2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Abel/Maddie] Fight the Dauntless

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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Février 2075

J'étais plus légère. Une façon de parler, oui, mais je me sentais un peu mieux ces derniers temps. Maze savait, Reese savait... Mon frère était en vie, Matt se relevait lentement. Les émeutes du 27 janvier auraient pu nous causer plus de pertes. Je n'avais pas loupé le message de Liberation et j'étais quelque peu intriguée parce que j'avais entendu. Abel n'était pas mort, je l'avais confirmé à Maze et Reese. Je leur avais également confirmé qu'il n'y avait qu'un seul Abel. Il m'est apparu plus judicieux de ne pas en informer l'Underground et Reese a acquiescé. Le rencontrer était alors bien plus important pour lui maintenant et j'allais profiter d'honorer ma promesse pour lui demander d'éclaircir cette histoire de Coréen.

Je savais également que Abel était en vie car il avait répondu à mon appel. Bien sûr, nous utilisions toujours nos codes. Maintenant plus que jamais et je lui ai donné rendez-vous sur le toit de l'immeuble, comme d'habitude. Reese et Maze ne me suivaient plus, je me sentais plus libre et légère. J'avais deviné que si Abel s'était fait passer pour mort, c'était pour une bonne raison, mais j'étais curieuse.

Je m'étais promis de garder une expression assez neutre, mais je n'arrivais pas à m'empêcher de sourire. J'avais quelque chose dans l'air, une impression - fausse - que tout était en train de changer - mais en bien - et que maintenant, tout irait mieux. l'Underground avait acquis un équilibre insoupçonné au sein des leaders, du jamais vu en trois ans et j'étais assez optimiste.

Vous savez ce qu'on dit ? C'est quand on pense que tout est rentré dans l'ordre que l'apocalypse s'abat sur vous. Mon pouvoir aurait dû me prévenir... Mais il paraît aussi qu'on n'est jamais objectif avec soi-même. Et que l'amour, ça rend aveugle.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il lui avait fallu du temps pour décider quoi faire. Il lui avait fallu du temps pour digérer l’information et savoir quoi en faire. Mais ca avait expliqué presque immédiatement pourquoi il y avait eu un trou aussi long dans leur … relation. Dans leurs contacts. Dans leurs échanges. Qualifiez ca comme vous voulez, lui, c’était hors de son champ de compétences.
Quoi qu’il en soit, il n’était pas ce qu’on pourrait appeler prêt à revoir Maddison et à la confronter lorsque son message lui parvint par leurs biais habituels. Pour être parfaitement honnête, il avait hésité à répondre. Après tout, combien de fois durant cette fameuse période elle l’avait tout bonnement ignoré ? Pourquoi ne lui retournerait-il pas la politesse ?
Parce qu’il n’était pas comme ca, et même s’il ignorait quoi faire exactement, il ne pouvait pas ne pas y aller et la confronter à son silence. Elle ne lui avait certes pas mentit. Mais elle ne lui avait pas tout dit. Or il aurait du être aussi concerné qu’elle.

Il avait donc pris une copie de l’extrait de son dossier médical : le compte-rendu d’hospitalisation avec le détail des examens sanguins et des opérations subies. Il n’avait plus besoin de le lire, il le connaissait par coeur. Il avait beau être dans sa poche, il le voyait aussi parfaitement que s’il l’avait eu sous les yeux. Les joies d’un bon entrainement para-militaire… Il n’était meme pas sur d’en avoir besoin, de cette feuille. Il n’était même pas sur ce qu’il dirait.

Le visage fermé, il prit pied sur le toit de l’immeuble et s’approcha d’elle d’un pas cadencé tout militaire, pour s’arrêter à cinq mètres d’elle.

« Que se passe-t-il ? » Demanda-t-il. Le ton était neutre et distant. Pour le moins inhabituel les concernant.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’aurais dû me méfier. J’aurais dû percevoir son trouble, que quelque chose n’allait pas, au moins. Mais c’était à croire que ma perception des sens était fortement altéré. J’avais de quoi. Et lui aussi. Je ne savais toujours pas ce qui s’était passé du côté de Liberation. Il y avait des hommes, et moi aussi. J’avais eu de la chance, visiblement, lui moins. Et j’étais inquiète.

En l’entendant, je me suis retournée et je lui ai souri en me rapprochant de lui. Si sa question m’a arraché un léger rire, j’ai enchaîné avec une pointe de sarcasme, une main en l'air.

« Euh… Duuuh ! Salut à toi aussi, Ô mort vivant des ténèbres ? » J’ai retrouvé mon sérieux aussitôt en fronçant les sourcils et j’ai désigné la ville sous nos pieds. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Coréen ? Je croyais que c’était ton pseudonyme mais je n’ai jamais pensé que vous aviez tous le même ! »

En temps normal, lorsque nous parlions « affaires », la distance était de mise. Comme la dernière fois où j’avais dégainé un dossier le concernant. Oh oh. Un autre signe que j’aurais dû voir venir. Mais vu les circonstances, je me suis approchée un peu plus pour poser une main sur son bras et lui caresser jusqu’à trouver la sienne, véritablement inquiète.

« Abel, qu’est-ce qui s’est passé chez vous ? »
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Abel Henoch
Abel Henoch
Sans doute pour la premiere fois depuis qu’il connaissait Maddison, le sourire de la jeune femme ne fut pas un plaisir, ni un baume. Il ne digérait vraiment pas qu'elle ait pu lui cacher une chose aussi importante. Le tenir écarté de ce qui le concernait directement, presque autant qu’elle. S’il était une chose qui était resté vivace dans son caractère, c’était bien le sens de la famille. C’était ce qui l’avait mené à ce qu’il était, pour le meilleur et pour le pire. Eve était sa soeur envers et contre tout, et Liberation avait l’ame d’une famille de coeur à défaut de sang. Qu’il se sente autant trahi par ce que Maddison lui avait caché démontrait s’il en était besoin qu’elle avait fini par en faire partie, d’une manière spéciale, mais tout de même.

Son expression resta donc fermée et professionnelle. Et il ne prit pas la peine de lui répondre quant au fait qu’il ne l’avait pas saluée. Il ne le faisait pas nécessairement à chaque fois, pourquoi devrait-il en plus se forcer ? Il avait tout fermé, de toute facon. Il le devait, s’il voulait être capable de demander des comptes. S’il voulait être capable d’avoir les réponses qu’il voulait. Et agir de la bonne facon. Il devait rester froid.
Sans le vouloir vraiment, Maddison lui donna un coup de pouce en évoquant Jericho. Dans le genre, ca douchait tout les enthousiasmes du monde. Dans la mesure où elle avait désigné la ville, il se dégagea de la main de Maddison et s’approcha du parapet et regarda la ville en contrebas.

« Ce qu’il s’est passé ? » Il eut un reniflement de dédain. « Mes hommes ont fait leur devoir. » Tous, et plus qu’il ne l’avait attendu. Pourquoi avait-il fallut un drame pareil pour que Garin se révèle plus utile qu’il ne l’avait jamais été ? Pourquoi Jericho ? « L’un d’entre eux y a laissé la vie. L’autre y a vu une opportunité de protéger Liberation. Nous n’avons pas tous le même pseudonyme. Même mort, il pouvait encore faire quelque chose pour nous… En lui donnant mon identité, ca nous laisse un peu de champ... » Il n’y avait pas pensé lui-même. Un point pour Garin et sa présence d’esprit… Petit con jusqu’au bout...

Il resta un instant silencieux et puis...
« Vous n’avez pas subit de pertes ? » Après tout, Eve y avait noué des liens, elle serait surement contente de savoir qu’ils allaient bien. Et voudrait savoir aussi si les choses avaient mal tournées.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’ai pincé les lèvres. Il était froid mais je ne lui en voulais pas. J’ai donc eu l’intuition que Liberation n’était pas sorti indemne. D’un oeil désolé, je l’ai regardé se mouvoir sur le toit. Je me doutais bien que Liberation n’allait pas bien. Se manifester comme ils l’avaient fait, puis l’annonce de la mort de Jericho… Bien sûr que quelque chose clochait sévèrement. J’avais simplement espéré me tromper. Je l’ai écouté, religieusement avant de le rejoindre. Il semblait à la fois abattu et en colère. Une colère froide dont je n’aurais pas aimé être la cause. Malheureusement… Je l’étais. En tout cas, en partie. Mais à cet instant, je l’ignorais.

« Je suis désolée… » J’ai posé ma main sur le haut de son dos, où se trouvait son tatouage sous les couches de tissu, et je l’ai faite glisser en me rapprochant de lui délicatement jusqu’à ce que mon nez touche son épaule, un des tous premiers gestes tendres que j’avais eu pour lui un peu plus de deux ans auparavant. J’ai relevé les yeux sur lui à sa question et me suis écartée légèrement avant de secouer la tête. J’ai hésité, me sentant bien injustement chanceuse, mais après tout, telle était la vérité. J’ai dégluti. « Ca a failli. Mais ils étaient plus nombreux que prévu sur le parvis. Nous avions convenu d’y être au cas où ça tournait mal, justement. Certains s’y sont retrouvés… Par hasard. Heureusement, notre soigneuse connaissait un Healer qui a réussi à agir avant qu’il ne soit trop tard pour les blessés les plus graves. C’est une chance… que j’ai du mal à croire encore. Comment va Eve ? »

J’ai levé la main pour toucher son menton et tourner son visage vers moi.

« Dis-moi ce que je peux faire. »
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il sentit sa main dans son dos, son nez contre son épaule, mais ce contact n’avait rien d’apaisant, encore moins de réconfortant. Ca donnait plutôt envie à Abel de se dégager, même s’il n’en fit rien. Pourquoi accepterait-il son soutien quand elle lui avait refusé de lui donner la réciproque ? Il lui jeta un regard en coin quand elle se dit désolée.

« Pourquoi ? » Après tout, ce n’était pas comme si elle connaissait Jericho, ce n’était pas comme si elle avait fait partie de leur groupe. Elle n’avait aucune raison d’être « désolée ». Et à nouveau, son regard se perdit sur la ville alors que Maddison lui racontait comment ils s’étaient sortie de l’émeute. Ce que l’Underground avait pu subir suite à ces événements, dans les grandes lignes du moins.
Qu’elle lui demande des nouvelles de Eve lui tira un léger froncement de sourcils, mais il se rappela que si Eve avait noué des liens avec ceux de l’Underground, la réciproque était vraie aussi.
« Elle a encaissé beaucoup de choses dès son retour. Elle en est encore à essayer de faire le tri dans tout ca. »

Il ne resista pas quand elle lui fit tourner la tête, mais son expression était vide de toute émotion. Il avait laissé la part sensible de son être au Saloon. Celui qui était là, c’était le leader de Liberation. Encore que le sujet qu’il comptait aborder était tout ce qu’il y avait de plus personnel. Mais il s'efforcait de cloisonner et de traiter le probleme comme un défaut de communication de son équipe - leur équipe. Un probleme de leadership. Rien qui ne devait le doucher personnellement.
La question, ou plutôt l’injonction de Maddison lui tira un frémissement de sourcils.
« Ce que tu peux faire à quel propos ? »
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Maddison DeLuca
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Mon doigt caressa doucement son menton avant de remonter vers son sourcil dans une caresse du pouce. Il me semblait si froid et si sauvage que j’osais à peine ouvrir la bouche, de peur que la moindre de mes paroles ne le fasse fuir.

