous vous souvenez, quand je m’étais tournée vers Alex à propos de mon pouvoir ? Vous vous souvenez pourquoi j’avais été vers lui et pas vers Garin ? Parce que je voulais avoir un autre avis, ok. Mais aussi parce que je me voyais mal en parler par téléphone. Et c’était ce que je voulais lui expliquer, mais il avait enchaîné sans me laisser le temps de parler. Mais ce n’était qu’une question de minutes.
- Si, bien sûr, j’en parle avec les étudiants de ma promo. Mais ce n’est pas pareil. Je veux dire, ce sont des étudiants, ils en sont au même stade que moi dans leur réflexion. Les questions que je me pose, ils ne peuvent pas forcément y répondre. Hyun est… il est dedans quoi. Il n’est pas juste étudiant, il travaille, il fait des recherches, de vraie recherches. Il a des connaissances et l’expérience qui va avec. Il sait beaucoup plus de choses que les autres étudiants. C’est un autre niveau de discussion que j’ai avec lui. Tu vois ?
Pas sûr, j’avais toujours eu du mal à exprimer clairement mes idées. Il y a un proverbe qui dit « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Et bien il ne fonctionnait pas pour moi. La plupart du temps, j’étais incapable d’expliquer clairement avec des mots, ce que je ressentais vraiment. La plupart du temps, j’avais l’impression que les mots justes n’existaient tout simplement pas. Mais bref, là n’était pas la question.
Quant à trouver un mec et quitter la ville… c’était marrant, mais cette idée ne m’était même pas venue à l’esprit. Certes, je songeais à quitter le pays quelques temps. J’avais envie de voyager, d’aller… je ne sais pas, en Irlande pour commencer, et en France peut-être, pour parfaire mon accent. D’ici quelques semaines, j’aurais fini les cours, je serais en vacances pendant deux mois, j’avais enfin la possibilité de quitter Megalopolis et j’avais envie d’en profiter, tout en sachant que j’y reviendrais, forcément. Mais il faudrait d’abord que je négocie cela avec mes collègues. Donc non, partir une bonne fois pour toute ne faisait pas partie de mes projets. Pas dans l’immédiat en tout cas. Après, il n’était pas impossible que je change d’avis un jour.
Je tournai à nouveau la tête vers lui quand il insista. Je haussai un sourcil dubitatif et avalai mon pop corn.
- « Jolie » ? T’es sérieux ? T’avais même pas l’air d’avoir remarqué que j’étais une fille avant ce soir !
Oui, bon, j’exagérais, c’était certain. Evidemment qu’il savait que j’étais une fille. Mais c’était pour le charrier, et en référence à sa remarque de tout à l’heure aussi.
- En fait…
Allais-je me lancer ? Qu’est-ce que je pouvais répondre à cette question d’ailleurs. Est-ce que j’avais un copain ? Non, pas vraiment, pas dans le « strict » sens du terme. Mais il se passait quelque chose, avec Alex, non ? Le problème, c’est que je ne savais même pas comment le définir !
- Tu sais, je ne suis pas forcément très à l’aise pour parler par téléphone. Je préfère avoir les gens en face de moi. Et on ne peut pas dire qu’on se voit très souvent, ce qui peut expliquer qu’on ne parle pas beaucoup… Et donc pour répondre à ta question, non, pas de copain. Un truc que je ne sais pas comment décrire, oui, par contre. Mais pas de copain. Je grimaçai légèrement et repris.
- Le souci c’est qu’être jolie ne suffit pas. Tu me connais, j’ai un sale caractère et j’ai également cette faculté de tout gâcher, systématiquement. Je t’ai dit que j’avais revu Jason ? |
| | | | Mar 23 Juin - 1:37 | | Cette aptitude là, oui je la connaissais. J'y étais également abonné, d'ailleurs. Cela dit, je m'étonnais que Sky soit toujours là. A son tour, je me serais sûrement enfui à toutes jambes. Un mec comme moi ça sent les ennuis à des kilomètres, après tout. Mais à ça aussi, elle était abonnée et finalement, elle était toujours là. Etonnant, non ? Alors j'ai acquiescé et l'insouciance qui me caractérisait alors s'est transformée en une méfiance aiguisée, que Sky aussi avait pu expérimenter. Plus qu'Angela.
Je me suis redressé en posant mes mains sur le comptoir et j'ai froncé les sourcils.
"Est-ce que je ne t'ai pas dit que c'était une mauvaise idée de continuer à voir Jason ?"
D'accord, je n'avais pas à contrôler Angela, mais bon sang ! C'était une chose de danser avec Abel, c'en était une autre d'avoir tout Liberation au cul ! Pour ainsi dire, à ce qu'elle me disait, elle vivait un truc avec Jason. Depuis combien de temps ? Okay, j'avais fait une erreur, mais était-elle vraiment obligée de me la mettre sous le nez tous les jours ? N'avait-elle jamais compris qu'il ne valait mieux pas que Jason sache où je suis ? Pour le moment ? Non, bien sûr que non... Mon visage s'est durci. Bien plus que je l'aurais sûrement voulu, parce que je savais que c'était mal de juger avant de savoir. Mais que voulez-vous, il m'arrive d'être soupe au lait en prime.
"Non, tu me l'as pas dit, j'imagine que c'est parce que t'es pas fan du téléphone ?!"
Oui, je trouvais l'excuse foutrement légère pour le coup. Contrairement à Sky qui ignorait qui j'étais, Angela pouvait passer n'importe quand sans que le Chinois ne se mette en alerte rouge. |
| | | | Mar 23 Juin - 3:57 | | Je fronçais les sourcils et tournai la tête vers Garin, suspendant dans le même geste la trajectoire d'un nouveau pop-corn vers ma bouche.
- Si.
Je baissai la main et pivotai sur mon tabouret pour lui faire face. L'attitude de Garin avait brusquement changé. Il s'était refermé, comme une huitre. Quelque chose me disait que j'allais devoir faire attention à mes mots.
- Et j'ai suivi ton conseil.
Enfin, ce n'était pas totalement lié à Garin d'ailleurs. Plutôt au fait que, comme je le lui avais déjà dit une fois, je ne rappelai jamais. J'avais déjà fait une exception pour Jason, mais je n'avais pas l'intention d'en faire une deuxième, surtout vu la façon dont le rendez-vous s'était terminé. Alors non, je n'avais pas cherché à le relancer. Et puis, au bout d'un moment, j'avais fini par l'oublier.
- J'ai pas cherché à le revoir. Mais je l'ai croisé par hasard à la fac. Il accompagnait... comment elle s'appelle déjà ? Cette fille qui était avec lui lorsqu'il est revenu te chercher ?
Décidément, pas moyen de me rappeler de son prénom à elle. Je me souvenais parfaitement bien du regard qu'elle m'avait lancé, en revanche. Sur le coup, je n'en avais pas compris la signification. Je ne la connaissais toujours pas d'ailleurs, mais à vrai dire, ça m'était égal, je n'avais pas l'intention de la revoir.
- Mais rassure toi, grâce à mon charme légendaire, il ne peut plus me voir en peinture ! Je t'avais dit que ça collerait jamais ! Enfin bref, tu vois, c'était juste pour illustrer mes propos. Mais je pourrais te citer plein d'autres exemples. A commencer par toi, d'ailleurs. Mais heureusement pour moi, tu résistes plutôt bien face à mon "pouvoir".
Je mimai des guillemets en prononçant le mot pouvoir, adressai un clin d'oeil à Garin, espérant avoir désamorcé le conflit que je sentais poindre, et permis enfin au pop corn d'atteindre son but. D'ailleurs, en parlant de pop corn. Il allait peut-être falloir que j'arrête non ? A ce rythme-là, j'allais m'enfiler tout le bol... |
| | | | Mar 23 Juin - 9:29 | | "Annie. Ce n'est pas un conseil, Angie, c'est une mise en garde. Jason ne doit pas savoir que je suis ici ! Ni lui, ni Annie, ni les autres."
Je me suis apaisé. Mais pas assez pour être totalement calme. Est-ce que Jason suivait Angela à la fac ? Quoique je me suis souvenu qu'Annie y étudiait, aussi, en plus de la clinique. J'ai baissé les yeux et mâché lentement mes pop corn.
"Moi ? Mais..." J'ai soupiré en me passant les mains sur le visage jusqu'à ce que mon front touche le plan de travail. Je suis resté la tête dans mon bras quelques secondes. Angela avait une aptitude exceptionnelle à mettre les pieds dans le plat sans s'en rendre compte ou sans y faire véritablement attention. Je ne résistais pas à son pouvoir de... Peu importe ce que c'était cette capacité à agacer. Je faisais avec, surtout. J'ai relevé la tête en laissant mon menton dans ma main, pour la regarder dévorer les pop-corn bien volontiers.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? De toute ma vie, je n'ai jamais vu Jason s'énerver. Jason ne s'énerve pas. Jason est un moine Buddhiste, mais noir catholique. Et si tu ne parlais pas de lui avant, de qui tu parlais, alors ?" J'ai haussé les épaules. "Et je suis certain que ça aurait marché. Tu es typiquement son style. Tu as sûrement dit ou fait quelque chose sans t'en rendre compte. Mais c'est le diplomate de la bande. Tu ne peux physiquement pas l'énerver." |
| | | | Mar 23 Juin - 10:32 | | - Conseil, mise en garde, peu importe, du moment que le résultat est le même. Et je ne vois pas comment ils sauraient où te trouver. Ce n'est certainement pas moi qui le leur dirai.
