2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Angela/Garin/David] Turning Point 2

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David Foster
David Foster
Je me détendis légèrement lorsqu’il me confirma qu’il ne ferait rien à Angie. Non pas que je ne le savais pas déjà, et après tout, rien ne m’assurait qu’il n’était pas en train de mentir, mais c’était comme si le fait de l’entendre dire ça rendait la chose plus réelle. Sans compte qu’il avait l’air sincère. Il semblait tenir à elle, peut-être pas autant que moi, mais suffisamment en tous cas pour l’appeler à l’aide.

- Angie est une sacrée tête de mule. Elle ne se reposerait pas quand bien même elle ne tiendrait plus sur ses jambes. Elle ne sait pas ce qui est bon pour elle.

Je m’appuyai à la rambarde moi aussi et soupirai en regardant l’océan.

- Je ne supporte plus de la voir dans cet état, ajoutai-je plus pour moi-même que pour Garin.

C’était étrange, mais le fait de parler d’Angie avec lui, de cette façon, m’amenait à moins le détester. Il n’avait pas l’air tellement méchant au fond. Et si ce n’était juste qu’un gamin qui avait fait des mauvais choix et s’était retrouvé entrainé par leurs conséquences ? Sauf que son dossier était secret défense.

Je tournai les yeux vers lui tandis qu’il répondait à ma question. Ouais, évidemment qu’il n’avait pas fini de parler. Moi non plus d’ailleurs. Mais je ne voulais pas le faire avec Angie dans les parages. Et manifestement, il avait eu la même idée que moi.

- Elle est déjà impliquée. Tu l’as mêlée à toute cette histoire au moment même où tu l’as appelée. Je sais, tu vas me dire qu’elle aurait pu refuser. Mais Angie accepterait d’aider le pire criminel de la Terre s’il lui demandait. Elle croit trop en la bonté de l’être humain. Il n’empêche que tu l’as appelée et qu’il est désormais trop tard pour revenir en arrière.

Je pris une profonde inspiration et reportai mon attention sur l’océan avant de continuer.

- Mais je comprends pourquoi tu l’as fait. J’espère juste qu’il ne lui arrivera rien.

J’ai laissé Garin reprendre la parole et je l’ai écouté jusqu’à la fin, sans l’interrompre. Je baissai les yeux lorsqu’il mentionna le fait que je lui avais tiré dessus. J’avais mes raisons de le faire, néanmoins je me sentais coupable. J’avais toujours beaucoup de mal à utiliser une arme quelle qu’elle soit depuis que j’avais quitté l’armée. Je m’efforçais de ne le faire qu’en dernier recours, ce soir-là, sur les docks, j’avais eu l’impression de n’avoir aucune autre solution.

- J’ai fait mon boulot. Je n’avais aucun moyen de savoir que tu t’enfuis simplement parce que tu étais clandestin. Je ne pouvais pas prendre le risque de te laisser partir et faire ainsi capoter toute notre enquête. Pas après le temps que nous avions passé dessus. Si j’avais su où cela nous mènerait, il est évident que je ne l’aurais pas fait.

Je savais que ce n’était pas grand-chose, mais c’était une façon de lui dire que j’étais désolé. J’étais incapable de plus, pas pour le moment. Je pouvais me montrer moins hostile, mais pas amical, c’était encore trop me demander.

Je lâchai la rambarde et enfonçai mes mains dans mes poches, écartant légèrement les pans de ma veste. Mon insigne brillait toujours à ma ceinture, je n’avais pas encore pris le temps de la retirer. Cependant, Garin pouvait se rendre compte, s’il se donnait la peine de m’observer un peu, que je n’avais pas repris mon arme de service en quittant la maison.

- Qui es tu ? J’ai effectivement utilisé tes empreintes pour te rechercher et nous n’avons pas les accréditations nécessaires pour accéder à ton dossier, comme tu sembles le savoir. Comment se fait-il que ton dossier soit classé de la sorte ? Qui en a bloqué l’accès ?

Je n’étais pas sûr qu’il accepte de répondre à ces questions. Mais il avait été le premier à en parler alors je me devais de profiter de l’occasion.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
David recommençait à m’irriter. Cette surprotection de sa soeur me rendait passablement malade. Et je n’avais pas non plus besoin de lui pour me sentir coupable. « Je sais ! D’accord ? » Oui, je l’avais déjà impliquée, ce n’était pas la peine d’en rajouter. Et puis, je n’étais pas un criminel. Enfin, du moins, pas un vrai… Je m’étais promis de veiller à ce qu’il ne lui arrive rien par ma faute. Son frère était là et je savais Jason dans les parages. Assurément que tout irait bien. Je l’espérais.

Je savais que David aurait des questions mais je pensais que celle-ci viendrait en dernier. Avec quelques verres dans le nez et peut-être une accolade ou deux, histoire d’adoucir les moeurs. Mais non, cette petite fouine en venait directement à l’essentiel ! Pas de pommade, pas de préliminaires, directement au coeur de l’action. Un agent du FBI un peu trop pressé, si vous voulez mon avis.

J’ai soupiré en m’agrippant à la rambarde. Je me suis légèrement éloigné comme si je cherchais à me détendre les muscles. Je me demandais surtout ce que je pouvais lui dire. Liberation, c’était hors de question. Je ne pouvais mettre un agent du FBI aux trousses d’Annie ou de Gen. Et je n’avais rien de concret pour prouver que Abel était le leader et de toute façon, le FBI ne pourrait rien faire contre lui. Il appartenait à des sphères bien plus hautes que le FBI. Ce petit bâtard avait même sûrement une certaine immunité. Avant que les services secrets chinois ne débarquent aux USA, ils devraient passer sur le corps de la CIA. J’étais en première ligne. Bien sûr, comme toujours. A bien y réfléchir, Abel était une déclaration de guerre. Si les Chinois voulaient récupérer leur bien, ils pourraient faire feu.

Pour ma part, qui j’étais ? Plus personne, maintenant. Mon chemin s’était arrêté. Il me fallait maintenant trouver autre chose, une autre idée. Je ne pouvais pas rester éternellement chez Angie et David, terré comme un animal blessé prêt à être euthanasié ! Non, il me fallait quelque chose. J’ai fermé les yeux en me passant une main sur le visage. Il voulait une réponse et moi, j’avais besoin de son aide. SI je lui disais tout, il cesserait de me chercher et peut-être que j’avais une chance que la CIA lâche l’affaire. Non, ça c’était impossible. Mais au moins de tout lui dire le garderai à l’abri.

Bon sang, il n’y avait aucune meilleure solution. Il serait interrogé sur le pourquoi il avait cherché à accéder à mon dossier. S’il passait au polygraphe, il serait incapable de mentir. Or, il ne pouvait mentir si je ne lui disais rien ! Mais j’avais besoin qu’il sache pour pouvoir m’aider ! Et comprendre ! Et comment je pouvais lui dire sans m’attarder sur Liberation ? J’ai grimacé en masquant un juron sur le bout de mes lèvres et j’ai baladé nerveusement mes yeux sur l’océan avant de soupirer.