« Je n’ai pas toujours eu cette chance, je sais ce que c’est que de perdre des hommes dans un combat. Et pour ça, je suis désolée. » Ma main a glissé sur son torse. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, je veux être là pour toi. Je veux t’aider. On peut t’aider. Abel… C’est pour ça que je suis venue. »

J’ai inspiré profondément en m’humectant les lèvres et j’ai fermé les yeux avant de me les frotter. Nous n’avions pas tellement dormi ces derniers jours. Il fallait faire attention aux dégâts sur le parvis, Megalopolis avait mal choisi son moment pour muter mon co-équipier et m’en assigner un nouveau et l’Underground était plus alerte que jamais. Je me suis raclée la gorge avant de rouvrir les yeux. « Reese veut te rencontrer. » Je me suis mordue une lèvre. Pas besoin de dire qui était Reese, je savais qu’il saurait. J’ai doucement secoué la tête et j’ai levé une main avant qu’il ne m'interrompe. « Laisse-moi finir, d’accord ? Il sait pour toi. Il a deviné parce qu’il me connaît par coeur et parce que… Parce qu’il a compris qui était Eve tout seul. Enfin… J’ai fini par lui dire la vérité, il posait trop de questions, c’est devenu invivable, il n’a plus confiance en moi, je lui ai menti pendant des mois, il ne me le pardonnera pas. Il m’a demandé de porter le message, qu’il avait quelque chose à te dire. Je crois qu’il parlait d’une alliance. Nous n’avons pas dit à l’Underground que tu étais toujours vivant. Seuls les leaders le savent et nous ne sommes que trois. J’ignore combien vous êtes en tout, mais nous sommes nombreux. Je crois… Je crois que ce serait une bonne chose, tu sais ? Tu as le droit de refuser son aide, mais je crois qu’il requiert la tienne aussi. C’est un homme bien. Bon, droit et juste. Comme toi. Dis-nous ce qu’on peut faire. »
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Abel Henoch
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S’il avait commencé par se radoucir légèrement à son explication, il se tendit à nouveau lorsqu’elle parla de l’aider. Pire. « On » peut t’aider ? Ce qu’il se passait à Liberation ne la regardait pas, et encore moins l’Underground. Ils ne poursuivaient pas les mêmes buts, le genre d’aide que Liberation pourrait requérir entrerait forcément en conflit avec leurs idéaux de carte postale.
Il laissa néanmoins tomber pour l’instant avec un reniflement, un vague sourire amer et secoua légèrement la tête avant de détourner le regard.

Lorsqu’elle reprit la parole pour lui parler de Reese, il haussa vers elle un sourcil interrogateur, mais il ne lui vint pas à l’idée de l’interrompre, se doutant bien que la justification d’une telle demande suivrait nécessairement. Et elle vint. Il n’avait effectivement pas la moindre intention de demander de l’aide à qui que ce soit, et certainement pas à lui, mais il n’y avait rien à perdre à accepter une rencontre. Au contraire, il saurait ainsi clairement qui était cet homme - autrement que par le témoignage de Maddison et ce qu’il avait entrevu quelques mois plus tôt.
Il tira en tout cas une sorte de plaisir pervers à constater que Maddison mentait et cachait des choses à tour de bras - mal venu de la part de quelqu’un qui voulait finalement s’immiscer partout.

« Ca nous fera une chose en commun à tout le moins, si tu lui as menti aussi longtemps… » Il lui fit face, se redressant de toute sa hauteur. « Nous n'avons que faire de votre aide, et je doute que l’Underground accepte mieux qu’avant le type d’aide que nous nous proposons d’apporter. Mais je le rencontrerai. »
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Maddison DeLuca
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J'ai commencé à tiquer. Quelque chose n'allait pas et je n'étais plus aussi sûre que cela ait trait uniquement aux émeutes. Il m'évitait presque du regard. Même quand nous étions un peu en froid, ce qui arrivait, il ne détournait pas les yeux de cette manière. J'ai froncé les sourcils quand il a commencé à me répondre. Attendez une seconde...

"Hein ? De quoi tu parles ? Ne rien te dire sur l'Underground n'est pas te mentir, ni à toi ni à Liberation ! Je lui ai menti à lui pour te protéger toi !"

Lui dire que Maze avait menacé de tuer sa soeur pour empêcher toute fuite potentielle ne m'est pas apparue comme une bonne initiative. Ca aurait pu lui permettre de comprendre mais je n'ai pas voulu... Et bien, je sentais qu'il venait de me reprocher quelque chose. Mais j'ignorais quoi.

"Liberation et l'Underground ont toujours eu les mêmes cibles, et les mêmes ennemis ! Tu ne vas pas me dire que tu n'étais pas sur ce train qui arrivait de Chicago qui a failli nous coûter deux hommes à nous aussi. DONT Reese." J'ai levé les mains. Son humeur commençait à m'atteindre. cependant, j'ai conservé mon calme. "Ce que je veux dire c'est que si nous avions su que nous étions sur la même cible, nous aurions pu empêcher tout ça et peut-être même nous répartir équitablement les ressources sans avoir à se tirer dessus et nous entretuer pendant que la Waleman se gausse dans notre dos à chacun !"

De mémoire, il me semble que c'était la première fois que nous parlions "affaires" de cette manière.

"Vos méthodes sont différentes. Mais les temps sont différents. Abel, ce qui s'est passé il y a quelques jours a déclenché une révolte au sein de l'Underground. Reese a beaucoup de mal à les contenir. Ce que j'essaye de te dire, c'est que... C'est que je crois qu'il a besoin de toi." J'ai haussé le ton en me rendant compte de ce que je venais de dire. "Il m'a dit que cela faisait un moment qu'il voulait te rencontrer mais qu'il n'a pas trouvé le bon moyen. J'imagine que sans ça, il me brûlait vive au coeur de l'Underground dans un spectacle son et lumière. Nos sources sont différentes et nos méthodes également. Je pense qu'à tous les deux, vous pouvez rappeler à cette ville ce qui se passe réellement. Des Candidats et d'autres Positifs n'osent plus sortir de l'Underground, ils sont terrifiés. Je pense à tout ce que vous pourriez faire tous les deux en vous alliant et je me dis que beaucoup retrouveraient confiance. Pourquoi tu me regardes comme ça, ce n'est pas moi qui ai tué un de tes hommes."
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Abel Henoch
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« Je ne t’ai jamais demandé de me protéger, de quoi que ce soit. Combien de fois devrai-je te le dire ?! » Lacha-t-il. Il savait que d’une certaine manière, il était injuste : il n’avait pas plus parlé d’elle à ses camarades de jeu que la réciproque. Mais il ne leur avait pas menti au sens strict du terme. Ils ignoraient juste son existence. Qui plus est, pour ce qu’il en avait compris, Liberation et l’Underground ne fonctionnaient pas sur le même mode. Là où le cloisonnement de l’information pouvait se révéler vital pour la survie de tous, l’Underground était plus communautaire.

« Les temps nous donnent raison. Ce n’est plus l’heure de jouer la conciliation ou la médiation et l’unification. Ils ont relaxé cet enfant de salaud. Une inéligibilité ne lui enlève pas le droit à la parole. Est-ce que vous serez d’accord d’être nos alliés si on lui met une balle dans la tête ? J’en doute. Même si c’est le meilleur moyen de le réduire définitivement au silence, et de montrer que si la loi échoue, la justice elle trouve toujours un chemin. Mais je ne pense pas que ca cadre avec vos beaux rêves. »

Quand elle lui demanda pourquoi il la regardait de la sorte, il resta un instant silencieux à la scruter, cherchant le bon angle. Il mesurait toute l’ironie de sa remarque et dont elle était totalement inconsciente.

« Non, en effet. » Finit-il par lacher, un peu à contre coeur. « Cependant, j’ai réalisé à quel point nous… A quel point tu veux entrer dans ce que je fais, mais que tu ne fais rien dans la réciproque. » Ce disant, il sortit la feuille de sa veste, l’ouvrit et la plaqua sur le muret du parapet, le regard braqué sur Maddison.
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Maddison DeLuca
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"QUOI ?!"

Ce simple a franchi mes lèvres, incapable de prononcer autre chose. Qu'est-ce qui lui prenait, tout à coup ? Il était à cran, je voulais bien le reconnaître, de là à me reprocher de l'avoir protégé, j'ai senti qu'il y avait bien plus que ça. J'avais déjà été confrontée à cette part sombre de lui, celle qui dit "non", celle qui a de la violence, de la colère, qui est capable de faire des choses regrettables sans un seul remords. Mais je ne comprenais pas... Abel avait des raisons d'être soupe au lait, mais en général, il ne s'en prenait pas à moi. A l'Underground, tout au plus.

J'ai voulu lui dire qu'au regard de Reese, ce genre de mesures étaient envisageables, oui. Et ensuite lui demander quel était son problème avec moi. Mais je n'ai pas tellement eu le temps. J'ai ouvert la bouche en voyant son geste et j'ai froncé les sourcils. Qu'est-ce que... J'ai légèrement tiqué des yeux en le fixant puis j'ai regardé le feuillet. Ou le dossier. Qui ressemblait à celui que je lui avais donné. Le visage fermé, j'ai néanmoins haussé les sourcils en désignant sa main, puis moi. C'était pour moi ?

Je lui ai pris dans un geste un peu sec sans le quitter des yeux quelques secondes. Quand je les ai enfin baissés, j'ai raté un battement de coeur. Mon visage est devenu blême et mes lèvres se sont entrouvertes. Une photo de moi ou deux, ainsi que d'autres, des résultats, des tests, des rendez-vous, des comptes rendus.

Je n'arrivais plus à respirer. Mes tempes sont devenues bouillantes. J'ai cligné des paupières alors que les pages défilaient de plus en plus vite devant mes yeux. Un instant, j'ai même percuté sur une information et j'ai fait demi tour pour mieux la lire, un murmure s'échappant de mes lèvres

"C'est impossible."

J'étais aussi confuse que perdue, aussi terrifiée qu'interdite. J'ai violemment refermé le dossier et je l'ai regardé. Un choix s'imposait à moi. Je pouvais lui dire la vérité, lui demander son pardon, être franche. Ou je pouvais continuer comme avant. D'une voix blanche, je l'ai insulté du regard.