Mon regard fixé sur le bol de pop corn qui me suppliait de le manger, je perçus simplement le mouvement de Garin du coin de l'œil. Je tournai alors la tête vers lui pour mieux voir. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Qu'est-ce que j'avais encore dit pour qu'il prenne cette attitude que je qualifiais de désespéré ? Je l'interrogeai d'un regard qu'il ne pouvait pas voir et me dis qu'il valait peut-être mieux ne pas insister... Et d'ailleurs, il relevait déjà la tête et se remettait à parler de Jason.
Je haussai les épaules et secouai la tête.
- Ben faut croire que si. Parce que vu la façon dont il m'a plantée sur ce parking, me laissant me débrouiller seule pour changer ma roue, dire qu'il était un peu énervé est un doux euphémisme... Je ne sais pas ce que j'ai fait. Enfin... Si. J'ai merdé, en beauté d'ailleurs. Mais c'était pas dans mes intentions. J'ai pas réagi comme il espérait certainement que je le fasse, ça l'a vexé, il m'a rembarrée et... Bref, tu commences à me connaître maintenant. J'étais pas en super forme et je suis partie en vrille.
Je levai une main, paume vers lui, comme pour préciser quelque chose, en apparté.
- Mais je travaille là-dessus. J'apprends à me contrôler.
Je chopai un nouveau pop corn.
- Enfin bref, si tu en doutais encore, tu peux voir que je suis la reine des embrouilles de ce genre, je suis au top niveau là !
Je levai une main pour dessiner une ligne imaginaire loin au dessus de ma tête et la reposai sur la table. Ca me faisait suer, vraiment, mais face à Garin, je préférais en rire. Pas la peine de trop plomber l'atmosphère, je sentais qu'on venait tout juste de frôler la catastrophe alors...
- Et arrête d'essayer de me convaincre pour Jason ! Je te rappelle que je dois me tenir éloignée de lui. Évite de me le faire regretter !
Nouveau rire, nouveau pop corn, et la question à laquelle je n'avais pas encore répondu me revint.
- Et je parlais d'un de mes collègues, en fait.
Et une petite gorgée de bière pour faire passer tout ce pop corn. |
| | | | Mar 23 Juin - 12:27 | | "Je n'essaye pas de te convaincre de quoi que ce soit, Angie, ce que je veux dire c'est qu'il s'est passé quelque chose pour que la seule nana qui lui plaise - de ce que j'en sais - le foute en rogne autant que tu peux m'énerver parfois. C'est le gars le plus calme et le plus objectif que je connaisse. J'essaye de te dire que ça ne vient peut-être pas de toi. En fait, je pense très honnêtement… Que ça ne vient pas de toi."
Est-ce que j'étais en train de m'inquiéter ? Pourquoi j'avais tant envie de savoir ce qui s'était passé ? Pour elle ou pour lui ? Jason était quelqu'un de bien, la morale même de Liberation, j'imagine que sans lui, ils ne seraient qu'une bande assoiffés de sang ? Peut-être pas car Gen a son mot à dire dans la maternité du groupe. Annie leur offre une certaine innocence en fait et Jericho… Et bien, Jericho, c'était Jericho. A bien y repenser, Liberation n'a rien à voir avec la bande de sauvages qu'on décrit. A part pour Abel, bien sûr. Et peut-être un peu Libby. Elle vous fait pas flipper, des fois ? La façon qu'elle avait de me regarder… Brrr… J'en ai encore froid dans le dos. Mais à aucun moment, je n'ai songé que Jason ait pu parler de Jericho. Même sous couvert. Il était tellement fermé que je ne le voyais pas s'ouvrir, pas même à Angela.
"Pas réagi à quoi ? Qu'est-ce que tu lui as dit ? De plus, tu es Candidate, tu es guérie, t'as un gars chais pas quoi même, tes études, ton boulot… En quoi tu n'étais pas en forme ?"
Quand je ne suis pas en forme, c'est que j'ai pris une rincée par le Chinois en entraînement, ou sans entraînement, si on en juge Sky. Alors… Je n'ai pas pensé qu'elle pouvait juste avoir une rude semaine qui la fatigue. Mon seuil de priorités et de difficultés a toujours été plus haut que celui d'Angela. Mais pour le coup, je ne l'en blâmais pas. Nous n'avions pas eu les mêmes expériences. |
| | | | Mar 23 Juin - 13:19 | | Ca ne venait pas de moi ? Aussi étrange que cela puisse être, il ne m’était jamais venu à l’idée, que ça n’était peut-être pas entièrement ma faute. Je veux dire, j’avais beau ne pas réellement comprendre ce qu’il s’était passé ce jour-là avec Jason, j’avais la certitude que c’était bien moi qui l’avais mis en rogne. Je veux dire, l’instant d’avant on se marrait, et puis, j’avais dit ou fais quelque chose et tout avait basculé. Correction, je n’avais rien dit, rien fais, et c’était ça qui avait tout fait basculer. Sur le moment, je n’avais pas compris tout ça, que c’était mon indifférence qui avait tout déclenché. Mais disons que ma « conversation » avec Alex, m’avait éclairée à ce sujet aussi.
- Il m’a parlé d’un ami à lui, qu’il avait perdu dans les émeutes. Garin, tu sais comment je réagi face à une telle situation. J’ai beau l’avoir vécu une bonne dizaine de fois, c’est toujours pareil. Je l’ignore, je pense à autre chose, je parle d’autre chose. C’est ma façon à moi de gérer ça, parce que je n’ai pas la force de le gérer autrement. J’ai supposé que c’était la sienne aussi alors j’ai fait comme d’habitude. Je voulais, lui changer les idées, qu’il arrête d’y penser, ne serait-ce que quelques minutes. Mais ça ne devait pas être ce qu’il attendait de moi.
Je levai les mains au ciel, impuissante.
- Pourquoi j’étais pas en forme ? Tu viens toi-même de donner les réponses. Boulot, études, candidate. Je suis débordée, et je ne maitrise pas mon pouvoir. Je ne m’en plains pas, c’est ce que j’ai voulu. Et je ne veux pas que ça soit autrement. Seulement, ça implique de la fatigue, beaucoup, et de l’inquiétude aussi, parce que je suis incapable de maîtriser correctement mon pouvoir, même si j’ai fait des progrès depuis quelques semaines. Mais ce jour-là, en plus de ça, je venais de passer la nuit en quarantaine, enfermée dans un laboratoire avec un imbécile lourd au possible que je devais repousser toutes les cinq minutes. Et quand enfin on m’a libérée, c’était pour me rendre compte que ma moto avait un pneu crevé.
Je relevai les yeux vers Garin, me passai la main dans les cheveux, les rejetant vers l’arrière et soupirai avant d’enchaîner.
- Je sais, c’est pas grand-chose. Mais j’ai pas le même seuil de tolérance que toi. Mais je commence à m’endurcir, je crois. Y’a qu’à voir l'histoire du métro.
Ouais, finalement… ça m’avait secouée, mais contrairement à ce que j’aurais cru, je ne m’étais pas effondrée sur place. Au lieu de ça, j’avais agi. Et apparemment, j’avais fait ce qu’il fallait, ce qui m’avait valu mon interview dans l’émission de Shannon O’Dair. Je m’en serais bien passé d’ailleurs, entre nous. |
| | | | Mar 23 Juin - 14:22 | | Jason avait donc cherché à parler à Angela ? J'ai ouvert la bouche en me redressant.
"Oh Angela…"
Les mains sur le rebord, j'ai fermé les yeux en baissant la tête. Que Jason ait pu chercher à se confier m'a semblé totalement incohérent, mais après tout, j'avais moi-même eu ma façon de réagir à tout ça. Nous avions chacun, à notre manière, une façon de prendre les choses de la vie quand elles nous atteignaient. Mais pour moi, Jason aura toujours été le gars que rien ne touche. Je me suis passé une main sur le visage avant de la regarder.
"C'est pas ta faute."
En partie, peut-être mais je n'irai pas l'accabler. Jason était le dernier de mes soucis. Je n'allais pas m'inquiéter pour lui quand il avait très probablement reçu l'ordre de me trouver et de me finir. Je me suis levé en soupirant pour aller me chercher un soda dans le frigo.
"Pour ton pouvoir, tu en as parlé au Chinois ? C'est très récent, Angie, ça va venir avec le temps, il ne faut pas que tu te presses. Laisse-le venir à toi. Je suis la preuve vivante que ce sont des choses qui arrivent quand tu as le plus besoin." J'ai ouvert ma bouteille et me suis réinstallé en haussant les épaules. "Le secret, c'est de ne pas y penser. Je sais que c'est dur pour toi parce que c'est nouveau. Mais garde ton esprit occupé à autre chose. Autant que tu le peux, du moins. Et peut-être que tu as voulu trop en fait dès le début. Tu aurais dû y aller plus doucement. Te reposer un peu, non ? Tu sais ? Profiter, prendre des vacances bien méritées… Tu aurais le droit, tu sais ?"
J'ai haussé les sourcils en penchant la tête dans une moue entendue. |
| | | | Mar 23 Juin - 15:12 | | - Si tu le dis.
