Les jours passaient et se ressemblaient. Sam n'avait toujours aucun souvenir, et l'ennui la gagnait plus encore. Entre les entrainements, les tentatives ratées de Maddi pour trouver un pouvoir, ce qu'elle n'avait certainement pas, pourquoi s'acharner sur elle ainsi. Bref, Sami était toujours dans ce flou, ce trou noir, le néant.

Elle eut alors une idée, plutôt que de rester à moisir ici, sans comprendre le monde extérieur et même celui dans lequel elle déambulait... Evidemment, Reese n'était pas chaud, mais pas du tout à sa requête. Sam voulait avoir accès aux ordinateurs et surfer comme bon lui semblait sur la toile, il était frileux.
Entre les informations, les faits divers de mégalopolis et le reste du monde, peut être qu'un mot, un nom lui réveillerait des souvenirs. Même cette excuse valable ne l'avait pas charmé. Elle devait encore gagner sa confiance. Soit. Il ne voulait pas lui autoriser l'accès, elle le prendrait elle même, à sa façon.

Elle savait où aller pleurer. C'était moche, mais son protecteur ne lui refusait rien, c'était même trop facile pour Sami d'user de son minois pour manipuler le jeune  blondinet.  Mais il était gentil, adorable avec elle et mignon ce que ne gâchait pas le plaisir des yeux finalement, elle l'appréciait vraiment.
C'est sans difficulté qu'elle put avoir accès aux mots de pass de Skandar qui s'était fait une joie de faire retrouver le sourire à sa petite protégée.

Et c'est ainsi qu'elle se retrouva là où Reese ne voulait absolument pas la voir. Devant un écran, à l'extérieur virtuellement.
Toutes les infos s'offraient à elle, et c'est avec un amusement certain qu'elle chanta l'avatar et le pseudo de ce pauvre Skandar sur OYO Chat.C'était puérile mais tellement drôle.
Samiha riait maintenant seule dans son coin, en lui collant une jolie petite chatte au noeud rose et l'affubler du nom de PussiDoll.
Cela fait, un doigt dans la bouche, elle parcourait les dernières nouvelles politique de la ville, rien de passionnant en somme.

Archi devait se connecter pour vivre. C’était son gagne-pain. Et entre les différents endroits où son esprit s’égarait, il passait toujours très rapidement sur les tchat en ligne, vérifiant si il n’y avait pas une ou deux informations à glaner sur des prétendus tchateurs innocents, tout du moins en apparence.
Effleurant rapidement le réseau Oyo, le cyberpathe fut surpris d’une information étrange. Un certain Pussidoll à l’avatar plus que…. Rose dirons-nous, était connecté via une ip que Archi avait déjà tenté de pénétrer plus d’une fois.
Il avait même déjà fuit leur intelligence artificielle et un de leurs hacker en tentant de s’infiltrer dans leur réseau. Il n’aimait pas quand certaines choses lui échappaient en ligne, et cette zone était son El Dorado à lui.
Il tourna quelque temps autour de l’ip en question, vérifiant si la porte d’entrée qu’on lui offrait n’était pas un piège pour le chopper. Il finit par tenter. Après tout il suffisait qu’il sorte de sa transe en inondant le réseau de traces factices. Mais pour ça il fallait que sa proie reste connecté, il fallait donc qu’il…. Lui parle.
Trouver un pseudo et un avatar… Il décida qu’une pomme ferait une belle image, et comme pseudo
« Big_Bad_Wolf ». Voilà qui ferait l’affaire.

- Vous savez qu’il est dangereux de se connecter comme ça sur un réseau rempli de pervers aux pulsions incontrôlables Pussidoll ?

Petit un se connecter à la caméra de la tablette. Tout était si facile quand on lui laissait la possibilité de pénétrer. Celle qu’il avait en face de lui était plutôt mignonne, et ses yeux étaient absolument… Fascinants. Malgré l’avatar plus que douteux qu’elle avait choisi. Bon maintenant briser la glace. Il savait où elle était, il connaissait le lieu de nom tout du moins, mais il en voulait plus.

-Salut, vous vivez toujours chez vos mutants ?

Plongée dans les derniers discours d'un certain Richard qui lui avait fait lever les sourcils tous les deux mots, Sam fut surprise par cette fenêtre de Tchat qui clignotait de partout, par ce qu'un certain Big_Bad_Wolf venait se taper la causette. Etait-ce un ami de Skandar ? Visiblement non.

Elle cliqua sur la fenêtre en question pour ouvrir le dialogue, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit son visage et celui de l'inconnu... Elle ne se rappelait pas d'avoir mis la caméra en marche. Elle fronça les sourcils, pas vraiment ravie.

Je crois que vous faites plutôt parti des voyeurs. Et ne vous en faites pas pour nos mutants, la bergerie est bien gardée.

Un petit sourire en coin, le yeux rivés sur la caméra, elle fit un petit coucou de la main avant de la couper.

C'est très impoli ce que vous faites !

Elle retourna à ses petites affaires, délaissant le "vilain Wolf" chasser ailleurs.

Bon visiblement l’entrée en matière avait été laborieuse. Mais il restait connecté c’était le principale. Et pendant qu’il balançait des données dans tous les sens sur le réseau interne de l’underground pour ne SURTOUT pas qu’on retrouve d’où il était entré, il continua sa discussion.

- Voyeur ? Non, disons que j’aime savoir à qui je m’adresse. Tu aurais préféré que je commence par un « kikoolool asv stp lol ? » ou le fameux « eske t bonne ? »

Il fallait reprendre la main, si elle décidait de partir maintenant il se retrouvait au point de départ, sans possibilité d’atteindre leur réseau qui le narguait depuis si longtemps.

- Mais désolé, je reprends. Je suis « grand méchant loup » ou Archi pour te servir.  

Au moins, avec ce qu'il lui écrivait, il avait réussi à lui faire sortir un rire. Mais il n'avait pas l'air de vouloir lâcher le morceau. C'était étrange mais tellement distrayant, ça lui changeait de ce trou de l'underground et de la mollesse de Reese.

Je n'aurai même pas pris la peine de répondre et tu as eu toutes tes réponses en image je crois.

Sa première envie avait été d'arrêter cette conversation, mais au final, cela lui donnait l'impression d'être en vie.

Alors ça sera Archi, je n'ai jamais été fan des grosses bêtes à poils. Le petit chaperon rouge est parti, tu l'as loupé de peu.

Elle n'allait pas lui donner un prénom, elle ne savait déjà pas quel était vraiment le sien, il devra se contenter de son pseudo.

Bien, il avait rattrapé légèrement le coup. Il fallait juste qu’il arrive à la garder en ligne pour faire son job. Et puis elle avait de la répartie, et ca… Bha ça plaisait au Hacker.

