[CLOSED] [Maddie/Ulysse] A New day, a New hope

C'était son premier jour de travail, retour au FBI depuis l'attaque de l'underground et Maddison avait un teint blanchâtre et fantomatique. La semaine d'avant, elle l'avait plein de plaques rouges, c'était selon son humeur, dirons-nous. Avec un pansement sur le nez et boitant légèrement, elle revenait à son bureau enfin. Edison lui avait demandé de ne pas venir, que leurs dossiers patienteraient quelques jours le temps qu'elle s'en remette. Elle avait tenu deux jours et était revenue. Elle aurait pu revenir complètement guéri mais elle avait demandé à Noah de ne pas s'occuper d'elle et de garder son énergie pour les grands blessés et dieu qu'il y en avait eu.

Elle s'effondra donc à son bureau, face à un autre vide qu'elle regarda d'un air triste avant d'ouvrir ses tiroirs pour en sortir ses dossiers sur lesquels elle travaillait actuellement. Elle soupira en se passant les mains dans les cheveux et se fit une queue de cheval avant d'allumer son ordinateur. Et ce n'était sûrement pas aujourd'hui qu'on tenterait de la faire chier. Elle s'était forcée à s'habiller de son pantalon et de son chemisier mais elle ne s'était ni maquillée ni coiffée et avait un air plutôt poubellique. Mais elle était là, prête à travailler s'il en était. Elle releva la tête pour chercher Edison du regard et elle le vit dans son bureau à discuter avec un autre homme, sûrement un de ces politiciens ou de ces journalistes qui demandaient des informations sur l'attaque de l'Underground. Elle secoua la tête en soupirant et se releva pour aller se préparer son café.

Ulysse avait pris le temps de se changer dès son arrivée à Megalopolis. Il avait troqué son jeans, son tee-shirt défraichi et sa veste contre un costume gris clair, une chemise et une cravate colorée. Il avait laissé son sac à la consigne de la gare, bien décidé à rejoindre Maybel dès qu'il aurait terminé son entretien avec le dénommé Edison. Cette dernière n'était pas au courant de son arrivée. Personne ne l'était à vrai dire.

Le jeune homme tendit le dossier à son nouveau boss, les sourcils froncés et acquiesça plusieurs fois de la tête avant de croiser les bras. Il avait quitté Seattle sans un regard derrière lui. Il allait certainement regretter l'équipe du IOI, son chef, et le jeune Sam' qu'il considérait plus que comme un collègue. Mais le FBI était le meilleur moyen d'élucider une bonne fois pour toutes l'affaire du meurtre d'Ellen.
Il avait pensé un instant intégrer le FBI de Seattle et demander à Maybel de le rejoindre. Mais si le gouverneur de ce côté-ci de la frontière était impliqué dans les trafics et si les indic' reconnaissaient Damon Key comme étant un agent, il risquait gros. Trop gros.

Ulysse ne connaissait pas le visage de Maddie. Aussi, lorsqu'il serra la main d'Edison fermement, l'autre main dans sa poche de pantalon et qu'ils sortirent ensemble du bureau pour se rendre jusqu'à elle, il la détailla du regard avec une curiosité à peine dissimulée.
Si le boss ne lui avait pas relaté les faits de l'attaque de l'Undeground et prévenu qu'elle y avait été directement mêlée il aurait été étonné de son apparence chiffonnée.

Il la regarda se servir du café avec un léger sourire aux lèvres et s'avança vers elle d'un pas nonchalant, étudiant la machine à café en se penchant légèrement.

"Est ce que c'est comme dans tous les bureaux ? Infect et réchauffé ?"

Dans le coaltar et dans ses pensées, Maddie n'avait pas vu l'homme arriver. Mais si elle l'avait vu, elle l'aurait sûrement évité et/ou ignoré. Mais il venait dans son espace vital. Alors quand elle l'entendit, elle releva des yeux blasés sur lui et un sourcil haut, son mug entre les doigts.

_ Génial. Un bizu.

Elle inspira profondément en haussa les sourcils avant de continuer à déverser sa verbe sur lui, un punching ball. C'est tout ce qu'elle voyait.

_ Je sais pas qui vous êtes mais j'ai rien à vous dire, on est ici pour bosser et du taf, y en a vraiment, avec des vrais gens, vous savez ? Alors allez empester l'air de quelqu'un que ça intéresse.

Si Edison était intéressé par la réaction de sa subordonnée, il préféra d'abord la regarder de loin.

Ulysse haussa les sourcils et sembla se balancer un instant sur ses chaussures avant de réajuster sa cravate et de rire avec légèreté.

"Enchanté moi aussi."

Il sembla changer d'expression pour devenir très sérieux, attrapant une tasse à son tour pour se servir en café après elle.

"Par quoi on commence ?"

Il se servit sans la quitter du regard du coin de l'oeil, intérieurement très amusé par sa mauvaise humeur. Il se suça le pouce, une goutte de café ayant dégouliné le long de la tasse. Face à elle à siroter le café, il ne put s'empêcher de sourire de nouveau sans un mot.

Elle soupira et se retint de grogner en le fusillant du regard.

_ Par vous me fichant la paix, c'est assez clair ?

Elle se montra les yeux des doigts avant de le désigner.

_ Je suis une vilaine mutante avec des yeux lasers qui vont vous transpercer votre petite cervelle de journaliste et/ou politicien trop curieux, barrez la mention inutile et faites-moi de l'air.

Elle lui passa à côté pour rejoindre son bureau en grommelant, ce n'était définitivement pas la journée pour l'emmerder. Mais Edison l'attendait à son bureau.

_ Je vois que tu as déjà fait connaissance avec ton nouveau co-équipier.

Cette fois, Maddie était carrément éteinte de toute expression sinon d'une tempête qui allait bientôt déferler sur tout le plateau.

_ Est-ce que c'est une blague ? Parce que je la trouve d'extrême mauvais goût vu le sourire que vous arborez à vous payer ma tête.

_ Ce n'est pas une plaisanterie, non. Hey, c'est toi qui a voulu revenir travailler, n'est-ce pas ?

Il haussa les sourcils et sourit à Ulysse avant de se détourner et d'aller voir ailleurs si il y était. Maddie resta de marbre, debout à côté de son bureau. Non... Il n'avait pas osé lui coller un bizu comme co-équipier... Il n'avait pas osé.

Ledit bizu l'avait suivie de lui tout en buvant son café, décidément très amusé de la situation. L'échange entre Edison et Maddie avait quelque chose de savoureux. Mais il ne put s'empêcher de penser à ce qu'il aurait ressenti à sa place si un matin on lui avait servi la bouche en cœur une nouvelle coéquipière pour remplacer Ellen. Non, il n'aurait certainement pas apprécié.
Il fut donc moins moqueur que prévu lorsqu'il vint tout simplement poser son derrière sur le coin du bureau près d'elle, posant sa tasse tranquillement avant de tourner la tête vers elle.

"Alors... coéquipière ?"

Il avait franchement envie de rire mais seul son regard pétillait. Il lui tendit la main gentiment.

"On reprend depuis le début ?"

Elle avait reposé son mug en grognant le temps qu'Edison s'éloigne puis elle avait pris entre ses mains l'un des dossiers sur lequel elle travaillait avec Edward, un petit peu en cachette, d'ailleurs. Elle avait des tonnes de coups de fil à passer dans la journée. Alors quand elle vit du coin de l'oeil que le bizu s'installait, ce qu'elle pu être dédaigneuse. Elle le toisa du coin de l'oeil et sans aucune tendresse. Ce gars-là ? Avec sa gueule ? Son co-équipier ? C'était une blague.

_ Ok, alors tu vois ce bureau là ?

Elle jeta le dossier près de son ordinateur avant de lui montrer celui en face d'elle.

_ Et bah il est pris. Alors tu vas prendre euh...

Elle tapota ses lèvres de l'index en regardant partout autour d'elle jusqu'à montrer un bâtiment au loin dont on pouvait voir le toit.

_ Tiens, tu vois la chaise rouillée là bas au fond? Bah ce sera ton bureau.

Elle agita une main.

_ Du balais. J'ai du travail.

Et elle s'assit avant de faire avancer sa chaise vers son bureau dans une grande inspiration. Si seulement elle savait qu'il s'agissait d'Ulysse... Elle avait bien fait de s'asseoir.

Il haussa les sourcils ce qui fit plisser son front, le menton baissé et les yeux hauts pour jeter un regard décidément très amusé vers la chaise rouillée. Il se mit à se frotter le menton, prenant une grande inspiration avant de parler sans perdre son sourire.

"Agressivité gratuite, très intéressant mademoiselle DeLuca. Mon café est froid est ce que je pourrais profiter de vos yeux lasers?"