Je pointai le goulot de ma bière dans sa direction, comme une espèce de salut, avant d’en prendre une gorgée. Croyez ce que vous voulez, peut-être qu’il avait raison. J’espérais qu’il avait raison. Sauf que je n’étais pas stupide. Ce n’était peut-être pas entièrement ma faute, mais j’avais quand même ma part de responsabilité dans l’histoire non ? Je veux dire, j’avais merdé. Il venait de perdre un ami et je l’avais agressé parce qu’il me reprochait ma façon de réagir. Dans le genre manque de tact, y’en avait pas deux comme moi. Dans le genre fout la merde non plus d’ailleurs. En fait, je commençais à me dire que Jason avait pas eu de pot en tombant sur moi. Il s’était « ouvert » à la mauvaise personne. Si je le recroisais un jour, mais j’en doutais sincèrement désormais, je m’excuserais pour tout ça.
Je suivis Garin du regard tandis qu’il revenait s’asseoir à mes côtés.
- Oui je sais. Mais j’ai mis ma vie entre parenthèse pendant 3 ans. J’avais vraiment envie de la reprendre là où je l’avais arrêtée. J’ai la sensation d’avoir perdu tellement de temps… On m’offre une seconde chance, je veux la mériter. Mais l’année est presque terminée, je vais avoir deux mois de vacances. Bon, il faut que je continue à réviser parce que j’ai encore du retard à rattraper et il y a le bar aussi, mais j’aimerai partir, une ou deux semaines. Loin, quitter le pays. J’ai toujours rêvé de voyager sans pouvoir le faire.
J’esquissai un sourire à Garin et reportai mon attention sur le bol de pop corn.
- Quant à mon pouvoir, oui, j’en ai parlé à Hyun, un peu. Il m’a donné quelques conseils, mais ça ne donnait rien… T’as raison, j’étais peut-être trop pressée de le maîtriser à la perfection. Mais j’en pouvais plus de pas pouvoir toucher les gens, d’avoir peur qu’ils me refilent un virus trop fort pour mon pouvoir en me frôlant la main par inadvertance.
Vous savez, il parait qu’on peut facilement décrypter les pensées des gens rien qu’en regardant leurs mains et ce qu’ils en font quand ils parlent. Pour ma part, les miennes étaient occupées à retirer l’étiquette de ma bouteille de bière. Etiquette qui me résistait d’ailleurs, ne se détachant que par petits bouts.
- Il m’a fallu pas mal de temps pour comprendre comment l’empêcher de s’activer. Mais j’ai fait des progrès, grâce à…
Un collègue ? Ami ? Plus que ça ? Un jour, il faudrait que je prenne le temps de définir ce qu’il représentait vraiment pour moi. En attendant, il y avait bien un mot qui le définissait à la perfection.
- … Alex. Il m’aide pas mal à appréhender tout ça. Bon, ça ne marche pas à tous les coups, mais si je me concentre bien, j’arrive à empêcher mon pouvoir de se réveiller quand je touche quelqu’un.
J’avais retiré le quart de l’étiquette, et mes doigts continuaient à s’acharner dessus.
- C’était ton ami, à toi aussi ? |
| | | | Mer 24 Juin - 6:20 | | Si elle était nerveuse, pas moi. Je l'ai écoutée parler en jouant de ma bouteille entre les paumes de ma main, appréciant la fraicheur. Donc elle voyait un gars... Un collègue... Qui l'aidait dans son pouvoir, pour le maîtriser ? D'accord, je pouvais vivre avec ça. Le Chinois ne voulait pas que sa condition s'ébruite mais pour ma part, en fait, je m'en fichais, elle faisait encore ce qu'elle voulait. De plus, ses collègues étaient de ceux qui m'avaient sortis de là, alors... Je trouvais même bien qu'elle ait des gens autour d'elle pour l'aider, plutôt que nous. C'était plus "normal" pour sa vie. J'ai acquiescé lentement jusqu'à ce qu'elle me pose sa question. J'ai haussé les sourcils.
"Qui ça ?"
J'étais concentré sur elle, je n'écoutais qu'elle et je n'avais déjà plus l'esprit sur Jason, ou même Jericho. Le temps que ça remonte, j'ai secoué la tête.
"Ah ! Euh... Autrefois, peut-être ?"
C'était un doux euphémisme. Un an plus tôt, tout avait changé et quelques mois plus tard, ma vie toute entière avait été bouleversée. Il me semblait que c'était il y a une éternité tant plus rien n'était comme avant et plus jamais ne le serait, d'ailleurs. Je n'étais pas vraiment ami avec Jericho, même si nous nous entendions bien. Cela dit, il s'entendait avec tout le monde, mais j'étais bien plus proche d'Annie. Cela dit, je savais que Jericho et Jason étaient peut-être un peu plus que de simples copains à la façon dont ils se chamaillaient pendant les communications de missions. Ils adoraient s'amuser de leurs diminutifs commun, Jay et en faisaient pas mal de jeux de mots.
"Mais la prochaine fois que quelqu'un te fait savoir qu'il vient de perdre quelqu'un, sache que la demande sous entendue n'est pas de changer les idées. Je pense que tu peux travailler là-dessus, pour commencer. Admettons que tu me dises que ton meilleur ami a été abattu lors d'une émeute par les forces de police alors qu'il tentait de sauver une gamine des flammes - ou un truc du genre - je doute que la réponse que tu attendrais de ma part soit..." Je hausse d'autant plus les sourcils en penchant la tête. "'Les pop corns sont cuits'. Tu vois ce que je veux dire ? Et si c'est pas mon truc bah... je fais un effort. J'imagine que si tu fais ça, c'est que tu attends quelque chose de moi ? J'en sais rien moi, un câlin, peut-être, peu importe ce que tu voudrais dans ce genre de cas."
Avoir parlé de ça m'a rappelé Sky et Itembe parce que ce n'était pas plus tard que dans la soirée. Je me souvenais aussi qu'Angela avait également perdu quelqu'un, bien que je ne me souvienne plus de ma réaction car j'étais encore shooté de mon retour d'entre les morts. J'ai envoyé un pop corn dans ma bouche.
"Tiens, j'ai trouvé une solution pour retrouver la sensation des choses ! A moi les peaux douces."
Immense sourire. |
| | | | Mer 24 Juin - 7:17 | | Je relevai les yeux sur Garin tandis qu’il semblait ne pas comprendre de qui, ou de quoi je parlais. Et je devais bien avouer que ça réponse me surprenait un petit peu. Il n’avait pas l’air plus affecté que ça par la perte de son ami qui finalement n’en était peut-être pas vraiment un. En tout cas, ce n’était pas ce qu’avait laissé entendre Jason. Mais je m’abstins de tout commentaire. Je suppose qu’il s’était peut-être trompé à ce sujet. Je veux dire, quand on apprécie beaucoup certaines personnes, on aime à croire que nos amis les apprécient également, même si parfois, ce n’est pas totalement vrai.
Je reportai mon attention sur ma bouteille et sur son étiquette tandis que Garin reprenait la parole. Mais alors que je l’écoutais, qu’il me conseillait, mes mains s’immobilisèrent et je baissai la tête. Il avait raison, je le savais bien. Mais je me sentais toujours tellement impuissante dans ce genre de situation. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Je me souvenais d’avoir pris une des mains de Jason dans les miennes, mais j’en étais restée là.
J’acquiesçai doucement. Oui, je comprenais ce qu’il me disait, où il voulait en venir. Et oui, je reconnaissais qu’il avait raison. J’allais corriger cela, faire des efforts. Alex et David m’avaient fait entrevoir une personne que je ne voulais absolument pas être et j’étais bien décidé à changer ça. Parce que quoiqu’il arrive, quoiqu’on fasse, on peut choisir d’être qui on veut être. C’était comme ça que je voyais les choses. Il y avait cependant une chose sur laquelle Garin se trompait. Si ça m’était arrivé à moi, si ça avait été un de mes proches qui avaient perdu la vie ce jour-là. Je n’en aurais pas parlé. A personne. Et j’aurais rembarré quiconque aurait essayé d’aborder le sujet. Parce que c’était toujours comme ça que je réagissais quand je perdais quelqu’un. Ce n’était pas la bonne façon, je le savais. Seulement, c’était la solution la plus simple. Et il arrive parfois qu’on soit trop lâche pour essayer de trouver la meilleure solution quand on sait que ce sera la plus douloureuse. Cette méthode avait ses inconvénients bien sûr. Vous vous souvenez de la réaction que j’avais eue lorsque Garin avait prononcé le nom de Peter alors que je venais de le lâcher par inadvertance ? J’avais cassé un bol…
- Il y a tellement de choses sur lesquelles je dois travailler…
J’avais lâché ça dans un murmure, plus pour moi que pour lui. On ne pouvait pas dire pour autant que j’avais l’air découragée. Au contraire, j’étais bien décidé à changer tout ça, à corriger mes défauts, à arrondir les angles. Mon père disait toujours qu’avec de la volonté, on arrivait à tout. Et j’étais remplie de bonne volonté alors je devrais pouvoir le faire, non ?
Suite au dernier commentaire de Garin, je relevai sur lui un regard surpris.
- Tu peux à nouveau ressentir quand on te touche ? C’est vrai ?
Hey, mais c’est plutôt une bonne nouvelle ! criait mon regard. |
| | | | Mer 24 Juin - 9:41 | | "Ouais, mais si déjà tu le sais, c'est bien."