« La CIA. » Bravo, Garin, maintenant, tu n’as plus le choix que de continuer. Je me suis retourné vers lui, en lâchant la rambarde d’une main, l’air épuisé. « Je suis un déserteur de la CIA. »

Et à ça, il ne devait sûrement pas s’y attendre. J’ai secoué la tête en reprenant mon observatoire sur l’océan et je me suis frotté le visage avant de m’accouder sur la barre de fer. « Ils m’ont recruté à Paris quand j’ai eu 18 ans. Ils m’ont exposé à Yu, ça faisait partie du contrat, c’était une unité spéciale, une branche secrète du gouvernement américain et nous étions une section encore à part, ancrée en Europe. Tu te souviens de ce type ? Il y a quelques années, Nathaniel Day, un… Membre du ministère de la défense en Angleterre, qui a été tué un soir, la veille d’un vote au sommet et dont la femme s’est suicidée quelques temps après ? Les Etats-Unis avaient besoin d’alliés et ils s’attendaient à ce que l’Angleterre réponde favorablement et convainc donc la France et la Belgique à rejoindre cette alliance. Et bien ce gars-là était le vote défavorable de trop. Notre mission était de veiller à ce que nos pays rejoignent la cause en étant volontaire. » J’ai hoché la tête, sarcastique en coulant un regard vers David. « La CIA adore le volontariat. C’est leur truc. Comme il refusait soit disant d’entendre raison, ils l’ont fait… Eliminer. Seulement, ils n’avaient pas le bon gars et l’Angleterre a voté contre l’alliance. Ils ont tué un homme pour rien. Cet homme, c’était mon père. Et il était pour. »

J’ai soupiré, encore et je me suis frotté le nez. Bien sûr que je n’allais pas lui dire que j’avais tué mon propre père, j’étais d’accord pour lui parler de l’essentiel. Mais pas de moi. « Alors quand ma mère est morte, je me suis fait moi aussi passer pour mort. Je me suis arraché ma puce et je suis venu ici, en espérant y trouver… Je ne sais pas, quelque chose. » J’ai désigné David d’un geste de la main, presque amusé. Faussement amusé. « Mais maintenant, quelqu’un a fait une recherche avec mes empreintes et a alerté la CIA que j’étais vivant, à Megalopolis ! C’est pour ça que je suis là. J’ai besoin de ton aide, David. Une nouvelle identité, une couverture… Qu’ils ne remontent jamais à moi, ni à Angie. Ils vont t’interroger, ils vont demander où tu m’as vu, dans quel état, qu’est-ce que je faisais. Ca fait déjà deux jours, maintenant. Ils sont sûrement en train d’élaborer un plan parce que la CIA n’a pas le droit d’opérer sur le sol américain. Sauf que je ne suis pas.. Américain. Et que je n’ai pas d’immunité. On m’a tué pour que la CIA ne remonte pas plus loin que moi, que la trace s’arrête à moi et qu’elle ne continue pas sur d’autres déserteurs. Sauf qu’il s’avère… Que je ne suis pas mort ! Toujours pas ! »

J’avais trop parlé. Beauuuuucoup trop. Mais bon sang, que ça faisait du bien. David était sûrement ma seule chance de m’en sortir. Peut-être même que les autorités pouvaient faire quelque chose pour moi ? Allons, Garin… Ne sois pas si naïf...
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David Foster
David Foster
Après avoir posé ma question, je me tournai vers Garin, de façon à voir son visage, pour pouvoir le regarder dans les yeux tandis qu’il me répondrait. J’étais réputé pour être un assez bon détecteur de mensonges. Je savais lire dans le regard des gens. La plupart savaient garder un visage neutre, mais leur regard les trahissait souvent. Et quand ce n’était pas le regard, c’était un geste nerveux, inconscient et répétitif. Ainsi, certaines personnes avaient le regard fuyant, d’autres se passaient la main dans les cheveux ou se grattaient derrière l’oreille. Angie, elle, baissait les yeux et triturait sa médaille, elle était incapable de mentir sans mettre la puce à l’oreille au premier venu. Quand à moi… c’était un peu particulier. J’étais spécialisé dans l’infiltration, vous croyez vraiment que mes supérieurs auraient envoyé sur le terrain un agent qui est incapable de mentir sans attirer les soupçons ? Je devais cependant avoir un truc moi aussi, parce qu’Angie arrivait assez souvent à me percer à jour. Mais jusqu’à présent, c’était la seule.

Quoiqu’il en soit, je scrutai son visage à la recherche du moindre indice qui me permettrait de le cerner correctement. Mais jusqu’à présent, il ne me montrait toujours que son profil. Il devait en pleine réflexion cependant, étant donné le silence qui se prolongeait. Peut-être se demandait-il ce qu’il pouvait me dire ou pas ? Peut-être hésitait-il entre mentir et dire la vérité ?  Je lui déconseillais le premier cas, à moins d’être un très bon acteur.

Et puis les premiers mots vinrent. Je haussai un sourcil, un peu surpris, mais pas tant que ça finalement. J’avais déjà commencé à enquêter sur lui, je n’avais pas trouvé grand-chose, son dossier étant bloqué, mais rien que ça, ça avait déjà attiré mon attention sur le fait que quelque chose clochait avec Garin. Et puis j’avais discuté avec Angie. Quand elle m’avait dit qu’il était certainement un candidat, j’avais commencé, petit à petit à rassembler les pièces du puzzle. Mais je n’avais encore aucune certitude. Et puis, ce matin, Angie m’avait parlé de sa cicatrice, à l’intérieur de son poignet. Mes doutes se confirmaient désormais.

Je l’écoutai sans l’interrompre. J’avais l’impression qu’il me débitait son histoire comme s’il ne pouvait plus s’arrêter. Comme si, après s’être tu toutes ces années, il se sentait coincé et ressentait finalement le besoin d’en parler. Je hochai la tête à la mention de Nathaniel Day. Oui, je connaissais cette histoire, qui n’en avait pas entendu parler à l’époque ? Cependant, au FBI, nous n’étions pas au courant de tous les secrets gouvernementaux. Nous en connaissions, bien sûr, il y avait toujours des bruits de couloirs qui parvenaient jusqu’à nos oreilles, mais nous étions rarement informés de ce tramaient les institutions gouvernementales.  

J’ai cependant tiqué lorsqu’il m’annonça sa véritable identité. Merde, je commençais à comprendre maintenant. Pourquoi il s’était enfui, sa réaction, et surtout ce que j’avais déclenché sans le savoir. Et, petit à petit le lien se fit dans mon esprit. Ce n’était pas lui qui avait mis Angie en danger et l’appelant hier soir, c’était moi, au moment j’avais demandé à Maya d’analyser ses empreintes sur mon arme. Qu’est-ce que j’avais fait ? Je m’étais promis de la protéger quoiqu’il m’en coûte et je l’avais impliquée, sans le savoir, dans une histoire qui me dépassait. Qu’était un simple agent du FBI face à la CIA ?

Aussi, quand il déclara franchement qu’il avait besoin de mon aide, je levai les yeux au ciel un instant, réfléchissant intensément à ce que je pouvais bien faire pour réparer tout ça. Je n’étais peut-être qu’un agent du FBI mais les spécialistes de la protection de témoins, c’étaient nous. Nous étions capables de faire disparaitre quelqu’un de la planète sans aucun problème pour peu que les témoins, à proprement parler, suivent nos directives. Alors, lentement, je hochai la tête.

- D’accord.

Je n’étais pas particulièrement spécialiste de la protection de témoin, je vous l’ai dit, mon rayon à moi, c’était les infiltrations. Mais néanmoins, j’en savais assez pour connaitre les procédures et savoir comment les mettre en place. Alors, progressivement, je commençai à réfléchir à tout ça.

- Il va me falloir un peu de temps pour ça.

Et aussi qu’on travaille ensemble, je ne pouvais pas lui créer une nouvelle identité sans son avis. Et s’il voulait que ça marche, il fallait quelque chose d’essentielle : son entière coopération.

- Il va aussi falloir que nous y mettions du nôtre, si nous voulons que ça marche. Que nous mettions notre aversion l’un pour l’autre de côté. Tu me détestes, et c’est plutôt réciproque, mais il va falloir que nous apprenions à nous supporter. Tant que ta nouvelle identité n’est pas prête, il est hors de question que tu te balades dans les rues à visage découvert. Il serait plus prudent que tu restes chez nous. Tu es prêt à ça ?

