2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Reese/Camy] Some lessons learn the hard way

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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Fait suite immédiate à Unité. Fraternité. Rivalité

Les équipes médicales avaient jailli à peine la voiture arrêtée. Ils avaient l’habitude, finalement : quand quelqu’un prenait sur lui de passer par l’entrée des ambulances pour s’arrêter juste devant la porte, c’est que la situation était critique. Ils furent donc deux médecins et trois infirmières à assurer le transfert de Camy du SUV à un brancard, avant de guider le tout dans les couloirs des urgences jusqu’à un box de soins, en débitant leur jargon à toute berzingue.

« On a une blessure par balle, pas de point de sortie. Tachycarde à 140, tension 8/3. La sat est à 94 et baisse. »
« Il faut l’intuber ! Préparez le chariot de réa, biper la cardio, il nous faut un bloc et scanner sa puce ! » Brailla un des deux médecins en se saisissant un laryngoscope après avoir renversé la tête exsangue de Camy. « Il s’est passé quoi ? » Demanda-t-il à Reese qui avait suivi, sans lever le nez plus d’une seconde de sa tâche. En gestes experts qui trahissaient une longue habitude, il introduisit le laryngoscope, puis la sonde d’intubation avant de retirer le guide métallique. Il s’effaca du bout du lit, aussitôt remplacé par une infirmière qui brancha un ballonnet à la sonde et commença à pomper.
« La sat remonte, mais la tension n’est toujours pas bonne. »
« Ca dit quoi, la puce ? » Demanda le médecin en se saisissant d’un pansement compressif, une impatience dans la voix.
« Positive, A+. Pas de traitement médical enregistré. »
« Ok, passez deux culots de O neg Positif. »
« Le bloc est prêt, docteur. »
« Ok, on y va, appelez l’ascenseur. » Sans autre forme de cérémonie, la petite troupe, tout en continuant de s’affairer autours du brancard, s’engouffra dans les couloirs jusqu’à l’ascenseur grand ouvert.
« Retournez en salle d’attente, monsieur. Vous ne pouvez rien faire de plus. On viendra vous chercher quand elle sera sortie... » Dit le second urgentiste avant d’aller à l’accueil appeler la police, comme le veut le protocole des blessures par balle.

Près de 5h plus tard et après le passage de deux agents de police un peu blasés, le second médecin revint en salle d’attente.
« Elle est sortie du bloc, ça s’est bien passé. La balle n’est pas passé loin du coeur. Elle a eu de la chance. Venez, je vous emmène aux soins intensifs. » Et le jeune médecin les guida dans le dédale hospitalier jusqu’au service désigné, étrangement calme après le tumulte des urgences, et les confia à l’infirmière en charge du service.
« Ah, c’est pour Mme Adriacco ? Le post-opératoire se passe bien. On a pu la débrancher sans difficulté du respirateur. Elle a eu de la chance. » Elle les guida jusqu’à un box vitré fermé où Camy reposait, pâle, entourée d’appareils qui bipaient, d’une poche de sang et d’une perfusion de glucose.
« Elle n’a pas encore repris connaissance, mais dans des cas comme ca… Ca peut durer un moment... » L’infirmiere leur jeta un regard en coin avant de retourner à ses autres patients.
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Reese Owen
Reese Owen
Maze avait conduit comme un dératé. Le temps qu’ils atteignent le premier hôpital, guidés par Maybel, Camy avait perdu connaissance. Et ça, Reese savait que ce n’était pas bon signe. Il avait pressé Maze à tel point que le ton était monté dans la voiture, chose extrêmement rare quand l’on connaissait Reese. Maze l’avait aidé à l’extirper de la voiture avant de la déposer sur le brancard.

– Gare la voiture.