-Bien, donc ce sera Archi, mais crois-moi pour une bête à poil je suis plutôt gentil en général. Et puis j’ai le poil soyeux aussi !

Oui il était plutôt gentil, même si là tout de suite il était en train de forcer les pare-feu du système interne de l’undeground comme un gros porc. C’était comme utiliser un marteau piqueur pour ouvrir une coquille de noix.

-Mais dis-moi, si le petit chaperon rouge est sorti, pourquoi une femme aussi ravissante que toi se retrouve bloquée ici à tchatter avec des inconnus ? Me dis pas que personne ne t’a invité à sortir, je n’y croirai pas !

Pour les nouvelles du jour, elle repasserait, il ne lui lâchait plus la grappe. De toute façon, elle n'avait que ça à faire. Ils n'avaient qu'à l'occuper ou lui laisser le plaisir de sortir prendre l'air.

Je crois que je ne préfère pas savoir... Que tu ais la poil soyeux, brillant ou qui sent le chien mouillé ne m'intéresse pas.

Cela ne l'intéressait pas mais elle le gardait toujours en ligne, à croire que dans le fond, ça lui plaisait bien quand même. Et que risquait-elle à rentrer dans son jeu ? Rien, même s'il avait vu à quoi elle ressemblait. Ne sortant pas, il n'allait pas venir la chercher, et surtout pas ici.

Ma marâtre a toujours dit de me méfier du grand méchant loup mais aussi "s'il te fait les yeux doux ma fille, tu t'enfuis !". Alors non, je ne sors pas. Je n'ai pas le droit.

Comparer Reese à une belle mère tyrannique, check !

De ce qu’il en avait vu elle n’avait plus l’âge de recevoir des ordres. Mais les gens qui vivaient cachés avaient une fâcheuse tendance à avoir peur de tout. Alors que pour être discret la meilleure solution était d’être visible.

- Ha donc je note que tu trouves que j’ai « des yeux doux ». Je vais prendre ça pour un compliment.

Il était toujours compliqué de passer certaines défenses de l’Underground, il sentait bien que l’intelligence artificielle du coin avait perçu son intrusion.

- Mais j’ai toujours l’impression que tu me prends pour un pervers. Alors qu’au fond j’ai juste pensé que tu t’ennuyais à regarder des données sur la politique, et que tu cherchais un peu plus.

Là il en disait peut être un peu trop sur ce à quoi il avait accès, mais il fallait qu’il l’intéresse, qu’elle reste accrochée à cette conversation.

Je n'ai pas détaillé l'animal, j'espère que tu ne m'en voudras pas.

Mentir derrière une machine c'était si simple. Il était plutôt beau gosse, mais ça, elle se garderait de le lui dire. Ce n'était pas comme ça qu'elle allait avancer dans ses recherches...

En plus de mater tu surveilles les faits et gestes des autres ? Tu es un vrai psychopathe finalement... Ne cherche pas à me piller, je n'ai pas un rond. Tu ne perdras pas ton temps pour rien.

Elle s'étira en se frottant les yeux, c'est que son activité lui demandait beaucoup d'énergie, elle aurait bien quémandé un café au premier débile qui passerait devant elle. Sauf que là évidement, c'était désespérément vide.

Et à part harceler les jeunes femmes sur le net, tu fais quoi ?

Elle tapa "disparitions" dans le moteur de recherche. Peut être y trouverait-elle sa tête. Elle ne doutait pas qu'Elvis ou Maddi s'en étaient chargés déjà, elle tenta malgré tout.

C’est qu’elle arriverait presque à le vexer. Psychopate ? Franchement il avait une tronche de Psycho ?

- Je ne harcèle pas, j’ai juste pensé que tu serais contente d’avoir une personne à qui parler. Mais si ce n’est pas le cas je peux aussi partir.

Quant à ce qu’il faisait, il préférait éviter de répondre. C’est pas que mais ça n’aiderait certainement pas à la rassurer.

- Et puis je ne surveille pas, je ne trie pas les données que tu envoies moi, je ne fais que les recevoir. Tu as des pensées, un esprit, moi j’ai le réseau. Je suis le réseau. D’ailleurs tu cherches un disparu précis, ou c’est juste un passe-temps ?

Oui, il était le réseau. Et surtout à cet instant où il surveillait son accès à l’underground comme le Cerbère surveillait le Styx, rien de ce qui sortait ou n’entrait ne pouvait lui échapper.

Alors c'était un de ces cyber mutant. Elle en avait entendu parler Maddi quand elle cherchait son pouvoir, mais elle n'était pas entrée dans les détails. Elle en avait un sou la main, autant lui soutirer les informations.

J'avoue que de papoter un peu n'est pas désagréable, cela change. Et sinon, cela doit être bien pratique, tu n'as pas besoin de clavier pour taper ? Tu fais ça simplement par la pensée ?

Samiha passerait pour la plus ignorante de la terre, mais dans le fond, c'est ce qu'elle était finalement.

Je ne cherche personne... Je m'informe, tant de gamins disparaissent.

Brouiller les pistes, c'est ce qu'il fallait faire. Et il l'aurait prise pour une folle si elle lui avait répondu qu'elle se cherchait elle même.

Il sentait leur intelligence artificielle qui forçait sur ses défenses, mais jusqu’à présent elle n’avait toujours pas trouvé sa position.
Les leurres balancés en bordel sur le réseau, et les 30 tera de spam porno qu’il avait envoyé inondées assez les serveurs pour lui laisser encore un peu de répit. Il ne restait que peu de pare-feu à passer avant de trouver les dossiers intéressants, il savait qu’il pouvait y arriver.

- Oui c’est… Pratique. Le corps humain n’est finalement rien de plus qu’une interface pour notre réseau de pensée. Je ne fais que fusionner mon réseau neuronal avec celui d’internet ce qui s’avère bien pratique. Surtout lorsque il s’agit de trouver des données et des infos

Il ne comprenait pas très bien l’attrait de la jeune femme pour les gens disparues mais soit… Il allait faire comme si il la croyait.

-Etrange préoccupation que de s’occuper de disparition de gamins pour une jeune femme comme toi. Tu n’as vraiment rien de plus intéressant à faire ? Belle comme tu es cela m’étonne vraiment.

Ca ne faisait pas de mal de dire un peu de vérité quand même ?

Et  qu'est ce qui t'intéresse comme informations ? Mais ça doit être vraiment très pratique si tu veux mettre le bordel quelque part non ?

Et l'idée de faire peur à tout l'underground était follement tentant. Elle imaginait bien leur tête , surtout celle d'Elvis si elle était capable de déclencher des systèmes d'alarme, couper les lumières pendant que Reese était au petit coin.
Tout comme le fait d'avoir changé l'avatar et le pseudo de Skandar, elle s'amusait de cela comme une petite folle.

Ce que je m'amuserai à faire flipper mon Boss avec tes capacités ! Et non, comme je t'ai dit, je n'ai rien d'autre à faire.

