2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [ABANDONNÉ] [Abel/Eve] Love, Pancakes and disloyalty

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Eve
Eve
Mai 2074


C’était une belle matinée ce jour là, il faisait presque trop chaud pour la saison. Eve était d’excellente humeur au volant de son pickup. La vitre ouverte les mèches rebelles et brunes venaient fouetter son visage, elle affichait un sourire satisfait. Une soirée et nuit parfaites, un réveil tout aussi enviable. La musique passait à tue-tête dans la radio, elle se fichait totalement de ce que c’était, elle ne connaissait pas le titre non plus, mais elle ne changea pas de station pour autant et elle allait rejoindre son frère. Que demander de plus ?

Elle venait juste de déposer Garin chez lui après un petit service rendu. Et ce matin, c’était une de ces matinées où Abel et Eve aimaient se retrouver pour partager le petit déjeuner. Evidemment, c’était toujours Abel qui s’y collait et ce, depuis toujours, ou presque. De toute façon, pour la survie de tous, il était préférable d’éloigner Eve d’une cuisine tant sa cuisine était… Innommable.

Ce qu’elle préférait, c’était les petites gaufres. Au sucre ou au sirop d’érable quand son "frèradorédamour" arrivait à s’en procurer. Ces tête à tête, ils se les accordaient au moins deux fois par semaine. Eve adorait ces moments simples, et elle savait qu’Abel les aimait tout autant. L’odeur du café, des crêpes ou autres gourmandises préparées spécialement pour ces moments d’intimités, c’était presque vital pour elle.

Elle se gara près de la moto, en freinant au dernier moment, comme toujours, pour faire râler son frère qui avait peur pour son bébé. Et ça, Eve adorait le provoquer sur ce terrain, c’était gentil, normal entre frère et sœur non ?
Elle descendit après avoir coupé le contact et claqua sans ménagement la portière. Petit T-shirt bleu, sort en jean qui serait toujours trop court dans l’esprit d’Abel, santiags marrons et chapeau  western en paille, elle s’était amusée à porter une tenue adaptée au lieu. Elle entra et retirant ses lunettes de soleil et suivit l’odeur nauséabonde les yeux fermés pour le rejoindre. Abel s'affairait déjà, en pleine cuisson. Elle lança avec étreint.

- Bonjour frère de mon cœur ! Tu vas bien ? Désolée je suis un peu en retard…

Sur la pointe des pieds, elle lui pressa un gros baiser sur la joue, une main sur une épaule.

- J’ai déposé Garin avant de venir, il s’est occupé de mes niveaux. Comme ça faisait quinze jours que je t’attendais et comme je l’avais sous la main…

Elle trempa son doigt dans la pâte pour la goûter. Lorsqu’elle s’éloigna, Abel pu remarquer que le T-shirt de sa sœur  mis à l’envers, l'étiquette immanquable. Quand elle  avait dit à Garin qu’elle allait voir son frère, il s’était jeté littéralement sur elle, à l’arrière… Bref, passons les détails.Le T-shirt était mis à l’envers point.
Eve jeta un œil dans la pièce, en fronçant les sourcils pour le taquiner.

- Tu as ramené quelqu’un hier soir ? C’est super bien rangé aujourd’hui ! Elle est encore là ?

Ce qu’elle ne souhaitait pas, les conquêtes de son frère, elle préférait ne jamais les croiser, elle les détestait même. Elle s'installa sur une chaise et tenta de retirer une de ses bottes.
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Abel Henoch
Abel Henoch
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Comme à son habitude, il s’était levé avant l’aube. Il avait pris un café rapide avant de sortir son matériel. Pour ce matin, il avait décidé de passer un peu de temps à retaper la façade arrière du Saloon. On pensait toujours à l’avant, parce que c’était ce qu’on voyait. Mais l’arrière du bâtiment commençait à s’effriter. Remplacer les planches devenait plus qu’urgent. Il avait puisé dans son stock de planches déjà découpées et poncées et il avait commencé à opérer, laissant son esprit vagabonder sur les différents sujets du moment.

Pour le coup, ses préoccupations n’avaient pas grand chose à voir avec la politique. Maddison était passée la veille. Il avait entendu la Jeep se garer devant le Saloon. Il avait gardé la main sur son arme tout le temps qu’il avait fallu pour s’assurer qu’il n’y avait pas de menace : on n’était jamais trop prudent. Même si peu - pour ne pas dire rien - ne reliait le Saloon à leurs activités, ils n’étaient jamais à l’abri d’un importun. Et les règles pouvaient être transgressées, même au Sanctuaire. Une brebis galeuse décidée à jouer les trouble-fête pouvait tout à fait se présenter et déclencher ne bagarre ou une fusillade. Non qu’il aurait eu une chance de s’en sortir, mais Abel n’allait pas non plus lui laisser l’avantage de le prendre au dépourvu.
Bref, il était donc sur le qui-vive quand Maddison s’était présentée. En la reconnaissant, il avait relâché la crosse de son arme pour l’accueillir d’un baiser. Elle était venue lui déposer un cadeau, pour le moins saugrenu : une bougie, qui trônait encore sur le bar du Saloon. Abel sourit à ce souvenir, se demandant encore ce qui avait bien pu passer par la tête de la jeune femme. Cela étant, les explications avaient été noyées dans ce qui avait suivi, et Maddison était repartie deux heures plus tard.
Malgré tout le temps passé ensemble, il avait encore du mal à définir la relation qu’il entretenait avec Maddison. Ils ne voulaient pas les mêmes choses, n’avaient pas les mêmes objectifs ni la même façon de penser. Il ne savait pas où tout cela les mèneraient et il était prêt à parier que Maddison se posait les mêmes questions, même s’ils n’en avaient jamais parlé ensemble. Et le plus gros problème était qu’ils avaient dépassé le stade où ils ne faisaient que s’amuser… Ils en étaient très très loin…
Il enfonça rageusement le dernier clou pour la matinée. Il avait été stupide. Pas imprudent, mais stupide. Ils n’avaient pas besoin de ce genre de complication, leurs vies l'étaient déjà assez comme ca… Mais il était trop tard.

