2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Abel/Maddie] All Along the Watchtower

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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Septembre 2074

La Ville Basse, c’était son terrain de jeu. Leur cible. Mais c’était ma famille. J’étais arrivée ici environ cinq ans plus tôt, il me semble. Partie de Boston, j’avais rejoint l’armée à 18 ans et en rentrant, Reese, Dean, Cole et moi avions rejoint Mégalopolis. Et ça, j’aimais m’en souvenir à chaque fois que je me trouvais en haut de cette tour.

J’ai garé la moto de Hayden en bas. J’avais du retard. Je pensais rejoindre l’endroit à la fin de mon service mais je n’avais pas prévu que ma route croiserait celle d’Hayden ce soir-là. Il y avait un moment que j’avais établi ce code secret avec Abel. Cette fois, il ne pourrait plus se méprendre sur l’urgence de mes appels. Si je lui indiquait cette tour… C’est qu’il fallait que je lui parle. Avant de le rejoindre, j’avais tenu à renfiler mes vêtements de civil et prendre une douche. Le temps de récupérer la moto de Hayden et d’arriver, il m’avait bien fallu près de trois quart d’heure de plus que l’heure prévue dans mon message. J’ai retiré mon casque - du moins encore celui de Hayden - et j’ai récupéré le dossier que Archi m’avait donné. J’en ai retiré les pages que je voulais dissimuler à Abel et j’ai caché la moto. Sans plaque d’immatriculation, je n’avais pas envie qu’elle attire l’attention, surtout compte tenu du grabuge qu’elle avait causé ce soir. J’avais réussi à la cacher avant que la police ne la cherche partout. Et j’envisageais de la cacher à l’Underground en rentrant. Une fois mon méfait accompli, je me suis infiltrée dans le bâtiment et je suis montée jusqu’aux toits.

J’avais choisi cet endroit car c’était le point culminant de la Ville Basse. Aucun drone ne montait jusqu’ici, aucune caméra proche ne pouvait nous voir et s’il y avait des micros, je le saurais. J’ai poussé la porte du toit avant de rejoindre Abel qui devait déjà m’attendre depuis un sacré moment, sûrement. J’espérais qu’il ne s’énerverait pas d’inquiétude. D’un pas vif, j’ai franchi les mètres qui nous séparaient et j’ai secoué la tête.

– Je sais. Je suis désolée. C’était la folie…

Entre mon altercation avec Archibald et la poursuite de Hayden, j’avais mangé quelques coups avec mes gestes brusques. Mon coude avait encore pris et j’avais un bleu qui naissait au niveau de la mâchoire quand Jefferson m’avait ramenée dans la voiture par la ceinture. Une soirée normale au sein de la police de Mégalopolis. Une fois face à lui, j’ai sorti le dossier dont la première page était accompagnée d’une photo de caméra de sécurité en la tournant contre ma poitrine. J’ai même feinté un trait d’humour. - Tu es très photogénique, tu ne trouves pas ? J'ai toujours voulu une photo de toi dans mon portefeuille...

Les sourcils hauts, je lui ai tendu le dossier pour qu’il le découvre par lui-même, lui laissant quelques secondes pour en prendre connaissance. J’ai posé mes mains sur le rebord et inspiré profondément en observant toute la ville à nos pieds. C’était mon coin préféré. J’aimais venir ici, c’était mon refuge. Quand j’étais seule, je montais encore plus haut jusqu’à ne plus entendre la ville. Je m’asseyais là et je réfléchissais. Pendant des heures. Ignorant le vent qui commençait à souffler, j’ai tourné la tête vers Abel. J’imaginais ce qui se passait à l’intérieur de lui. S’il ressentait la moitié de panique que j’avais eue lorsque j’en avais pris connaissance…

– L’Underground est peut-être plus une menace pour Libération qu’on le pensait…
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Abel Henoch
Abel Henoch
Depuis l’histoire de l’hôtel, Abel avait compris sa leçon. Les dégâts de l’hôtel leur avait déjà assez couté pour ne pas avoir envie de renouveler l’expérience, juste parce qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde en terme de message. Il n’y avait pas de raison de s’affoler s’il s’agissait de leur canal habituel.
Par contre lorsqu’il reçut le message de Maddison par le protocole d’urgence, il comprit qu’il n’y avait aucune raison de faire preuve de circonspection. Elle ne l’avait jamais utilisé, et ils ne devaient y avoir recours qu’en cas de réel problème. Un message par ce biais, ça voulait REELLEMENT dire de tout abandonner séance tenante et se retrouver.

Il était à l’Arsenal, étudiant leurs dernières données avec Jericho. Gen et Libby s’entrainaient au combat dans le coin opposé, quand son téléphone avait sonné. Il avait vu le nom de la tour et était aussitôt entré en mode action. Quitter l’Arsenal en pleine séance de travail, avec trois de ses hommes pour poser des questions n’avait pas été facile. Mais le meilleur moyen de mentir était encore de donner une part de vérité. Il avait donc prétexté un indic avec une information essentielle pour s’esquiver et partir aussitôt. Eve n’aurait peut être pas accepté l’excuse sans rien dire, et le regard de Libby avait un côté inquisiteur qui dénotait avec la simple confiance de Jericho et Gen.
Il ne se sentait pas fier de cacher sa relation avec Maddison. Mais il se souvenait fort bien de la réaction de la Russe, deux ans auparavant, et pire, celle d’Eve la veille de la mission foirée qui l’avait conduite, amnésique, à l’Underground. Et il était parfaitement conscient que cette liaison était de nature à ficher le bordel dans leur travail - à tous les deux.
Ca ne l’avait cependant pas empêché d’enfourcher sa moto et de filer en Ville Basse. Il avait garé la moto sur un parking public - parfois encore le meilleur moyen de passer inaperçu - et avait marché jusqu’au bâtiment, surveillant les gens autours de lui.

Il rentra dans l’immeuble et chercha les accès de service pour grimper sur le toit. En bon soldat, il prit les escaliers, souvent moins surveillés que les ascenseurs - notamment parce que personne n’était assez maso pour grimper autant d’étages à pied.
Il ne se sentit même pas surpris de constater qu’il était le premier arrivé. Le temps que Maddison arrivât, le regard perdu sur la Ville Basse en contrebas, il eut le temps de se poser beaucoup de questions sur la raison de son appel. La principale cause de cette rencontre à laquelle il pensait était un problème avec Eve. Et pendant les 45 minutes d’attente, il a eu tout le temps d’imaginer beaucoup de scénarios, tous plus inquiétants les uns que les autres - et aussi de se dire que Maddison devait avoir déconné quelque part pour être aussi à la bourre. Il commençait à se dire qu’il allait devoir appeler Jericho pour s’assurer qu’elle n’était pas mourante sur le bord d’une route quand elle arriva, avec une tête des bons jours.
Il lui adressa un regard noir qu’elle coupa court avec ses excuses et surtout la photo qu’elle sortit. Son regard noir, cette fois, il était pour le cliché. Puis à nouveau pour Maddison et son humour mal placé, avant de prendre doucement la photo, puis le dossier. A mesure qu’il parcourait les documents, son expression se ferma un peu plus, se durcit jusqu’à venir à la limite du méconnaissable. Ils avaient été prudents, mais il y avait des choses contre lesquelles ils ne pouvaient rien, malgré leurs moyens combinés. Ils avaient compté sur la masse des informations pour leur garantir un certain anonymat. Mais voila que tout était là, réuni, compilé.

« Ne me dit pas que tout l’Underground a bossé pour ça… » Lacha-t-il en jetant le dossier sur le rebord d’un air dégouté.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’ai poussé un profond soupir et j’ai secoué la tête. J’ai conservé mon silence quelques secondes et j’ai reporté mon attention sur la vie en tournant nerveusement ma langue dans ma bouche.

– Non. Une seule personne.

C’était ma faute. J’avais laissé Archibald chercher tout seul, je ne l’avais pas empêché. J’avais joué avec le feu. Mais ça, Abel n’avait pas besoin de le savoir. Pas plus que le reste. J’ai rouvert le dossier, une main toujours appuyée sur le rebord et l’autre agitant les pages.