Regardez qui cause. Si on me demandait de changer, j'enverrais mon majeur. Ou pas, je ne suis pas certain. Ca dépend qui, quoi, pour quelle raison. Le souvenir de Jericho avait laissé un fin sourire sur mon visage, distant. En jouant avec ma bouteille, j'ai fini par acquiescer.
"Ouais, ça m'est tombé dessus par hasard. Je me suis battu et mon pouvoir s'est activé. Le Chinois m'a forcé à prendre le contrôle. Il a toujours été persuadé que je pouvais inverser le processus au lieu de seulement le laisser s'estomper. J'ai pas eu le choix, j'avais besoin de ma main alors j'ai fait un effort et..." J'ai ouvert les mains et j'ai dodeliné de la tête. "J'ai retrouvé le toucher. C'est temporaire mais c'est plutôt sympa. Depuis, je m'amuse à travailler ça mais ça me bouffe une énergie de dingue. Ca me rendait fou au début de pas ressentir. Et quand j'ai eu Sky dans mon dos sur la moto, j'avais l'impression qu'elle tombait, simplement parce que je la sentais pas. A ce sujet, tu t'es trouvée une copine en matière d'aimant à ennuis... Elle en tient une sacrée couche."
J'ai ri parce que de vous à moi, à elles deux, je faisais petit joueur en matière de conneries. Entre la première qui s'attirait tous les trucs de l'univers, et l'autre à laquelle la vie jouait des tours...
"Tu sais lire dans les lignes des mains, toi ?"
Je me suis regardé la paume comme une immense curiosité, prenant plus ou moins de la distance.
"Je me demande si ça montre que je suis mort une fois ou deux..."
Et je lui ai tendu ma main pour lui montrer. Je n'avais pas eu le fin mot de l'histoire avec Sky, en fait et j'étais curieux. Quand elle avait commencé son observation, je me suis demandé si ça se verrait comme les mariages ou les amours, je sais pas quoi. Ca me paraît plutôt impossible dans mon cas, mais les mystères et moi, on s'aimait bien, ça maintenait notre curiosité éveillée.
"Je connais pas beaucoup de gars qui peuvent prétendre que leurs lignes de mains se fendent à deux endroits sans être dans la tombe."
|
| | | | Mer 24 Juin - 12:49 | | - C'est marrant, mais je me suis toujours dit que si quelqu'un me demandait de changer, il irait au oubliettes direct. Tu vois ? C'était genre, "tu me prends comme je suis ou tu dégages". Aussi simple que ça, pas de négociation possible. Mais finalement, j'ai revu ma copie.
Je haussai les épaules et adressai un sourire à Garin. Y'a que les imbéciles qui changent pas d'avis il paraît. Je n'étais pas un cas si désespéré finalement !
Je l'écoutai me raconter comment il avait réussi à inverser la tendance de son pouvoir, un léger sourire venant éclairer mon visage. Je comprenais ce qu'il avait pu ressentir. Enfin... Je crois. Quoique, ce n'était pas tout à fait la même chose. Je ressentais le toucher des gens, c'était juste contact de mes doigts sur leur peau qui m'envoyait direct explorer leurs entrailles. Donc non, ce n'était pas la même chose. Malgré tout, j'essayais de me mettre à sa place. Et j'étais contente pour lui. S'il pouvait y arriver, et même si ça lui demandait beaucoup de temps et de concentration, à force d'entrainement, qui sait ça deviendrait peut-être instinctif, comme j'espérais que ça le serait pour mon propre pouvoir.
Je l'accompagnai dans son rire, tandis qu'il me parlait de Sky.
- Ouais, on va pouvoir faire le concours de celle qui en attire le plus. Tu pourras faire l'arbitre si tu veux. A condition d'être impartial !
J'agitai mon index devant ses yeux, comme pour lui dire "attention, je t'aurai à l'oeil". Je baissai la tête, souris, posai les yeux sur le pop corn et cédai à nouveau à la tentation.
- Les lignes de la main ? J'ai lu comment faire, une fois, dans un bouquin. Montre ?
Je pris la main qu'il me tendait et l'examinai, suivant du doigt une ligne, faisant celle qui s'y connaissait.
- Hum... Etrange, vraiment...
J'avais pris un air sérieux, un ton un peu mystique, comme le faisaient les voyantes dans les films, le truc qui pue l'arnaque à des kilomètres.
- Wow, ça alors ! |
| | | | Dim 28 Juin - 8:22 | | 'Prends moi comme je suis ou dégage', c'était pour moi une philosophie insouciante. Angela n'était pas la seule à l'avoir. Après tout, tout le monde pensait que non, le regard des autres ne comptait pas. Et pourtant… Nous étions forgé par l'impression que nous donnions aux autres. Il est dans la nature humaine de juger. Ceux qui prétendent le contraire ne font que juger ceux qui ont simplement les yeux ouverts. Ne pas prendre en compte les opinions des autres n'est qu'une fumisterie, un aveuglement. Que l'on décide de ce que l'on en fait, c'est une chose. Mais si quelqu'un me dit que je suis ridicule avec mon chapeau violet, j'y réfléchis à deux fois avant de le mettre ! Bien sûr, cela dépend de qui parle...
Et je me suis pris au jeu. Plus exactement, je me serais bien fait plumer à ce genre de jeu. C'est vrai quoi, quelqu'un qui dit savoir lire dans vos mains, c'est impressionnant, non ? Nous vivons à une époque où tout est possible et voilà que je m'extasie devant une fille qui fait me prend pour un débile...
"Quoi ! QUOI !"
Elle me faisait marcher et moi je courrais droit dans le mur. Ca m'amusait, également, il fallait le reconnaître. J'ai relevé les yeux sur Angela, ronds comme des billes. Alors quoi, j'allais me marier ? |
| | | | Dim 28 Juin - 13:14 | | Il se prenait au jeu bien plus que je ne l’aurais cru. J’avais pensé qu’il se contenterait de me sortir un « Pff, arrête tes bêtises » en retirant sa main à la vitesse de la lumière, mais non ! Même pas. Il me regardait avec curiosité, demandant à en savoir plus. Sauf que je n’avais même pas réfléchi à ce que je pouvais lui dire de plus !
Je serrai sa main dans la mienne quelques secondes, le temps de me rappeler qu’il ne le sentait même pas, en fait, et relevai les yeux sur lui, un peu étonnée qu’il le prenne comme ça.
- Garin, tu ne crois tout de même pas que je sais vraiment lire l’avenir dans les lignes d’une main ?
Je lâchai finalement la sienne et esquissai une moue gênée.
- Je l’ai lu, il y a un sacré bout de temps, ce livre. Et on n’apprend pas ce genre de choses juste en lisant un bouquin. Je suppose que c’est une question de pratique et de feeling. Et de ce que je me souviens, ça décrit surtout la personnalité des gens. Plus que leur destin.
Je me passai une main dans les cheveux, les ébouriffant un peu plus au passage. Je repris sa main dans la mienne et suivis les lignes du bout du doigt au fur et à mesure que j’en parlais.
- Tiens, tu vois celle-là ? C’est ta ligne de vie. Sa longueur ne signifie rien de particulier. En revanche, elle montre que tu es quelqu’un qui profite de la vie. Celle-là, c’est ta ligne de cœur. Si mes souvenirs sont bons, elle indique que tu es quelqu’un qui aime être entouré et qui est guidé par ses émotions, son ressenti sur l’instant. Et celle-ci, c’est la ligne de tête. Mais je ne me souviens plus de ce qu’elle peut montrer.
Je lâchai à nouveau sa main et haussai les épaules.
- Je ne suis pas capable de t’en dire plus que ça. Et je ne pense pas que ce soit une science exacte, d’ailleurs. Regarde.
Je lui montrai ma propre main, et indiquai ma ligne de cœur.
- Il me semble que ça, ça veut dire que je suis quelqu’un de diplomate. Sérieux ? Diplomate, moi ? Je ne suis pas assez intelligente et bien trop impulsive pour ça. J’ai plutôt tendance à régler les conflits avec mes poings plutôt qu’avec mes mots ! Je ne crois pas que ton destin soit écrit à l’avance. Je crois que c’est toi qui le façonnes, avec tes décisions et tes actions.
Je n’étais pas certaine que Garin partage mon avis à ce sujet, mais j’étais franche avec lui. N’était-ce pas ce que faisait un ami ?
- Alors, je ne sais pas. Peut-être que c’est possible, qu’il y a effectivement des personnes qui sont en mesure de te donner des indications quant à ton avenir. Mais ce ne seront que des hypothèses. Rien ne t’empêchera de le changer.
|
| | | | Dim 28 Juin - 23:25 | | "Et alors, tu aurais pu savoir, non ? Ne me regarde pas comme ça !"
J'avais un peu honte de m'être fait avoir. Qu'est-ce qui m'intéressait tant dans mon futur ? Ou tout simplement sur moi-même ? Est-ce que j'attendais quelque chose de mon destin ?
J'ai haussé les sourcils. Je profitais de la vie ? Pas faux. Si j'aime être entouré, non pas spécialement, j'aime mon espace et pouvoir respirer. J'avoue me sentir un peu seul depuis que j'ai quitté Liberation, mais c'est mieux comme ça. Quant à être guidé par mes émotions… J'aimerais pouvoir dire que non. J'ai baissé les yeux sur ma main dans celle d'Angela. Définitivement, je ne m'y habituais pas.
