2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Sky/Tibor] The One That Got Away

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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
La page blanche, il la prit en pleine tête. Il ne s'y attendait aucunement et l'argument le frappa comme une gifle. Il entrouvrit les lèvres malgré le sourire de Sky. Entendre qu'on se moquait de lui, c'était une chose, mais que ça vienne de Sky comme une vérité, un constat, il n'aurait pu penser que ça lui ferait cet effet glacial. Et le pire étant qu'elle continuait. Il lui fallut plusieurs secondes pour retirer sa main de sa joue, lui expliquant qu'il s'agissait là d'un geste tout à fait anodin. De mémoire, personne ne s'y était essayé. Les gamins étaient des créatures étranges, capables de percevoir le rejet des autres, même quand ceux-là ne s'en rendaient pas compte. Aussi, aucun d'eux n'avait tenté de l'approcher. Les garçons ne lui portaient pas ces attentions et les filles... Quand elles s'approchaient à ce point, c'était pour une raison parfaitement claire et qu'il comprenait plus que n'importe laquelle.

Quand Sky ne le regarda pas, il porta sa propre main à sa joue comme pour retracer le geste de l'adolescente, des fois qu'il en reste des traces. Il se regarda les doigts et laissa sa main retomber sur ses cuisses. Il détailla Sky, cette jeune fille qui avait plus à l'apprendre que lui à protéger et il chercha la plus grosse différence entre eux, ce qui le rendait plus adulte et expérimenté qu'elle. Sauf qu'il ne trouva pas.

"Ca fait deux fois que tu fais référence à Six et que tu réponds pas quand je te demande de quoi tu parles. Encore quelque chose que j'ai pas compris ?"

Le plus étonnant, c'était cette rougeur dans son estomac. Elle était apparue lorsque Sky avait caressé son visage et elle ne partait plus. Et le fait qu'il compte pour elle ? Il comptait pour beaucoup de gens, il fallait croire et pourtant, il n'avait rien fait pour. Il allait et venait dans la vie des gens et ne faisait rien pour les marquer. Si c'était le cas, il aurait bien aimé voulu comprendre ça aussi.

"Et je suis pas une page blanche. J'ai plus de pages du tout."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky attrapa un autre soda et le posa juste devant lui. Elle releva les yeux sur lui et lui sourit doucement.

- Moi je te vois pas comme ça. J’pense que tu sais plein de choses : des trucs utiles que je sais pas, des trucs que tu as vu et que je sais pas non plus. Y’a aussi des choses que tu connais mais que tu comprends pas.


Elle cala son menton contre ses genoux, sa cannette près de ses pieds.

- Et puis y’a des choses que tu sais même pas que ca existe et que je veux te montrer. Comme ca, ce que j’ai fait. Je voulais parce que c’est des trucs chouettes. Pour ca, oui, t’es une page blanche. Enfin je trouve. Mais juste pour ça.

Sky se frotta le nez avec la paume de sa main, réalisant qu’elle avait effectivement parlé de son amie deux fois. C’était spontané, sans réfléchir, parce que dans sa tête, Six restait quand même la personne la plus proche de Tibor et la plus susceptible de lui faire découvrir ces univers affectifs au contact de ses propres sentiments. Là encore, elle se fourrait peut-être le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Sky ne parlait pas le Tibor qui finalement restait une langue à part entière.
Elle haussa les épaules.

- Six est amoureuse de toi. Je pensais que tu l’avais compris vu comme tu le disais. C’est pour ca que je la prends comme exemple… après j’ai bien compris aussi que toi tu ressens pas ça pour elle. C’est ok. J’en parlerai plus.

Elle l’observa quelques secondes en silence puis son visage s’éclaira d’un large sourire.

- Je voulais pas te gêner. Je recommencerai pas, dit-elle en tendant l’index vers son visage comme s’il y portait la marque d’une brûlure quelconque suite à son geste.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Ce n'était pas vraiment ce qu'il avait voulu savoir mais la vérité sort de la bouche des enfants, après tout. Il se frotta la tempe d'un index en regardant ailleurs et inspira profondément, mal à l'aise pour le coup.

"Je sais. C'est pas nouveau." Ce n'était pas pour rien qu'il se posait autant de questions. "Je pensais qu'elle avait pu te dire quelque chose qui m'aurait aidé à comprendre surtout pourquoi et comment. Parce que ça ne signifie rien pour moi comme mots. C'est comme quand tu me dis... Comme ça, comme si c'était logique, facile et tout à fait normal, que je compte pour toi alors que j'ai rien fait pour."

Il tourna les yeux vers elle et loucha sur son index. Après un effort surhumain, il lui prit son doigt au creux de sa main et lui repoussa dans un sourire tendu, rougissant à vue d'oeil, le regard fuyant.

"Arrête."

Finalement, il était possible que le sujet du sexe arrive à le mettre mal à l'aise, comme n'importe quelle personne normalement constituée. Il secoua la tête et le souffle d'un rire s'échappa de ses lèvres.

"T'es nulle."

Et au bout d'un moment, il releva les yeux vers elle, ce sourire fin et discret en coin. Il ne savait pas trop ce qu'il pourrait lui apprendre, comme elle lui disait.

"Tu n'as pas besoin de moi. Tu as quelqu'un pour t'entraîner, Harry t'escorte et ton Maze te protège. Pour tout le reste, tu as Garin et Six. Tu as une vie et je vois pas ce que je pourrais t'apporter de plus. Qu'est-ce que tu voudrais que je te dise ?"

En matière d'expériences, Bogdan était plus remonté que lui, c'était un fait, et pourtant, lui, personne n'aurait soupçonné quoi que ce soit, quand on regardait Tibor avec la pitié pour un animal blessé.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sa réaction la fit rire et quand il repoussa son doigt elle fit semblant d’avoir vraiment mal, comme s’il avait pu le lui casser.
Personne ne la croira jamais. Si un jour, elle venait à raconter qu’en l’espace de quelques heures elle a vu Tibor rougir et rire aux éclats, c’est sûr, même Bogdan trouvera qu’elle abuse clairement dans le mensonge. Ou comment se faire une réputation de mythomane à moindres frais.
Sky haussa une épaule.

- Six elle est amoureuse mais je t’ai dit, c’est comme ca. On n’a pas toujours besoin de faire quelque chose de logique. C’est pas pour rien qu’on dit qu’on « tombe » amoureux. Quand on tombe on le fait pas exprès.


Elle but un peu plus de soda et regarda le fond de son contenant comme si elle pouvait y trouver des réponses aux questions existentielles.

- Bah déjà tu m’as quand même sauvé la vie ! C’est pas rien !

Il lui fallait quoi d’autre au juste ? Qu’il détourne une météorite de sa petite personne pour qu’il considère que ce soit un acte assez important pour qu’il ait de la valeur ?

- Après j’sais pas… y’a des gens qui sont autour de moi parce que j’aime bien être avec eux, c’est pas parce que j’ai besoin d’eux.

Elle fronça les sourcils.

- Bon ok ! Y’en n’a pas beaucoup c’est vrai… mais y’en a ! J'aime bien être avec toi.