Il poussa un soupir tout en inspectant son travail. Relativement satisfait, il remballa son matériel et rentra dans le Saloon par la porte de derrière, rangeant ses outils dans la Réserve, à leur place, et se dirigea vers la cuisine pour préparer leur petit dej, sachant qu’il ne resterait plus seul encore bien longtemps. Il en était à préparer la pâte à pancakes quand il entendit un bruit de moteur, qu’il indentifiait parfaitement. Il tourna légèrement la tête vers l’entrée du Saloon - invisible depuis sa position - guettant le coup de frein tardif qui ne manquerait pas de survenir. Il avait beau savoir qu’elle ne ferait pas d’erreur, imaginer le pick-up de Eve s’arrêter à frôler sa moto lui crispa la mâchoire avec un sourire d’auto-dérision quand le moteur se coupa sans entendre le moindre bruit de tôle froissée. Mieux valait continuer à préparer les pancakes...

Il entendit la porte claquer, et le bruit de bottes sur le plancher. Qu’est-ce qu’elle avait encore inventé ?

il en eu la réponse lorsqu’elle entra dans la cuisine - qui semblait bondée avec eux deux dans la pièce. Il la détailla de pied en cape avec un sourcil désapprobateur levé et un sourire ironique en coin, avant de se pencher légèrement pour lui permettre de l’embrasser.

« Salut… T’inquietes pas, je viens juste de finir la façade… tu ne vas pas manger froid… »

Il lui donna un léger coup de cuillère sur la main quand elle plongea le doigt dans la pâte crue.

« Tu vas avoir mal au ventre... » litanie à jamais répétée, à jamais fausse, mais que les ainés resservent à l’envie à leurs cadets dans l’espoir futile que cela les arrêterait.

La mention de Garin lui fit serrer les lèvres et diminua son humeur badine. Que sa soeur et lui aient sympathisé lui donnait de l’urticaire. Pourquoi lui ? Jason était tellement plus digne de confiance, plus fiable, plus… Attends, il était en train de faire la liste des prétendants potentiels ? Plutôt que de lui coller une ceinture de chasteté et de l’enfermer à double tour dans l’Arsenal ? Il poussa un discret soupir. La vérité était qu’il ne supportait que difficilement Garin et qu’il n’avait pas envie qu’il fréquente Eve. Et les niveaux…
Il redressa la tête, fixant un point inexistant devant lui un instant avant de tourner la tête vers elle et prit appui sur le plan de travail de la cuisine. Ce faisant, il remarqua son t-shirt à l’envers.

« Je crois qu’il a un peu merdé en refermant ton capot… Et que finalement, c’est pas plus mal que je lui aie laissé ce plaisir... » Le ton était acide, plein d’ironie, et ça lui faisait mal à la bouche de se féliciter que Garin soit responsable de la tenue débraillé de sa soeur. Le coin de sa lèvre se souleva dans un vague sourire illustrant le mépris qu’il avait pour l’Elémentaire, et retourna à sa pâte.

Et puis Eve lui demanda si quelqu’un était passé au Saloon. Bon sang, s’il avait des antennes pour ce qui concernait sa soeur, la réciproque était tout aussi vraie.

« Tu crois que j’ai ouvert un bordel ici ? Tu sais que je ne ramène pas de fille au Saloon... » normalement… Après tout, son histoire avec Maddison avait commencée parce qu’il avait brisé cette règle. « … Et quand bien même... » il tendit une tasse de café à Eve avant de mettre ses pancakes à cuire. « … Je ne la ferais pas rester ici quand je sais que tu dois passer... » Il tourna la tête vers elle pour lui servir un sourire angélique, puis retourna la première fournée de pancakes.

« Au fait, t’as oublié de mettre un bas... ton fute a demandé un congé maladie, il est resté à la maison ? » Référence au short beaucoup trop court. Le vêtement aurait tout aussi bien pu être un slip...

[ bon je promets pas que ce soit aussi long à chaque fois ;) ]
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Eve
Eve
Abel n'était pas ce genre d'homme à ramener toutes les donzelles qu'il levait, c'était mieux ainsi, surtout que la plupart n'avait pas grand chose dans le crâne, trop rongé par les reflux d'ammoniaque certainement. Et surtout, c'était risqué, pour tous.
A la remarque d'Abel et de son capot, Eve fronça les sourcil et comprit. Les coutures de son tee-shirt visibles, elle secoua la tête. Le chapeau de paille maintenant sur la table, et retira son haut pour le remettre à l'endroit. Aucune pudeur devant son frère, ils en avaient vu d'autre non? Et rapidement, l'erreur était réparée sans plus de commentaires. Eve savait qu'Abel ne supportait pas du tout son cher et tendre, mais il ne l'avait jamais demandé de cesser de le voir en dehors. Il savait de toute façon que c'était peine perdue. Surtout avec ces deux là.

Et voilà, le mâle était fait ! Elle l'avait senti, il avait ramené quelqu'un, et ça, c'était l'évènement du jour, des dernières décennies même...

- Ah oui ? Quand bien même ?...

Taquine elle s'approcha de son frère, le sourire en coin, en tripotant la bougie posée... Abel aimait les bougies maintenant ? Il voulait que son saloon sente la rose ? Que c'était si viril de sa part... Elle fit glisser l'objet entre ses mains, les avant bras appuyés, les fesses en arrière.