Reese lança son ordre d’un geste de la main alors qu’il entrait dans l’hôpital. Il s’était écoulé quelques minutes depuis qu’elle avait fermé les yeux mais beaucoup plus depuis que la balle était entrée dans sa poitrine. Il laissa Maze et Maybel s’éloigner et suivit son Second, peau et vêtements tachés de sang. Son speech, il l’avait travaillé dans la voiture. Il n’eut même pas à faire semblant d’être sous le choc. Il se passa une main sous le nez, essayant d’éviter d’étaler plus de sang sur son visage. Reese tremblait, l’adrénaline pompait son rythme cardiaque mais il réussit à être intelligible.

– Elle s’appelle Camélia Adriacco, c’est un agent fédéral de Polis District. Elle a été blessée en mission, il y a plus d’une demie heure, elle a déjà perdu beaucoup de sang. Je vous en supplie, faites tout ce que vous pouvez. Mais sauvez-la.

Reese pinça les lèvres en se retrouvant de l’autre côté des portes des urgences. D’un poing crispé, il alla pour cogner la vitre et serra les dents en se retenant. Maze et Maybel arrivèrent en courant pour le retrouver et il dut faire preuve d’une grande force pour conserver son visage d’homme froid et imperturbable. Et ce, malgré ses éclats de voix dans la voiture. Reese ne s’énervait pour ainsi dire jamais, mais il devenait une toute autre personne lorsque ses proches étaient menacés. Et Camy faisait partie de ses proches, tout comme Maze et Maybel. Il ne leur avait pourtant toujours pas raconté dans le détail ce qui s’était passé et il n’en avait pour l’instant pas envie. En réalité, il avait besoin de se retrouver un peu seul afin de comprendre ce qui s’était passé. Un passage aux toilettes pour se nettoyer et il passa au crible chaque événement qui avait poussé Camy à agir ainsi. La vue du sang ne le dérangeait pas, ce n’était pas la première fois, et sûrement pas la dernière. Non, ce qui dérangeait Reese, c’était la colère qui commençait à lui monter dans la poitrine. Camy s’était volontairement interposée, elle avait pris une balle pour lui et quand il se rappelait de son pouvoir - qui n’était pas une évidence pour lui - il comprit qu’elle l’avait fait pour le protéger, en dépit de sa propre vie.

Il ignorait combien de temps il était resté là, à fixer le robinet en analysant toute la scène et combien tout ça avait dérapé, sans savoir une seconde qu’il s’était retrouvé au milieu de Libération. Ils avaient une partie du chargement, une infime petite partie, ils n’iraient pas loin avec. Samael avait tout le reste. Reese était furieux. Ils avaient entreprit une très lourde mission pour ce wagon et ils s’en sortaient avec deux ou trois cartons et une blessée grave. Hors de lui, Reese se redressa pour faire face à Maze qui venait d’entrer dans les toilettes et le prévenir qu’il conduisait Maybel à l’aéroport le plus proche pour qu’elle rentre à l’Underground et quelqu’un d’autre montait pour récupérer le chargement en voiture. Très probablement Dean et Skandar. Ils ignoraient combien de temps ils étaient coincés ici mais Maze ne semblait pas vouloir partir et les laisser ici seuls. Reese acquiesça, tout simplement, et il jeta son pull dans la poubelle avant de sortir des toilettes pour patienter.