Il avait le don de la coller dans des impasses quand même, incapable d’expliquer les choses avec autant de clarté qu’il voudrait.

- Tiens par exemple, toi pourquoi t’es venu ? T’as dit toi-même que t’avais rien de particulier à me dire ou que j’avais pas besoin que tu me protèges. Tu m’as fait flipper remarque hein, parce que c’est pas dans tes habitudes ! Alors ?

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Tibor Bruusgaard
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"Six ferait mieux de se regarder Harry. Il la colle pas pour son intellect, si tu veux mon avis. Et moi, c'est pas dit que je prenne pas encore la tangente comme à chaque fois." Il haussa les épaules. "Mais j'imagine qu'elle s'en fiche, c'était comme ça y a 15 ans, déjà. Si je le sais, c'est pas parce que je l'ai deviné, c'est parce qu'elle me l'a dit. Trois fois, au moins, dont une fois y a quelques jours. C'est juste que... Je sais pas." Il haussa les épaules, les bras pendant de ses genoux pour jouer avec la canette à ses pieds. "J'ai pas de passé, je vois mal un avenir se dessiner. Peut-être que je devrais essayer, mais j'ai pas l'impression d'être fait pour ça. Encore moins pour elle."

En l'observant, il reconnut que sa question était peut-être un peu déplacée. Mais on peut sauver la vie de quelqu'un et ne pas compter pour lui. La femme qui l'avait sauvé quelques années plus tôt, elle ne comptait pas pour lui. Il s'en souvenait un peu et il lui était reconnaissante, mais ça s'arrêtait là. S'il n'était pas resté dans le paysage de Sky, est-ce qu'il compterait pour elle ? Autant de questions qui tournaient dans sa tête mais qu'il n'osa pas poser. Trop personnel pour lui.

"Je te trouve plutôt bien entourée, de ce que j'ai pu voir..."

Il lui sourit un peu plus franchement et ouvrit la canette avant de la porter à ses lèvres.

"Je te l'ai dit. Je venais voir si tu allais bien et te donner les bracelets." Il baissa les yeux sur ses poignets et le désigna du menton. "T'as pris le mieux tressé. C'est Bogdan qui l'a fait celui-ci."

La canette dans la main, accoudé à ses genoux, il pencha lentement la tête et la dévisagea avec un sourire naissant alors qu'il réfléchissait - encore - dans sa tête.

"Qu'est-ce que tu dirais de..." Il tourna les yeux en cherchant le bon mot avant de faire une moue songeuse et de terminer sa phrase. "Je suis venu en ami." Il baissa les yeux dans les siens. "Je crois que ça répond plutôt bien à la question que je me posais en arrivant." Et, hésitant quelques secondes, il reprit. "Elle est comment ta mère ?"
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Sky Cervantes
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Harry et Six ? Ah oui c’est vrai ca… maintenant qu’il le dit. Sky n’y avait pas pensé encore mais ca tombait sous le sens. Encore faudrait-il que l’italienne lâche le blondinet pour qu’elle commence à ouvrir les yeux. Et ca… c’était une mission pour Sky ! Et Deniz tiens. Deniz serait surement de la partie pour ce genre de truc…

- Bah comme j’t’ai dit. On force pas les sentiments, ils sont là ou pas. Si tu partages pas ce qu’elle ressent c’est triste pour elle mais c’est comme ca.

La petite blonde afficha un sourire machiavélique et compléta

- On va lui montrer Harry sous un nouveau jour, tu vas voir !

Ses yeux suivirent son geste quand il indiqua le petit bracelet qu’elle avait autour du poignet. Ca la fit sourire d’imaginer Tibor et Bogdan tresser en cœur. Atelier artistique improvisé.

- Je pensais que tu les avais fait tous les deux en fait. Je savais pas que Bogdan savait faire ce genre de choses !

Elle hocha alors la tête pour approuver l’explication la plus plausible qu’il avait trouvé à sa venue.

- En ami c’est bien !

Mais il la surprit de nouveau en lui posant une question à laquelle elle ne s’était absolument pas attendue et se demanda même ce qui avait pu susciter sa curiosité à ce sujet. Sky ouvrit la bouche, hésitante, avant de répondre.

- Euh… ma mère ? Oh ! Euh… On se ressemble pas du tout en fait. Elle dit que j’ai beaucoup de mon père c’est pour ça.


Sky fit un véritable effort de mémoire pour s’en souvenir. Voilà presque trois ans qu’elle ne l’avait pas vu et même si elle en avait touché deux mots à Garin récemment, elle eut l’impression de parler d’un fantôme.

- C’était une jolie fille. Vraiment belle. Une brune à la peau dorée et des grands yeux bruns. Typique latine… elle est mexicaine. J’ai vu des photos, elle en a deux. Une qu’elle avait prise là-bas : elle sourit au photographe, elle avait l’air heureux. Elle est super belle dessus. Et puis elle en a une autre avec moi quand on est arrivé à Megalopolis. J’ai un an ou deux dessus. Je suis aussi blonde qu’elle est brune. C’est flagrant qu’on se ressemble pas, c’est drôle !


Sky sourit à ce souvenir. Elle n’a pas vu les photos souvent mais elle s’en rappelle bien. De rares moments privilégiés avec Dolores.

- Tu la reconnaîtrais pas aujourd’hui… dit-elle en retrouvant soudainement un air dur. Elle a morflé elle aussi. Plus que moi je crois. Y’a tout ce que j’ai vu ou entendu, et puis tout ce qu’elle m’a pas dit aussi. Quand je suis partie c’était rien qu’une ombre qui avait vieilli trop vite.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor baissa la tête en souriant un peu plus. Bizarrement, imaginer Six avec quelqu'un d'autre que lui entachait leur complicité et ça, ça lui faisait quelque chose. Il aurait juste voulu que tout soit comme avant. Qui plus est, il se sentit un peu stupide. Après tout, Six avait été la plus fidèle, la plus proche de lui - Bogdan exclu. Elle ne méritait pas son caractère difficile. Deviendrait-il jaloux ? Si on en croyait les descriptions de Sky, il ne ressentait rien pour Six... Et voilà que maintenant, elle avait réussi à le perdre.

"Je sais pas faire ces trucs-là, il fallait bien que Bogdan me montre. Et lui, il sait tout faire. Parfois, je me demande, si on se rencontrait de nos jours, sans tout ce qui fait qu'on a grandi ensemble, ce qu'on a traversé, on s'entendrait ou non. Je vois pas d'autres alternatives, mais qui sait... On est si différents."

Peu enclin, ni habitué, à se perdre dans des réflexions aussi puériles et dénuées d'intérêt comme... Les filles, Tibor se redressa en inspirant profondément et s'allongea sur le côté, sa tête dans sa main pour regarder Sky. C'est qu'il était confortable ce lit. Un lit, en fait. Juste un lit. Le genre de choses dont il n'a pas vu la couleur depuis des siècles. Ah si, à la réflexion, il avait dormi dans le lit d'Abel à son passage à Liberation. Et au réveil, Eve lui avait marché dessus sans le voir. A croire qu'ils étaient destinés à se coller des bleus.