Et qu'est ce qu'elle ne donnerait pas pour pouvoir s'amuser un peu, elle était tentait là, de lui demander de balancer une petite frayeur à ses potes de l'underground.

Si seulement elle savait qu’il était déjà en train de mettre un bordel monstrueux dans le réseau de l’Underground. Il y avait même de fortes chances qu’à l’heure actuelle ses chefs soient en train de suer tout ce qu’ils avaient encore de liquide dans le corps.

- La plupart du temps je cherche tout ce qu’on me demande de chercher. Sinon je tente toujours de rééquilibrer les chances. Donner à ceux qui n’ont rien, c’est un peu comme une partie d’échec géante. Tu as déjà joué aux échecs ?

Oui c’était ça, une partie d’échec, et à l’heure qu’il était, il pouvait quasiment mettre tout l’underground en échec et mat. Il ne voulait pas les infos pour les vendre, il les voulait car elles lui résistaient, et c’était encore plus grisant comme moteur.

-Tu veux que je te montre ?

Sur l’écran de Sami il fit apparaître des dizaines de photos de lui, souvent avec une grimace des plus ridicules, avant d’éteindre et de rallumer son écran 3 fois en rythme avec la lumière de sa chambre. Il savait qu’en faisant ça il prenait des risque, il devenait plus facile à retrouver, mais il voulait lui faire plaisir, la faire sourire un peu.

-Tout est possible si c’est connecté !

Si elle avait joué aux échecs, elle ne s'en souvenait plus. Autant dire qu'elle ne savait pas jouer mais elle comprenait à tâtons ce qu'il lui expliquait. et la suite était vraiment hilarante.
Les photos plus ridicules les unes que les autres, l'écran qui se met à clignoter tout comme les lumières qui l'entouraient.

Tu es donc capable de faire ça à plus grande échelle ? Je veux dire, faire ça dans une pièce d'accord, mais dans tout un bâtiment, toute une ville ? Tu en serais capable ?

Elle était comme une gosse devant un magicien qui venait de faire sortir le lapin de son chapeau.

Tu pourrais me faire un parcours fléché jusqu'à la sortie ? Si tu me fais ça, on pourra aller manger un  morceau ensemble !

Par ce que manger ailleurs qu'ici, ça devait être quand même vachement plus agréable. Et elle rentrerait ensuite, peut être.

Capable, il n’avait jamais essayé en fait, mais théoriquement en prenant simplement en compte l’interconnexion des éléments, oui il pouvait s’introduire partout. Maintenant….

- Heu… Oui je peux faire ça à une plus grande échelle, je me mets juste plus en danger. Plus j’agis sur un environnement plus les protocoles de défense et les humains qui les contrôlent sont capables de me trouver.

Il était tiraillé, tellement qu’il en abandonna un instant son attaque sur les sécurités du complexe. Depuis quand l’Underground gardait des gens emprisonnés ? Il n’avait jamais entendu dire que c’était dans leurs habitudes.
Il visualisait l’endroit, difficilement, mais il pensait bien être capable de la guider. Mais le voulait-il ?
Si il le faisait, il devrait laisser tomber sa recherche, et il y avait encore beaucoup à découvrir, et surtout, l’Underground serait capable de remonter sa trace.
Si il l’abandonnait là… Après tout c’est elle qui l’avait aidé. Son choix il devait le prendre maintenant. Ils n’auraient pas de seconde chance, après aujourd’hui les dirigeants de l’Underground ne le laisseraient pas revenir.

Dans un clique la porte de la pièce se débloqua.

- Tu as 10 secondes pour sortir de cette salle. Prends la tablette avec toi. Si on reste trop longtemps au même endroit ils repéreront le signal que je transmets, et te retrouveront, je ne peux pas te guider à plus de 10m, le chemin se dessinera au fur et à mesure. Tu es sure de toi ?

Elle entendit le petit clic de la porte et tourna vivement le visage sur celle-ci. Un peu qu'elle était sûr, et elle prit simplement une sorte de petite veste plutôt discrète qui trainait sur la chaise et qu'elle enfila en marche, qui n'attirait pas l'oeil et qui passerait pour une petite nana juste un peu frileuse et non pour une prisonnière qui se faisait la malle pour quelques heures, ou plus.

OK !

Pas de temps à perdre dans de longues phrases, la tablette dans les bras comme un document, en jetant régulièrement un coup d'oeil dessus pour lire les instructions d'Archi. Elle n'en revenait pas, pourquoi faisait-il cela ? Prendre autant de risques ? Si cela fonctionnait, il aurait le droit un à câlin gratuit !

Samiha avança tranquillement mais suffisamment rapidement pour que son guide puisse lui montrer la voie, sans se faire choper au tournant et ça... C'était loin d'être gagné... Et attendre la nuit pour partir... Pas question ! se mêler dans la meute en ébullition était plus facile que de filer sous les yeux de ceux chargeaient des rondes. Il fallait tenter le tout pour le tout. Si elle échouait, elle allait certainement devoir compter ses abatis...

Pourquoi l’aidait-il déjà ? Ce n’était pas dans son intérêt, les cybers de l’Underground pourraient facilement remonter sa trace. Peut-être le complexe du chevalier en armure secourant la demoiselle en détresse. Il balança rapidement de nouveaux leurres sur le réseau, et prit le contrôle du micro et des enceintes de la tablette. Ce serait plus facile de balancer les infos oralement qu’à l’écrit.

- Au bout du couloir tu prends à droite, la lumière s’allumera, les autres couloirs seront éteints. Et bouge-toi sinon on va avoir des problèmes.

Cela lui demandait beaucoup de concentration, il était entré, mais l’intelligence artificielle, et leur Cyber était du genre balaise, et il savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’on lui coupe les vivre. Alors dans un coin de la base de donnée de l’Underground il appliqua sa signature « Ici est entré Le Comédien ». Il n’aurait peut-être pas le temps de le faire avant de se faire mettre dehors.

-Et sinon tu veux manger quoi une fois dehors que je commande tout ca ?

Il fallait qu’elle reste calme, qu’elle pense à autre chose, et lui aussi.

Le membre 'Butterfly Effect' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Quitte ou double' :

Sami accéléra le pas, étrangement, cela lui parut facile d'être en apparence calme alors qu'elle tentait de prendre la fuite, tout ça naturellement, comme si elle avait fait semblant toute sa vie. Souriante, elle espérait que cela fonctionnerait, ça devait fonctionner bon sang ! elle vira à droite comme indiqué par Archi, et comme prévu, la lumière s'alluma.

Si tu pouvais baisser le volume, tu n'es pas vraiment discret là... Dit-elle d'un ton presque amusé.