- Tu comptes donner un côté plus féminin aux lieux maintenant ? Et sinon... Elle s'appelle comment? Non... laisse moi deviner... hmmmmm...
Elle leva les yeux au plafond en réfléchissant et se dandinant.
- C'est cette serveuse là... j'ai oublié son nom... Jessy ? c'est ça? Non, non. Elle se redressa en levant l'index. Si tu l'as ramenée ici... c'est qu'elle doit être spéciale et Jessy est gourde au possible ! Haaaan et tu me la caches depuis quand alors ?!

Elle lui donna un léger coup de poing dans le bras, vexée de ne pas avoir été mise dans la confidence. Elle lui fit un large sourire en regagnant sa place et retira finalement la seconde botte. Elle était bien plus à l'aise sans.

- C'est prêt ? Alors, qui est-elle ?

Elle croisa les bras et les jambes, l'interrogatoire allait être costaud. Non, elle ne lâcherait pas le morceau et Abel n'avait pas nié. Elle allait lui faire cracher le prénom et s'en amusait.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il la regarda retourner son t-shirt sans sourciller ni sans autre commentaire. Parler de Garin n’aurait qu’un seul résultat : ils auraient fini par s’écharper, comme à chaque fois. La première fois qu’il avait réalisé que les deux fricotaient ensemble, le Sanctuaire avait été à deux doigts de devenir une nouvelle mer. Il ne faisait aucune confiance au jeune homme, trouvant ses sourires fourbes et doutant de son engagement dans leur cause. Garin était-il conscient des enjeux de Liberation, ou simplement opportuniste cherchant où se trouvait le plus fort ? Ou là où était son meilleur intérêt ? Abel n’avait que des doutes concernant le jeune homme, et considérait en prime que sa mutation était plus une menace qu’un avantage. Garin était dangereux pour lui et pour les autres, que Eve ne le voit pas le rendait anxieux. S’inquiéter pour sa soeur était un luxe qu’il ne devrait normalement pas pouvoir s’offrir. Eve était sensée être assez grande pour se défendre seule. Abel n’avait jamais envisagé qu’elle puisse s’attacher à quelqu’un. Mais après tout, si lui le pouvait, pourquoi pas elle ?

A cause de lui…

Réponse évidente à laquelle on lui renverrait sa propre relation avec Maddison. Sauf que la situation était différente : lui et Maddison savaient depuis le premier jour qu’ils n’avaient pas les mêmes objectifs, qu’ils seraient adversaires, tôt ou tard. Cet état de fait avait fait partie intégrante de leur histoire, qui durait depuis maintenant deux ans. Pour ce qui concernait Garin, la question de sa loyauté n’était pas encore tranchée, et Abel savait que cela poserait problème tôt ou tard.

Il termina la série de pancakes et posa l’assiette sur un plateau pendant que Eve jouait avec la bougie déposée par Maddison. Bon sang, il aurait du faire disparaitre l’objet dès que la jeune femme était partie, mais il avait tout simplement oublié.
Il se retourna, posa les deux mains sur le comptoir et la fixa dans les yeux, l’air impassible, pendant qu’elle continuait ses déductions.

« Jody. » lacha-t-il placidement. Bon sang elle n’allait pas remettre ça… Jody était pure distraction, le genre de femme complaisante qui vous accueillait dans son lit sans rien demander, offrait ce qu’on pouvait demander sans rechigner. Positive évidemment. Chez qui Yu n’avait pas agit sur le nombre de neurones, certes… De ses histoires sans lendemain, Jody était la seule vers qui il était retourné lorsque l’envie d’une compagnie distrayante le taraudait. Mais pas depuis deux ans.
« Pour que tu te souviennes encore d’elle, elle ne devait pas être si mal que ca. Et il me semble que j’ai autant le droit de fréquenter qui je veux, non ? » commenta-t-il tout en sachant que c’était peine perdue : Eve exprimait ses désaccords plus volontiers que lui.
Le coup de poing qu’elle lui mit dans l’épaule lui tira un léger sourire, et puis il la regarda faire demi-tour et s’installer à table avant de se mettre pieds nus. Il finit par baisser rapidement le nez et se tourna ensuite vers son plateau, y posa le sirop d’érable, le coulis de chocolat - de synthèse - et deux tasses avec la carafe de café. Il amena finalement le tout à la table où s’était assise sa soeur, et il s’installa face à elle.
A nouveau, il croisa son regard d’un air impassible.

Certes, il n’avait pas nié. Il n’avait pas confirmé non plus. Tout était une question d’interprétation. Mais visiblement, Eve avait choisi de croire ce qui l’amusait. Qui était la vérité par ailleurs, et la bougie n’était pas pour l’aider à garder sa liaison secrète. Qu’il lui annonce que cela durait depuis deux ans, et Eve l’émasculerait sur place. Il était reconnaissant à Libby de n’avoir jamais rien dit de l’existence de Maddison, mais il savait que tôt ou tard, ça lui reviendrait comme un boomerang.

« Mange, c’est pas bon froid. Et j’ai pas envie de te les réchauffer… » Il en était capable, puisqu’il s’agissait juste d’agiter les molécules d’eau. Mais qu’il se refuse à le lui faire était une boutade de grand frère. « Tu ne crois pas qu’on a plus important à discuter ? Genre ce qu’il va se passer demain ? »
Diversion inutile. Mais ça lui permettait de gagner du temps.
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Eve
Eve
Eve ne fit aucun commentaire aux allusions de son frère. Tout comme lui, elle préférait se taire sur le sujet Garin, ils étaient toujours en désaccord sur le sujet. Abel ne lui trouvait que des défauts, qui n'en avait pas ? Oui, son frère avait raison, il n'était pas toujours fiable, mais Eve interprétait cela plutôt en maladresse venant de l'élémentaire. Mais remettre le sujet sur le tapis, non ce n'était clairement pas le moment, surtout à la veille d'une mission où tout le monde devait garder son sang froid et rester concentrer sur les objectifs.
Mais cela ne retirer rien à la curiosité d'Eve sur cette mystérieuse nana.