Il lui tendit la tasse sous le nez sans arrêter de souriiiiire ! Puis il la reposa tranquillement et se leva pour se diriger vers la chaise rouillée.

"Vous aviez l'air plus aimable au téléphone."

Il poussa un soupir faussement déçu.

"Tant pis."

_ J'ai toujours un air plus aimable pour les personnes à qui je SAIS...

Elle pencha la tête vers lui, les yeux ronds et malicieux.

_ Que je parle au téléphone. Et les seules personnes que j'ai au téléphone sont mon frère, mon copain et un homme très affluant que j'aurais préféré avoir comme co-équipier qu'un type haut en couleur dans votre genre dont j'ignore jusqu'au nom s'il en a ! Et non je suis pas aimable. Vous voyez ça ?

Elle montra son pansement sur le nez.

_ Ca me rend pas aimable. Je peux savoir ce qui vous fait sourire ?

Elle plissa le nez en grimaçant.

_ J'ai vraiment horreur qu'on se moque de moi alors si vous avez quelque chose à dire, dites-le qu'on en finisse, monsieur au costume à 1 000$ ! D'où vous sortez vous, des roses de votre mère ?

Le doigt sous le nez, il recula légèrement la tête sans cesser de hausser les sourcils. Il lui aurait bien proposé un bisou-qui-guérit mais il se ravisa, préférant éviter de réveiller définitivement le dragon qui dort. Cette femme-là avait un sacré caractère.
Ulysse s'approcha de nouveau de son bureau (à elle) pour tripoter le dossier qu'elle avait préalablement balancé près de son ordinateur.

"Un homme très affluant ? mmmh mmmh..."

Il s'appuya de nouveau contre le bureau en prenant carrément le dossier pour en lire la couverture, prêt à l'ouvrir.

"Qu'est ce qu'il a de plus que moi ?"

Il ne releva pas l'attaque directe faite à sa tenue. Ce costume certes quelque peu provincial lui rendait de fiers services.

Elle lui arracha le dossier des mains.

_ Touchez pas à mes affaires, ce dossier ne vous concerne pas. C'est une affaire que je suis en parallèle. Ce qu'il a de plus que vous ?

Elle leva le menton en reprenant son mug.

_ De la classe. Et une certaine politesse.

Elle le détailla de haut en bas, un sourcil haut, condescendante.

_ Et il est assurément plus mignon que vous.

Bouh, la menteuse. Puis elle le fusilla du regard.

_ Descendez vos grosses fesses de mon bureau.

Il se passa la main dans les cheveux en balançant la tête vers l'arrière puis lui adressa son plus beau sourire irrésistible. Il s'amusait énormément.

"Allons allons. Présentez-le moi que je puisse juger en toute impartialité."

Il se leva dans un petit bond et reprit sa tasse qu'il avait abandonné.

"Je vous rapporte quelque chose ?"

Il tourna autour d'elle puis se pencha au dessus de son épaule pour prendre sa tasse (à elle).

"Un petit déca peut-être ?"

Il fit danser ses sourcils. Notez qu'il ne s'est toujours pas présenté.

Elle retourna dans son dossier avant de prendre un stylo pour noter dans son carnet tous les numéros qu'il lui restait à appeler. Songeuse, elle répondit à sa première affirmation.

_ Vous n'êtes pas son genre. Laissez tomber.

Elle soupira à sa première question et releva les yeux face à elle. Elle avait la fumée qui lui sortait des narines et bientôt, elle allait exploser, s'énerver, hurler et le faire passer par la fenêtre. Alors quand il se pencha un peu trop vers elle, elle en eut comme un frisson qui lui traversa tous les muscles.

_ Pour l'AMOUR DU CIEL !

Elle frappa le bureau de ses mains avant de prendre la tasse. Elle se releva un peu brusquement et lui cogna le menton de sa tête, faisant tomber le mug sur le bureau. Un flot de jurons passa par sa belle et généreuse bouche.

_ Regardez ce que vous avez fait !

_ DELUCA ! ASHKEVRON ! Dans mon bureau ! Maintenant !

Edison avait sortit sa tête vers le duo et leur fit un signe de la main de le rejoindre. Elle grogna tout ce qu'elle savait en épongeant le café répandu avant de tilter et de relever la tête en fronçant les sourcils. Ou plutôt, elle écarquilla les yeux, penchée sur son bureau sans en croire ses oreilles. Si Ulysse ne lui vint pas tout de suite en tête vu qu'elle n'avait plus eu de ses nouvelles depuis un moment, ce fut Maybel qui lui vint à l'esprit. Maybel qui était là dans l'attaque de l'Underground. Sauf que Maybel n'était pas ici. Elle tourna d'un coup la tête vers l'homme qui était son nouveau co-équipier, toujours aussi interdite.

Ulysse se recula assez maladroitement pour éviter la déflagration de jurons et suivit des yeux le chemin de la tasse. Il se précipita pour la rattraper avant qu'elle n'aille plus loin à savoir par terre et sortit un mouchoir en papier de sa poche ou éponger le peu de liquide répandu.

"C'est vrai que je suis très maladroit."

Il lui lança un de ces sourires dont il avait le secret une nouvelle fois. Vu qu'il était de bon tempérament, il ne lui vint pas à l'esprit de s'exaspérer.

Lorsque Edison hurla leur nom, il lança la serviette dans la poubelle du bureau voisin, la boulette venant se heurter à la paroi intérieure pour finir au fond très artistiquement. Il lui sourit en la suivant, mains dans les poches de son pantalon en direction du bureau du chef et lui glissa à l'oreille :

"Moi c'est Ulysse. Enchanté Maddison."

Puis la doubla et entra le premier dans le bureau.

Elle était littéralement scotchée. Le temps qu'elle se remette de ses émotions, elle grogna dans le genre bombe à retardement avant de fermer le dossier un peu rageusement et de prendre la direction du bureau d'Edison. Tout ça était un coup monté comme elle ne s'y connaissait pas ! Maybel en entendrait parler ! Elle ne savait pas si elle devait lui en vouloir ou être contente de le voir. Elle eut donc la confirmation qu'il était bien le grand frère de Seattle à qui elle avait proposé son aide. Mais elle ignorait qu'il était du FBI ! Quand il la dépassa pour entrer, elle le fusilla du regard avant de refermer la porte derrière elle et de faire les cent pas.

_ DeLuca, je sais que tu sors d'une épreuve difficile mais puisque tu es là, il est temps de mettre notre plan en action. Munie d'un excellent co-équipier, à présent, tu vas devoir le faire entrer dans le gang.

_ Hors de question.

Les bras croisés, elle faisait les cents pas dans le bureau en fixant Ulysse.

_ Pourquoi pas ?

_ Il va se faire tuer. Le chef de gang est devenu trop méfiant, je dois finir cette mission seule. Ils se posent déjà assez de question sur moi comme ça. Et de plus, il n'est PAS du FBI !

Elle le montra d'un doigt rageur.

_ Je suis à deux doigts d'y arriver !

_ Ton indic se fait discret, ce n'est pas bon signe et tu vas devoir te faire oublier quelques temps. Je sais que tu as dit ne plus vouloir de co-équipier mais...

_ Ceci n'est PAS un co-équipier !

Edison les regarda tous les deux avant de hausser un sourcil et d'ouvrir les mains.

_ Excusez-moi mais est-ce que j'ai raté quelque chose ici ?

Il soupira avec patience en la regardant faire les cent pas, puis croisa les bras à son tour. Elle devait certainement lui en vouloir de l'avoir laissée mariner de la sorte. Le jeu avait été amusant et l'aurait été pour elle si elle n'avait pas été à bout de nerf. Compréhensible dans le contexte actuel.

"Ecoutez, je n'ai pas l'intention d'essayer de remplacer votre coéquipier, Maddison."

Il ouvrit la bouche pour poursuivre puis pinça les lèvres dans un soupir, son regard signifiant clairement "réglons nos comptes en privé si tu veux bien". Il poursuivit néanmoins sur le ton de la patience.

"J'ai un avantage non négligeable : on ne me connait pas ici. Et j'ai un certain talent pour éviter de me faire tuer."

Il se racla la gorge et tourna la tête pour éviter le regard de Maddie cette fois-ci.

"Je ne suis pas là pour vous évincer de votre affaire. Juste..."

Il secoua la tête.

"Juste pour donner un coup de main."

Elle ouvrit les mains en secouant la tête.

_ Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Ca fait un an et demi que je suis sur cette affaire. Je ne peux pas leur amener une nouvelle tête alors qu'ils ont découvert la véritable identité de Jack. Ils se méfient de moi, maintenant ! Ils ne me font plus aussi confiance qu'avant. Et si je me montre comme ça, ils vont savoir que je suis liée à l'Underground !