En écoutant Sky, buvant une gorgée de temps en temps, son sourire suivit son récit. Tantôt joyeux à la mémoire, tantôt plus triste et sombre.

"Tu n'as pas grand chose de mexicain, si je puis me permettre."

Quoique fut sa mère, elle s'en souvenait et ça, c'était suffisamment énorme pour Tibor. Un fin sourire en coin, plus attristé que joyeux, il reprend en jouant avec la languette de sa canette.

"Je n'ai qu'un seul souvenir de ma mère. Un truc qu'elle me chantait, ça donnait quelque chose comme..."

Il se redressa sur le coude et porta son poing devant sa bouche pour lui tirer quelques notes mélodieuses dans une langue que Sky ne connaissait pas. Et parce que Tibor possédait tout de même des talents cachés, le chant en faisait partie, même s'il n'y avait rien d'une émission de téléréalité. Il avait cette voix grave et profonde qu'on associait souvent soit aux chansons funèbres, soit aux contes et légendes comme ceux que Bogdan narrait. Ce fut court, car il ne se souvenait pas de la comptine entière et il ferma les yeux en essayant de se souvenir, faisant marcher son esprit autant que possible. Il crispa les yeux en plissant le nez. Secouant la tête, il lui grimaça un sourire amusé avant de défier son pouvoir en se souvenant des trois derniers mots qu'il lui manquait. Fier de lui, il dressa un index avec un léger rire.

"Et c'est déjà pas mal !" Son sourire s'effaça doucement alors qu'il reportait son attention sur Sky. "Pourquoi tu es partie ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Quand il lui fit la remarque qu’elle n’avait rien de très mexicain elle se mit à rire. C’était assez vrai, elle devait bien le reconnaître.

- Dolores parlait pas de mon père. J’lui ai posé des questions des fois mais c’était juste un mur. Je sais que je lui dois mon prénom et mon physique. J’ai fini par déduire que c’était peut-être un européen ou un américain… j’en sais rien. Le genre petit branleur content de s’envoyer une bombasse mexicaine et ciao quand elle lui a annoncé qu’elle avait le tiroir plein.

Elle haussa les épaules puis écouta avec attention quand Tibor lui parla de sa propre mère. Elle s’étonnait de ce que sa mémoire avait pu conserver alors qu’il perdait des pans entiers de sa vie. Le blondinet se mit à chanter et elle haussa les sourcils.

- La vache ! Tu chantes bien !

Et à la liste des trucs improbables tiboresque que personne ne la croirait, elle ajouta « il a chanté ». Sky hocha vivement la tête quand il remarqua que c’était déjà pas mal en matière de souvenir. C’est sûr, le concernant c’était presque une prouesse.

- Ca ressemble à une berçeuse… c’est en quelle langue ? Je parle que l’espagnol un peu mais c’est tout…


Pourtant il ne perdait pas de vue qu’il voulait en savoir plus sur elle. A bien y réfléchir, à part Garin, personne ne lui avait vraiment posé de questions. Ca lui faisait bizarre de se livrer comme ça à un autre, de dévoiler sa vie et ce qu’elle avait de plus sombre. En la matière cependant, il en avait connu des bien pires. Son histoire à elle ne devait être qu’une promenade de santé pour lui.
Elle s’éclaircit la gorge mais ne le regarda pas. Ses yeux étaient posés sur ses pieds, tandis que ses doigts jouaient avec la cannette de soda.

- Les coups c’est comme le reste… tu t’y habitues. Quand tu les prends depuis toute petite tu finis par croire que c’est normal, que c’est comme ca que ca marche. Et puis les gens te regardent avec pitié mais dans le Queen’s tout le monde à son lot de merde à gérer alors une gamine de plus ou de moins…


Elle renifla plus par reflexe qu’autre chose, comme si elle retombait en enfance avec son récit.

- J’me suis barrée le soir où John est mort. Mon... amireux, dit-elle en souriant, jetant subrepticement les yeux vers Tbor. Un accident à la con sur la voie rapide. J’y pensais déjà avant, j’savais qu’il fallait que je me casse mais j’le faisais pas à cause de lui et puis y’avait Dolores aussi, ma mère… plein de mauvaises raisons quoi.

D’une main elle se frotta le nez tandis que l’autre continuait de jouer avec le soda.

- Cette nuit où il est mort, j’ai esquivé les flics et les ambulances. J’étais paumée en fait, j’réalisais pas ce qu’il venait de se passer… c’était… j’sais pas. J’suis rentrée…

Sky se mit à se balancer doucement d’avant en arrière et tandis qu’elle replongeait dans ce souvenir, elle garda quelques secondes de silence.

- J’pense qu’elle travaillait parce qu’elle était pas à la maison. Y’avait que lui, mon beau-père, cet enculé alcoolique qui me tabassait pour un oui pour un non. J’sais pas ce qui lui a passé par la tête…

Elle s’humecta les lèvres. Ce qu’elle avait la bouche sèche ! Pour s’aider elle but une gorgée de soda avant de poursuivre.

- J’ai vu à son regard que c’était pas comme d’habitude… y’avait autre chose… j’ai juste compris quand j’ai senti ses mains dégueulasses sur moi et qu’il… qu’il… enfin… tu vois quoi…

Sky inspira et se tourna vers Tibor le visage dur qui s’animait sous l’émotion du souvenir.

- J’te jure j’me suis pas laissée faire hein ! Ok j’étais pas dans mon état normal mais j’ai bien compris que là c’était ma vie que je jouais. Cet enfoiré ! même saoul il était super costaud et moi j’ai jamais été bien grosse. Quand il a compris qu’il arriverait pas à avoir ce qu’il voulait il a cogné comme une enclume. Encore et encore et encore… et d’un coup - j’avais relevé mes bras pour me protéger, comme ca, dit-elle en mimant le geste – je l’ai vu s’approcher pour m’agripper. Il s’est approché trop près, sans faire gaffe. J’ai relevé le genou pile au bon endroit avec toute la colère et la force que je pouvais ! Il s’est écroulé en se tenant les parties et en hurlant comme un clébard !

La jeune fille eut un petit rire sec mais sans joie. Elle laissa de nouveau quelques secondes filer puis repris sur un ton morne.

- J’suis partie. Comme ca. J’suis partie… j’ai pas revu ma mère depuis.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Alors qu'il se roulait sur le ventre pour tendre le bras et attraper un biscuit en contre-bas, avec un léger rire.

"Merci. C'est..." Gros flemmard qu'il pouvait être, il tira sur son bras jusqu'à relever son t-shirt et dévoiler un bout de sa hanche. Le temps d'attraper les biscuits et il se redressa. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire sans bouger ? "...Du russe. Ma mère était russe. Mais je parle pas norvégien." Dans une grande inspiration, il amène un biscuit à sa bouche. "C'est une berceuse, ouais, j'étais petit. C'est pas grand chose comme souvenir, mais ça fera l'affaire."

Au concours de celui qui avait eu la vie la plus merdique, Sky avait sa place sur le podium. Comme Tibor, elle en parlait assez posément., mais possédait moins de recul que lui, aussi, son récit s'en trouva moins neutre. Au début, le norvégien se contenta de manger - encore - en l'écoutant. Il pouvait comprendre son envie de s'enfuir, qui aurait préféré rester ?