"Tu sais... On s'est déjà disputés, il me semble et ça n'a pas toujours été très tendre. Mais j'aime autant te prévenir que ce ne sera rien en comparaison de toi en train de fouiller dans mes affaires !" Cette fois, mon coeur battait la chamade et mes yeux se sont assombris. Les mondes n'en étaient pas encore à sa confondre, mais ça ne saurait tarder et j'y ai songé en essayant de garder le contrôle. "Tu as ENQUETE sur MOI ?! De quel DROIT ! Je ne me souviens pas avoir appelé l'ambassade d'Islande pour avoir la liste de leurs disparus et dire à tes parents où tu étais !"

Mais je n'avais jamais eu de contrôle quand il s'était agi d'Abel...
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Abel Henoch
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« C’est impossible ? Tu vas me faire croire que c’est un faux ? » Lacha-t-il d’un ton doucereux.

En tout cas, elle ne niait rien ouvertement. Elle faisait bien, il n’était pas sur qu’il aurait bien vécu qu’elle invente une histoire destinée à démontrer que ce ne pouvait pas être réel. Cela dit, l’angle qu’elle choisit ne lui semblait pas plus opportun.
Le regard de Abel se fit encore plus noir qu’il ne l’était déjà, et il était sans doute heureux qu’il n’y ait pas de canalisation à proximité.

« Fouiller dans tes… FOUILLER DANS TES AFFAIRES ?! Je te rappelle que tu es venue me voir avec une faille de sécurité ! Tu croyais que je n’allais pas enquêter de mon côté ?! Tu croyais franchement que j’allais laisser la sécurité de mes hommes au seul tout puissant Underground ?! TU AS EU TORT ! » Il joua de la machoire avant de poursuivre.
« Et tu es de toute facon très mal placée pour me faire des leçons de petits secrets, non ? » Il désigna la feuille d’un index tendu.
« Tu comptes m’expliquer ce que ca veut dire oui ou non ? »
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Maddison DeLuca
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J'ai écarquillé les yeux à en perdre mes paupières. Mon coeur a implosé dans ma poitrine et j'ai rugi comme une lionne.

"JE TE DEMANDE PARDON ???!!! Mon dossier MEDICAL n'a RIEN à voir avec la sécurité de tes foutus hommes, ABEL ! Je suis venue à toi DES que je l'ai su pour te tenir informé ! Que tu aies fait ta propre enquête c'est très bien et ça ne me regarde pas, mais CA !"

Je l'ai frappé avec le dossier contre son torse pour lui rendre.

"CA, c'est à MOI ! et UNIQUEMENT à moi ! Tu n'avais AUCUN droit de fouiller dans ma vie privée ! Si je ne te dis pas quelque chose, j'ai mes raisons ! Est-ce que c'est CLAIR !" Et puis j'ai éclaté de rire à sa question. Soit il le faisait exprès, soit j'allais devoir lui expliquer mot à mot la vie et je n'étais pas sûre que l'une ou l'autre des solutions ne lui plaise. "Oh, tu veux un dessin, maintenant ?! Je croyais que tu avais mené ton enquête sur moi pour la protection de Liberation." J'ai inspiré profondément. "OUI !" Et je l'ai poussé des mains sur le torse. "Je l'ai fait ! Et OUI je ne te l'ai pas dit ! Je l'ai fait pour toi ! Tu n'as aucune idée de ce que tout ça représente ! Comme si tu aurais voulu le savoir !"
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Abel Henoch
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Il grimaca à l’explosion de colère de Maddison. Plus parce qu’il la jugeait excessive dans sa réaction que parce qu’il était touché. A dire vrai, à voir la noirceur de son regard, on doutait qu’il puisse encore être touché par quoi que ce soit.
Il arracha le dossier de la main de Maddison lorsqu’elle le frappa avec. Sans doute un des gestes les plus violents qu’il avait jamais eu à son encontre, et certainement pas emprunt de la moindre douceur.

« Ca a TOUT à voir avec notre enquête ! Tu crois que ton Cyber avait eu besoin de trouver des traces de nos rencontres en cherchant des infos pour Eve ?! Quand on cherche, on finit souvent par trouver plus que ce qu’on voulait au départ, tu devrais le savoir ! Et si tu n’avais rien à cacher, ca n’aurait JAMAIS du être un probleme ! »

Contrairement aux confrontations précédentes qu’ils avaient pu connaitre, lorsqu’elle le repoussa des deux mains, il accepta la poussée et se recula de quelques pas, l’air passablement dégouté. « Ah non, ca je ne risque pas de savoir ce que ca représente... » Et pour cause, si elle ne le lui disait pas.

« Si c’est ce que tu crois… C’est CA que tu penses de moi ? » Il la pointa du doigt. « Ce que MOI, je crois, c’est que tu ne me fais pas confiance. Sur RIEN ! » Il jeta le dossier au sol entre eux et leva une nouvelle fois l’index dans sa direction. « Tu n’aurais JAMAIS du me le cacher ! »
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Maddison DeLuca
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Aucun de ses gestes ne m'a touchée. Je ne sais pas si c'était parce que je m'y attendais, parce que je les méritais, ou parce que mon esprit était concentré sur autre chose. Je crois que mon corps réclamait aussi cette violence, cet... agissement de sa part. Une réaction, quelque chose qui soit différent, quelque chose qui soit humain.

Je savais qu'Archi avait trouvé mon dossier médical. Je ne sais pas pourquoi il ne m'est pas venu à l'esprit que Abel et son propre Cyber n'iraient pas chercher... peut-être justement parce que j'avais trop confiance en lui. Ironique, vous ne trouvez pas ? Cette prise de conscience, si fortement opposée à ce qu'il me disait m'a porté le coeur au bord des lèvres, et avec lui, une flotte de larmes jusqu'aux cils.

J'ai porté mes mains à mes tempes, ramenant mes cheveux en arrière et j'ai pincé les lèvres en tournant sur moi-même pour m'écarter de lui. J'ai baladé mon regard sur les hauteurs de la Ville Haute au loin. Dos à lui, je ne voulais pas qu'il me voit comme ça. J'ai crispé les yeux à sa dernière phrase.

Je m'étais posé cette question. Un nombre incalculable de fois. Pendant des heures durant. J'avais pris ma décision en sachant que ce n'était pas la bonne mais si j'avais fait l'inverse, j'aurais eu la même impression... Quoiqu'il arrive, peu importe ce que je faisais... Ce n'était pas la bonne solution. J'étais alors dans une impasse et je ne m'étais tournée vers personne pour des conseils, j'avais tout géré toute seule parce que je n'avais pas voulu que ça se sache. Parce que j'avais honte, tout simplement. J'avais bien demandé à l'infirmière...

"La loi, c'est la loi, Officier DeLuca."

Je n'étais pas en couple, je n'étais pas mariée, je ne vivais pas à une adresse visitable, j'étais de la police. Je me devais de montrer l'exemple. L'infirmière n'avait pas semblé extrêmement joyeuse de remplir mon dossier, mais elle n'avait pas eu plus le choix que moi. Je me suis enfin retourné vers lui en ouvrant les bras, démunie. Cette fois, j'ai hurlé quitte à être entendue, même avec une voix tremblante.

"Putain de merde, et ensuite QUOI ?" J'ai levé les mains pour agiter les doigts comme des petites jambes, cynique. "On l'aurait élevée dans un jardin clôturé de la Ville Médiane ?! Tu l'aurais faite sauter sur tes genoux avant d'aller loger une balle dans la tête du prochain Howard Stenton ?! Tu aurais fait ses devoirs en attendant que je rentre le soir de m'être pris des barres à mine dans la gueule toute la journée par les révoltés de la Ville Basse ?! Ce n'est pas une vie pour une enfant, qu'est-ce que tu crois, que je n'y ai pas réfléchi ? Tu ne comprends pas que je te l'ai épargné, plutôt ?"

Ma voix s'est brisée mais j'ai dégluti, sans me démonter. Il en était hors de question. Pas devant lui. Pas après avoir réussi à accepter et assumer ce que j'avais fait pour moi. Pour nous. Pour ce qui ne viendrait jamais à naître.

"Parce que j'y ai réfléchi, Abel ! J'en ai pas dormi pendant des nuits ! J'aime autant te rappeler également qu'on ne m'a pas vraiment laissé le choix, je suis de la police ! Qui suis-je pour enfreindre les règles ?!" J'ai dégluti à nouveau et j'ai ouvert la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Lentement, j'ai commencé à me rapprocher de lui. "J'étais... Si terrifiée. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie de ce qui pouvait arriver." J'ai doucement secoué la tête. "A la minute où on me l'a annoncé, j'ai compris quelque chose. Ca m'a pétrifiée. tu n'as pas idée à quel point et je n'ai pas voulu que tu le saches parce que..."

J'ai porté mes mains à mon visage pour me concentrer et conserver mon calme le plus possible. J'ai passé un pouce sous mon oeil et j'ai reniflé avant de reprendre sans le regarder.

"Ce n'est pas... Comme si toi et moi..." J'ai haussé les épaules et relevé les yeux vers lui une seule seconde, incapable de tenir son regard plus longtemps. "On n'en a jamais parlé et... Je ne pensais pas... A ce moment-là, j'ai réalisé... tu... J'ai confiance en toi. Plus que je ne le devrais... Je ne t'ai jamais menti. Sur rien. J'ai peut-être détourné la vérité une ou deux fois, mais je ne pensais pas à mal ! Je te le jure ! Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour toi, tu dois me croire ! Je suis vraiment... Vraiment désolée. Mais ce n'est pas la décision la plus difficile que j'ai eue à prendre."
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Abel Henoch
Abel Henoch
L’expression dure et le regard fixe, il écoutait Maddison tenter une explication qui venait largement trop tard pour Abel. Il savait que sur bien des égards, elle avait raison. Il n’avait d’ailleurs pas pris le temps de réfléchir à ce qu’il se serait passé si elle était venue lui en parler d’entrée. En même temps, il ne perdait jamais de temps sur des hypothèses. Maddison lui avait retiré le droit de décider en agissant seule. Et la détresse de la jeune femme n’était pas de nature à l’adoucir, énervé qu’il l’était.