Elle le suivit du regard et l'analysait comme elle aurait fait pour n'importe quelle mission de filature. Eve le connaissait bien, trop bien même, c'était autre chose.
Les pancakes prêts, elle attrapa le sirop d'érable qui en avait prit un sacré coup... A croire qu'ils n'étaient pas les seuls a l'apprécier. Elle versa alors le précieux liquide et dessina un smiley, avec des coeurs à la place des yeux. C'était une chose qu'elle n'avait jamais refait, depuis leur recrutement. Quand elle était gamine, lorsqu'elle avait trois ans peut être, elle s'amusait déjà à dessiner des visages, des fleurs pour lui, leur mère. C'est peut-être le seul souvenir qu'elle avait, ou était-ce une chose qu'elle avait inventée pour se sentir libre quand la pression était trop forte ? Elle n'avait plus vraiment de souvenir de sa courte enfance, beaucoup moins qu'Abel c'était certain bien qu'elle l'ignorait finalement... Ils n'avaient jamais reparlé de leur enfance, de leur  "Avant". Eve ne se souvenait plus s'ils se l'étaient promis d'oublier, ou si pendant leur formation on les obligeait à oublier ou... Elle l'ignorait, voilà tout.
Elle s'était appliquée, et elle souriait devant son oeuvre qu'elle offrit à son frère d'une voix moqueuse elle lui dit tout en haussant les épaules.

- Tiens Roméo... Jessy-Jody-Jenny, ça ne la rendra pas plus maligne...

Elle se prépara son pancake mais elle se contenta simplement de tapisser la pâte cuite sans rien faire, rien dessiner, quelque chose de brouillon dans cette vie où tout était cadré, contrôlé, millimétré de main de maître par son frère. Elle mordit à pleine dent et l'observa et se mit à parler la bouche plein.

- Si tu veux... Elle avala. Mais qu'est ce que tu veux revoir ? On est au point. On est tous au point. Mais si ça t'amuse...

Lui balancer la mission alors qu'elle était au petit déjeuner, cela passait toujours mal pour Eve. C'était comme réveiller quelqu'un à l'aube un jour de congé. Mais Abel était toujours au taquet, elle aussi, mais ces petits tête à tête étaient trop précieux pour elle, pour venir troubler tout son plaisir avec des blabla d'infiltration.
Elle servit les deux tasses de café sans pour autant le boire.

Abel n'avait pas nié une relation, et ce n'était pas avec cette stupide serveuse et elle en fut presque soulagée, mais c'était de courte durée. Après une rapide analyse de sa propre situation avec Garin, de garder sous silence cette relation de couple sérieuse pour ne pas entrer en guerre froide avec son propre frère. Aurait-il une fille qui n'était pas fréquentable ? Ils l'étaient tous, être membre à Libération faisait d' eux des terroristes à fuir aux yeux de tous les étroits d'esprits.
Et si c'était une nana de libération. Non impossible également. Qui était alors cette gonzesse qu'il cachait, avait-il une raison valable pour lui faire ce genre de cachoteries. Abel savait très bien qu'Eve était un peu possessive, qu'il n'y aurait jamais de femme assez bien pour son cher frère mais pas au point de lui cacher une relation.

- Alors, comment elle s'appelle ? Qu'est ce qu'elle fait dans la vie ?

Des questions anodines dites comme ça, mais la voix d'Eve, un peu plus froide qu'elle ne l'aurait voulu ne trompait pas. Et là, elle ne lâcherait pas temps qu'Abel ne cracherait pas le morceau.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il la regarda donner vie à son pancake le fit doucement soupirer. Le geste était simple, et si elle ne se souvenait pas de grand chose, lui se souvenait parfaitement. Qu’elle lui prépare ses pancakes de la sorte lui renvoya une rafale de souvenirs qu’il avait pourtant bien enfouis dans un coin de sa tête.
Elle était si jeune à l’époque où elle faisait encore ça, en petite robe fleurie, à genoux sur sa chaise et un sourire innocent. Il se souvenait qu’il se moquait d’elle. Il se souvenait des piques acides qu’il lui faisait, disant qu'il n’avait pas envie de coeurs sur ses pancakes et ses crêpes. Des bravades de petit garçon qui se croyait déjà un homme. Il se souvenait des regards réprobateurs et navrés de leur mère qui voulait par dessus tout que ses enfants s’aiment. Elle voulait qu’ils soient forts ensemble. Elle serait probablement fiere d’eux, de les voir toujours unis. Le reste… Il n’en savait rien.
Il se souvenait aussi que c’était lui qui lui avait fait comprendre et accepter qu’ils devaient partir. Bien sur, c’était lui l’ainé. Comment Eve, si petite à l’époque, aurait pu comprendre toute la dimension du drame qui se jouait chez eux ? Si petite, elle était déjà si courageuse… Une fois qu’elle avait accepté l’idée de partir avec les terrifiants monsieurs, elle n’avait plus pleuré.
Le MSS avait déployé beaucoup d’énergie à saper tout souvenir de leur ancienne vie. Abel était trop vieux pour qu’ils y parviennent. Mais Eve ? Il n’avait jamais eu le cran de lui demander. Evoquer ensemble les souvenirs de leur foyer aurait été le meilleur moyen de s’apitoyer si elle se rappelait. Sinon… C’aurait été trop cruel pour elle. Même lui pouvait le reconnaitre.