"C'est jamais normal."

Et il était bien placé pour le savoir. S'il avait fini par devenir docile, ce n'était pas sans avoir donné des coups. Il ne s'était jamais dit que c'était normal. La différence, c'était qu'il ne s'agissait ni d'aucun de ses parents. Ca changeait finalement la donne. Mais quand Sky attaqua la "mauvaise" partie de son récit, Tibor mâcha plus lentement et se redressa un petit peu. Dans le genre nerveux, il se posait là. Il pouvait apparaître l'homme le plus calme et gentil du monde, lorsqu'il se retrouvait face à une injustice ou une situation révoltante, il partait au quart de tour. Il aurait eu son beau-père en face de lui qu'il lui aurait limé les dents sur le parvis du Casino. Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre, mais sur son visage, sa concentration était lisible. S'il avait levé le poing, il aurait été plus que sérieux.

"Je te savais débrouillarde, mais de là à avoir un marteau dans le genou. Je vais garder mes distances, finalement..."

Plaindre Sky ? Très peu pour lui. A la place, il préféra dédramatiser. Autant pour elle que pour lui, d'ailleurs. Il haussa doucement un sourcil.

"Tu n'as jamais cherché à la recontacter ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky se tourna vers Tibor, d’abord surprise puis amusée. Elle éclata de rire et but une autre gorgée de soda.

- T’inquiète ! J’ai les genoux solides mais ils tapent que les gros dégueulasses et t’en fais pas partie. Ca devrait aller. Puis t’sais, j’crois que j’ai eu de la chance aussi. Vraiment j’veux dire ! J’faisais vraiment pas le poids et la plupart du temps j’arrivais à m’enfuir avant qu’il m’assomme. Pas toujours, mais souvent. Ce soir là… elle secoua la tête comme si elle réalisait la bonne fortune dans une situation désespérée… peut-être l’énergie du désespoir ?

Du menton elle indiqua les jambes de Tibor avec un grand sourire

- Ton coffre à bijoux risque rien en tous cas !

Elle soupira sans se départir de son sourire.

- Non j’suis jamais retournée là-bas. Enfin dans le Queen’s si… j’suis allée voir un ami qu’avait des contacts… mais j’suis pas allée jusque chez Dolores.

Sky garda quelques secondes de silence, pensive.

- Garin a dit qu’il m’accompagnerait. J’irai lui dire que je vais me marier… elle doit même pas savoir si j’suis encore vivante. Quand j’suis partie c’était… y’a un bail. J’avais tout juste 15 ans.

Elle replongea ses yeux dans ceux de Tibor pour poursuivre.

- J’étais juste comme ca, en tee-shirt avec un vieux jean et mes chaussures qui tenaient plus qu’avec du scotch… j’adorais ces grolles… et le matin qui arrivait… j’ai marché toute la journée, j’ai tourné en rond en fait. Quand le soir s’est pointé j’avais nulle part où aller et j’étais fatiguée aussi d’avoir trop pleuré...


Sky fit une petite moue comique, toute désolée.

- Ouais j’avais pleuré quand même un peu, hein, même si ca sert à rien… et donc je marchais comme ca, j’avais la tête vide et j’ai vu un pont. J’me suis dit que je serais à l’abri du vent de l’océan pour la nuit là-bas mais quand j’suis arrivée, y’avait déjà du monde.


Son sourire revint avec le souvenir tandis qu’elle regardait de nouveau ses pieds.

- Deniz et Roswell étaient en train de se bécoter. C’est Deniz qui m’a vu la première ! Elle m’a pas posé de questions, elle a rien demandé, elle m’a juste dit que je pouvais m’installer avec eux et rester. Quand ils ont pris leur repas, y’avait une part pour moi, juste comme ça.

Elle haussa les épaules.

- Y’avait Deniz et Ros, Bip aussi, et Six et Elizabeth. C’est comme ca qu’on s’est connu. J’ai squatté avec eux pendant des mois et des mois, dans la rue, et puis Ros est parti. Ca a été le début de la fin. Deniz a pété un plomb, Six avait d’autres objectifs… on a fini par s’engueuler méchamment. J’ai trainé un peu encore mais toute seule, ca craint. Puis un jour j’en ai eu marre. Un putain de distributeur que j’ai pas réussi à cracker et les flics m’ont choppée.


Elle toussota dans son poing.

- J’étais fatiguée, j’ai même pas cherché à me barrer, je crois que j’en avais marre de zoner et je préférais encore la taule. Au moins j’aurais un lit chaud et à bouffer. Sauf que j’avais oublié que j’étais mineure. J’avais arrêté de compter mon âge j’crois bien… et j’ai atterri ici.

Quelques secondes de silence et Sky leva les bras triomphalement

- Tadaaaaaaaaa ! Et voilà tu sais tout !

Elle afficha un sourire surjoué et reprit

- A ton tour ! Ce que tu te souviens on est d’accord. Si tu te rappelles d’une berceuse de ta mère, tu dois bien avoir des souvenirs de ce camp où vous étiez non ? Ou même d’avant !
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Tibor Bruusgaard
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Finalement, Tibor esquissa un sourire en comprenant comment tout ce beau monde s'était rencontré et Deniz remonta un peu dans son estime. Mais seulement un peu car à en juger par Sky, elle avait des cartes dans sa manche et ne brillait pas par sa loyauté à toute épreuve. A la fin de son récit, Tibor leva les yeux sur le plafond, le lit, la chambre toute entière. Il ne sut dire s'il serait capable de s'acclimater à ce style de vie stable alors qu'il était un nomade depuis... Tout petit, finalement. A croire qu'il avait ça dans le sens, que c'était inné et non pas un choix de vie forcé.

Il reporta son regard dans le sien quand elle lui posa une question ayant à nouveau recours à sa mémoire. Il cligna des yeux et réfléchit plusieurs secondes pour remettre de l'ordre dans ses souvenirs. Se passant une main dans les cheveux, il plissa légèrement le front et ses yeux se perdirent dans le vague.

"Mon pouvoir m'autorise à garder des images vives de ce qui m'a vraiment marqué. La voix de ma mère, Bogdan, Six, mon exposition... Eve." Il releva les yeux sur Sky. "Bogdan fait de son mieux pour raviver ma mémoire. Des événements dont il a été témoin, ou bien de ce qu'il a entendu quand on était encore en Roumanie." Il haussa les sourcils, surpris. "Et ça marche ! J'arrive à me souvenir de certaines choses, à me rappeler d'autres." Il plissa les paupières en grimaçant légèrement et pencha la tête. "Mais... Ca reste flou. Tu vois ? Les voix sont lointaines, je vois surtout des couleurs, comme si j'étais enfermé dans une bulle. J'aimerais vraiment me souvenir mieux d'où je viens. De mon père, surtout. Bogdan dit que même si ses propres parents se sont battus pour nous garder... Il n'avait jamais vu quelqu'un se battre contre un ennemi comme il a vu mon père leur faire mordre la poussière. J'aurais aimé me souvenir de ça. Il a tenté de me décrire mon père, tel qu'il s'en souvenait, mais... Rien. Ca ne me revient pas. Un jour, peut-être."