Je fronçai les sourcils et plongeai mon regard dans celui de Garin. Il m’en coûtait beaucoup de lui dire ça, mais je le faisais surtout pour Angie. Si je ne faisais rien, je risquais de perdre ma sœur et je ne supportais pas cette idée. D’ailleurs en parlant d’elle…

- Angie sait tout ça ? Tout ce que tu m’as dit ?
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
David ne réagissait pas. C’était en tout cas ce qui me frappait. Pas comme s’il savait déjà, mais comme si ça ne l’étonnait pas, comme si… il s’en fichait ? J’ignorais si je devais me sentir soulagé ou angoissé. Son seul « d’accord » m’a mis mal à l’aise et j’ai haussé les sourcils. « Quoi, juste comme ça ? C’est aussi simple ? » J’ai été pris d’un rire. « Ouah, si j’avais su, j’aurais essayé sans le chapitre sur ma vie personnelle ! »

Ce n’était pas tellement que j’étais mal à l’aise, en réalité. J’aurais peut-être voulu que le plus gros secret de ma vie - en dehors de la vérité sur mon père - ait plus de valeur que ça. Mais qui allait se plaindre ? Moi, peut-être… dans ma tête et pas ailleurs. J’étais suffisamment intelligent pour ne pas forcer ma chance. Je me suis totalement tourné face à lui et j’ai ouvert les bras, indigné. « Quoi ? Tu me détestes ? Oh allez ! Je suis adorable ! » Et… C’était peut-être pour ça qu’Angela m’aimait bien. J’avais de l’audace, j’étais sûr de moi. Oui, enfin, j’avais surtout parfois un humour qui laissait à désirer. Mais hey, les filles adoraient ça, non ?

Prêt à rester chez eux ? Non. Mais je n’avais pas le choix. Enfin, on a toujours le choix mais dans ce cas-là, je n’avais nulle part ailleurs où aller. Alors j’ai haussé une épaule, un peu fataliste. Qu’est-ce que je pouvais dire ou faire de plus ? Rester chez Angie était une façon de me protéger mais si la CIA débarquait chez David pour tenter de comprendre, ça ne servait à rien de courir ! Non, je savais que j’allais rester, histoire de me rétablir complètement et puis je m’en irais. Je le savais. J’avais vécu seul pendant si longtemps qu’il ne m’apparaissait qu’impossible de connaître quelque chose de différent. Je me fichais pas mal de ce qui pouvait arriver à David mais je m’inquiétais pour Angela. Elle ne pouvait pas vivre sans son frère, alors...

« Seulement quelques jours. Le temps que je trouve une meilleure solution. »

Et puis sa question sur Angie m’a fait revenir sur terre. J’ai doucement secoué la tête en pinçant les lèvres, les yeux bas. J’ai reposé les mains sur la rambarde et j’ai soupiré dans une légère grimace inquiète. « Non. Angela ignore tout sinon que je ne suis peut-être pas entièrement humain et que j’ai un… « Pouvoir » qui m’amène parfois à toucher à des trucs un peu louches pour tenir le coup. Cela étant dit, je n’en ai pas eu besoin aujourd’hui. » J’ai frissonné. « A dire vrai, je me sens différent… Et je n’ai pas encore décidé si c’était une bonne ou une mauvaise chose. »

J’aurais été mal avisé de parler à David du fait que je ne sentais plus le toucher de sa soeur...
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David Foster
David Foster
Garin avait un don pour me faire perdre mon sang froid, mais j’avais, jusqu’à présent, réussi à garder mon calme. Mais je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il ait cette réaction quand j’avais accepté de l’aider. Et puis quoi encore ? Il débarquait dans ma vie, me provoquait à tout bout de champ, me demandait mon aide pour ensuite continuer à me provoquer quand je m’apprêtais à la lui donner ?

- Simple ?

Je serrai les poings au fond de mes poches et crispai la mâchoire.

- Tu crois que c’est simple ? Je n’ai pas la moindre envie de t’aider. S’il n’y avait que moi, je te dirais bien de décarrer d’ici et de te démerder tout seul. J’en ai rien à faire, moi, que la CIA te retrouve ou pas !

Bon ok, ce n’était pas l’exacte vérité. Quoiqu’il arrive, je restai celui qui l’avait probablement mené à sa perte. Et j’allais garder ça sur la conscience, comme tant d’autres choses. Cependant, si rien ne me prouvait que c’était bien un criminel, rien ne me disait non plus que c’était quelqu’un de bien. Aussi mes scrupules s’en trouvaient-ils quelque peu diminués.

- Mais Angie, pour une raison qui dépasse mon entendement, semble tenir à toi. Elle ne me le pardonnerait pas si je ne t’aidais pas. Et je ne me le pardonnerai pas si je la faisais souffrir. Alors oui, je vais t’aider, mais ne crois pas que ce soit facile pour moi de prendre cette décision. Et ne penses surtout pas que je le fais pour toi. Je le fais uniquement pour elle.

Je me détournai de Garin et revins m’appuyer à la rambarde. J’étais à deux doigts de perdre totalement mon sang froid et je savais que ça ne mènerait à rien. Je me forçai à relever les yeux sur l’océan, à contrôler ma respiration pour retrouver mon calme. Pourquoi fallait-il que Garin me fasse sortir de mes gonds à chaque fois qu’il ouvrait la bouche ? C’était comme s’il le faisait exprès. Une chose était sûre, notre coopération n’allait pas être de tout repos.

Ainsi, Angie ne connaissait pas toute la vérité. Je restai un instant silencieux, à réfléchir à cela, et à ce que ça pouvait avoir comme conséquences. Qu’est-ce qui était le mieux pour elle ? Si elle ne savait rien, c’était moins risqué pour elle. En même temps, elle était déjà impliquée dans tout ça jusqu’au cou. Si la CIA débarquait chez nous, nul doute qu’ils l’interrogeraient, elle aussi. Et si elle ne répondait pas à leurs questions comme ils s’y attendaient, que se passeraient-ils ? Comment Angie pourrait-elle se défendre contre un danger qu’elle ne connaissait pas ?

Je relevai les yeux au ciel tandis que j’en venais à une conclusion qui ne me plaisait vraiment pas. Je savais qu’Angie pensait qu’on protégeait mieux les gens en les gardant dans l’ignorance, c’était pour cela qu’elle ne parlait que rarement de sa maladie et de son évolution, même à moi. Et j’en souffrais. Moi en revanche, j’étais de ceux qui pensent qu’une personne n’est mieux protégée que quand elle peut se préparer à ce qui l’attend. Je pris une profonde inspiration et prenait la parole. S’il prenait un tant soit peu la peine de m’observer vraiment, il pourrait se rendre compte de la difficulté que j’avais à prendre cette décision.

- Il faut la mettre au courant, qu’elle sache précisément les risques qu’elle prend en acceptant de t’aider. Elle doit être en mesure de se défendre si toutefois elle en avait besoin…

Peut-être que j’espérais, au fond de moi, que cela la ferait changer d’avis. Mais quelque chose me disait qu’il n’en serait rien. Je connaissais trop bien ma sœur.

Et puis quelque chose que Garin venait de dire me revint en tête, quelque chose qui m’intriguait. Je tournai la tête vers Garin et fronçai les sourcils.

- Différent ? Comment ça ? Ton pouvoir a évolué ?
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Pourquoi mon charme n’opérait-il pas sur David ? Je n’étais pourtant pas agressif. Du moins, je ne pensais pas. Je ne faisais que de l’humour ce qui, tout à fait entre nous, n’était pas du luxe compte tenu de la situation. Alors, je me suis indigné.