_ Pourquoi ne pas demander à ton petit copain de régler tout ça ? C'est son rayon, non ?

_ Il n'est pas très apte en ce moment. Peu importe.

_ Et Rain ? Maintenant qu'il s'est lié à la police, il peut vous donner un coup de main, non ?

_ Nos relations ne sont pas ce qu'on pourrait appeler des plus amicales en ce moment. Je marche au ralentis et je n'ai pas le choix. Je dois trouver des excuses tous les jours. J'essaye de me mettre sur leur prochain coup et ce n'est pas avec une nouvelle tête que je vais me faciliter la tâche. J'ai toujours le dossier Eric Donner sur mon bureau !

Edison soupira en levant les mains.

_ Lâche-moi ce dossier ! Les autorités ont pris le relais, tu n'as plus à t'en occuper ! Alors tu prends Ulysse...

Il désigna l'homme avant de désigner dehors.

_ Vous sortez prendre un café... Tu lui expliques le topo et tu lui fais une place dans le gang pour qu'il t'épaule au prochain coup.

_ Ce n'est pas...

_ Chut !

_ Mais je...

_ CHUT !

En haussant les sourcils, il désigna simplement la porte.

Ulysse ouvrit le chemin dans une petite impulsion et se dirigea vers la porte les lèvres légèrement pincées. C'était inutile de rajouter quoi que ce soit, Edison avait été très clair et c'était un homme persuasif dans son genre. En plus du fait que c'était le boss.

Il ouvrit donc la porte et la tint pour laisser passer Maddie, s'attendant à une déferlante de colère dès qu'ils seraient hors de portée des oreilles de l'homme. Il préféra donc prendre la parole en premier pour essayer de désamorcer les choses.

"Venez."

Il lui effleura le dos de la main pour la pousser vers la sortie, fixant droit devant lui.

"Vous avez une veste ?"

Des banalités faisaient toujours leur effet sur une jeune femme furieuse.

En sentant sa main dans son dos, elle se raidit en avançant et leva les mains devant elle pour le regarder et qu'il garde ses distances.

_ Ecoutez... Le prenez pas mal, d'accord ? Mais je connais ce gang comme ma poche et ça fait un an et demi que je tente de les faire tomber sans succès, alors... Si moi je réussis pas, je vois pas comment vous pourriez réussir. Je vais chercher ma veste.

Elle se tourna vers son bureau et attrapa ses dossiers pour les ranger dans son tiroir qu'elle ferma à clé. Un peu plus et elle avalait la clé. Elle chopa sa veste avant de le rejoindre. Une fois à sa hauteur, elle baissa d'un ton.

_ Qu'est-ce que vous faites ici, d'ailleurs, comment vous êtes entré ici ? Ne me dites pas que c'est une coïncidence.

Il soupira en la suivant des yeux et réenfila ses mains dans ses poches.

"Ecoutez, si vous dites que l'infiltration de ce gang est assez difficile pour que vous vous y cassiez les dents depuis 1 an et demi je vous crois."

Il se mit de telle façon près d'elle qu'elle pouvait lire dans son regard une profonde sincérité.

"Je me rangerai de votre avis et je défendrai votre point de vue auprès d'Edison. Mais laissez-moi au moins le bénéfice du doute."

Ulysse laissa planer le silence jusqu'à ce qu'ils se trouvent dans l'ascenseur, seuls dans une pièce close sans oreille indiscrète. Parler de sa présence était délicat.

"Vous vouliez que je rejoigne Megalopolis non ?"

Le sourire revint sur ses lèvres et il leva la tête vers le plafond.

"Hé bien c'est chose faite."

L'ascenseur s'ouvrit et Ulysse en sortit d'une démarche nonchalante.

"Ou allons nous ? Vous connaissez un coin sympa ?"

Elle le regarda, sa veste dans son bras puis quand l'ascenseur s'ouvrit, elle secoua la tête avant de fermer les yeux et de sourire... Finalement. Elle coinça sa veste contre elle et lui prit le bras pour le faire avancer plus vite même si elle boitait.

_ Venez, espèce de grosses fesses maladroites.

Elle sortit du bâtiment avec lui et le lâcha avant de tourner pour prendre l'avenue sur quelques mètres jusqu'à trouver un petit bar où elle était une habituée. Elle commanda son soda, toujours le même avant de s'asseoir à une table dans un soupir.

_ Vous n'avez pas intégré le FBI par hasard... Je me trompe ?

Elle le regarda en haussant un sourcil, agitant un sachet de sucre entre ses doigts.

Ulysse ne put s'empêcher de rire légèrement en la suivant docilement. Il jeta tout de meme un coup d'oeil vers ses fesses puis les siennes (à elle) avec un petit sourire appréciateur. Il leva les yeux et sifflota tout en la suivant vers le café.
Après s'être installé, il commanda un lait bien sucré et remercia la serveuse d'un sourire. Cette dernière ne sembla pas indifférente à son charme. Pourtant il ne lui adressa qu'un sourire gêné en retour avant de l'ignorer tout bonnement sans méchanceté.

"Vous aviez raison. Je ne peux pas laisser ma sœur ici toute seule. Et les choses devenaient assez tendues pour moi à Seattle."

Il soupira et but une gorgée de son lait avant de le désigner du nez, un sourire en coin accroché à ses lèvres.

"Le café m'énerve."

Puis il poursuivit, pinçant les lèvres à intervalles réguliers.

"Vous voulez la vérité ? -il releva le regard vers elle, le front plissé- Mon boss m'a retiré l'affaire du meurtre de ma co-équipière. La police va classer l'affaire et je ne peux pas laisser faire ça. J'ai besoin de classer ce dossier. Proprement. Vous comprenez ?"

Elle vida le sucre dans son soda et le désigna de la même façon que lui.

_ J'ai besoin de beaucoup de sucre.

Elle grimaça à l'évocation de son affaire. Elle serait devenue folle si Edison lui avait fait ce coup-là. Mais de toute façon, elle ne l'aurait pas laissé faire.

_ Je comprends que vous vous servez du FBI, et par défaut de moi et de mon absence de co-équipier pour vous infiltrer. C'est plutôt malin.

Maybel était vivante oui et Noah avait grandement limité les dégâts mais elle ignorait que la jeune mutante se trouvait dans les murs. Et vu la tête qu'elle tirait aujourd'hui, si elle disait à Ulysse ce qui était arrivé, pas sûr qu'il reste aussi calme. Elle se racla la gorge en portant son soda à ses lèvres.

_ Elle va bien. Elle se repose, ces derniers jours n'ont pas été de tout repos. Et le fait que je vive en Ville Haute à présent me permet de la voir plus fréquemment.

Elle secoua la tête et pinça les lèvres en reposant le verre sur la table.

_ Mais j'ai un boulot monstre, on a une vague meurtrière de mutants dégénérés eeeeeeeeeet...

Elle haussa les sourcils et ouvrit grands les yeux, visiblement débordée.

_ Mon copain a jugé très amusant de ramener un bébé à la maison.

Elle fit un sourire hautement dubitatif.

_ Je suis aux anges, vous avez pas idée.

Elle croisa les bras sur la table et pencha la tête en le regardant.

_ Où est-ce que vous vivez ? Maybel sait que vous êtes là ? Comment vous m'avez trouvée ?

En le toisant, elle remarqua qu'il n'était pas si moche garçon mais tout à coup, elle se demanda si lui même était mutant ou humain. Quelle importance au final, mais ce n'était que de la curiosité.

Ulysse lui sourit avec reconnaissance. Savoir que quelqu'un veillait sur sa petite soeur était très rassurant. Il la voyait toujours comme un bébé qu'il fallait protéger. D'ailleurs à l'évocation du bébé il ne put s'empêcher de rire légèrement.

"Confiez-le à Maybel elle sera ravie de faire la nounou. Même si elle dit le contraire elle ne peut pas résister à tout ce qui est petit et sans défense."

Il but une nouvelle gorgée et posa la tasse sur la table sans la quitter des yeux. Il prit le temps de répondre à ses nombreuses questions. Le café était assez animé et il trouva très agréable d'écouter les bruits rassurants et très communs tels que le cliquetis des cuillères sur les sous-tasses ou le brouhaha des discussions innocentes.

"Elle ne sait pas que je suis ici. Je voulais lui faire la surprise."

Il tourna la tête vers la porte pour en surveiller les entrées et les sorties. Une vieille habitude qui avait la dent dure.

"Et je ne voulais pas la décevoir en cas de problème. Je suis arrivé il y a quelques heures seulement, mes affaires sont à la consigne, à la gare."

Puis il reporta son regard sur elle, son sourire s'élargissant.

"Quant à ma façon de vous retrouver... Disons que j'ai mes sources."