Il haussa les épaules et cassa un biscuit en deux, le caressant doucement pour le lisser, plus un geste distrait qu'autre chose. Tibor réfléchissait. Sky lui avait livré des pans douloureux de sa vie, elle s'était livrée tout court. Si d'ordinaire, il n'était pas du genre à faire de même, pour elle, il fit un effort et poussa sa mémoire.

"La première chose... Dont je me suis souvenue, c'est... Que je ne me souvenais de rien. J'étais avec cette fille, euh..." Il ferma les yeux et inspira profondément. L'effort était réel. "La copine de Bogdan. Une grande rousse et... Je me souviens plus. Je me souvenais pas d'elle, mais elle savait qui j'étais. Quand j'ai réapparu et que j'ai essayé de la cogner parce qu'elle était terrifiante ! Grande, les cheveux enflammés, la peau rouge, elle me faisait tellement peur alors j'ai voulu me défendre ! Mais elle n'arrêtait pas de me dire 'Calme-toi, c'est moi !' Un truc comme ça. Je pouvais aller nulle part, partout où je me tournais, il y avait des murs, de la pierre, c'était froid et dur, je ne pouvais pas les traverser et elle me poursuivait. Il m'a fallu de longues minutes et puis... Pouf !" Il ouvrit les mains. "J'ai commencé à me souvenir de quelque chose. J'ai longtemps gardé cette image en tête, parce qu'elle m'apaisait."

Il réfléchit encore, forçant l'image à s'imposer à son esprit pour ne pas la perdre et il plissa le front en soupirant.

"Je me souviens qu'il fait nuit, mais j'entends des petits bruits d'insectes et pas loin, j'ai des lucioles. A côté de moi, y a cette fille dont je me souviens pas le prénom. Bogdan dit qu'il s'en souvient pas non plus. Je sais juste qu'elle avait un visage long, les yeux sombres, les cheveux blonds et qu'elle me souriait. Elle était un peu plus âgée que moi, mais elle m'apprenait le roumain, c'est pas ma langue maternelle. Je me souviens comme c'était calme, j'étais dans la forêt, je respirais de l'air frais et il y avait même de la musique ! Quand j'ai raconté ça à Vasile parce que je l'avais pas retrouvée en revenant au village, il m'a dit que..." Son sourire s'assombrit alors, ses yeux toujours à chercher quelque chose dans le vague. "Que si c'était celle à laquelle il pensait, elle n'avait pas survécu à son exposition. C'était une vraie Négative."

Après un temps de réflexion, il haussa à nouveau les épaules et jeta son biscuit dans la bouche avant de boire une gorgée.

"Je me souviens pratiquement de tout ce qui s'est passé ensuite. J'ai des trous de mémoire, bien sûr, mais quand t'as vécu un jour là-bas, t'en as vécu mille. Bogdan a préféré jouer les autruches. Pas moi. Alors j'ai commencé à cogner, à désobéir et ça leur plaisait pas." Il releva enfin les yeux sur Sky, une expression déterminée sur le visage. "Mon pouvoir me permettait de les dominer, de me faire oublier d'eux. Je deviens invisible, je n'existe plus pour le monde entier, je m'efface de leur mémoire. Ca ne leur plaisait pas. Ils ne pouvaient pas me contrôler. Ils ont commencé par s'en prendre à Bogdan et Six, leurs références en matière de balances. Six se débattait beaucoup plus que Bogdan. Et puis un jour, ils ont trouvé un meilleur moyen de me faire rentrer dans le rang. Dans un autre camp, ils avaient une petite fille, une autre Candidate qu'ils formaient, avec le pouvoir..." Il ferma le poing et tourna le poignet. "D'éteindre Yu. Il ne lui suffisait pas de s'approcher de toi, elle décidait de ce qu'elle faisait. Elle te voyait, dans une sorte... De cage de verre pour que tu puisses pas sortir. On la mettait avec toi et tout ce que tu pouvais faire, c'était... Subir. Je me suis pas laissé faire, elle essayait de tuer mon pouvoir, et moi avec sauf qu'il faisait partie de moi. Pour me défendre, je la frappais, j'avais que cette défense. A lutter comme ça, je lui permettais de gagner en force, de mieux maîtriser son pouvoir pour me dominer. Au fur et à mesure des sessions, ils ont commencé à prendre des paris et ils l'ont entraînée pour qu'elle se batte contre moi avec son pouvoir, et ses poings avec. Je la surnommais 'mon bourreau'. Elle apprenait vite et... Un jour, je me suis écroulé. J'ai abandonné. J'ai adopté la méthode de Bogdan - du moins en apparence - et j'ai fini par plus la revoir. Les autres n'ont jamais su ça, je crois, mais compte tenu de l'affection qu'ils ont pour Eve... Ou peu importe son vrai nom... Je leur dirai pas."

Il baissa les yeux sur ses poignets et joua avec ses bracelets en se tordant les lèvres.

"On a fini par mettre un plan en oeuvre. C'était mon idée et les autres l'ont validée. On a été douze à se faire la malle. D'autres avaient déjà essayé avant nous, mais ils sont soit revenus, soit ils ont été tués. Moi, je me suis promis d'en oublier aucun quand on a été suffisamment loin pour déclarer victoire." De son index, il tria les bracelets de son poignet gauche. "Chaque fois que j'apprends que l'un de nous est mort, je change de poignet. Il y a quelques semaines encore, celui-ci était sur mon poignet droit."

Il lui montra sa main avec un petit bracelet de cuir violet, le chiffre 5 gravé au couteau maladroitement dedans. Du côté droit, il y avait encore six bracelets, chacun avec un chiffre, ce qui laissait cinq du côté gauche.

"C'est Elizabeth."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
A mesure que Tibor parlait, non seulement Sky parvenait à reconstituer un peu mieux leur histoire commune mais elle comprenait mieux encore le caractère du blondinet, ce qu’il était devenu. Quand elle avait employé l’analogie de l’animal sauvage le concernant, elle n’imaginait pas à quel point ce pouvait être vrai. A défaut de le dresser, ils l’avaient brisé.
Qu’ils aient utilisé une enfant pour le faire était en dessous de tout et, indirectement, elle ne put s’empêcher de repenser à l’aveu de Garin qui avait tué son père à cause de la CIA. Qu’importe l’organisation, ils ne reculaient devant aucune manipulation pour parvenir à leurs fins et plus ils étaient jeunes, plus ça leur était facile.
Le sort des candidats étaient si noir. Elle était née avec Yu et n’avait jamais imaginé ce que pouvait être une exposition et ce que cela impliquait.
Ce qu’il lui dit d’Eve était des plus étonnants. Pour le coup, son récit la perturba un peu plus, brouillant l’image qu’elle se faisait de cette fille. Si elle avait été un membre actif de Libération c’est qu’elle avait fui ses bourreaux, mais comment pouvait-elle vivre avec ça ? Elle ne savait pas qu’en penser mais elle sentit que pour Tibor ce devait être un paradoxe incommensurable à gérer, partagé entre le souvenir douloureux lié à cet enfant et sa rencontre récente avec la jeune femme qu’elle était devenue.
Par-dessus tout, elle était surprise de voir que sa mémoire n’était pas aussi vide qu’elle l’aurait imaginé. Il était capable de lui raconter bien des choses.
Quand il lui montra ses bracelets, elle posa les yeux sur ses poignets, toujours très attentive. Et pour le coup, elle ne s’attendait pas à sa dernière révélation.
Sky ouvrit la bouche, choquée et balbutia

- Elizabeth ? Elle est morte ? Comment… ?