« Tu m’as caché quelque chose qui me concernait directement. Tu as pris seule une décision qui n’impliquait pas que toi. Tu m’as empêché de décider si oui ou non je voulais me sentir concerné ou pas. Tu m’as empêché de savoir ce que tu pensais, ce que tu as ressenti. » Il fit une grimace en secouant la tête. « N’espère pas que je me sente concerné maintenant. Surtout si, apparemment, tu n’as pas eu tant de difficulté de ca à m’écarter de ta vie, tout en me laissant de l’autre côté te laisser entrer dans la mienne. Je t’ai fait confiance pour prendre soin de Eve, je t’ai fait confiance pour te confier des informations vitales me concernant. Des choses qui ne te concernaient pas, mais j’ai choisi de te faire confiance. Et toi… C’est ma liberté de choix que tu m’as pris ! » Il eut un nouveau tic de la bouche avant de poursuivre. « Je ne t’ai jamais demandé de faire quoi que ce soit pour moi ! Je te l’ai déjà dit, je n’en ai pas besoin ! Trouve autre chose que cette excuse réchauffée alors que tu sais que je ne veux pas en entendre parler ! »

Il serra les machoires et laissa son regard se perdre sur la ville en contrebas. Il se sentait décu et trahi, et il n’arrivait pas à comprendre ce qui avait pu motiver Maddison. Et puis il réalisa qu’elle avait dit quelque chose qu’il ne comprenait pas.
« Une enfant ? De quoi tu parles ? » Il désigna le dossier resté au sol. « L’analyse génétique parle d’un garcon... » Sa voix prit une nouvelle froideur, avec une pointe d'avertissement. « Alors d’où te vient cette idée que c’était une fille ? »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Il est toujours difficile de se battre contre Abel. Surtout quand vous êtes la cause de sa colère. Surtout si vous êtes la cause de sa colère. Mais je comprenais. Je comprenais parfaitement qu'il m'en veuille, son sentiment de trahison, j'aurais ressenti la même chose. Peut-être même d'autant plus. Mais je m'y étais préparée. J'avais pesé ma décision avec ce risque dans ma balance. Je n'envisageais pas de reculer, j'avais fait une erreur mais j'en aurais fait une quoi qu'il arrive, j'ai juste choisi la moins pire. Enfin, je crois. Peu importait, je m'y suis tenue. C'est assez ironique de la part d'un Slider...

"Je sais et je suis DESOLEE ! Je le suis VRAIMENT ! J'ai fait une erreur, j'en suis consciente, mais j'ai choisi la moins pire des solutions !" J'ai fait un nouveau pas vers lui en portant mes mains à ma poitrine et j'ai ouvert la bouche en appuyant chacun de mes mots. "Te laisser. Te tourner le dos. T'abandonner. CA, ça a été la décision la plus difficile que j'ai eue à prendre et pourtant sache que j'ai eu plus d'un tournant décisif dans ma vie. Mais j'ai choisi en connaissance de cause ! RIEN de bon ne serait sorti de tout ça."

J'ai cherché son regard, mais... Peu importe ce que j'aurais pu dire.

"Tu n'aurais rien pu faire, ni dire, qui puisse changer quoi que ce soit. ca aurait été t'exposer et je ne parle pas juste là de sentiments, mais bien des autorités. Tout ce que tu aurais pu ressentir, c'était de l'impuissance et je te l'ai évité ! L'intérêt de faire quelque chose pour ceux qu'on aime, Abel, c'est JUSTEMENT parce qu'on ne nous l'a pas demandé. Bien sûr que si, tu as besoin qu'on te protège, tout le monde en a besoin ! Ce n'est pas une excuse, c'est la vérité ! Tu m'as fait confiance pour protéger la vie de la personne que tu aimes le plus au monde, mais tu ne me fais pas confiance pour ça ?!"

J'allais reprendre mais il m'a devancée. Je ne suis pas certaine qu'il ait eu envie d'entendre tout ça, de toute façon. Pour une fois, j'étais l'ennemie. Je n'aimais pas beaucoup cette place, mais je l'avais méritée et j'affrontais la tempête en m'y étant préparée. Je n'avais pas le choix. J'ai froncé les sourcils face à son ton glacial. A quoi il s'attendait, exactement ? J'ai haussé les épaules.

"J'en sais rien, on m'a dit une fille, j'ai pas cherché à comprendre plus loin, j'avais comme qui dirait d'autres priorités en tête ! Et puis la génétique, excuse-moi..."

Je n'étais pas sûre qu'il gobe tout d'une traite, il n'était pas à la tête de Liberation pour rien. Mais encore une fois... Je ne mentais pas. Quelqu'un m'a dit qu'il s'agirait d'une fille, et ce qui était venu après en conséquence m'avait laissée sourde à toute autre information. Quant à lui révéler ma source... J'avais hésité à le faire auprès de Reese, alors Abel...
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Abel Henoch
Abel Henoch
Rien de ce qu'elle disait ne lui donnait l’impression de pouvoir jamais apaiser sa colère et son sentiment de trahison. Le regard qu’il lui rendit lorsqu’elle accrocha son regard était toujours aussi froid. Il semblait même avoir empiré tant les explications de Maddison donnait l’impression à Abel qu’elle s’enfoncait à chaque mot.

« C’AURAIT ETE MON CHOIX ! Mais tu as choisi de le faire SEULE alors que j’étais concerné aussi ! Pour me préserver ? En quoi ca m’a préservé, tu m’expliques ?! J’ai porté ce fardeau autant que toi, sauf que je ne savais pas ce que je subissais, tu t’en rends compte ?! Tu ne m’as protégé de rien ! Tu as agi seule, sur ce qui te semblait le plus confortable ! Plutôt que de chercher ensemble une solution - qui n’existait peut être pas - tu as pris une décision seule ! Tu as choisi de porter ca seule ! Et quoi ?! Quand tu t’es sentie trop seule, tu t’es dit que tu pouvais finalement revenir ?! Le pire… LE PIRE… » Il se détourna, son regard se perdant sur la ville. « Je t’ai laissée revenir… M’abandonner… Tu n’avais même pas l’intention de revenir, en réalité, n’est-ce pas ? Tu m’aurais laissé comme ca, sans explication... » Il eu une grimace dégoutée. « Visiblement, on n’a jamais eu la même implication dans cette... » Il n’acheva pas sa phrase. « Ce n’est pas une question de confiance, Maddison ! » cracha-t-il. « Il est question de quelque chose qui nous concernait tout les deux ! A connaitre, à savoir, à décider ou à subir ! Ensemble ! En connaissance de cause ! Mais tu as préféré agir seule, décider pour moi de ce qui serait mieux pour moi. JE REFUSE ! Je refuse de continuer comme ca ! »

Son regard s’étrécit lorsqu’elle expliqua vaguement pourquoi elle s’était crue mère d’une fille. Mais il secoua la tête. Déja pas mauvais pour déceler les mensonges, il trouvait par ailleurs l’explication de Maddison capilotractée.
« La génétique est quasiment infaillible. » De vibrante de colère, sa voix s’était faite dangereusement douce, avec une pointe d’avertissement. « Ils n’auraient pas joué avec Yu sinon. Encore moins avec les Candidats. Sans parler du PRD. Un caryotype d’embryon n’est plus un problème depuis au moins 50 ans. J’ai vu le profil génétique, il est irréfutable : c’était un garcon. Alors qui t’a parlé d’une fille ? »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Je n’ai rien trouvé à dire. J’aurais pu me défendre toute ma vie, je savais qu’aucun de nous n’avait raison. Et aucun de nous n’avait tort. J’aurais voulu qu’il ait totalement raison, je me serais probablement excusée toute la nuit et tout aurait fini par aller. Je comprenais sa colère et même pire, j’y étais d’autant plus sensible. J’ai pincé les lèvres en essayant de ne pas me montrer faible mais ses mots me perçaient l’abdomen comme une épée en pleine guerre ouverte. Je me suis demandée ce qu’il me reprochait réellement. Mon absence ou mon choix ? Sûrement les deux… Mes lèvres ont bougé pour former un « Je suis désolée » mais aucun son n’est sorti. Je ne savais pas quoi lui dire d’autre. Oui, j’avais agi seule mais à quel moment étions-nous passé d’amusement à… « Deux » ? même cette question-là est restée bloquée dans ma gorge. J’ai ouvert la bouche mais je n’ai pas réussi à prononcer un seul mot, tant tout était noué, bloqué. J’ai pincé les paupières à ses dernières paroles, accusant le coup sans rien dire. Mais j’ai rouvert les yeux et j’ai essayé d’inspirer profondément pour ne pas me noyer. Cette fois, le scintillement dans mes iris n’était pas dû à l’eau d’une douche. J’ai reniflé en regardant ailleurs et je me suis passé une main sous un oeil.

J’ai gardé le silence. Il avait sûrement besoin d’un peu de temps pour se calmer, et moi pour trouver quoi dire qui ne donne pas l’impression d’avoir été contre lui. Quand il a repris la parole, j’ai inspiré comme j’ai pu et j’ai levé les yeux au ciel. Capter l’air m’était de plus en plus difficile. J’ai soufflé un « Seigneur… » évasif et j’ai porté mes mains sur mon nez pour me ressaisir. Je n’avais jamais parlé de ça à qui que ce soit. Ni à Reese, ni… Personne. Absolument personne. Je me suis humectée les lèvres et je me suis retournée vers lui en secouant la tête.

« Je vais te demander de faire quelque chose d’impossible à cet instant, mais j'ai besoin que tu me fasses confiance. Je n’ai jamais voulu te mentir, et j’ai fait en sorte de ne jamais avoir à te mentir. Tu dois me croire quand je te dis que… » J’ai dégluti et j’ai ramené des cheveux en arrière d’une main. « Quand je te dis que… La décision que j’ai prise ce jour-là, de ne pas t’en parler, a été la plus dure que j’ai jamais prise. Cette… Relation ! Peu importe ce que c’est ! C’est dangereux ! Ca l’a toujours été, j’ai juste cru que je pouvais défier les instances supérieures ! Pour te garder, avoir les deux ! T’avoir toi, l’Underground, mon travail, ma vie ! Tu dois me croire ! J’ai tout essayé ! Absolument tout ! J’ai essayé de rester loin de toi, j’ai essayé de ne pas penser à toi plus d’une journée ! J’ai essayé de te préserver en me préservant moi ! Regarde où ça nous a menés ! A cause de moi… des gens savent qui tu es ! Et ce que tu fais ! A cause de moi ! »

Je me suis approchée jusqu’à le toucher en portant une main à son visage et rapprocher le mien jusqu'à ce qu'il me regarde. J’ai repris d’une voix basse, mes yeux dans les siens avec un sourire triste et désolé.

« Je l’ai compris au moment où tu m’as embrassée, ce matin-là. Et depuis, j'ai essayé de combattre ce que je ressentais pour toi mais je n'ai pas réussi. J'ai tout essayé... Pendant des mois et des mois. Je sais ce que j'ai fait, ce que je t'ai fait, et j'en suis terriblement désolée... J'ai cru que... Je ne savais pas. Je ne pensais pas que tu ressentais tout ça, toi aussi. Quand je lai compris, c'était déjà trop tard. Tu dois me croire. »

Il avait fait sa part du chemin, si j’ose dire. Il s’était dévoilé bine plus qu’il ne le pensait alors je me suis engouffrée dans la brèche. Je savais que ça n’arrangerait rien, mais… J’ai estimé une chose à la fois. Et ma priorité n’allait pas à une information donnée par quelqu’un qui a cherché à me mettre en garde de quelque chose sans choisir de moyen direct. Abel était bien plus important que toute autre prédiction du futur à ce moment. Mais prononcer les mots m’ont demandé une force surhumaine, à telle point que ma voix était étranglée. C’était la première fois que nous utilisions des « mots » et non des gestes pour communiquer. J’en étais heureuse, dans un sens, car cela prouvait que nous avions encore des choses à découvrir ensemble, des « premières fois » à vivre ensemble. Je ne me suis pas sentie en danger une seule seconde. J'ai resserré son visage dans mes mains, mon pouce glissant sur la pointe de son sourcil.