« Bon sang, David, mais quand vas-tu la laisser vivre deux minutes ? Elle connaît les risques, tu penses que je m’en fiche ? Que je n’ai rien dit ? Que je ne l’ai pas mise en garde de quoi que ce soit ? Il n’y a pas de « si je le fais, je le fais pour elle. » Laisse-la en dehors de ça, je me sens suffisamment coupable comme ça de l’avoir impliquée là-dedans pour ne pas avoir à te supporter en plus. C’est toi qui m’a tiré dessus et sûrement alerté le gouvernement de ma position mais tout est de ma faute, évidemment ! Parce que je m’en fiche que tu m’aies tiré dessus, tu faisais ton job et moi, je faisais le mien ! J’essaye de te faire réaliser que dans cette situation, on y est tous les deux, je ne suis pas contre toi ! Le plus agressif des deux, ce n’est pas moi ! Mais tu veux que tout ça marche ?! Tu crois SINCÈREMENT que tout est facile pour moi, n’est-ce pas ? La raison pour laquelle tu me détestes, c'est parce que je t'ai fait croire que j'avais touché ta soeur ! Ce qui n'est pas vrai ! Et son numéro, je l'ai mémorisé en le lisant, elle ne me l'a jamais donné... Elle l'a donné à un autre ! »

J’ai donné un coup contre la rambarde en détournant le regard et un juron s’est évadé de mes lèvres. David n’aidait pas, contrairement à ce qu’il pensait. Mais autre chose m’a fait sortir de mes gonds. « Et non, elle ne doit pas savoir ! Je t’en parle à toi parce que tu peux y faire quelque chose mais lui dire toute la vérité ne ferait que la rendre d’autant plus inquiète et sûrement pas aider son cas ! Alors pas un mot ! J’ai suffisamment de choses à réfléchir et à gérer comme ça. Et ne crois pas qu’elle tienne à moi, elle aurait fait ça pour n’importe qui ! Ne t'es-tu pas figuré une seconde que... Je n'avais pas envie d'étaler ma vie ? Que j'avais envie... De la garder pour moi ? Ca t'ennuierait de respecter au moins ça ? »

Ce gars-là était insupportable. Droit dans ses godasses, pas une once d’humour, si on ne s’entendait pas, ce n’était pas à cause de ce qui nous arrivait… On ne se serait jamais entendus, même en temps de paix ! Il était juste insupportable et prenait tout tellement au sérieux, il n’y avait aucune légèreté. Finalement, j’ai soupiré, posant la tête dans mes bras, accoudé à la rambarde. Et le pire dans tout ça ? C’est que je continuais à tout lui dire… La vérité et rien que la vérité. Ce que, bizarrement, j’étais incapable de faire avec Angie. Mais c’était une fille. J’ai relevé la tête avec humeur mais pas spécialement contre lui, en agitant une main.

« Je n’en sais rien, je ne sens plus rien quand on me touche, je cicatrice étrangement, je n’ai plus de problèmes de respiration, mon coeur bat normalement… La CIA m’a mis en quarantaine pendant des mois quand j’ai été exposé. Ils ne comprenaient pas ce qui m’était arrivé et je crois qu’ils n’ont jamais vraiment compris, de toute façon. Les Docs qui me fournissent un traitement disent que c’est un pouvoir évolutif, que je n’aurai peut-être pas besoin de médocs toute ma vie. » J’ai conservé quelques secondes de silence et j’ai secoué la tête en regardant David. « Elle m’aide parce qu’on a quelque chose en commun. »
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David Foster
David Foster
La laisser vivre ? C’était la deuxième fois que Garin me faisait ce reproche. Et ca faisait aussi mal que la première. Je n’étais pas idiot, je savais que je la surprotégeais, Angie me l’avait déjà remarqué plus d’une fois. Mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’était ma petite sœur, nous avions toujours été très proches, j’avais toujours cherché à la protéger. Et d’autant plus depuis qu’elle était malade, je voulais simplement qu’elle vive le plus longtemps possible. Et je savais que ce n’était pas en fréquentant les mauvaises personnes ou en prenant trop de risques inconsidérés qu’on avait une chance de faire de vieux os. Et puis, peut-être aussi que je cherchais à me racheter d’une fois en particulier où je n’avais pas été à la hauteur.

Mon regard se fit lointain alors que je repensais à ce jour où j’avais bien failli perdre ma sœur, par ma faute, parce que je n’avais pas su la protéger correctement. La douleur se peignit sur mon visage en même temps que la culpabilité. J’écoutai toujours Garin, serrant la rambarde jusqu’à ce que les jointures de mes doigts blanchissent. Il aurait pu croire, en me regardant, que je ne l’écoutais pas, mais j’entendais chaque mot qu’il prononçait. Ils s’imprimaient dans mon esprit, patientant que mon cerveau soit prêt à les analyser correctement. Il aurait pu croire aussi que j’étais à deux doigts de perdre à nouveau mon sang froid, que j’allais le frapper, mais ce n’était pas le cas. Je n’étais pas en colère contre lui, mais contre moi. Moi qui étais la cause de tout cela. Moi qui n’avais pas su protéger Angie une première fois, et qui l’avais mise en danger une nouvelle fois. Et je m’en voulais.  Alors oui, j’étais un idiot que surprotège trop sa sœur, mais je ne savais pas faire autre chose.

Je tournai la tête vers Garin tandis qu’il me dévoilait qu’il n’avait jamais touché Angie. Je fermai les yeux quelques secondes, soulagé. J’avais beau me dire qu’Angie était une grande fille et qu’il y avait certaines choses sur lesquelles je n’avais pas voix au chapitre, c’est toujours perturbant, pour un frère, de savoir que sa petite sœur a des mœurs quelque peu dissolues. Mais le vrai problème dans tout ça, c’était que je savais que ça ne la rendait pas heureuse. Or je voulais qu’elle soit heureuse. Alors quel était mon véritable problème avec Garin ? Tout était parti de cette phrase qu’il avait prononcée, l’autre fois : « Dis leur que je t’ai échappé, sinon elle ne m’échappera pas ».

- Ce n’est pas pour ça que je te déteste… Quoique si j’avais été convaincu que tu étais quelqu’un de bien, ça ne m’aurait pas dérangé outre mesure. Mais j’ai cru que tu allais t’en prendre à elle.

Ca paraissait tellement idiot maintenant. Après les heures que nous venions de passer, les révélations qu’il m’avait faite. J’esquissai un sourire en coin, comme si je me moquais de moi-même, ce qui était un peu le cas d’ailleurs. J’étais trop impulsif, je le savais, j’avais du mal à contrôler mes pulsions. Cette fille là, comment s’appelait-elle déjà ? Sunny ? Elle avait raison, j’avais peut-être un problème en fait.

- Je ne lui dirais rien, ce n’est pas à moi de le faire. Et ce n’est pas que ça me plaise, mais je reste cependant persuadé qu’elle doit connaitre la vérité. Tu lui répondras quoi, hein, si elle pose les mêmes questions que moi ? Mais…tu peux compter sur ma discrétion.

Après tout, je lui devais bien ça. Il avait été sincère avec moi. Il avait répondu à mes questions, quand bien même c’était probablement se mettre encore plus en danger. Qu’est-ce qui lui disait que je n’allais pas le vendre directement à la CIA ? Bien sûr, il était évident que je n’allais pas le faire. D’autant que plus je l’écoutais, plus je me rendais compte qu’il n’était peut-être pas comme je l’avais jugé au premier abord.

Je l’écoutai attentivement tandis qu’il m’expliquait les changements qui s’étaient opérés en lui. Mais j’étais un peu perdu. Manifestement, Angela en savait un peu plus que moi sur ce qu’il était vraiment. Ses capacités de candidats, je veux dire. Et il me manquait quelque chose pour vraiment comprendre la situation, le pourquoi de ces changements.

- Ok… euh, tu m’excuses mais, j’ai du mal à comprendre là. Il t’est arrivé quoi exactement pour que ça te « change » comme ça ?

Oui j’étais curieux. Et moins hostile aussi, beaucoup moins maintenant que je savais ce qu’il en était vraiment entre lui et Angela, maintenant que ma raison de le détester vraiment s’était évanouie dans les airs.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
« Je lui répondrai que je ne veux pas en parler, tout simplement. Ou bien, je mentirai. »

Enfin, David se résignait. Il employait moins de mots, son ton était plus calme et il s’en prenait à présent à la rambarde. J’ai soupiré de soulagement. Enfin, nous allions peut-être discuter. Il voulait des précisions sur mon pouvoir et je n’étais pas sûr d’avoir envie de lui donner. Pas parce que je voulais les dissimuler mais parce que je n’étais pas certain d’être compris. Je me suis gratté la tempe en réfléchissant comment amener ça. De plus, allait-il me croire ? Après tout, j’étais parti sur l’honnêteté, autant continuer.