Quand on vint le chercher, Maze était parti à l’aéroport et Reese ne cessait d’analyser en boucle chaque scène du train, en cherchant la fausse note, c’était la seule chose qu’il arrivait à faire. Il songea que 5h pour une opération du genre était plutôt court et il ne sut dire si c’était là une bonne ou une mauvaise nouvelle. Il posa son café sur la tablette à côté des sièges et suivit l’infirmière. Ce n’était pas la première fois qu’il était dans cette situation. C’était déjà arrivé une fois à Maddison. Pour les autres, l’hôpital n’avait jamais été nécessaire, c’était déjà trop tard. Si Camy avait eu le temps de penser à se calmer, le chemin s’initiait bien plus lentement dans la tête de Reese. Tous ces risques qu’il prenait depuis des années, parfois inconsidérés. Il se croyait tellement invincible, il survivait toujours, quoiqu’il arrive. Maddison l’avait sûrement sauvé plus d’une fois, il songea avec le recul en comprenant peu à peu ce qui était passé par la tête de Camy. Ces deux là avaient un pouvoir spécial, particulier, que Reese ne comprenait pas, d’ailleurs. Le pouvoir sur le temps, les retours en arrière ou les visions du futur, tout ça relevait de la science fiction. Et pourtant, il devrait y être habitué depuis le temps. Mais non, il comprenait Maze, à n’en point douter, il pouvait totalement concevoir son pouvoir qui était scientifiquement cohérent. Mais Maddison et Camy ? Non…

Il lui fallut attendre encore un moment avant de pouvoir s’approcher d’elle en toute sécurité. Il serra les dents à son visage pâle. Il avait remercié l’infirmière avec une dose de sarcasme dans le regard. Sa réflexion sur le « coma », il aurait préféré qu’elle se la garde. Camy était bien plus forte que ça, elle y arriverait. Reese tira lentement un petit tabouret vers le lit et s’assit là pour la regarder en inspirant profondément, les mains sur les cuisses.

– Hey… - Il se pencha vers elle et caressa son bras doucement du bout des doigts jusqu’à ses doigts. Il y glissa lentement les siens en se rapprochant un peu plus d’elle. - On parle toujours que de toi. C’est vrai quoi… - Il serra sa main dans la sienne. - Tu me demandes pas comment s’est passée la mienne, de journée ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
De la glu. De la gélatine. De la boue. N’importe quoi de visqueux et qui collait aux basques, pire qu’un chewing gum sous une semelle, et dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Ca la collait au fond - de quoi, bonne question - et plus le temps passait - combien de temps, encore une bonne question - moins elle avait envie d’en bouger. Apres tout, elle avait chaud, même si elle sentait confusément que cette chaleur ne venait pas d’elle mais de l'extérieur. La douleur s’éloignait à mesure qu’elle se laissait sombrer. Et tout ses problèmes semblaient très lointains. Au final… Elle était bien. Passé un moment, elle avait cessé de lutter. Elle était restée insensible au chahut qui régnait autours d’elle, au voix autours d’elle, meme celles qui lui étaient familières et qu’elle entendit brièvement. Elle sentait bien qu’on la manipulait, qu’on la maltraitait en quelque sorte, mais de tellement loin… Cela avait-il seulement la moindre importance ?

Et puis plus rien.

Et puis petit à petit, elle retrouva cette pâte visqueuse qui l’entourait. C’était calme et paisible. Chaud et confortable. La pâte tenait ses fantômes à distance, ou cela venait-il d’autre chose ? Toujours est-il qu’elle ne les discernait pas, et que cela lui allait très bien. Elle pouvait rester là, elle était très bien. Pas de pression, pas de sensation. Rien. Juste… la paix. Apres tout… Elle l’avait méritée, non ?

et puis au milieu de son paisible noir total, une lueur parut. Petite d’abord, mais l’attirant irrésistiblement. Il lui fallait pourtant s’extraire de cette mélasse avant. Un véritable effort, et elle n’était pas sure d’avoir assez de volonté pour ca. Ca l’aurait fait pleurer, si seulement elle avait pu. Des larmes de rage - rien ne l’agaçait plus que de se sentir impuissante.
De l’autre côté, ses doigts frémirent entre ceux de Reese.
Du fond de son abime, elle l’entendit, sans cependant comprendre ce qu’il disait précisément. Mais elle l’avait entendu. Il lui montrait la direction à prendre.
Ses paupières papillonnèrent légèrement, mais elle sombra à nouveau.