Six lui avait affirmé que la jeune fille avait été adoptée et profitait d’une vie d’adolescente normale bien méritée (si tant est que son passé puisse la laisser en paix). A aucun moment elle ne lui avait dit qu’elle était malade. D’ailleurs, le temps qu’elles avaient passé ensemble dans la rue, Elizabeth avait l’air d’aller plutôt bien, sous la protection de Six bien sur.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor fit tourner doucement le bracelet autour de son poignet. D'Elizabeth, il n'avait quasiment aucun souvenir, sauf ce que Six lui avait remis en mémoire. Il se rappelait vaguement de sa peau sombre, de ses grands yeux et de son petit accent. Mais c'était bien tout. Il savait qu'elle était la plus jeune de tous, même si elle n'était pas la seule enfant à ce moment-là. Les plus jeunes avaient finalement été les premiers à mourir. Ne restaient à présent que les plus vieux. Et Tibor était l'aîné.

"Une maladie. Il y a quelques temps. Entre Itembe et le MSS, je me suis mis en quête des autres. Il y en a un plus discret que moi encore et pour le couple, la dernière trace que j'ai d'eux est au Japon où ils ont élevé une sorte... D'empire. Au lieu de se cacher, ils se sont dévoilés et se sont entourés jusqu'à devenir intouchables. J'ai perdu leur trace et celle que j'avais s'arrête à peu près quand Six a fait son coming-out. J'imagine qu'ils ont pris peur. Ils peuvent être n'importe où. Pour Elizabeth, j'ai repris la trace de sa famille adoptive. Quand je les ai appelés, ils m'ont répondu qu'elle avait succombé à une maladie quelques semaines à peine plus tôt. Quand j'ai demandé laquelle, ils ont été assez évasifs avant de me raccrocher au nez."

Il se redressa et inspira profondément avant de se gratter la tempe d'un index, puis il reporta les yeux sur Sky.

"Ce que je te dis... Ca reste entre nous, pas vrai ? J'ai plus rien pour écrire ce dont je me souviens quand je m'en souviens, alors... Tu le gardes pour toi. Ne dis pas aux autres que je t'ai parlé d'eux, ni d'Elizabeth. Six n'a rien dit à Vasile, ni à Bogdan. Le premier n'est pas un ami si proche, quant au second, elle préfère pas l'ennuyer avec ça. Mais vu que tu la connaissais, je me suis dit que... Tu aimerais le savoir."

Il eut un rire sans joie.

"Tu connais Six, elle refuse d'y croire. Du moins, au début... Mais je crois qu'elle commence à l'accepter. Je crois... Que vous réunir pour Noël, c'était une façon de s'envelopper de quelque chose de familier. Qu'elle maîtrise. Un truc qui fait qu'elle garde un oeil sur vous. Elle a peut-être pas réussi à avoir tout le monde, mais je sais que ça lui a fait plaisir. Elle me l'a dit."

Puis, un rire plus joyeux avec un sourire étiré. Et du rouge aux joues.

"Elle m'a dit pas mal de trucs en une seule nuit, en fait. Elle m'a parlé de toi. De ce que tu représentais pour elle. Elle disait que t'étais un peu... Comme Elizabeth. En plus rebelle." Il rit franchement. "En beaucoup plus rebelle."
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Sky Cervantes
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Sky hocha la tête doucement, visiblement affectée par ce que lui apprenait Tibor. C’était soudain et inattendu et après tout ce qu’elle avait traversé pour parvenir jusqu’à Megalopolis, injuste. Mais la vie n’avait rien de juste.

- Je dirai rien, promis.

Et là-dessus, il pouvait lui faire confiance effectivement. Sky savait être une tombe quand il le fallait, elle l’avait prouvé au péril de ce qui lui était le plus cher.
Son résumer de sa dernière discussion avec Six lui redonna le sourire.

- Six peut pas s’empêcher de jouer les Mamas italiennes. Il lui faut un chaton perdu à caliner pour qu’elle se sente bien. Je dois pas lui rendre la tâche facile parce que je suis pas habituée à ça. Jamais. J’veux dire, j’ai grandi toute seule et c’est tout nouveau pour moi les gens qui se soucient de moi. En dehors de Janus… mais bon il avait ses limites.
C’est pas être rebelle, enfin je pense pas… si ? Peut-être… c’est juste que j’aime pas qu’on m’enferme, même dans des cases.


Sky termina son soda et se laissa tomber sur son lit tout en réfléchissant. Elle se contorsionna pour garder Tibor dans son champ de vision et lui demanda

- Mais alors si t’as connu Eve pendant que vous étiez dans ce camp, et que tu l’as retrouvée à Libération… ca veut dire qu’elle s’était échappée elle aussi ? ou alors quoi… elle travaillait toujours pour le MSS en agent infiltré ?

Elle avait du mal à rassembler certaines pièces en mettant en commun ce que lui disait Tibor et le peu que Garin lui avait dit.
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Tibor Bruusgaard
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"J'aime pas qu'on m'enferme non plus. Elle fait pareil avec moi, et, comme toi, j'esquive. Des fois, elle me coince entre deux murs, je me sens pris au piège. J'ai pas le choix que de lui répondre et j'ai pas le droit au mensonge. Ce que je sais, c'est que tu comptes vraiment pour elle et qu'elle s'inquiète pour toi. Comme une grande soeur, en fait. Tu peux pas lui enlever qu'elle ait pas de raisons de s'inquiéter."

Il sourit et se laissa retomber sur le flan en s'envoyant des bouts de biscuits dans la bouche après les avoir lancés en l'air.

"J'en sais trop rien, j'ai pas demandé. Elle s'est évadée, oui. Mais c'est tout ce que je sais. Ca et que son lien avec Bogdan et Vasile ne date pas de Liberation. Leur mère a même demandé de ses nouvelles." Il brisa le dernier biscuit en deux et tendit une part à Sky, sans effort, le bras sur le lit jusqu'à elle. "Mais tu sais... Chaque Candidat que tu rencontreras, sache qu'il se sera évadé de quelque chose. Par défaut. C'est malheureux, mais c'est comme ça." Il fronça les sourcils. "Encore que t'as peut-être raison... Ca existe les collabos. Y en avait, en Russie. Notre plan consistait à nous évader, oui... Mais on était beaucoup plus que douze en formation. On a vraiment dû mettre tout en oeuvre pour que personne ne soupçonne rien, pas même les autres Candidats."

Il dévisagea Sky, songeur, puis il reprit.