– Quand ta soeur est arrivée chez nous, elle a cherché par tous les moyens à sortir, on ne peut pas la blâmer. Et dans son entreprise, elle a fait entrer un hacker chez nous. Un Cyber. Le genre ultra puissant. J’ai réussi à avoir gain de cause et je l’ai recruté. Je ne voulais pas qu’un Cyber de sa trempe traîne dans Mégalopolis avec les informations de nos réseaux. Il s’est infiltré le lendemain où tu m’as dit pour ta soeur. Alors je l’ai protégée, j’ai fait croire à… Je ne suis plus, bref, j’ai demandé à la sécurité de ne pas dire que ça venait d’elle et ça lui a mis la puce à l’oreille. Quand j’ai recruté ce gars, il a commencé à enquêter sur moi, sûrement parce que ta soeur voulait savoir pourquoi je la protégeais. Alors il a recoupé toutes les informations. Visages, noms… Il ne s’est pas contenté de faire le lien entre ta soeur et moi. Il t’a vu au milieu. - J’ai pointé mon doigt sur une photo où on le voyait dans le couloir de l’hôtel, mise à côté d’une image issue de chez Stenton, où il se tenait aux côtés de soeur - Il ne lui a pas fallu longtemps pour remplir les blancs. - J’ai soupiré en penchant la tête. - Il m’a donné ce dossier ne me disant qu’il n’avait que ça. Mais je sais qu’il a une sauvegarde quelque part. J’ignore où il a trouvé ces vidéos. Notre propre hacker, que je connais depuis que je suis gosse, n’a jamais pu mettre la main sur ces fichiers. Jamais. Elle a passé des semaines à mener des recherches sur ta soeur, elle n’a rien trouvé. Je te l’ai dit ! Peut-être qu’elle n’a pas recoupé les bonnes informations. Toujours est-il que lui… Il les a.

J’ai relevé les yeux sur Abel et j’ai soupiré. J’ai refermé le dossier et lui ai à nouveau tendu. Je ne voulais pas garder cette bombe sur moi.

– Et je suis venue dès que j’ai pu. Je ne sais pas comment vous fonctionnez. Est-ce que vous avez une IA, un hacker surexpérimenté, un Cyber, j’imagine que vous n’agissez pas sur les réseaux comme vous le faites avec un ordinateur basique. Bref… Je ne peux pas savoir où est cette sauvegarde. Il va vous falloir la trouver. Cependant, il m’a dit qu’avant de travailler pour l’Underground, il a eu d’autres clients. Tu sais, je n’ai pas été la première à me mettre à votre recherche, je ne serai sûrement pas la dernière. - J’ai à nouveau gardé un court silence - Je ne sais pas combien de temps encore je vais réussir à protéger ta soeur. Elle s’est calmée, c’est indéniable, elle commence à s’impliquer et le quartier où elle est prend soin d’elle, mais… - J’ai pincé les lèvres, retenant un juron dans un sifflement. J’ai crispé mes doigts sur les briques, le regard sur la ville avant d’achever, fataliste. - Le nom de Libération a déjà traversé leurs pensées.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Une seule personne.
Les bras croisés et la mine sombre des mauvais jours, il écoutait les explications de Maddison, et à chaque mot, il se sentait plus prêt d’exploser que la seconde d’avant.
Il n’avait suffit que d’une seule personne...

Non, se corrigea-t-il. Il avait fallu un faisceau d’erreurs, de maladresses et d’imprévus pour en arriver là. Le plus gros était l’amnésie de Eve qui avait conduit à ce qu’elle cherche à en savoir plus sur elle-même - la connaissant, elle avait sans doute du devenir dingue et intenable, et Maddison lui avait confirmé la chose lorsqu’ils avaient fait de la charpie avec la chambre d’hotel. C’était sans doute le déclencheur majeur de la situation… S’il en croyait Maddison, c’était à la demande de Eve que ce type avait entrepris ses recherches. Mais s’il avait aussi enquêté sur Maddison de son propre chef, même une infiltration propre n’aurait pas été plus sure. Pire, ça aurait sans doute mis sa taupe en danger - encore que Gen, initialement prévue, était restée hors de l’appartement de Stenton et n’aurait donc pas été reliée à lui si facilement.

Une succession de mauvaises décisions… et ils étaient tous en danger. Eve, Maddison… Et les autres membre de Libération… Et lui-même, bien sur, mais sa sécurité ne comptait pas lorsqu’il fallait penser à celle des autres.

Avait-il des regrets ? Certainement pas. Un cyber de cette nature était rare, la probabilité qu’une telle personne mette le nez dans l’Underground, et plus encore dans les affaires de Maddison était infime - et il ne pouvait que comprendre son choix de se l’attacher : il vallait mieux avoir ce genre de type comme ami que comme électron libre, voire ennemi. Quoi qu’il en soit, il avait pris ses décisions sans ce genre de postulat, imprévisible par nature. Mais là… Ils avaient les deux pieds dedans, et jusqu’à la taille. Pas le temps d’avoir des regrets, non. Mais l’obligation de trouver une solution. Pour lui… Elle était simple et en deux temps.

« On n’a rien de ce genre. Rien qui soit suffisant pour retrouver la planque virtuelle d’un cyber pareil… » Jericho protesterait sans doute pour la forme, s’il était là. Mais ils savaient tout les deux que pour talentueux qu’il soit, il ne pouvait rien contre ce genre de pouvoir.
« Par contre, on ne peut pas laisser les choses en l’état. Si personne ne peut lutter contre lui sur les réseaux, il faut lutter contre lui sur le physique. Ce genre de type… il n’aura jamais l’estomac pour résister à un bon interrogatoire. On a la place au Sanctuaire pour le couper de ses joujoux et l’empêcher de s’évader hors corps. On saura où il planque ses dossiers sensibles. Mais pour ça… Il faut que tu me le livres... » Il serrait les mâchoires parce qu’il avait l’intuition de la réponse de la jeune femme, mais il leva la main pour l’empêcher de répondre tout de suite.

« Et si ça commence à trop se questionner sur Eve, alors c’est qu’il est temps de la sortir de chez vous. Elle n’a rien retrouvé de mémoire, malgré ça, n’est-ce pas ? Malgré ces photos ? » Et ça lui faisait mal de se dire qu’elle ne l’avait pas reconnu. Comme elle le lui avait bien rappelé lorsqu’elle avait découvert pour Maddison, elle était sa soeur, ils avaient tout vécu ensemble. Que leur lien ne soit pas assez fort pour dépasser une bête amnésie...
« Il est temps de la ramener chez elle. On organise son exfiltration. Maintenant. »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Bien, je m’étais attendue à un éclat de voix. Je m’étais attendue à des reproches, à quelque chose, mais sûrement pas à ça. J’aurais probablement dû me taire. Je n’aurais très sûrement pas dû lui en parler, j’aurais dû le garder pour moi et le gérer seule. Je savais que Abel ne se contenterait pas de le prendre comme une menace. Bien sûr qu’il voudrait Archi, c’était évident. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être surprise. Les sourcils hauts, j’ai souri, moyennant un léger rire de gorge impulsif. « Excuse-moi ? »

Que je livre Archibald ? A Libération ? Autant me faire un trou dans la tête immédiatement ! Qu’il lève sa main m’a faite secouer la tête, mais n’a pas endormi mon sourire, bien planté sur mes lèvres. Et le coup de l’extraction à organiser tout de suite sur le champs n’a eu pour réponse qu’un nouveau rire, plus fort que le premier. J’ai fait un ou deux pas en arrière, levant les mains avant d’en passer une dans mes cheveux et promener mon regard autour de nous.

« Oh mon dieu… Tu entends ce que tu dis ?! Tu n’es pas sérieux ! » Reprenant légèrement le mien, je lui ai refait face en secouant la tête, désolée. Pas une once d’agacement sur mon visage, ni d’énervement. Je ne me moquais pas de lui à proprement parler, je le trouvais juste… Bien excessif. Il ne cherchait pas midi 14h et je ne pouvais pas lui en vouloir, j’aurais probablement réagi pareil. Du moins, avant de reconsidérer tous les paramètres.

« Je ne te livre pas un de mes hommes, non. » Je ne pouvais m’empêcher de rire, cela dit, portant un index à mon oeil pour en essuyer une larme. Abel avait de l’humour. Beaucoup d’humour. Noir, mais de l’humour. « Qu’est-ce que tu vas faire, le torturer ? Et ensuite quoi ? Il ne dira rien. Je le connais, il est trop intelligent, pour ça ! Il n’a rien dit à ta soeur, la première chose qu’il a faite, c’est venir m’en parler ! » J’ai désigné la ville d’un bras, mon sourire perché sur mes lèvres, j’espérais réussir à le calmer, ne serait-ce qu’un peu. L’aider à considérer les choses sous un angle moins négatif. « Comment je le sais ? Parce que sinon, je n’aurais jamais eu le temps d’arriver jusqu’à toi. Il n’a rien dit et il ne dira rien. Ni à ta soeur, ni à l’Underground. La loyauté, tu sais ce que c’est, non ? Cette chose… Que tu ressens en toi. Et que certains ont pour toi. Et ben lui, il l’a mais pour moi. » Je me suis rapprochée de lui, me voulant plus douce et plus conciliante. Plus rassurante aussi, même si je savais qu’il faudrait plus qu’un regard pour l’apaiser. « Je sais qu’elle a des flashs, des… vagues souvenirs. Notre Doc’ dit que ce n’est pas irrémédiable. Elle a juste besoin de stimuli pour ça et on travaille là-dessus. Elle a été malade il y a quelques jours, mais elle va bien, maintenant. J’ai besoin de temps pour la sortir de là. Donne-moi encore un mois. » J’ai levé les deux mains pour le faire taire, les yeux ronds. « Okay, okay, trois semaines ! Laisse-moi le temps de trouver une bonne solution. Je te la ramènerai avant qu’elle ne recouvre toute sa mémoire et que l’Underground se rende compte de quoi que ce soit. Tu as confiance en moi, non ? »

En ça, je l’espérais. Vraiment. S’il manquait de confiance alors je manquerai d’assurance. J’avais besoin qu’il me fasse confiance. Archibald m’avait suffisamment ébranlée pour que Abel n’ait pas besoin d’en rajouter. J’avais l’air de plutôt bien le prendre mais au fond de moi ? J’étais terrifiée. C’était étrange car Hayden ne percevait pas mes peurs. Elles étaient pourtant là. J’avais néanmoins une faculté assez vexante de les enfouir et de ne pas les laisser m’entraver. Mais lorsqu’en face de moi, quelqu’un paniquait - quoiqu’en dise Abel, c’était son cas - je réagissais à l’inverse. C’était ma façon de conserver un équilibre des forces et donc une bonne tenue de route. J’ai inspiré profondément.