Elle n'avait pas encore quitté le premier couloir qu'il pensait déjà au menu. Il était drôle vraiment. D'ailleurs, que voulait-elle manger ? Ce n'était qu'un détail, elle avait envie de tout et de rien. Pizza, Kebab, salade ou un bon steak... Peu importait finalement.

C'est un peu tôt pour penser au menu, mais je te laisse me faire la surprise, mais en terrasse, et une glace !

Il pouvait bien pleuvoir, un ouragan ou autre intempérie, elle mangerait à l'extérieur, à l'air libre et sans dessert, ça ne comptait pas !

Et maintenant ?

En terrasse? Bon alors trouver un restaurant. Et voilà le Archi parti à réserver une table en ligne. Sauf qu'il eu quelques minutes d'inattention, il sentit que quelque chose changeait, mais rien ne semblait s'être réellement passé. Surement une fausse impression.

-Prends à gauche à la prochaine intersection, et attention à la porte de droite, il y aura surement des hommes à l'intérieur.

Tenta-t-il de susurrer le plus doucement possible. Bha quoi elle avait dit plus doucement?

-Bon je veux bien tenter de trouver de la glace, mais j'aimerai avoir une idée de ce que tu aimes comme parfum. Je peux pas tout deviner tout seul tu sais?

Elle se demandait combien de portes et de couloirs elle allait pénétrer. Mais c'est qu'il serait presque agréable à écouter quand il murmurait, mais elle dut tendre l'oreille.
Samiha avança jusqu'à l'intersection et prit la porte de gauche sans réfléchir.

Chocolat ou vanille, je crois...

Après était-ce les parfums qu'elle préférait, elle n'aurait pas parié sa vie la dessus. S'il savait combien s'était difficile poubelle aussi de faire un tel choix, surtout en tentant d'échapper aux Hommes de l'underground.

- Dis-moi le mutant, tu fais parti de ceux en cavale ?

Rien de méprisant dans la voix de la jeune femme, simple curiosité, il fallait bien passer le temps comme on pouvait.

C'était la première fois qu'Archi servait de GPS. Il avait déjà donné des indications sur la route à des gens croisés dans la rue mais... Jamais au grand jamais il ne s'était senti aussi proche d'être un engin.

- A la prochaine intersection continuez tout droit.

Machinalement il avait pris le ton d'un de ces engins, il rigolait tout seul sur son réseau, perdu. Mais il n'était pas dupe il savait que leur cyber était à ses trousses et cela commençait à le démanger.

-Vanille ou Chocolat je note. Mais tu veux dire quoi par "ceux" en cavale? Je suis pas en cavale moi, je suis libre comme l'air. Peut être un peu trop.

Samiha eut un rire franc à l'imitation du GPS et se mit à courir tout droit.

- Je te rassure, c'est plus agréable d'être guidé par toi. C'est encore loin?

Qu'elle se préapre à courir durant de longues minutes si c'est cela...

- Je voulais dire,  ta liberté, tu l'as prise ?

Elle n'avait pas encore tout assimilé entre les positifs, les candidats, les négatifs et tout le reste... Se demandant depuis ce qu'elle était, et elle n'était pas la seule ici à se poser la question.

- Et maintenant?...

- Dans un sens oui. J’aurai du faire ce qu’on attendait de moi, j’ai refusé et je me suis enfui. Donc oui on peut dire que je l’ai prise. Ce qui est étrange c’est que j’ai dû la prendre à ma famille. Mais toi pourquoi tu cherches à t’enfuir ?

Sa réflexion le laissait légèrement songeur. Oui il s’était enfui, il avait repris les rênes de sa vie, loin de ce que les gens attendaient de lui. Mais finalement qu’en avait-il fait pour l’instant ? Ha oui aider une jeune femme dans la tourmente, c’était déjà pas mal.

- Maintenant tu attends 30 secondes et tu files sur la droite. Une patrouille est en train de passer à l’intersection suivante, ils ne te verront pas si tu restes là. Fais attention après c’est une longue ligne droite, et je ne vois pas encore si il y a des endroits où te cacher au cas où.

Elle n'ajouta rien, il été en fuite lui aussi. Mais Sam ne l'était pas en réalité, elle ne voulait pas les quitter, elle n'avait aucun endroit où aller de toute façon, et dormir dans la rue, c'était une très mauvaise idée. Elle rêvait juste à un moment de liberté, c'était totalement différent non ?

- Je ne fuis pas, je ne suis pas prisonnière... Disons que je suis... hmmmm, égarée ? C'est ça je suis égarée.

Egarée dans la vie, dans sa tête, ces derniers jours avaient été éprouvant. Se sentir libre d'aller où elle voulait lui donnerait la force de continuer sans devenir complètement folle. Contre le mur, elle resta silencieuse les 30 secondes recommandées par Archi, son chevaleresque GPS.
Une fois ce temps écoulé, elle s'engouffra dans cette longue ligne droite, presque au pas de course.

Tu vois quelque chose maintenant ?

Pourtant elle avait furieusement l'air de vouloir fuir, pour une simple égarée. Mais visiblement le sujet ne lui plaisait pas, et le GPS d'un jour ne releva pas plus.

-Egarée hein? Alors laissait votre GPS faire le travail mademoiselle PussiDoll, je m'occupe de vous aider à retrouver votre chemin.

Et le chemin justement il avait un drôle de doute. Quelque chose avait changé quand il s'était légèrement égaré, mais il n'arrivait pas à savoir quoi. Il se souvenait du plan, et l'image avait changé.

- Tu peux y aller la patrouille est passée, au bout de la ligne droite tu prends à gauche.. Non à droite! Prends à droite!

Droite? Quelque chose n'allait pas, il s'en rendait compte... Mais quoi??? Il était incapable de comprendre pourquoi mais tout cela ne sentait pas bon.

Les pieds sur le bureau, je lisais un magasine à côté d'Elvis lorsque celui-ci a été averti par Evan d'une effraction dans le système des plus... étrange. En temps normal, lorsqu'un hacker essayait de nous attaquer, il était virulent, agressif et déterminé. Celui-ci ne restait qu'en surface et c'est bien pour cette raison qu'Evan ne l'a pas tout de suite identifié. Et le fait qu'il ne tente pas de s'acharner sur notre système mais contente de s'y balader ne permettait pas non plus de l'identifier. Tout ce qu'Elvis pouvait en sortir, c'était que le tablette de Skandar se baladait dans les couloirs. Ce qui m'a mis la puce à l'oreille. Evan ne pouvait intervenir à proprement parler car il ne s'agissait pas d'une agression réelle sur nos servers et notre machinerie. Juste... D'une infiltration. Evan le reconnaissait pourtant, il avait déjà tenté de les percer mais jusque là, elle avait toujours réussi à bloquer les accès et Elvis n'avait pu que renforcer la sécurité. Elvis a eu comme un temps d'arrêt en constatant que "celui qui ne laissait pas de trace" se contentait de... chatter. Et à la vue de l'écran et ce qui s'affichait, j'ai soupiré. Bien sûr que cette petite peste faisait encore des siennes et cette fois, elle jouait même avec la sûreté de tout l'Underground. Si Reese l'apprenait, il y avait fort à parier qu'il ne se demande plus s'il fallait la garder ou la rejeter dans la rue. Aussi, j'ai dit à Evan et Elvis de garder le secret. Combien de temps réussiraient-ils à ne pas le divulguer, je n'en avais aucune idée. Quand la tablette s'est rapprochée après avoir quelque peu tourné en rond, je l'ai attendue.