"Tu es heureuse de ta vie ? Songer que Garin puisse être connecté au MSS... Ca te fait pas réfléchir ? Quand Six a hurlé au loup, tu t'es précipitée vers elle, tu n'as même pas réfléchi aux risques. Ca ne te fait pas peur, tout ça ? Tu pourrais avoir une vie normale et stable, tu pourrais même ne pas m'avoir dans ta vie, tout court !"
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Sky Cervantes
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Si elle en jugeait par les quelques informations que lui donnaient Tibor, Bogdan en savait bien plus sur Libération qu’elle ne l’avait soupçonné et sur Eve en particulier. C’était une information intéressante à conserver et à compiler. Etait-il lui-même impliqué dans le mouvement ? Auquel cas il connaissait bien Garin et pas seulement parce qu’il lui l’avait extirpé de la tête pour lui faire chevaucher des poneys. De mémoire, son chéri lui en avait parlé succinctement, comme s’ils n’avaient fait que se croiser.
Ca devenait presque confus. Pour le moment elle abdiqua.
Elle attrapa le bout de biscuit qu’il lui tendait et le fourra dans sa bouche tout en restant pensive. Eve une collabo ? Et le roumain lui aurait fait confiance ? Peu probable. Là encore, à garder quand même dans un coin de sa tête.
Tibor dans toute sa splendeur, en plein questionnement existentiel, continua sur sa lancée des questions à la con que y’a bien que lui qui se les pose et qui veut en plus des réponses d’une adolescente paumée de 17 piges. Le genre déjà pas tordu.
Sky lui sourit timidement et haussa les épaules.

- J’ai pas peur de grand-chose en fait, c’est mon problème principal. J’dirais même que j’ai peur de rien tant que j’ai pas les deux pieds dedans, tu vois ?

Ca la fit rire tellement c’était vrai.

- Même si le MSS se penche sur mon cas un jour, qu’est-ce que je représente pour eux ? Rien du tout ! Au pire je suis juste un dommage collatéral, au mieux je suis insignifiante. Je pense que… franchement, c’est Garin qui risque le plus. J’pourrais être sa plus grande faiblesse et quand tu côtoies les loups, c’est pas bon de montrer le flanc. J’peux comprendre pourquoi il m’a larguée… c’est dangereux pour lui.

Mais si elle le disait avec détachement, elle paniquait à l’idée même qu’il puisse être amené à le faire, non pas volontairement mais par obligation. Sa demande en mariage… est-ce que finalement ce n’était pas une façon de conjurer le sort ? Pour lui, comme pour elle.

- J’ai pas une vie normale Tibor et… elle soupira, en regardant le mur quelques secondes avant de replonger dans ses yeux… j’crois que je suis pas faite pour. J’crois que je suis le genre de gonzesse qui sait pas avoir une vie normale parce que… c’est pas moi. J’sais pas trop comment le dire…

Elle croisa les doigts sur son ventre et tordit la bouche en regardant le plafond.

- Six c’est pas pareil. Maintenant, tu sais pourquoi j’y suis allée, c’est parce qu’elle était là pour moi quand j’ai eu besoin. Elle m’a jamais posé de questions, elle, alors y’avait pas de raison que je lui en pose. Si j’pouvais l’aider, je le faisais, c’est tout.

Son visage s’éclaira soudainement d’un sourire et elle ajouta

- Et puis j’suis contente de t’avoir dans ma vie ! J’crois que j’aime bien que tu te fasses du souci pour moi.

Elle hocha la tête.

- Ouais j’aime bien ça en fait.

Après quelques secondes, elle ajouta, sincèrement curieuse.

- C'est quoi une vie normale pour toi ?
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Appuyé sur son coude, les chevilles croisées, Tibor jouait avec un bout de plastique en l'écoutant. Ce que Liberation prenait pour une forte supposition, Sky le confirmait à demi mots et il se dit que l'adolescente s'était vraiment approchée dangereusement d'un jeu d'échecs sur le plateau duquel elle ne possédait aucun pion mais pouvait être jetée comme un autre. Elle était le plateau sur lequel les autres déplaçaient leurs pions...

Il baissa les yeux sur ses doigts qui jouaient avec le fil de plastique et il demeura songeur, jusqu'à ce qu'elle lui pose une question. Comment quelqu'un comme Garin, un ancien de Liberation, celui que Eve avait défendu corps et âme envers et contre son propre frère, pouvait se retrouver chez l'ennemi ? Ca le dépassait, mais que pouvait-il y dire ? Il en avait déjà trop dit et d'une certaine manière, il s'en voulait. Il aurait pu en parler avec un tas d'autres personnes, mais il avait choisi Sky. Un choix illogique, comme le reste de sa vie et de toute son identité.

Il releva les yeux sur elle brièvement avant de les perdre dans sa réflexion. Une vie normale, c'est quoi, à part ce qu'on lui en a dit une ou deux fois ?

"Je sais pas."

C'était une réponse qui avait le mérite d'être honnête. Quant au fait qu'elle apprécie de savoir qu'il faisait attention à elle, ce n'était peut-être pas le rôle qu'il voulait, même si c'était celui qu'il s'était donné. Peut-être parce qu'il avait pris l'habitude d'être une sorte de garde du corps comme on lui avait toujours demandé d'être. Il inspira profondément en relevant un peu les épaules et haussa les sourcils.

"J'imagine que c'est... Avoir une maison quelque part dans une ville pas en guerre. Un jardin pour le chien, une chambre pour le bébé, un travail à horaires fixes, des magasines à scandales dans les toilettes et s'inquiéter de ce qu'on va manger le soir parce qu'il y a trop de restes de Noël... Se lever le matin et râler parce que le voisin s'est mal garé, faire un scandale dans un magasin parce qu'une vendeuse s'est trompée dans le rendu de monnaie de quelques centimes. Se plaindre d'une entreprise qui a un jour de retard dans sa livraison. Pleurer parce que le sénateur a sauté sa secrétaire, parce que personne veut reconnaître que quoi qu'il arrive, c'est juste un homme comme n'importe lequel autre. Parce que, pendant qu'ils s'en prennent à lui et le jugent à la moindre erreur, ils oublient que si c'était eux, on dirait rien parce que... Tu comprends... L'erreur est humaine." Puis il reporta son attention sur elle. "Sauf que j'ai pas l'impression d'être humain. Une vie normale, j'en ai jamais eu."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky siffla comme admirative. Elle haussa les sourcils et ouvrit les yeux en grand, tout en repliant ses bras derrière sa nuque.

- Oh la vache ! Qu’est-ce qu’elle est chiante ta vie normale ! Non mais j’te rassure tout de suite hein, personne en veut !

Elle secoua la tête et éclata de rire.

- Non bah non je confirme alors j’suis pas faire pour. Moi j’aime courir, voler et sentir les flammes me cramer les fesses.

Bien évidemment, quand elle disait «voler » ca n’impliquait pas d’avoir des ailes mais Tibor l’avait certainement compris.

- Et puis j’aime les bijoux, le luxe, ce qui se voit et que pas beaucoup ont. C’est incompatible avec une vie normale comme ça là !