Il porta la tasse une dernière fois à ses lèvres pour la terminer d'une traite.

"Maintenant parlez-moi de ce gang."

Il croisa les main sur la table d'un air très sérieux.

"Dans quels trafics mouillent-ils ?"

Que Maybel fasse la nounou l'aurait bien arrangée. Elle pouffa d'un rire presque jaune.

_ Oh mais avant que Noah se lasse de ce bébé, il faudra au moins une explosion nucléaire ! Il aime ce qui est petit et sans défense avec des orteils minuscules et une voix stridente.

Elle se pencha vers lui sur la confidence.

_ Et il espère que ça va me donner envie d'avoir des bébés, ce qui n'est pas du tout le cas, ça fait l'effet inverse ! Mais je pourrais vous conduire chez Maybel ce n'est pas si loin d'ici.

Elle ne l'avoua pas mais elle était assez dérangée par son regard et s'efforçait de ne pas soutenir le sien trop longtemps, baissant les yeux sur son verre fréquemment. Elle tripota ce dernier entre ses doigts avant qu'il ne retrouve son sérieux. Elle releva son regard sur lui et le fixa quelques secondes avant de rouler les yeux et de se gratter la tempe. Il était vraiment sérieux, alors ? Il allait vraiment être son co-équipier ? Qu'elle le connaisse lui donnait déjà un point mais Maddie s'était jurée qu'elle n'aurait plus de co-équipier. Elle finit par soupirer, vaincue.

_ Des gènes. Ils font du trafic de gènes. Ils sont en contact avec une taupe de la Waleman Dynamics qui vend... Des sortes d'antidotes. Je vous explique.

Maddie avait la très fâcheuse tendance à parler avec ses mains ce qui la rendait souvent très animée, les yeux roulant de tous les côtés et ses lèvres se mouvant en des moues toutes particulières. Et elle plissait souvent le nez.

_ Dans les années 50/60, le PRD, qui a été racheté par la Waleman plus tard, a mis en place un nouveau système d'antidote, comme des médicaments ou des traitements pour les gènes mutants. Certains mutants ont été menés comme à l'abattoir pour recevoir ce traitement qu'il le veuille ou non. La plupart à cette époque était volontaire, d'ailleurs, c'était pas une époque très glorieuse pour les mutants. A base de nanites, il suffit d'une piqure pour endormir le gène mutant. C'est comme si vous pouviez faire bouger les choses autour de vous et qu'en un vaccin... Pouf, plus rien, vous êtes humain. Mais ça c'était la partie pratique et gâteau du four.

Elle se racla la gorge avant de reprendre. Maddie était une véritable encyclopédie en ce qui concernait l'histoire mutante.

_ Déjà, beaucoup de mutants avaient été capturés pour procéder à des tests et le PRD avait réussi à avoir l'essence même de leur pouvoir pour le donner à d'autres comme des clones. Mais là je vais trop loin, on avait donc ce vaccin et au fil des années, chaque mutant pouvait choisir de garder ou non son pouvoir. Sauf que le marché a très vite passé l'arme à gauche : le traitement ne fonctionnait pas. Si la mutation n'était plus, elle finissait un jour par revenir donc au final, le vaccin ne servait à rien. Seulement... Ils avaient créé un autre vaccin.

Elle se frotta le front en regardant autour d'elle pour s'assurer qu'ils étaient tranquilles. La plupart des présences ici étaient des employés des alentours, toujours les mêmes donc s'il y avait quelqu'un d'inconnu, elle se méfierait. Elle se rapprocha de lui en baissant la voix.

_ Ils ont créé le vaccin inverse. Donner des gènes mutants aux humains. Vous avez déjà entendu parler de Frankenstein ? Dites vous que c'est pire. Le vaccin a très mal marché pendant des années jusqu'à ce qu'un petit génie de la Waleman le remette sur le tapis en le perfectionnant. Mais pour ça ils doivent choper des mutants au pouvoir intéressant. Jack et moi devions nous faire pour des clients mais j'ignore comment, ils ont découvert qu'il était du FBI. Ils l'ont abattu. Ces gars là n'ont normalement pas accès aux informations du PRD et ils croient que je suis une humaine comme mon co-équipier et que je veux des pouvoirs. Je vous raconte pas ce que ça me demande comme épreuves pour faire comme si j'étais humaine parce que c'est pas toujours évident de cacher qu'on est un mutant. Tant qu'ils ne fouillent pas mon dossier dans les archives du PRD, tout ira bien. De toute façon, j'ai une identité cachée et un faux dossier à ce nom là donc je suis protégée mais peut-être plus pour très longtemps.

Ulysse dodelina de la tête avant de repousser sa tasse. Ce que venait de lui expliquer Maddie allait bien au delà de ce qu'il s'était imaginé. Il avait vu des choses horribles, parfois très sales au cours de ces années passées en investigation mais rien d'aussi pointu. Il se frotta le menton de réflexion.

"Pour qui avez-vous prétendu travailler ? Ce genre de technologie doit coûter cher. Une indépendante en quête de pouvoirs paranormaux qui s'accroche un an et demi ça peut paraitre louche."

Il serra le poing puis délia les doigts plusieurs fois d'affilé, comme si la contraction musculaire l'aidait à réfléchir, les yeux dans le flou.

"Lorsque j'étais à Seattle et que je travaillais sous couverture nous avions monté une véritable agence parallèle de démantèlement multinationale. Nous avons fait circuler pas mal de choses dans le milieu et pas seulement sur la côte ouest. Sous couvert de rachats juteux nous avons eu affaire avec des grands de ce monde. Nous pouvons utiliser cette identité industrielle au besoin."

Il fouilla dans sa poche pour en sortir son porte-feuille et lui tendit une carte. Elle portait le nom de "Damon Key" ainsi qu'un logo représentant un griffon stylisé et le nom de "Jacobson Inc". Un nom qui devait certainement revenir très souvent dans les dossiers du FBI.

"Je n'ai pas coupé tous les ponts avec mon moi ténébreux vous savez."

Il lui adressa un sourire malicieux.

[Maddie est sensée être très intelligente. Sauf que moi je le suis pas. Alors j'ai beaucoup de mal >.< Ce que je peux être pas douée à ça !]

_ On a prétendu tous les deux travailler indépendamment. Mais à chaque fois qu'on était prêt à conclure le marché et donc à vendre d'autres humains, on a jamais réussi à donner la preuve direct de l'existence de ce clan. A chaque fois, ils effaçaient toutes les traces et on devait recommencer à zéro avec un nouvel humain qui avait besoin d'un pouvoir. Tout ça était non officiel, pour des comptes au black.

Elle regarda le carton en fronçant les sourcils.

_ J'en ai déjà entendu parler oui mais je n'ai jamais eu à vérifier de plus près. Mais je ne vois pas encore très bien comment utiliser ça...

[Comme tu es dure avec toi même.... LOL !]

Il resserra sa cravate avec un sourire légèrement carnassier avant d'appeler une serveuse d'un mouvement de main discret pour lui commander un autre lait bien sucré.

"Hé bien nous dirons que vos nouveaux clients sont... disons un cran au dessus."

Il était normal que Maddie n'ait pas beaucoup entendu parler de la Jacobson Inc. Après tout à Megalopolis ce n'étaient pas les compagnies véreuses qui manquaient. Il se lança donc dans des explications fournies en détails, la voix posée et calme comme à son habitude.

"Bien que nous utilisions la Jacobson pour des missions d'infiltration peu reluisantes, c'est une véritable société déclarée. Officiellement nous faisons du rachat d'entreprises en dépôt de bilan que nous démantelons pour la spéculation. Rien de bien extraordinaire. Nous avons un siège social, des employés de bureau, bref tout ce qui faut pour faire tourner une boite de A à Z. Nous avions besoin de cette image publique et c'est d'ailleurs les actions en bourse de la Jacobson qui financent des succursales du bureau indépendant d'investigation et pas les versements de nos clients. Bref. Officiellement nous payons nos impôts et Ulysse Ashkevron était l'agent du IOI financé en partie par cette entreprise très proprette. "

Il marqua une pause lorsque la serveuse leur apporta leurs boissons et but une gorgée de la boisson brûlante avant de poursuivre.

"Vous n'êtes pas sans savoir que le gouvernement et surtout la direction d'état et des territoires trempe dans des affaires souvent pas très nettes. Le maire de Seattle par exemple s'est vu offrir de nombreux pots de vins pour laisser filer de véritables bandits. Le IOI n'a jamais été réellement inquiété car il était de notoriété publique que la Jacobson payait le directeur -mon boss donc- pour ne pas s'intéresser de trop près aux affaires trop importantes et devait refiler les dossiers à la police qui elle est corrompue et pour de vrai. Bien entendu ce que les gens ne savent pas c'est que la Jacobson et le IOI ne sont en vérité que deux filiales de la même entreprise."