Le temps passait, elle continuait à tenter de se tirer de sa glu. Elle papillonnait bien des yeux, de loin en loin, un frémissement de doigts au gré de ses efforts. Mais elle n’avait pas l’impression d’avancer d’un pouce. Elle commencait à se dire qu’elle allait finir ici… Sauf qu’elle avait finalement choisi que ce ne serait pas comme ca. Alors elle continuait à se débattre.

C’est finalement au milieu de la nuit - ou trop tôt le matin, au choix - que le cardiogramme se mit à biper allègrement, alertant l’infirmière de garde. Elle arriva au pas de charge dans la chambre, vérifia les différents affichages et éteignit l’alerte avant de se tourner vers Reese avec un sourire apaisant.

« Elle revient. Ses constantes sont bonnes, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. En cas de besoin, vous savez où me trouver. »

Camy prit finalement une inspiration et son ultime effort pour s’extirper de la glu lui fit finalement entrouvrir les yeux. Eblouie même par la lumière tamisée d’un service hospitalier au milieu de la nuit, elle referma les paupières avec un gémissement étouffé.

« Reese ? »
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Reese Owen
Reese Owen
Reese n’avait pas quitté la chambre. Il était resté avec elle, sa main dans la sienne et il avait fini par s’assoupir, le front contre son bras. Il se réveillerait sûrement avec la chair de poule et un mal de dos, mais pour cela, faudrait-il encore qu’il s’endorme totalement. Il était resté à la regarder pendant un très long moment, caressant sa main d’un pouce. Il lui avait parlé, de choses et d’autres. Du fait qu’il était temps qu’elle se mette à mieux choisir les types qui partageaient un morceau de sa vie - voire plus - que Maze était une tête de mule de ne pas avoir voulu rentrer avec Maybel, ou encore qu’il en avait marre de trouver sa serviette trempée sur son lavabo à lui, et qu’elle mettait trop de parfum. Il avait fini par fermer les yeux et s’était assoupi jusqu’à ce que les machines sonnent l’alarme.

Reese s’était redressé vivement et avait fini par lâcher Camy pour aller chercher une infirmière. Une qui avait vite réagi. Mais si elle souriait, ce n’était pas pour le rassurer lui, alors il ne lui répondit pas. Il la laissa repartir et s’en revint à Camy. Et quand elle prononça son nom, il resserra ses doigts dans les siens en se penchant sur elle. Si elle était réveillée, il ne la laisserait plus se rendormir. Il avait trop peur qu’il ne revienne plus jamais à elle. Il s’assit sur le lit et caressa son visage de sa main libre. Il ramena ses cheveux en arrière et lui embrassa le front.

– Je suis là.

Il baissa les yeux pour la voir, son front contre le sien, caressant sa joue doucement. Elle lui avait fait tellement peur. Il tenta d’ignorer la chaleur dans sa poitrine, heureux qu’elle soit en vie et consciente, même s’il savait qu’elle n’était pas encore tirée d’affaire. Il embrassa à nouveau son front, s’y attardant de longues secondes en lui répétant encore qu’il était là, qu’il ne la quittait pas. Maze serait bientôt de retour et ils devraient se mettre en quête d’un hôtel. Reese ne voulait pas abandonner Camy seule à l’hôpital et il songea alors que c’était sûrement pour cette raison que Maze avait refusé de rentrer avec Maybel. Ils pourraient ainsi assurer le relai tous les deux. Maddison veillerait sur l’Underground en leur absence. Reese eut même un léger sourire à cette pensée de la voir hurler à tout va pendant que des dizaines de gamins lui tournent autour pour avoir la becquée. Reese releva légèrement la tête pour voir Camy et secoua la tête.

– Tu n’es qu’une idiote. Une profonde idiote, tu m’entends ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?

