2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Sky/Tibor] The One That Got Away

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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Janvier 2076

Depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, à aucun moment ils ne s'étaient retrouvés seul à seul avec Sky. Il y avait toujours du monde autour d'eux, une armée de petit leprechauns qui bourdonnaient avec leurs ailes autour de leurs oreilles.

En tout cas, la dernière fois que Tibor avait vu Sky, au repas de Noël de Six, quand bien même il n'avait été d'une grande éloquence, il n'avait pour autant rien loupé. Abstraction faite des autres se payant sa tête quand il jouait les "différents". Ca l'ennuyait plus qu'autre chose, raison pour laquelle il s'était défilé pour aller voir ailleurs s'il y était. Cependant, il avait bien noté le changement de "situation" de Sky et en avait discuté brièvement avec Bogdan avant de changer de changer de sujet pour quelque chose de bien moins terre à terre, impliquant quelques... Verres.

Sky n'aurait pas mis les pieds à l'Enclave sans que Harry ne soit venue la chercher. Il était passé à sa planque et celle-ci était sinistrement froide et en levant le nez, il avait perçu de l'humidité. Sky n'était pas venue ici depuis longtemps. Ne possédant pas de résidence - le Saloon lui étant littéralement tombé sur la tête - il ne lui restait qu'un endroit pour la retrouver.

Tibor se faufila jusqu'à la chambre de Sky, ni vu ni connu et referma la porte derrière lui. Même si celle-ci était fermée, il crochetait bien les serrures. Il inspira profondément en promenant son regard sur la chambre, passant ses doigts sur les meubles et sur les livres de cours, les ouvrant les uns après les autres. Comme il l'avait fait dans sa planque, il fouilla quelque peu, comme s'il pouvait trouver quelque chose d'intéressant. Sans gêne et sans culpabilité, Tibor ne craignait même pas les foudres de l'adolescente. Si c'était le cas, il ne serait même pas venu jusqu'ici. Une main dans la poche, il balada l'autre sur les affaires de Sky.

Depuis un moment maintenant, Tibor était de moins en moins invisible. D'abord parce qu'il comprenait que les autres le lui reprochaient, mais également la sensation était désagréable. Et puis, il avait déjà fait la blague à Sky. Une fois lui avait suffit.

Pour un peu... Il siffloterait.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
La chambre de Sky ne changeait pas. Pas plus la décoration que son agencement. Sunny devait attendre sagement qu’elle mette les voiles, ce qui ne tarderait pas. La prise en charge au Casino prenait fin avec sa majorité.
Toujours aussi rouge, toujours aussi rococo, toujours autant besoin d’un vrai ravalement. Son bureau était un vrai bordel organisé entre ses cours, ses livres et ses papiers de sucettes. Un tas de linge sale dans la salle de bain où s’alignaient les vernis, un tas de linge propre sur un gros sac de voyage un peu défraîchi. Les armoires, commodes ou autres placards étaient tellement vides qu’on pouvait presque entendre de l’écho dedans. Il y’avait quelques chaussures qui traînaient sous son lit en revanche.
Elle n’avait même pas apporté sa touche personnelle en matière de décoration.
Ah si ! Peut-être cette drôle de sucette qui se tenait dans un pot de yaourt comme une fleur dans son petit vase. Encore qu’il fallait avoir de l’imagination.
Comme tous les jours, Sky ne rentrait qu’en fin d’après-midi au foyer. Elle mettait à profit son temps après les cours pour faire le point avec Johnny et entretenir son petit commerce florissant. Ca marchait pas mal et elle commencé à avoir un joli petit pécule. Sous peu, il faudrait sérieusement qu’elle se penche sur sa gestion car elle ne pourrait pas garder planquées des liasses de billets.
Elle en conservait une partie sur elle, dans la doublure de son sac mais ce n’était pas une solution.
Sky n’avait aucune raison de se montrer discrète et elle rentra comme une tornade dans sa chambre. Sa Chambre. Son Chez elle quoi. Ou tout du moins ce qui s’en approche. Le foyer comme résidence principale, la planque comme résidence secondaire. Logique.
Son sac vola jusqu’à son lit et alors elle remarqua la présence de Tibor.
Elle ne sursauta pas… mais il s’en était fallu de peu.
Sky se contenta de froncer les sourcils, tout en se débarrassant de ses boots qui volèrent elles aussi à travers la pièce.

- Tiens t’es là toi ! lui dit-elle en guise de salut avant de s’éclipser dans la salle de bain pour se débarrasser de ses vêtements de la journée.

Le jean battit le record du monde de saut en longueur en rejoignant le tas de linge propre ( ?). Pour le reste, elle enfila un legging informe et un sweat qui l’était tout autant. Comme elle ne put remettre la main sur une paire de chaussettes assorties, elle se contenta d’une noire et d’une rose avec un motif Mickey.
Sky sauta alors sur son lit puis chercha une sucette dans son sac.
Maintenant elle était prête pour la conversation. Elle observa Tibor et inspira profondément

- Pour un mec que je devais pas revoir de sitôt j’te trouve partout. T’aurais du rester à Noël ! Tu savais que Six cuisine super bien ? Non mais pour de vrai j’veux dire !

Elle ouvrit grand les yeux pour apporter un peu plus de crédibilité à ses propos. Pourtant, si y’a bien un truc qu’elle n’attendait pas du blondinet, c’est qu’il soit là pour une simple visite de courtoisie. Pour ca faudrait déjà qu’il ait quelques notions de règles sociales. Et puis c’était même pas un truc qu’elle faisait, elle. Avec Maze peut-être un peu.

- Y’a un souci ?
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
"Tiens, t'es là toi." Etrange interpellation qui fit hausser un sourcil à Tibor alors qu'il relevait la tête vers elle. Il laissa son doigt glisser de la côte d'un livre pour se tourner vers elle, les mains dans les poches. Il bougea les épaules, difficile à dire quelle signification a pu avoir ce geste, il détourna le regard alors qu'elle s'éclipsait, puis il reprit sa fouille attentive. Très observateur, il se fit une idée de la vie de la jeune fille juste à sa façon de ranger ses affaires. Tout le monde sous estimait Tibor, mais beaucoup avaient compris que s'il était grandement silencieux - la majeure partie du temps - il n'en réfléchissait pas moins.

Quand elle revient, il lâcha la sucette pour la remettre à sa place et fourra ses mains dans les poches arrières de son jean. Il n'avait effectivement pas imaginé la revoir aussi souvent et il mit ça sur le compte du destin. En y repensant, il valait mieux qu'ils ne soient pas trop éloignés l'un de l'autre, pas vrai ? C'est ce qu'il s'était dit, en tout cas.

"Noël, c'est pas trop mon truc. Et Six cuisine tous les jours, alors..."

Il haussa une épaule, adossé au bureau de Sky qu'il était et il pencha la tête sur le côté pour tourner quelques pages d'un livre de cours, se rendant compte qu'il ne comprenait qu'un mot sur deux. Parler une langue, c'est une chose, savoir la lire quand on la pratique jamais...

"Non, pas de souci. Pourquoi ?" Il releva les yeux vers elle en rentrant la tête dans les épaules. "Je venais juste... Voir comment tu allais. Vu que je peux pas trop t'éviter, autant... Te retrouver."

Des notions de vie sociale, Six lui en donnait quelques unes. Et Bogdan les lui faisait pratiquer. Comme cette visite, là. Tibor fit une moue des lèvres en les tordant d'un côté puis de l'autre. La pratique s'avérait plus complexe que la théorie.

"Donc euh... Ca va ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
A genoux sur son lit, la sucette en suspend dans la bouche, Sky plissa les yeux de suspicion. Elle le regarda intensément et répondit d’une voix trainante de celle qui se demande s’il n’y a pas un code secret derrière la question anodine.

- Ca vaaaa….

Elle ota le bonbon de sa bouche et sauta sur le plancher pour s’approcher de Tibor. Son petit cerveau fonctionnait à plein régime et elle commençait à envisager toutes les emmerdes potentielles dont il venait lui faire part et dont elle ne se serait pas doutées.

- T’es juste venu pour voir comment j’allais ? C’est tout ? T’as pas un truc à me dire ? Un type qui me suit ? Deux ? Les flics ? Le FBI ? La CIA !! non quand même pas ! Putain la CIA ? Mais j’leur ai rien fait à eux ! C’est Itembe ! Un que je connais pas ? Une ?

A ce rythme, elle allait passer tout Megalopolis en revue pour savoir de quoi il en retournait exactement. Il écopa d’une tape vive comme l’éclair sur les doigts quand ils partirent en exploration sur un énième cahier qui trainait sur le bureau. Son visage sérieux avait bien l’intention d’accaparer toute l’attention dont il était capable.

- Si y’a un truc c’est pas la peine de mettre les formes hein ! Ecoute pas Six elle dit que des conneries. Enfin pas tout le temps mais des fois. Tu peux parler direct c’est que moi ! Tu le sais ! Avec moi c’est pas la peine de faire semblant…j’suis grande. C’est si grave que ca ?
termina-t-elle sur une note réellement inquiète.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
"Aouh !"

Tibor fronça les sourcils en récupérant sa main et il se recula. Du moins, son buste partit quelque peu en arrière. La proximité n'était pas son fort et Sky menaçait de l'emprisonner. Accolé contre le bureau, malgré tout, il se mit à sourire. Aussi étrange que cela paraisse, il sourit progressivement alors qu'elle imaginait le pire. Alors comme ça, elle le voyait comme un oiseau de mauvais augure ? Il la laissa dire et lui répondit toujours d'une voix lente.

"Qui te dit que je fais semblant avec qui que ce soit ?"

Il se dégagea de l'emprise de Sky et s'éloigna d'elle en regardant les murs de la chambre.

"Personne ne te suit. De ce que j'en sais. J'ai veillé." Et il se retourna face à elle avec un léger sourire. "Qu'est-ce que Six aurait dû me dire ?"

Qui sait, peut-être était-il vraiment là en visite de courtoisie. Ou pas. Quoiqu'il en soit, en attendant, il s'amusait bien à lui faire monter la pression !
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Un point pour lui, mais ce n’est pas ce qu’elle voulait dire.

- Tu fais semblant avec personne mais Six arrête pas de dire qu’elle te donne des cours pour que tu sois plus… enfin moins…

Alors qu’il s’était éloigné elle agita les mains dans le vide des fois que ca l’aiderait à trouver ses mots. De dépit, elles englobèrent Tibor et finalement retombèrent le long du buste de la jeune fille.

- Non mais bon je voulais dire que j’aime pas les gens qui font des manières et en plus ca t’irait pas, alors essaye pas.

Elle remit la sucette dans sa bouche et ramena ses cheveux en arrière avec ses doigts. Ce pourrait-il qu’il soit là juste comme ça ?

- T’as pas d’endroit où crécher ?

Ca aussi c’était une éventualité. Il n’aimait pas vraiment le monde et même s’il passait le plus clair de son temps à l’Enclave, elle savait aussi qu’il prenait la tangente régulièrement pour esquiver les protégés de Six. En cette saison, trouver un coin qui ne soit pas glacial, à moins de filer au Sanctuaire… Qui plus est Sky connaissait la rue et était bien placée pour savoir ce que ca signifiait. Pour rien au monde elle n’y retournerait si elle pouvait l’éviter.

- C’est chauffé ici et j’peux te ramener un truc à bouffer des cuisines si tu veux rester pour c’te nuit. T’es doué pour esquiver les gens alors j’ai pas besoin de te dire d’éviter les éduc s'ils se pointent par contre.

Elle se retint de le presser de questions. Ca ne servirait à rien et s’il avait quelque chose à lui dire, il le lui dirait bien assez tôt.

- Et arrête de te foutre de ma gueule ! ponctua-t-elle d’un index impérieux alors qu’il souriait.

Sky retourna sur son lit et vida son sac en le retournant. Elle jeta sans ménagement ses affaires de cours sur le petit bureau, les sucettes sur la table de chevet et cala les deux HP qu’elle avait sur elle sous l’oreiller. Ceci fait, elle ouvrit la couture de la doublure habilement décousue pour en extirper son bénéfice net de la journée. Tout en reprenant la conversation, elle s’engouffra sous ses couvertures pour « ranger » les rouleaux de dollars.

- Ca fait chier j’peux pas aller à ma planque avec ce connard de malien ! dit-elle d’une voix étouffée par les draps. J’déteste laisser des trucs ici…

Elle ressortit de son expédition les cheveux autant à la verticale qu’à l’horizontale et se repeigna avec la fourchette du père Adam. Sky fit danser sa sucette d’une joue à l’autre et regarda Tibor.

- Elle en est où Six avec lui ? Y’a eu du mouvement ?
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Tibor Bruusgaard
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Plus quoi ? Tibor haussa les sourcils mais Sky ne termina pas sa phrase et resta nébuleuse.

"Des cours ?"

Allez savoir de quoi, Sky n'en dit rien. Et s'il y avait un problème avec lui, il s'en ficherait pas mal. Il était qui il devait être et pour le reste, ça ne l'intéressait pas. Sky pouvait être certaine d'une chose : ce ne serait pas lui qui ferait des chichis de n'importe quelle sorte ! Encore qu'à sa question, Tibor s'arrêta de bouger et de fouiner. En effet, il n'avait nulle part où crécher. Le toit lui était tombé sur la tête et vivre à l'Enclave, disons-le, ça le gonflait. Il manquait d'indépendance et de solitude. Ce qui le surprit le plus fut sa proposition.

Ô combien alléchante.

Tibor ouvrit la bouche, mais déjà Sky se laissait retomber sur son lit en vidant son sac.

"Je me fiche pas de toi." Un doute. "Enfin, je crois." Il fronça les sourcils en l'observant. "Qu'est-ce que tu fais ?"

Sky confirma le vide de sa planque. Planque qu'il aurait pu utiliser, mais soyons honnêtes, il avait un peu peur de retrouver une Sky entre la vie et la mort. Et puis ce n'était pas chez lui. Et à nouveau la proposition de Sky lui revint en tête. Il continua d'y réfléchir sans rien dire.

"Tu as besoin de quelque chose là-bas ? Je peux aller te le chercher, si tu veux."

Et de nouvelles questions. Tibor hésita. Pouvait-il parler de ça avec Sky ? Il lui avait pourtant bien dit lui-même qu'elle en savait trop et que c'était dangereux pour elle. Il avait déjà cherché à la prévenir, à la protéger, et même la sauver. Heureusement, il avait rencontré du succès dans la dernière quête. Mais pour le reste, il savait que Sky était soit bien entourée, soit bonne débrouillarde.

Il tira la chaise de son bureau pour s'y asseoir à califourchon, croisant les bras sur le dossier pour la dévisager. Il décida de lui en parler. Après tout, la menace était entière et... Sky était suffisamment en sucre aux yeux de Six. Inutile d'en rajouter. Elle se croyait peut-être bonne en présence sociale, mais elle en oubliait de laisser les autres vivre leur vie.

"Elle piétine pour l'instant. Mais... Je crois qu'il vise son entourage et il m'a repéré. Ils ont trouvé un gars qui me ressemblait et ils l'ont torturé pour faire pression sur elle et la faire chanter. Ce qui a fonctionné jusqu'à ce qu'elle se rende compte que... J'allais très bien. Avec Harry, on a pour mission de s'assurer qu'il reste suffisamment loin de toi. Je dois admettre que..." Il dodelina de la tête. "Enfin ça craint, un peu. Mais elle n'a pas avancé depuis des semaines."

Il leva les yeux au plafond pour observer la chambre.

"C'est chauffé..." Il acquiesça lentement. "L'eau aussi ?"

Et les sourcils hauts, il baissa les yeux sur elle. Rien qu'une douche chaude. Et il rentrerait à l'Enclave...
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky roula sur son lit comme un chat pour vérifier que les petites planques qu’elle avait momentanément aménagées ne se devinaient pas du premier coup d’œil. Elle répondit à la première question de Tibor par la même occasion.

- Je ramasse mes affaires tu vois bien. Enfin celles que je veux que personne mettent la main dessus. J’sais pas si c’est utile vu que tout le monde rentre dans ma chambre comme dans un moulin…


Ca c’était autant pour lui que pour Hyun. Et peut-être d’autres fantômes plus discrets. Et Garin aussi mais lui avait la politesse de le faire quand elle était dedans.
Elle releva les manches de son sweat pour dénouer les étuis qu’elle attachait autour de ses avant-bras et qui contenaient ses lames. Si elle ne les prenait pas dans le lycée, depuis quelques temps elle ne s’en séparait jamais en dehors.