« Je t’aime… Harald. Comme jamais je n’ai aimé qui que ce soit. Je t’aime tellement. Quoi que tu fasses et quoi qu’il arrive, ça, ça ne changera jamais. »
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il ne la regardait plus. Du moins jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole, et ce n’était certainement pas un regard tendre. Qu’elle lui demande de lui faire confiance sonnait pour lui comme une insulte. Comment pouvait-il lui faire encore confiance sur quoi que ce soit, plus encore quand il s’agissait de quelque chose qui pouvait le concerner ? Après ce qu’elle avait fait ?
Il lui offrit un regard méprisant lorsqu’elle évoqua des instances supérieures. Il ne croyait pas que le destin soit aux mains de qui que ce soit d’autre que celui qui était concerné par ledit destin. Il n’y avait rien d’autre à défier que sa propre volonté de faire ou d’agir. Dans l’état où il était, ce n’était qu’une autre facon de se dédouaner, de se chercher une excuse qui n’existait pas. Elle avait délibérément caché une information qui le concernait personnellement, il n’y avait pas de pardon possible à ce moment là. Pas de retour en arrière.

Et puis elle se rapprocha pour le toucher, et il se raidit. Il résista à l’envie de la repousser, ce qui manifesterait déjà trop d’implication, qui aurait voulu dire qu’il était plus touché qu’il ne l’avait déjà montré. Il voulait aussi ignorer la manifestation de Yu qu’il aimait tant dans le regard de Maddison. Il se contenta donc d’un regard aussi froid et vide qu’il le pouvait et resta immobile. Mais lorsqu’elle finit par lacher les mots, il eu un mouvement de recul, comme s’il avait pris une balle. Le fait qu’elle emploie son prénom - le vrai - le fait qu’elle utilise ces mots qu’il ne connaissait finalement pas et qu’il expérimentait juste, cela fit comme déborder un vase qui ne demandait qu’à se délester de son trop-plein.

« Non. » Dit-il simplement, la voix légèrement étranglée en la prenant par le poignet pour décoller les main de Maddison de sa joue et les descendre à distance raisonnable. La poigne etait ferme et ne souffrait pas de résistance. Quant à son visage…. Il était encore plus fermé, si cela était possible. Sa voix, lorsqu’il reprit la parole, était plus assurée, mais son calme tranchant était finalement plus dangereux que sa colère
« C’était ton choix de renoncer. Rien ni personne, et certainement pas une puissance supérieure, ne peut changer les choses que tu veux changer. Je te le dis une dernière fois, tu n’as à me protéger de rien. Je fais mes choix en connaissance de cause. Je sais le danger qui peut peser sur moi. J’ai mis une cible dans mon dos en quittant le MSS, ce n’est pas toi ou ce que tu peux faire, ni même ta troupe de rats d’égout terrés dans leurs souterrains qui influencera mes choix. Tu avais le choix de partager ca, si c’était ce que tu voulais. Me… garder… Mais tu as choisi de partir et de ne rien me dire. Peu importe le reste. Peu importe la suite. Si tu étais déjà si désireuse de… rester… Ce que je pouvais penser ou pas n’avait pas d’importance. » Il tendit les bras légèrement pour la faire reculer d’un pas. « Et tu n’aurais pas du avoir besoin de preuve…  Ni d’avoir à combattre quoi que ce soit. Les choses sont, ou ne sont pas. Mais lutter contre l’évidence est une perte d’énergie inutile. » Il la relacha, redressant légèrement le menton comme pour la mettre au défi de combler la distance qu’il avait volontairement remise entre eux.
« Je ne te ferai pas confiance. Je ne te laisserai pas me cacher à nouveau des informations qui pourraient me concerner. Et si tu ne veux ni me parler ni avoir à mentir, alors la solution est simple. »

Il prit une inspiration, comme s’il cherchait la détermination pour poursuivre, son regard braqué sur elle.

« Goodbye, Maddison. » Il détourna alors les yeux et tout son corps suivit, et il se dirigea vers l’accès du toit.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Non. Juste non. J'ai cru mourir à cette seule seconde. Mon coeur s'est arrêté et j'ai retenu ma respiration en le fixant. Non ? Ses mains sur mes poignets me brûlaient, je sentais tout mon corps vibrer comme un tremblement de terre prêt à fendre les fondations sous nos pieds. Peut-être était-ce moi, peut-être était-ce mon pouvoir qui grondait ainsi. J'en avais perdu ma voix et mes jambes chancelaient sous mon poids. D'une voix étranglée, j'ai grimacé alors que les larmes me brouillaient la vue.

"Des rats d'égouts ?" J'étais révulsée par cette insulte, à tel point que ma voix s'en est brisée. "C'est ça que je suis pour toi ?!" J'étais incapable de parler plus fort, le son de ma voix était égal au gémissement d'une bête blessée. J'étais dégoûtée, insultée et même répugnée que notre relation en vienne à de simples mots aussi violents qu'un passage à tabac gratuit.

"Mais..." Les forces me quittaient au fur et à mesure qu'il s'éloignait physiquement et moralement. Je le sentais, j'étais en train de le perdre, c'était la première fois que je me sentais aussi proche de le perdre et par conséquent, j'en étais désespérée. "Lutter contre une évidence ?!"

Comment étais-je censée savoir ? Contre quoi réellement était-il en colère ? Il semblait d'autant plus meurtrier maintenant que je lui révélais mes sentiments, plus que du fait que je lui avais caché qu'il aurait pu devenir un père. J'étais toujours bien incapable de comprendre comment nous aurions pu en arriver à la possibilité d'imaginer ne serait-ce qu'une cohérence dans le sens "fonder une famille", compte tenu de notre situation... Mais quelque part, j'ai lu dans son regard qu'il y avait pensé. Même si ça n'avait été qu'une seconde. J'ai tenté de l'atteindre à nouveau, ouvrant la bouche pour parler mais il m'a interrompue. Il n'en avait pas fini avec moi et plus qu'une corde vocale, c'est tout mon être qui s'est brisé.

"Si tu veux qu'on traverse tout ça tous les deux, il est encore temps ! On peut surmonter cette épreuve, toi et moi, ensemble !"

Et alors que je croyais avoir touché le fond, mon front s'est plissé quand j'ai essayé de hausser les sourcils de surprise. Il mettait fin à cette relation que nous entretenions contre vents et marées depuis plus de deux ans. J'en ai perdu toute répartie. J'étais soufflée, je n'en croyais pas mes oreilles. Au moment où j'ai pensé qu'il s'agissait d'un rêve ou d'un cauchemar ou même... d'une erreur de monde, mon âme s'est comme réveillée et j'ai sursauté avant qu'il n'atteigne la porte. J'ai haussé le ton pour que ma voix porte.

"Je peux tout changer, au contraire ! Je le ferai, si c'est ce que tu veux ! Je te dirai tout ! Je ferai tout pour toi, Abel, je reviendrai en arrière avant qu'il soit trop tard. Et rien de tout ça ne sera jamais arrivé, Archi ne fera jamais le lien entre toi et moi."

J'étais plus que désespérée. Je n'utilisais mon pouvoir qu'en dernier recours, lorsque c'était la seule alternative qu'il me restait.

"Mais je ne te peux pas te perdre. Je ne peux pas vivre sans toi."
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Abel Henoch
Abel Henoch
« TA troupe de rats. Je n’ai jamais dit que tu en étais un. Regarde les choses en face, ils se terrent dans des souterrains abandonnés. Combien agissent vraiment ? Combien attendent seulement que les choses se passent ? Combien attendent qu’on leur donne quelque chose pour vivre ? Et combien ont réellement pris leur vie en main ? Toi et quelques uns, vous les protégez, vous les couvez, mais combien se sont simplement contenté de fuir au lieu de se battre pour leurs droits ? » Il haussa un sourcil interrogateur, sur de son fait, et s’apprêtait à partir, mais elle l’arrêta une nouvelle fois.
Cette fois, il se mit de trois quart et la pointa du doigt.
« Oui. TON évidence. Si tu savais déjà ce que tu voulais de moi, de ta vie, explique moi l’intérêt de ce temps perdu à vouloir fuir ce que tu veux ? Quelle est la logique ? » Il grimaca. « Moi je n’en vois aucune. »

Il s’était détourné d’elle. Ce n’était pas facile, il s’en rendait bien compte. Il ne voulait pas de cette rupture, il ne voulait pas mettre une fin à leur relation. Mais cette relation avait cessé d'être ce qu’il pensait qu’elle était quand il avait découvert qu’elle lui avait menti. Qu’elle lui avait caché des informations qui le concernait directement, et qu’elle refusait de les lui donner.
Il avait accepté le fait qu’elle pouvait avoir des secrets. Ils menaient des combats différents, même si leurs idéaux étaient proches. Mais il ne mettait pas au même niveau ce qu’elle pouvait lui cacher de ses activités « professionnelles » et ce qui pouvait les concerner tous les deux. Le premier lui était indifférent, et il était même surpris du point auquel il attachait de l’importance au second. Et malgré tout ce qu’il pouvait vouloir la garder, il lui était impossible de passer outre ces cachotteries. Si elle ne voulait pas lui dire les faits, alors leur relation était caduque. Il ne pouvait plus lui faire confiance.

Et puis elle fit la proposition qu’il ne pensait qu’elle ne ferait jamais : remonter le temps et changer le cours des choses. Cela le fit stopper tout net et faire demi-tour, un doigt menacant pointé sur elle, le regard plus noir que jamais.
« N’Y PENSE MEME PAS ! » Tonna-t-il. « Tu veux réparer ? Tu n’as qu’une chose à faire, c’est me dire ce qui est ! Pourquoi tu es persuadée qu’il s’agissait d’une fille quand il est écrit noir sur blanc que c’était un garcon ! Tu veux surmonter ? Ne me cache pas les choses qui me concerne autant que toi ! Je te ferai confiance à nouveau quand tu me prouveras que je peux le faire ! Et si tu fais ca... » Sa voix prit un ton dangereusement froid. « … Tu le regretteras. Je ne suis pas ton jouet, je ne suis pas ta chose que tu peux manipuler à ta guise. Tu ne peux pas effacer deux ans aussi facilement. Tôt ou tard, tu te trahiras. Je sais ton pouvoir depuis le premier jour, je te rappelle. Tôt ou tard, tu feras un faux pas, tu connaitras un futur que je n’aurai pas encore vécu. Et alors je saurai. Et CA… Ca sera au-dela de toute réparation. Manipule moi de la sorte… Et je te promets que ce sera une des dernières choses que tu auras eu l’occasion de faire. »
La menace pouvait sembler disproportionnée. Mais il avait passé la majeure partie de sa vie à subir les décisions d’hommes et de femmes qui prétendaient diriger sa vie. Il les avait quitté pour reprendre sa liberté, son libre arbitre. Que Maddison décidât de changer les choses à sa convenance la rendait dangereusement proche de ceux qu'il combattait, et il ne la laisserait pas se jouer de lui de la sorte. Sans parler du fait que ca semblait totalement incompatible avec les sentiments qu’elle avait exprimé plus tôt.
« Si tu veux arranger les choses, si tu crois en ce que tu m’as dit… fait ce qui est juste, au lieu de ce qui te parait le plus facile. »
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
"ÇA NE TE CONCERNAIT PAS À L'ÉPOQUE !"