« Je vais organiser une sortie. Quelque chose pour que tu puisses la voir. Je te dirai où elle est mais tu ne devras pas t’approcher, d’accord ? Je ne veux pas prendre le risque qu’elle se souvienne de qui elle est en te voyant. Mais je ne peux pas te livrer mon Cyber, non. S’il disparaît, c’est tout l’Underground qui sera à sa recherche. J’ai plus de 150 Positifs et Candidats dans ces murs et parmi eux, une Cyber dont tu aurais tort de soupçonner les capacités et la loyauté, surtout lorsqu’il s’agit de lui, ils sont connectés avec ou sans joujou. S’ils s’y mettent tous, ils te trouveront. Et ça, je ne peux pas le permettre, alors… » J’avais repris une voix calme, une main sur son bras et les sourcils hauts. Il devrait entendre raison. « Je m’assurerai qu’il ne glisse pas. En attendant, je dois faire comme s’il ne m’avait rien dit. Pour ta sécurité, celle de ta soeur et la mienne. »
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Abel Henoch
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Que Maddison se mette vaguement à rire l’irrita. Elle trouvait donc la situation si légère ? Il est vrai qu’elle n’avait pas - toujours pas - conscience de ce qu’ils risquaient, lui et ses hommes. Que le MSS - ou la CIA, d’ailleurs - mette la main sur de telles informations et ils pouvaient être surs de dire adieu à leur liberté. Certain aussi que les services secrets utiliseraient Maddison comme moyen de pression pour l’atteindre, lui, d’une manière ou d’une autre. Plus encore que le reste, il ne pouvait pas l’accepter. Et ça l’irritait d’autant qu’il ne se sentait toujours pas à même de lui expliquer en détail quel genre de gens le pourchassait. Non qu’il ne lui faisait pas confiance, mais moins elle en savait, moins elle risquait d’être en danger malgré elle, malgré lui. Il n’aimait pas particulièrement ces secrets, mais ils valaient mieux que les mensonges.

Quoi qu’il en soit, la réaction de la jeune femme l’irrita.

« Je suis parfaitement sérieux, Maddison ! Ne va pas croire que je ne sois pas capable de le faire, et de le faire parler, en prime ! » Il leva l’index dans sa direction. « Ca, c’est un danger majeur ! Ne me donne pas de leçon sur la loyauté, il faut trahir pour savoir ce que c’est ! J’imagine que tu as éprouvé la sienne avec quelque chose d’autrement moins sensible que ça pour en être aussi convaincue ?! Je me fous de ta Cyber ! Planté au milieu du désert, bien malin qui le retrouvera, tu le sais aussi bien que moi ! » Enervé le Abel ? Naaaaan… Il se détourna, se frottant le menton d’un geste rageur avant de se planter au bord de l’immeuble, les bras croisés à regarder rien de précis.
Il n’avait aucun doute sur la voie à suivre pour se sortir de cette situation délicate, si ce n’est qu’il y avait Maddison sur le chemin, dès le premier pas. C’était sans doute la premiere fois qu’il se retrouvait stoppé dans son objectif à cause d’elle. Pour elle. Il s’efforçait donc, pour la premiere fois de sa vie, à envisager une autre voie que la plus directe - et la plus radicale. C’aurait pourtant été plus simple d’éliminer directement le problème à sa source… Quelques dents arrachées auraient sans doute suffit à faire cracher au Cyber le lieu où il cachait son serveur pour ensuite aller détruire l’endroit proprement… Mais non. Il allait falloir finasser..

« Je n’ai aucun doute te concernant, Maddison. Mais tout ceux dont tu parles, j’ai jugé moi même de leur loyauté. C’est quelque chose… C’est difficile d’imaginer le déléguer. C’est un membre de l’Underground. Tu m’as assez expliqué ce qu’ils pensent de nous. Pourquoi lui agirait différemment… pour toi ? » Il soupira avant de faire à nouveau face à Maddison, l’air fermé, les mâchoires crispées. « Tu n’as pas idée de ce que qu’il pourrait arriver si ces images tombaient entre de mauvaises mains. Tu te souviens de ceux dont je me cache ? S’ils découvrent qu’ils pourraient avoir facilement un moyen de pression sur moi... » Il poussa un nouveau soupir et posa une main dans la nuque de Maddison, caressant sa joue du pouce, l’embrassa doucement avant de continuer, les yeux plongés dans les siens. « … C’est ce qui pourrait t’arriver qui m’inquiète… Ton Cyber avait un point de départ et une raison de chercher. Mais s’il a trouvé… D’autres pourraient le faire... »
Dire qu’il avait peur pour elle - pas juste de l’inquiétude, vraiment la trouille - avait du mal à franchir ses lèvres, mais le fait n’en était pas moins avéré.

Plutôt que de le reconnaitre, donc, il se recula et croisa à nouveau les bras pour parler d’Eve.
« J’imagine que je n’ai pas trop le choix… Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J'ai soupiré en secouant la tête. "Bien sûr que je ne prenais pas tout ça à la légère." Mais je ne pouvais lui permettre de manquer de distance. C'était le genre de tampon que je lui disais être entre l'Undrerground et Libération. Il y avait cette noirceur en lui, que je lui connaissais déjà d'ailleurs mais que je mettais soin à passer sous silence parce sue je ne voulais pas me montrer intolérante avec lui. Traitez moi de naïve, je reconnais que j'aurais dû me montrer moins aveugle, mais que voulez-vous... J'ai eu l'audace de croire que je pouvais l'aider à imaginer que la force n'était pas le seul chemin qu'il pouvais employer. Il s'était déjà montré doux avec moi. Pourquoi ne pouvait-il pas l'être avec d'autres ? "Je ne te fais pas de leçon, voyons ! Je dis juste que....." J'ai levé une main en fermant brièvement les yeux. Il était sacrément têtu mais je ne pouvais lui en vouloir. D'ailleurs j'étais de son côté pour ce coup.

J'ai promené mon regard autour de nous un instant. Bien sûr sue j'étais de son côté. C'était étrange parce que j'ai réalisé à ce moment que je l'avais toujours été. Même lors de l'assassinat de Stenton. Je ne leur en avais pas voulu pour l'avoir tué, je leur en avais voulu pour la manière lâche de le faire et.... Pour l'avoir fait à ma place. Je n'aurais jamais reculé face à une opportunité pareille. Je me demande si Abel était conscient de ça.... De cette part de... Libération en moi. Vous savez.... Celle qu'il ne voulait pas me voir devenir. A ces côtés, j'ai inspiré avec humeur, un peu lasse.

"Ce que certains pensent de vous n'est pas représentatif de l'Underground, je te l'ai déjà dit et ça n'a rien à voir ! Et je viens de te le dire... S'il avait voulu me vendre il l'aurait déjà fait." Mais Abel semblait.... Paniqué. C'était le mot. Encore plus que moi. J'ai légèrement sursauté en sentant sa main et j'ai agrandi les yeux en fixant les siens. J'aurais voulu dire quelque chose ou m'enerver, lui demander des explications peut-être. Et puis j'ai vu une lueur dans son regard. Je me suis même demandée une seconde à quoi elle correspondait, surprise et un peu inquiète aussi.

"Me faire à moi ? Qu'est-ce que tu veux qu'on me fasse ?" J'ai pris son poignet et j'ai soupiré en lui rendant. Non parce que je le repoussais mais parce que je ne voulais pas mélanger. Une façon d'établir mon propre cloisement peut-être. Et de plus, je n'aimais pas son inquiétude. Pas parce que j'étais une femme indépendante, qui refusait qu'on la protège, ni parce sue je considérais que cela était mon rôle plus que le mien - nous étions deux aînés, nous savions quelle était notre place - mais plutôt parce que tout ça prenait une ampleur que je n'avais aucunement anticipée ni maitrisée. C'était étrange d'ailleurs car le fait que Abel cherche a me protéger ne me dérangeait pas. Tout simplement parce que je me sentais en sécurité avec lui et que je n'avais pas envie que cela change. C'est sûrement pour cette raison que je n'ai pas réussi à détacher mes yeux des siens, même quand il a fait un pas en arrière. Pas que j'aurais volontiers parcouru pour qu'il ne s'éloigne pas de moi comme il le menaçait. J'ai alors balayé l'air d'une main vague.