Il prit encore une gorgée, se pinçant les lèvres, les doigts jouant sur le bord de la tasse.

"Pour la pègre, la Jacobson c'est surtout une plaque tournante d'importance sur la côte ouest : blanchiement d'argent, trafic de stupéfiants, prostitution et armement, on a eu de tout. Dans ce contexte là, Damon Key est un intermédiaire entre les investisseurs et les revendeurs. J'étais chargé de négocier les contrats et de joindre nos contacts au Canada. ça nous permettait de toucher à tous les domaines et de pouvoir retracer succintement la toile que représente le trafic parallèle dans notre bon vieux pays. Ceux qui étaient tout en bas de l'échelle me servaient d'indic' et les grands me traitaient comme un messager. Nos investisseurs étaient anonymes, nous utilisions des comptes dans les Iles Caiman pour faire voyager l'argent. Bien entendu ces comptes discrets nous servaient surtout pour suivre les déplacements de grosses sommes en provenance de nos clients. Jusqu'à présent on a toujours réussi à se couvrir et il semblerait que personne n'ait fait le rapprochement entre la Jacobson et les arrestations de gros bonnets. Donc..."

Il leva les yeux vers elle avec un nouveau sourire.

"Damon Key pourrait très bien être intéressé par ce nouveau marché et envoyé par ici par ses richissimes investisseurs."

[Oscours. J'ai relu au moins trois fois chaque phrase ! Me demande pas pourquoi c'est si dur pour moi à imprimer ce genre de trucs. Le pire, c'est qu'on dirait Ellie quand elle parle à Xander de la géopolitique du pays et des relations entre le Canada et le Mexique avec les Etats Unis. C'est beau. On appelle ça plus communément un CONTEXTE ! Mais le pire, c'est que je crois que j'ai compris !! YYAYYY !!]

Elle le regarda, les sourcils froncés et les doigts concentrés sur son verre qu'elle tapotait de temps en temps. Ouah... Si seulement Maybel savait ce qu'elle avait engendré en parlant de son frère la première fois. Elle regarda souvent autour d'eux pour s'assurer que tout allait bien puis elle se reconcentra sur Ulysse. Ce mec là était une mine. Le risque était qu'elle deviendrait le messager pour le coup. Elle se tordit les lèvres en réfléchissant, les yeux dans le vague en même temps qu'il parlait.

Elle se gratta la tempe avant de lever une main molle pour attirer son attention. Elle pensait avoir une idée mais ce ne serait pas des plus simples et il faudrait faire de la reconnaissance avant. Mais avant tout, elle le releva les yeux sur lui avec un léger sourire, tout aussi malicieux que le sien.

_ Vous parlez toujours de vous à la troisième personne ?

Elle croisa les bras sur la table en écartant son verre.

_ Ok, je ne peux pas vous mettre en relation avec eux, cela dit, ce que je peux faire, c'est vous briefer sur chacune des têtes et ce sera à vous de vous annoncer. Ne faites pas péter ma couverture, elle est déjà très fragile. Vous vous annoncez, vous parlez d'un groupe d'humains souhaitant bénéficier de ce vaccin à un certain prix par traitement. Le but étant de localiser leur laboratoire et la taupe au sein de la Waleman. Il ne s'agit pas uniquement du gang. Si ce n'était qu'eux, l'affaire serait déjà bouclée mais pour faire tout couler, on essaye de remonter vraiment à la racine. C'est pour ça que ça me prend autant de temps, je veux gagner leur confiance en monter en échelon jusqu'à rencontrer cette taupe à la Waleman dont on a aucun signalement, aucun nom, rien du tout. Je n'ai toujours pas atteint assez confiance pour savoir où était leur laboratoire. Tout ce que j'ai, c'est une mutante infiltrée mais elle n'est pas dans le bon service. Quant à l'autre mutant, il nous a tous dénoncés récemment, autant dire que si je pouvais rester dans les contacts du FBI, ça m'arrangerait.

Évidemment la situation n'était pas simple. Elle ne l'était jamais. Cependant certains détails le firent sourire jusqu'à le faire franchement rire lorsqu'elle parla de sa tendance à parler de lui à la troisième personne.

"Une vieille habitude... Et le problème d'avoir deux identités dont une qu'on essaie de garder secrète."

Il but une nouvelle gorgée, un peu trop rapidement parce qu'il toussota et eut peine à déglutir.

"Nos investisseurs tiennent à avoir des preuves concrètes de l'efficacité de la marchandise. La Jacobson ne se charge jamais d'achats pour une clientèle directe. Son but est la distribution et la revente. L'enrichissement par la création d'un maillon supplémentaire dans le processus d'acheminement du produit vers la clientèle. Comme ça nous n'avons jamais à créer des clients potentiels. Nous sommes les clients et nous brassons bien plus d'argent et de pouvoir de cette façon."

Ulysse se regarda autour une nouvelle fois pour vérifier que personne ne les espionnaient puis but encore un peu de lait dans un sourire.

"Je vous présenterai Damon un de ces jours, c'est un jeune homme charmant. Presque autant que moi."

Il rit de nouveau, ses yeux se plissant de malice. Il reprit un peu son sérieux en poursuivant.

"Je veux bien prendre contact directement avec eux seulement j'ai besoin d'un intermédiaire concret. Comment Damon Key et surtout la Jacobson pourrait avoir eu vent de leur petite affaire ? Est ce qu'il y a d'autres intermédiaires un peu bavards qui pourraient me servir de référence ?"

_ Euh...

Elle se frotta le visage nerveusement en essayant de rallier toutes ses pensées puis elle soupira en essayant de rester éveillée. Cette affaire devenait de plus en plus confuse avec le temps. Elle avait tellement tout essayé qu'elle ne savait plus par où passer maintenant.

_ Ils ont un gros client il me semble. Je n'ai pas réussi à avoir beaucoup d'infos sur eux.

Elle écarta ses mains de son visage en se raclant la gorge, elle avait, en fait, une mine épouvantable. Elle renifla en buvant une gorgée de son soda et on ne put pas dire qu'elle fut extrêmement sexy. Ou alors à sa manière.

_ Je sais qu'ils ont un gros poisson, la Manchester Cie. Ce sont des Anglais qui exportent des vaccins pour l'Europe. On soupçonne qu'ils aient une antenne là-bas.

"Mmmh..."

Il renifla, les yeux dans le flou et les sourcils légèrement froncés. Il porta la tasse à ses lèvres d'un air distrait et s'y prit comme un manche, renversant une partie du liquide sur la table en sursautant.

"Quel idiot..."

Il secoua les mains en cherchant des yeux une serveuse afin de lui demander de quoi nettoyer. Souriant d'un air légèrement gêné en direction de Maddie :

"Grosses fesses maladroites. Tout moi j'avoue"

La bêtise corrigée, il repartit de plus belle sur le sujet qui les intéressait.

"Nous n'avons pas de contact avec l'Europe. Le Mexique à la limite mais rien outre Atlantique. Je crois qu'il faut que nous creusions ailleurs. Voyons réfléchissons. La Jacobson est avant tout opportuniste. Est ce que vous avez des traces de ventes avérées de la marchandise ? Si nous pouvions trouver un client commun aux deux entreprises je serais en mesure de tenir mon lien. Si j'interroge directement mes indic' je risque d'éveiller les soupçons."

Elle retint un juron quand il renversa sa tasse.

_ Nom d'un chien, vous êtes vraiment maladroit !

Mais cette fois elle se mit à rire en aidant la serveuse.

_ Achetez-vous une nouvelle main droite, je sais pas, faites quelque chose !

Elle toussa en se rasseyant et lissa son chemisier avant de faire repartir ses cheveux en arrière. Finalement, elle refit toute la queue entière d'une manière hautement fashion, dirons nous "Au Saut du Lit" avec des bosses et tout ce qui va avec. Noah l'avait déjà remarqué : elle passait deux heures dans son bain et 2min sur elle-même. Elle essayait de ne pas être trop négligée quand il était là mais quand il ne l'était pas, elle redevenait Maddison la Pouilleuse de Los Angeles.

_ Je peux me renseigner pour le Mexique mais le Canada ne se risque pas à ce genre de marché.

Elle lâcha ses cheveux, sa queue de cheval finalement refaite et elle croisa à nouveau les bras sur la table avant d'ouvrir les mains pour se remettre à discuter.

