[CLOSED] [Noah/Maddie] Téléphone, Irlande.

Quand Ulysse était parti, elle s'était renfermée devant son film, replongeant dans une sorte de mutisme dépressif à souhait. Et elle n'en dormit pas de la nuit. Tout tournait dans sa tête à une allure effrayante et sur le petit matin, malgré sa fatigue qui lui creusait des poches sous les yeux, elle se leva péniblement de son canapé pour aller chercher le numéro que Noah lui avait donné en Irlande. Il n'était pas rentré depuis deux ou trois jours et s'il avait été à l'Underground, elle l'aurait su... Ce qui l'étonnait, en fait, c'était que Skylar et Dean ne soit pas venus. Sûrement à croire qu'avant, c'était juste pour Noah. Elle renifla en se recalant dans son canapé qui sentait bon le sommeil et la veille genre "Je me suis assise là et j'ai pas bougé pendant trois jours" et leva le téléphone devant son nez, remontant la couverture jusqu'à son cou.

Elle ferma les yeux et soupira avant de composer le numéro et de porter le combiné à son oreille, serrant un coussin contre sa poitrine.

Il pleuvait comme d'habitude. Mais cette pluie là n'avait rien à voir avec les pluies que l'on pouvait voir à Megalopolis, toutes pleines de pollution, grise et déprimante à souhait.

Niveau déprime, il était plutôt bon, Maddison Deluca, c'était là tout le problème. Quand elle lui avait dit son regret quant à l'annulation de son billet d'avion pour sa terre natale, il était parti immédiatement pour l'aéroport. Skye l'avait rejoint sur place, lui permettant d'expliquer les choses et de se sentir moins coupable de partir si précipitamment.

Il avait dormi à l'hotel et avait embarqué dans le même avion que prévu et quand il avait atterrit sur les terres celtes... tout était devenu plus supportable. Revenir chez lui après presque une demi décennie lui faisait un bien fou.

Simple comme bonjour, il avait roulé trois heures pour s'échapper des villes et pénétrer l'intérieur des terres, pour retrouver son chez lui. Ses tantes s'étaient mises à pleurer en s'extasiant devant le magnifique jeune homme qu'il était toujours, il avait refait le tour de son bien la journée d'après, filé à la banque et chez le notaire. Et en ce beau jour, tout lui appartenait, et il était déjà entrain de s'acharner sur des meubles dont il voulait se débarrasser. Malgré la pluie battante, il ne portait qu'un de ses vieux pulls en laine et un jean, bien sur, l'irlandais sentait la pluie imprégner ses vêtements mais il s'en fichait terriblement.

Alors quand il entendit le téléphone de l'extérieur, il se précipita comme un damné pour décrocher le combiné de l'entrée, non sans jeter un regard à une certaine femme, occupée à fouiller.

"Amélia, je me débarasse aussi de celui la. Pardon, O'Driscoll, j'écoute."

Il avait mis du temps à répondre, c'est qu'il était occupé. Aussi, elle baissa les yeux mais quand il décrocha, c'était comme si son coeur venait de rater un battement et donc une respiration. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Elle se mordit une lèvre avant de se forcer à sourire. C'était le genre de situation où les premiers mots donnaient la première impression.

_ Hey.

Hey ? Skylar ? Surement pas non.

Et puis pourquoi se voiler la face, cette voix, il la reconnaitrait entre mille. C'était elle, sa raison de départ si précipité. Et la cause de tout ses questionnement intérieurs complètement clichés qu'il abhorrait plus que tout.

Alors quand il entendit cette voix là, il grinça légèrement des dents avant de se calmer malgré lui. Elle l'appelait, c'était surprenant.

"Hey Mad'... Maddie."

Ce serait tout pour le moment. Et puis elle avait été claire, pas de 'Mad''.

Elle se gratta le nez de nervosité et s'humecta les lèvres avant de reprendre dans un sourire. Tout le monde prenait l'habitude de l'appeler Mad et effectivement, elle aimait de moins en moins cette connotation même involontaire. Mais c'était devenu également une habitude pour elle de se retourner donc elle ne releva pas. Elle regarda la bague à son doigt qui ne la gênait plus comme le premier jour où elle l'avait mise.