J'ai serré les poings en le fixant, tremblante. Il était en train de m'en vouloir pour quelque chose qu'il ne pouvait comprendre. Et à la vue de sa réaction, j'ai eu peur de lui parler. Devais-je prendre le risque de parler de voyage dans le temps pour nous sauver ? Très honnêtement, à cet instant, je me suis demandée s'il y avait grand chose à sauver. Si jamais j'usais de mon pouvoir sur lui, deux options se présentaient à moi. La première : l'effacer totalement de ma vie et rien de tout ça ne serait jamais arrivé. Liberation serait bien caché encore, l'Underground ne saurait toujours pas qui est qui, quant à Eve… La seconde aurait été de revenir lui parler du bébé quand il en était encore temps. Dans les deux cas, je ne voyais pas comment il aurait pu apprendre mes petits travers. Mais quelque chose me disait que c'était un risque à ne pas prendre. Aussi… J'ai préféré essayer d'arranger cette situation là, totue chaotique et au bord de la falaise qu'elle était.

J'ai laissé passer de longues secondes, autant qu'il me fallait pour trouver du courage, le front soucieux. Cinq minutes plus tôt, il était près à partir sans rien demander. Maintenant, il voulait savoir. J'ai eu du mal à ouvrir la bouche pour m'expliquer, aussi, ma voix s'est mise à trembler.

"Un jour, j'ai reçu une lettre." J'ai dégluti. "Ce n'était pas mon écriture, ni celle de mon frère, ni aucune que je ne connaissais. Cette lettre m'a mise en garde, en me disant qu'un jour… Quelqu'un viendrait pour moi." J'ai dégluti à nouveau. "Et qu'il me tuerait." J'ai inspiré profondément. "Il m'a dit que ce n'était pas mon destin de mourir ce jour-là alors que ma fille, que j'attendais à ce moment-là, devait vivre. Qu'un Slider s'amusait à voyager pour foutre la merde un peu partout et arranger l'histoire à sa convenance. Alors…" J'ai haussé les épaules en pinçant les lèvres. "Quand je l'ai su… J'ai cru que c'était ça. Il ne m'a pas donné la date, il m'a juste dit de faire attention, qu'il pouvait apparaître n'importe quand. Il ne m'a pas dit qui. Ni quand, ni comment. J'ai fait analyser la lettre par notre Cyber mais elle n'a trouvé aucune concordance. L'encre était très récente alors au bout de plusieurs jours, on en a déduit que c'était une lettre qui venait du futur, écrite par quelqu'un qui n'était pas encore né, ou dont l'écriture n'était pas pleinement affirmée." J'ai levé les yeux au ciel. J'en avais fait des cauchemars pendant des mois. "Quand l'infirmière au travail m'a expliqué que mes douleurs ne venaient pas de ma mise à tabac dans le métro, j'ai juste eu le temps de voir ma vie défiler devant moi… Et j'ai paniqué. Pardon d'avoir choisi... La 'facilité'." J'ai baissé le regard dans le sien et j'ai haussé une nouvelle épaule, désemparée. D'une petite voix, j'ai répété :

"Je suis désolée… Ca ne te concernait… Absolument pas."

Cette fois, c'est moi qui ai choisi de me détourner. A part Evan et Elvis, je n'avais parlé de cette lettre à personne. Cela faisait partie de ma vie privée et elle avait joué avec celle d'Abel, à tort. Quelque chose me souffla à l'oreille qu'il ne me pardonnerait jamais, quoi que je fasse, et quoi que je dise. Que le mieux à faire, c'était encore de le laisser partir, se calmer, y réfléchir. Après tout, je l'avais abandonné une fois, il avait bien le droit de faire pareil, et de prendre le temps de réfléchir à son tour. De plus, on me soufflait autre chose à l'oreille. La seule personne que je voyais capable de me tuer… C'était Abel.
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Abel Henoch
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Le regard noir et prêt à réagir si elle cherchait à lui échapper pour modifier le passé, il attendait. Il ne se leurrait pas : il ne pourrait sans doute rien faire si elle décidait de glisser soudainement. Mais s’il avait l’ombre d’une « chance » de l’empêcher, il ne la laisserait pas passer.

Pourtant, elle finit par parler. Les sourcils froncés, le visage vide d’expression, il l’écouta s’expliquer. Il l’écouta raconter cette découverte, son enquête et ce qu’elle et les siens en avaient déduit. Cette conclusion lui fit hérisser les poils de la nuque, mais pas contre elle. Finalement, elle a été victime d’un autre Slider. Elle avait subit les conséquences d’une trop grande connaissance du futur.

« Que tu aies été enceinte, ca me concernait. Que tu aies disparu pendant quatre mois, ca m’a concerné. » Lacha-t-il.

Il continua à la fixer un long moment en silence. Comment pouvait-elle seulement savoir ce qui était vrai de ce qui ne l’était pas dans ce que ce fichu Slider avait pu lui dire ? Quelqu’un avait tenté de la manipuler, et comment savoir si le fait d’avoir cette information ne serait pas ce qui la mènerait à la mort ? Il se souvenait d’une phrase entendue lors de sa formation sur la culture américaine, dans un vieux film du siècle passé, et qui parlait des prédictions, à propos d’un vase cassé : "l'auriez vous aussi démoli si je ne vous avais rien dit ? "
Connaitre le futur n’aide pas à le maitriser. Cela crée plutôt une variable supplémentaire : à essayer d’éviter une partie des signes, on se jette dans la gueule du loup. Peu importait de qui venait cet avertissement, Abel y voyait un danger majeur.

Il finit par rompre le silence.
« Ce qui va t’arriver, ca me concerne aussi, maintenant. » Ajouta-t-il d’une voix ferme. Il voulait bien laisser à Maddison qu’il n’avait pas à se mêler de sa vie il y a un an. Mais il n’était plus question qu’il ne se mêle pas de sa vie. Pas si elle était en danger. Et il n’était pas question non plus qu’il la laisse le tenir à l’écart.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J’ai froncé les sourcils. Même froid, sa voix avait changé. J’ai fini par lui faire face à nouveau alors que je m’étais rapprochée du bord. J’ai ramené mes cheveux derrière mes oreilles à cause du vent. J’aurais pensé qu’il serait parti, qu’il aurait juste tourné les talons. Il était censé être en colère, furieux même…  Au lieu de ça, il est resté là, à me fixer, sans rien dire. Et je l’ai imité. Aussi longtemps qu’il me regarderait, je soutiendrai son regard. Quoi qu’il arrive. Non par défi, plus par respect. C’était un moyen de communiquer entre nous et je me suis sentie rassurée, d’une certaine manière, que ça n’ait pas changé.

J’ai senti mon coeur vriller quand il a repris la parole, mais j’ai froncé les sourcils d’autant plus. Mes interrogations étaient lisibles sur mon visage. Encore une fois, je comprenais sa réaction. Je comprenais ce qu’il ressentait et j’aurais assurément réagi de la même manière si les rôles avaient été inversés. Je ne me suis pas rapprochée de lui et je n’ai jamais ressenti autant de distance entre nous.

« Bien sûr, ça te concernait. Tout ça te concerne, même si j’ai du mal à saisir… » J’ai secoué la tête, les sourcils d’autant plus froncés. « Certaines personnes réagissent bizarrement quand elles sont confrontées à leurs plus terrifiantes peurs. Ce dont je n’ai pas l’habitude, j’ai toujours trouvé un moyen de surmonter tous les challenges dans ma vie. Mes parents, ma propre mort, même toi. Mais un gamin ? Dans ce monde ? Putain de merde, ça m’a fichu les boules, du genre je ne pourrai jamais être prête à faire ça, même pas pour un seul penny. Ca m’a tellement tordu les tripes, je n’ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je n’arrivais plus à respirer, ni à penser, ni même bouger. J’avais si peur que j’ai perdu toute foi en toi et tout ce que tu aurais pu penser ou faire de moi. J’ai juste cru que… Que je n’étais qu’un rat d’égout avec lequel c’était marrant de jouer un temps. J’ai cru que te laisser, c’était la meilleure chose à faire, de te libérer, te laisser mener ta vie, afin que personne ne soit touché à Liberation comme à l’Underground. C’était un tel jeu dangereux, puéril et je voulais tout, j’ai pensé que je pouvais. J’ai réussi, me jurant à moi-même que jamais je ne te reverrai, que c’était fini. Plus de jeu, plus de crainte, rien ne pourrait arriver à Liberation ou l’Underground de cette manière. J’ai cru que tu avais fini par arriver à la même conclusion et qu’on était enfin… Libres. Et puis tu es venu à mon secours. Encore. Comme la première fois. Encore. Les doutes ont refait surface et j’ai à nouveau tenté de les combattre, même quand j’étais épuisée ou déprimée. Tu m’as demandé de rester. Encore. Pourtant, je ne m’y attendais pas. Et puis tu m’as embrassée. Encore. Ce même jeu encore et encore… Je me suis dit ‘Laisse couler, laisse toi aller, il ne pose aucune question ! Ne bouge pas et tout ira bien.’ J’ai même envisagé de continuer comme ça, quoi qu’il arrive pour profiter de tout le temps que tu m’offrais avec toi, tant que tu me demanderais de rester, prête à disparaître le jour où tu en aurais marre, peut-être. Jusqu’à… Jusqu’à ce jour-là. »

J’ai légèrement penché la tête et j’ai peut-être fait un pas vers lui, mais un seul, pour qu’il m’entende sans avoir l’impression que j’envahissait son territoire, son espace vital… Je ne voulais pas être cette fille accrochée comme une moule à son rocher. Mais s’il se calmait alors je voulais saisir l’opportunité. Je voulais en profiter. Je lui avais dit ce que je ressentais une fois, avais avoué ne pouvoir vivre sans lui une deuxième fois. Jamais deux sans trois, c’était ma dernière chance. Une feuille de mon dossier que Abel avait jeté par terre est venue frapper ma jambe mais je ne l’ai pas lâché du regard. Les sourcils toujours froncés, je l’ai dévisagé avant de reprendre d’une voix douce, contrastant avec sa froideur. C’était étrange… Abel ne m’avait inspiré de la colère qu’une seule fois et en prime, elle n’était pas justifiée, il n’y était pour rien. Ou presque. J’avais juste mal compris. Mais même ce jour-là, j’étais incapable d’être en colère. C’était comme ça et pas autrement.