"Rien, une sorte d'indigestion, quelque chose comme ca mais tout va bien maintenant. Bien sûr que si tu as le choix mais c'est un conseil que je te donne."

J'ai franchi les centimètres qui nous séparaient et j'ai posé mes mains sur ses poignets pour délacer ses bras et lui faire quitter cette posture de statue... Qui lui allait très bien au demeurant. "Baby, quoi que tu fasses, quoi que tu veuilles et quoique tu sentes, pour l'instant ta soeur est chez nous, tu ne penses pas que si je devais me méfier de quelque chose, il vaudrait mieux que je le sache ?" J'ai poussé un léger soupir. Je ne m'attendais pas un instant à ce qu'il me réponde mais j'avais senti l'urgence dans son regard - à défaut de son inquiétude. "Qui sont ces gens ? De qui je dois me méfier ? Qui sait si ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont demandé à mon Cyber de faire des recherches sur le meurtre de Stenton déjà ? Je peux me battre, je sais me défendre... Mais pas quand je ne sais pas à qui j'ai à faire. Alors tu peux choisir de ne rien me dire et je comprendrai ! Mais ne rien me dire ne t'aidera pas à me protéger. Parce que c'est ça ton problème, n'est-ce-pas ? Tu n'as aucun contrôle sur la situation..." J'ai haussé les sourcils en resserrant mes mains sur ses avants bras. Je ne voulais pas être contre lui et depuis le temps, il devait sûrement le savoir. "C'est le moment d'accepter de travailler avec moi. Je peux t'aider...  Il ne s'agit plus uniquement de ta soeur."
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Abel Henoch
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« Trouve son prix et tu verras s’il ne te vend pas… » Marmonna-t-il lorsqu’elle s’évertuait à croire en la loyauté de son Cyber. Il avait une bombe en main. Pour peu qu’il découvre à qui il devait parler et qu’on lui fasse un joli chèque - ou une balle dans la tête, plus probablement - et le lien serait fait entre le MSS et lui. Et tous les autres tomberaient à sa suite. Pour partir sur les traces de renégats, le MSS et la CIA seraient tout à fait capables d’oublier leurs différends et s’unir pour retrouver les fugitifs.
Qui plus est, ce que Maddison venait de lui mettre entre les mains était la preuve flagrante que Eve avait eu raison. Malgré les précautions qu’il avait prises - qu’il pensait avoir prises - sa relation avec Maddison représentait un plus gros danger qu’il ne l’avait estimé. Il en prenait toute la mesure en une fois, et il n’aimait pas ce qu’il voyait. Il n’était pas du genre à ressasser les erreurs, mais il ne voyait guère de solution pour corriger celle ci. Même éliminer le Cyber n’était qu’une rustine : les images existaient toujours, et les sortir de la circulation ? Impossible… Renoncer à Maddison ne changerait rien non plus : ça éviterait de rajouter de nouveaux éléments au dossier déjà existant, mais ne changerait rien au passé. Plus rien n’empêcherait le Titanic de couler - s’il devait couler. Mais surtout… Eve avait eu raison. Qu’elle retrouve la mémoire et il n’aurait pas fini de l’entendre...

Elle vint lui prendre les poignets et lui fit dénouer les bras, ce qui le fit soupirer et pencher la tête sur le côté, avec un sourire en coin sans joie.

« C’est toi qui a la garde de Eve. Même si je décide de l’exfiltrer sans ton accord, ça ne marchera pas. » Il leva une main, laissant tomber. « Donc faisons ça... Mais veille à ce qu’elle reste à distance de ce Cyber. Ca lui évitera de trop poser de questions. Et si quelqu’un doit l’aider à se souvenir, j’aimerais autant que ce ne soit pas de la part de quelqu’un dont j’ignore les réelles intentions. D’autant que pour l’instant, il me fait une très mauvaise impression. » Qu’Eve soit prise en charge par Maddison était une chose. Mais qu’un inconnu qui en savait déjà beaucoup trop sur eux la fréquente ? Non, il ne pouvait pas cautionner ca.

Mais très vite, il eut d’autres chats à fouetter. Maddison lui demandait plus d’informations sur ceux qui les traquaient. Avec des arguments valables. Il pouvait les entendre, cependant la mettre dans la confidence impliquait tellement de choses le concernant qu’il avait du mal à franchir le pas.
Il se sortit doucement des mains de Maddison et lui tourna le dos pour s’approcher du bord de l’immeuble. Il posa les mains sur le parapet et y prit appui avec un soupir agacé. Restant un moment silencieux, les yeux perdus dans la ville en dessous d’eux, il réfléchissait à ce qu’il y avait de mieux à faire. Et se remémorant tous les détails que Maddison savait de Libération, savait de lui… Trop d’erreurs qu’il ne pouvait pas corriger et avec lesquelles il faudrait composer. Mais surtout, elle avait raison : ils avaient depuis longtemps depassé le stade où ne pas lui parler la protégerait.

« Ceux qui nous cherchent en priorité, Eve et moi, n’ont sans doute rien à faire de la mort de Stenton. Ils ne sont pas les seuls, mais je pense - je sais - que ce sont les pires… » Son regard se voila en repensant à tout ce qu’ils avaient eu à subir tout au long de leur « éducation ». Il avait du mal à imaginer la CIA faire la même chose. « On les a assez pratiqués ces 20 dernières années… Ce que tu dois comprendre, c’est que s’ils pensent pouvoir t’utiliser pour m’atteindre, ils ne reculeront devant rien. Leurs intérêts passent bien avant toute autre considération. Ils ont des moyens, et ils ont un but. L’échec et la tolérance ne font pas vraiment partie de leur vocabulaire, tu peux me croire… » Il ne savait que trop bien comment ils « récompensaient » l’échec et toute forme d’insubordination. Ils avaient dépensé beaucoup d’énergie pour le briser, lui faire oublier jusqu’à son nom. Ils avaient échoué, mais il avait fait ce qu’il fallait pour survivre en leur donnant ce qu’il voulait : une docilité à toute épreuve.
Il prit une inspiration et tourna légèrement la tête vers elle. « On parle du MSS, Maddison... » Son regard était dur, exempt de toute émotion à part la détermination. Bref, l’image même de la machine à obéir, voire à tuer, que le MSS avait fait de lui.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Garder Sam à distance d’Archibald ne serait pas une mince affaire. Mais je n’ai pas répondu. Quant à l’aider à retrouver la mémoire, j’avais bien essayé… Mais elle ne me connaissait pas, il n’y avait rien chez moi qui pouvait lui rappeler qui elle était. Elle avait besoin de son frère, de Libération et ça, c’était un luxe que je devais lui refuser pour le moment. Je pouvais comprendre que vu d’ici, Archibald faisait mauvaise impression mais je ne voulais pas penser ainsi. Il fallait qu’une part de moi, même infime, garde confiance en lui. Sinon, je n’avais plus qu’à disparaître avant que l’on puisse remonter à Abel à travers moi. De la même façon que je nourrissais la peur de perdre mon frère, l’idée d’être à l’origine de la chute d’Abel - et de Libération - me rendait malade. Mais il devait le savoir, je n’avais pas besoin de le lui rappeler.

Je l’ai laissé s’éloigner, croisant mes bras à mon tour sur ma poitrine en le suivant. Je me suis arrêtée à ses côtés et j’ai à nouveau promené mon regard sur la ville, une des rares choses qui avait la capacité incroyable de m’apaiser. A l’écouter, j’avais l’impression d’entendre le PRD, quelques années auparavant. En réalité, même avec le recul, la description aurait pu appartenir au PRD, voire même à la Waleman Dynamics, logiquement parlant.

J’avais été à l’armée. Cinq années. J’avais été en Chine mais aussi en Turquie et voyagé à travers le Moyen-Orient, contrant les forces chinoises sur les territoires alliés. Mais des services secrets, je ne connaissais que la CIA et Scotland Yard. Ah oui, et le KGB. Mais qui ignore ces trois entités ? Elles ont traversé les histoires et les médias pour des raisons plus diverses les unes que les autres. Mais je n’avais jamais entendu parler du MSS. Abel pensait sûrement avoir à faire à quelqu’un de super renseigné pour être à l’Underground. Nous savions, bien sûr, que la Chine avait sa petite armée cachée, et nous nous doutions que le gouvernement américain (la CIA ou d’autres), avait également ses petites combines. Pourtant, aucun d’entre nous n’avait encore pu mettre un nom, un acronyme ou quoi que ce soit sur les responsables de l’existence des Candidats. D’Abel. De Libération. Aussi, je n’ai pas réagi. Je réfléchissais à ses paroles, au fait que l’on puisse l’atteindre grâce à moi et la hantise montait peu à peu en moi. Il ne s’agissait plus uniquement d’Abel, ni même de l’Underground. A l’entendre, il y avait bien plus dangereux encore que Mégalopolis et la Waleman Dynamics. Une autorité d’autant plus effrayante que celle de Chicago.