Cependant, ces petits coeurs et ce sourire sur le pancake démontraient que le MSS n’avait pas tout effacé. Son expression alors qu’elle s’appliquait était la même qu’elle arborait quelques 24 ans plus tôt… Et il ne put s’empêcher de retrouver la même réponse - ou en tout cas le même type de réponse - qu’autrefois lorsqu’elle lui tendit l’assiette.

« Sérieusement… Non… Tu sais que mon crédit va en prendre un sacré coup si quelqu’un arrive ? Je suis sensé être un leader charismatique et viril, je te rappelle… »

Ô douce ironie qu’il s’en regorge en apparence. Au fond, et elle le savait très bien, il se fichait de son image. Seul comptait l’objectif, la finalité de leur mission. D’ici à ce qu’ils réussissent, peu lui importait la façon dont on le regardait. Enfin presque… Jusqu’à il y a pas si longtemps, l’avis d’Eve lui était essentiel. Depuis deux ans et sur certains points, celui de Maddison aussi. Mais elles étaient bien les seules… Les femmes de sa vie… Il eut un sourire franchement ironique. Il allait devenir sentimental à ce rythme.

Il préféra revenir au présent immédiat, à savoir Eve qui bougonnait parce qu’il lui parlait boulot au petit dej. A leur petit dej. Non il n’avait pas l’intention de lui infliger ça, surtout que ça allait la mettre de mauvaise humeur, et il n’avait pas envie de leur gâcher ce moment. Quoique… Elle énervée, elle passerait peut être ses nerfs sur Garin. Ca lui ferait les pieds tiens…

« On sait jamais… Tu pourrais oublier que c’est Gen qui doit s’y jeter et pas toi ? » Il connaissait assez sa soeur pour savoir qu’elle serait capable de faire ce genre de bêtise. Elle avait accepté bon gré mal gré qu’il le l’envoie pas elle au coeur de l’Underground. Tout le monde savait que c’était la spécialité de Gen, même Eve. Elle avait accepté le plan. Et elle avait raison : tout était prêt.

Non au lieu de ça, elle en remit une couche sur Maddison. Ou en tout cas à chercher son existence. Il sentit au ton de sa voix. Qu’elle ne lâcherait rien. Il avait fait une erreur en laissant la bougie en évidence, parce que rien, rien ne pouvait expliquer qu’il ait ce genre de chose chez lui. Elle venait nécessairement de l’extérieur, de quelqu’un qui se souciait de lui apporter quelque chose d’aussi futile. Il allait devoir assumer son erreur. Ou en tout cas reconnaitre un minimum la situation. Mais moins il lui en dirait mieux il se porterait. Jusqu’à quel point Eve accepterait qu’il ne lui dise pas tout concernant Maddison.

Il la regarda tout aussi froidement qu’elle lui avait parlé en reposant les couverts qu’il avait pris en main pour attaquer son repas. Les avants bras posés sur la table, la tête légèrement baissée, il avait tout du fauve prêt à bondir.

« Tu n’as pas à le savoir. » Dit-il plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu. Il prit une inspiration agacée contre lui même. « Tu ne peux pas tout savoir. » De la même façon que Maddison ne l’appelait par aucun nom parce qu’elle savait que ce n’était pas son vrai nom, lui refusait d’employer le moindre nom de code pour s’adresser à sa soeur depuis qu’ils avaient repris leur liberté. « Depuis le temps, tu devrais le savoir. Et ça, c’est… c’est une information qu’il vaut mieux que tu n’aies pas. » Ou comment reconnaitre qu’elle avait touché juste sans en avoir l’air.
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Eve
Eve
Elle croisa les bras en levant les yeux au ciel. Voilà qu'il jouait encore au gros bras et au petit minet qui faisait attention à ce que pourrait penser les autres de lui. « Sérieusement… Non… Tu sais que mon crédit va en prendre un sacré coup si quelqu’un arrive ? Je suis sensé être un leader charismatique et viril, je te rappelle… » Et c'est celui qui met des bougies parfumées partout dans son saloon qui me dit ça, je te ramènerai des fleurs tout à l'heure... Cela l'avait presque fait rire.
Abel n'était pas comme ça, il ne l'avait jamais été et ce n'était pas une bougie parfumée qui allait le changer, même si dans le fond, Eve était blessée de ne pas avoir été mise au courant. Il y avait bien une femme, mais lui cacher était une grossière erreur.

Eve n'avait pas réagi à sa remarque concernant la mission, elle avait d'autres choses à penser, comme les secrets de son frère. Tout était déjà planifié. Même si Eve crevait d'envie d'infiltrer l'underground et jalousait un peu Gen, elle savait pertinemment que celle-ci était la meilleure pour ce genre de mission, elle se contenterait de rester à sa place.

Elle l'avait suivi partout, il était son repère, son guide, son modèle depuis ses trois ans, elle n'avait pu imaginer qu'il lui fasse des cachoteries, encore moins pour la protéger par ce qu'il n'avait jamais était tendre avec elle. Elle n'avait pas besoin d'être couvée, et il le savait mieux que quiconque. Elle lui obéissait, même s'il lui donnait plus souvent l'envie de le remettre à sa place, ce qu'elle faisait à chaque fois avec plaisir, manifester son désaccord et défendre ses idées, Eve obéissait aux ordres, toujours. Elle était certainement celle qui lui était la plus dévouée, après Annie qui lui était elle, dévouée corps et âme sans jamais broncher. Mais elle était sa soeur, avait partagé tous les obstacles et galères depuis 24 ans... Cela ne comptait plus ?