- C’est gentil de proposer de passer à ma planque mais j’y ai pris ce qu’il y’avait d’important. Le reste ca attendra que je revienne quand j’aurais buté ce connard.

Ah oui vrai. Sa super résolution 2076 après « se marier » : « se venger ».
D’ailleurs elle rebondit sur le sujet puisqu’il lui faisait un rapide compte-rendu des dernières batailles de cette guerre qui ne disait pas son nom.

- Ce mec est un grand malade. Il a décapité Janus rien que pour me donner une leçon.

Sky observa son lit à la recherche d’un autre endroit sur avant de tourner la tête vers Tibor. Elle ouvrit grand les yeux et hocha la tête pour appuyer ses dires.

- C’était un ami. Un mec de mon quartier qui m’a aidée à grandir. C’est lui qui nous servait d’intermédiaire quand on voulait un truc pas net et qu’il nous fallait des marchands spéciaux. Enfin…

Son visage de poupée devint hyper sérieux à mesure qu’elle réfléchissait.

- Je pense que c’était pas que contre moi. C’était aussi un message pour Garin parce que moi…


Elle écarta les bras dans un geste qui signifiait « hey regarde, je suis taillée dans une biscotte, quel malien pourrait bien avoir peur ! » et roula des yeux.
Sky se pencha vers la tête de lit et glissa les mains entre le sommier et le panneau de bois. Il y avait la place d’y glisser les lames et nonobstant une gymnastique très « cirque du soleil », elle y rangea ses armes. En quelques minutes, son lit était devenu une véritable île au trésor à lui tout seul.
Satisfaite, elle s’assit en tailleur et entreprit de jouer avec sa sucette, pensive.

- Six finira par gagner ce que je me demande c’est qui prendra la place d’Itembe. Y’a toujours un Itembe. C’est dans l’ordre naturel des choses…

Puis elle soupira et regarda la chambre d’un air blasé.

- Même quand j’ai noyé son HP dans un verre de soda, Sunny a trouvé plein de punitions géniales mais ne m’a pas pour autant privée d’eau chaude. Je pense pas qu’elle soit perverse à ce point mais tu fais bien de le dire, j’éviterai quand même de le lui suggérer. Evidemment que y’a de l’eau chaude dans la douche ! Vas- y si tu veux. J’vais aller chercher des trucs à bouffer j’leur dirai que j’ai plein de boulot pour l’école ce soir.

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Tibor Bruusgaard
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Tibor demeura silencieux à ses dires. Non qu'il s'en fichait, non qu'il s'en doutait... Mais il compilait ces informations intérieurement, comprenant à quel point Itembe avait avalé l'adolescente par le mauvais trou. Jusque là, il la savait un peu menacée, mais il n'avait pas songé à quel point l'inquiétude et la méfiance de Six au regard de Sky était justifiée. Il acquiesça doucement. Quant à Garin, il attirait autant les ennuis qu'elle. Au moins s'étaient-ils bien trouvés. Tibor baissa les yeux. Malgré tout, il essaya à nouveau d'appliquer ce qu'on lui avait enseigné comme une "politesse".

"Je suis désolé."

En y réfléchissant, Tibor n'avait perdu personne, contrairement à Bogdan. Sa mère, il ne s'en souvenait pas, son père n'était pas un ami et ne partageait pas avec lui la même relation que Sky et Janus, et il n'avait jamais été aussi attaché aux autres Douze que Bogdan ou Six. Peut-être se serait-il autodétruit à la disparition de Bogdan. Mais Eve avait fait déjà un bon travail de destruction pendant leur temps commun au camp. Pourtant, Tibor ne prétendit aucunement avoir vécu la même histoire que la sienne et peu empathique qu'il était, il eut même du mal à l'imaginer. Il garda alors son silence. Son premier réflexe aurait été de la mettre en garde, mais c'était profondément inutile. Elle le savait déjà, tout ça.

"Si Six triomphe d'Itembe... Elle deviendra Itembe."

C'était une bonne comme une mauvaise chose. Raison pour laquelle, quoi qu'il arrive, Tibor allait et venait entre les allégeances. Plus proche de l'Underground, s'il ne les rejoignait pas officiellement, c'était uniquement par souci de liberté. A l'entendre, on aurait pu croire qu'il n'avait pas confiance en Six. Et peut-être que, d'un côté, il y avait un peu de ça.

L'invitation à la douche était également on ne peut plus alléchante et Tibor en frissonna presque d'avance, regardant la pièce d'un coup d'oeil par-dessus son épaule. A n'en point douter qu'il en profiterait ! En plus d'être quelque peu sans gêne et sans règles de bienséance, il n'était pas non plus du genre à dire non. Pourtant, il essaya de bien faire, à nouveau.

"Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?"

Dit-il en se levant déjà. Une douche chaude ? Pour la politesse, il s'assurerait de l'invitation de Sky. Mais à aucun moment il ne lui laisserait l'occasion de revenir dessus. Sauvageon un jour...
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Sky Cervantes
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Il était désolé ?
Sky scruta Tibor, le front soucieux. D’où qu’il était désolé pour un mec qu’il ne connaissait même pas ? C’était assez surprenant de sa part ce genre de remarque dans la mesure où elle n’avait pas été très éloquente sur les liens qui l’unissaient à Janus. Oui, ils étaient forts. Oui elle en avait passé quelques nuits agitées et elle en avait même pleuré. Mais c’était y’a longtemps maintenant, elle avait fait son deuil. Dans le Queen’s rien ne dure. Pas même les gens.
Elle haussa les épaules sans épiloguer.
Sa logique sur le fait que Six deviendra Itembe était assez pertinente. Restait à savoir si c’était une bonne ou une mauvaise chose et ça… elle n’aurait su dire. Encore que, Six n’était pas cruelle et dénuée de scrupules. Ce serait forcément mieux d’un certain point de vue.
Elle sauta de son lit et s’étira.

- Arrête. T’as pas besoin de faire ca j’t’ai dit. Pas avec moi.

Sky fit rouler la sucette d’une joue à l’autre et secoua la tête.

- « J’suis désolé »… « ca te dérange pas »… sérieux ! Contente toi d’me dire c’que tu penses si t’en as envie, ca m’va très bien. Tu préfères quoi pour manger ? Salé ? Sucré ? Tu t’en fous ?

De ce qu’elle avait remarqué, il n’était gros mangeur que quand les circonstances le lui permettaient et pas vraiment regardant sur ce quoi il mettait la main. Au Casino en revanche, il y’avait du choix. L’avantage de la collectivité.
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Tibor Bruusgaard
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Tibor inspira profondément en retirant sa veste. Il essayait d'être un type bien avec une fille qui s'en foutait éperdument, c'était à ne plus rien y comprendre.

"D'accord, d'accord... J'arrête."

Et pour prouver sa promesse, il haussa les épaules.

"Je m'en fous. J'ai faim."

Honnête, franc. Brut. Tibor. Il retira son pull sans se soucier de gêner ou non Sky. Résistant autant au froid qu'au chaud, quand bien même il ne ressentait vraiment ni l'un, ni l'autre, il savait encore apprécier l'eau chaude. Surtout à même la peau. Et à force de douches froides ou tièdes - autrement dit de l'eau chauffée à l'électricité... - il se rêvait de profiter d'une vraie douche, dans un environnement sain, propre... Et où il n'aurait même pas besoin de payer en nature pour ce luxe inespéré.

C'était peut-être ça qu'il venait chercher chez Sky, finalement. Pouvoir lui parler sans détour. Pas que les autres le jugeaient ni rien, mais ils étaient... "normaux", pour des nomades. Sky avait connu la rue, mais aussi la difficulté de s'en sortir avec ce qu'on avait sous la main. Six n'avait pas atteint un tel fond. Bogdan non plus. Personne d'autre qu'il connaissait, en dehors de Sky, finalement.

Il retira son t-shirt en se hissant sur une cheville pour retirer une chaussure et à la frontière de la salle de bain, son t-shirt en boule entre ses mains, il se retourna vers Sky, hésitant. Quoique non, pas réellement hésitant sur le fond, mais plutôt sur la forme. Là où trônait jadis la chaîne avec l'holoclé, il y avait autre chose, un pendentif, une sorte de médaille. Pour le reste, il était toujours bardé de bracelets, les seuls bijoux qu'il arborait. Les seules marques d'une identité réelle.

"Six dit que..." Les yeux d'abord dans le vague, il les releva vers elle. "J'ai changé. Vasile dit que non. Moi j'en sais trop rien. Je m'en souviens pas." Il réfléchit 5 secondes à comment formuler la suite. "Mais... Bogdan pense que..." S'il avait du mal à s'exprimer, c'était aussi parce que parler de lui-même n'était pas un exercice des plus aisé. "Quand je lui ai parlé de toi, il m'a dit que ça l'étonnait pas. Parce qu'on se ressemble, il m'a dit. Il pense qu'on a vécu des choses similaires et que... Ca me rapproche de toi. Plus que de Six. Je n'aime pas beaucoup ce sentiment, parce que je ne comprends pas la logique. Mais..."

Il fourra une main dans la poche de son pantalon en se rapprochant de Sky, son t-shirt dans l'autre main qu'il finit par poser sur la chaise avec sa veste et son pull. Il tripota quelque chose entre ses doigts qu'il avait sorti de sa poche et se mordit une lèvre en l'observant.

"Ce n'est pas parce que je ne réagis pas que je n'entends rien. Et euh... J'ai demandé à Bogdan des conseils sur... Les trucs qu'on doit dire ou faire. Les traditions, et tout. Il connaît bien ces choses-là et au passage, il m'aide à me souvenir d'où je viens. C'est pour toi." Il lui tendit deux petits bracelets tressés d'un fil rouge et d'un autre blanc. "Ce sont des portes bonheurs. Je commence un peu à connaître Garin à force et je crois que tu vas en avoir besoin. Le deuxième est pour lui... Parce que je commence à te connaître aussi et que je crois qu'il va en avoir besoin également."

Que même si Sky le laissait faire, il lui ferait le noeud autour de son poignet. Et avec le sourire, en plus ! A la limite du rire si Sky se fait sage.
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Sky Cervantes
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« Je m’en fous. J’ai faim ». Parfait, elle n’en attendait pas moins de lui. Après tout s’il voulait bien manger, il l’avait dit lui-même, il n’avait qu’à aller trainer du côté de Six. La nourriture était meilleure mais l’eau était moins chaude. On ne peut pas tout avoir.
Sky s’apprêtait à partir à la chasse dans les cuisines du Casino alors que Tibor sentait l’appel de la salle de bain. Il n’était pas du genre impatient pourtant, mais la douche chaude devait être un luxe rare pour qu’il n’attende même pas d’être à côté pour se désaper. Ca lui arracha un sourire amusé.
C’est quand elle eut la main sur la porte qu’il lui parla.
Elle le croyait déjà parti.
Sky se retourna vers lui, les sourcils haut d’étonnement, se demandant bien ce qu’il y avait de si important qui ne puisse attendre son retour.
Ce qu’il lui livra était pour le moins décousu et elle était bien incapable de l’éclairer sur le sujet qui le préoccupait.

- Je sais pas… on se connait pas depuis si longtemps… dit-elle en secouant la tête, sincèrement désolée.

Elle se fit la réflexion qu’elle ne connaissait pas Garin depuis bien plus longtemps mais il y avait chez Tibor cette espèce de mystère indéfinissable qui le rendait hermétique à toute évaluation. Elle avait beau faire sa grande savante auprès de Deniz, il n’en demeurait pas moins que le jeune homme restait parfois une énigme.

- Et tu voudrais de la logique ? Dans un sentiment ? Tibor tu rendrais dingue n’importe quel philosophe !  ajouta-t-elle en riant cette fois. Y’a un proverbe qui dit « le cœur a ses raisons que la raison ignore. » Ca devrait t’occuper les prochaines 24 heures hein ?

C’était moqueur. Elle ne pouvait pas s’en empêcher c’était plus fort qu’elle. Ca n’enlevait rien de cette profonde affection mâtinée de loyauté qu’elle ressentait pour lui. Elle pouvait bien faire un peu la bravache, elle avait très bien compris ce que Bogdan avait essayé d’exprimer. Il avait peut-être bien raison mais elle ne se posait pas la question, elle.
Sky avait toujours la main sur la porte quand il sortit les petits bracelets de sa poche et pour le coup, il pourrait se vanter d’avoir réussi à la surprendre. Non seulement elle ne pensait pas qu’il puisse créer de choses aussi délicatement jolies mais qu’il lui en fasse cadeau ?
Elle posa des yeux étonnés sur lui et c’est comme un automate qu’elle lui donna son bras pour qu’il noue le bijou autour de son poignet.
Elle regardait le bracelet et mit quelques secondes avant de retrouver sa voix pour la plus élémentaire des politesses.

- Merci ! Merci. C’est très gentil… enfin je pense… dit-elle à mesure qu’elle comprenait ce qu’il lui avait dit.

D’une certaine manière, ne venait-il pas de lui signifier qu’il avait bien conscience que deux sources d’emmerdes potentielles avaient décidé de mettre en commun leurs fosses à purin ?
Dans tous les cas, Sky était très superstitieuse et le cadeau de Tibor tombait à point nommé. Elle alla poser celui destiné à Garin vers la sucette-fleur tandis qu’elle faisait tourner le sien autour de son poignet. En repassant devant Tibor, elle le regarda avec sérieux puis ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose mais… se ravisa. Finalement, du dos de la main elle lui tapota le ventre les yeux déjà sur la porte.

- C’est vrai que t’es bien gaulé ! Allez j’vais chercher à manger, fous pas de l’eau partout !

Et sans plus attendre, elle disparut dans les couloirs.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor marchait à l'instinct. Dans le sens où il ne réfléchissait pas totalement à ce qu'il faisait et encore moins pourquoi. Du moins, quand il s'agissait des êtres humains. Il était ce qu'il était et ne se souciait pas de l'avis ou du regard des autres. Quand il parlait, les gens étaient si étonnés qu'ils étaient persuadés qu'il disait la messe, ce qui lui avait d'ailleurs valu ce rôle de tête de rang en Russie, alors que Tibor ne remplissait presque aucun critère de leader. En état d'urgence, en tout cas, on le suivait facilement. Paradoxalement, aux côtés de Six, il se taisait et suivait gentiment. Il n'avait peut-être plus envie de prendre la tête. Ou alors les combats ne s'élevaient pas suffisamment à ses valeurs...

Alors, naturellement, quand elle se "moqua" de lui, il cligna des paupières et ouvrit les lèvres pour lui demander en quoi c'était drôle de rendre dingue un philosophe, et surtout pourquoi un philosophe. Et son dicton acheva de le perdre totalement et, effectivement, il se mit à y réfléchir. Sky lui ouvrait une fenêtre à laquelle il n'avait jamais pensé. Les sentiments. Dans sa tête - alors que le cerveau fusait à toute allure - il se demanda s'il aurait pu en parler avec Bogdan. Il l'avait déjà fait, en surface, lorsque ça concernait Six, mais seulement parce que le roumain avait posé des questions. Quant à Six, elle attendait visiblement quelque chose de lui mais sans savoir quoi, il ne se sentait pas capable de lui donner quoi que ce soit. Et comme il détestait ne pas comprendre les choses, il vit en Sky un élément important de réponse utile. S'il devait rester à Megalopolis en fin de compte... Autant qu'il s'adapte à son environnement.

Sky sembla plus qu'étonnée de son cadeau, ce qui le fit sourire. Et d'autant plus quand elle tendit son poignet. D'une voix toujours basse, quelque peu timide, il ajouta.

"Bogdan, il me fait dire félicitations. Il dit que ça porte bonheur, aussi. Chez nous, en tout cas. Il m'a expliqué plein d'autres trucs, mais... J'ai pas tout suivi."

Il se redressa et fourra ses mains dans ses poches en l'observant déposer l'autre bracelet. A croire que Sky était aussi douée que lui pour s'exprimer. Il sentit qu'elle voulait lui dire quelque chose et il la dévisagea, ses yeux dans les siens, attendant une remarque grâce à laquelle - peut-être - elle deviendrait finalement comme tous les autres à le regarder comme un alien. La façon qu'elle eut de s'abstenir lui fit légèrement froncer les sourcils et il sursauta à son geste, portant une main à son ventre en courbant l'échine. Il baissa la tête, un franc sourire amusé sur les lèvres. Pour un peu, il aurait rougi.