J’ai attendu la suite. Je m’attendais à ce qu’il m’explique, il semblait bien parti. Je pensais qu’il allait tout m’expliquer, peut-être même me dire ce qui lui faisait véritablement peur. Mais je n’ai entendu que le silence. Alors, j’ai fini par tourner la tête vers lui. Son expression dure ne m’a pas choquée, plutôt intriguée. D’accord, ce MSS avait l’air rudement pas cool mais ça ne m’avançait pas pour comprendre ce qu’il en était. J’ai regardé autour de moi sans bouger la tête, j’avais peut-être raté une information mais à me repasser ses paroles dans la tête, tout me semblait en ordre. J’ai finalement haussé les sourcils et les épaules en reportant mon regard dans le sien.

« Mon Super Saiyan ? Mortel Superman Sadique ? Mon Petit Poney en Islandais ? » J'ai roulé des yeux avant de reprendre un peu de sérieux. Juste un peu. « J'ai saisi, ce sont les gros méchants vilains pas beaux. Mais encore ? »
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il était certain que s’il avait donné le vrai nom du Goanbu, elle n’aurait pas été plus avancée. Pourtant, il était persuadé que le MSS était quelque chose de connu, du moins par les forces armées. Maddison avait bien fait l’armée, non ? Au moins une rumeur… Qui plus est, même si le MSS n’avait que peu d’intérêt pour l’Underground à proprement parlé, il avait supposé que ce petit groupe avait fait des recherches poussées sur tout ce qui pourrait représenter une menace potentielle pour eux. Apparemment, ce n’était pas le cas, à en juger par l’air d’incompréhension de la jeune femme. Mieux, elle faisait même de l’humour.

Il aurait pu s’agacer devant sa légèreté, mais il avait mine de rien du mal à s’énerver avec elle. Au lieu de cela, il eut un sourire en coin en secouant la tête d’un air navré, prit de court. Il la regarda un instant, laissant un peu de côté son air de soldat. Elle semblait parfois tellement innocente qu’il avait du mal à l’imaginer en leader et en soldat. Il ne doutait pourtant pas qu’elle soit compétente et déterminée, il l’avait su dès le premier jour, peut être même avant elle.
Il baissa la tête, réfléchissant rapidement avant de relever les yeux brièvement sur la ville, puis de la regarder avec son sourire en coin toujours sur les lèvres.
« Litla hesturinn mìn. » Ca faisait un bon moment qu’il n’avait pas parlé dans sa langue natale, mais les intonations revinrent naturellement. « Ca ne marcherait pas... »

Son regard se perdit à nouveau sur la ville devant eux, voilé une nouvelle fois par des souvenirs pas spécialement joyeux. Il secoua vaguement la tête en s’accoudant au parapet.

« Vous l’appelez le Ministère de Sécurité de l’Etat, ils l’appellent le Goanbu. C’est… Dire que c’est l’équivalent de la CIA serait faire une mauvaise réponse. Bien sur, ce sont des services secrets, mais pas seulement… Ils ne font pas que du renseignement. Ils sont sans doute à l’origine du bombardement et de la dissémination de Yu. En tout cas, ils ont vite trouvé comment en tirer partie pour eux aussi. Ce sont eux qui ont organisés les camps de … création de positifs artificiels en mettant des personnes au bon profil génétique en contact avec Yu. Vous les appelez Candidats… Une vaste blague pour ceux qui sont passés par ces camps. Eve et moi avons été de ces… Volontaires désignés. Ils ont menacé nos parents pour nous obliger à les suivre... » Il marqua un silence, ne voulant pas trop entrer dans les détails. « Ils ont fait de nous des soldats, des armes entre leurs mains… J’ai été sur le terrain, j’ai… » Il secoua la tête. Parler de ce que le MSS avait exigé de lui n’était pas vraiment son sujet favori. « Ils ont fait d’Eve une experte en torture, spécialiste des positifs brisés… Tu te souviens quand tu m’as demandé mon grade ? » Il baissa la tête et regarda légèrement dans la direction de Maddie. « Ils nous appellaient Chen Diyu… A nous deux, et avec les autres membres de Libération, on a assez d’informations pour représenter une menace pour eux, sans parler du fait que retirer nos puces suffisent à les mettre en colère... » Il ouvrit le poignet pour montrer sa cicatrice, dernier vestige du traceur qu’il avait lui-même retiré de sous sa peau. « Ils veulent sans doute nous retrouver, à tout prix. Pour l’exemple. Et plus de temps ça prend, moins ils feront dans la dentelle… » Il regarda Maddie, franchement inquiet et avec le reflet de ce qu’il avait vécu au fond des yeux. Il n’avait pas bougé, toujours accoudé au parapet. « Je sais ce qu’ils peuvent faire pour briser quelqu’un. Pour obtenir de toi l’information qu’ils veulent, ou pour te faire oublier jusqu’à ton nom. S’ils découvrent que nous sommes liés et qu’ils peuvent te trouver plus facilement que moi… » Il ne finit pas sa phrase, mais il espérait que l’imagination de Maddison serait suffisamment créative pour lui laisser entrevoir à quel genre de douleurs elle s’exposait.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’ai roulé des yeux. Si Abel se mettait à faire de l’humour aussi, c’est que l’apocalypse ne tarderait plus à nous tomber sur la tête. Les yeux sur la ville, les bras croisés, j’ai légèrement grimacé en secouant la tête. Non, sincèrement, je crois que j’avais du mal à me faire à l’idée que Abel puisse faire de l’humour dans un moment pareil. Surtout avant de me déballer toute sa vie - du moins, surtout celle de sa chère soeur. Et puis il s’est mis à parler. J’ai d’abord froncé les sourcils et j’ai tourné la tête vers lui. Etait-il sérieux ? Mon visage a commencé à se décomposer quand il a mentionné sa soeur. Je savais que les Candidats n’était pas des volontaires - normalement -, aussi je n’avais jamais osé imaginer ce par quoi ils avaient pu passer. Comment aurais-je pu ? Je n’avais jamais été face à de telles situations…

Son grade, je l’avais demandé au sein de Libération mais je crois que je me serais passée de celui-ci aussi. J’avais donc bien imaginé. Le pouvoir de Sam n’était pas qu’une bonne chose et je me suis accoudée à mon tour avant de prendre ma tête dans mes mains en soupirant. Et plus Abel parlait, plus je voulais qu’il se taise. Je m’étais souvent demandé qui il était, d’où il venait, son but dans la vie, pourquoi il était ce qu’il était. Et puis le sujet a dérivé sur ce qu’on pourrait me faire à moi. Le mot « briser », deux fois en moins de 5 minutes m’a donné la nausée.

Son poignet ? Je le connaissais. Le danger ? Je le connaissais. Je savais que Libération ne contenait dans ses rangs aucun enfant de choeur, mais à en croire Abel, ils étaient tous d’anciens agents ? Des déserteurs ? Je ne savais par quoi commencer. Qu’est-ce que mon esprit devait accepter mon premier ? Ce sont dans ces moments de pure perte de contrôle et de doute que vous vous dites qu’au lieu de trouver une solution au problème, il vaut mieux… éliminer le problème. Oui, pendant une fraction de seconde de lucidité, j’ai songé balancer Abel par dessus bord. Problème résolu. C’était, bien sûr, une solution suggérée par la part inhumaine de mon cerveau et son esprit extrêmement rationnel, efficace et calculateur. Fort heureusement, ce n’était que 0,1% de la part de mon cerveau et cette idée s’est aussitôt effacée de ma mémoire.

Les mains contre mes tempes, les yeux clos, j’ai cherché à prendre les informations dans le bon ordre pour ne pas me perdre. « En plus d’être à la tête de Libération… » Je me suis redressée, mes doigts crochus, prêts à lui étrangler le cou alors que je me rapprochais de lui et j’ai explosé. « … C’est un déserteur des services secrets chinois ?! » J’ai donné un violent coup dans son bras, furieuse. « A quoi est-ce que tu pensais ! » Et encore un. « Quand est-ce que tu comptais me le dire ! Comment est-ce que je suis censée faire face à ça ! »

J’ai soupiré et levé les yeux au ciel avant de tourner les talons, me reprenant la tête entre les mains. J’ai fait quelques pas pour me calmer et je me suis retournée vivement vers lui. Je n’étais pas furieuse en réalité, je crois que j’étais… Au-delà de l’inquiétude. Pour lui, pour sa soeur, pour l’Underground mais pas forcément pour moi. Je faisais toujours confiance à mon pouvoir, c’était ce qui me rendait souvent imprudente.