Les bras croisés, je n'ai pas fait un bruit, les yeux bas. J'ai juste entendu "Non, à droite, prends à droite !" et elle était là, sur mes pieds, sous mon regard noir et sévère. Ce n'était pas parce que je savais à présent qui elle était et d'où elle venait que cela m'adoucissait. Si Abel me pensait douce, ce n'était sûrement pas avec les empêcheuses de tourner en rond comme elle.

– Je crois que le mot que tu cherches c'est... "Oups."

Archi avait maintenant une voix plutôt hésitante sur la voie à prendre. Tout droit, gauche et maintenant la droite ! Cela sentait vraiment mauvais. Mais elle suivit sans hésiter de son côté, elle n'avait plus le choix.
Sortir d'ici était retrouver une pseudo liberté.

- Je ne te sens pas si suuuu....rdetoibonjourmaddison !

Non ce n'était pas "oups" même si en arrivant face à face, devant cette moitié de mec elle aurait plutôt opté pour un juron en matière fécale. Voilà, retour à la case départ, et cette fois elle allait manger chère. Si Reese était plutôt ourson en peluche aux yeux de Sami, celle là était plutôt coriace comme nana. Une femme de caractère et forte, en apparence. Tranquillement Samiha pencha la tête sur la tablette en pinçant les lèvres et haussant les épaules pour Archi.

- Je suis désolée, mais on remettra la pizza à une prochaine fois, à moins que...

Elle fit signe à l'écran qui ne tarderait pas à s'éteindre. Sam releva les yeux sur une Maddison qui allait sans aucun doute lui en mettre une bonne, verbalement et même physiquement. Elle en soupira d'avance.

- Tu vas bien, ça te dit d'aller manger un morceau dehors ?

Avec un sourire à en faire perdre patience même le plus calme et tolèrent de la terre...

Celle-là il ne l’avait pas vu venir. Les images des caméras de sécurité lui avaient présenté un couloir vide ! A moins que… Contourner le protocole, passer par la backdoor qu'il s'était laissé un peu plus tôt, revenir sur ses pas, rouvrir le canal et….. Et oui elle était bien là. On lui avait balancé des images en leurre et il ne les avait pas vus. Foutre dieu leur IA était bien plus perfectionnée que tout ce qu’il avait pu voir, jusqu’à présent.

- Je suis désolé. Vraiment.

Lâcha-t-il dans un soupir. Comment avait-il pu se faire avoir ainsi. Franchement c’était digne d’un hacker à la petite semelle Archi et vraiment pathétique. Il aurait du d’ailleurs se déconnecter immédiatement, couper toutes les traces quand l’écran de la tablette s’était éteint mais… Il l’avait foutu dans la merde, et il ne pouvait pas la laisser comme ça. Prendre le contrôle des haut-parleurs du couloir, balancer quelques spams de plus, attaque DOS pour couper leur accés serveur et ne pas lui couper la chique surtout. Rien à carrer maintenant qu’ils le retrouvent. Sa voix résonna entre les murs qui encadraient les deux femmes.

-Madame, je vous préviens immédiatement que je vois tout ce qui se passe. Et si jamais vous usez de violence sur cette jeune femme, la terre entière le verra aussi.

Non il ne pouvait pas la laisser. Même si fondamentalement il se doutait bien que leur cyberpathe finirait par le trouver... Finalement il aurait même aimé parler avec leur IA et son créateur... Il n'avait jamais au grand jamais, rencontré de personne aussi en symbiose avec le réseau auparavant.

Mais je n'ai rien dit. Je l'ai fixée. De lonnnngues secondes sans rien dire. Les bras croisés, les lèvres pincées, je ne savais juste plus quoi faire ni quoi dire. Je ne voyais rien en elle de similaire, ils n'avaient rien à voir et en même temps, elle incarnait un secret que je me devais de protéger. Alors... J'ai simplement inspiré profondément sans rien dire et je lui ai pris la tablette des doigts - peut-être un peu trop brusquement mais je m'en moquais. J'ai porté la tablette devant moi et j'ai posé mes yeux sur cet huluberlu. J'étais comme face à deux gamins qu'on venait de prendre sur le fait.

_ Je sais pas qui tu es - J'avais cette manie de tutoyer... Tout le monde. - Mais ça commence à bien faire. Quand on te dit "non", c'est "non". On t'a jamais appris que s'introduire chez les gens de force, c'était contre la loi et passible de prison ?! Qui que tu sois, sors de notre réseau avant que ce soit nous qui t'en fassions sortir et je peux te garantir que cette fois, tu ne seras plus à même de reposer tes yeux où que ce soit parce que je me serais arrangée pour te les faire arracher à distance ainsi que ta langue bien trop pendue. Je jouerai aux osselets avec tes dents et je ferai en sorte que le clavier sur lequel glissent tes doigts te brûlent toutes les empreintes afin que ton corps se décompose pendant des mois avant qu'on ne daigne te trouver et te reconnaître et jamais plus tu ne tenteras de t'infiltrer dans des tuyaux sans que je ne trouve un moyen de faire de toi un légume et de te rendre stérile avant que tu n'aies le temps d'engendrer d'autres abrutis dans ton genre. Me suis-je bien faite comprendre ?

C'était une façon comme une autre de ne pas m'en prendre à Samiha que j'avais furieusement envie de placarder contre un mur. J'ai haussé un sourcil en pinçant les lèvres et j'ai rendu d'un coup la tablette à Sam, lui recalant contre la poitrine pour qu'elle l'attrape. Et je l'ai désignée d'un index inquisiteur.

_ Quant à toi, jeune fille. Non, je n'ai pas faim. - étonnant, non ? - Mais cesse de discuter avec des inconnus ! Tu ne sais jamais qui est au bout de la communication. Il y a des gens qui tiennent à leur sécurité, ici. Trouve toi une activité qui ne mette personne en danger.

Il écouta les menaces proférées par la nouvelle venue dans leur petite excursion, puis….. Archi éclata de rire. D’ailleurs ce dernier résonna dans le couloir et sur la tablette, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne supportait pas qu’on le menace, il estimait que c’était l’apanage des faibles et des effrayés. Elle le prenait pour un vulgaire Hacker. Ils n’avaient donc pas idée de ce qu’il était réellement. Il avait un avantage. Une rapide recherche faciale pour reconnaitre la femme qui se dressait entre eux et leur repas, pendant que cette dernière débitait son discours à PussiDoll, et la voix du cyberpathe résonna de nouveau dans leur petit couloir étroit.