"Je ne sais pas si tu es diplomate, je ne t'ai vue que créatrice de conflit, pas arbitre de l'un d'eux. Qui sait…" Mais en effet, je voyais mal Angela diplomate. "En fait, je pense que dans une révolution, tu serais au milieu à agiter ton poing et ton drapeau en hurlant."
Comme une révolutionnaire, donc. J'ai récupéré ma main pour la regarder, mais quoi que pourrait dire Angela, ce serait à côté de la plaque, finalement.
"Je connais mon destin et mon avenir et je doute que quoi que je fasse y change quelque chose."
Si je semblais défaitiste, il n'en était rien. J'ai haussé les épaules.
"Tu te souviens, je t'avais déjà dit, je crois, que j'avais des sortes de vision, ce genre de trucs débiles. Quand je faisais une crise, avant, je me retrouvais genre ailleurs. Quelqu'un d'autre, dans un autre endroit, à une autre époque. C'est ce que le Chinois a appelé ma mémoire carbone. Celle de tous ceux avec qui je partage un patrimoine génétique. De certitude, on peut dire que je suis le dernier. Mes parents sont morts il y a des années, peut-être que j'ai des cousins, mais ma mère n'en a jamais mentionné un seul. Va savoir si mon père avait refait sa vie à Londres, je n'en sais rien, je n'ai jamais pris le temps de lui poser la question avant… Je me demande si on est beaucoup à le dernier d'une lignée. Quelque part, on appartient tous à la même, non ?"
Je lui ai souri, mais brièvement.
"Toujours est-il que certains de mes ancêtres me reviennent en tête. Jusque là, tout ce que j'ai pu voir ne va pas au-delà de 1291. Je le sais, c'était l'année du Siège d'Acre, en Terre Sainte. C'est la première vision que j'ai eue et c'est celle qui revient le plus. Je ne me contente pas de revisiter l'histoire, Angie. Je la revis. Ca me laisse des marques avec le temps, comme si à force de la vivre, je la deviens. Plus que l'histoire, c'est leur mort que je vois. Tous de la même façon et tous sensiblement au même âge. Et ça, je te garantis que je le sens."
Je me demande si j'avais un jour parlé de tout ça. A part au Chinois. J'ai froncé les sourcils en jouant avec un pop corn.
"Un jour, j'ai croisé une fille au Sanctuaire. Je ne sais pas ce qui s'est passé, pendant longtemps, mon pouvoir était complémentaire à un autre dont je suis resté éloigné pendant des années. Et je sais pas, elle m'a touché et je suis parti direct à Acre. Ce n'était pas une crise, ça n'avait rien à voir, j'étais pleinement conscient de ce qui m'arrivait ! Et même pire, elle était là avec moi. C'était… Comme si elle reforgeait toute la scène avec du sable. Je ne l'ai jamais revue mais je n'arrête pas de penser à elle. Des fois, je me demande si elle ne pourrait pas m'aider à y voir plus clair. En tout cas…"
Je me suis gratté la tempe en soupirant.
"Je sais que ça arrivera un jour. Je ne sais juste pas encore vraiment quand. Plus les années passent, plus je frémis quand je vois un couteau ou une dague ou des trucs tranchants. Je me demande si c'est mon tour." |
| | | | Lun 29 Juin - 0:58 | | J'esquissai un sourire en entendant sa réponse quant à ma prétendue diplomatie. Il ne se trompait pas, il me connaissait bien plus que je ne l'aurais pensé et il me le démontrait régulièrement. Je n'étais pas de ceux qui essayent de calmer le jeu. J'étais plutôt de ceux qui se battent et sont prêts à tout (ou presque) lorsqu'ils pensent que leurs idées sont justes.
- Oui, j'ai ça dans le sang. La moitié de mes ancêtres étaient des irlandais catholiques qui se sont battus toute leur vie pour avoir les mêmes droits que les britanniques protestants qui dirigeaient leur pays. J'ai hérité de leur côté revendicateur. A moi maintenant de l'utiliser correctement.
Et j'y travaillais. Pas directement, certes, mais j'étais à la recherche d'une nouvelle cause à défendre. Je ne pouvais plus continuer à agir comme si j'étais toujours négative et à croire en cette même utopie à laquelle seuls les négatifs croyaient encore.
Et puis j'écoutai son récit, attentivement. Il m'avait déjà plus ou moins parlé de ses visions, mais pas autant, pas avec autant de détails. Et quelque part, ça me faisait froid dans le dos. Mais il y avait un truc que je ne saisissais pas dans toute cette histoire. Alors je m'en ouvris à lui, au risque d'être à côté de la plaque.
- Ok, donc si j'ai bien suivi, tes ancêtres sont tous morts par arme blanche, c'est ça ? Au moins pour ceux que tu vois dans tes visions. Et donc tu penses que ça va être la même chose pour toi ? Mais... Et ton pouvoir ? Tes ancêtres n'avaient pas ton pouvoir. Il te rend quasiment indestructible, il ne te protègera pas ?
Je fronçai un peu plus les sourcils et levai une main pour l'empêcher de parler. Une théorie commençait à s'insinuer dans mon esprit.
- Et si... Ok, admettons que ce soit une sorte de malédiction qui pèse sur ta lignée et que ce soit ton destin, et si ton pouvoir t'avais été donné pour contrecarrer ce destin ? Ça a l'air fou, mais essaie d'y penser, juste une minute...
Je relevai les yeux sur lui, attendant de voir sa réaction. |
| | | | Dim 5 Juil - 22:55 | | Si j'ai souri au début, je n'ai rien dit ni relevé. J'aimais l'histoire mais c'était un peu par la force des choses, ce n'était pas par conviction ou vocation. J'avais étudié des mois durant pour comprendre ce qui se passait dans mes visions, pour les resituer, retrouver les éléments communs pour constituer ma… ligne de vie ? Je n'ai jamais incarné de type connu, je trouve ça dommage et puis ça a rendu mes recherches tellement plus fastidieuses ! Je n'ai haussé les épaules qu'après.
"Je ne suis pas invincible ! Mes ancêtres, déjà, britanniques, je me souviens très bien de quoi tu parles, n'avaient pas de dons, c'est vrai, mais… Quand j'utilise le mien, je ne renforce qu'une partie de mon corps. Le reste est totalement vulnérable. C'est bien pour ça que je ressens à nouveau le contact."
Je jouais avec un morceau de pop corn que j'ai fini par jeter dans ma bouche et j'ai repris, fataliste.
"Un destin, ça se contrecarre pas. Je sais pas quel est l'abruti qui a cru qu'on pouvait changer le temps et le monde. C'est faux. J'ai déjà essayé, Angela et c'est pas ma came. On finit toujours déçu. Laisse tomber."
Ce n'était pas tellement de ne pas avoir déjà essayé, mais, je ne voyais pas comment ça pouvait être autrement. Et je l'avais d'ailleurs bien accepté. Cependant, en réfléchissant, je me suis rendu compte de ce que je venais de dire. Et à qui je venais de le dire. On avait déjà parlé de tout ça, non ?
"Je veux dire… En ce qui me concerne, on parle d'hypothèses, de trucs qui ne sont pas encore arrivés, on fabule sur une logique qui n'en est peut-être pas une. Plus je me pose de questions, plus je deviens parano, et c'est peut-être pas la bonne solution. Je me battrais si j'avais quelque chose à combattre. Pour l'instant, ce n'est pas du tout le cas." |
| | | | Mar 14 Juil - 7:00 | | Le moins qu’on puisse dire, c’est que les paroles de Garin me faisaient réfléchir, beaucoup. Mais il y avait toujours un truc qui me manquait dans toute cette histoire, quelque chose qui pourrait m’aider à comprendre pourquoi ça devait forcément arriver. Je veux dire, ok, son pouvoir ne le rendait pas totalement invincible, il ne protégeait qu’une partie de son corps. Mais peut-être qu’il pouvait « viser » ? Je veux dire, en voyant la lame arriver, il pouvait réagir et blinder précisément l’endroit où la lame était sensée s’enfoncer, non ? Son pouvoir pouvait lui créer une armure sur mesure et protéger précisément l’endroit où on voudrait le blesser.
Sauf qu’il y avait une faille dans mon histoire. Et même plusieurs, en fait. La première, c’était que rien n’empêcherait la personne de frapper ailleurs. Et la seconde, qui était liée à la première, était que je n’étais pas certaine que Garin ait une telle maîtrise de son pouvoir pour renforcer successivement plusieurs zones à la demande. Je relevai les yeux vers lui, m’apprêtant à lui poser la question. Je ne savais pas grand-chose de ses entrainements avec le Chinois. Je savais qu’il en faisait, mais on ne parlait pas tellement de nos progrès. Enfin, on se disait qu’on en faisait, mais on n’entrait pas vraiment dans les détails. Je venais seulement de lui dévoiler (et encore, à demi-mot) que quelqu’un m’aidait pour apprendre à la maitriser. Et même là, je n’étais pas entrée dans les détails. Pas encore. Cela dit, avec une ou deux bières en plus, cela pouvait venir, à un moment ou à un autre.