Quand elle fut enfin partie, il secoua la tête et poussa un soupir avant de se traîner jusqu'à la salle de bain. Dont il profita. Allègrement. Il porta les bouchons de produit à son nez pour apprendre à les connaître, et pour profiter de ces odeurs qu'il ne connaissait pas. S'il sut quel était le shampoing, ce fut uniquement en lisant "cheveux" quelque part sur le produit. Sa dernière douche, une vraie, pas artisanale, remontait à l'Europe. Autant dire qu'on ne comptait plus en mois, mais en années. Mais il ne se souvint plus de celle qu'il avait piquée à une femme peu regardante qui avait eu pitié de lui à son arrivée à Megalopolis. L'eau était si chaude que sa peau était devenue rouge, que la vapeur envahissait la pièce et que, lui-même, commençait à en ressentir la température, signe qu'il était temps de sortir.

Il refit son apparition dans la chambre, il amena avec lui le sauna en se frottant les cheveux dans une serviette. Fait notable, s'il en fut, Tibor, pour la première fois depuis des mois, sentait bon le propre. Du moins, sur lui-même ! Question fringues, le côté "artisanal" de Six faisait à nouveau foi. Sky avait eu le temps de remonter depuis, et il porta son regard sur elle en se penchant pour récupérer son t-shirt sur une chaise. Même de lui, la vapeur s'échappait.

"J'ai pas mis d'eau partout. J'imagine que c'était à ça que servait le rideau, non ? Personne ne t'a rien dit ?"

Son ventre gargouilla. Oh oui, il avait faim. Il enfila son t-shirt et posa la serviette sur le dossier de la chaise avant de s'installer par terre.

"Je me suis occupé l'esprit 24 minutes à réfléchir à ce que tu m'as dit et je comprends toujours pas ton histoire de coeur et de raisins..."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky était revenue de son expédition avant que Tibor ne soit sorti et elle avait installé son butin sur son lit. Assise en tailleur, elle faisait un partage équitable. Un vrai. Elle n’avait plus six ans.
Des sandwichs au beurre de cacahuètes, du bacon et du cheddar en tranche, des gâteaux industriels au sucre, un pot de confiture d’airelles qu’elle avait durement négocié, le tout disposé sur un plateau de livres de cours improvisé.
En bon élève, Tibor lui précisa qu’il ne lui avait pas mis d’eau partout grâce au rideau ce qui fit hausser un sourcil interrogateur à la jeune fille.

- Pour pas mettre d’… Ah ouaiiiiis ! Bah ouais ! dit-elle soudainement touchée par la compréhension. En fait j’croyais que c’était pour pas qu’on nous voit pendant qu’on se lavait, et vu que j’suis toute seule à utiliser cette douche je trouvais ca complètement con !

Elle plongea un index dans le pot de confiture, gouta et fut visiblement satisfaite du résultat. Voyant que Tibor avait préféré le sol, elle le rejoignit avec leur repas du soir. Qu’il ait pu réfléchir à ce qu’elle lui avait dit l’amusa énormément. Elle s’y attendait. Ce genre d’expression était suffisamment sibylline pour lui pour que ca le pousse à cogiter.

- Raisons. Pas Raisins. C’est simple en fait. Ca veut dire que les sentiments n’ont pas de logique. Ils ont pas de « bonnes raisons » - avec un « on » - d’être. Attend j’vais te prendre un exemple tu vas comprendre.


Elle bascula le buste sur l’arrière, les bras tendus pour se caler et observa le plafond, le front soucieux. Finalement elle reposa ses yeux clairs sur lui et hocha la tête.

- Tu m’disais que Garin et moi on allait avoir besoin de chance. C’est pas complètement faux même si ca me troue de l’avouer mais bon… donc ouais. La première… non la deuxième en fait… ou la troisième… non la deuxième ! La deuxième fois que je suis allée le chercher, ca a été un gros merdier, commença-t-elle son récit en tendant un index dans sa direction.
J’te passe les détails mais Itembe a mis la main sur moi à cause de Garin. Il voulait un truc de lui. Bon, on s’en est bien sorti, c’est cool et tout mais… si j’avais suivi la logique, le truc raisonnable, ce que ma tête me disait, bah j’aurais dû manger son 555 et retourner gentiment dans mon Casino puis hop ! L’oublier. Genre c’est pas un mec pour moi blablabla, tu vois ?

Attention elle était super sérieuse. C’est pas tous les jours que Sky filait un cours de logique alors Tibor avait intérêt à apprécier à sa juste valeur.

- Mais j’ai fait quoi ? Tout l’inverse ! D’un point de vue logique c’est à peu près aussi con qu’un rideau de douche pour empêcher les gens de te voir mais d’un point de vue sentimental…. Et ben tu dis fuck à la logique. Je crevais d’envie de le revoir, je voulais que ça. Le reste je m’en foutais. Donc mon cœur a eu le dernier mot, il a trouvé plein de bonnes raisons pour que j’y retourne mais aucune logique.

Tadaaaaaa ! Elle se redressa et ouvrit les bras, guettant la réaction de son élève.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor cligna des paupières en grignotant un morceau de fromage entre ses doigts. Il l'avait pourtant écoutée attentivement et il avait surtout essayé de ne pas la perdre en chemin. Concentré qu'il était sur le son de sa voix, il avait capté les mots, mais pas vraiment leur sens. Et quand il fit le parallèle entre les explications de Bogdan et celles de Sky... Non, elle l'avait perdu.

Il finit de manger tranquillement son carré de cheddar en s'humectant les lèvres et il baissa les yeux en réfléchissant. Il choisit de prendre les choses d'une autre manière de façon à mieux comprendre. Il posa un morceau de fromage sur un biscuit et figea le geste vers sa bouche à quelques millimètres de ses lèvres. Une seconde, dans l'histoire, il était qui ? Garin ou Sky ? Peu importait, il fronça les sourcils et releva des yeux incompris sur elle.

"Mais je t'aime pas, moi."

Allez, on la refait avec les sous titres ? Demander à une gamine de 17 ans de vous faire un cours sur l'amour, c'était quand même pas évident. Surtout celle-ci. Bogdan visait juste en parlant de ressemblances. Mais il s'agissait plus de similitudes très abstraites.

"Tu veux dire que si je me retrouve à venir te voir, c'est parce que je t'aime ? Ca n'a pas de sens."

Pour lui, comme pour les autres, c'est clair qu'on avait fait plus précis en matière de peinture de vie. Il n'avait jamais eu "besoin" de revoir Sky. Plutôt une envie, une idée, ou alors parce qu'il le fallait. Mais ce n'était pas ce besoin bizarre dont elle parlait. Lui avait juste besoin d'informations. Pas d'elle.

A part ça, comme si l'amour pouvait avoir du sens. Il essaye de remettre la formulation dans le sens de Six, puisqu'elle était sa principale interrogation et il réfléchit, les yeux baissés sur son morceau de biscuit.

"Je comprends pas."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
D’accord. On partait de super loin en fait et Sky afficha une moue dépitée. Visiblement extrêmement déçue.

- Mais… mais non ! C’est pas ce que j’ai dit ! J’ai parlé de Garin parce que... mais… *soupir* Bon.

Elle allait avoir besoin de confiture. La donzelle attrapa le pot et plongea directement dedans avec les doigts. Les cuillers c’était pour les gens éduqués.

- En fait va falloir que tu utilises un peu plus ton imagination parce que sinon on va pas y arriver.

C’était le moins qu’on pouvait dire. Mais Sky était têtue. Elle se demandait si Bogdan développait aussi des trésors de patience ou s’il finissait par lui dire n’importe quoi pour se soulager lui, et se débarrasser de Tibor par la même occasion.
Toutefois, une question lui trottina dans la tête et elle se promit de la lui poser une fois sa démonstration terminée.

- On va faire plus simple. Oublie ce que j’ai dit sur Garin et moi. La raison c’est de suivre la logique : par exemple…. Elle s’interrompit et le regarda super sérieusement. J’vais faire un exemple là hein, ce que je vais dire c’est pas de la vraie vérité, c’est comme un dessin du soleil, c’est pas le soleil, d’accord ? Bon donc je disais… la logique ou la raison c’est par exemple quand tu sais que de manger trop de cheddar ca va te rendre malade ! Alors tu le fais pas ! Le sentiment, c’est quand t’en manges quand même, et même si ca te rend malade, parce que tu aimes trop ca !!! Tu vois ? La logique c’est quand tu discutes pas avec les flics parce que tu sais qu’ils auront toujours raison et qu’ils finiront par te coller un mute. Le sentiment c’est quand tu leur craches quand même à la figure parce que t’en as super envie !

Elle conclut sa démonstration en se servant un peu plus de confiture.

- Tu vois mieux là ? C’est plus clair ?

Sky en avait presque oublié le sujet de départ. Pourquoi ils en étaient venus à parler de la différence entre le sentiment et la raison.

- C’est quoi que tu m’as dit à la base ? Que tu comprenais pas pourquoi tu te sentais plus proche de moi que de Six, c’est ca ?

Elle haussa les épaules.

- Bah c’est parce que c’est comme ca, c’est tout. Cherche pas de logique y’en n’a pas… c’est ca que je veux dire.


N’empêche que sa petite question ritournelle revint pointer le bout de son nez. Elle posa le pot de confiture pour un sandwich au beurre de cacahouètes et avant de mordre dedans, elle demanda, anodine :

- T’as jamais été amoureux ? Vrai ?

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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Les sourcils froncés de concentration, Tibor écouta et compris ce qui l'avait mis sur la déroute. Il mordit dans son biscuit en hochant doucement la tête, les yeux rivés sur les siens.

"D'accord..."

Ca semblait rentrer. C'était plutôt en bonne voie. Il entama alors son festival de haussements d'épaule, ce qui était pour lui comme une réponse à tout. Sauf qu'entre le moment où il comprit l'explication et où il prit son sandwich au beurre de cachuètes... Il découvrit... Le beurre de cacahuètes ! Pour un peu, on aurait failli le perdre ! Rendez-vous compte. Tibor bénéficiait, finalement, d'un taux extrêmement restreint en matière de concentration, assorti à ses grosses pertes de mémoire. Il l'avait entendue, mais pas vraiment écoutée. Les yeux rivés sur la nourriture qu'il mâchait lentement - et faire des mélanges ne le dérangeait pas, bien le contraire - il entendit enfin la question de Sky qui lui sonna comme une fausse note.

Haussement d'épaule avant de reprendre la contemplation de son sandwich. Il mordit à pleines dents deux ou trois fois avant de lui faire un sort, laissant passer de nombreuses secondes de silence avant de répondre, la bouche pleine. Similitudes, on disait, donc...

"Mon pouvoir... Il est assez pervers." Il releva les yeux sur elle *haussement d'épaule* et prit un autre sandwich. "Le Doc, sur mon dossier, il a écrit que je perdais la mémoire à long terme. Un truc comme ça. Qu'en gros, je me souvenais que des trucs récents. J'ai oublié ma mère, mon père, où je suis né... Comment j'ai grandi, avec qui... Bogdan remplit ces trous-là, mais pour le reste, j'ai vécu seul plus de la moitié de ma vie, il n'y a personne pour me rappeler qui j'ai rencontré, avec qui j'ai voyagé... Si j'ai été amoureux ou non." *haussement d'épaule avant de mordre sans élégance dans le beurre de cacahuète* "Mais, le truc, c'est qu'il me laisse quand même des impressions, des trucs comme ça. Je sais que j'ai pas de soeur, je le sentirais. Je sais pas trop si j'ai été amoureux d'une fille un jour ou pas, mais je pense pas. J'ai personne dans le paysage. Bogdan y dit qu'être amoureux, c'est comme avoir une photo devant les yeux, on voit pas le paysage, y a qu'elle. Que, quand tu te lèves, y a que la photo, pas le reste." Visiblement, Bogdan aussi était un adepte des métaphores douteuses. "J'ai pas l'impression que ça m'est déjà arrivé." *haussement d'épaule*

Il se redressa quelque peu en ralentissant son masticage et releva les yeux en réfléchissant, les sourcils froncés.

"Et j'crois pas que ce soit ce que je ressente pour toi, non plus. Je dis pas que... Je me sens plus proche de toi que de Six. C'est pas pareil, c'est sûr, mais... Bogdan il a dit que c'était un peu comme comme Six et Elizabeth. Toi et moi, j'veux dire. Il pense que j'avais une petite soeur, avant. Je lui ai dit que non, mais après tout, qui peut confirmer ? Il dit que c'est peut-être pour ça que je préfère m'asseoir à côté de toi, plutôt que de jouer les super-héros masqués avec Six."

Il s'humecta les lèvres à la réflexion et la regarda, curieux.

"T'as eu un grand frère, ou pas ?"
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Sky Cervantes
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Sa question était stupide mais elle ne s’en rendit compte que lorsque Tibor lui remit quelques points sur les i. Effectivement, difficile de savoir s’il avait déjà été amoureux puisqu’il perdait la mémoire. Quelqu’un qui ne se souvenait même pas de son nom…
Sky sentit un frisson lui parcourir l’échine et se remémora la proposition qu’il lui avait faite de lui faire oublier une partie de son histoire pour la mettre hors de danger. Elle regrettait que Garin ait détruit cette clé mais n’était-ce pas alors une marque de confiance incommensurable qu’elle lui faisait ? Perdre une partie de son histoire, prendre le risque de l’oublier lui, la terrifiait sans commune mesure. Elle ne s’appesantit pas sur le sort de Tibor et s’efforça de l’écouter sans rien laisser paraitre de ses pensées mais elle trouva cette malédiction terrible et se demandait s’il le vivait de cette manière.
Bogdan avait le sens de l’image lui aussi et Sky supposait que le pragmatisme de Tibor l’empêchait de de comprendre une théorie brute. Pourtant, elle trouvait cette analogie bien en deçà de ce qu’elle ressentait. Une photo, même obsessionnelle, pouvait-elle justifier qu’on se laisse mourir sur un matelas lorsqu’on la perdait ?
Elle hocha la tête, tapant dans le pot de confiture avec un air très absorbé.
Là encore, elle ne pouvait pas vraiment l’aider à y voir plus clair lorsqu’il aborda la question de la fraternité.

- Non. J’ai pas eu de grand frère, désolée… j’ai grandi toute seule comme une … euh… grande !

Ca la fit pouffer avant qu’elle retrouve son air sérieux.

- John c’était un peu comme un grand frère. Enfin pas que. Il me soignait… et c’était aussi mon amoureux. Enfin je crois…

Ouais voilà, ou comment se perdre avec Tibor sur des chemins boueux. Finalement, c’est elle qui allait douter de ce qu’il se passait dans son cœur. Un bon psy pourrait peut-être l’aider à démêler tout ca et lui aurait sans doute expliqué que John avait eu le rôle d’un tuteur affectif. Autant dire des notions qui étaient à mille lieues de sa propre perception des choses.

- Et puis je suis née au Mexique. T’as pas l’air mexicain toi ! et Bogdan dit que tu es du Nord de l’Europe. J’suis nulle en géographie mais pas assez pour pas savoir que c’est super loin du Mexique.


Elle garda le silence, plongée dans sa réflexion, avant d’en faire part à Tibor.

- J’crois que Maze c’est un peu mon grand frère. J’l’aime bien. Lui aussi je pense qu’il m’aime bien mais bon c’est dur de savoir parce que son Yu l’empêche d’avoir des sentiments. Bon… on va dire qu’il s’est habitué à moi. C’est déjà pas donné à tout le monde hein ? Et donc des fois on regarde des vieux films chez lui et on mange des pots de glace en rigolant comme des andouilles. Il me protège aussi. C’est mon garde du corps.

Elle releva ses yeux clairs sur lui et haussa les sourcils

- Il m’a cherchée quand j’étais avec toi, tu sais ? Pour de vrai ! Il m’a cherchée partout avec Sunny et Matt. Bah c’est comme un grand frère je pense…

Là pour le coup, elle n’était pas certaine de l’avoir perdu plus qu’elle ne l’aidait. Mais en même temps, quelle idée de demander des éclaircissements sur le sujet à Sky ? Regardez son histoire et prenez en la mesure. En termes de bordel sentimental, elle se posait là.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Beaucoup de monde dans la vie de Sky. Tibor s'y perdit rapidement. Il la dévisagea, emmagasinant chaque information en espérant ne rien perdre, mais le mal était fait... Il comprit que le fameux John n'était plus dans le paysage. Un ancien dont même Six n'avait pas parlé, peut-être quelque chose plus ancien encore. Un "amoureux". Ca en faisait deux dans une seule vie. Une courte vie. Tibor fronça les sourcils. Déjà, c'était une information de trop.