_ Le Mexique exporte et importe, et ce, depuis des années, depuis les bombes, depuis toujours ! Elle a même fermé ses frontières à un moment donné mais ce n'était que pour des raisons d'exil. Ils ne voulaient pas un surplus de mutants pour provoquer une guerre civile. Quant au Canada, ils ont toujours été plus discrets et plus secrets. Leurs imports sont plus réglementaires, chaque caisse est vérifiée quatre fois de son départ à son arrivée. Ce genre de marché peut se faire pour le Mexique mais pas pour le Canada. De plus, ils n'en ont pas besoin. Les Canadiens sont mieux dans leur peau que les Mexicains. Ou plutôt, voyez les Mexicains comme avec des dollars dans les yeux sauf que vous les transformez en monnaie Mexicaine. Le dollar ne vaut plus rien, de nos jours, tout le monde sait ça.

Ah... ces mains... Qu'est-ce qu'elles bougeaient.

_ Et pour avoir des traces, je dois vérifier mes registres mais je ne suis pas sûre d'avoir réussi à trouver ce genre d'informations. Et mon indic se fait de plus en plus discret.

Elle se tapota la lèvre de l'index.

_ Ce que je trouve très curieux. J'ai moi-même été indic avant de devenir agent officiellement. C'est marrant... Ca me manque.

Ulysse sourit de nouveau légèrement gêné. Il tapota la table du bout des doigts en regardant ailleurs.

"Quand je suis ailleurs je suis... vraiment ailleurs. Désolé."

Puis il enchaîna.

"Je te parle pas forcément de clients mexicains. Pas du tout même. Je parle de clients de chez nous que nous pourrions tracer. Je pense que ce genre de trafic doit avoir des têtes communes avec d'autres moins originaux. Et si nous pouvons retrouver un client commun à la Jacobson et à votre gang voire même un client commun aux clients de la Jacobson et à votre gang le lien sera établi et les informations circuleront d'elles-même. Si vous n'avez pas ce genre d'information hé bien..."

Il frappa la table du plat des mains.

"Je crois que nous devrions planquer quelques temps pour tenter de suivre les dernières évolutions de cette petite affaire. Enfin, si vous avez une planque adéquate bien entendu."

Elle haussa les sourcils hauts.

_ Vous êtes ailleurs ? Pendant que je vous parle ? Vous démarrez bien. Sur de bonnes bases !

Elle reprit en baissant les yeux sur son verre, jouant avec ses doigts.

_ On pourra faire un essai de croisement entre vos fichiers et les miens. Ainsi, on verra si nous avons des clients en commun, ce qui est fort possible, remarquez.

Elle posa son menton dans ses mains pour le fixer.

_ Et vous êtes où quand vous êtes ailleurs ?

Il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il lui répondit et fit danser ses sourcils. Il baissa les yeux avant de les remonter vers les siens.

"Je suis ici et là... Je vous emmènerai un jour si vous êtes bien sage"

Son sourire s'élargit avec malice et il fit danser ses doigts sur la table.

"Cela ne veut pas dire que je ne vous écoutais pas."

D'ailleurs il enchaîna.

"Si vous avez une ligne sécurisée je pourrai avoir accès à distance à nos bases de données. Ils n'ont pas dû supprimer mes codes depuis mon départ ce qui nous permettra effectivement de croiser nos informations respectives. Nous devons avoir une centaine de noms répertoriés, du troufion qui changeait les poubelles au parrain local. Vous n'avez jamais croisé un certain Giovanni Leone durant vos observations sur le terrain ?"

Il se racla la gorge et écarta de l'index une miette sur la table.

"Leone fait partie de la vieille branche de la mafia italienne. Leur spécialité c'est le jeu clandestin et parfois les bordels même si pour le coup les Indonésiens sont plus influents dans le domaine. Seulement comme très souvent la famille Leone n'est pas toute seule sur le coup et leurs concurrents directs sont des cousins à des degrés plus ou moins importants. Je n'ai jamais eu affaire aux Valdi directement, je ne les connait que de réputation. Bref, Giovanni Leone a essayé de se lancer dans le domaine du marché noir pharmaceutique. Il a commencé par la tétracycline et les dérivés d'opiacés avant de monter son propre petit labo. Il joue au petit chimiste depuis cinq ou six ans maintenant. La plupart du temps il coupe de véritables médicaments avec de belles cochonneries et revend tout ça à ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir une couverture santé décente. Et quand je dis cochonnerie je pèse mes mots : antimoine, mélamine, bisphénols... Bref, des trucs qui ont été interdits depuis bien assez longtemps pour ne plus être en libre circulation.
Nous avons réussi à faire coffrer son bras droit : Massimo Leone qui se trouve être aussi son neveu. Mais aux dernières nouvelles il voulait explorer de nouveaux business juteux."

Il haussa les sourcils en la regardant plus intensément.

"Je n'ai jamais entendu parler de commerce dans ce genre là. Les vaccins c'est plutôt monnaie courante. Quand on voit les émeutes qu'on déclenché la dernière épidémie de Malaria au Nouveau Mexique, dans les états du sud c'est le genre de marchandise qui se vend comme des petits pains. Mais ça... ça c'est vraiment pour des gens richissimes. Est ce que la réussite de ce... ce produit mutagène est avérée ?"

Elle haussa les épaules.

_ Ca ne marchait pas vraiment déjà à l'époque. Je ferai une recherche sur votre gars mais s'il n'a fait aucun trafic avec des mutants, j'en doute. Disons que je ne suis pas le seul agent en service mais ma spécialité sont les relations mutantes. Pour le coup, je suis la seule de mon service. Et j'ai beaucoup de facilités pour trouver les informations dont on a besoin sur l'histoire depuis les bombes. Je suis naze dans tout ce qui sort des mutations mais c'est mon sujet et je le connais sur le bout des doigts. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai cette affaire.

Elle inspira profondément en gonflant la poitrine, les sourcils hauts. Elle finissait par être pessimiste sur le sujet et son soupir était plus qu'abyssal.

_ A l'époque, ça ne marchait pas. Les effets secondaires étaient terribles, on avait des Frankenstein à tous les bouts de rues. Les mutants possèdent le pouvoir qu'ils ont parce que c'est inscrit dans leurs gènes qu'elles soient héréditaires ou non. C'est écrit, dans le sang. Notre métabolisme est relié à ces gènes. Enlever un pouvoir à un mutant, c'est comme couper la queue et les oreilles à un chat, il en perd son équilibre. Certains mutants en ont fait les frais et certains en sont morts. Je ne veux pas savoir ce qu'il advient des humains qui se procurent ce genre de traitements. Si un bébé né avec un don, c'est qu'il est apte à le porter, ce n'est pas uniquement parce que les parents sont mutants ! Chaque mutant développe ses capacités de la même manière qu'un humain sauf que les avantages ne sont pas aux mêmes endroits. Inoculer ce vaccin, c'est comme demander à un humain de prendre 100k en l'espace d'une semaine : il peut en mourir. On a tenté de récupérer tous les humains et de les placer en protection des témoins. Certains ont refusé, d'autres sont morts avant.

Ulysse acquiesça vaguement.

"Je vois ce que vous voulez dire. Quand j'étais plus jeune et qu'on a découvert que Maybel avait un don j'ai été un peu jaloux. J'avoue que j'aurais aimé avoir une particularité comme la sienne. Je comprends donc que l'idée soit séduisante. Il n'y a aucun cas de réussite encourageante ?"

Il se gratta l'arrière de la tête avant de s'appuyer plus confortablement des bras sur la table.

"Dans ce cas sur quels résultats votre gang s'appuie t-il pour vendre sa potion miracle ? Est ce qu'ils vendent une ébauche de formule ou est ce que tout cela n'est qu'une vaste fumisterie ? Parce que... Si vous voulez démanteler le trafic avec plus d'efficacité, démontrer l'inefficacité du produit pourrait être un bon début."

Il développa son idée.

"Vous commencez par coller l'affaire entre les mains de la presse mais sans les quitter des yeux. Je puis vous assurer qu'il n'y a rien de plus coriace qu'un journaliste sur un scoop. La Waleman se sentira concernée et cherchera d'elle-même à exterminer sa taupe. Bien entendu les journalistes se mettront seuls sur la piste de la multinationale qui aura très vite à répondre de ses découvertes. En manipulant l'opinion publique, nous pourrions facilement maintenir l'attention du gang sur la dissimulation de leurs agissements. Les clients effarouchés nous intervenons en leur proposant une grosse somme d'argent en échange de la formule et de scientifiques travaillant sur les expériences. En prétendant avoir les infrastructures adéquates, nous pourrions même encourager la Waleman à se déporter en notre faveur."