« Je croyais que tu avais juste reçu une sorte de formation militaire, comme moi, un truc du genre, assez inoffensif ! Que tu t’étais engagé avec Libération pour une cause plus grande que celle de la vengeance, je pensais que peut-être, il y avait autre chose mais pas… PAS les services secrets chinois ! Bon sang, je ne savais même pas que les Candidats venaient de chez eux ! Nous savons que certains d’entre eux viennent de la Waleman ou du PRD, nous avons des réfugiés à l’Underground. MAIS ÇA ! » Je l’ai désigné de l’index. « ÇA, Abel, c’est AU-DELÀ de la Waleman et de ce à quoi nous pouvons faire face. Nous ne sommes pas équipés pour ça ! » J’ai porté une main à mon front. « Qu’est-ce qui se passera le jour où ils décideront de te rechercher vraiment activement et qu’ils tomberont sur toutes ces informations ! » J’ai soupiré en tournant les talons pour refaire face à la ville. « C’est pas vrai, je dois être en train de cauchemarder… »
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Abel Henoch
Abel Henoch
Visiblement, Maddison goutait fort peu son humour, mais il n’avait pas profité du moment pour la charrier plus. Ils avaient en effet d’autres sujets de préoccupation, n’est-ce pas ? Mais la suite de ses explications ne semblait pas plus la contenter. C’était même plutôt l’inverse : Abel avait l’impression qu’elle aurait donné cher pour lui faire ravaler ses paroles. Regrettait-il de lui avoir parlé de tout cela ? Certainement pas. Il ne broncha pas d’un millimètre lorsqu’elle se rapprocha de lui, l’air apparemment prêt à lui arracher les yeux ou la jugulaire. Pas plus ne réagit-il lorsqu’elle lui frappa deux fois le bras. Sa passivité avait des relants de fatalisme, et il pouvait difficilement lui en vouloir de réagir de la sorte. Comme elle l’expliqua parfaitement, il n’avait jamais laissé entendre qu’il pouvait y avoir une organisation secrète derrière sa formation, ce qui représentait sans doute la meilleure preuve de la qualité de cette derniere. Cependant, son obsession en matière de discrétion aurait peut être pu lui mettre la puce à l’oreille ? Ou ne prenait-il que si peu de précaution ?

« Je pensais à ta sécurité, figure toi. J’étais persuadé - et je le suis toujours - que moins tu en saurais, mieux ce serait pour toi, si quelqu’un te posait des questions. Mais avec ça… » Il posa légèrement la main sur le dossier des preuves rassemblées par le cyber de Maddison. « … tu es bien plus exposée que je ne le voulais. » A nouveau son regard se perdit sur l’horizon, caché par la myriade d’immeubles de Mégalopolis. C’était précisément pour éviter ce genre de situation qu’il décourageait ses recrues de s’attacher à qui que ce soit hors de Libération. Et voila que lui avait dépassé ses propres règles, tant et si bien qu’elles n’étaient qu’un point sur cet horizon invisible. Eve lui dirait que les règles étaient faites pour être transgressées… Mais à ce point ?

« Goanbu n’est pas l’armée. Ni la CIA. Mais l’Underground n’a rien à craindre de lui. Sauf si vous avez des déserteurs de Goanbu. Je ne sais pas combien ont pu quitter les rangs… C’est d’autant plus difficile à dire que la Chine n’a pas gardé tout ses produits. Ils ont gardé ceux qui les intéressaient, comme Eve et moi. Mais d’autres ont été vendus à des services secrets alliés. On ne sait pas vraiment qui et où : Goanbu ne communiquait pas vraiment avec nous en dehors de ce qu’il nous demandait. Même si on était rares… On n’était que des outils, pour eux. » Il serra les mâchoires, se demandant soudain s’ils avaient pu être opposés, directement ou non, pendant qu’elle avait servit sous les couleurs américaines. Lui avait été actif, évidemment, et avait mené des actions contre les troupes américaines sur tous les théâtres, ou presque. Et si une fois, ils avaient manqué de s’entretuer ? Une douce ironie que de se retrouver aujourd’hui cote à cote, intimes comme jamais leurs pays ne le seraient.
« Ce n’est pas à l’Underground de gérer Goanbu. Ca, c’est notre travail. Quant à tout ça… Ce sont des conjectures rassemblées par une personne qui cherchait quelque chose de précis avec des moyens particuliers. Avec des informations et un point de départ que n’a pas Goanbu. Et même s’ils y arrivaient… C’est à toi qu’ils s’en prendraient. Pas à l’Underground. » Sans doute une maigre consolation pour la jeune femme...

Il resta un instant silencieux, méditant sur une autre partie de ce que Maddison lui avait dit. Il n’avait jamais pensé qu’elle le voyait autrement que comme le leader d’une révolution. Il ne pensait pas agir pour « quelque chose de plus grand » que ce qu’il demandait : le renversement des forces en présence. Il ne s’en était jamais caché. Qu’est-ce qui avait pu lui faire penser autrement ? Il l’ignorait.

« Ne croit pas que je ne cherche que la vengeance, encore que les deux soient intimement liés. » Commenca-t-il d’une voix froide. « Goanbu, CIA, Waleman… Tu crois que chercher à mettre les Positifs et les Candidats à leur vraie place ne revient pas à se venger de ceux qui ont pensé pouvoir nous exploiter comme du bétail ? Si tu réfléchis bien, les révolutionnaires, quels qu’ils soient, se sont toujours battus avec une idée de revanche sinon de vengeance. » Il tourna la tête pour la regarder. « C’est ce qui incite à se battre. Une injustice. Une oppression. Qui donne envie de se révolter et de renverser les choses, pour obtenir ce qui nous revient.Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. Alors il faut agir pour corriger cela. » Il marqua un silence avant de conclure. « Leur temps est révolu... »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Avait-on des déserteurs des services chinois ? C’était une bonne question ! Certains n’osaient même pas parler. Pour la plupart, nous les avions sortis des griffes de la Waleman mais d’autres avaient trouvé leur chemin tout seul vers l’Underground. Je n’avais jamais demandé à Maze d’où il venait… J’ai dégluti à cette pensée. Et s’il était comme Abel ? ce ne serait encore qu’un point commun, après tout. Je l’ai écouté parler mais sans rien dire, les yeux bas.

C’était étrange car la seule opposition que je pouvais imaginer entre Abel et moi était Megalopolis et pas une autre guerre anti-positive. Nos chemins étaient différents mais toutefois parallèles jusqu’à un certain point. Là où je m’arrêtais à l’égalité des genres et des droits, Liberation voulait plus encore. Ce que je découvrais alors sur Abel était pour moi inimaginable. J’avais toujours vu notre relation comme un danger pour l’Underground - et pour Liberation - mais pas pour moi. J’avais toujours été persuadée que tant que nos chemins resteraient parallèles, alors il ne me ferait rien et je n’aurais aucune raison de me défendre de quoi que ce soit. Aujourd’hui, la menace était toute autre. La menace, c’était moi. On pouvait remonter à lui à cause de moi. Je me suis adossée contre le parapet du toit, jouant avec mes doigts, les yeux toujours bas. Il ne s’agissait plus de Liberation et de l’Underground. Il ne s’agissait plus que de lui et moi. Dans un sens oui, c’était un soulagement.

Quand il parlait, je croyais entendre Reese, ou du moins, ce qu’il aurait pu dire s’il avait été à sa place. Est-ce que Reese était plus proche de Liberation que de l’Underground ? Bien sûr que non, c’était impensable mais nos discours n’étaient pas si éloignés. Et les injustices, ça me connaissait. A ce mot, j’ai relevé la tête vers lui pour le dévisager. Oui, j’étais rassurée de l’entendre parler ainsi car cela donnait une meilleure raison à Liberation d’exister, parce que je comprenais mieux d’où ils venaient, ce qu’ils faisaient et surtout pourquoi. Je n’en savais pas plus sur eux mais je n’en avais pas besoin. En réalité, alors qu’il finissait son petit discours - et je ne l’avais jamais encore entendu parler autant d’une seule traite - j’ai cru un instant m’entendre parler, plus que Reese. Maze aurait probablement dit la même chose aussi. Un léger sourire s’est dessiné sur mes lèvres et après son silence, j’ai inspiré profondément, perdant mon regard sur le toit de l’immeuble.

J’ai froncé les sourcils et je me suis retournée pour faire face à l’étendue de la ville, aux côtés d’Abel. Il ne me donnait pas tellement de détails sur lui mais je n’avais pas de peine à l’imaginer. J’avais entendu bien des témoignages au cours de ma vie, il n’était pas difficile de deviner ce par quoi il avait pu passer. Ma main a glissé sur son bras, comme pour apaiser les coups que je lui avais donnés plus tôt et je l’ai incité à se redresser pour me laisser venir me lover contre son torse. J’ai entouré sa taille de mes bras en regardant la ville et j’ai écouté son coeur battre à travers son pull. Après un temps de silence, je me suis décidée à répondre.