- Maddison Deluca, ou devrai-je dire Officier Deluca, tu penses vraiment avoir de quoi me menacer? Penses-tu que ce soit dans ton intérêt ? Et puis tu sais, ça n’a aucun sens de pénétrer quelque part quand la porte est ouverte. Il est bien plus drôle de découvrir ce qui est caché. Et vous êtes particulièrement bien cachés. Je crois que je n’avais jamais croisé de Cyber aussi doué que celui qui gère votre sécurité.

Oui ça ne pouvait être qu’un cyber, il n’y avait pas d’autres explications. Il y avait de bons Hackers, mais aucun ne tapait plus rapidement qu’Archi ne pensait. Le visage du cyberpathe apparut sur l’écran de la tablette, sa voix repartant de plus belle. Rester trop longtemps en accès direct sur leur matériel le mettait en danger, et il avait beau être téméraire, il n’en restait pas moins conscient des capacités hors norme des éléments de l’underground. Il adressa un clin d’œil aux deux femmes, un sourire plaqué sur ses lèvres. Parfaitement au courant que son visage serait très vite recherché par les membres de l’underground, il continua son petit laïus.

-PussiDoll, je serai ravi de reporter cette invitation à manger un bout un peu plus tard, ce n’est que partie remise, je t’en fais la promesse. Quant à vous, Mademoiselle Deluca, je suis intimement persuadé, que nous sommes appelés à nous revoir. Autour d’un verre peut-être la prochaine fois, qui sait, ce serait plus détendu... Vous êtes bien trop attirante pour vous mettre dans un tel état vous savez ? Ca ne rend pas justice à vos yeux. En attendant, le comédien vous salue.

Il se marrait comme un bossu. Tout cela avait finalement était bien plus drôle que ce à quoi il s’attendait au départ, et en plus de cela il avait eu un accès au serveur de l’underground. Que demander de plus. La jeune femme ne semblait pas en danger. Il adressa un sourire amusé aux deux femmes, avant d’éteindre la tablette. Il passa une dernière fois sur le réseau interne, au point où il en était, rester plus longtemps ne changeait absolument rien, son rire éclata dans les haut-parleurs, avant d’éteindre l’intégralité des lumières de l’Undergound, et de lancer en passant la lecture de toutes les vidéos porno qu’il avait pu uploader. Autant dire qu’ils allaient avoir de l’animation sur les écrans, et dans les couloirs de l’underground. Et cela le faisait profondément rire. Il en riait d’ailleurs encore quand il sortit de sa transe. Sa tranquillité était finie, le jeu pouvait commencer.

J'allais m'en retourner à mes occupations, cherchant une solution pour que Reese ne tombe pas à nouveau sur Sam quand la voix du Comédien a résonné dans les couloirs. J'ai relevé la tête. Nous avions des haut parleur à certains endroits pour les messages de rassemblement ou informations importantes. J'ai pincé les lèvres. Très bien, si Reese pouvait encore ignorer les déboires de cette petite peste, maintenant, c'était mission impossible. J'ai soupiré un juron en commençant à compter à rebours. Reese ne tarderait plus à être ici, maintenant. Et dire que quand je n'étais pas là, il ne se passait rien. Il fallait être sur mes jours de repos et quand je lambinais tranquillement au bout d'une chaise avec un magasine à scandales dans les mains pour qu'une tuile me tombe dessus. Et je n'étais pas au bout de mes surprises.

La tablette éteinte, j'ai cru que j'allais tout simplement dévisser la tête de Sam, la désolidariser. La rage profonde dans laquelle son frère m'avait mise coulait encore dans mes veines malgré tout. J'ai secoué la tête en soupirant et j'ai fermé les yeux pour tourner les talons, une main levée. Je ne préférais même pas la regarder. Et puis les lumières se sont éteintes, nous plongeant dans le noir à l'exception des veilles de sécurité. Et les bruits ont commencé. Je me suis retournée vers Sam en élevant la voix pour couvrir les... autres.

– Ta satisfaction dans cette histoire s'élève à un degré de combien, selon toi ?!

Les gens commençaient à sortir de leurs chambres pour comprendre ce qui se passait, réalisant que tout l'électronique était touché et que tout l'Underground résonnait au son des vidéos de charme - et plus si affinité.

– ELVIS ! Toi, viens avec moi.

D'une main sur son épaule, je l'ai poussée devant moi pour qu'elle avance.

La remontrance de Maddi était... Sam hésitait finalement, devait-elle se vexer d'être considérée comme une sale gamine pré-pubère ou éclater de rire tant la situation était vraiment hilarante pour elle. Sam était consciente de faire tourner en bourrique tout l'underground avec ses tentatives d'évasion, ses provocations puériles avec Reese et tout le reste, elle n'en voulait même pas à Maddison de lui parler comme à une gosse. Mais Sam en avait marre de ce lieu, et elle ne cessait de le rappeler dans ses mots, ses actions et son attitude de gonzesse immangeable. Lorsque les secteurs étaient trop calmes, elle imaginait bien tout ce beau monde sur les dents en se demandant quand allait tomber la prochaine connerie. Il fallait bien s'occuper ! D'ailleurs, elle allait dès demain conseiller à Reese de souder les grilles des conduites d'aération, elle pensait les visiter dans un futur proche, ou pas, elle fatiguait à force, et le pauvre Skandar allait faire des cheveux blancs avant l'âge, ce qui serait dommage.

Sam avait été mise de côté, elle ne pouvait en placer une. Archi était vraiment étonnant et les bras croisés, elle jubilait devant Maddi un grand sourire qui donnait sans aucun doute l'envie de lui mettre une bonne raclée pour lui faire passe son envie de sourire.

- Quand tu veux pour la petite bouffe !Lança-t-elle en penchant la tête pour répondre au Grand Méchant Loup.

Dans les menaces de la pseudo Mexicaine au gros cul à l'encontre du beau gosse dans la tablette, la brunette savait qu'elle avait fait fort sur ce coup, et elle ne l'avait même pas prémédité. A croire qu'elle était meilleure dans l'improvisation. Mais la façon dont elle avait quitté son nouvel ami ne lui plaisait guère, elle s'était mis en tête de le re-contacter dès que possible, afin d'être plus polie au moment de la séparation.