[Je poste pour Noah qui arrive pas à cause de bugs]

[sorry gros bug je pouvais plus poster]

Depuis l'attaque de l'Underground, pas mal de choses avaient changé, Noah avait passé un temps fou à tenter de rafistoler le plus de monde possible. A cause de sa non présence dès  le départ, il y avait eu des pertes, et il avait eu un mal fou à l'accepter. C'est pour ça qu'il s'occupa sans relâches du plus de monde qu'il pouvait et il avait tenu vingt deux heures pour finir complètement à plat, endormi sur une chaise.

Et les choses reprenaient leur cours peu à peu et pour le moment, il était inutile. Il passait matin et soir vérifier des pansements mais plus personne ne sortait réellement donc de nouveaux blessés ne risquaient pas d'arriver.

Un petite personne avait malgré tout changé le cours de ses journées. Une petite survivante de six mois qu'il avait mit au monde lui même et dont les deux parents étaient tombés au combat. Sunny... une minuscule poupette qui souriait sans arrêt, tenait déjà assise et s'agrippait aux gens comme une moule à son rocher. Le traumatisme surement.

Et donc pour le plus grand désespoir de sa fiancée, l'irlandais avait ramené le monstre chez lui en attendant de trouver une famille potable.

C'était donc un magnifique après-midi dans la Villehaute, heure de la balade quotidienne, Sunny dans son bras gauche et son sac de change et tout ce qui était serviable en bandoulière sur son côté droit.

Combien de fois il s'était fait accosté par des femmes en quinze minutes ? Au moins trois. Et ce n'était pas pour lui déplaire. Mais quand il passa devant un bar, qu'il y reconnut sa femme avec un inconnu... bizarrement son sang ne fit qu'un tour et en bon sanguin qu'il était, Noah pénétra dans l'endroit.

"Quelle surprise... regarde Sunny, c'est Mad' !"

Ait faussement enjoué, il s'immobilisa face à leur table.

[Et du coup, c'était à moi donc je réponds...]

Elle leva les mains en se mettant à rire.

_ Non, trop d'idées. Je pense que le mieux c'est... De finir ce déjeuner improvisé avant de remonter et de recouper nos fichiers, il n'y a rien de tel que se poser. Là, j'ai pas mes dossiers, j'ai rien, c'est pas évident, je dois reconnaître.

Elle se pencha vers lui en souriant.

_ Même s'il faut avouer que le café est meilleur ici.

Elle se redressa avant de porter son soda à ses lèvres. Alors quand elle entendit la voix de Noah à ses côtés, elle s'étrangla avec sa boisson avant de se mettre à tousser, le poing devant les lèvres.

_ Noah ?!

Mais alors avec cette chose dans les mains, elle se recula aussi imperceptiblement que possible.

_ Qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle tendit une main vers Ulysse. Comment devait-elle l'appeler ? C'était Noah. Et il connaissait Maybel. Il pourrait gaffer. Non ? Si... Non... Elle ne prit pas de risques.

_ Damon Kay, mon nouveau co-équipier, Noah O'Driscoll, mon...

La bouche en rond, elle gonfla les joues. Son quoi ? Oh si elle ne disait pas le mot, il la tuerait. Il la TUERAIT sur place. Pour se faire pardonner de lui mentir, d'avance, elle le satisfait.

_ Mon fiancé.

Elle regarda Ulysse dans un grand sourire.

_ Et ça, c'est Sunny, le bébé dont je vous parlais tout à l'heure qu'on héberge pour l'instant.

Oh mon dieu, ils avaient survécu et maintenant elle allait devoir honorer l'engagement de se marier. Elle déglutit.

« Ca ? Tu parles de cette magnifique petite fille qui t'empêche de dormir la nuit et que tu adores profondément car tu ne la touches pas ? »

Large sourire du médecin qui tendit une main au nouveau co-équipier tout en déposant son sac sur le sol.

« Je suis le fiancé, oui. »

Nouveau sourire, il adorait marquer son territoire face à des types comme ce type. Et l'irlandais avait particulièrement noté la manière de se comporter de Maddison avec lui... et il détestait ça. Sa façon de se pencher en souriant pour parler de café... il avait juste envie de baffer ce sale con qu'il détestait déjà.

"Et j'en reviens pas qu'il vous mette déjà ensemble, c'est un peu tôt pour quelqu'un de nouveau ? Ah et je suis tout à faire d'accord... le café ici est délicieux."

Coup d'oeil en coin à Maddison, si elle n'avait pas remarqué sa façon d'agir avec "Damon", et bien lui si.

Ulysse ne sembla pas décontenancé par l'arrivée soudaine dudit fiancé. Au contraire, il fut même curieux de découvrir celui qui avait ramené un bébé dans la vie de cette femme si ouvertement allergique à tout ce qui ressemblait à une photo de promotion pour la fécondité. Aussi lui souria t'il avec franchise mais avec un certain regard en coin lui faisant plisser le front, comme s'il regardait par dessus des lunettes.

Comme il s'agit bien entendu d'un homme bien élevé, il se leva pour serrer la main de Noah dans un échange bien viril. Puis il alla aimablement lui chercher une chaise qu'il tira pour l'inviter à s'asseoir.

"Vous buvez quelque chose ?"

Son ton était très cordial. En fait il avait appris à ses dépens qu'il fallait éviter de venir faire pipi sur le lampadaire du territoire d'un autre. Pas que Maddie ressemble à un territoire et encore moins... à un lampadaire. Mais l'image était intéressante. Lui-même reprit sa place tranquillement et but une nouvelle gorgée de son lait pour dissimuler son amusement devant la jalousie qui transpirait du fameux fiancé.

"Oui Maddison non plus je vous rassure. Je me suis fait recevoir en beauté. J'ai fini au fond du bureau sur la chaise rouillée."

Il lui lança un regard discrètement complice et surtout très malicieux. Il appréciait déjà énormément cette nouvelle co-équipière qui était au final très rafraichissante et pleine de franchise. Une qualité qu'il appréciait surtout lorsqu'on était amené à risquer sa vie pour les fesses de l'autre.

Il but une nouvelle gorgée pour paraitre plus neutre et désigna le bébé du nez en souriant gentiment.

"Elle est adorable. On dirait que vous avez fait ça toute votre vie."

Il préféra ne rien dire d'autre. Instinctivement tout de même, ses yeux glissèrent vers la main gauche de Maddie qui ne portait pas de bague. Fiancés hein ? ça devait vraiment être récent. Ou alors le terme n'était pas tout à fait approprié. Dans tous les cas c'était certainement un sujet glissant. Il préféra plonger le nez dans son lait une énième fois en faisant mine de se régaler ou de réfléchir. Ou quelque chose entre les deux.

Il ajouta tout de même à l'adresse de Maddie :

"Je peux vous laisser si vous voulez. Le temps que je mette la main sur les données..."

Il désignait du pouce la porte derrière lui. Il n'avait certainement pas envie de s'imposer. Il ne la connaissait pas assez pour ça.

Elle soupira avec humeur en se passant une main honteuse sur le front. Noah venait de pisser aux quatre coins du café. Quand Ulysse la défendit sans le savoir, elle fit un grand sourire à son "fiancé".

_ Techniquement, je lui montrais le toit d'en face. Mais Edison m'a coiffé au poteau.

Elle fit un geste rageur du bras en pinçant les lèvres.

_ Zut !

Pitié, faites qu'il ne demande pas pourquoi elle a changé d'avis et qu'elle rit avec lui maintenant après l'avoir poussé par la fenêtre. Mais quand son co équipier fit un compliment sur la gamine, elle baissa les yeux en riant, hypocrite à moitié.

_ Je vais peut-être vous laisser entre paternels, hein ?

Mains finalement, elle leva une main.

_ Non, ça ira. Avec votre gros cul maladroit et vos deux mains gauches, même pas en rêve que vous vous approchez à nouveau de mon bureau sans ma présence. Vous avez fait assez de dégâts comme ça pour le restant de la matinée !

Elle lui lança un regard qu'il avait intérêt de comprendre très vite : pas de boulot face à lui. Un sourcil haut et des yeux intenses avec un sourire dessiné puis elle regarda Noah en penchant la tête.

_ Et toi, qu'est-ce que tu fais dans les parages ?

En public, il fallait avouer que Maddison n'était pas très démonstratrice. Cela dit, elle frotta le bras de Noah dans un sourire - toujours dans le sens du poil - avant de regarder Ulysse.

_ Noah est médecin, il s'occupe beaucoup des enfants.

"Oui, médecin et on héberge Sunny le temps de trouver une famille qui tienne la route."

Noah serra la petite contre lui, elle souriait tout le temps la petite sans dents. AH s'il avait pu la garder, il l'aurait fait. C'était pas si compliqué que ça l'adoption, il avait tellement de surplus d'affection à offrir que n'importe qui aurait fait l'affaire. Mais cette petite là était juste splendide. Il déposa un baiser sur le crâne de Sunny avant de se reconcentrer sur son "adversaire" que Maddie semblait bien apprécier vu la manière dont elle lui parlait. 'Gros cul' hein ?