« Je suis une grande fille. Même s’ils me trouvent, ils ne pourront rien me faire. Je serai déjà loin. » Maigre consolation alors qu’il ignorait la défaillance de mon pouvoir que je n’avais pas encore découverte moi-même. « On sera d’autant plus prudents. Je serai encore plus prudente. Je ne les laisserai jamais te trouver. » J’ai relevé la tête vers lui et j’ai haussé les sourcils. Je ne voulais pas qu’il oublie une chose. « Mais je m’occupe de mon Cyber. Et toi d’assurer la sécurité de tes membres. » Je n’étais pas dupe… « Entendu ? » Mon regard était si insistant qu’il était difficile de se méprendre sur mes intentions.
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Abel Henoch
Abel Henoch
L’avoir à ses côtés avait quelque chose d’apaisant. Il le savait depuis le début, mais cela le surprenait à chaque fois. Là, sans même avoir à la toucher, il se prenait à croire que oui, rien ne pourrait aller de travers. Comme dans une bulle dans laquelle rien ne pourrait les atteindre. Il savait pourtant qu’il n’en était rien. Qu’ils quittent ce toit et le monde les retrouveraient. Lui et sa clandestinité totale, elle et ses devoirs de leader. Y’avait-il pourtant des raisons de le regretter ? C’était ce monde qui les avait réunis. Eut-il été différent qu’ils ne se seraient jamais rencontrés : lui serait resté sur son ile, et elle… Il se souvint que ses deux parents étaient positifs. Serait-elle née sans Yu ? Les réalités alternatives et leurs méandres lui étaient totalement étrangères, aussi n’alla-t-il pas plus loin dans les suppositions. Il ne connaissait et n’avait qu’un seul monde : celui dans lequel il vivait, et il avait appris depuis longtemps à composer avec celui-ci. Or ce monde avait fait deux des soldats, sur qui pesaient de nombreuses menaces. Et à cause de lui, elle en subissait d’autres, dont elle n’avait pas besoin, et dont il ne pouvait pas la protéger.

Et pourtant, elle était encore là.

Et puis elle le fit se tourner et vint se blottir contre lui, passant ses bras autours de sa taille. Avec un soupir sourd, fataliste et content à la fois, il referma ses bras autours d’elle, posant ses lèvres sur le sommet de sa tête, son regard se perdant dans le lointain. Il l’entendit fanfaronner contre sa poitrine, ce qui lui tira un sourire résigné.

« Je sais. » Lacha-t-il, tout en sachant pertinemment que cela ne dépendait pas d’elle. En tout cas pas uniquement. Pas même de son cyber, qu’elle lui rappela être sous sa protection personnelle. Abel leva les yeux au ciel. Il n’était toujours pas persuadé qu’il s’agisse de la meilleure solution, mais pouvait-il seulement aller contre elle ? Le cyber était sans doute barricadé à l’Underground, de toute façon, hors d’atteinte, à moins de déclencher une guerre contre eux, ce qui n’a jamais été le but d’Abel. L’Underground n’était pas l’ennemi. Ils poursuivaient un but utopique aux yeux d’Abel - l’unité, cette bonne blague - mais n’étaient en rien une menace. C’était la raison initiale qui l’avait rendu curieux à l’encontre de Maddison : en savoir plus sur eux.

Elle avait levé le nez pour le regarder, et lui avait baissé le nez pour lui rendre son regard. Il repoussa une de ses mèches derrière l’oreille et l’embrassa doucement.

« Ok. » Il passa une main dans sa nuque, son pouce caressant sa joue. Il doutait que cela suffirait. Tôt ou tard, quelque chose leur peterait à la gueule. Le plus tard serait le mieux, sans doute… Mais ils n’avaient aucun moyen de le prévoir. Il n’avait aucun précog suffisamment puissant pour anticiper ce genre de blague. Alors… Un problème à la fois. A commencer par ce cyber. Si elle s’engageait à le gérer, il lui ferait confiance. Mais toute la volonté de Maddison pouvait ne pas être suffisante. Il se fendit donc d’un avertissement. « Mais veille à ce qu’il comprenne où se trouve son intérêt… Si ton cyber devient une menace réelle à la sécurité de mes hommes, rien ne m’empêchera de le neutraliser. Pas même toi. »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Et j’ai à nouveau ri. Mes lèvres se sont étirées dans un immense sourire et j’ai caressé sa joue de mes doigts. « Je sais ! Tu crois vraiment que je suis venue ici sans l’avoir mis en garde ? Sans lui faire peur ? Tu crois que je ne saisis pas la gravité de cette situation, avec ou sans tes révélations ? » J’ai roulé des yeux. « J’ai vraiment cru que j’allais l’étrangler ! » Et puis j’ai soupiré, mon pouce glissant contre sa tempe. « Il sait à quel point tout ça compte pour moi, combien c'est important. Je garde un oeil sur lui. Il sait que s’il arrive quoi que ce soit à n’importe lequel d’entre vous par sa faute, je le tuerai de mes propres mains. Et je le ferai. Je l’ai juré. » J’ai acquiescé, légèrement désabusée. « Oui, il faut croire que tu déteins sur moi, mais je te rassure, j’ai toujours été une fille assez violente. » J’ai souri en plus doucement en mêlant mes doigts dans ses cheveux et le dévisageant.

Après quelques secondes de réflexion, j’ai laissé ma main glisser sur son cou puis son torse. Un brin fataliste, j’ai poussé un profond soupir. « Je vais dire la vérité à ta soeur, elle ne cherchera plus à savoir qui elle est, elle ne posera plus de questions. Et je vais trouver une solution pour la faire sortir de l’Underground au plus vite. C’est juste que Reese est… » J’ai pincé les lèvres en regardant ailleurs et j’ai haussé les épaules. « Il s’est attaché à elle, je crois bien. » J’ai reporté mon regard sur Abel et j’ai penché la tête. Je n’avais jamais fait la mention de Reese par son nom, jusqu’à présent et l’inquiétude devait se lire sur mon front. Mais c’était un nom si commun qu’avec de la chance, même si Liberation le cherchait, ils le ne trouveraient pas. Et on ne pouvait pas dire que nous trainions souvent ensemble. Encore moins hors de l’Underground. Plus maintenant.

« Il la traite comme une égale, maintenant, il prend soin d’elle, il lui apprend à tirer, quoi qu’elle en ait pas besoin, je ne sais pas ce qu’ils se disent. Et elle ne répond qu’à lui, elle ne fait confiance qu’à lui. Moi, c’est tout juste si elle m’adresse un mot gentil ou un regard qui ne brille pas d’une flamme de reproche. Peu importe… » Je me suis desserrée de lui en me passant une main sur le visage. « Je crois qu’il est temps de rentrer, maintenant. Je suis levée depuis si tôt ce matin, je suis épuisée et la soirée a été compliquée. J’ai chassé ce type à contre sens à travers toute la ville, j’ai dû accompagner mon partenaire à l’hôpital, je vendrais mon royaume pour une longue nuit de sommeil. »

J’ai relevé les yeux sur Abel avec un léger sourire fatigué. « J’ai besoin d’une longue nuit de sommeil pour réfléchir à tout ça… »
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Abel Henoch
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Le fait que Maddison ait menacé son Cyber ne le dérangeait pas le moins du monde, et lui tira même un sourire. De là où il venait, menacer faisait partie du quotidien, et après tout, il venait lui-même de promettre de le tuer s’il déconnait. Il n’allait donc pas reprocher à la jeune femme d’être sur la même longueur d’ondes que lui. Même si l’imaginer tuer quelqu’un cadrait mal avec l’idée qu’il se faisait d’elle.

Il se fit plus sérieux lorsqu’elle parla de sa soeur. D’abord parce qu’il craignait un peu la réaction de Eve une fois qu’elle saurait la vérité. Restait-il suffisamment d’elle-même pour accepter la décision - difficile - qu’il avait prise en l’abandonnant sur le terrain ? Il voulait voir revenir sa soeur, mais cela ne serait pas sans aborder un autre sujet compliqué : le devenir de Garin. Il avait une petite idée de ce qui liait les deux jeunes gens, et il ne savait que trop bien que Eve risquait de réagir violemment en apprenant qu’Abel avait éliminé le jeune homme. Encore que l’absence de réaction du coté de la CIA n’avait rien de rassurant.
Il fronca les sourcils en entendant mentionner le nom de Reese, chose que Maddison s’était toujours gardée de faire. Et pour cause : même un simple prénom, couplé à celui de Maddison et à son passage à l’armée était tout à fait à meme de lui en apprendre plus sur celui qui avait fait et faisait toujours si forte impression sur la jeune femme.
« Eve sait que tu lui caches quelque chose. Pas étonnant qu’elle se méfie un peu vu qu’elle n’a aucune idée de ce que ca peut être. Mais oui. Je veux qu’elle rentre. Elle sera plus en sécurité au Sanctuaire. Et dans un environnement familier, qui sait… Elle retrouvera peut être la mémoire plus rapidement. » Il n’ajouta pas que l’idée qu’un autre prenne soin de sa soeur lui déplaisait au plus haut point. La proximité avec Garin était déjà agacante en soit, mais qu’un tiers dont il ne savait rien se posât en protecteur à sa place ? Non, vraiment, ca n’entrait pas dans son mode de fonctionnement. C’était son boulot de protéger sa soeur quand elle était le plus vulnérable, et il n’avait déja que trop laissé ce travail à d’autres depuis qu’il avait fait le choix de la laisser sur le terrain pour prendre la place de Gen. Il ne considérait pas cette décision comme une erreur - il avait pris cette décision avec les informations en sa possession, et il n’avait aucun moyen de prévoir l’amnésie qui avait suivi. Néanmoins, les conséquences avait compliqué beaucoup de choses, le dossier assemblé par le Cyber en était la preuve.
Mais il s’abstint d’exprimer sa contrariété sur cet état de fait en réalisant qu’effectivement, Maddison était crevée.