Cependant, le feu d'artifice, le bouquet final, l'apothéose se produisait. La lumière éteinte, les voix de "combats de chats en chaleur" et surtout la tronche de celle qui lui faisait face, étaient juste jouissif pour Sam qui en passa les mains dans les cheveux en tournant lentement le visage à la recherche des hauts-parleurs qui gueulaient à travers les couloirs, enchantée par le cadeau d'Archi, c'est que le gars avait de la ressource et un sacré toupet ! Elle adorait ce genre de mentalité, enfin là elle lui aurait créé un Autel avec sa photo et de l'encens et des bougies flottantes avec des pétales de roses rouges tout autour. Elle était fan ! Elle éleva à son tour la voix pour répondre.

- Je suis une femme comblée Maddi ! Comme la nana qui donne de la voix ! Tout en levant l'index près de son oreille et les yeux vers un haut-parleur pour désigner l'actrice qui devait avoir de bons poumons et de sacrés partenaires pour râler à ce point !

Et elle passa devant Maddison, la tablette à nouveau en sa possession, en trébuchant presque lorsqu'elle la poussa pour avancer, heureuse de ce moment inoubliable pour elle et les autres !

J'ai pesté en mon fort intérieur. J'avais hâte qu'elle se calme et comprenne les fondements de qui nous étions et pourquoi nous l'étions. Une fois dans la salle de contrôle, j'ai claqué la porte derrière moi en envoyant Sam dans le fond. Elvis s'agitait dans tous les sens.

– Matt est parti à la machinerie pour tout étei--

Et d'un coup, le noir. Les lumières de sécurités se sont allumées mais dans l'Underground, il n'y avait plus une seule machine en vie. Ce qui signifiait : plus de sécurité. Plus d'Evan, plus de courant, plus rien. J'ai relevé les yeux avec Elvis et savouré cet instant, cette seconde de silence avant de soupirer. Matt a remis en route les machines et toutes les lumières se sont rallumées, petit à petit. Reese ne tarderait plus à être là. Il était encore loin mais je l'entendais. Je le connaissais trop bien. Une faille dans la sécurité et il était en moins de dix secondes. L'arrêt des machines avait duré plusieurs minutes. Des minutes sacrées pendant lesquelles nous avions été en danger. Et quand tout est revenu, j'ai su que je disposais de trop peu de temps.

– Donne-moi ça. - J'ai repris la tablette de Sam sous le regard curieux d'Elvis et je lui ai tendu. - Efface tout.

– Mais...

– Fais ce que je te dis ! Si Reese te demande, tu ne sais rien. Ca pouvait venir de n'importe quelle tablette, de n'importe quel ordinateur.

– Je suis désolée, je n'ai pas réussi à...

– Ce n'est rien. Tu ne peux pas être partout. C'est bien le problème.

Les mains sur le dossier de la chaise d'Elvis, j'ai soufflé en regardant les moniteurs, je cherchais où pouvait être Reese et combien de temps il mettrait encore à arriver. Des petites cellules de crise dans ce genre, nous en avions peu, finalement. J'ai tourné la tête vers Sam et j'aurais bien voulu la fusiller du regard. J'aurais sûrement voulu me venger, d'une façon ou d'une autre. Au lieu de ça, j'ai pincé les lèvres, retenant un juron de sortir.

– Tu ne perds vraiment rien pour attendre. - Je me suis redressée pour revenir vers elle - Quand est-ce que tu vas t'enfoncer dans le crâne qu'on ne joue pas, ici ! Qu'est-ce que tu attends, une descente de la Waleman pour tous nous couler ? T'es de quel côté, au juste ?!

– Maddie...

– Non, je veux qu'elle enregistre ! - J'avais levé une main vers lui pour le faire taire, ce qu'il fit mais pas par obéissance, plutôt par dépit - Quand vas-tu comprendre que ce n'est pas seulement la sécurité des autres que tu mets en danger en jouant la gamine écervelée, ce que je suis CERTAINE que tu n'es pas, mais tu mets également la tienne. Essaye... de comprendre... Que ton amnésie n'est pas un handicap que pour nous. Alors arrête de chercher à te faire remarquer à l'extérieur parce que tu ignores ce que tu pourrais trouver ! Grandis ! Responsabilise-toi ! Montre à tout le monde que tu n'es pas une sale petite peste débordante de bêtises, rebelle et révolutionnaire ! Montre plutôt que tu as envie de te sortir de là. Et je t'aiderai.

Si elle s'était attendue à... ça !

Maddi lui arracha la tablette qu'elle suivit des yeux presque éberluée lorsqu'elle ordonna à ce pauvre Elvis de ne laisser aucune trace de sa connerie. Sam avait tout imaginé, comme finir incrustée dans le mur. Mais là, à quoi jouait-elle au juste. Samiha lança un regard désolée, par ce qu'elle l'était vraiment pour Elvis. Sam était peut être une sale gamine pour tous, mais Maddi avait raison, elle était tout autre chose. Elle ne savait pas quoi,  pas plus que n'importe qui d'autre, mais agir ainsi n'était qu'un signe flagrant de sa détresse. Certaines auraient passé leur temps à couiner, d'autres se seraient terrées dans un coin d'une pièce sans dire un mot en se laissant mourir, Sam avait choisi d'en faire qu'à sa tête qu'elle n'avait plus vraiment, c'était sa seule façon de se sentir vivante. Ils n'étaient pas idiots et elle espérait qu'ils le comprenaient de cette façon. Sam croisa les bras et malgré tout, toisa celle qui lui venait en aide en quelque sorte.

- Si je savais de quel côté je suis... Elle ouvrit la bouche en pointant du doigt Maddi pour finalement se désigner elle même. Et si j'avais plus de considération au lieu de me faire sentir que je suis le cheveux dans la soupe, un danger pour tous, peut être que je me sentirai d'avantage de votre côté !

La suite la faisait rire, ce qu'elle faisait d'ailleurs, elle se foutait de Maddison ouvertement.

- Au moins grâce à moi vous savez que vous n'êtes pas infaillibles.

Même s'ils n'avaient pas besoin d'elle pour en être tout à fait conscient, d'ailleurs elle s'attendait bien de se la prendre en pleine figure celle-ci. Mais Maddi avait raison sur un autre point, Sam devait arrêter ce manège, la provocation n'était plus drôle de toute façon. Son petit jeu rendait tout le monde dingue et si elle ne voulait pas finir sur le carreau... D'ailleurs, Samiha était fatiguée, et pas que moralement. Cet état, cette fatigue ne l'aiderait pas et physiquement elle n'arrivait plus à se suivre et ses traits étaient marqués, Skandar lui avait demandé si gentiment d'arrêter et de faire une pause, de tenter la docilité. Elle aspirait à la paix et elle soupirait en secouant la tête.

- Ok...

Oui, c'était tout ou presque, une question lui brulait les lèvres, par ce que ce n'était pas parce qu'elle n'allait plus les faire tourner en bourrique qu'elle allait les épargner de ses remarques cinglantes.

- Ok mais dis moi avant pourquoi tout ça... Elle désigna Elvis, la tablette du menton. Pourquoi tu prendrais ce risque pour moi ? Pourquoi tu ne me balances pas à Reese et jubiler derrière ton sourire pervers ?