« Je suis fait de carbone. » J’ai ouvert les mains. C’était une bonne introduction. « Mes terminaisons nerveuses sont plus complexes que la normale et comportent plus de… machins, de trucs, j’en sais rien, je suis pas un chimiste. Mes os, ma peau, je suis une sorte de carbone hybride un peu bizarre qui réagit à l’oxygène et la chaleur… Et aussi à l’eau. Je ne supporte pas l’eau. Du moins, pas avant aujourd’hui. Mais hier, c’était encore le cas. Ou avant hier, peu importe. Comme je t’ai dit, j’ai dû rendre des comptes à quelqu’un. J’avais pris tes balles, pour que tu ne blesses personne d’autre mais je t’ai laissé mes empreintes. Et donc l’alerte à la CIA. Je ne suis pas le seul déserteur, ce qui signifie que je mettais en danger d’autres comme moi. Alors… Pour stopper la trace qui conduirait la CIA à eux, il m’a… Eliminé de l’équation. »

J’ai tourné la tête vers David, histoire de voir si j’avais besoin de vraiment poursuivre ou non. La vérité, c’était que je voulais qu’on marche ensemble, qu’il comprenne que j’étais de son côté, que j’avais besoin de lui. Alors, j’ai roulé des yeux hésitants avant de reprendre.

« Quand tu m’as tiré dessus, je n’ai pas cicatrisé. La balle n’a juste pas pénétré toutes les couches résistantes de carbone qui composent mon épiderme. Et pendant qu’il me noyait, de l’intérieur, la blessure a frotté dans le sable, qui est un composé carbone. Je le sais parce que j’avais d’autant plus mal à la cuisse que dans la poitrine. Il n’y a aucun moyen que j’ai pu survivre à ça. Donc, ma théorie ? C’est que je suis mort. Mais que quelque chose m’a ramené. Et que, ma plaie en contact avec un autre élément carbone, a peut-être apporté des terminaisons plus… Résistantes, encore. Mais je suis mort. Ca, c’est une certitude. Et je ne veux pas que Angie le sache parce que… Ce ne serait pas juste, pour elle. La cicatrice à ma cuisse, elle n’a rien à voir avec celle dans mon poignet. Ni celle de mon abdomen. Je n’en sais rien, encore une fois, je ne suis pas médecin, j’ai toujours été suivi pour ce genre de choses, c’est la première fois que c’est moi qui doive y réfléchir mais… Je pense que d’une manière ou d’une autre, quelque chose a changé. Je le sais, je le sens. Je me sens mieux, plus fort, en meilleure santé. Et je n’ai pas envie de gâcher cette opportunité. Alors est-ce que tu veux bien m’aider ? Angie, mise à part ? »

Je ne le suppliais pas du regard. Mais un peu quand même...
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David Foster
David Foster
Sa réponse me tira un petit sourire. Ouais, c’était facile de se débarrasser d’Angie de cette façon. Elle était curieuse, mais elle savait se retenir de poser des questions quand elle sentait que ce n’était pas le bon moment. En revanche, je déconseillais franchement à Garin de lui mentir. Qui sait, si Angie était capable de me percer à jour alors que peu y réussissaient, qu’en serait-il de Garin ? Bon, il avait quand même un avantage, elle ne vivait pas avec lui, elle ne le connaissait pas par cœur.

Je m’accoudai à la rambarde tandis que Garin m’exposait avec ses mots comment il était « fait ». Je n’étais pas aussi ignorant qu’Angie à propos des candidats et des positifs, mais je ne maitrisais pas le sujet à la perfection. Cependant, le fait que Garin soit composé de carbone ne m’étonna pas autre mesure. Je n’avais pas croisé de mutations de ce genre encore, mais je savais que cela était possible.

Je n’étais cependant pas hyper calé en physique chimie, le carbone, ça me parlait vite fait, mais tout cela restait plutôt flou dans mon esprit. J’essayai de rassembler dans mon esprit tout ce que je savais sur le carbone (très peu de choses en fait), mais j’avais tout de même du mal à comprendre son histoire de carbone hybride qui ne supportait pas l’eau avant mais qui la supporte maintenant. Angie pourrait certainement m’éclaircir tout ça, c’était elle la scientifique de la famille. Mais Garin m’avait demandé de ne rien lui dire de ses révélations… est-ce que celle-là entrait en ligne de compte également ? Dans le doute, mieux valait s’abstenir… ou lui poser la question. Sauf qu’il continuait son récit.

Ok, maintenant je comprenais mieux. Il y avait encore des choses assez étranges dans son récit, comme le fait qu’il soit mort et ressuscité, mais nous ne savions pas encore tout ce dont positifs et candidats étaient capables. Nous ne pouvions que faire des suppositions.  Lorsqu’il eut terminé, je pris quelques secondes de réflexion.

- Je t’aiderai. Laisse-moi juste un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Si on veut que ça marche, on n’a pas le droit à l’erreur, il va falloir faire attention au moindre détail. L’idéal serait qu’on puisse te débarrasser définitivement de la menace que représente la CIA.

Je relevai la tête et scrutai l’océan d’un air absent. En réalité, je commençais déjà à réfléchir à ce que je pouvais faire. Mais j’avais du mal à m’éclaircir les idées, il s’était passé trop de choses en si peu de temps. J’avais encore toutes les révélations de Garin qui tournaient dans ma tête. J’avais du mal à faire le point.

- Au fait, pour ton (comment je pouvais appeler ça ?) "histoire de carbone"… je sais que tu ne veux rien dire à Angie, et je ne lui en parlerai pas, mais elle pourrait peut-être t’aider à comprendre certaines choses. C’est une scientifique à la base, elle est plutôt calée en physique-chimie et en biologie.

Je secouais la tête. C’était une idée qui venait de me traverser l’esprit comme ça. Je me disais qu’à la place de Garin, j’aurais bien aimé savoir ce qui se passait en moi. Je n’imaginais pas ce qu’il pouvait ressentir à se voir ainsi changer sans comprendre pourquoi, ni comment. Et je ne doutais pas qu’Angie puisse répondre à ses questions.

J’aurais pu en rester là. Maintenant que je m’étais calmé et que j’avais décidé d’aider Garin, j’aurais pu rentrer à la maison rejoindre Angie qui devait s’inquiéter de ne pas nous voir rentrer et me préparer à vivre sous le même toi que Garin sans ressentir la moindre animosité. Cela m’était d’ailleurs plus facile désormais. Mais j’avais tout de même une dernière chose à dire à Garin avant de rentrer. Une chose qui avait fait son chemin dans mon esprit depuis que nous discutions tous les deux. Une chose qui, je pensais, nous permettrait peut-être de repartir sur des bases plus saines.

Je me tournai vers Garin et accrochai son regard.

- Garin ou… quelque que soit ton vrai nom… je suis désolé. Je n’avais pas l’intention de déclencher tout ça. Je vais faire de mon mieux pour réparer cela. Je ne pourrais pas te rendre ton ancienne vie, mais je vais faire ce que je peux pour que tu puisses repartir sur de bonnes bases.

Je sortis la main de ma poche et la tendis à Garin.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Je me suis retenu de sauter au plafond. Si quelqu’un pouvait me retirer toute menace de la CIA, quelque chose me disait que je serais le type le plus chanceux du monde et que ça changerait un peu de mon karma de merde. Peut-être qu’être mort avait changer ça aussi ! Alors, j’ai pincé les lèvres sans rien dire, afin de ne pas paraître trop enjoué ni trop prétentieux. Cependant, les détails d’Angie m’ont fait écarquiller les yeux.