Ensuite, eut-il l'air mexicain ? Il baissa les yeux sur lui-même. Il s'était toujours cru russe, sauf que ce n'était pas le cas.

"Non, je suis né en Norvège - mon père était norvégien - mais je suis moldave."

Et il parle russe comme langue natale. Si vous suivez, c'est bien. Il dit ça à Sky, fier de s'en souvenir, avec un léger sourire. Pour certains, Tibor était un peu comme un enfant. Et puis, vint Maze. Il plissa les paupières, mais celui-ci semblait toujours présent, vivant, et c'était quelque chose de récent. Dont il ne se souvenait pas. Il porta un soda à ses lèvres pour faire glisser le beurre de cacahuète avant de reprendre du cheddar... Avec de la confiture. Quand elle eut fini, il cligna des paupières, son fromage sucré entre ses doigts.

"C'est qui, Maze ?"

Son garde du corps ? Ca, en revanche, ça lui disait quelque chose. Il était vrai que Sky savait bien s'entourer. En revanche, qu'on ait pu chercher Sky pendant qu'elle "était avec lui", étrange manière de parler de ce moment, il acquiesça doucement. Il n'en avait pas attendu moins de la part de l'entourage de la jeune fille. Sunny et Matt, encore deux inconnus et ça commençait à en faire beaucoup. Il inspira profondément en se redressant pour masquer une légère remontée, comme si elle le gavait tellement qu'il allait bientôt tout recracher. Lui-même, l'aurait-il cherchée s'il l'avait entendue disparaître ? A n'en point douter. En tout cas, il se sentit bien petit dans cette grande vie bien riche et remplie. Sky n'avait pas besoin de lui. A une époque, peut-être... mais s'il n'était rien pour elle, alors son interrogation sur ce qu'elle représentait pour lui restait entière.

Il engloutit son fromage à la confiture, accueillant le silence de Sky pour sa réflexion, puis il garda son pouce sucré entre ses lèvres. Encore une phrase difficile à formuler. Pour lui, chaque parole était un exercice difficile.

"Je ne t'ai jamais demandé ce qui s'était passé." Allait-il le faire maintenant ? Il releva les yeux sur elle en se faisant une nouvelle "tartine" de cheddar à la myrtille. "Je dois répondre quoi si on me demande ? Tu sais comme Six est curieuse. Mais je suis curieux, moi aussi... Tu étais si faible que j'ai cru t'avoir perdue une nuit. C'est inquiétant, quand même, non ?"

Ou comment Tibor demanda des choses personnelles à sa manière.
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Sky Cervantes
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Sky le regarda faire ses essais culinaires mais se garda bien d’intervenir. Elle avait testé les saucisses au marshmallow alors elle était mal placée pour lui faire une remarque. Elle espérait juste qu’il ne serait pas malade.
Quand la jeune fille parlait, son flot de paroles était spontané. Elle livrait les informations brutes, comme elles lui venaient, à son image. Le petit discours qu’elle avait servi à Hyun quand elle avait récupéré Garin avait été une vraie performance murement réfléchie et qu’elle avait longtemps à l’avance répétée. La plupart du temps, elle était… cash. Aussi elle ne se douta absolument pas de la quantité d’informations indigestes que cela constituait pour Tibor. Sky se livrait. Il prenait ou il laissait, c’était aussi simple que ça.
Elle lui retourna son sourire quand il lui rappela ses origines même si « moldave » avait à peu près autant de sens pour elle que « amoureux » pour lui.

- Maze ?
Répondit-elle, c’est mon garde-du-corps. Pour de vrai ! C’est son boulot. Quand je me suis mise dans la merde avec la clé, j’ai pris un garde du corps. Bon il veut pas que je le paye mais je le ferai quand même…

Inutile de rentrer dans les détails concernant l’Underground. Sky n’avait aucune idée de ce que Tibor savait à ce sujet et elle préférait rester discrète.
Sky avait toujours su trouver les bonnes personnes pour les bonnes options. Chacune lui apportait ce dont elle avait besoin mais pour être honnête, bien peu trouvait réellement une place affective dans sa vie. Elle ne leur en laissait pas vraiment l’opportunité non plus, habituée depuis sa plus tendre enfance à faire sans.
Elle n’en voulut pas à Tibor de poser la question mais elle n’aimait pas ce que cet épisode renvoyait d’elle et ce qu’il lui avait laissé voir de certains aspects de sa personnalité. Revenir sur le sujet, c’était un peu comme sonder ses abysses personnels et elle les trouvait bien sombre. Trop.
Et puis que répondre ?
Elle se tortilla, mal à l’aise, et chercha l’inspiration dans le plafond encore une fois avant de baisser les yeux sur lui.

- Tu dis à Six que c'est un secret entre nous. C’est la vérité après tout, non ? Personne sait Tibor. Que toi et que moi. Personne. J’ai dit à personne ce qui c’était passé… c’est un secret entre nous.


Et elle hocha gravement la tête même si elle avait bien conscience que cette réponse ne lui suffirait pas. Pourtant si y’a bien quelqu’un à qui elle devait une explication, c’était bien lui.

- Je vais essayer de t’expliquer mais je suis pas sure que tu comprennes…

Sky inspira et se jeta à l’eau.

- Bogdan t’a dit que quand tu aimais quelqu’un c’était comme avoir tout le temps sa photo sous les yeux. Même quand tu te lèves le matin. C’est vrai oui… mais pour moi c’est plus que ca. Garin je l’aime plus que ca.

Elle fit tourner le petit bracelet autour de son poignet en cherchant ses mots.

- C’est comme si je vivais pas vraiment avant lui mais que je m’en rendais pas compte. Comme si j’étais dans une boite fermée avec de moins en moins d’air… et que lui il avait ouvert cette boite et que je m’étais mise à respirer pour de vrai….

Elle accompagnait ses mots avec de larges gestes pour illustrer, écartant les bras. Et soudainement, elle claqua des mains qu’elle tint hermétiquement serrées…

- …. Et que d’un coup il a refermé la boite et a jeté la clé.

Sky haussa les épaules et soupira. Elle n’avait pas trouvé d’autres analogies plus accessibles à Tibor mais pourtant elle avait le sentiment d’être encore bien loin de ce qu’elle avait ressenti. Mais comment parler de sidération, de désespoir et d’abandon à quelqu’un qui s’interrogeait déjà sur l’amour ?

- J’avais tout fait pour qu’il m’aime. J’avais gardé des secrets, j’avais fait semblant et j’étais sage même. Mais il a pensé que c’était trop dangereux qu’on soit ensemble. Pour lui et pour moi… alors il m’a dit qu’il ne voulait pas de moi, qu’il ne fallait pas qu’on continue.

Elle releva ses yeux sur Tibor et eut un petit sourire triste

- … mais il avait déjà ouvert la boîte.
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Tibor Bruusgaard
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Tibor écouta avec une grande attention. C'était important. Les raisons qui avaient conduit Sky à un tel état de santé n'étaient pas à prendre à la légère. Il acquiesça doucement au secret. Ca, il comprenait. Et avec Sky, il partageait même plus d'un secret. Il se sentait d'ailleurs aussi bien confiant que confident. La preuve en était, il venait se livrer sur ses incompréhensions. Il détestait passer pour un adapté auprès des autres. Demander des choses à Bogdan lui retournait déjà l'estomac. Ne pas savoir comment se comporter face à Six tout autant. Autant il se fichait pas mal de ce que pensaient les gens de lui, autant ça l'insupportait d'être traité comme un gamin. Encore une chose qu'il partageait avec Sky.

"Je n'ai rien dit non plus." En matière de secrets, Tibor était une tombe, de ça, Sky pouvait être certaine. "Personne ne sait que je t'ai trouvée. Je sais juste que Six ne comprend pas..." Il promena une main d'elle à lui. "Toi et moi."

Alors si elle n'avait elle-même rien dit... Personne ne lui demanderait rien, mais savait-on jamais... Encore une fois, il se demanda pourquoi un tel secret. Et quand il l'écouta, sans aucune surprise, il ne comprit pas. Il tiqua en reculant la tête et fronça les sourcils, joignant ses gestes à ceux de Sky.

"Je ne comprends pas." Non, sans blague. "Il n'y a pas besoin de clé dans ta boîte, on y entre comme dans un moulin." Il faisait référence à sa planque, bien sûr. "J'ai tout de suite compris ce que tu avais dès que je t'ai vue, inerte." Ah, il y avait beaucoup de choses que Tibor ne comprenait pas, mais d'autres... Qu'il était le seul à percevoir. "Je le sais pour l'avoir vécu, je sais ce que ça fait que de mourir de faim. Alors, s'il t'avait enfermée, pourquoi tu n'es juste pas sortie pour aller chercher à manger pendant que les junkies étaient partis ? Tout simplement ?" Il secoua la tête, à moitié perdu dans l'histoire. "Qu'est-ce que Garin t'a fait qui t'inflige une telle chose et te laisse mourir de faim, comme ça... Ca n'a pas de sens, et tu lui as pardonné ça ?"

Selon Tibor, elle n'avait répondu qu'à une partie de sa question. Ce n'était pas seulement face à l'amour qu'il rencontrait un problème... C'était sûrement plus profond que ça encore.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky baissa les yeux. Si elle était revenue sur le sujet, c’était pour lui et uniquement pour lui. Si elle avait fait l’effort d’essayer de se faire comprendre alors qu’il n’entendait déjà pas un sentiment essentiel et primordial comme l’amour, c’était pour lui.
En aucun cas elle ne voulait en parler. Non seulement parce que c’était derrière elle maintenant, rangé soigneusement avec tous les coups et humiliations de son beau-père, la mort de John et les bassesses de Deniz, et qu’elle avait avancé en ne s’attardant pas sur ses blessures, dussent-elles la meurtrir profondément. Ensuite parce qu’elle revivait dans ses tripes ce qu’elle avait ressenti et que cela réveillait une souffrance inutile. Elle aimait encore moins l’image que cela pourrait donner d’elle-même. Sky n’était pas suicidaire et ne l’avait jamais été. Ce qui l’avait submergée, elle ne le comprenait pas vraiment elle-même.
A vrai dire, cette incompréhension qu’il lui retournait l’aurait presque faite pleurer mais elle ne lui en voulait pas. Il n’y était pour rien, il était ainsi.
Sky releva les yeux sur lui à sa dernière question et esquissa un bref sourire.
Elle s’éclaircit la gorge qu’elle avait de noué.

- C’est une image Tibor. Comme un dessin du soleil qui n’est pas vraiment le soleil. Mais c’est pas grave… laisse tomber. Garin non plus ne sait pas. On n’a pas besoin de pardonner à quelqu’un qui ne sait pas.

Elle prit une tranche de pain et étala un peu de confiture dessus avec ses doigts.

- C’est moi qui ne voulais plus vivre, lui il a rien fait.

Elle plia le pain et mordit dans le sandwich, pensive.

- Je sais pas quoi te dire. Peut-être qu’un jour, quand tu aimeras, tu le sauras et peut-être que tu comprendras ce que je voulais t’expliquer... que l’amour ca a pas de sens, non.

Tibor lui avait dit avoir eu faim lui aussi et partageait cette expérience avec elle. Sky se souvint de cette histoire qu’il avait raconté pendant Halloween.

- C’est quand t’étais perdu dans la neige ? Que t’as failli mourir de faim ?
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Il n'avait pas eu besoin de plus. Si elle avait simplement dit ne plus avoir eu envie de vivre, il aurait mieux compris. Ensuite, rattacher cette information au sentiment aurait été plus complexe, mais le chemin emprunté par Sky l'avait perdu. Il cligna des paupières et baissa les yeux sur sa tartine de fromage entamée par des traces de dents et il réfléchit à ce qu'elle lui avait expliqué. Tout ce qu'il comprenait, c'était que Garin l'avait repoussée et que ça lui avait causé une rupture intérieure. Ca, il l'avait bien saisi. Qu'elle ne veuille plus vivre aussi. Mais une autre incompréhension s'invita à sa réflexion : comment avait-elle trouvé la force - entre guillemets - pour se laisser mourir de faim ? Tibor était ce qu'il était mais sa capacité à avancer, à continuer de vivre, était telle que lui-même ne saisissait pas bien le terme de suicide, pas plus que le sentiment d'amour. C'était comme si, pour lui, une seule chose existait : la survie. Mais il ne sut comment formuler cette question curieuse.

Il mordit doucement dans son fromage et le termina en se léchant le bout des doigts, gardant le silence. Ca compilait sévère dans sa caboche, ça ne faisait aucune doute. Et quand elle lui posa la question, il releva les yeux sur elle. Dans ses pupilles, elle put percevoir le rouage qui lui était nécessaire pour se souvenir à quoi elle faisait référence. Il ouvrit la bouche et réfléchit encore quelques secondes en lui préparant à son tour un morceau de fromage aux myrtilles. Sky devrait vraiment être plus aventurière dans la nourriture, il se pourrait qu'elle y découvre des trésors cachés dans son palais. Il lui sourit légèrement et inspira profondément avant de répondre. Sûrement que Six et Bogdan - et même Vasile - seraient fous en apprenant ce qu'il révélait.

"Bogdan a parlé de camp d'été... Mais... Ca n'avait rien d'un camp d'été. Quand on s'est évadés, lui, Vasile et une autre fille ont voulu partir loin. Six et Elizabeth ont choisi un autre chemin. Moi, je voulais rentrer. Le MSS... Pour nous retrouver, ils auraient tout fait. J'avais plus rien là-bas, mais je pouvais pas les laisser s'en prendre à mon village. Ca aurait été ma faute. Alors j'ai décidé de partir seul. Six et les autres étaient contre. Certains sont partis vers l'est, d'autres vers le sud. Moi... J'ai pris vers l'ouest. La neige, c'était rien. J'ai longtemps cru que j'étais russe parce que je parle couramment et que j'en sais rien, j'ai toujours cru, quoi. Ma mère était russe, je crois." Il se fit un sandwich de confiote entre deux biscuits, son regard expert étudiant la bouchée parfaite. "Mais quand je suis arrivé en Europe... On parlait plus la même langue. Elizabeth n'était pas là pour me traduire l'allemand. Mon pouvoir ne m'a pas laissé tout oublier." Il soupira. "Quand même... Et quand je sentais que ma mémoire s'effaçait à force de me rendre invisible - et donc inexistant - j'écrivais dans un carnet, pour le relire ensuite. Je l'ai perdu, depuis..." Il haussa les épaules. "En tout cas, je me suis échoué quelque part... Je sais plus où. Y avait rien. Que dalle. J'étais épuisé, j'avais marché pendant des mois et puis tout était désert, pas de maison à perte de vue. Je m'étais perdu, quoi."

Bizarrement, quand il racontait son histoire - qu'il n'avait narrée à personne d'autre que Bogdan et Vasile - c'était odieusement neutre, comme si ce n'était pas lui. Il fallait reconnaître que la nourriture aidait. Tibor, il valait mieux l'avoir en photo qu'à table !

"Un jour, je me suis évanoui, j'avais juste trop soif, trop faim, trop fatigué, trop tout. Déprimé, perdu, je trouvais plus le chemin de retour. Et quand je me suis réveillé, j'avais la tête dans du foin et un cheval me bavait dans les cheveux." Il grimaça avant de mordre dans ses biscuits. "Dégueu..." Il haussa les épaules. "Une femme m'a trouvé sur la route et elle m'a ramené chez elle. Une sorte de vieille fille à la frontière qui élevait des vaches et des moutons. Elle avait lu un livre d'un mec comme moi qui s'était paumé en Alaska et qui était mort de faim. Une histoire vraie, je crois. Elle avait un tout petit commerce ! J'ai travaillé pour elle quelques semaines pour me faire de la tune et me payer un train jusqu'à Bucarest. J'ai retapé sa baraque, sa grange, je me suis remis sur pied. J'avais à bouffer sur la table, un lit chaud, du linge propre et une douche - même approximative." Et le petit plus... "Des fois, elle me retrouvait la nuit." Le truc qui fait la différence. "Je voyais pas le mal, après tout, elle m'avait sauvé la vie, je pouvais bien faire ça pour elle."