Je n'ai pas à savoir ? Elle releva les sourcils d'étonnement. Mais depuis quand elle n'avait pas à savoir ce qui se passait? Et là pour Eve, ça sentait clairement le poney. Et depuis quand je suis mise de côté ? Depuis quand je n'ai pas à tout savoir ?

Le ton avait monté encore un peu. Elle tentait de se maîtriser, agrippée à ses couverts pour ne pas lui balancer à la figure. Ce qu'elle ne ferait  pas, mais l'envie de le remettre à sa place, ou de reprendre la sienne... Pas simplement de numéro deux de Libération, mais aussi celle de soeur.
Elle plaqua son dos sur le dossier de sa chaise en fermant les yeux, c'était toujours sa façon de faire pour garder son contrôle.

QUI est cette femme ?

Et sa réponse, il fallait vraiment qu'elle soit à la hauteur de ses attentes, directe et vraie, sinon...
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Abel Henoch
Abel Henoch

Il aurait du parier qu’elle n’aimerait pas sa réponse. C’était évident, et il ne pouvait pas lui en vouloir. D’abord parce que lui-même ne s’était pas exprimer avec une once de douceur. Ensuite parce que si la situation avait été inversée, il aurait réagit tout aussi violemment. Peut être plus violemment d’ailleurs : en tant que leader du groupe et son grand frère, il estimait devoir tout savoir. Il estimait aussi être le mieux placé pour choisir ce que les autres avaient besoin de savoir ou non. Eve compris. Ce n’était certainement pas le meilleur moyen de se faire des amis, mais le but d’Abel n’était pas de plaire. C’était d’atteindre son objectif, objectif que les autres partageaient et qui lui faisaient confiance pour l’atteindre. C’était donc normal qu’il soit celui qui compartimentait les informations.

Pourtant, il comprenait sa soeur. Leur relation était différente, et se jouait à un tout autre niveau. Il n’aurait pas du avoir ce genre de secret pour elle. Et Maddison n’aurait-elle pas été de l’Underground - pire, une de leurs leaders - il ne le lui aurait pas caché. Et ce n’était même pas uniquement le problème du rôle de Maddison dans l’Underground et son appartenance au groupe dissident. La difficulté à l’évoquer venait aussi du point où en était la relation entre eux. Il ne pouvait nier le magnétisme presque immédiat qui les avait unis. Mais au cours de ces deux dernières années, ce qu’il y avait entre eux avait atteint un point qu’il était incapable d’expliquer. Et puis il ne pouvait pas anticiper la réaction de Eve concernant Maddison, et ça l’incitait d’autant à garder cette information pour lui. Mais là, il pouvait difficilement esquiver. Surtout avec l’expression qu’arborait sa douce soeur.

D’un autre côté, il n’avait pas l’intentions de lâcher le morceau si facilement.

« Je ne peux pas TOUT te dire. Ca ne veut pas dire que je te mets de côté. Ca veut simplement dire qu’il y a des choses que je ne peux pas partager avec toi. Est-ce que tu me racontes tout ? »

Question à double tranchant, il ne voulait pas tout savoir de ce que faisait sa soeur. Surtout si ça concernait un certain blondinet agacant.

En attendant, il planta son regard dans celui de sa soeur, dans un silence à couper au couteau. Si elle s’était redressée contre sa chaise, lui était resté les bras posés sur la table, penché en avant, parfaitement immobile.

« Elle n’a pas emménagé ici, si c’est ce qui t’inquiètes. »

Nouveau silence.

« Elle s’appelle Maddison. » Jeu dangereux, mais si il espérait s’en sortir sans encombre, il devait lui en donner un peu. Un prénom, ça n’était rien.
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Eve
Eve
Au fur et à mesure de ses mots, Eve écarquillait ses grands yeux bleus, elle n’en croyais pas ses oreilles, elle l’avait laissé parler. Depuis quand avaient-ils des secrets l’un pour l’autre ? Surtout pour des histoires de coucheries, ou même de relation qui devenait sérieuse. Elle aurait été la première ravie pour son frère qu’il rencontre enfin quelqu’un. Eve avait toujours pensé que ça lui ferait du bien de s’intéresser à autre chose qu’à Libération de temps en temps. On avait tous le droit à des distractions non ? Même si, ils devaient l’avouer, la plupart d’entre eux se passaient très bien des loisirs extra-Libé, ils avaient appris à très bien vivre sans.

- Tu ne peux pas tout me dire ? Tu te fous de moi là ? Tu te fous de moi ! Le fait de me dire ça me met de côté direct ! On a toujours tout partagé ! Alors tu vas me faire le plaisir d’arrêter tes conneries et me parler !

Eve sentait sa colère monter comme elle ne l’avait jamais ressenti contre son frère. Surtout quand dans les sous-entendus,  Garin qui était directement visé. Elle s’est penchée sur la table en le pointant du doigt, le ton était monté mais elle avait encore de la marge sous le pied et sentait qu’Abel prenait sur lui pour ne pas éclater à son tour. Ils avaient tous les deux une patience incroyable quand il s’agissait de l’un l’autre. Mais là, ce n’était plus le cas…

- Je ne te cache rien moi, JAMAIS ! Par ce que TU refuses de m’écouter lorsque je te parle de Garin, tu préfères fermer les yeux et te taire, faire l’autruche que d’aborder ce sujet ! Par ce que tu sais très bien ce qui se passe, et tu as été jusque là suffisamment intelligent pour ne rien dire. Donc ne viens pas me jeter la pierre alors que le problème c’est TOI et personne d’autre !