Abel passa donc une nouvelle fois la main dans ses cheveux pour les ramener en arrière et la regarda avec un sourire emprunt d’une tendresse qui lui était peu coutumière.

« Ok. Je dois retourner au Sanctuaire de toute facon... » Il n’avait guère envie de retourner aussi vite à la réalité, mais ils ne pouvaient décemment pas passer la nuit sur le toit de l’immeuble, n’est-ce pas ? Il poussa un bref soupir avant de poursuivre. « Nous devons prendre des dispositions pour mieux sécuriser nos serveurs et augmenter le brouillage de nos pistes lorsqu’on agit. Ca ne servira peut être à rien pour ton Cyber, mais ils ne sont pas tous aussi puissants... » Il ponctua son affirmation en déposant ses lèvres sur celles de Maddison et afficha un sourire mutin lorsqu’il se recula. « Je te proposerais bien de rentrer avec moi, mais j’ai peur que tu ne te reposes pas vraiment... »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’ai soupiré en roulant des yeux. « Mais je lui ai dit que je savais qui elle était, qu’elle n’était pas de l’Underground, mais de Liberation et je lui ai que pour sa sécurité, il fallait qu’elle me fasse confiance et j’ai pensé que ça la calmerait, j’avais besoin qu’elle ait confiance en moi, il fallait que je me rapproche d’elle d’une façon ou d’une autre ! Mais elle est… » Je me suis frottée le visage en grognant. « J’ai cru qu’elle m’écouterait, surtout. Qu’elle me donnerait du temps. Enfin… »

J’ai rouvert les yeux en sentant sa main sur mon visage et je lui ai souri sans rien dire. J’ignore si c’était la fatigue, l’habitude ou simplement naturel, mais ce court instant a suffit à me faire ouvrir la bouche pour prononcer le genre de mots que je ne dis jamais. C’étaient quelques secondes de pur calme et de paix totale, un peu comme une bulle salvatrice dont je ne me serais jamais passée. Mais aussitôt il a reprit et j’ai eu l’impression de me réveiller en clignant des yeux. J’ai acquiescé à ses dires, mais je me suis demandée s’ils avaient effectivement un Cyber ou juste quelqu’un comme Elvis. Cependant, Archibald n’avait pas tenté d’accéder à Liberation, je me demande par où il aurait même pu commencer à chercher… A part en partant de moi, ou de Samiha maintenant. J’ai à nouveau ouvert la bouche pour parler mais il fallait croire que j’étais bien trop fatiguée et que cela me causer un décalage horaire dans le moteur musculaire.

J’ai reçu ses lèvres contre les miennes et m’y suis attardée quelques secondes en posant mes mains sur son torse. C’est un sentiment étrange lorsque vous êtes habitué à vous confronter à quelque chose de froid et d’aseptisé pendant longtemps et qu’un jour, vous vous rendez compte que… C’est ce mécanisme, cet automatisme, qui vous donne chaud à présent. Abel n’était pas pour ainsi dire froid, ni robotique, mais depuis quelques temps - depuis que je lui avais hurlé dessus, pour être tout à fait exacte - les choses avaient changé. Il n’était plus uniquement un leader de Liberation, ou un Candidat. Il n’était même pas ce déserteur que je venais de rencontrer, il était… Autre chose, mais je n’étais pas encore apte à comprendre quoi, je savais juste que c’était bien plus permanent. Nous entrions dans ce que je ne pensais pas connaître avec lui : la routine. Vous voulez savoir le plus étrange ? Ca ne m’a même pas semblé étrange.

J’ai glissé mes mains de son torse à ses épaules puis ses bras en inspirant profondément. « En réalité, je dors très bien chez toi. C’est beaucoup plus calme, personne ne vient tambouriner ta porte à n’importe quelle heure de la nuit, personne ne hurle ton nom parce que le préposé aux cuisines a un jour de retard sur le remplissage des réfrigérateurs et qu’il n’y a pas de lait pour les céréales et que tu comprends, on ne peut pas travailler sans lait dans les céréales, alors… » J’ai à nouveau fermé les yeux en secouant la tête. « Ils me tueront un jour. » Et puis après quelques secondes… « C’est juste que je passe beaucoup de temps au travail en ce moment et le reste, souvent avec toi. Il arrive que quand je rentre, je me prenne un sermon par l’un de mes hommes qui est insomniaque, qui ne dort jamais ou presque - en réalité ils sont même deux - et je dois reconnaître qu’il a raison. De plus, j’ai peur qu’on me suive. On me regarde bizarrement ces derniers jours, je vais essayer de ne pas me faire d’autant plus remarquer. » Ce à quoi j’ai d’autant plus grogné et gémit en laissant ma tête retrouver le torse d’Abel. « Je voudrais dormir 150 ans pendant que tu veilles à côté de moi. » Le regard pétillant et le sourire malicieux, j’ai entouré sa taille de mes bras et posé mon menton contre lui pour le regarder. « Tu serais le seul à avoir le droit de me réveiller, mais seulement si c’est pour m’apporter des kilos de crème glacée aux amandes avec un coulis de caramel et un mochito. »

Notez qu’à aucun moment je n’ai fait allusion à quoi que ce soit… D’autre. Pourtant, notre relation avait une date de péremption, c’était un fait. Mais elle me semblait bien, bien, bien loin.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Abel avait eu un sourire teinté d’ironie en entendant les explications de Maddison vis-à-vis d’Eve. Si elle était restée un tant soi peu la même, ce que Maddison avait fait avait du être tout sauf satisfaisant pour sa soeur.

« Elle n’est pas du genre à s’en laisser compter. Je le sais. Avec quelqu’un d’autre, ca aurait peut être marché, mais avec elle ? Ca a juste du la rendre plus méfiante… Elle a du penser que tu lui cachais encore plus de choses... » A juste titre, à dire vrai, puisque Maddison n’avait pas tout dit, et il ne pouvait pas non plus l’en blamer. En réalité, l’entreprise était vouée à l’échec dès le départ...

Il referma ses bras autours d’elle alors qu’elle lui expliquait ses déboires et ses désirs. Irréalisables, bien sur, lui tirant néanmoins un sourire amusé. D’abord parce que lorsqu’il avait évoqué une carence de sommeil si elle venait passer la nuit au Saloon, ce n’était pas en songeant particulièrement aux distractions éventuelles. Plutôt avait-il imaginé le genre d’activités qu’il aurait alors pu lui proposer. Relaxantes, en un sens, mais sans doute peu reposantes.
Il ne dit cependant rien de ce projet, se contentant donc de sourire de ce qu’elle lui disait.

« C’est que tu n’as encore jamais vu débarquer qui que ce soit au Saloon avec un drame de matériel… Ou tout simplement une envie de pancakes… » La seule qui débarquait en réclamant un petit dej était en fait Eve elle-même, ce qui lui manquait, à dire vrai, même s’il ne l’aurait jamais admis à voix haute. Autre raison pour laquelle il appréciait la présence de Maddison au Saloon : d’une certaine manière, elle lui rappelait sa soeur. La même impétuosité les animait, la même fraicheur, même si elles étaient très différentes.

« Cela dit, 150 ans à ton chevet à m’assurer qu’il y ait assez de glace pour satisfaire ton appétit… Sans dormir… Ca risque de me paraitre tres long… »

Qu’elle mentionne les sermons de ses amis le dérangeait par ailleurs. Lui-même n’avait que peu de problème de cette nature. Certes, Libby avait des doutes, même si elle ne connaissait pas tout les tenants et aboutissants de sa relation avec Maddison. Il sentait cependant son regard inquisiteur assez régulièrement.
Plus problématique était que Eve savait. Ou avait su, en tout cas. Que les souvenirs lui reviennent dans un mauvais ordre et beaucoup de choses seraient compromises. Et de toute facon, une fois qu’elle serait revenue au Sanctuaire, il y aurait des difficultés, il en était conscient. Est-ce que ce serait le début de leur fin, à Maddison et lui ? Il l’ignorait. Il voulait à dire vrai occulter la notion de fin. Plus maintenant, alors qu’il s’était autant livré à elle. Et à cet instant, il n’imaginait rien qui pourrait réellement changer les choses entre eux.
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