C'était officiel, il le détestait encore plus.

"Je me promenais avec la petite, on allait au parc, ensuite acheter deux trois trucs et rentrer à la maison pour la sieste en espérant que j'ai pas d'urgences. Et vous deux ?"

Large sourire du médecin qui en profita pour commander un thé. Oh Maddie devait le haïr à cet instant précis.

"Et oui, Mad' sait être adorables à certains moments, le coup de la chaise rouillée, vous êtes probablement pas le premier... Mais elle se calme toujours avec le temps. Vous venez d'où vous ? C'est marrant vous avez pas l'air d'être du coin. Mutation ?"

Oh oui, il était intéressé, c'était certain, comment ne pas l'être quand votre future femme se trimballe un nouveau beau gosse au derrière ?

Sunny laissa tomber son doudou coccinelle sur le sol avant de se mettre à fixer Maddie de ses grands yeux bleus. Sa bouche tremblait légèrement... le déluge arriverait s'il ne faisait rien et vu le jeter de doudou rageur sur le sol, le monstre voulait quelque chose de précis. Et pour son plus grand désespoir d'irlandais, elle voulait aller sur Maddison. Ils étaient foutus.

[Je craque, faut que je réponde à ça]

Maddie soupira légèrement en secouant la tête.

_ Noah... Laisse le tranquille, un peu...

Mais elle les laissa parler en portant ses lèvres à son soda. Elle sursauta en voyant le doudou jeté au sol et fronça les sourcils en regardant le bébé et le doudou au sol. Curieux. Puis elle s'en désintéressa... Noah était là pour ça, pas elle : elle bossait là ! Elle espérait juste que Ulysse ne mentirait pas plus qu'elle et qu'il saurait rester discret. Elle parlerait à Noah quand ils seraient seuls à nouveau. Oh, il n'allait pas terriblement aimer. Dans ses pensées, elle finit par remarquer le regard insistant du bébé sans dents. Elle recula la tête et tourna les yeux de l'autre côté, qui est-ce qu'elle fixait comme ça ? En reportant son attention sur le bébé, elle constata que c'était elle qu'elle fixait. Elle fronça d'autant plus les sourcils.

_ Quoi ? J'ai du persil entre les dents ?

Et elle entreprit de se frotter les dites dents avec son index... Avec de lui faire une grimace. Puis en soupirant, elle se pencha pour ramasser le doudou et lui remettre dans les mains. Pas son truc les bébés ! VRAIMENT pas son truc.

Ulysse prit un air faussement offensé lorsque Maddie parla des dégâts causés sur son bureau. Il leva l'index vers elle en plissant les yeux.

"Quelle mauvaise foi ! Vous m'avez collé un coup de tête dans les gencives et VOUS avez renversé UN PEU de café sur votre précieux bureau."

Il y avait beaucoup plus d'humour que de défense de l'égo dans cette petite tirade. En fait, il avait même bien envie de rire. Maddie accepterait-elle de se chamailler amicalement avec lui devant son fiancé ? Il y avait peu de chance. En tous cas il ne parla pas de ses autres maladresses bien moins gracieuses. Fallait pas non plus donner le bâton pour se faire battre !

Noah semblait vouloir entamer la conversation. Bien, il n'était pas contre bien au contraire.

"Je travaillais à Seattle avant de venir ici en temps qu'agent d'investigation. Mais avant ça j'ai pas mal voyagé sur la côte ouest."

Il appuya ses deux coudes sur la table, l'air tout à fait détendu.

"Alors vous êtes médecin. C'est un boulot prenant. Un vocation depuis toujours ?"

Il avait soigneusement évité la question de la mutation. De là où il venait ce n'était pas exactement le genre de chose qu'on disait à un parfait inconnu. Même si Megalopolis avait d'autres coutumes, ce n'était pas un sujet qu'il affectionnait.

Le bébé semblait très intéressé par Maddie et Ulysse ne put s'empêcher de sourire largement, ouvertement trèèèèès amusé par la situation.

"Je crois qu'elle veut un câlin de vous."

Noah secoua la tête en fixant Ulysse, enfin "Damon", quelle connerie, jamais elle ne la prendrait. Pour appuyer ses dire, Sunny se saisit de nouveau de sa coccinelle et la jeta par terre tout en fixant Maddison.

"Vous voyez, on est au bord de l'apocalypse, nous avons d'un côté une petite de six mois et demi voulant Maddison, et de l'autre côté une magnifique jeune femme dont je tairai l'âge qui désire tout sauf ce bébé."

Noah fixa les deux tour à tour plutot amusé.

"Reste à voir des deux qui criera le plus fort, et je suis même pas sur de parier sur le bébé."

Sentant la respiration de la petite s'accélerer, Noah préféra se concentrer sur le nouveau et ignorer le combat (pour le moment) silencieux qui se jouait à cette table.

"Disons que j'ai des prédispositions pour la médecine donc c'était logique que je me lance là dedans. J'adore mon boulot, je le changerai pour rien au monde même si des fois on risque gros, très gros."

Ah les souvenirs de l'attaque ressurgissaient dans sa mémoire violemment, c'est qu'il commençait à faire partie des durs de l'Underground, tout en cicatrice qu'il était.

"Beaucoup de boulot ici, des petits gangs, des problèmes de communautés. C'est pas de tout repos mais au moins je suis utile. Enfin j'ai l'impression."

SUnny commença à pleurer pour le plus grand malheur de ses oreilles. Il eut un mouvement de recul sans vraiment le vouloir mais continua de fixer l'agent.

"Désolé pour ça, ça finira par passer. Vous avez de la famille ? Pourquoi être venu ici spécifiquement ? C'est grand la côte est."

Maddie ignorait à nouveau le bébé en restant concentrée sur l'échange. Non pas qu'elle les surveillait mais tout simplement, elle souhaitait participer alors le bébé n'avait pas sa place selon elle. Quand il évoqua les risques, elle baissa les yeux et fit tourner le soda entre ses doigts. Elle déglutit même, les images étaient toujours si précises dans sa tête. Elle se frotta le nez avant de relever les yeux sur le duo.

_ Tu fais de ton mieux, c'est le principal.

Mais quand le bébé se mit à pleurer elle grimaça en fermant les yeux.

_ Oh, Noah, pitié... Je me lève avec, je dors avec, je m'endors avec, je mange avec, pour une fois, quand je suis sur mes horaires de boulot, est-ce qu'elle pourrait se taire !

Ulysse grimaça mais pas outre mesure quand Sunny se mit à pleurer. Lui contrairement au couple n'avait pas à la supporter au quotidien. Il sourit donc à Noah en secouant légèrement la tête.

"Non non pas de problème. On ne peut pas demander à un bébé de rester immobile et silencieux"

La remarque de Maddie fut plus acerbe. Pour quelqu'un comme elle qui n'avait autant d'instinct maternel qu'un ver de terre mâle, la chose devait être très difficile à vivre.
Il poursuivit la discussion en ignorant les pleurs.

"J'ai une sœur ici, je vis d'ailleurs avec elle. Mais je suis surtout venu parce que le FBI de Megalopolis recrutait. Et c'est aussi celui qui offre la formation la plus complète vu que c'est le complexe urbain le plus étendu et hétéroclite du pays."

Il finit son verre de lait d'une traite puis reposa la tasse dans un petit bruit sourd.

"J'admire votre travail en tous cas. Vous êtes réellement utile à n'en pas douter."

Il inclina la tête dans la direction de Noah puis reporta son attention sur Maddie.

"Plus que nous, hein ? Partenaire !"

Il lui adressa un sourire plein de dents puis s'écarta pour éviter un éventuel coup de savate.

Noah se laissa aller à sourire avant de fourrer Sunny dans les bras de Maddison en murmurant un "Désolé" rapide.

Et ce truc marcha instantanément. Sunny avait réussit et se cala confortablement contre Maddison en observant les alentours. Les personnes autour d'eux d'ailleurs, jetèrent un regard bienveillant à la scène. Enfin le retour du silence.

"Vous démantelez des organisations et ce genre de choses, vous êtes aussi utiles que moi, vous bossez pour l'avenir, moi je suis à fond dans le présent, je soigne sur le coup. Je ne peux rien faire de plus."

Son regard dévia alors sur Maddison qui, à n'en pas douter, tirait une tête de six pieds de long. Le médecin lui attrapa sa main libre.

"Je suis désolé et je te revaudrai mais malheureusement je ne peux pas forcer une famille à l'adopter."

Noah fixa alors Ulysse de nouveau.

"Un bébé ça vous branche pas vous et votre soeur ?"