Elle a soutenu son regard en le défiant, on aurait pu entendre une mouche péter. Si Abel était aussi adulé que craint, Eve n’avait jamais été impressionnée par le bonhomme même si elle le respectait et réciproquement. Il était son frère, ils se connaissaient par cœur, personne ne pouvait comprendre ce qui les liait à ce point au delà du sang, rien ni personne ne pourrait les séparer. Ce qu’elle pensait être le cas jusqu’à maintenant.

Elle s’était levée en bousculant un peu trop fort sa chaise qu’elle rattrapa in extremis lorsqu’il s’était senti obligé de justifier que sa gonzesse n’avait pas emménagé ici. Elle crut halluciner, cette idée ne lui avait jamais traversé l’esprit, Eve se mit à rire nerveusement.

- Mais j’espère bien qu’elle ne vit pas ici, mais elle est venue et a même commencé à changer la déco. Elle pointa la bougie qui trônait un peu plus loin. Et tu lui as fait faire le tour du propriétaire ? Et je ne parle pas de ton corps d’Apollon !  Elle a apprécié l’arsenal ? Elle n’a pas proposé d’y accrocher une tapisserie ?

Elle a croisé les bras pour ensuite passer une main sur son visage lorsqu’il lui donnait son prénom.

- Maddison, et elle n’a pas de nom cette Maddison ? Arrête ce jeu avec moi Abel, arrête tout de suite. Je ne te demande pas des infos au compte goutte, je veux savoir, pourquoi tu me la caches et depuis combien de temps. Bordel Abel ! J’ai le droit de savoir ! Qui est-elle pour qu’elle reste au rang de mystère ?

Elle a inspiré très fort  pour se calmer en faisant les cent pas pour revenir à sa hauteur pour reprendre.

- Je t’ai suivi alors que je ne savais pas pourquoi nous devions partir, j’ai juste compris qu’on ne ferait pas de mal à maman. Je t’ai suivi sans poser de questions, sans pleurer. On a vécu des tas de choses et rarement joyeuses. J’ai bâti autant que toi ce que nous sommes aujourd’hui. Tu es peut être le leader par ce que je l’ai aussi voulu, c’est ce que tu fais de mieux et tu es indéniablement le meilleur pour nous guider. Mais je suis aussi Libération, je suis Ton second, TA partenaire, je suis ta sœur TON sang Abel, ça ne compte plus ça ? C’est fini pour toi ? Je suis reléguée au rang de recrue, chaire à canon pour t’élever ? Oh ce n’est rien, ce que Eve, elle n’a pas besoin de savoir. Je dois savoir si cette Maddison est un danger potentiel pour libération. Pourquoi la cacherais-tu sinon ?

Elle savait très bien qu’Abel n’avait jamais pensé que chacun de ses membres n’étaient que de la chaire à canon. Eve savait qu’elle allait un peu trop le titiller cette fois.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Si la colère d’Eve avait quelque chose d’explosif, celle d’Abel était beaucoup plus froide. Il serrait lèvres et mâchoire pour ne pas répliquer, parce qu’une part de lui savait qu’elle avait raison. Ou en tout cas, pas tort. Il savait pertinemment pourquoi il n’avait pas parlé une seule fois de Maddison en deux ans, et ce n’était pas du au fait qu’il avait d’abord s’agit d’une histoire de fesses sans importance avant de devenir un tant soit peu sérieux.

Il n’avait pas bougé lorsqu’elle s’était levée, la suivant du regard, presque immobile, alors que Eve semblait plutôt bouillonner, a faire les cent pas et à fulminer. Il s’était tout de même fendu d’un levé de sourcil dubitatif : si une simple bougie était « changer la déco », heureusement qu’il ne faisait pas la poussière plus souvent, le côté reluisant du Saloon serait proprement déroutant...
Par contre, lorsqu’elle commença à ironiser sur la façon dont il pouvait considérer les membres de Libération, le regard dont il la gratifia était on ne pouvait plus noir.
Il se recula contre le dossier de sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine. Il n’avait pas l’intention de se lever - plutôt mauvais signe en général - mais il ne comptait pas non plus laisser filer aussi facilement.

« Si c’est comme ça que tu penses que je traite les membres de cette unité, tu peux sortir tout de suite. » Lacha-t-il froidement, genre froidement comme il l’était rarement. Et il était on ne pouvait plus sérieux. Il était a même d’accepter d’elle tout le reste, tous ses griefs, mais pas celui là. Il n’avait pas créé Libération pour réunir un troupeau de kamikazes jetables, mais pour trouver des gens qui attendaient autre chose de la vie que d’être justement des pions sur un échiquier bien trop grand pour eux. Il se sentait profondément insulté d’être comparé de la sorte à ceux là même qu’ils combattaient - bon peut être qu’il exagérait un peu.

« Et je te remercie pour ton vote de confiance. Tu me prends pour un abruti fini à ce que je vois. Tu crois que j’aurais fait venir ici quelqu’un dont je n’étais pas sure qu’elle n’était pas un danger pour nous ? » Avec raison, il avait fait venir Maddison la premiere fois sans savoir qui elle était. Il ne préféra même pas relevé qu’elle puisse sous entendre qu’il l’ait faite descendre à l’Arsenal.
« Tu crois que je suis pas capable d’évaluer le danger qu’une personne peut représenter pour nous ? »

Elle n’avait cependant pas tout à fait tort : il savait que le fait que Maddison soit de l’Underground représentait une faille. Minime, mais une faille tout de même. Ce n’était pas tant ce que Maddison pouvait faire à Libération qui l’inquiétait. C’était plutôt ce que Libération, et Eve en particulier, pourrait lui faire.

« Tu n’as rien à craindre d’elle. Et ça ne change rien au reste. » Ou comment dire « tu restes ma petite soeur adorée en qui j’ai confiance et que je protégerai jusqu’au bout de la vie » pour un Abel peu expansif.