Je m’apprêtais à poser la question donc, mais il ne m’en laissa pas le temps. Sa remarque sur le destin qu’on ne peut pas contrecarrer m’intima au silence. A une autre époque, j’aurais certainement réagi, rétorqué que j’étais la preuve qu’on pouvait changer les choses, non ? Mais pas ce soir. Je commençais à me poser des questions en fait. J’avais la sensation qu’à nous trois (lui, le Chinois et moi), on avait réussi à changer les plans de l’univers à mon égard. Mais les diverses réactions qu’on avait eues à mon égard suite à ça, que ce soit la sienne ou celle d’Alex, m’avaient amenée à me demander si c’était une bonne chose. J’avais conscience qu’en contrepartie, je devais le mériter, faire quelque chose de bien de ma vie, mais je ne savais pas quoi. J’avais besoin d’une direction à suivre, j’avais pensé l’avoir prise pendant un moment et je n’étais plus sûre de rien aujourd’hui. Je ne regrettais rien, loin de là, j’étais juste un peu dans le flou. Je cherchais ma voie pour repartir de plus belle. Et puis, il y avait toujours cette petite question qui venait dans mon esprit : et si ça n’était pas ça, finalement, mon destin ? Et si ça n’avait jamais été de mourir ? Et si le destin n’avait pas placé Garin sur mon chemin pour qu’il m’aide ? Si tel était le cas, je me devais de lui rendre la pareille. Je ne savais pas encore quand, ni comment, mais je trouverai un moyen de l’aider, un jour, pour le remercier.
Je restai silencieuse, jusqu’à ce qu’il ait fini de parler. Il semblait résigné et je n’aimais pas ça. Mais en même temps, je ne pouvais pas l’en blâmer. Il me rappelait mon état d’esprit avant la Colombie. J’étais résignée moi aussi.
- Et puis, rien ne nous dit que ce soit véritablement ton destin… Tu les as toujours, ces visions ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce n’était que maintenant que je me rappelais la crise qu’il avait faite, ce soir-là. Et j’avais beau me creuser la mémoire, je ne me souvenais pas qu’il en ait fait d’autres pendant qu’il vivait avec nous. Et si… j’écarquillais les yeux sous l’étonnement et tournai la tête vers lui.
- Peut-être que ton destin a déjà changé ? |
| | | | Mar 14 Juil - 10:23 | | A sa première question, j'ai acquiescé en grignotant mon pop-corn. Oui, j'avais toujours ces visions, mais c'était surtout la nuit. Comment je faisais la différence avec des rêves ? Le détail. Je me souviens des visions avec du détail, mes rêves n'ont ni queue ni tête. Encore faut-il que je m'en souvienne, d'ailleurs. Mes visions, je m'en souviens. Bien. Alors, j'ai secoué la tête à sa deuxième question, empreinte d'une certaine naïveté. Parce que c'est Angela.
"Non. Je crève toujours à la fin. Angie…"
J'ai croisé les bras sur la table pour me pencher vers elle.
"C'est un destin, pas une prémonition. On n'échappe pas à son destin. Jamais. Personne."
Je ne lui dirai pas à voix haute, mais selon moi, Angela y passerait un jour. J'ai une vision fataliste de ces choses. A part peut-être les assassinats, selon moi, on meurt pour une bonne raison. J'en suis la preuve vivante. Je suis mort pour renaître plus fort, plus résistant, et avec un but. On meurt tous pour sa destinée. Je m'étais simplement rapproché de la mienne.
"Ce que je vois n'a rien de purement réel, on ne porte plus d'armure de nos jours, on ne dit plus 'Yougoslavie' et des déserts, il y en a en Afrique, en Australie, au Moyen-Orient et même ici, aux Etats-Unis. Ca peut être n'importe quand, n'importe où. Mon âge varie dans les visions que j'ai, je n'ai aucune moyen de savoir quand et où ça va m'arriver parce que ce que je vois, ce n'est pas moi. Tu comprends ? Ce sont des mémoires, des souvenirs de personnes ayant partagé le même code génétique que le mien à un moment précis de l'histoire de ma généalogie. Le mode opératoire pourtant est le même : une arme blanche, tac, dans l'abdomen et merci m'dame. Je ne vois pas pourquoi je devrais y échapper. Ces visions n'auraient aucun sens, sinon."
Je l'ai fixée de longues secondes, on ne peut plus sérieux.
"Tu te souviens quand j'essayais de te dire que je pouvais faire quelque chose pour toi ? Tu n'arrêtais pas de me dire non, que tu ne voulais plus de faux espoirs."
Je me suis redressé en prenant appui sur ma bouteille sur la table.
"Et bah moi non plus."
La différence, c'est que je n'avais pas envie de l'empêcher d'arriver.
"Je suis mort deux fois, Angela. La troisième, ce sera la bonne."
On meurt tous pour une bonne raison. |
| | | | Mar 14 Juil - 14:01 | | Je grimaçai légèrement lorsqu’il confirma qu’il avait toujours ses visions. Dans ma tête, cela sonnait comme quelque chose de mauvais. Comme si le fait qu’il les ait toujours indiquait que son destin était toujours en marche, que cela allait se produire, coûte que coûte. Et je n’aimais pas cette idée. Et je l’aimais d’autant moins que, dans mon esprit, j’avais cette notion de court terme qui clignotait avec des néons lumineux. Rien ne me disait pourtant que ça aurait lieu bientôt, mais c’était inconscient et ma logique ne parvenait pas à faire entendre sa raison à ce sujet. Et je n’aimais pas ça, vraiment pas.
Je relevai les yeux sur Garin tandis qu’il concluait sur le fait que personne n’échappait à son destin. Il avait cette façon d’insister là-dessus. Comme s’il voulait que j’accepte ça comme étant quelque chose de définitif.
- Personne…
Je reportai mon regard sur ma bouteille de bière et la fit doucement tourner entre mes mains. Je ne voulais pas imaginer une seule seconde qu’il puisse avoir raison. Mais si c’était le cas ? Alors il mourrait d’un coup de couteau, ou un truc du genre et moi… Mais qui pouvait dire ce qu’était vraiment notre destin ? Et si tous les changements qui se produisaient dans notre vie, aussi brutaux soient-ils, ne faisaient pas justement partie de notre destin ? Et si c’était son destin de trouver un moyen d’éviter que ses visions se réalisent ?
- Elles te donnent peut-être une indication, pour que tu trouves le moyen d’éviter ça ? Je veux dire, à chaque fois, quels que soient le lieu, son âge ou l’époque, ton ancêtre meurt d’un coup de couteau dans l’abdomen. Et si tes visions avaient pour but de t’aider à l’éviter en te donnant une indication précise de comment cela allait se produire ?
Que Garin le veuille ou non, même s’il était résigné et ne semblait pas vouloir se battre, je n’étais pas prête, moi à baisser les bras. Le fait est, bien sûr, que je ne pourrais pas aller contre sa volonté. Mais tant qu’il ne m’empêcherait pas de parler, et bien, je parlerai. Quand bien même ce ne seraient, à ses yeux, que des âneries.
Et puis, il m’a rappelé ce que j’étais avant, la façon que j’avais de réagir quand on voulait m’aider. La façon que j’avais eue de le renvoyer sur les roses quand il me disait vouloir chercher une solution. Je baissai la tête, contrite. Il avait raison. Je ne pouvais pas le forcer à voir les choses de mon point de vue alors que j’avais moi-même longtemps refusé de les voir du sien. J’acquiesçai en silence. Oui, je comprenais. Je n’aimais pas ça, mais je comprenais. Je relevai cependant les yeux sur lui quand il termina de parler.
- D’accord, tu as peut-être raison mais… Dis-moi que ça n’arrivera pas de sitôt. Je n’ai pas envie de te perdre, Garin. |
| | | | Mar 14 Juil - 22:38 | | Le temps que l'info remonte à son cerveau, qu'elle se souvienne un peu de ses propres réactions et ressentiments, je l'ai fixée, sans un sourire. J'ai juste attendu. Désabusé, peut-être même résigné ou fataliste, je ne sais pas, j'ai râlé en me retournant pour aller jeter mon soda.
"Angie ! Arrête !"
J'étais content qu'elle s'inquiète pour moi, en un sens, mais dans un autre, Angela avait une tendance au drama qui me tapait vite sur les nerfs.
"Ne me regarde pas comme si j'étais condamné ou un truc du genre. Je n'en sais rien quand ça va arriver, c'est ce que je suis en train de t'expliquer. Ca peut m'arriver demain comme dans trente ans ! J'essaye de ne pas y penser et de vivre un peu. Je sors, je vais faire des balades, je vois même une fille, pour tout te dire. Si je m'arrête au premier couteau que je vois, je ne vis tout simplement plus. J'ai assez d'un Chinois pour être parano alors tu vas pas t'y mettre, non plus."
Me rapprochant de la table, j'ai soupiré avant de poser mes mains sur le rebord.
"Je vais bien, d'accord ? Je me suis jamais senti aussi bien depuis que toute cette merde a commencé pour moi. A croire qu'à chaque fois que je meurs, je commence une nouvelle vie. Et bah je vais te dire un truc... Je vais pas laisser cette chance là me filer entre les doigts."
Je n'avais pas parlé de mes visions à Angela pour qu'elle me plaigne, ou s'inquiète. Je voulais juste bien lui en parler... Pour son information ! Mais je n'avais pas besoin d'elle pour m'inquiéter, j'avais suffisamment la trouille pour deux, j'acceptais pourtant bien ma vie. Au bout d'un moment, on finit par se lasser de se plaindre de ce qui nous arrive. Normalement. |
| | | | Mer 15 Juil - 13:21 | | Je fronçai les sourcils et m’éloignai légèrement du comptoir, sans pour autant lâcher ma bière.