Rien qu'à sa position, sa façon de se tenir, Maddi pouvait déjà sentir une Sam prête à faire les efforts qu'on lui demandait. Elle voulait simplement une réponse pour l'heure. Même si sa confiance envers Maddi était fragile, voire inexistante et Sam ne doutait pas qu'il en était de même pour la jeune femme qui lui faisait face en ce qui la concernait.

J'étais réputée pour mes colères. Ou du moins, pour mes éclats de voix. Cette pièce était la plus hermétique et la plus sécurisée de tout l'Underground et pour cause : c'était ici que se disaient les secrets, comme un confessionnal. Pas de caméras, pas de micro, c'était la seule pièce qui n'apparaissait nulle part dans les plans, avec, bien dissimulée, une porte de sortie en cas d'attaque. Une issue secrète, un échappatoire. Aussi, je n'avais pas à me retenir et Elvis pinça les lèvres sans rien dire, Evan demeurant totalement silencieuse.

– Je suis en train de te dire que tu es un danger POUR TOI-MÊME ! Et que nous essayons, depuis le début, de te PROTÉGER ! Que notre volonté est mise à rude épreuve, notre patience aussi ! Tu ne sais PAS ce qui se passe dehors et n'ose même pas me sortir ton laïus de "Vous avez qu'à me laisser sortir" parce qu'en l'état, Dieu seul sait quel loup rôde dehors en attendant que tu daignes sortir de ta tanière, toute page blanche que tu es ! Tu n'aurais même pas à secouer un drapeau pour dire "Coucou, je suis là" que déjà, il te fondrait dessus pour finir ce qu'il a commencé ! Mais peut-être que tu as simplement joué de mal chance et qu'il n'y a aucun danger pour toi mais tant que ce doute persistera entre ces murs, tu devras attendre que notre vue soit dégagée ! Quand vas-tu enfin t'imprimer dans la cervelle que ce que nous faisons, c'est avant tout pour TOI !

Quand bien même Abel n'avait rien demandé, je ne voyais pas ce que j'aurais pu faire d'autre. Néanmoins, alors que je la fixais, les yeux ronds et les lèvres entrouvertes, restes de colères explosives que j'avais manifestées auprès d'Abel quelques jours plus tôt, j'ai réalisé qu'à nouveau, mon côté impulsif était un danger pour Sam... mais surtout pour moi. Alors, quand elle a reposé sa question, j'ai soupiré et fait un pas vers elle, mes yeux tombant dans les siens comme deux météorites brûlantes.

– Il arrive.

D'une voix basse, j'ai répondu à son unique question.

– Parce que tu préfèreras avoir à faire à moi plutôt qu'à lui. Que je ne me réjouis aucunement de tout ça et encore moins de ton sort. Je te conseille de marcher avec moi si tu veux continuer de mener une petite vie tranquille.

La porte s'est ouverte et Reese a fait irruption. Je me suis redressée après finalement lâchée Sam du regard. L'avoir près de moi était une erreur. La surveiller d'un oeil serait bien plus prudent pour moi. Mon comportement avait déjà changé à son égard. Si jusque là je me moquais pas mal d'elle, de ce qu'elle pouvait dire à Reese - riant presque de la façon dont elle le faisait tourner en bourrique - à présent que je savais, les choses étaient bien différentes. Et ces changements pouvaient facilement être perçus. Elvis l'avait déjà remarqué et Reese ne tarderait pas non plus à avoir la puce à l'oreille. Reese n'avait même pas besoin de poser la question. Son regard parlait de lui-même.

– Un petit hacker s'est amusé, il est entré par les protocoles que nous ouvrons pour Internet. - Elvis a dégluti et Reese a haussé les sourcils, insatisfait - C'était un cyberpathe du style d'Evan, alors... Il a pu entrer par n'importe quel ordinateur et de là... Evan a repris le dessus, Reese. Tout va bien. Nous n'avons pas été attaqués. Tous les systèmes sont bons, je suis en train de refaire un scan complet, tout est sous contrôle.

Elvis était un bon petit soldat. Il ne savait jamais pourquoi il faisait ce que je lui demandais, mais sa loyauté et sa foi en moi n'avaient pas de faille. Ils étaient plutôt rares dans ce cas et j'avais appris à ne pas en abuser. Du moins, j'essayais. Reese porta son regard sur Sam. Il était clair que sa présence n'avait aucunement lieu d'être ici et cette fois, c'est moi qui aie répondu.

– Ca va, c'est pas non plus le petit chaperon rouge. On discutait quand c'est arrivé et elle m'a suivie, c'est tout.

Reese n'a rien dit. Il est resté là, droit à nous fixer tous les trois. Tous les quatre s'il avait pu savoir où Evan se cachait. Il a fini par soupirer, soulagé et a acquiescé à l'attention d'Elvis.

– Très bien. C'est encore le même ?

Elvis a hoché la tête avant de défendre Evan et lui.

– Oui mais...

– Tout est sous contrôle, oui je sais.

– Non, il veut dire... Evan ne suffit plus. Et puisque tu es là, je voudrais qu'on en parle.

Je me trouvais entre Sam et Reese. J'avais pris cette position naturellement et je sais que Reese l'a vu mais ce n'était pas quelque chose d'extraordinaire chez moi. Alors que je manquais totalement et cruellement d'instinct maternel, mon obsession de la protection, elle, n'avait rien à envier à celle d'Abel. Je me suis retournée vers Sam et j'ai acquiescé.

– Tu peux y aller. On se retrouve demain pour l'entraînement. J'ai eu une idée pour ton pouvoir. - J'ai regardé Reese en laissant Sam passer. - Je voudrais que tu sois là, d'ailleurs. Avec Skandar.

Reese a acquiescé et laissé Sam sortir à son tour.

Elle l'avait écoutée avec attention. On lui servait toujours la même soupe, elle était un danger pour elle-même, admettons. Mais elle n'appréciait pas d'être prise pour une écervelée, et prit sur elle pour ne pas éclater une nouvelle fois en furie. Déjà une, cela donnerait raison à "Madame Maddison-Si-Je-Ne-Suis-Pas-Là-Pour-Toi-T'es-Perdue" et de deux, Reese avait fait irruption dans la pièce, elle pestait intérieurement de ne pouvoir répondre.

Elle devait faire bonne mine devant lui, ce qu'elle faisait, enfin, elle ne râlait pas mais tirait une tronche de six pieds de long, comme d'habitude, histoire de ne pas titiller le doute chez Reese, et pas pour les jolies fesses de Maddi bien qu'elles l'étaient.

- Ok, à demain... Je suis dans ma "cellule" sinon.

Un coup d'oeil sur Reese pour la touche de provocation pour appuyer sa phrase et Sami les quitta sans se faire prier.