_ Comment ça va ?

Pitoyable, hein ? Il fallait bien commencer quelque part.

"Et bien il pleut."

Dans le genre pitoyable...

"Mais c'est normal c'est l'Irlande, ça m'avait manqué en fait. Mais si tu veux savoir, je vais bien. Et toi ?"

Le boulot ? Reese ? Le Scorpion ? Logan ?

Tellement de questions mais pour le moment, Noah était juste... perdu.

Elle haussa une épaule comme s'il était face à elle.

_ La même chose que d'habitude.

Elle se gratta un orteil de sa jambe repliée sous ses fesses en suivant son geste des yeux. Nerveuse ? Non, juste ce qu'il fallait.

_ Ca va. On fait avec.

Elle n'avait pas bougé d'ici et attendait que quelque chose arrive mais prononcer les noms de Reese ou Logan ne lui sembla pas une très bonne idée.

_ Ca te manquait alors l'Irlande ? Ca te fait du bien d'être rentré ?

Ils étaient en froid non ?

Noah ne se souvenait pas s'être quitté en si bon terme, permettant à Maddison de l'appeler sur un ton aussi léger. Mais bizarrement, il appréciait ce semblant de trêve.

"Bien sûr, c'est juste génial d'être rentré, et puis j'ai tellement de choses à faire."

Les deux commères de service se rapprochèrent dangereusement de la scène, si bien que l'irlandais se sentit obligé de les fixer dans un faux sourire.

"Je suis occupé, vous avez qu'à vous faire du thé dans la cuisine. Et oui, je me sens bien, je revis en quelques sorte."

Elle sourit un peu plus mais pas de joie. Il se sentait mieux là-bas, hein ? Elle se passa les mains dans les cheveux et inspira profondément.

_ Ecoute, j'ai pas mal réfléchis et euh...

Elle baissa les yeux sur ses doigts qu'elle tripotait dans une main.

_ Ce qui me vient à l'esprit c'est que... On a pas un problème. J'ai un problème et c'est pas uniquement lié à mon travail, c'est plus que ça. Tu perds ton temps avec moi, tu veux te marier et avoir des enfants et on est ensemble simplement parce qu'on espère qu'un jour j'aurais envie de me marier et d'avoir des enfants,la vérité, c'est que je sais pas si ça arrivera alors la question c'est... Est-ce que tu veux quand même essayer ou pas.

"Je perds mon temps hein ?"

Un gout amer lui envahissait la bouche alors qu'elle venait de terminer ce qu'elle avait à dire.

"Ecoute Maddison, je suis en Irlande, dans ma maison que je suis en train de retaper. Au point de me répéter, je t'aime et tu le sais mais je suis pas capable de me rendre malheureux. Et je suis incapable de te répondre si je veux essayer ou pas, j'ai pas l'esprit clair. On a même pas vraiment parlé, on s'est séparé comme des malpropres. Alors je suis désolé, mais je peux pas te répondre comme ça."

Ca y est, il recommençait à l'agacer. Elle ferma les yeux pour se les frotter avant de reprendre dans un soupir.

_ C'est pas ce que je t'ai dit, je t'appelle pour en discuter, justement. Et j'ai jamais douté du fait que tu m'aimais mais tu veux peut-être pas te rendre malheureux et moi non plus ! Et je t'appelle justement pour qu'on en parle. Il n'y a pas que ça qui fait défaut et moi je sais pas rester comme ça, là, à attendre que quelque chose se passe sans savoir quoi.

"Alors on fait comment ? Tu peux attendre quelques semaines que je rentre ?"

Ce qui était certain, c'est que Noah n'écourterait pas son séjour, il était trop bien pour le moment pour avoir envie de repartir et se lancer dans des discussions acharnées sur leur futur.