Plus que neutre, il était presque indifférent à sa propre expérience.

"Finalement, ça m'a semblé un bon filon. J'ai plus jamais eu la dalle. Tu chopes les femmes esseulées, elles ont toujours du taf pour toi, des trucs manuels genre réparations, manutention... Des choses qu'elles ont du mal à faire parce que c'est extrêmement physique. En contre partie, elles te nourrissent et prennent soin de toi. Comme tu prends soin d'elles. Les hommes sont des gros radins. Si t'obtiens une miche de pain sec, c'est que t'es tombé sur un mec pas marié." Il releva les yeux sur Sky pour lui offrir un grand sourire. "J'ai fait toute l'Europe comme ça après Bucarest. Le MSS n'était pas venu jusqu'au village, alors je me suis assuré que tout le monde allait bien, et puis je suis reparti. Il n'y avait plus rien pour moi là-bas. Mon père était mort quand le MSS est venu nous chercher et j'avais pas d'autre famille, alors... J'ai voyagé à travers le continent ! Au moins, j'étais sûr qu'on me retrouverait pas !"

L'histoire, racontée par Tibor, avait quand même des allures de Bogdan. Mais sans la fumette. Allez savoir si c'était de famille, régional ou juste... Que l'un avait déteint sur l'autre - mais lequel ?
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Tibor lui faisait partager son expérience mais aussi ses essais culinaires. Pour rien au monde elle n’aurait rejeté la première ni même les seconds, aussi elle le remercia quand il lui tendit le petit sandwich de fromage aux myrtilles.
Pendant qu’il lui racontait, elle le mangea avec circonspection mais dû avouer que finalement c’était plutôt bon (HJ : en vrai auvergnate, je kiffe mon bleu d’auvergne avec la confiture de myrtilles).
Que Bogdan ait pu parler de « camp d’été » alors qu’il n’en était rien, cela n’avait rien de surprenant. Mister « Lie to you » en personne aurait été bien en dessous de sa réputation s’il ne l’avait pas fait. Sky ne connaissait pas l’histoire, plus par manque d’opportunités que par manque de confiance. Six lui avait juste dit que cette histoire de camp c’était du pipeau, chose dont elle s’était à peu près douté par elle-même, mais n’en savait pas plus.
Tibor lui livrait une donnée supplémentaire qu’elle emmagasina avec les autres. Il parla de « s’évader ». On s’évade d’une prison, pas d’un camp d’été. Il lui relata sa capacité à parler russe et son incompréhension quand il arriva en Europe.
Sky était nulle en géographie mais savait placer les grandes nations : Chine, Russie, Europe (même si pour le coup, en dehors de la France et de la Grande Bretagne, le reste était assez flou). Il avait pris par l’ouest ? La prison était donc en Russie.
Le reste coulait de source. Se perdre dans des immensités blanches quand on est dans un pays qu’on ne connait pas, en plein hiver… inutile d’être grand druide pour deviner la suite. Tibor avait eu une chance inouïe de tomber sur cette femme, sans quoi il aurait fini au rayon des surgelés.
Leur échange de bon procédé, y compris contre des faveurs sexuelles, ne la choqua pas vraiment. Elle trouvait que c’était un bon contrat finalement, chacun y trouvant son intérêt. De ce qu’elle en avait compris dans la façon dont il lui présentait les choses, c’est qu’il ne l’avait pas fait sous la contrainte. Nécessité fait Loi.
Mais Tibor ne s’en était pas tenu à cette première expérience. Il avait jugé que ce compromis était assez satisfaisant pour lui permettre d’arriver à ses fins et de subvenir à ses besoins. La seule chose qui l’interrogeait profondément, c’est qu’à moins qu’il lui cache définitivement bien les choses, c’était un homme.

Sky, qui avait terminé son sandwich, fronça les sourcils et pencha la tête.

- Ouais t’as fait la pute quoi… dit-elle sans jugement aucun, véritablement comme un constat. J’connais bien tu sais. Dans le Queen’s les filles comme moi, elles finissent presque toutes sur un trottoir. Au début elles le font pour leur copain et puis après elle le font pour être protégées par un mec et puis gagner un peu de fric. Puis elles vieillissent, souvent elles se droguent pour oublier qu’elles vendent leur cul, et à la fin elles le font parce qu’elles ont plus le choix…

La prostitution la plus ancestrale et la plus classique qui soit, autant dire loin de ce qu’a vécu Tibor. Sky continuait de suivre le fil de sa pensée.

- Des fois y’avait des mecs aussi qui faisaient le trottoir mais ils ressemblaient à des filles tu vois ? Ils se maquillaient, portaient des trucs de gonzesses…

Elle hésitait à poser la question qui lui brulait les lèvres mais parler de sexe avec Tibor lui paraissait à peu près aussi incongru que de parler maternité avec Hyun.
Elle se pencha en avant pour réduire la distance entre elle et le jeune homme et parla doucement, comme si quelqu’un pouvait écouter aux portes.

- Mais t’avais envie ? de coucher avec elles ? J’veux dire… moi j’croyais que pour que ca marche votre bazar, il fallait quand même que la fille vous plaise et que vous ayez envie ?


Autrement dit, la prostitution masculine était une notion qui lui paraissait complètement impossible au naturel, sans l’aide de quelques psychotropes efficaces. Ou de pilules magiques.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Finalement, ils s'en apprenaient autant à l'un qu'à l'autre ! La pute ? Lui ?

"J'en ai connues et j'ai pas l'impression de leur ressembler."

Ca aussi, c'était gratuit, juste pour Sky. Il fronça les sourcils, ne se retrouvant absolument pas dans la description de l'adolescente. Encore moins dans celle des hommes déguisés en femme. Alors ça aussi, ça lui en bouchait un coin !

"Je me drogue pas non plus..."

Par contre, à l'occasion, il picolait plutôt bien. Ressortissant russe sans aucun doute. Selon Tibor, il n'avait jamais été question de faire "la pute". Il n'avait même jamais fait ça pour de l'argent. C'était un avantage en nature certain qui lui avait donné accès à des denrées dignes d'un pacha. Un bon compromis entre deux partis dans le besoin. Ce qui lui peignait Sky n'avait rien de sain quand, lui, s'était assuré un équilibre propre.

Il porta son soda à ses lèvres pour l'achever d'une traite et tapa à nouveau dans les vivres. La proximité de Sky lui fit relever la tête en mâchonnant et il se recula légèrement. Sa question eut du mal à parvenir à son cerveau car, au début, il ne comprit pas bien le problème. Et puis, lentement, un sourire se dessina sur ses lèvres. Progressivement, Tibor termina sa bouchée alors qu'il souriait de plus en plus et il haussa simplement une épaule.

"Ben... Ouais. Enfin..." Il pouffa de rire, un peu comme elle plus tôt face à une évidence que lui ne saisissait pas. "Mais je m'en fiche, moi, et on m'a jamais dit non." Ou comment dire sans détour qu'on est pas regardant sur la marchandise. "Et puis quand ça veut pas, on fait quand même." Ou comment faire comprendre qu'on a de l'imagination. Souriant toujours, Tibor se passa la langue sur la lèvre pour récupérer le sucre et secoua la tête. "Pourquoi j'aurais pas envie ? T'attends d'avoir envie, toi ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Non c’est sûr, Tibor ne ressemblait pas à ces filles ni à ces mecs perdus qui n’étaient jamais que des purs produits du désespoir et de la misère. Sky s’était extirpée de ce caniveau à temps finalement. Elle n’avait même pas conscience de l’énergie et de la force qu’il lui avait fallu déployer. De quoi créer tout un univers. Alors oui, elle en avait de la ressource y compris pour se laisser mourir.

- Ouais non c’est pas ce que j’ai dit, j’ai pas dit que t’étais comme ces gonzesses ou que tu te droguais, j’disais juste que tu payais avec ce que t’avais. Pas grand-chose quoi. Enfin en dollars j’parle, pour le reste ca va, t’aurais été un gros tas boutonneux t’aurais bouffé ton poing plus d’une fois j’pense. Enfin bon j’y connais rien en même temps…

Sky délaissa la nourriture. Elle avait un appétit d’oiseau mais ne crachait jamais sur des sucreries c’est pourquoi elle se leva pour aller chercher quelques sucettes qu’elle déposa près du plateau. Elle se laissa tomber en tailleurs et glissa ses cheveux derrière l’oreille tout en suivant ses pensées. Y’a des tas de mecs qui pouvaient se targuer de ne pas comprendre les filles. Sky, elle, ne comprenait pas les garçons. En fait même, la plupart du temps elle ne se posait pas la question. Comment ca marchait dans leur tête et, a fortiori, dans leur pantalon ? Elle s’en fichait royalement. Elle avait bien assez à faire avec sa propre caboche. Tibor ouvrait tout un nouvel horizon de réflexion qu’elle avait jusqu’alors négligé. Elle n’avait que 17 ans en même temps.
Face à l’hilarité de Tibor elle ne renvoya qu’un regard hésitant.

- Bah ouais. Je fais pas si j’ai pas envie. J’croyais que c’était pareil pour tout le monde en fait… enfin normalement j’veux dire ! Les putes elles ont pas envies mais elles le font quand même parce qu’elles ont pas le choix mais… mais… c’est des filles !

Inutile de lui demander d’en dire plus. Soit il comprenait ce qu’elle voulait dire et c’était tant mieux, soit il ne comprenait pas et c’était tant pis. Sky n’en revenait même pas de leur sujet de conversation et elle commençait à sentir le rouge monter progressivement jusqu’à ses joues, surtout quand elle mesura toute la portée des propos de Tibor. Il n’avait pas non plus le profil de sa BFF !

- Enfin t’as survécu c’est le plus important,
dit-elle pour retrouver la terre ferme des convenances et des discussions normales.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Au fur et à mesure qu'elle parlait - et qu'elle se perdait dans les méandres d'explications douteuses - le sourire de Tibor s'étira de plus en plus jusqu'à ce qu'il se mette à rire. Bien sûr, avec Tibor, c'était toujours assez cristallin, timide, même s'il était franc. Un éclat de rire, pour lui, c'était juste deux épaules qui se secouaient et un son qui s'évadait de sa gorge.

"Oui, j'ai survécu. Je survis toujours, je n'ai aucune envie de mourir, j'ai pas fui l'oppression et l'esclavage pour me laisser crever comme un animal."

Qu'elle ait du mal à saisir quelque chose le rassura, et même, le mit en confiance. Il n'était pas si en retard, juste qu'il ne comprenait pas les mêmes choses que les autres. Et vice versa. La façon qu'elle eut de détourner le sujet l'amusa tout autant et il secoua la tête en levant un index vers ses joues, mais sans les toucher. Toujours si peu tactile, il se contenta de lui désigner.

"T'as du rouge, là..."

Tibor ne comprit pas d'où venait la timidité de Sky, en revanche. Quoiqu'il en soit, ça l'amusait vraiment. Pour une fois qu'il "dominait", d'une certaine manière. C'était même un sentiment appréciable. Jusque là, il s'était toujours tellement senti à la ramasse, loin de ses pompes, en décalé du reste du monde. Et en fait, il commença à comprendre pourquoi il se sentait mieux avec elle qu'avec n'importe qui d'autre - Bogdan inclus. Elle le traitait comme son égal. Et surtout, il vit un sujet embarrassant pour l'adolescence qui consistait donc à...

"Pourquoi ça t'étonne à ce point ?" L'embêter. "Ton Garin, c'est pareil, tu sais ?" Dans la vraie vie, Tibor était un peu moqueur. "Et même quand t'es pas là, je suis sûr."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Il était mort de rire. Toutes proportions gardées bien sûr, on parle de Tibor. Sky, elle, était à l’âge où on était bien moins à l’aise avec les mots qu’avec les corps. Elle parlait de prostitution, de pornographie autant que vous vouliez, mais ce qui touchait à sa propre intimité, à sa méconnaissance des subtilités de l’amour qu’il soit sentimental ou charnel, la poussait dans des retranchements trop personnels pour qu’elle s’en détache avec autant de facilité. On pouvait encore mettre ça sur le compte de sa jeunesse. Il lui restait encore beaucoup à comprendre et, pourquoi pas, à expérimenter.
Sky avait cette désagréable impression d’être mise à nue et quand il attira son attention sur le rouge de ses joues, elle détourna la tête un peu brusquement en grognant.
Pour se donner un peu de cette contenance qu’elle avait perdue, elle attrapa une sucette et la déballa méticuleusement.
Ses joues rouges accentuaient son petit côté poupée de chiffons, tout en délicatesse.

- C’est pas que ca m’étonne, juste que je sais pas… je sais pas comment ca marche un garçon moi. J’suis une fille. Et puis moi quand j’ai envie d’un garçon et bah je le prends c’est tout. Et y’en n’a pas un encore qui m’a dit non plus !

Une petite revanche mesquine mais qui lui donnait l’impression de regagner un peu de galons. Quand on n’a eu ni père, ni mère, ni frangin ou frangine, on apprend sur le tas en déduisant de ce qu’on peut. Et puis elle n’avait jamais abordé ces questions avec John. Il était là et puis voilà, même la première fois.

- Comment ca c’est pareil pour Garin ? Tu veux dire quoi ? Qu’il couche avec moi pour survivre ? N’importe quoi !

Et avant qu’il devienne plus explicite elle coupa court à tout commentaire qui aurait pu pointer son nez.

- Et je veux pas savoir ce qu’il fait quand je suis pas là.

Ca, c’était pas vrai du tout. Elle aurait bien aimé savoir. Juste par pure curiosité.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Sky avait parlé de "la seule et unique fois où elle l'avait entendu rire". Pour de vrai. Fort et clair. Elle pourrait à présent ajouter ce moment-là à ses anecdotes alors qu'il éclatait vraiment de rire.

"Mais non !"

Mais son rire fut de courte durée. Même si son sourire persistait, seules ses épaules dansaient. Il la dévisagea, tout amusé, mais attendri qu'il était. Encore une expression étrange sur son visage à lui, d'habitude si hermétique et neutre.

"Je ne parlais pas de survie, juste d'envie. Et puis, j'ai couché avec personne pour ma survie. J'ai juste silencieusement accepté un arrangement qui me convenait très bien."

Pour un peu, le rouge lui monterait également aux joues.

"Mais je ne suis pas non plus une grande référence en matière..." Il réfléchit et leva les yeux pour scruter le plafond avant de soupirer avec un vague sourire. "De tout, je crois. Je me fiche pas mal avec qui je suis. Je m'inquiète pas de savoir pourquoi. Je le ressens. C'est tout."

Ce que Tibor ressentait s'apparentait aisément à de l'empathie. La détresse des autres, il la guérissait à sa manière s'il le pouvait. Il avait perçut celle de Sky et avait volé pour elle, était resté près d'elle et avait veillé sur son sommeil. Sans réfléchir, il l'avait juste fait. Quand il avait perçu la solitude de la femme, il n'avait pas attendu qu'elle fasse le premier pas dans sa chambre, il avait lu ses volontés dans son regard et y avait répondu naturellement. Il avait acquis cette capacité à reconnaître ce dont les autres avaient désespérément besoin, et s'était posé comme un pansement, à défaut d'une réponse positive.

Il baissa les yeux sur elle brièvement avant de les reporter sur les biscuits.

"Je vois des choses que personne ne comprend, mais les autres saisissent des nuances que je perçois pas. J'aimerais juste qu'on arrête de me regarder comme un animal blessé, c'est tout. Je vais très bien et j'ai pas envie qu'on me dise comment je dois me comporter. A défaut de savoir d'où je viens, je sais encore qui je suis. Tout le monde se complique tellement la vie, ça me frustre de ne pas comprendre pour quoi faire. Ces sentiments comme... L'amour, la peur, le désespoir, c'est... Abstrait." Il releva les yeux dans les siens. "Ces femmes, elles étaient juste..." Il haussa les épaules. "Tout ce qu'elles voulaient était si simple. Je n'avais pas d'attache, je n'avais pas à trouver d'excuses, elles n'avaient pas à se justifier. Probablement que... Même s'il ne s'agissait pas du pain sur ma table ou de la température de l'eau de la douche, je le ferais quand même parce que, même si je peux sembler... Différent - et j'ai conscience de l'être, je comprends juste pas en quoi - je ne suis pas insensible au reste du monde."