« Tu te souviens de ce jour… Où je t’ai promis que je respecterai tous tes choix ? Moi y compris. Ce jour là, je t’ai aussi dit… Que tu causerais ma fin. Tu te souviens ? Encore ce même jour, tu m’as dit ton vrai nom, répondant à une question que je t’avais posée des mois et des mois auparavant et que tu avais royalement esquivé. J’ai cru que c’était ta façon de me dire quelque chose. Quelque chose de vraiment important et de si énorme, de si… Fort que tu ne pouvais même pas l’exprimer avec des mots, pas à moi, ni à qui que ce soit d’autre sur cette planète ou cette timeline, à laquelle je n’ai même pas l’impression d’appartenir réellement. Je n'en ai jamais abusé, je l'ai gardé pour moi, comme une promesse que tes secrets étaient bien gardés avec moi. Qu'aucun PSY ne m'atteindrait. Un an plus tard, tu m’as entendue, n’est-ce pas ? Tu m’as dit non. Et maintenant, tu te dis concerné par moi, mon futur, ma timeline… Mais tu me dis non. Alors, je ne comprends pas. »

J’ai dégluti difficilement, ma respiration s’accélérant. Je me suis tenue prête à tourner les talons et à le laisser là, reprendre sa vie. Sans moi s’il le fallait, si c’était ce qu’il voulait. Prête à accepter chacun de ses choix, même les plus durs à entendre. Ma voix s’est remise à trembler et j’ai secoué plus vivement la tête en haussant d’un léger ton en parlant plus vite.

« Je ne te le demanderai qu’une seule fois, c’est promis. Tu n’as qu’à dire le mot et je respecterai ton choix, comme tout ce que tu as fait jusque là. Je le ferai si c’est ce que tu veux, je n’irai jamais contre toi. Je te l’ai promis, ça, c’est moi tenant ma promesse parce que tu peux avoir confiance en moi, Abel, je le jure, jamais je ne chercherai à te trahir, jamais intentionnellement. Est-ce que tu m’as aimée ? Est-ce que j’ai rêvé ? Est-ce que c’était genre une stupide blague que je me suis racontée à moi-même ? Dis-moi, là, en ce moment… Est-ce que tu m’aimes ? »

J'avais tellement peur de la réponse que je crois bien que je ne sentais plus mes jambes sous mon corps.

[Oups... J'ai dérapé du clavier]
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il n’avait pas bougé, lui faisant face, écoutant ce qu’elle avait à dire. Il l’écouta revenir sur ce qu’elle avait déjà expliqué, sur des pans de le leur passé. Il ne comprenait d’abord pas exactement où elle venait en venir. Il continuait à trouver ridicule qu’elle ait tenté d’esquiver ce qu’elle voulait pour une pseudo sécurité, tentative qui lui a finalement causé plus de mal que de bien. Perte d’énergie, définitivement.
En tout cas, elle finit par y venir : elle ne comprenait pas son attitude. Il pensait pourtant avoir été clair, mais pas assez, apparemment. Il prit un début d’inspiration pour lui répondre, mais c’est elle qui reprit la parole. Plus vite, plus fort. Comme si elle avait peur de ne pas y arriver.
Il n’avait toujours pas changé d’expression, mais il buta une nouvelle fois sur les mots, restant légèrement bouche bée.
Il les connaissait ces mots, pourtant, il les avait appris. Il en connaissait aussi l’importance dans la culture des autres gens. Ce sentiment qui prenait parfois une place folle - trop folle - dans l’esprit des gens. Ce sentiment dont il pensait ne rien connaitre et qu’il avait du mal a rapprocher de ce qu’il éprouvait pour Maddison. Ce sentiment enfin qui a sans doute été celui qui avait été le plus fortement réprimé au cours de sa formation.
C’était l’amour pour ses parents qui l’avait conduit à « choisir » le MSS. C’était l’amour qu’Eve avait pour lui qui l’avait conduite à le suivre, d’abord loin de chez eux, puis hors du MSS. Dans son expérience, c’était un sentiment qui ne lui avait jamais rien apporté de bon, en plus des traitements infligés par ses éducateurs. Sur ce point, il était aussi avancé que l’enfant de 8 ans qu’il était en quittant son foyer islandais.

Il n’avait au surplus aucun point de comparaison. Elle avait dit l’aimer plus qu’elle n’avait jamais aimé quiconque, mais ca n’avait pas de sens pour lui. Sur quelle échelle, par rapport à quoi pouvait-il se référer ?
Et puis Maddison ne se comparait pas. Elle rentrait dans une case à part, qui lui était entièrement consacrée, et de fait, elle occupait toujours une part de ses pensées. Est-ce que c’était ca, aimer ? Le fait qu’il ait eu immédiatement envie de péter la gueule - tuer serait plus juste - du Slider qui l’avait « prévenue » ainsi que le sois-disant futur meurtrier entrait-il aussi dans cette notion ? Avec le potentiel destructeur que cela avait ?
Il eut un mouvement nerveux de la tête et un léger recul mais il ne détourna pas le regard.

« Tu m’as demandé de te faire confiance. Alors que tu me cachais ouvertement quelque chose. Je te l’ai dit… Si tu ne veux pas me parler ni me mentir… il ne reste qu’une seule solution, et ce que nous pourrions vouloir d’autre n’entre pas en ligne de compte. » Commenca-t-il par répondre. Autant attaquer avec la partie facile… Mais même là, sa voix semblait moins assurée, trahissant à quel point le discours de Maddison l’avait ébranlé. « Mais tu m’as parlé. Tu as répondu à ce que je t’ai demandé. Tu crois que je ne me suis jamais posé la question de ton silence ? Parce que je n’ai rien demandé ? Tu étais... » Il fronca les sourcils en cherchant la bonne image. « Tu étais prête à fuir à la moindre occasion. N’importe quelle question… tu aurais disparu une nouvelle fois. Mais tu étais là. Je ne voulait pas que tu repartes. »

Il se passa la langue sur la lèvre, très légèrement, mais signe d’une agitation majeure pour lui. Il ne pouvait pas esquiver une question aussi directe. Il pouvait s’abstenir lorsqu’elle se contentait d’énoncer ses faits. Mais une question directe, précise ? Ca n’entrait pas dans son mode de fonctionnement de ne pas répondre. Il ouvrit la bouche, mais il réalisa qu’il ne savait pas quoi dire.
« Je... » Il joua de la machoire et baissa les yeux pour la premiere fois sans doute depuis qu’il se connaissait. « Je ne peux pas te répondre… » Il la regarda fugitivement, par en dessous, semblant honteux de sa réponse, et il l’était, quelque part. Il aurait du savoir quoi dire, il le savait. Il aurait du en être capable. A dire vrai, il aurait pu lui dire ce qu’elle voulait entendre. C’était sans doute la vérité. Mais pouvait-il affirmer quelque chose qu’il ignorait ? Ca ressemblait trop à un mensonge pour qu’il consentit à franchir ce pas. Même pour lui donner ce qu’elle voulait. Il lui avait demandé de ne pas choisir le plus facile, n’est ce pas ? Ce n’était pas pour le faire de son côté.
« Je ne sais pas te répondre… Ces mots… Je ne sais pas… » Il croisa son regard, et mes amis, il en chiait. Il avait le sentiment de se tirer les tripes et de les étendre devant elle en offrande, prêt à la laisser les lui piétiner tant il lui semblait qu’il lui parlait d'une faiblesse majeure chez lui. « Je ne sais pas ce que ca veut dire… » Laissa-t-il tomber avec un soupir agacé.
« Mais ce que je sais... » Il serra les lèvres d’énervement avant de poursuivre. « … je veux que tu restes ! Je veux que ca continue ! Mais je ne veux pas que tu me refasses ca ! JAMAIS ! » Il poussa un nouveau soupir et se détourna de quelques pas, furieux de sa propre incapacité à exprimer ce qu’il ressentait, et furieux aussi de cette violence qu’il avait réfrénée depuis que Gen lui avait donné le dossier médical de Maddison. Et lorsque finalement il croisa à nouveau le regard de Maddison, il n’y tint plus. Il franchit la distance qu’il avait mise entre eux. Lui prenant le visage entre les mains, il l’embrassa avec force, l’obligeant à reculer. A mesure qu’ils se rapprochaient du rebord, il passa un bras autours des épaules de la jeune femme, l’autre dans ses reins, la serrant étroitement contre lui, lui coupant toute possibilité de fuite. Ils finirent contre le parapet, et auraient pu s’arrêter là. Mais il continua à la faire reculer, la penchant dangereusement au dessus du vide. En fait, il lui aurait fallu un mur plein pour l’arrêter dans son étreinte passionnée. Mais il s’en fichait. Il la serrait contre lui et l’embrassait avec force, semblant incapable de s’arrêter.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Je n'ai jamais été très bonne en natation. J'ai beau aimer l'eau, je l'aime quand j'ai pieds. Mais je me sentais vite oppressée et je n'ai que peu de souffle. Retenir ma respiration n'a jamais été quelque chose d'aisé, même en course, j'étais toujours la première à me plier en deux. Reese avait beau me soulever par la ceinture et me pousser, j'en étais rouge… Jusqu'à me provoquer des migraines et des crises. Longtemps, l'armée a cru que je ne tiendrais pas, que j'étais trop faible, que sur le terrain, je serais la première à décamper, à tomber par terre et me mettre à pleurer. Mais ça n'est jamais arrivé. Pourtant, ce jour-là… J'ai battu le record d'apnée.

Plus il parlait et plus mes jambes se dérobaient. Ma vue se brouillait et j'ai vu le moment où j'allais le supplier de m'achever tellement je n'étais plus capable d'en entendre davantage. Mais il ne s'arrêtait pas et quand il a baissé la tête, j'ai cru qu'il abandonnait. Je l'ai vraiment cru. J'ai cru ramasser la veste la plus épique et la plus violente de toute ma vie. Et quand j'ai cru avoir déjà souffert dans ma vie, je me suis rendue compte à quel point j'avais mal, à cet instant précis.

"Ce n'est pas difficile, oui ou non, c'est une question simple, Abel. Connaître les mots ou non, on s'en fout, c'est ce qu'on ressent qui est réel."

Ma voix ressemblait plus à un gémissement de plainte qu'à quelque chose de bien définissable. Et puis il s'est détourné. J'avais beau avoir entendu ce qu'il disait, j'ai senti quelque chose couler sur mes joues et j'ai fermé les yeux, me forçant à accepter son éloignement. Je n'avais pas le droit de le retenir, c'était son choix et j'avais promis de l'accepter, aussi difficile fut-il. J'avais l'impression d'être à nouveau cette gamine de 8 ans qui perdait tout sans avoir eu le temps de le connaître. Si j'ai rouvert les yeux, c'était plus par réflexe. Je suis tombée sur son regard et j'avais tellement honte de l'image que je devais lui renvoyer. Il m'a fallu un effort surhumain pour ne pas m'effondrer là, à ses pieds, comme une pauvre adolescente.