"On fait quoi Maddison ? Je sais pas si... parler de ça au téléphone me plaît vraiment, je préfère attendre de te voir en face. Tu pourras attendre ?"

Ok, elle avait dû appeler trop tôt. Il devait toujours être furieux et ne laisserait aucune porte ouverte et elle était à nouveau en train de s'énerver.

_ Faisons ça... On en parlera quand tu rentreras d'ici... Un mois !

Oh qu'elle était amère.

_ On va faire ça, ça me semble très bien, après tout, on est pas dans l'urgence.

Elle crispa une main en fermant les yeux puis d'un coup, elle se leva en gardant le téléphone contre l'oreille pour aller se diriger vers la chambre.

"Et tu peux toujours venir si tu veux."

Est-ce qu'il venait vraiment de dire ça ?

"Terrain neutre, on serait en dehors de tout, tu pourrais venir et ça te ferait aussi des vacances, juste quelque jours."

Il avait besoin de temps, elle aussi et qu'elle vienne lui donnerait une raison de moins lui en vouloir. Même s'il allait mieux sur ce point.

"N'hésite pas si tu en as envie."

_ Un terrain neutre ? L'Irlande ?! Tu te fiches de moi, c'est chez toi ! Megalopolis, c'est neutre, Boston, c'est neutre. Kwalaloumpour, c'est neutre et encore que... Mais ton pays ? Ton pays natal n'est pas neutre, Noah.

Elle fit irruption dans sa chambre et ouvrit son placard pour se trouver quelque chose à mettre, faisant voler ses chaussettes d'une main libre.

_ Alors moi je dois attendre que tu rentres pour parler mais toi, par contre, y a pas de soucis, je peux venir etc ! Ecoute, j'en sais rien, j'appelais pour qu'on discute de tout ça en espérant que le fait de pas être en face ou quoi serait plus facile mais... Je vais réfléchir.

Elle prit un ceintre qu'elle porta devant elle avant de se regarder dans le miroir pour juger de sa tenue.

Très bien, elle commençait à l'énerver terriblement à monter sur ses grands chevaux. Insupportable, il en avait marre.

"C'était pour... oh et puis oublie. tu semblais vouloir venir alors voila mais si tu veux pas et bien c'est comme ça."

Pourquoi est-ce que cette relation était devenue à ce point chaotique ? C'était du jamais vu dans des relations aussi courtes en terme de temps.

"Et je compte pas décider de si on se sépare ou non au téléphone, c'est hors de question. QU'est-ce que tu fais ? Tu ranges ?"

_ Non ! Je me prépare à sortir ! Parce que ça fait trois jours que je suis enfermée ici, dans cet appartement à me morfondre et à me donner du courage sans y arriver. Alors je m'habille et je sors. Je te demandais pas de me dire si oui ou non tu comptais rentrer ou pas ou si oui ou non, le cours de la patate dans le Missouri te semblait plus important que celui de la fraise dans le Dakota ! Je voulais qu'on discute toi et moi mais visiblement, même ça, je dois me plier à tes exigences. Alors oui, je pensais venir mais pas... pas comme ça ! C'est...

Elle enleva son pull avant de le jeter sur le lit et de reporter le téléphone à son oreille.

"Te plier à mes exigences ? On fait que parler mais même ça, ça ne passe plus ! On arrive plus à parler sans se sauter à la gorge. Quoi que je dise, tu le retourneras contre moi et vice versa."

Il était en enfer avec une copine aussi chieuse que la pire des chieuses pouvait l'être. Et il était pas mal dans le genre, lui non plus.

"C'était une idée que j'ai lancé, je te force à rien, je te demande rien, c'était une proposition si tu en avais envie."

Et Noah se retint de demander avec qui elle sortait, même s'il pensait déjà connaître la réponse.

_ Je devais venir oui mais là je suis plus sûre de rien. En gros, si je veux qu'on parle, il faut que je prenne l'avion ! Noah, tu sais que j'ai PEUR en avion ! Que venir, ça me demanderait un sacré effort ! Je traîne en voiture normalement ou en train mais jamais en avion sauf quoi obligatoire comme en Afrique !