- Je suis désolée si c’est l’impression que je t’ai donné, ce n’était pas mon intention. Ce n’était même pas ce que je pensais en fait.
Et c’était vrai. Attendez, j’étais bien placé pour le connaitre, le regard de celui qui vous voit comme un mort ambulant. Je le détestais, ce regard. J’espérais bien ne pas l’avoir un jour, envers qui que ce soit. En tout cas, une chose était sûre, jamais je ne penserais cela de qui que ce soit. Mais un regard peut-être interprété de différentes façons, non ? Pour ma part, concernant Garin, je m’efforçais juste de lui faire comprendre que je tenais à lui et que je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose, peu importe quoi, peu importe quand. Je ne voulais pas, c’est tout.
Je portai ma bière à mes lèvres tandis qu’il continuait à me parler. C’était comme s’il cherchait à me convaincre que lui ne s’inquiétait même pas et que par conséquent, je n’avais pas à le faire. Il ne pourrait pas m’empêcher de le faire cela dit, j’étais comme ça. Je m’inquiétais pour ceux auxquels je tenais. Alex et David avaient beau me dire que ces derniers temps, j’étais un peu trop centrée sur moi-même (et je savais qu’ils avaient raison), personne ne pouvait nier que je ne tenais pas à mes amis. N’est-ce pas ? Dites-moi que je n’en étais pas à ce point-là ! Bref, je m’inquiétais pour Garin, mais puisqu’il était contre cette idée, qu’à cela ne tienne, j’allais m’efforcer de ne pas le lui montrer.
Je levai les mains, paumes ouvertes vers lui, comme si je lâchais prise (mais sans pour autant lâcher ma bière).
- Ok, d’accord ! J’arrête. A une condition.
Il y avait une petite chose que j’avais relevée dans son discours. Une petite chose qui me rendait curieuse.
- Alors comme ça tu vois une fille ?
Sous entendu, dis m’en un peu plus, tu piques ma curiosité. Oui je sais, moi et la subtilité… |
| | | | Mer 15 Juil - 14:12 | | Je l'ai dévisagée sans expression sur le visage, appuyé les reins contre l'évier.
"Quoi, tu t'attendais à ce que ce soit un garçon ?"
Je me suis redressé pour aller reprendre un autre soda.
"Je ne dirai rien." J'ai agité un index en ouvrant la porte du frigo. "Hors de question."
J'ai refermé la portre. Je savais que Sky connaissait Angela et je savais aussi que les filles, ça parle. Ce que je savais également, c'est que je n'avais aucune idée d'où aller me conduire cette relation. Je ne voulais pas l'effrayer, ni l'accélérer. J'aimais bien que Sky n'appartienne qu'à moi. Hyun la connaissait déjà et c'était de trop, selon moi. Alors que Angela sache également, mais qu'en prime, elle puisse me faire des remarques sur son âge, ou son style, en me demandant clairement quels sont mes critères quand on sait qu'à une époque, j'aimais bien Angela. Sans vouloir la vexer, je ne vois pas bien pourquoi avec le recul. Mais je n'ai pas de style, ni de critère, je vis juste les moments qui s'offrent à moi. De la même façon qu'Angela, Sky s'était imposée à moi, à un moment précis. La différence étant qu'à l'époque d'Angie… Eve était toujours dans mon paysage. Avec Sky, elle s'était effacée, mais elle n'était pas encore revenue.
"Tu vas te foutre de ma gueule, c'est niet. Tu oublies, Angie."
Je suis revenu m'asseoir en face d'elle avec mon soda.
"Est-ce que je te demande qui c'est le gars que tu vois, là, chais pas quoi… Non." |
| | | | Mer 15 Juil - 14:54 | | - Je te le dirais, si tu me le demandais.
Je haussai les épaules, vidai ma bière une bonne fois pour toute et reposai la bouteille devant moi un peu trop brusquement. Ou du moins, c’est ce qu’on aurait pu penser en entendant le bruit du verre contre le bois.
- Et quoique tu penses de moi, je me serai pas moquée. Je me serai pas permise. Garin, je suis…
Je levai les bras en l’air pour mimer l’impuissance ou la fatalité ou je ne sais pas trop quoi, un truc du genre.
- L’incarnation parfaite du fiasco en termes de relation. A ton avis, pourquoi c’est juste un « je sais pas trop quoi » ? Alors crois moi, c'est pas moi qui irait me foutre de ta gueule.
Je reposai les mains à plat sur le plan de travail et descendis de mon tabouret.
- Mais très bien, tu n’as pas envie d’en parler ? Pas de soucis, je respecte ça. Et pour info, ça aurait pu être un mec, tu fais ce que tu veux. Mon avis n’a aucune importance dans l’histoire.
Je lui décochai un sourire radieux et attrapai ma bouteille avant de la lui montrer.
- La poubelle, c’est par où ? |
| | | | Mer 15 Juil - 22:51 | | Pas très combattive diraient certains, n'est-ce pas ? De toute façon, je préférais nettement la taquiner que l'inverse. Mais je n'avais aucun souci à imaginer son "je sais pas trop quoi". C'était... Du grand Angela. Si j'ai la poisse, elle, elle est gratinée dans le relationnel. Je lui ai désigné d'un pouce la poubelle.
"Tu sais quoi ? Je te dis. Et si tu te moques, si tu fais ne serait-ce qu'une seule remarque, on fait un pari. Et ne t'amuse pas à faire genre 'tu vois, je ne me moque pas', simplement parce qu'on parie. Je te connais. Ce n'est pas un esprit de contradiction que tu as, c'est un complexe Angela Versus the World. Tu serais capable de pas te moquer simplement pour me faire mentir. Ce n'est pas que j'ai pas envie d'en parler. Je m'en moque. C'est une fille, pour commencer, n'est-ce pas ? Et Angie, dans le sens où tu es mon amie, normalement, ton avis compte dans mon histoire. Et j'espère que le mien compte également."
C'est vrai, non ? Si son avis ne comptait pas, je ne rechignerais pas à lui en parler. Déjà, le regard de Hyun avait un quelque chose de moqueur, taquin. Ouais ouais ouais, l'âge, j'parie. Comme si on pouvait choisir. Pour sa défense, j'ai toujours trouvé Sky plus mature.
"Tu me parlerais de ton gus, je te donnerais peut-être mon avis. Tu sauras tout de suite ce que c'est."
Je savais que ce n'était pas Matt car Sky n'arrêtait pas de parler de son Dragon. Alors j'ai supposé que je ne le connaissais pas.
"Je le connais ? Oublie, je ne connais personne. Il fait quoi dans la vie ? S'il a une grosse voiture, oublie. Il compense par quelque chose."
Et j'ai balancé un pop corn en l'air, visant sa chute dans ma bouche. |
| | | | Jeu 16 Juil - 2:32 | | Pas très combative non, mais n’avais-je pas obtenu le résultat espéré ? Ou du moins une amorce de résultat ? La bouteille de verre prit la direction qui lui était destinée (elle, c’était sûr, elle n’échapperait pas à son destin !) et je revins vers Garin. Je me hissai sur la table, laissant mes jambes pendre dans le vide tandis qu’il se remettait à me parler.
- Hey, tu me connais, je parle et je réfléchis après. Le temps que l’information du « je ne dois pas me moquer » me monte au cerveau, ça sera déjà fait. OK, on parie quoi ? Sachant que tu es mon ami, je ne vois pas pourquoi je me moquerais. Tant que ça te va à toi, alors ça me va aussi. Sauf si tu t’engages dans un truc qui sent vraiment pas bon, auquel cas, je ne pourrai pas m’empêcher d’essayer de t’ouvrir les yeux. Tout en sachant que je ne serai pas la mieux placée pour ça…
C’était là où je voulais en venir, quand je disais que mon avis ne comptait pas. Je veux dire, qui mieux que lui pouvait savoir ce qui était bon pour lui ? Et quand bien même je n’apprécierais pas la personne qu’il se serait choisie, qui j’étais pour le lui dire ? Une amie, oui peut-être, mais serais-je vraiment objective ? Et si c’était justement LA personne ? Si tant est qu’il existe vraiment une personne quelque part pour chacun de nous.
- Et bien sûr que ton avis compte. Tu me connais mieux que personne, ou presque.
Pouvais-je vraiment dire que quelqu’un me connaissait bien ? David connaissait une partie de moi, mais je ne lui disais pas tout. Alex en connaissait une autre, mais il y avait encore beaucoup de choses qu’il ne savait pas, je crois. Je me confiais, petit bout par petit bout, à l’un comme à l’autre, mais je ne leur parlais pas de la même chose. Je crois qu’au bout du compte, Garin restait celui qui connaissait le plus de facettes. Il m’avait vue avant, il avait suivi l’évolution de mes pensées, ma prise de décision, et il me voyait maintenant.
- Je te fais confiance. J’en ai pas l’air comme ça, mais je finis toujours par suivre tes conseils à un moment ou à un autre. Enfin, presque toujours.
Et commença « l’interrogatoire », qui m’arracha un sourire.
- Je pense pas que tu le connaisses, mais tu as déjà entendu parler de lui. C’est Alex.
Quant à la voiture, je préférais ne pas relever. |
| | | | Jeu 16 Juil - 3:48 | | "Oh, elle sent très bon. Pas de souci, de ce côté là. Pour le reste... J'émets des réserves."