Et puis j'ai sursauté quand il a fait un pas. Et un deuxième. Cette détermination dans son regard, je l'avais vue quelques minutes plus tôt à peine. Une forte chaleur a embrasé ma poitrine et j'ai senti quelque chose remonter de mon estomac, une pression dans la gorge et les battements de mon corps cogner comme des gongs contre mes tempes. J'ai écarquillé les yeux et je me suis redressée de toute ma hauteur avec l'impression de prendre ma première respiration après une longue immersion sous l'eau.

"Dieu merci…"

Le soulagement. J'ai fait un pas pour le rejoindre et j'ai ouvert les bras pour le recevoir. Pendant un temps infini, j'avais cru le perdre et quelque chose me dit que je l'avais même perdu. Quelque chose ou quelqu'un venait de me le rendre et je ne connaissais pas les mots pour le remercier. J'ai serré son visage entre mes mains et les larmes me coulaient comme un torrent le long de mes joues. Je n'arrivais plus à m'arrêter.

"Je te demande pardon. Je suis désolée, je ne voulais pas." Mes paroles étaient entrecoupées dans ses baisers, mais je respirais enfin. J'ai senti le muret dans mon dos mais ça ne m'a pas arrêtée. Je lui faisais trop confiance, je savais qu'il ne me laisserait pas tomber. "Je te dirai tout ce que tu voudras, plus aucun secret, jamais. Je te jure, c'était le seul. Je t'en supplie, pardonne-moi. Je resterai autant que tu le voudras." S'il m'empêchait de fuir, je l'ai empêché de se détourner à nouveau. J'ai mêlé mes doigts dans ses cheveux pour maintenir notre étreinte, rassurée par ses bras. Je sais que mes larmes, même de soulagement et de joie, ont fini par cesser parce que ma voix était plus claire. Le coeur battant, j'ai fini par le forcer à me laisser respirer, mon front contre le sien, mais c'est la seule distance que je lui ai autorisée. Le souffle court à cause de la pression qui retombait à grande vitesse, je lui ai murmuré, quand même personne d'autre n'aurait pu entendre. De là-haut, le vent était d'autant plus fort et mes cheveux fouettaient mon visage, j'avais mal aux reins penchée en arrière mais je m'en fichais éperdument.

"Je vais t'apprendre ce que ça veut dire."

J'ai rouvert les yeux sur lui et ma main a glissé sur sa mâchoire jusqu'à ce que mon pouce joue avec sa lèvre inférieure avant que je ne l'embrasse à mon tour. La délicatesse entre lui et moi, c'était une notion bien à part. Nous avions toujours vécu sur le qui vive, dans l'intensité. La première fois qu'il avait littéralement fondu sur moi, il n'avait pas eu le temps de remarquer que j'étais venue à sa rencontre également. Mais cette fois, il avait pu le voir. Mes lèvres contre les siennes, j'ai agité les bras pour me débarrasser de ma veste qui m'encombrait dans mes mouvements… et je l'ai laissée tomber dans le vide. Et j'avais tellement chaud que j'ai joué des coudes pour retirer mon pull et le laisser prendre le même chemin que la veste. Avec le vent contre mes bras nus, mes baisers ont fini par s'apaiser, forçant les siens à se faire plus tendres. Mes doigts caressaient son visage jusqu'à se faufiler dans ses cheveux. Le soulagement agissait comme un shoot d'adrénaline en plein coeur. Celui-là même que je sentais enfin battre autre chose que la panique.

Je l'ai enveloppé de toute la douceur que je possédais et je sais que de très longues minutes s'étaient passées sans qu'il ne m'ait lâchée. Mais j'aurais pu rester ainsi encore un sacré long moment. D'ailleurs, je ne me suis pas envolée. Je le retenais par le t-shirt, mes doigts froissant son col. Mes larmes en avaient fini de couler, même si mes yeux sont restés rouges un bout de temps. Je les ai relevés dans les siens, mon visage contre le sien.

"Quoiqu'il arrive, quoique tu fasses, quoique tu dises… Je t'aime, Harald… Je donnerais ma vie pour toi, que ça te plaise ou non." C'était probablement le plus long baiser qu'on ait jamais partagé. Et en même temps le plus intime. "Et je t'aimerai toujours." Je ne l'incitais même pas à répondre. Je voulais juste qu'il le sache, quand bien même il ne comprenait pas la portée de ce que je disais, j'espérais qu'il le ressentait alors que je pressais mes lèvres contre les siennes. En fait, une fois que je l'avais dit à voix haute, j'avais l'impression que c'était le seul vocabulaire que je possédais.
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Abel Henoch
Abel Henoch
Il n’avait effectivement pas pu lui échapper qu’elle était venue à lui autant que lui à elle. Mais aurait-il pu en être autrement, finalement, après qu’elle ait mis le mot sur ses sentiments ? Et puis il savait depuis leur passage à l’hotel qu’elle lui était attachée. Qu’elle était sienne. Aurait-elle pu réagir de la sorte - et il ne parlait pas de sa colère mais plutôt de sa réponse à son étreinte - si les choses avaient été différentes ? L’aurait-elle regardé différemment si ce n’était pas le cas ? Non, il n’était pas surpris.
A dire vrai d'aileurs, il ne se posait pas ce genre de question. Il voulait être avec elle, et elle était là. Et il était évident qu’elle le voulait aussi. Il savait depuis le début que ce serait nécessairement limité dans le temps. Pas tant à cause d’eux qu’à cause du monde dans lequel ils vivaient. Il comptait donc profiter de ce qu’il pouvait avoir, tout en sachant que ca ne serait jamais assez. C’est avec cette notion qu’il l’embrassait comme si sa vie en dépendait, laissant à peine à Maddison le temps de reprendre son souffle et d’en placer une.
Et puis elle changea de rythme pour quelque chose de plus doux, de plus profond. De différent, mais il ne sentait pas moins d’intensité. Juste… plus de désir. Celui de ne plus jamais bouger de là. Il réalisa à peine qu’elle se défaisait d’une partie de ses vêtements, si ce n'était pour mieux l’étreindre.

Une chose était certaine en tout cas : si les mots de Maddison étaient vides de sens pour lui, son corps comprenait parfaitement le message que celui de la jeune femme lui faisait passer, et y répondait sur le même mode. Et après tout, n’était-ce pas le langage le plus clair, le moins sujet à mauvaises interprétations ? En tout cas, plus que les mots, il comprenait parfaitement ce que Maddison lui faisait passer par son étreinte et son baiser.

Il plongea son regard dans celui de Maddison avec un sourire en coin, amusé, en passant une main dans les longues mèches pour les repousser en arrière de son visage - et pour le plaisir de leur contact.
« Même si je le voulais… je ne crois pas que j’arriverais à t’empêcher de faire quoi que ce soit si tu l’as décidé… Mais dis-toi que je ferai pareil. Cela dit...» Il fronca légèrement les sourcils. « Ne fait pas de promesse sur un avenir dont tu ne connais qu’une partie, même avec ton pouvoir. Ce n’est pas ce qui arrivera et ce que tu feras qui m’importe. C’est que tu sois là. Maintenant. »

Oui elle était là. Prête à tout pour que ce maintenant ne cesse pas, même à faire de lui ce qu’il n’était pas en remontant le temps et en en modifiant le cours. Son sourire s’effaca, et c’est avec sérieux qu’il plongea son regard dans le sien, tout en l’enlacant plus étroitement - si c’était possible. « Je ne te demande qu’une seule chose… Jure moi que jamais tu n’utiliseras ton pouvoir pour me manipuler, pour changer ce qu’il peut nous arriver. Quelque soit la facon, quelque soit la raison. Jamais. Jure-le moi. Et ne rompt jamais cette promesse. » Il n’avait en réalité aucun moyen de savoir si elle l’avait déjà fait, ni même après. Elle pourrait lui mentir, n’importe quand. Mais encore une fois, il se targuait de pouvoir lire dans ses yeux, sentir dans son corps, si elle lui mentait. Mais il avait hypothéqué sa vie pour gagner son libre arbitre. Ce n’était pas pour laisser une nouvelle personne s’arroger le droit de le manipuler à son gré, fut-ce Maddison.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Je me suis figée à la disparition de son sourire. Ce n'était jamais bon signe. Tout ce que je ressentais en moi, c'était l'inquiétude. Pourtant, il est resté là, à me regarder, à me serrer d'autant plus fort et le temps qu'il parle, je n'ai pas compris. J'ai cru qu'il allait me laisser tomber, finalement, qu'il venait de réaliser et je me suis préparée à me battre à nouveau et à me défendre encore. Tout mon corps s'est raidi à l'idée de devoir le retenir malgré tout.

Mais il n'en a rien été. Mon regard dans le sien, j'avais retrouvé mon sérieux aussi, et j'en profitais pour reprendre mon souffle, ma poitrine se soulevant profondément. J'ai considéré le sérieux de sa demande, sa signification, j'ai pesé le pour et le contre pendant que mes yeux se portaient sur ses lèvres pour en mémoriser chaque micromètre. Ce qu'il me demandait, en soi, c'était d'être Négative et je détestais cette idée. Pas avec lui. Il était celui qui avait vu mon pouvoir se manifester autant dans ses bons que ses mauvais côtés. Et il était toujours là. J'ai toujours cru qu'il aimait mon pouvoir, mais j'ai aussi compris que je me trompais.

Les lèvres entrouvertes, j'ai réfléchis tout en sachant que je n'avais pas deux réponses possibles. Il n'y en avait qu'une. Je la connaissais mais je ne voulais pas me précipiter dans une promesse que je n'étais pourtant pas sûre de tenir. Je ne voulais pas lui mentir mais je voulais lui donner une réponse franche et honnête. Qu'il comprenne en un sens que je prenais également très au sérieux ce qu'il me demandait.

Ma main a glissé dans son cou pour que mon pouce puisse caresser le bord de sa mâchoire. J'ai étudié chaque centimètre de son visage. Ce n'était pourtant pas la première fois que je le voyais et j'étais rassurée sur le fait que je le verrai encore. J'ai inspiré profondément et j'ai acquiescé.

"Je déteste l'idée de brider mon pouvoir mais… Si c'est ce que tu veux vraiment, alors oui. Je te le promets."

J'ai remonté les yeux dans les siens et j'ai cherché ses lèvres des miennes avant de l'embrasser. Certains me trouveraient sûrement esclave de mes sens ou d'Abel tout court, et ce n'était pas totalement faux. Mais j'étais bien décidée à montrer ma bonne foi et mes promesses. Notre relation était basée sur l'honnêteté malgré tout, j'entendais que ça le reste. Et à une question aussi direct, je ne pouvais lui mentir ouvertement, ni autrement. Je ne pouvais pas lui mentir tout court. Et chaque fois qu'il me prendra l'envie de changer quoi que ce soit, alors je viendrai plutôt à ce instant où je lui ai fait ma promesse. Les bienfaits de mon pouvoir : il me laissait une bonne mémoire.
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