Ses yeux dansèrent d'un point à un autre, comme s'il avait envie de s'exprimer, mais cherchait ses mots. Il s'humecta les lèvres en réfléchissant.

"Je crois que... L'homme se prend trop sérieusement la tête quand il lui suffirait simplement de se laisser guider par son propre instinct. Maren veut toujours parler, elle veut toujours que j'explique les choses, que je parle de ma vie, elle veut m'aider et guérir quelque chose qui... Pour moi n'existe pas. Je n'ai qu'un souvenir de ma mère, je visualise à peine mon père, je n'ai que... Ce visage, si particulier et imprimé dans ma tête, qui s'impose à moi quand je dors, qui me hante et elle ne cesse de vouloir... Comme me plaindre de quelque chose qui ne m'atteint pas parce que je ne l'ai pas connu. Alors qu'il suffirait simplement de laisser son corps parler et te guider sur un chemin qui, inéluctablement, sera le bon, parce que ton corps sait ce qu'il fait."

Il reporta ses yeux sur Sky et la dévisagea un instant, les lèvres entrouvertes. Puis, il cligna des paupières en se décidant à reprendre. Il ne souriait plus, celui-ci s'était évaporé avec les mots, progressivement. Pour autant, aucune tristesse n'assombrissait son visage, il était presque perplexe et concentré.

"Mais ça ne signifie pas qu'on doit s'interdire toute maîtrise sur les ordres que notre corps nous commande. Chaque fois qu'il menace de nous lâcher ou de nous jouer des tours, il faut savoir s'interposer et prendre une voie qui nous semble... Plus raisonnable. C'est ce qu'on appelle la survie. Notre corps ne possède pas cette capacité dont notre esprit a conscience. J'aime à croire que... Si mon corps m'a lâché une fois, c'est parce qu'il savait qu'il le pouvait, comme s'il avait deviné que cette femme arrivait. Comme si ton corps m'avait entendu arriver et qu'il a juste... Attendu, tout en sachant que tout irait bien."

Il tourna la tête vers la fenêtre quelques secondes.

"Je crois que c'est ce que Bogdan appelle..." Puis reporta son attention sur Sky. "Une ressemblance."

Il baissa les yeux sur le poignet de Sky où elle portait le bracelet qu'il lui avait tressé, puis il tendit la main pour le faire rouler sous ses doigts, sûrement le premier geste tactile qu'il eut de lui-même envers elle.

"J'en ai un pour chaque personne importante de ma vie. Ca m'aide à me souvenir. Mais je suis content de pas porter le tien. Ca signifie que tu vas bien."
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Sky Cervantes
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Cet éclat de rire la ramena à de meilleurs sentiments. Pour le connaître de mieux en mieux, elle savait que c’était rare. C’était chouette finalement qu’il soit assez à l’aise pour se laisser à rire, même si c’était à ses dépens. Elle cala la sucette dans sa bouche et lui lança un regard dépité.
Tibor retrouva son sérieux. Ses changements d’émotion étaient si soudains que Sky pensa au ciel marin : d’un bleu acier, il se gonflait soudainement de nuages qui explosaient rageusement avant de disparaitre comme ils étaient apparus. Elle n’aurait su dire pourquoi ou même le mettre en mots, mais c’était beau à regarder.
Il lui expliqua, lui, comment il se percevait. Et qui pouvait lui dire le contraire ? Nous ne sommes jamais les seuls à nous connaître vraiment et à savoir ce qui est bon pour nous. Il avait raison, il suffisait d’être à l’écoute de ce que notre corps réclamait. A conditions qu’on soit a peu près normalement constitués bien entendu et que notre tête fonctionne plutôt bien.
Mais en dehors de ça, elle s’étonna qu’il puisse à ce point se montrer bavard et si enclin à la réflexion. Quelques minutes auparavant elle avait eu le sentiment d’avoir affaire à un mur d’incompréhension, et le voilà qu’il se lançait dans de grandes théories dont les subtilités lui échappèrent un peu.
Il se connaissait bien.
Sky ota la sucette de sa bouche et laissa ses mains retomber entre ses cuisses. Tibor termina son laïus et eu ce geste inattendu. Il s’était rapproché sans même s’en rendre compte mais elle, elle l’avait bien remarqué. Elle n’en dit rien.

- Ouais c’était peut-être le destin aussi… mon corps j’sais pas trop…

Elle s’observa comme s’il allait lui souffler la réponse.

- J’me suis pas posée la question comme toi. N’empêche qu’il est solide !

Sky releva ses yeux clairs sur Tibor, affichant un sourire triomphal

- C’est un vrai puzzle là-dedans ! Faudra que je te montre un de mes scan un jour ! C’est comme si mes os ils étaient tous rayés avec un crayon… et puis bon même si le médecin m’a dit que j’devais faire gaffe à mes reins, parce que depuis l’autre fois j’en ai un qui fait le feignant, j’ai super bien récupéré. J’suis indestructible je crois !

Ca la fit rire mais quand elle retrouva son sérieux elle lui dit d’une voix douce.

- Je pensais pas être quelqu’un important pour toi… On se ressemble alors ? Ouais… ouais faut croire… juste on sait pas les mêmes choses !

Et en conclusion, elle remit sa sucette dans la bouche.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Son sourire revint aussi facilement qu'il avait disparu et il acquiesça.

"Je suis persuadé que t'es en béton armé, ouais. Mais j'ai suffisamment de la version couleur, j'veux pas la version photocopieuse !"

Sans se départir entièrement de son sourire, il baissa le regard sur un biscuit qu'il cassa en deux, époussetant la surface pour enlever le surplus.

"C'est pas tout le monde qui me file entre les doigts et manque de me faire tuer pour sauver sa propre vie du #1 recherché par toutes les agences gouvernementales du monde."

Espiègle, il releva les yeux sur elle, puis il retroussa la manche de son t-shirt pour montrer son épaule avec une cicatrice à la forme bizarre. Il haussa les sourcils en lui désignant la blessure d'un index.

"Je te rappelle que c'est toi qui aurais dû la recevoir, celle-ci. Je parle même pas de la bagnole que j'ai embrassée quand tu t'es enfuie en me laissant sur le carreau. Ouais, c'était moi !"

Il laissa retomber sa manche et acquiesça, à la limite du revanchard.

"Tu peux te féliciter." Il prit une moue boudeuse et dubitative. "Je peux pas te perdre dans les bois, ou te faire tomber dans les chiottes..." Puis son visage redevint lumineux avec un grand sourire et il porta le biscuit à sa bouche pour finir la bouche pleine. "Je risque pas de t'oublier, toi."

Au même titre que Bogdan et Six, certaines choses vous marquent à vie. Sky entrait dans palmares à son tour pour l'avoir clairement fait tourner en bourrique. Il cassa un petit bout de biscuit pour lui balancer.

"J'aurais pu mourir, j'te 'frais dire."
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Sky Cervantes
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Sky ouvrit les yeux, offusquée.

- Déjà je savais pas qui c’était ce type hein, j’te f’rais dire ! Moi j’ai vu un vieux machin débouler avec un flingue et jouer les grands seigneurs en traitant Six comme une sous-merde. Alors ouais tu m’excuseras, mais j’ai pas pensé que c’était un pote, et même plutôt le contraire. J’ai pas réfléchi !


Non, comme à peu près tout le temps. Sky et son instinct.
Curieuse cependant, elle se pencha en avant pour voir la cicatrice en étoile typique d’une balle soignée correctement mais pas par un médecin. Les types du Queen’s les arboraient fièrement comme des blessures de guerre, alors elle connaissait.
D’ailleurs à ce sujet elle rembraya.

- C’est Six qui t’a tiré dessus. C’est à elle que tu dois faire des réclamations hein… et puis cette balle elle était pas plus pour moi que pour toi d’abord. Elle était pour face de citron. Juste il avait mangé une chaise alors il était pas dispo.

A ce souvenir, elle pouffa de rire à son tour. Elle n’y était pas allée de main morte, étonnée elle-même d’avoir si bien réussi son coup. Tout en riant, elle ajouta

- Mais je savais pas que t’avais pris une voiture. Hey ! faut croire que faire traverser des parebrise aux mecs c’est ma spécialité ! J’pensais pourtant que Garin était le premier…


Et elle redoubla de rire même si ca n’avait, fondamentalement, rien de drôle. Sky avait cette satisfaction de se dire que même si elle ne savait pas se battre à cette époque, elle a toujours su utiliser ses jambes.
Elle attrapa le petit biscuit au vol et le fourra dans sa bouche avec la sucette.

- T’es pas mort. Et tu sauras qu’il ne faut jamais sous-estimer les demi-portion. Et je t’interdis de dire « demi-portion » quand tu parles de moi, y’a juste moi qui ai le droit de le dire. Je sais me battre en plus maintenant. J’ai appris. J’ai un super prof.

Sky revint sur la marque de Tibor qu’elle indiqua d’un index.

- Tu devrais me dire merci. Avec les gonzesses ca marche super les cicatrices comme ca. Ca fait warrior !

Autant dire à un cul de jatte « hey t’as une super paire de baskets digne d’un coureur olympique », mais Sky ne pouvait pas s’empêcher de le taquiner un peu.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor ne se départit pas de son sourire. Il en eut même presque mal aux joues à force. Sky put se targuer de lui voir un visage lumineux plus de 60 secondes d'affilées.

"Six m'a tiré dessus sans réfléchir. Je lui en veux pas. Elle savait même pas que j'étais en vie."

Il se passa une main sur son épaule, comme pour apprécier une blessure enfin guérie. Soigneusement soignée, pas vraiment. Zaan avait des bases, mais c'était sans compter sur l'aspect tout terrain de Tibor. Il avisa la marque, se demandant en quoi ça pouvait plaire aux filles, encore qu'il eut fallu que ça l'intéresse. Il glissa son pouce sur la marque.

"Après ça, je suis parti à Liberation avec Zaan. Quand il est reparti, moi je suis resté. Je devais retrouver la clé et la mettre en sûreté. C'est Eve qui m'a soigné parce que ça s'était infecté. Et je suis pas sûr que ce genre de blessures attire les filles !"

Il étira un coin de lèvre en relevant les yeux sur elle.

"En tout cas, pas elle. T'imagines, ça avait gonflé, ça pendait et tout... A peine je pouvais bouger le bras, ça me montait à la tête. J'ai déjà été blessé, mais jamais à ce point. C'est la première fois qu'une blessure me laissait une marque ! Et je l'ai prise pour toi, mon esprit aura du mal à oublier ça !"

Il rit doucement et petit à petit, il retrouva son sérieux en baissant les yeux. Il lâcha son épaule et se frotta le menton d'une main.

"Mais puisque tu en parles... Il faudrait que je retrouve le Chinois. J'ai perdu sa trace depuis des semaines et entre la chute de Liberation, le fait que j'ai pas de contact avec Zaan, je peux pas utiliser le matériel de Six. D'une part parce que je sais pas m'en servir et d'autre part parce qu'elle ne doit pas savoir. Tu sais où on peut le trouver en ce moment ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
C’est toujours au détour des chemins les plus improbables que vous prenez des volées de casseroles en pleine poire. Vous croyez être sur une autoroute que vous parcourez tous les jours et là, paf ! le chevreuil qui traverse alors qu’il n’y a pas de chevreuil dans ce bled.
Sky jouait avec sa sucette, le sourire en demi-lune sur le visage pendant que Tibor lui racontait ses déboires. Sauf qu’elle ne s’attendait clairement pas à ce que Libération se pointe dans son récit, encore moins cette Eve. Décidément pour un fantôme, elle était partout celle-là.
Ses yeux revinrent sur la blessure de Tibor pendant qu’il lui décrivait par le menu les conséquences et elle grimaça de dégoût quand même un peu. Comme tout le reste, ca ne l’affectait même pas.
Sky mourrait d’envie de le questionner sur son médecin improvisé, lui posait les questions qu’elle ne pourrait jamais poser à Garin, mais il dévia sur le sujet plus sérieux qu’était Hyun.
Elle fronça les sourcils.
A dire vrai, il ne l’avait pas recontacté depuis cette proposition qu’il lui avait faite. Ce n’était pas son genre. Qu’elle l’esquive c’était une chose, mais que lui le fasse, c’en était une autre… complètement illogique.
Elle ota la sucette de sa bouche et détourna le regard sur son lit pour suivre le fil de ses pensées.

- C’est vrai ca…. Maintenant que tu le dis !

Elle garda le silence puis reporta son attention sur Tibor.

- Quand tu lui as piqué la clé il m’a demandé de la retrouver, tu sais. Ce que j’ai fait donc. Mais en fait il m’a aussi proposé de bosser pour lui, comme indic. Si je lui filer des infos sur toi et sur Six surtout, il me payait et était même prêt à nous installer Garin et moi dans un joli p’tit appart’ et tout et tout. Tu vois le chantage affectif, hein ?

Sky haussa les sourcils en hochant de la tête du genre « non mais n’importe quoi ! »

- Mais j’ai pas voulu. J’lui ai pas dit non sur le coup, parce que je flippais de pas savoir entre les mains de qui était cette putain de clé plus que de sa proposions. La suite tu la connais… Quand t’es parti, j’ai pas rappelé Hyun. J’ai fait la morte. Je lui ai pas dit que je savais qui l’avait j’ai pensé que plus j’te laissais de temps, plus tu mettrais de distance entre moi et elle. Seulement…

Son visage se tordit en une moue ennuyée.

- Il m’a pas recontactée. Et ca c’est pas normal, non. J’avais pas calculé tout le temps qui est passé depuis son dernier coup de fil, c’est maintenant que tu me le dis…

Elle garda quelques secondes de silence, s’interrogeant. Garin ne lui avait dit à son sujet non plus… mais maintenant qu’il avait son propre appartement et sa propre vie, il n’avait pas de raison de lui en dire quoi que ce soit.

- Plusieurs semaines tu dis ? T’as une idée d’où commencer à chercher ?

Sky se leva et retourna sur son lit pour récupérer ses HP sous son oreiller. Elle appela avec l’un mais sembla surprise de ce qu’elle entendit.

- Merde… numéro mort….


Elle jeta celui-là et en attrapa un second sur lequel elle pianota un sms non sans avoir jeté un coup d’œil à l’heure ; « *Date* Coucou beau gosse ! T’as vu Hyun quand la dernière fois ? Un truc à lui dire ! Son tel répond plus »

- Pourquoi tu veux le retrouver ? Il est peut-être bien où il est, non ? dit-elle dans un petit sourire moqueur.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Il fronça les sourcils en la regardant faire.

"Je savais que tu étais en lien avec lui, mais à ce point..."

Il n'avait pas vraiment envisagé que Sky et Hyun puissent être liés par un numéro de téléphone... Fréquent. Sauf que si celui-ci ne répondait pas. Il tendit la main vers Sky pour voir l'appareil. Bien qu'il n'y connaisse pas grand chose, il avait suffisamment vu Six et les autres s'en servir pour savoir comment ça marchait.

Garin ne mit pas longtemps à répondre : "*heure* Son téléphone marche très bien, mais il répondra pas. J'ai pas encore réussi à le voir, je sais qu'il est sur une mission importante, mais je bosse pas avec lui, en ce moment. Pourquoi, tu veux lui dire quoi ?"

Tibor haussa une épaule.

"J'ai quelques questions à lui poser. Depuis que je lui ai récupéré la clé, en fait, je l'ai pas retrouvé. J'ai cru quand j'ai entendu parler de ce double meurtre en ville médiane. Un couple de chinois a été tué en pleine zone résidentielle. J'y suis allé, mais j'ai rien trouvé. Y a eu de la casse de haut en bas de la maison. J'ai pas pu voir les rapports donc j'en sais pas plus. Ca ressemble à un cambriolage qui aurait mal tourné. J'ai cherché à retrouver aussi la femme avec laquelle il bossait chez les flics, celle qui t'a escortée quand tu avais la clé. J'ai pas réussi à te la reprendre ce jour-là mais elle, elle est introuvable, également. Liberation a cherché à lui mettre la main dessus, mais j'ai aidé la moitié d'entre eux à s'envoler pour le Moyen Orient et ceux qui sont restés se sont tous séparés à travers la ville. Je crois qu'ils ont abandonné les recherches. Je suis au point mort. Les agents du MSS sont doués pour se cacher, on a été à bonne école. C'est pour ça qu'Itembe aura du mal à mettre la main sur Six et qu'il s'en prend à son entourage pour la faire sortir." Il la désigna d'un index en haussant les sourcils. "Pour ça que tu dois faire attention à qui tu fréquentes. Y compris ta copine Deniz. Encore que je suis pas une référence, j'ai confiance en personne. Mais tu dois pas relâcher ta vigilance. Bogdan garde un oeil sur toi, Six et Itembe depuis l'Underground, Vasile reste en alerte aux côtés de Six, quant à moi, j'essaye de retrouver les autres. Si le MSS doit frapper à un moment donné, autant qu'on soit prêts. Et il ne vaudrait mieux pas que Itembe nous pose problème. On va avoir d'autres rats à fouetter."