« Je l’ignorais ! Non, je n’ai rien dit à Angela parce qu’elle n’a rien demandé ! Et parce que c’est parfois un peu gênant de parler de ce genre de choses mais… Ca, je ne lui cache pas, non. »

Et moi aussi, j’aurais aimé me comprendre. Depuis que j’avais déserté, les seuls docs qui me suivaient étaient à l’autre bout de la planète. Je n’avais pas passé le pas à me faire étudier en chair et en os, uniquement à travers des échantillons de sang, de salive… Mais de ce fait, ils n’avaient pas été capables de me dire réellement ce qui se passait en moi. Angie pouvait faire ça ?!

Un sourire sur les lèvres, j’ai repris mon étude de l’océan. Il était bien beau, bien grand et soudain, juste comme ça, j’ai cessé de ressentir de la nostalgie et l’envie de rentrer au pays. Parce que pour une fois, j’avais un espoir, ici. Je pourrais retrouver Eve, comprendre comment fonctionne mon pouvoir, et on s’en irait. David et Angela ne s’en porteraient que mieux. J’ai songé un instant qu’en ce qui concernait cette dernière, ce ne serait pas de longue durée. Mais j’espérais que d’ici là, j’aurais trouvé une solution pour elle. Il me fallait juste retrouver Eve, avant.

David m’a sorti de mes pensées. J’ai tourné les yeux dans les siens, me demandant ce qu’il pouvait bien avoir à me dire de si important, en plus de tout ce qu’il avait déjà dit. Des excuses ? Réellement ? Pour de vrai ? J’ai baissé les yeux en tenant la rambarde mais j’ai été d’autant plus surpris par la main qu’il me tendait. Je l’ai étudiée quelques secondes, intrigué et j’ai reporté mon attention sur son visage. Il était vraiment désolé, n’est-ce pas ?

« En effet, Garin est un prénom d’emprunt. Un de mes ancêtres. » J’ai serré sa main dans un sourire. « Et ce n’est pas grave, je te l’ai dit, tu faisais ton boulot et j’aurais dû prendre ton arme aussi. Peu importe… Qui sait… » J’ai inspiré profondément, gonflant le torse, convaincu et j’ai souri un peu plus en fixant l’horizon. « Si ça se trouve, c’est une chance de tout recommencer. Je ne pourrai pas m’en plaindre. Oh et, au fait ! » J’ai levé l’index et je me suis tourné vers lui, l’air scientifique. Je me suis raclé la gorge. « En preuve de ma bonne foi. Angela a travaillé dans un bar pendant un moment. » Fier et péteux, j’étais. « Le gérant adorait lui donner des ordres que j’aurais jugé parfaitement esclavagistes. Il s’était tapé toutes les autres serveuses. Alors quand Angie a dit non, il s’est vengé. Avec quelques mains aux fesses au passage. Parce que je suis trop fort… » Je me suis désigné des pouces avec un sourire hautain. « J’ai trouvé ce bâtard et l’aie envoyé à l’hosto. Ca, Angela ne le sait pas. Mais maintenant, au moins, elle travaille dans un bar bien plus respectueux. Ne me remercie pas. »

J’ai balayé l’air d’une main avant de reprendre mon observation. Mais je n’ai pas pu tenir mon sérieux bien longtemps. Je me suis mis à rire. « Bon sang, t’aurais dû voir sa tête… »
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David Foster
David Foster
Si vous aviez vu la tête qu’il avait. C’était un peu comme un gamin qui découvre un tas de cadeaux au pied du sapin à Noël. Je ne sais pas si c’était ma « promesse » de l’aider ou les détails que j’avais donnés sur Angie mais j’avais l’impression de lui avoir fait le plus beau des cadeaux. Alors certes, il restait silencieux et essayait d’avoir l’air normal, scrutant l’océan, mais il avait cet espèce de petit sourire qui ne trompait personne.

- Ca ne m’étonne pas d’elle. Elle n’en parle jamais.

Et je savais parfaitement pourquoi. Pour Angie, parler de ses rêves brisés, c’était comme si moi je parlais de ce jour où j’avais failli la tuer ou de ce j’avais vu à l’armée. C’était juste une espèce de cauchemar, un truc qui nous torturait et que nous préférions oublier, l’un comme l’autre. Alors nous n’en parlions pas. Et quand je sujet venait sur le tapis, nous détournions la conversation. C’était plus facile comme ça. C’était un moyen de se voiler la face très certainement. Cette psy, Sunny, aurait certainement beaucoup de choses à dire là-dessus aussi. J’allais peut-être la rappeler finalement. Ou peut-être pas.

Je ne saurais pas vous dire ce que je ressentis précisément lorsque Garin pris ma main. Pour moi, cette main tendue, c’était comme la signature d’un pacte. Je m’engageais à l’aider, à réparer mes erreurs. C’était aussi un gage de paix. Ça ne serait certainement pas facile, il avait ce petit ton un brin provocateur et je savais que j’avais tendance à toujours prendre les choses un peu trop au sérieux. Il me rappelait quelqu’un d’ailleurs. Je n’eus pas à me creuser la cervelle trop profondément pour comprendre qui. Angie, évidemment, elle aimait beaucoup jouer à cet espèce de jeu du chat et de la souris. Je craignais d’ailleurs qu’elle ne s’attire des problèmes un jour. Mais j’avais beau la mettre en garde, je n’étais pas derrière elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’était peut-être pour ça qu’elle l’aimait bien, finalement, parce qu’ils se ressemblaient, un petit peu.

Je reposai mes mains sur la rambarde et fixai l’océan moi aussi. Je me détendais, enfin, et me pris à sourire légèrement. Depuis qu’on avait ramené Garin à la maison, je vivais dans une espèce d’état de stress permanent. Alors oui, ok, ça ne faisait pas si longtemps que ça qu’il était là. Mais le stress, ça fatigue. Les révélations qu’il me fit ensuite firent disparaitre ce sourire. Angie ne m’avait jamais parlé de ça. Enfin, si, mais sans entrer dans les détails. Je savais juste que son boulot ne se passait pas très bien, qu’elle voulait le quitter le plus vite possible et que cette opportunité s’était présentée lorsque le patron s’était fait agressé un soir, probablement par des petites frappes qui voulaient lui piquer la caisse. Ça c’était ce qu’elle m’en avait dit. Mais j’étais loin de me douter de ce qu’elle avait subi. Et plus Garin avançait dans son histoire plus ma mâchoire se crispait. Mais la fin de l’histoire me surprit. Je tournai la tête vers Garin, l’air de dire « sérieux ? ». Non, honnêtement, si je n’étais pas encore convaincu de la sincérité de Garin à propos d’Angie, cette fois, c’était bon.

- Angie ne m’a jamais parlé de ça… Il vaudrait mieux, en effet, qu’elle ne sache pas ce que tu as fait. Elle est...Disons, qu’elle n’apprécie pas quand on se mêle de ses affaires, elle préfère les régler toute seule, à sa façon.

Je reportai mon attention sur l’océan encore un peu surpris parce que je venais d’entendre. Bon sang, quelle soirée ! Et elle n’était pas encore terminée.

- Tu vas faire quoi maintenant ? Je veux dire, quand on t’aura créé une nouvelle vie ?
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Angela n’aurait jamais réglé ça seule, ni à sa façon. Elle ne disait déjà rien, aurait-elle dit quelque chose un jour ? J’en doutais. Elle aurait sûrement subi tout ça comme un challenge. Comme quelque chose qu’elle était capable d’accomplir, comme une preuve de force de volonté. Je n’avais pas la même vision des choses. Je ne mettais pas ma force au défi. Je la savais vaine. Je n’étais qu’un survivant, rien d’autre. Je faisais tout pour survivre, pas pour que les autres vivent.