Elle fit descendre son pantalon pour le jeter avec le pull avant de continuer de regarder sa garde robe.

_ Non, y a plein de choses qui vont pas mais le moindre truc ça passe pas et je le supporte plus, tu comprends ? J'appelais en tout bien tout honneur en espérant qu'on pourrait en discuter, mais non ! Ca non plus on peut pas le faire.

C'est vrai qu'il avait zappé le problème de l'avion... gros crétin ! Et il se retiendrait bien sur de parler des bateaux à grande vitesse.

"Alors laisse tomber."

D'ailleurs, il se laissa choir sur son canapé comme un animal mort.

"Je sais pas quoi te dire d'autre ! J'ai pas envie de rentrer alors que je suis là que depuis quelques jours. Et puis je vois pas en quoi c'est bénéfique de pas se parler face à face ! Et si tout ce que je dis ou tout ce que je fais ne passe plus alors c'est mieux si on reste là où on est."

_ Tu pourrais commencer par me dire ce que tu penses de tout ça, même à froid, je pourrais essayer de me justifier, de te donner ma version des faits même si elle t'intéresse pas ! J'en sais rien, tu pourrais me dire que quoi qu'il arrive, tu veux être avec moi ou tout simplement que j'ai raison, que tu perds ton temps avec moi parce que je te donnerai pas ce que tu veux ! Jamais ! Alors autant qu'on arrête les frais maintenant, comme ça, pas de malheureux et tu peux...

Elle agita son poignet frénétiquement avant de ranger son cintre dans la penderie pour en sortir un autre.

_ Voir autre chose, j'en sais rien. Je t'ai jamais demandé de rentrer demain, je t'ai demandé de me parler au téléphone mais ça, même ça c'est trop tôt alors tu sais quoi...

Elle baissa le téléphone en soupirant prête à raccrocher puis elle ferma les yeux pour s'aider à se reprendre avant de ramener le combiné contre son oreille.

_ Mais au moins me dire quelque chose.

"Très bien..."

Elle voulait vraiment savoir ce dont il avait envie ?

"J'ai envie qu'on essaye et que tu me dises que je ne passerai plus après ton travail. J'ai envie que tu me dises que tu finiras par avoir VRAIMENT envie de te marier d'ici quelques années et que tu auras envie d'avoir mes enfants. Et j'ai envie de t'entendre dire que tu finiras par avoir envie de vivre en Irlande avec moi. J'ai envie d'être avec toi mais si on continue à se mentir en étant certain que tout ça n'arrivera pas..."

C'était clair et ça risquait de mal passer mais il ne voulait pas se réveiller le jour de ses quarante ans en regrettant d'avoir fait le choix de mettre ses envies de coté.

"Toi tu veux quoi ? Réellement."

Se rendait-il seulement compte qu'il ne pensait qu'à lui ? Quand bien même il avait raison... Elle finit par s'asseoir sur le lit en se frottant le front, les yeux fermés.

_ Je ne suis pas sûre de vouloir des enfants, me marier me dérange moins même si je vois pas l'intérêt, on est très bien comme ça. Irlande, j'en sais rien, je ne pars pas sans Dylan et ça fait trop loin de mon frère alors j'en sais rien. Je n'ai jamais dit que tu passais avant mon boulot, j'ai dit qu'il était suffisamment important pour en connaître les priorités et il arrive que ce ne soit pas toi, c'est tout !

Elle inspira profondément.

_ Tu veux me mettre dans une cage, Noah, tu veux me marier, avoir une maison, des enfants, un chien et tout ce qui va avec seulement tu veux que j'en oublie qui je suis et ça, c'est pas possible... C'est pour ça que je me dis que tu perds ton temps avec moi.

"Je sais que je suis égoïste mais je te dis ce que je pense, c'est ce que tu voulais pas vrai ? Je veux pas te mettre dans une cage, si on avait les même priorités alors tu appellerais pas ça comme ça."