A n'en point douter. Entre Itembe et notre rencontre fortuite, Sky était tout sauf une fréquentation des plus recommandées. Mais je n'étais moi-même pas grand chose de très avisé. Nous nous entendions donc bien sur ce point.
"HA HA !" J'ai brandi mon index vers elle avec un immense sourire. "Tu ne relèves pas la voiture. Il a donc une grosse voiture et quelque chose à compenser. Et je ne connais pas de Alex. Et je parie..."
J'ai posé mon index sur mes lèvres en réfléchissant. Faisant les 100 pas d'abord dans la cuisine, j'ai fini par me rapprocher d'elle en l'observant. Je ne voulais pas sa moto, ni rien d'elle, un rancard non plus... C'était donc un pari sur ce que je pouvais, moi, lui faire pour l'énerver. Mais c'était une chose difficile, finalement. Comment agacer Angela ? Elle ne disait jamais rien. Elle tendait presque l'autre jour. Proche d'elle, je lui ai affiché un sourire carnassier.
"On va faire les magasins pour t'acheter une jolie petite robe à fleurs pour que tu ressembles enfin à une fille." j'ai inspiré profondément, les yeux ronds, subitement. "OU ALORS !" Plus malicieux, encore. "On fait la tournée des bars. Un shot de Tequila brûlée par bar, pour le perdant." Mon sourire s'est fait encore plus mauvais si c'était possible. "Grand Seigneur, je te laisse traîner mes 100 kilos imbibé si je perds. A travers toute la Ville Basse pour rentrer. Et pas d'aide, cette fois."
J'ai tendu la main vers elle, tout content, tout fier que j'étais. Je commençais à douter mais non, j'étais persuadé que l'âge de Sky ferait mouche face au mien. Ou alors, elle me sortirait une petite remarque, mais suffisante pour que je gagne.
"Deal ?"
|
| | | | Jeu 16 Juil - 4:36 | | Je tressaillis légèrement et fronçai les sourcils en entendant son exclamation enthousiaste. Qu’est-ce que j’avais dit, encore ? Qu’est-ce qu’il allait me sortir ? Venant de lui, je pouvais m’attendre à presque tout. Non, correction, à tout, carrément. Et je n’eus pas à attendre bien longtemps avant de savoir ce qui le rendait si joyeux.
Je ne pus m’empêcher de secouer la tête avec un petit sourire coquin. Si vous voulez mon avis, Alex n’avait pas besoin de compenser. Enfin pas dans ce sens-là en tout cas. Mais d’ailleurs, de quoi parlait Garin, précisément, en disant « compensation » ? Parce que bon, on associe souvent les grosses voitures à quelque chose d’assez précis, mais allez savoir. Je m’abstins de tout commentaire néanmoins, mais je crois que l’expression de mon visage parlait d’elle-même.
Mon sourire s’effaça légèrement cependant, tandis qu’il se rapprochait de moi tout en m’observant. A voir avec quelle intensité il réfléchissait à ce qu’on allait bien pouvoir parier, j’avoue que je commençais à m’inquiéter, un petit peu. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir me demander ? Pour qu’il prenne son temps à ce point-là, ce serait certainement quelque chose de difficile à assumer, pour moi. Bon sang, j’avais intérêt à le gagner ce pari !
Mon souffle s’arrêta, quelques secondes, tandis qu’il me parlait de robe à fleurs. Bon, ok, je n’aimais pas les robes, encore moins celles avec des fleurs (quelle horreur !) mais je pouvais y arriver. De toute façon, il parlait juste d’en acheter une, pas de la porter. Sauf qu’il ne s’arrêta pas à cette idée.
- Attends… quand on gagne un pari, on est pas censé gagner vraiment. Pourquoi j’ai l’impression que je me fais avoir sur ce coup-là ? Parce que sincèrement, si je dois te traîner alors que j’ai gagné, autant que je perde, ça sera plus simple !
|
| | | | Jeu 16 Juil - 13:35 | | "Ok ok ok, ça va. Si je gagne." J'ai posé ma main sur mon torse en haussant les sourcils avec une pause dramatique. "Je t'achète une robe. De fille. Et tu devras faire la tournée des bars avec moi, dans cette tenue. Si je perds - ce qui n'arrivera pas - tu choisis la robe pour moi… Et je monte sur TA moto pour aller voir la fille en question. Qu'est-ce que tu penses de mon deal ?"
Je me suis redressé en croisant les bras sur la poitrine, l'air fier. Je ne perdrai pas. Je ne pouvais pas. Entre la tête de droguée de Sky - que j'adorais - son style vestimentaire, son langage, son âge… Elle était l'opposé d'Angela, tout ce que personne n'aurait pu imaginer pour moi. Elle serait obligée de rire, ou même une remarque sans le vouloir. En parlant de ça.
"Ce pari tient sur toute la soirée, Angie, que tu ne réagisses pas sur l'instant ne compte pas, parce que je sais que tu es plus perverse que tu ne veux le faire croire, soit disant 'Regardez-moi, je suis un ange'. Ouais ouais, à ton Alex truc machin, si tu veux, pas à moi, tu me la feras pas, j'ai vu clair dans ton jeu…"
Tout sourire, je lui ai tendu la main. J'ai joué de mes sourcils, malicieux au possible.
"Alors ?" |
| | | | Jeu 16 Juil - 14:39 | | Non sérieux ? Voilà que l’histoire de la robe revenait sur le devant de la scène. Mais ma parole, il tenait à me voir dans une robe ou quoi ? Pourquoi ? Parce qu’il savait d’avance que j’aurais l’air ridicule ? Pas besoin de me faire mettre une robe pour ça, je pouvais déjà le lui assurer. Néanmoins, je devais avouer que l’idée de le voir, lui, dans une robe, parader sur ma moto était plus que tentante. Pourquoi la mienne au fait ? Bah, peu importe, du moment qu’il me la rendait entière et en état de marche et dans le cas contraire, je n’aurais pas tellement de scrupules à m’approprier la sienne. Mais bon, pour ça, il fallait que je gagne le pari, n’est-ce pas ? Je n’avais pas de doutes à proprement parler. Mais quand il précisa que le pari tenait sur toute la soirée et pas seulement sur ma réaction immédiate, j’esquissai une moue légèrement sceptique.
J’hésitai quelques secondes, pesant le pour et le contre, finis par me décider. Si je perdais, j’étais capable d’assumer le fait de me balader en robe toute une soirée (ça va, y’avait pire quand même comme gage). Je finis par prendre la main qu’il me tendait et la serrai dans la mienne pour sceller le pacte.
- Ok, ça me va. Mais avant que tu me fasses LA révélation, tu m’expliques c’est quoi ton truc avec les robes ?
Parce que c’était bizarre quand même, cette insistance, non ?
- Et je doute qu’Alex me voit comme un ange.
Et un nouveau sourire malicieux (presque autant que le sien) vient éclairer mon visage. |
| | | | Jeu 16 Juil - 22:39 | | Finalement, elle acceptait. J'ai souri, bien content et quand elle m'a posé sa question, j'ai souri d'autant plus.
"Moi, rien. Mais c'est comme ça que je l'ai connue. Enfin, d'une certaine manière."
Je mettais toutes les chances de mon côté, quand on y repense. Je me suis reposé contre l'évier et j'ai croisé les bras. Pendant un moment, j'ai dévisagé Angela, mon sourire toujours vissé à mes lèvres. Soyons honnêtes, j'avais aussi envie de parler de de Sky à quelqu'un. Comme ça ne pouvait être Hyun, ce rabat joie… Solennel, je me suis raclé la gorge, j'ai bu une gorgée de soda et j'ai secoué la tête, comme pour éloigner des mèches de cheveux.
"Ok, alors si je n'ai pas cru Hyun quand il m'a parlé de toi aux infos… Selon toi, qui m'a convaincu d'y croire ?"
Si elle additionnait A + B, normalement, elle devrait très vite faire le lien. Et se foutre de moi. Au moins serait-elle surprise, mais après tout, est-ce que j'avais un genre de fille ? Qui plus est, Angela estimait-elle que j'avais un genre ? Encore plus… Quand je pensais à Sky, je nous imaginais plus comme deux ados que comme un couple normal. C'est vrai, quoi... |
| | | | Ven 17 Juil - 2:14 | | « C’est comme ça que je l’ai connue ». Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils. Quel rapport entre faire connaissance avec quelqu’un et une robe ? Garin portait une robe le jour où il l’a rencontrée ? Peu probable. La fille devait porter une robe. Plus plausible, mais toutes les filles portaient des robes. Enfin… presque. Ca n’avait rien d’exceptionnel, rien qui soit digne d’être noté. A moins que sa robe ne soit particulière ? Hey mais attendez une minute ! Robe, rencontre, fille…
Pendant que je réfléchissais à tout ça, je voyais le regard de Garin posé sur moi, son petit sourire, attendant que je fasse une bourde. Et moi, je pensais avoir trouvé la réponse, mais sans en être sûre. Supposant certainement qu’il me fallait un petit coup de pouce, Garin me lâcha l’info qu’il fallait. J’écarquillai les yeux sous la surprise.
- Non ! Sky ?!
L’expression même de l’étonnement. Pour le coup, il m’avait soufflée. Je scrutai ses yeux à la recherche d’une confirmation.
- Wow
Oui, c’est tout ce que je trouvais à dire. Laissez-moi un peu le temps de me remettre de mes émotions.
- Je m’y attendais pas à celle-là ! |
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