[C'est miteux, je m'excuse profondément]
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Eve
Eve
- Evidemment que non, je sais très bien comment tu penses et peut être mieux que personne.

Ce n’était peut être plus le cas finalement, Maddison serait-elle celle qui le comprenait le mieux selon lui ?
Si Eve poussait le bouchon sur la vision d’Abel sur ses membres, c’était tout aussi bas de sa part de lui demander de partir, ce qu’elle allait finir par faire s’il continuait sur cette voie. Eve n’avait plus qu’une envie, le secouer comme un prunier pour qu’il crache le morceau.
Abel n’avait pas l’air bien heureux, son regard, toute son attitude montrait qu’il n’appréciait pas du tout ce qu’elle lui balançait dans la figure, mais Eve ne comptait pas en rester là.

- Je ne dis pas que tu es un abruti, j’ai des craintes sur de ton manque de discernement à son sujet. Et j’ai raison puisque tu refuses de me dire qui elle est, ce que tu n’aurais jamais caché si cette nana était quelqu’un « d’insignifiant ».

Elle entendait par là, la nana lambda du coin, qui trime comme une malade pour s’en sortir en cumulant trois boulots pourris comme c’était souvent le cas. Elle reprit sa place face à Abel en croisant les bras sur la table. C’était un effort considérable pour prendre sur elle et continuer sur un ton un peu plus doux…

- Qu’est ce qu’elle est ? La sœur cachée de Stenton ? Elle bosse pour la Waleman ? Flic ?... Elle resta un instant interdite avant de reprendre. L’underground ?
Eve ne savait pas lequel de ces choix elle préférait, et surtout espérait se planter sur toute la ligne. Mais l’attitude d’Abel lui faisait craindre le pire. Elle passa la main sur son front nerveusement.
- Oui, je pense que tu peux être aveuglé. Prouve moi que j’ai tort, vas-y, dis moi qu’elle n’est pas une de ceux-là et je te fous la paix, et ne t’avise pas à  me mentir.

Elle l’avait pointé du doigt, était-ce une menace ? Peut être. L’attitude de son frère était déplorable, elle avait l’impression d’être en face d’un gamin qui refusait avouer sa connerie, et venant de lui, c’était encore plus étonnant, il était trop sûr de lui pour être totalement honnête. Elle se mit à rire nerveusement en levant les mains de la table et prit la même position que son frère.

- Alors si elle est aussi inoffensive, qui est ce joli petit mouton blanc ? Qui est celle bulle de pureté ?

Il avait de la chance d’être son frère d’amour adoré, qu’elle refusait d’user de son pouvoir sur lui, par principe, par amour fraternel et par ce qu’il était toute sa vie. Sinon elle serait déjà passée à la vitesse supérieure, elle détestait devoir interroger gentiment et trop longtemps…  Mais son regard glacial ne tromperait pas Abel, Eve commençait à être au bout du bout.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il aurait aimé que sa soeur ne soit pas aussi perspicace. Elle avait beau faire un effort pour se calmer - en apparence - il savait très bien qu’elle arrivait au bout de ce qu’elle était capable d’accepter. Et lui-même atteignait ses propres limites à ce qu’il pouvait lui cacher. Elle était trop directe dans ses questions, trop précise, pour qu’il puisse continuer à esquiver les questions. Lui cacher des informations n’était déjà pas dans ses habitudes, alors s’entêter quand elle trouvait les réponses d’elle-même était proprement ridicule. Même si les insinuations de sa soeur ne lui plaisaient pas.
Peut importait en effet la nature de sa relation avec Maddison, il n’avait jamais été en défaut pour ce qui concernait la sécurité, que ce soit la sienne ou celle de Libération. Qu’elle remette ce fait en doute l’agaçait.

« Peu importe qui elle est. Le fait que vous n’ayez rien vu et que notre fonctionnement n’a été en rien perturbé devrait te suffire comme preuve, non ? L’intérêt du groupe et de notre mission sont toujours mes priorités, tu devrais le savoir, tu l’as vu, non ? »

Devoir se justifier était tout aussi contrariant. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus eu à le faire, pour qui que ce soit. Le MSS s’était contenté de ses rapports sans autres explications, au vu de ses résultats. Et depuis qu’il était à la tête de Libération… soyons honnête, c’était surtout à lui même qu’il rendait des comptes. Alors se retrouver sur la sellette comme lorsqu’il avait 14 ans et commençait à opérer pour le compte de la Chine, ça avait un côté inconfortable. Pourtant… Il n’arrivait pas à en vouloir à sa soeur. Il aurait fait pareil à sa place. Pire, peut être.

Quoi qu’il en soit, les deux dernières questions d’Eve fendilla son masque de chef suprême contrarié. Imaginer Maddison en être pur et inoffensif avait quelque chose de risible, et il ferma lentement les paupières avec un sourire amusé, en secouant légèrement la tête.

« Oh elle n’a rien d’inoffensif… encore moins d’un mouton... » lacha-t-il à mi-voix avant de soupirer en regardant sa soeur. Plongé dans ses grands yeux bleus avec l’air de regarder bien au-dela d’elle, il se remémorait tout ce qu’ils avaient traversé. Ils n’étaient pas forcément très démonstratifs - lui surtout - mais ils étaient liés au dela de tout ce qui pouvait être explicable.

« Je n’en ai pas parlé parce que je savais que tu réagirais précisément de la sorte. Mais je suis tout à fait capable de compartimenter… » Nouveau soupir avant de poursuivre, cassant. « Elle est flic. Elle est de l’Underground. Et elle n’est pas notre ennemie. » Il serra les mâchoires, prêt à encaisser ce qui ne manquerait pas de suivre.
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