Noah n'était plus en colère, loin de là. Il se surprit lui même en entendant le ton de sa voix étonnement calme et doux.

"Tu veux quoi toi ? Tu m'as toujours pas dit."

Vu l'orientation de la conversation, quelque chose lui disait que la fin de ses vacances n'allait pas être spécialement joyeuse.

Lui et elle n'avait pas du tout la même vision des choses, comment pourraient-ils réellement etre heureux ?

Elle prit un temps pour réfléchir avant d'inspirer et de soupirer.

_ Visiblement pas la même chose que toi. Noah, je suis une Sliders, tu sais que pour moi, le plus dur, c'est de vivre dans le présent. Seulement... Quand j'ai décidé d'être avec toi, j'ai décidé de vivre dans ce présent. Et c'est ce que je fais. Et je trouve que ça me va bien. Prévoir pour la fin de l'année ou pour l'an prochain, c'est une chose. Prévoir pour dans dix ans, ça fait trop, pour moi.

Elle inspira à nouveau profondément.

_ Ce que je veux c'est vivre pour aujourd'hui sans me préoccuper de demain.

L'irlandais passa une main dans sa barbe encore bien mouillée avant de pousser un long soupir, avachi dans son canapé.

"On fait quoi ?"

La vérité ? Il n'avait aucune envie de la quitter mais leurs différences devenaient de plus en plus claires.

Vivre dans le présent sans se soucier du futur, il en était incapable. Noah avait des envies, des désirs, un besoin de se projeter dans le futur. Et malgré cela, il n'avait pas envie de tirer une croix sur elle.

Elle ressentait précisément la même chose et n'avait strictement aucune envie de rompre.

_ Je sais que je veux être avec toi alors...

Elle se mit à tousser avant de se frotter le nez, repliant ses jambes contre elle sur le lit.

_ Le but c'est de réfléchir le mieux possible et le premier... Qui est assez lucide pour savoir pose un ultimatum... J'imagine.

Elle soupira en secouant la tête.

_ Je me suis mal exprimée. Je veux dire qu'on peut prendre quelques temps pour réfléchir, voir comment ça se passe, lequel des deux est le plus prêt à vivre avec l'autre...

"Je..."

Pendant quelques instants, ses mots restèrent en suspens. Saloperie d'histoire compliquée.

"Tu crois que ce serait mieux que je retourne m'installer à l'Underground ? Peut-être qu'on s'étoufferait moins. Je sais pas."

C'était la première chose qui lui était venu à l'esprit Alors qu'il se débarrassait de ses bottes pleine de boue sur son tapis.

Elle secoua la tête vivement.

_ Non... A moins que tu en aies envie, oui mais... Tu ne m'étouffes pas, j'aime vivre avec toi, c'est pas ça le problème, Noah et tu le sais très bien. Quand j'ai parlé de vivre avec l'autre, j'ai parlé... Ensemble. Côte à côte, toi et moi.

Elle baissa les yeux.

_ L'un de nous deux va sacrifier quelque chose pour être avec l'autre alors... Autant que ça se réfléchisse. Et le premier qui décide va vers l'autre...

Pourquoi l'un des deux devrait sacrifier quelque chose ? C'était stupide, terriblement et totalement stupide.

Il ne pourrait pas renoncer à des enfants, c'était juste impossible. Ce qu'il pouvait faire, par contre c'était attendre quelques temps pour voir si un compromis serait si imbuvable pour l'un ou pour l'autre. Mais ça, il n'en dirait rien.

"C'était une proposition, c'est tout. Peut-être qu'on devrait déménager pour de bon, choisir quelque chose ensemble et tenter de partir sur quelque chose de neuf. Après c'est vrai que l'hotel c'est pratique..."

C'était peut-être ça qu'il fallait, recommencer encore une fois.

_ Peut-être, j'en sais rien. Là n'est pas le problème, vraiment. Qu'on vive ensemble ou pas ne changera rien à ce que tu veux et ce que je veux. Mais... Il est pratiquement certain que je ne voudrais pas d'enfants, ou alors pas avant un bon moment. J'ai pas eu beaucoup d'enfance ni d'adolescence alors j'ai envie de vivre mon âge adulte pleinement, tu comprends ?