La question de David m’a laissé toutefois songeur. J’avais joué la carte de l’honnêteté avec David, jusqu’à présent mais le plan que j’élaborais aurait-il été le bienvenu ? J’en doute. Aussi, j’ai préféré contourner la réponse. Je ne mentais pas, mais je ne disais pas toute la vérité. David n’était pas non plus mon ami et je ne pense pas qu’il aurait pu comprendre mes choix. D’autant plus en dépit de sa propre soeur. Alors j’ai inspiré profondément et j’ai haussé les sourcils.

« Je m’en irai. J’ai une dernière chose à faire et… Ensuite, je m’en irai. Ce que j’ai vu ici, ce n’est pas mieux que ce que j’ai connu là-bas. J’imagine que ça ne l’est nulle part alors pourquoi persister ? Je suis entré dans cette vie par fierté, pour prouver quelque chose que je n’étais pas, pour ne pas perdre la face devant les autres. Certains se mettent à fumer, d’autres se droguent… J’ai voulu être meilleur qu’un autre. Tout ce qu’il me reste aujourd’hui, c’est… Un paquet de mémoires, délivrées par un pouvoir que certains qualifient de divin, d’autres de démoniaque. Honnêtement, je ne sais pas, moi-même, quoi en penser. Un jour il me tue, l’autre il me sauve. J’ai toujours été ce petit merdeux qu’on aimait montrer du doigt. Celui que les filles aiment bien parce qu’il a le sens de l’humour et que la vie semble plus facile, plus légère. Le mensonge adoucit les blessures, pour la plupart. Je pense que je vais continuer sur cette voie. Elle m’a bien tenu en vie jusque là, je lui dois au moins ça ! »

J’ai tourné la tête vers David pour le dévisager une seconde, jugeant ce qu’il ferait, lui, après.

« Je suis désolé pour Angela. Ce n’est pas juste que j’ai le droit de vivre et pas elle. Mais tu ne peux pas l’enfermer jusqu’à ce qu’elle s’en aille. Tu dois la laisser faire ses propres erreurs. Ce n’est pas en la surprotégeant, quand bien même ça parte d’un bon sentiment, qu’elle pensera que tu l’aimes d’autant plus que si tu ne faisais rien. Finalement… Tu lui rappelles juste qu’un jour elle ne sera plus là. Ne sois pas son gardien dans le couloir. Sois son frère. Emmène-la au ciné, allez au musée, faites une virée en voiture à l'autre bout du pays, jouez au Monopoli le dimanche après-midi, cassez les poteries de la voisine ! Et tout redeviendra normal, j’imagine. Et tu feras la paix avec toi-même. » Et avant qu’il ne se demande d’où je tenais cette idée, j’ai désigné mon visage, même si aujourd’hui il ne portait quasiment plus aucune marque sinon des cisailles fines et brillantes, presque invisibles. « Ca, en revanche, je l’avais senti. Il faut une sacrée colère pour cogner comme tu l’as fait et m’atteindre comme tu l’as réussi. Ceux qui s’y sont essayé avant avaient bien plus mal que moi. » J’ai risqué un sourire, assez léger mais bien présent.
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David Foster
David Foster
Je l’écoutai attentivement, et quelque part, quelque chose en moi approuvait ce qu’il me disait. Enfin… quand il parlait de s’en aller, en tous cas. C’était, à mon sens, la meilleure chose à faire. Plus prudent. Il était connu dans cette ville. Même s’il s’était débrouillé pour se faire le plus discret possible (ce que j’imaginais mais je n’en avais aucune certitude), il risquerait toujours de tomber sur quelqu’un qu’il connaissait de sa vie d’avant.  La ville n’était pas si grande qu’on voulait bien nous le faire croire. Alors, oui, il valait peut-être mieux qu’il parte. Et ce sentiment n’était pas uniquement guidé par mes réflexes de grand frère. Non, c’était plus prudent pour lui.

Je relevai cependant la tête et fronçai les sourcils quand il déclara qu’il allait certainement rester le « même ».

- Tu veux mon avis ?

Quelle question ? J’eus un petit rire ironique et continuai.

- Non, certainement pas, mais je vais te le donner quand même. Range-toi, évite de te retrouver dans des coups foireux comme celui de l’autre soir. Evite les endroits louches, les gens louches. Parce que j’aurais beau te créer une nouvelle identité en béton, tes empreintes resteront les mêmes. Ton visage également. C’est quelque chose qu’on ne pourra pas modifier. A moins d’obtenir l’accès à ton dossier…

C’était une idée à creuser ça, tiens. En tant qu’agent du FBI, je n’avais pas les accréditations nécessaires pour pouvoir consulter le dossier de Garin à la CIA. Mais qui sait, tout système informatique avait ses failles, peut-être qu’un hacker (à condition d’être excellent), réussirais à y accéder pour changer quelques données ? Il faudrait néanmoins être très prudent, et veiller à ce qu’il ne laisse aucune trace. Une idée à creuser, oui…

J’étais en train de réfléchir à ça lorsque Garin se remit à parler. C’était à son tour de me donner des conseils. De bons conseils, je le savais. Je savais aussi que tout ce qu’il me disait rejoignait ce qu’Angie pensait. Mais c’était plus fort que moi, j’étais juste incapable de rester avec elle et de faire comme si de rien n’était. C’était pourtant ce qu’elle faisait, elle. Mais j’avais quelque chose sur la conscience qu’elle n’avait pas. Alors quand il me parla de faire la paix avec moi-même, je secouai la tête et baissai les yeux.

- Ca me semble difficile. Pas avec ce que je lui ai fait, murmurai-je, plus pour moi-même que pour Garin.

Je relevai les yeux vers lui tandis qu’il continuait à parler, mentionnant les coups que je lui avais donnés.

- Faut dire que t’avais réussi à mettre le doigt sur la seule chose capable de m’énerver à ce point. Si ça peut te réconforter, j’ai pas mal douillé moi aussi.

Je sortis ma main de ma poche et la levai à la lumière du lampadaire. Les jointures de mes doigts n’avaient pas fini de cicatriser. Et contrairement à Garin, mon visage n’était pas aussi lisse qu’une peau de bébé. Mon arcade sourcilière gardait le souvenir de sa rencontre avec son front. Elle me faisait encore mal, quand je fronçais les sourcils, ou que j’esquissai un sourire, comme maintenant.

- Bon aller, je te ramène. Angie doit s’inquiéter. Vu comment on s’est séparés tout à l’heure, elle doit avoir peur que l’un de nous deux ne rentre pas entier.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Je n’avais pas besoin de son avis dans la mesure où je ne lui disais déjà pas tout. Il n’avait sûrement pas besoin de savoir. Mais j’ai acquiescé et j’ai souri en baissant la tête. Me ranger n’était même pas hors de question, c’était impossible. C’était quelque chose que je n’imaginais pas. Je serai toujours en fuite, toujours à l’affut, je ne pourrai pas l’éviter. Quant à éviter ce qui est louche… Enfin, vous me connaissez maintenant. Je les attirais comme le miel et les abeilles.

« Tu ne pourras jamais accéder à mon dossier. Et je tiens à ma tête. C’est la dernière chose de vraie qu’il me reste, alors… » J’ai haussé une épaule et j’ai reporté mon attention sur lui. Il y avait donc plus qu’une simple protection de frère à soeur ? Je n’en avais pas, il m’était impossible de comprendre ce genre de choses, mais je commençais à comprendre Angela. Quoi qu’il lui ait fait, elle ne donnait pas l’air de quelqu’un qui s’en formalisait. Mais ça ne me regardait pas. Alors, je n’ai pas relevé. Je me suis contenté de rire. Oui, qu’il se soit fait mal sur mes os m’amusait.