Il la dévisagea un instant et soupira.

"T'as choisi ton moment pour te marier à l'un d'eux... C'est pas très malin, quand même..."

Autant dire que les bracelets porte-bonheur tombaient à pic !
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Elle laissa le téléphone mort choir entre Tibor et elle. S’il voulait y accéder il n’avait qu’à s’en saisir. De ce point de vue, elle lui avait déjà dit ce que Hyun attendait d’elle et si Tibor était aussi malin qu’il en avait l’air, il devait bien se douter que le chinois ne laisserait pas filer une opportunité blonde de 17 ans d’approcher Six.
Mais ce qu’il lui dit quand elle contacta Garin suffit à la sidérer. Il lui balançait comme ca, entre la poire et le fromage, tout ce qu’elle avait mis tant d’énergie sinon à cacher, au moins à protéger.

- Tu t’es pas contenté de lui piquer la clé. Tu l’as espionné et Garin avec hein ? Six ne sait rien. Putain Tibor je lui ai dit que dalle, d’accord ? Ni à elle, ni à personne. J’imagine qu’elle est pas trop conne et qu’elle sait que j’ai des liens avec Hyun mais elle ne sait pas leur nature. J’ai rien dit non plus de ce que fait Garin ni de ses liens avec le chinois, ok ? Et cette histoire de clé on n’en a jamais reparlé.

Sans le vouloir, elle sentait les nerfs affleurer dans sa voix. Son sourire avait clairement disparu et elle n’avait plus du tout envie de rire. Elle prit connaissance du message de son chéri et ferma les yeux pour essayer d’assimiler toutes ces informations. Fondamentalement, elle ne voyait pas ce que venait foutre un cambriolage en ville médiane dans l’histoire. Parce que le couple était chinois ? La gonzesse flic qui l’avait accompagnée n’était même pas au courant de ce qu’elle faisait. Inutile pour le coup de maquiller la vérité pour Tibor puisque qu’il en savait plus que n’importe qui dans son entourage.

- Apparemment il fait le mort. Il est sur une mission importante…


Elle réfléchit à ce qu’elle allait répondre à Garin. Plus de mensonges, hmm ? Elle jeta un coup d’œil au jeune homme et soupira « Tibor veut lui poser des questions. Ca fait plusieurs semaines que j’ai pas eu de nouvelles. De Hyun j’trouve ca bizarre. »
Sky retourna s’assoir en tailleur sur le sol en faisant rouler sa sucette d’une joue à l’autre pour l’aider à se calmer et à penser sereinement.
Tout en laissant couler le flot de ses idées, elle répondit

- On choisit pas de qui on tombe amoureux. C’est comme ca c’est tout !
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
"J'ai pas espionné Garin. Il ne m'intéresse pas. Mais j'ai juste recoupé toutes les infos que j'avais et Garin s'est retrouvé au milieu de Liberation, je te l'ai déjà dit. J'ai pas espionné, j'ai cherché la clé avant que Six ne mette la main dessus et je suis tombé sur lui une ou deux fois. Je sais que tu n'as rien dit ! Et tu dois continuer comme ça. Par respect pour toi, Six ne te demandera rien. Elle fait tout pour te tenir éloignée de tout ça."

Il soupira en la dévisageant, désolé d'avoir ruiné sa bonne humeur. Après un instant, il reprit.

"J'espère juste qu'il ne se mettra pas entre Six et toi si un jour ça doit sentir le roussi." Il secoua la tête, les sourcils hauts. "Et peut-être que je me trompe, peut-être que Six réagirait mieux que je le pense au contenu de la clé, mais tu l'as vue comme moi, dès qu'il s'agit du MSS, elle perd toute objectivité. Je..." Il se passa une main dans les cheveux avant de soupirer. "Je m'en occupe, d'accord ? Désolé, je voulais pas t'embêter avec ça, juste... Savoir si tu savais où il était. C'est tout."

"Je sais. C'est un peu tendu en ce moment, mais je peux rien te dire. Autant j'ai rien contre faire des chateaux de sable avec le Russkovitch chelou, autant je vais pas le laisser s'approcher de trop près, non plus. Dis-lui que je viendrai le voir au Sanctuaire demain ou après-demain. Dis-lui aussi de te foutre la paix avec ces histoires. Ca te regarde plus."
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Sky ronchonnait intérieurement quand Tibor reprit la parole. Avachie sur elle-même, le téléphone portable dans une main, elle posa ses yeux clairs sur lui avec cet air qui hésitait entre la colère et le dépit. Parce qu’elle se devait de rester à la hauteur de sa réputation d’emmerdeuse, elle ne s’adoucit pas tout de suite mais elle ne lui en voulait pas. Elle s’en voulait à elle surtout d’être incapable de rester calme quand quelqu’un abordait le sujet. Ce n’était jamais que motivé par la peur de tout perdre.
Elle détourna la tête puis le HP émit un petit bourdonnement.
Le message la fit sourire spontanément. Brièvement, elle pianota quelques mots avant de se tourner vers Tibor.

- Tu m’embêtes pas. Juste…

Elle regarda dans le vide en fronçant les sourcils.

- Tu te souviens de ce que tu m’as dit ? Non j’suis conne… La dernière fois qu’on s’est vu tu m’as dit que Hyun avait utilisé mes peurs pour me manipuler. C’était vrai. Complètement. Parce que j’étais terrifiée qu’on vienne m’enlever ce petit paradis qui pointait le bout de son nez – c’est une image hein, Tibor, se sentit-elle de préciser – j’étais prête à tout.

Sky inspira profondément et haussa les épaules.

- C’est toujours le cas. Dès que je sens que quelque chose menace ce à quoi je tiens le plus, je perds vraiment mon calme. J’pourrais vraiment faire des conneries et j’ai plus de mal à raisonner.

Ses yeux revinrent au petit HP qu’elle tenait entre ses mains.

- Garin te propose de vous rencontrer au Sanctuaire demain ou après-demain. Il y sera.

Elle regarda de nouveau le blondinet le visage grave.

- Je choisirai pas entre l’un de vous et Garin. Ce sera lui. Toujours lui.

Sky croqua dans la sucette pour terminer la sucrerie. Elle jeta le bâton au milieu du bordel de son bureau et soupira de nouveau.

- C’est pas pour autant que j’suis prête à filer des infos vous concernant à un chinois, même s’il m’a sauvée la vie.

Elle envoya alors son message « J’y dis tout ça ! Je t’aime *avec le petit cœur qui va bien* »

- Si t’as besoin d’aide j’veux bien le faire… mais j’suis pas magicienne, j’peux pas accéder à tout. C’était où exactement ta maison avec le cambriolage ?

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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Il ne se souvenait pas de tout, peut-être, mais quand même, ce n'était pas assez vieux pour qu'il ait oublié. Au pire, il faisait un exercice de mémoire pour replacer. Mais il ne relava pas et se contenta de flirter avec le Hp. En soupirant, il se redressa pour venir s'asseoir à côté d'elle.

Devait-il s'inquiéter de passer après Garin ? Peut-être. Mais peut-être aussi que le MSS en avait eu assez de leur courir après. Pour autant, il ne pouvait pas en demander autant à Sky. Il comprit et hocha la tête avec un léger sourire puis il tourna les yeux vers elle.

"Fais ce que tu as à faire. Si le MSS te demande un jour où on est... Dis-leur. On se débrouillera. Risque pas ta vie pour nous. Bogdan a l'Underground à ses côtés et Six n'est plus seule." Puis, il secoua la tête. "Mais je laisserai personne t'enlever quoi que ce soit. Sinon, je t'aurais laissé la clé. Je suis peut-être pas comme les autres, mais je suis pas trop stupide."

Reportant ses yeux sur le HP qu'il tripotait entre ses doigts, il lui répondit.

"Une maison en bordure de falaise, sur les hauteurs. Mais t'occupes pas de ça. J'aurais rien dû te dire, ça t'inquiète pour rien."

Il fronça les sourcils avant de rire doucement.

"Ca en fait des appels manqués." Il lui adressa un sourire. "T'en as eu marre, t'as craqué pour lui dire d'aller se faire mettre ?"

Et il lui montra l'écran avec les appels sans réponse et le dernier d'elle à lui qui avait duré moins d'une minute.

"Quoi, la vie d'agent secret, ça te fait pas rêver ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Si Hyun avait correctement fait son travail, et là-dessus elle n’en doutait pas vraiment, le MSS ne savait même pas qu’elle existait, si ce n’est comme une délinquante notoire pensionnaire du Casino. En revanche, son mariage prochain avec Garin pouvait fort attirer l’attention car même s’ils restaient discret, surement qu’une telle organisation prendrait la peine de se renseigner a minima sur ladite petite blonde.
Cette perspective ne l’enchantait pas vraiment, non pas parce qu’elle avait quelque chose à faire qu’on se renseigne sur elle, mais plutôt parce qu’elle n’avait pas l’intention de changer son mode de vie.
Elle écouta Tibor et cela l’attendrit qu’il rejoigne la cohorte de ceux qui voulaient la protéger. La différence, c’est qu’elle supposait que lui savait exactement ce que ca impliquait et que la chose ne serait pas aussi aisé que son gabarit le suggérait. Elle fit une petite moue de côté.

- Garin et Hyun habitaient une maison comme celle-là avant qu’ils disparaissent pour brouiller les pistes.


Mais des maisons sur la falaise il y en avait à la pelle carrée.
Sky baissa les yeux sur le petit portable que Tibor lui mettait sous le nez et elle fronça les sourcils.

- Non… non j’l’ai pas appelé…


Elle le prit dans ses mains et sentit un frisson glacé lui couler dans le dos. Ce HP n’avait pas quitté sa chambre. Il l’avait posé là et elle l’avait laissé. De temps en temps au début elle y avait jeté un coup d’œil puis elle avait fini par ne plus lui accorder d’importance.
Sky releva ses yeux sur le blondinet, visiblement inquiète.

- C’est pas moi. C’est pas moi qui ai passé ce coup de fil !

Par reflexe, parce que pour elle c’était un gain de temps, elle plongea dans le portable pour checker les détails de chaque appel. Ce dernier datait de cet automne, et de ce qu’elle pu en constater, il avait duré assez pour une conversation.

- Il a peut-être envoyé un de ses sbires pour vérifier que mon HP fonctionnait, que c’était pas un problème matériel…

Mais ca signifiait surtout que quelqu’un qu’elle ne connaissait pas était entré dans sa chambre. Ca commençait à l’agacer sérieusement.

- Va vraiment falloir que je retourne à ma planque. Il faut que je ne laisse rien trainer ici. Et il va falloir que j’installe une surveillance. J’connais un type sur le wire qui peut m’avoir un peu de matos discrets…

Sky allait investir dans des micro caméras. Elle gèrerait les images via un serveur personnel et confidentiel. Une petite espionne en herbe.
Pour l’heure, elle reposa le HP de Hyun et s’en chargerait ultérieurement.
Elle regarda Tbor assis à côté d’elle et après quelques secondes de silence, elle lui demanda.

- Parle moi d’elle. Eve. Elle est comment ? Elle est jolie ?
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Sky commença à l'inquiéter. Quelqu'un avait utilisé le téléphone et elle ne s'en rendait compte que maintenant ? Le Chinois aurait envoyé quelqu'un, s'infiltrer dans sa chambre pour vérifier que son téléphone fonctionnait ?! Il n'en crut pas un mot. Il garda les informations dans sa tête alors qu'elle rangeait l'appareil. Oui, Sky savait se débrouiller seule, ça ne faisait aucun doute, mais ça signifiait surtout qu'il y avait une faille dans sa propre surveillance. Il ne pouvait pas être partout à la fois, c'était un fait, mais il avait relâché sa vigilance par acquis de confiance. Une erreur, de toute évidence. Il n'était pas certain de ce qu'il pouvait dire, ni même quoi faire, mais il savait que quoique ce fut, Sky serait contre. Aussi, il referma les lèvres et baissa la tête sur ses mains à présent vides. Il irait jeter lui-même un coup d'oeil à sa planque et peut-être même que, un peu plus tard, il lui demanderait si elle voulait qu'il aille les installer. C'était toujours pratique un homme invisible chez soi.

Quand elle reprit la parole après un temps de silence, il releva doucement une jambe sous sa cuisse, se tenant la cheville. Il se tourna légèrement vers elle, l'air dubitatif sans trop savoir quoi répondre. Alors, il haussa les épaules.

"Je trouve, oui."

Parler de sécurité, de danger, de chinois... Tout ça, c'était facile et ça coulait de source pour Tibor. Mais parler de choses qui importaient pour les autres, c'était toujours complexe. Comment qualifier Eve ? Pour lui, plus que pour n'importe qui, c'était extrêmement difficile. Ses yeux se perdirent dans le vague. Il n'arriva pas à en dire plus. C'était complexe et il gigota légèrement, pas certain d'avoir envie de se mettre à nu, même devant Sky. Aussi, il tourna légèrement les yeux vers elle, quelque peu fuyant.

"Pourquoi tu veux savoir ça ? C'est une fille, quoi, rien..." Il secoua d'un coup les épaules et porta la main à sa chaîne, comme il le faisait chaque fois que ça le rendait nerveux. "D'autre. Elle est grande, brune, les yeux bleus. Elle est jolie, oui. Je crois. Tu veux entendre quoi comme réponse ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Oui c’est vrai ça, pourquoi elle voulait savoir ça au juste ? Sky haussa les épaules en guise de réponse. Elle ne savait pas comment expliquer que cette fille qu’elle ne connaissait pas et qui était partie loin si elle avait bien compris, avait toujours rodé autour de son petit paradis sans jamais être vraiment présente. Une sorte de menace fantôme. C’était agaçant, comme ce qui vous poussez à revenir constamment du bout de la langue sur cette dent manquante dans votre mâchoire. Un petit bobo que vous ne pouviez pas vous empêcher de gratter.
Elle voulait mettre un visage sur un nom, savoir pour savoir, se faire une idée personnelle de ce qu’elle avait à craindre ou non. C’était irrationnel et n’avait pas de sens mais elle n’aimait pas avoir une inconnue dans ses équations.
Elle se faisait ces réflexions en silence, notant au passage le malaise de Tibor mais sans le comprendre. Sky ne connaissait même pas ce qui l’unissait à cette fille si ce n’était cette blessure qu’elle avait soignée.

- Je sais pas… je sais pas ce que je veux entendre…

Elle fit tourner le petit bracelet autour de son poignet pour occuper ses doigts. Sky avait bien conscience qu’elle s’engageait sur un terrain chaotique. Parler de sentiments avec Tibor c’était plus qu’aléatoire et pourtant elle avait envie d’en parler à quelqu’un qui ne la jugerait pas ou qui ne la renverrait pas dans les cordes.

- C’est l’ex de Garin.


Elle releva ses yeux sur le blondinet et pinça des lèvres comme si elle s’excusait.

- C’est parce qu’elle l’a largué qu’il est resté avec moi.

Et non l’inverse, ca elle l’avait bien intégré. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine et posa sa joue sur ses genoux tout en scrutant le jeune homme.

- T’as couché avec ? Quand elle t’a soigné, après ?
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor s'éclaircit la gorge. En rougissant.

"Euh..."

Sky et son terrain glissant. Voilà qu'il retrouvait ses réponses monosyllabiques d'une voix basse.

"Non." C'était pas l'envie qui lui avait manqué, cela dit. Il cacha à Sky le fait qu'elle, elle lui ait dit non. Il avait sa fierté, tout de même ! "Mais avant, je l'ai cognée."