"Je vois pas pourquoi on aurait besoin de réfléchir si on reste campé sur nos positions. Je veux des enfants, et j'en voudrais toujours."

Etonnant qu'il soit aussi calme, peut-être qu'ils avaient dépassés le stade des hurlements et étaient simplement résignés.

"On se laisse quand même le temps de réfléchir et le premier qui sait, enfin tu vois quoi..."

_ Je sais plus que n'importe qui que tu veux des enfants, oui. C'est... Un des points, je pense où on a le plus de certitudes, tous les deux. Ce qui est moins certain c'est de savoir si tu peux vivre ou non avec le fait que je risque ma vie tous les jours ou presque.

Elle haussa une épaule, il y avait aussi ce soucis là qu'il n'avait toujours pas relevé. Elle se pinça les lèvres en tripotant ses orteils du bout des doigts.

"J'en sais rien... Je pense que oui, tu as des tas de personnes mariées à des flics, des pompiers, des agents du FBI, de la CIA. Il faut croire que ça ira c'est tout."

Voir le côté positif des choses, c'était ça la clé.

"Je pense que c'est un problème moindre. Ce que je veux savoir c'est si tu seras capable d'avoir des enfants et en être heureuse sans te forcer. C'est ça le problème !"

Tout tournait autour des enfants. Toujours. C'était incroyable que le Scorpion ne soit qu'un moindre problème ! Elle aurait préféré qu'il soit plus important, la décision semblait plus facile. Alors que la question des enfants étaient nettement plus difficile. Ils avaient pourtant le même âge mais il avait un train d'avance. Elle inspira profondément en fermant les yeux.

_ Non.

Elle rouvrit le yeux, les lèvres pincées.

_ Je ne veux pas d'enfants.

Au moins c'était clair, c'était dit une fois pour toute. Le médecin ferma les yeux un long moment en se pinçant l'arrête du nez.

"D'accord."

Il aurait pu tout lui passer, cette histoire de FBI, l'Irlande, n'importe quoi mais pas ça.

"Je peux pas, je suis désolé Maddison."

Elle acquiesça, se tordant les lèvres avec du mal à déglutir puis elle baissa la tête. Oh que c'était dur et sa voix n'était déjà plus qu'un murmure depuis un moment, elle avait fini de crier et elle n'avait de nouveau plus envie de sortir de chez elle. Elle avait déjà été mère d'une certaine façon et savait qu'elle n'avait pas envie de recommencer, sa tête était un trop gros champs de ruines pour le moment pour qu'elle veuille des enfants.

_ Très bien...

Elle renifla avant de se frotter le nez puis elle baissa la main qui tenait le combiné avant de se décider à raccrocher. De toute façon, qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autre, hein ?

[Pour cloturer si tu n'as plus rien à dire derrière moi.]

Le médecin resta assis sur son canapé pendant quelques minutes, à ne penser à rien du tout, les yeux dans le vide. Puis il se leva pour rejoindre ses deux tantes occupées à faire il ne savait quoi. Ce qui était certain, c'est qu'elles avaient du laisser trainer leurs oreilles. Il fixa Amélia dans un sourire assez peu convainquant à son goût.

"Tu me feras ta tarte aux pommes pour midi ?"

Elle acquiesça silencieusement avant de déposer ses lèvres sur ses joues suivit par celles de Cleona quelques secondes plus tard. Alors c'était si évident que ça ?

Noah se contenta de boire son thé en silence, bercé par les bruits de la pluie et du vent et parfois par un grognement d'un des trois chiens de ses tantes allongés sur le sol. Il décida de se lever seulement quand il commença à être transi de froid à cause de ses vêtements trop humides. Une douche et il s'endormit dans son vieux lit d'enfant, ça aussi il allait s'en débarasser.

[Ma foi, non... :(]