Le sourire qu’elle lui retournait était lumineux, espiègle même. Définitivement Sky n’avait pas peur du danger. Elle le provoquait autant par inconscience que par défi et finalement les gens dont elle s’entourait avaient typiquement le bon profil pour répondre à cette affamée de la vie qui ne la comprenait que quand elle tenait à un fil.
Comme elle l’avait dit à Garin quand il lui avait posé la question du pourquoi : parce que sinon, elle mourrait. C’était sans subtilité. Juste ca.
Sky était une écorchée vive qui ne comprenait le feu que parce qu’il brûlait en elle.
Elle inspira profondément et haussa les épaules.

- C’est pas parce que t’as pas une vie normale comme tu dis que t’es pas humain. Moi non plus j’ai pas une vie normale, ni Six, ni Bogdan en fait… en gros personne autour de toi. Dans ce cas aucun de nous est humain ? C’est bête ! Moi j’pense qu’on est humain parce qu’on se soucie des uns et des autres. Toi par exemple : ce qui fait que t’es humain, c’est parce que tu veux protéger tout le monde. Et puis aussi parce que t’aimes bien être avec moi ou Bogdan ou je sais pas qui… tu vois ?

Elle le regarda quelques secondes et ajouta

- Tu vois là, on fait rien, on discute juste… et c’est bien. On est bien. On est humain. (*)

CQFD. Vous voulez une autre leçon de philo à la Sky ? Aboulez les sucettes, elle en a plein dans sa petite tête. D’ailleurs en parlant de ça, elle se lève et va se ravitailler en sucrerie en prenant soin d’en ramener pour Tibor.


(*) J’ai failli le « On n'est pas bien ? Paisibles, à la fraiche, décontractés du gland. ... et on bandera quand on aura envie de bander »… (Réplique culte des « Valseuses » de Bertrand Blier)
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
C'était vrai. Il ne connaissait personne avec une vie normale. Et bizarrement, ça ne l'attirait pas. Un peu comme l'histoire de sa mère. Il ne s'en souvenait pas, comment pouvait-elle lui manquer ? L'idée d'une mère lui manquait, peut-être parfois, mais c'était bien tout.

Quand il parlait d'humain, il parlait de lui en tant qu'individu, pas de manière générale. Il se sentait tellement en marge de la société que à côté de lui, même Six et Bogdan paraissaient totalement normaux. Et à ses yeux, ils l'étaient. Même Sky. Pourtant, il ne dit rien. C'était quelque chose de tellement intime et de difficilement explicable avec des mots qu'il ne s'y essaya même pas. En revanche, il sourit, la tête baissée et ses épaules se secouèrent d'un léger rire.

"Je veux pas protéger tout le monde."

Il releva les yeux vers elle.

"C'est ça qui fait d'un individu un humain ? Et ceux qui protègent personne, ils sont quoi ? Et les muets ? Et les aveugles ?"

Il secoua la tête, un sourire tiré sur les lèvres et se laissa retomber sur le dos en posant ses mains sur la poitrine à jouer vaguement avec son pendentif en regardant le plafond. Il n'avait que peu mangé, mais il n'était pas un fan des sucreries et pour l'heure, son estomac se contenterait de ce qu'il avait déjà ingurgité.

"Et les amnésiques ? Et les trisomiques ? C'est quoi qui définit réellement un humain ?"

Au concours de la question a plus philosophique, Tibor remportait la soirée.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Clairement il se foutait d’elle. Tibor qui la mettait en boîte juste pour le plaisir de se marrer et il osait encore se poser la question de savoir s’il était humain.
Sky voulait bien croire qu’il avait des questions existentielles qui le taraudaient mais il n’était pas stupide. Ce qu’il faisait là, c’était juste pour la faire enrager.
Elle ne se laissa pas prendre et elle lui colla une tape sur le ventre du dos de la main dans un geste sec et vif.
Sky tourna ses yeux clairs vers lui et fronça les sourcils.

- T’as fini ouais ?

Puis elle eut l’illumination et son visage s’éclaira d’un sourire bananesque.

- Tu sais ce qui fait qu’on est humain ? Et le seul truc que y’a que les humains qui le font ?

Tada… ménage ton suspens et tout et tout.

- Le rire. Y’a que les humains qui font de l’humour et qui rient ! Qu’ils soient trisomiques, aveugles, muets ou cul de jatte. J’ai lu ca un jour dans un livre – je sais plus lequel...

Elle leva un index, doctement, et récita

- « Le rire est le propre de l’homme ». Alors hein ? Qu’est-ce tu dis de ça monsieur-je-sais-pas-tout-mais-j’aime-me-ficher-de-toi ? Tu vois, du coup même toi t’es humain. Comme tout le monde !

Sky n’était pas peu fière d’avoir une occasion d’étaler le peu de science qu’elle avait. Et puis tant que ca ne touchait pas à son intimité elle se faisait un plaisir de trouver des réponses, comme s’il s’agissait d’un jeu télévisé quelconque où elle pouvait remporter un prix extraordinaire. Tibor, quelque part, la mettait au défi.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
"Je fais que commencer."

Sa voix était basse, presque lointaine. Sur le dos, Tibor ferma les yeux pour l'écouter simplement babiller. Ca avait quelque chose de rassurant. C'était pour ça qu'il restait auprès de Six, finalement. Il y avait de la vie, il n'était pas seul, et n'avait aucune obligation. C'était ça, la liberté pour lui. C'est tout juste s'il leva une main pour dégager la sienne d'un geste vague et mou. Quand elle fit sa seconde de suspens, il manqua d'apprécier le silence et de s'endormir. Il rouvrit les yeux au son de sa voix.

"Je ris pas, moi."

Pas suffisamment selon lui, en tout cas. Les yeux clos, il l'écouta à nouveau babiller comme une enfant et soupira. Ca avait vraiment quelque chose de rassurant. Il était au chaud, propre, il avait mangé, le lit était confortable. Toutes les conditions idéales étaient réunies pour lui offrir une bonne nuit de sommeil où il n'aurait pas mal au dos, ni à la nuque au réveil.

Ce qu'il en disait ? Il disait qu'il dormait. La seule chose qui pourrait le réveiller, ce serait que Sky quitte la pièce. Il savait qu'il sentirait son absence.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sucette dans la bouche elle le regarda faire et comprit qu’il n’avait plus envie de papoter. Il n’avait pas sa vie et surement qu’il accumulait plus de fatigue qu’elle à zoner à droite à gauche. Elle fit une petite moue contrite puis sourit alors qu’il sombrait doucement.
Sky en profita pour faire un peu de son travail scolaire, lui laissant la largeur de son lit mais ne quitta jamais sa chambre.
Un peu plus tard, elle retournerait s’allonger, de la musique dans les oreilles, et se calerait contre lui pour dormir. C’était encore un réflexe quand elle était en confiance. La rue lui avait apporté ça de bon, le réconfort d’une présence pendant les heures sombres. Quand elle en avait cruellement manqué petite, elle savourait cette proximité qui l’apaisait toujours. Et puis c’était Tibor. Il avait partagé son matelas quand elle était à l’agonie chassant les cauchemars et les ombres quand elle était trop faible pour le faire.
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