Il savait que Eve et Garin étaient liés, mais il n'avait pas pris conscience de la dimension que cela prenait pour Sky. Aussi, il songea que pour adoucir sa rancoeur, il pourrait se mettre à sa place, mais surtout de son côté.

"J'aime pas quand elle utilise son pouvoir sur le mien. En plus d'être désagréable, quand elle force, ça fait mal." Il ouvrit une main pour lui expliquer. "Elle supprime les pouvoirs. En gros, elle me rendait visible. J'ai horreur qu'on me force à faire quelque chose que je veux pas. Je lui ai même fait mal."

La vérité, c'était surtout elle qui lui avait fait mal, mais ça, il ne lui dirait pas. Qu'elle l'ait soigné était largement suffisant. Son sourire revint sur ses lèvres, espiègle comme il était.

"Je crois qu'elle est loin, maintenant. Tu n'as rien à craindre d'elle."

Il inspira profondément et releva également son genou contre sa poitrine pour y poser son menton. Sky avait des choses à lui apprendre. Elle n'était peut-être pas une référence en tout, mais elle était amoureuse, et c'était un sentiment qui le rendait curieux. Il n'était pas aisément colérique, pas facilement frustré, rarement effrayé et ne connaissait pas la jalousie. Sky lui révélait qu'il pouvait se sentir gêné... Mais l'amour demeurait un de ses plus grands mystères. Bogdan, Six, Vasile... Tous les trois le connaissaient. Il savait Bogdan amoureux d'une fille de Liberation, Vasile avait avoué l'être d'une autre qui n'était plus dans le paysage, quant à Six... Tibor décida de presser les connaissances de Sky comme un citron, jusqu'à ce qu'il puisse en tirer quelque chose de compréhensible.

"Comment tu sais que tu l'aimes, Garin ?" Pourtant, il se sentit profondément stupide avec ses questions de gosses. "Et comment tu sais qu'il t'aime ? Je veux dire, même s'il le dit, il peut tout aussi bien mentir, non ? Comment tu sais qu'il dit la vérité ?"
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Ca la fit sourire qu’il puisse rougir, sincèrement, mais sans méchanceté aucune. C’était à charge de revanche puisque c’est lui qui l’avait prise en défaut de la sorte auparavant.
Ces explications étaient pragmatiques mais non dénuées d’intérêt. Tibor exprimait avec ses mots ce que cela faisait d’être la marionnette d’un autre pouvoir. C’est finalement ce qu’on ressentait quand on avait affaire à un PSY, cette étrange sensation de ne plus être maitre de soi. Tout le monde détestait ca, mais certains plus que d’autres. Quand vous fonctionniez à l’instinct, que toute votre survie était basée sur la maitrise de votre perception, vous deviez même vous sentir en danger. Sky plus que quiconque le comprenait.
Elle souriait toujours quand elle comprit qu’il mettait tout en œuvre pour lui démontrait une certaine forme de loyauté. Naïvement un peu, mais l’attention était délicate. Enormément délicate pour un Tibor.
Sky émit un petit grognement approbateur quand il lui confirma qu’elle était loin et qu’elle n’avait rien à craindre d’elle.
Elle balança ses genoux doucement, sans se départir de son sourire amusé.

- Bogdan dit qu’elle est très belle.

Mais Sky tordit la bouche.

- En même temps Bogdan dit un peu n’importe quoi des fois. J’voulais savoir si c’était vrai…

Tibor mima sa gestuelle et se positionna comme elle. Une fois encore elle eut la sensation que la distance entre eux se réduisait. Quelque part, elle retrouvait cette proximité rassurante qu’il lui avait offerte quand elle était en train de revenir des enfers.
Ses questions la plongèrent dans une grande perplexité. C’était difficile de répondre mais elle ne voulait pas se contenter d’un « tu sauras quand tu le seras ».

- Je sais que je l’aime parce que sans lui je veux mourir.

Ca, il pouvait le comprendre, il avait été aux premières loges.

- Je sais pas comment le décrire. C’est là tu vois ?
dit-elle en posant sa main sur son ventre. Quand je suis avec lui ou que je pense à lui, j’ai mon cœur qui bat plus vite, j’ai envie de sourire tout le temps et j’ai le ventre tout chaud.

Sky pouvait encore lui décrire ce qu’elle ressentait, même si c’était succinct. Au moins Tibor pourrait peut-être mieux comprendre qu’avec des métaphores à la con comme cette histoire de photo qui avait visiblement fait un flop. En revanche, c’était beaucoup plus dur de répondre aux autres questions.

- Je le sais pas. Je veux dire… j’suis pas comme Six ou Bogdan, je peux pas avoir de preuves.

Elle se mordilla la lèvre, hésitante.

- C’est la confiance. Quand on s’aime on se fait confiance. Et si y’a pas de confiance, il peut pas y’avoir d’amour. Je laisserais ma vie entre ses mains sans hésiter, tu vois ? S’il me dit qu’il m’aime alors c’est vrai, parce que j’ai confiance. Et puis lui, il me donne des preuves : il me câline, il me dit des jolies choses, il est toujours là quand j’ai besoin… et il veut qu’on se marie et qu’on ait des enfants.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Tibor soupira.

"Oui, mais pour Bogdan, toutes les femmes sont des nymphes magnifiques. Il n'est pas non plus très objectif, il n'a pas connu Eve comme je l'ai connue et dans mon monde à moi, elle n'a rien de beau. C'est qu'une belle coquille. Et Bogdan, il adore les belles coquilles. Pourtant, sa copine, elle est loin d'être belle. Mais j'crois qu'il fait la différence entre l'intérieur et l'extérieur de la coquille. Raison pour laquelle il s'est jamais tapé Eve, même quand il le voulait."

Ca. C'était gratuit.

Tibor écouta avec attention les explications de Sky. Le regard concentré sur elle, le menton posé sur son avant-bras appuyé sur son genou relevé, il fronça les sourcils, replaçant à lui-même ce qu'elle ressentait. Il garda même le silence un moment, compilant tout ça à son niveau. Jusqu'à arriver à une conclusion. Il se redressa en inspirant profondément et secoua la tête, catégorique.

"Non. J'ai jamais ressenti ça. Et je ressens pas ça du tout. Pour qui que ce soit. J'aime pas Maren. Et je crois pas que la simple affection ou l'envie de la protéger ça soit ça non plus."

Retour à la case départ. Il posa son menton dans sa main, pensif.

"Un jour, j'ai cru que j'avais ça pour Eve, j'ai déjà entendu dire que la haine était une forme d'amour mais... Non. Définitivement non. Et puis, en même temps, j'en ferais quoi ? Ca ne te fait pas peur une telle confiance ? T'en remettre à quelqu'un... L'être humain est si changeant, si imprévisible ! Finalement, ça te rend si... Dépendant. Ca te terrifie pas ?"
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Sky Cervantes
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Sky aimait bien son analogie, cette histoire de coquille. Même si cela la réconfortait et qu’elle en tirait une certaine satisfaction, elle doutait quand même que ce puisse être aussi simple. Auquel cas, Garin aurait posé son dévolu sur une jolie illusion ? Elle en doutait. Eve devait bien avoir plus que ca… ou alors elle avait grandement sous-estimé le côté « bling bling » de son chéri. Ce qui était aussi une possibilité.
Sa petite pique à Bogdan lui arracha un sourire amusé. C’était assez inattendu de la part de Tibor mais finalement il était peut-être bien celui qui le connaissait le mieux. Ca attisa sa curiosité quant à sa copine. Qui elle était et comment elle était.
La suite lui laissa entendre qu’elle avait pu se mettre à sa portée et que pour une fois il n’y avait pas un monde qui les séparait. Elle écouta ses commentaires et quelque part, en fut désolé pour lui. Même si ce sentiment avait quelque chose d’aliénant, c’était bon à vivre.
Sky fronça les sourcils en réfléchissant à ce qu’elle allait lui répondre puis hocha la tête.

- Oui c’est vrai. C’est un peu être dépendant… mais non ca fait pas peur, parce que c’est doux, parce que ca te rend fort et confiant.

C’était si difficile à expliquer avec des mots alors que c’était des choses qu’on ressentait. Il voulait absolument faire entrer ce sentiment dans des cases simples alors que l’amour était tout, sauf simple.

- Comme quand t’es bébé. T’es dépendant de l’amour de ta mère mais tu peux pas t’en passer parce que c’est ce qui te fait grandir. C’est pareil, mais en plus fort.


Sky lui adressa un petit sourire.

- Déjà pour que tu connaisses ca, il faudrait que tu laisses les autres s’approcher. Pas que pour le sexe… juste t’approcher toi. Un peu comme ca... dit-elle en tendant une main lentement pour la poser sur sa joue à lui en un geste tendre et délicat.

Rien à voir avec ce câlin agression qu’elle lui avait fait juste pour le faire chier. Là, c’était juste une petite démonstration d’affection, une caresse sans fioritures.
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Tibor Bruusgaard
Tibor Bruusgaard
Dépendant de l'amour d'une mère, quand on en a pas eue, ça aussi, c'était un point commun entre Sky et Tibor. Pourtant, il ne releva pas. Il ne s'en souvenait pas et de ce que Bogdan lui avait raconté, ce n'était pas une perte, mais il connaissait la représentation de la mère et c'était peut-être là sa plus grande frustration : ne pas se souvenir de la sienne. Jusqu'à son nom. Tout ce qu'il avait, c'était une vague mémoire, un sentiment étrange, et un air mélodieux dont les accords rataient parfois la corde. C'était triste à penser mais il s'y raccrochait. Son père n'était pas là pour lui combler les trous de mémoire et Bogdan n'avait pas connu sa mère, uniquement ce qu'il avait entendu des discussions. Finalement, Tibor ne saurait probablement jamais qui était sa mère.

Son menton dans sa main, grignotant le bout de ses doigts, il réfléchit, les yeux dans le vague, se demandant si être seul était un problème, si avoir quelqu'un lui manquait ou non. La réponse était non, pourtant, parfois, il aimait se retrouver entouré, probablement pour se nourrir d'une illusion. Sky pouvait se féliciter au moins de l'amener à réfléchir intensément à lui-même et même sa vie. Perdu dans ses pensées, il s'était contenté des paroles de Sky qui compilaient dans son esprit, décortiquant avec analyse son propre comportement. Mais il ne sentit pas venir sa main. A peine perçut-il cette ombre menaçante près de son visage qu'il se réveilla et se redressa. D'une main, il lui dégagea d'un coup dans le poignet et recula la tête et fronça les sourcils. Qu'avait-elle tenté de faire ?

Il la dévisagea, comme si elle pourrait lui donner une réponse, en même temps qu'il se repasser ses derniers mots dans la tête. A bien y réfléchir, c'était vrai. Les seules fois où il s'était laissé volontairement approcher, et où il avait touché une autre personne, ça n'avait été que pour du sexe. A croire que c'était la seule chose dont il ne se méfiait pas. Il n'avait pas l'impression d'être touché, justement.

"Quoi ?"

Il ne fut pas agressif ni ne lui fis de reproche, il était plus curieux de pourquoi elle avait fait ce geste.
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Elle rit de sa réaction tellement prévisible. Sky l’avait quand même cherché à le surprendre alors qu’il était plongé dans ses réflexions. Elle ne lui en voulait pas du tout mais elle se demandait comment il pouvait vivre sans ses petites marques d’affection qui étaient pourtant le sel même de la vie.
Elle arrêta de rire mais ne ramena pas sa main vers elle.

- Laisse tomber tes défenses un peu ! C’est que moi ! T’as peur de quoi ? Laisse moi faire, j’veux pas te faire de mal, j’veux te montrer. Tu m’étonnes que Six a même pas du essayer…


Sky ouvrit largement sa main pour montrer qu’elle n’avait rien dedans et qu’elle n’était en rien une menace.
Si elle avait employé l’analogie du bébé, c’était pour être plus claire mais elle n’avait pas le souvenir de ses caresses maternelles. Dolores avait pourtant montré son affection à sa fille à travers quelques attentions et gestes tendres qui avaient laissé entendre à Sky qu’elle l’aimait, mais ces manifestations étaient rares. Trop quand on en a besoin pour grandir. Cependant, elle se souvenait combien ces caresses-là étaient douces.
Prudemment, pour que Tibor ait bien le temps de voir son geste et qu’il s’en rassure, elle recommença. Insidieusement, elle se demandait si à force d’esquiver, il n’y serait pas insensible.
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Tibor Bruusgaard
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Il fronça d'autant plus les sourcils à son rire. Si elle se payait sa tête, il aurait au moins aimé savoir pourquoi. Et elle avait toujours la main tendue vers lui. Il posa les yeux dans sa paume, mais il n'y avait rien. Alors quoi, c'était quoi l'expérience ? Il perçut comme une forme de vengeance. Il s'était un peu joué d'elle, finalement, l'avait prise en traitre, même s'il n'y avait jamais eu de méchanceté dans ses actions. Il avait surtout cherché à protéger une innocente. A la base, Sky n'était ni plus ni moins qu'une civile, une innocente, de ceux que Six protège.

"Essayer quoi ?"

Alors qu'elle approchait sa main, Tibor la regarda avec méfiance, comme si elle pouvait le frapper et il décala le visage aussi lentement qu'elle se rapprochait de sa peau. Il se rendit compte à quel point il n'avait aucune envie d'être touché. C'était un peu comme si Sky était une pure étrangère, et même sans ça, c'était comme si on le forçait à exister quand tout ce qu'il souhaitait, c'était disparaître de la circulation. En étant avec Sky, c'était une forme de cachette, finalement.

Il se força à ne plus bouger et tourna les yeux vers elle, attendant qu'elle ait fini quoiqu'elle tente de faire. Le front froncé sous le coup de la concentration, il sentit les battements de son coeur accélérer, avec la hâte qu'elle retire sa main. C'était une forme d'intrusion dans son environnement et il commença à comprendre ce que les autres entendaient par manières sociales à respecter comme ne pas fouiller chez les gens, s'annoncer... etc.

"Qu'est-ce que tu fais ?"

S'il se pliait à l'expérience, il ne se détendit pas pour autant. Ses yeux dans les siens, à l'affût du moindre faux mouvement, il eut du mal à apprécier la douceur des doigts de Sky sur sa joue. Et si elle pensait qu'il la laisserait aller plus loin, elle se fourrait le doigt dans l'oeil.

"T'es vierge ? Je coucherai pas avec toi, je te préviens."

Hey, on peut être intouchable ET avoir des principes !
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Sky Cervantes
Sky Cervantes
Quoi, son geste était si peu transparent qu’il se demandait ce qu’elle faisait ? Ca donnait une claire indication sur son expérience dans le domaine. Qu’il se demande par quoi était motivé cette attention, elle s’y serait attendue et même si elle le lui avait déjà dit… mais « ce qu’elle faisait » ?
Sky ne voulait aller nulle part, juste lui faire la démonstration de ce qu’on pouvait toucher l’autre sans y mettre d’intention ni malveillante, ni sexuelle. Que Tibor ne le comprenne pas ne l’étonnait pas non plus.
Elle sourit et en gardant sa main sur sa joue elle lui dit :

- C’est toi qui es vierge ! T’es comme une page blanche !

Non, bien sûr que non elle n’avait aucunement l’intention de coucher avec lui. Quand bien même elle aurait pu s’offusquer qu’il ne l’envisage pas, elle reprit :

- Je t’apprends la subtilité. C’est juste une caresse Tibor, c’est tout… tu vois c’est juste pour te dire que tu comptes aussi pour moi. C’est un premier pas…


Elle ramena sa main vers elle. Sky ne voulait pas insister s’il ne parvenait pas en tirer la substance, en sentir la chaleur ou la douceur. Ca n’avait pas de sens pour le coup.

- Pour aimer il faut laisser les autres s’approcher. On n’aime pas qu’avec des mots.


Sky aurait voulu ajouter autre chose, essayer de lui faire comprendre que coucher comme il le faisait ce n’était que du commerce à la portée de tout le monde. Elle lui souhaitait sincèrement de le vivre autrement un jour, mais déjà tout simplement être amoureux. Elle renonça devant l’ampleur de la tâche.

- J’espère qu’un jour tu sentiras ton cœur battre plus vite pour quelqu’un… quand tu y penseras ou quand tu le verras… c’est chouette comme sensation…


Elle tendit le bras pour attraper un des sodas qu’elle avait amené avec la nourriture et ouvrit la cannette avant d’en engouffré un bon tiers d’une traite.
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