« Tu sais, tu devrais consulter ce que tu sais. Tu as un gros problème à régler avec toi-même. » J’ai continué, j’étais à moitié sérieux. Quant à rentrer, j’étais pour. Un vrai repas - ou presque - nous attendait et j’étais mort de faim. « Ne t’en fais pas, je lui ai promis que tout irait bien. Je suis peut-être jeune et con, mais je suis encore pas totalement stupide. » Je me suis écarté de la rambarde et j’ai remis ma capuche avant de fourrer mes mains dans mes poches. J’ai tourné les talons pour suivre David, sans me défaire de mon léger sourire en coin. Oui, agacer David était sûrement devenu mon sport préféré mais qu’est-ce que j’y pouvais ? « Donc, si je comprends bien, j’écope du canapé, c’est bien ça ? »

J’aurais vendu mon royaume pour retrouver ma caravane et mon lit. Je me serais à nouveau exposé à Yu pour avoir un vrai lit. Mais j’imagine que je ne pouvais avoir que ce qui était à ma disposition. Je n’étais même pas sûr de dormir comme un bébé, d’ailleurs. Quoique mon pouvoir semblait avoir été modifié. Je me demandais si j’allais encore rêver de Garin, d’un autre ou… Simplement dormir sans me réveiller en me demandant en quelle année on est, d’où je viens et comment je m’appelle au présent.

« Pourquoi vos parents s’occupent pas un peu d’elle, aussi ? »

Une question sortie de nulle part que je me suis surpris à poser moi-même.

[Ca te dirait de poursuivre sur un David/Sunny ?]
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David Foster
David Foster
Je ne relevai pas quand il affirma que je ne pourrai pas accéder à son dossier. J’avais une idée derrière la tête maintenant, et j’avais tout de même envie d’essayer, de voir si c’était possible. Je me doutais que ça serait compliqué, mais à moins de réussir à mettre la main sur un hacker hyper doué, ce n’était peut-être pas totalement impossible. Et à la réflexion, un cyberpathe, c’était certainement plus sûr qu’un hacker. Les cyberpathes étaient plus difficiles à pister…

Je relevai les yeux vers lui quand il me parla d’aller consulter. Un gros problème ? Il ne croyait pas si bien dire. Mais je n’étais pas certain d’avoir envie d’en parler. Comprenez moi, je ne suis pas le genre de gars qui expose sa vie devant quelqu’un d’autre. Il y avait un certain nombre de choses dont je n’avais même pas parlé avec Angie et elle était pourtant la personne qui comptait le plus pour moi, celle dont j’étais le plus proche. Mais je ne lui en parlais pas, j’avais peur de sa réaction. Je n’en parlais à personne. J’essayais de réparer mes erreurs en faisant  du mieux que je pouvais, quand bien même certains de mes actes continuaient à me hanter et me hanteraient probablement toujours. Mon regard se perdit dans le vide et je restais silencieux. Je commençais à me dire que Garin avait raison, mais étais-je vraiment prêt à le faire ? Peut-être, mais il me faudrait certainement du temps, et beaucoup de patience de la part de celui que je consulterai, pour réussir à me livrer vraiment.

Je me détachai de la rambarde et commençai à marcher en direction de ma voiture. J’entendais les pas de Garin derrière moi et je ralentis un peu pour le laisser me rattraper.

- C’est bien du Angie ça, elle m’a soutiré la même promesse ce matin.

Je lui jetai un regard en coin et vit qu’il avait de nouveau rabattu sa capuche sur son visage. C’était plus prudent ainsi.

- Tu sais, je crois que tu te trompes. Elle aiderait n’importe qui, c’est certain. Mais elle n’aurait jamais donné ces vêtements au premier venu. Elle les gardait dans son placard depuis plus de 2 ans, comme des reliques, incapable de s’en séparer. Elle doit quand même tenir un peu à toi pour faire ça.

Sa question me fit hausser les épaules.

- Je doute qu’Angie te laisse faire… S’il ne tenait qu’à elle, elle te laisserait sa chambre de tout cœur. Mais elle a besoin de repos. Tu prendras la mienne.

Je tournai la tête vers Garin et levai les mains comme pour le faire taire, avant même qu’il n’ait commencé à parler.

- Et ce n’est pas discutable. De nous trois, je suis censé être le plus en forme et Angie m’en voudrait si je ne le faisais pas. Et elle est assez effrayante quand elle se met en colère. Crois-moi, tu ne voudrais pas voir ça.

Je me mis à rire tandis que mon esprit me mettait une Angie furax devant les yeux. Elle n’était pas si terrible que ça en fait. Mais elle avait cette attitude qu’elle n’avait qu’avec moi (je le savais parce que je l’avais déjà vu faire) et qui était parfaitement calquée sur celle de mon père : froide, le regard dur et le ton cassant, à la limite de l’indifférence (ce qui était, pour moi, pire que la colère explosive). Et elle me donnait du « David Foster Junior ». Je n’avais jamais réussi à tenir tête à mon père et je soupçonnais Angie de le copier parce qu’elle savait que c’était le seul moyen de me faire plier.

D’ailleurs, en parlant de mon père…

- Ils ne vivent plus à Mégalopolis. Mon père s’est vu offrir un post qu’il ne pouvait pas refuser à l’autre bout du pays. Ils ne voulaient pas partir et la laisser seule alors je suis revenu pour prendre le relai. Mais ils reviennent dès qu'ils ont des vacances et téléphonent régulièrement.

J’avais garé ma voiture à la sortie du parc. Mine de rien, quand on discute en marchant, on parcourt une certaine distance s’en forcément s’en rendre compte. Nous y étions maintenant. Je débarrai les portières et invitai Garin à prendre place.


[J’y pensais, mais je n’osais pas te le proposer tout de suite parce que je me disais que t’avais déjà beaucoup de RP en cours… :redface:]
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
« Je ne veux pas te vexer, mais… je préfère le canapé. » La chambre était à l’étage, si j’avais besoin de fuir, ou de sortir, il me faudrait passer par lui ou réveiller tout le monde. « Question de pratique. Je ne dors pas beaucoup. Elle ne peut pas t’en vouloir si c’est moi qui aie décidé. » De plus, je me voyais mal dans la chambre d’un autre gars ! C’était bizarre, non ?

L’histoire de leurs parents m’a rappelé les miens, mais j’ai jugé en avoir déjà suffisamment dit à David pour ne pas avoir besoin d’en dévoiler plus sur ma propre vie. Je n’étais pas beaucoup du genre à trop m’étendre. J’aimais bien quand les gens se faisaient leur propre idée. Ainsi, je pouvais plus facilement leur dire qu’ils se trompaient. Oui, je sais, ce n’est pas très honnête. Je n’avais pas relevé sa remarque sur les vêtements que je portais. Je leur avait juste donné un regard intrigué. J’avais cru comprendre, en effet que ce… « Peter » était spécial. Mais j’avais choisi de ne pas relever la première fois, ce n’était pas pour poser mes questions à David. Et puis, je n’avais pas tellement envie de savoir.

Je me suis installé dans la voiture, sans baisser ma capuche tant que nous ne serions pas suffisamment éloigné du centre. Vous savez, porter les fringues d’un gars supposé mort, ce n’était pas ce que je qualifiais d’idéal. Non, à l’inverse, j’avais plutôt envie de m’en débarrasser. Pourquoi avoir gardé ce genre de choses ? Je ne comprenais pas mais je n’étais pas celui qui poserait la question. La mort faisait déjà suffisamment partie de ma vie, j’avais encore le droit de choisir de l’éviter.

J’ai regardé par la fenêtre pendant que David démarrait. Angie devrait me voir quand je me mettais en colère. C’était assez rare, d’ailleurs. Beaucoup pensaient que si j’élevais la voix, c’était que je m’énervais mais ce n’était pas forcément vrai, David en était la preuve. Eve m’avait vu en colère et avait étonnée parce que justement, je n’avais rien dit ni prononcé un seul mot. Je crois que j’ai eu peur de la frapper, ce jour-là alors j’ai préféré me taire. Et songer que Angela puisse tenir à moi me collait la trouille, ça ne faisait que renforcer ma culpabilité. Mais encore une fois, avais-je véritablement le choix ?

[Disons que vu ta vitesse de réponse, je préfère n’en avoir qu’un à la fois avec toi lol Zici ]
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[CLOS] [Angela/Garin/David] Turning Point 2
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