La main de Reese tremblait contre le visage de Camy et il serra les dents pour ne pas qu’elle puisse soupçonner qu’il était sur le point de craquer. Sa voix était à peine audible. Sans le chargement à gérer, il était fort probable que Reese ait brisé quelques nuques sur son passage…
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle ne sentait pas de douleur parce que encore sous perfusion de morphine. Par contre, elle avait l’impression de peser une tonne et demi. Et la gorge sèche. Elle déglutit difficilement au moment où elle sentit la pression de la main de Reese contre la sienne et elle lui rendit la pareille, faiblement. Elle le sentit ensuite s’assoir à côté d’elle, sa main sur son visage, puis ses lèvres sur son front, apaisant. Elle poussa un léger soupir, gardant les yeux fermés - trop peur de se reprendre l’éclat aveuglant des lumières tamisées.

Le sentir contre elle de la sorte, front contre front et sa main caressant sa joue, lui rappela le premier jour, dans le tunnel du métro. Il l’avait protégée, et elle s’était sentie en sécurité. Elle n’y avait pas repensé depuis, mais elle retrouvait là la même sensation. Bien qu’elle se sentit faible, comme passée à la machine, avoir Reese auprès d’elle tendait plutôt à lui faire penser que tout allait bien. Que tout irait bien.
Avec la sensation que son bras n’était pas vraiment rattaché à son corps - comme lorsqu’on est resté trop longtemps appuyé et que le sang ne circule plus - elle souleva maladroitement son autre main pour la poser - la laisser tomber - sur le poignet de Reese.
Elle fit un nouvel effort pour ouvrir les yeux, croisa fugitivement ceux de Reese, mais les plissa et les referma aussitôt - trop de lumière, décidément. Elle décida que vraiment, garder les yeux fermés un moment était une bonne solution. Elle n’était même pas sure que son cerveau soit assez réveillé pour traiter à la fois les données visuelles et auditives, parce qu’elle ne savait pas vraiment ce qu’elle avait vu chez Reese le peu de temps qu’elle l’avait regardé. Et y réfléchir était de toute façon trop fatiguant. Elle avait d’autres questions en tête de toute façon : depuis combien de temps elle était là ? Est-ce qu’ils avaient réussi la mission ? De ce qu’elle se souvenait, c’était plutôt mal engagé… Où étaient Maze et Maybel ? Est-ce que Reese avait tué Samaël - qu’elle connaissait donc sous le nom de Caleb ?

Elle n’eut cependant pas le loisir de les formuler, Reese lui en posait une autrement plus importante, et Camy fronça les sourcils. On aurait pu croire qu’il s’agissait de douleur, et ce n’était pas entièrement faux. C’était parce que lui répondre revenait à franchir un obstacle devant lequel elle s’était toujours dérobée. Elle n’avait pas pu le faire avec Arch quelques jours plus tôt - c’était en partie ce qui l’avait conduite dans ce lit d’hôpital - , pourrait-elle le faire là ? Une part d’elle fut tentée d’opposer une nouvelle dérobade.
Elle sentit alors le tremblement de la main de Reese sous la sienne et contre sa joue, et elle se souvint confusément de ce qu’elle s’était promis, au fond de son abime, alors qu’elle se débattait pour remonter. Il fallait que ça lui serve.

« Je t’entends… » Souffla-t-elle. « Merci du compliment… »

Elle prit une inspiration, ouvrit à nouveau les yeux pour le regarder, puis les referma, toujours pas habituée à la lumière, et sa main se crispa légèrement sur son poignet.

« Tu es mort… » A peine audible, elle aussi, elle avait l’impression que ses mots ne franchiraient jamais ses lèvres. Elle fronca une nouvelle fois les sourcils. Elle fit une nouvelle tentative pour ouvrir les yeux, sans plus de succès. Elle poussa un soupir de frustration avant de continuer, toujours à mots étranglés. « Tu serais mort… Reese… » Sans parler du fait que ce n’était pas la premiere fois, mais chaque chose en son temps. Elle se sentait déjà passablement crevée d’avoir franchi ce pas. Au moins avait-elle réussi à le sauver. Il était là auprès d'elle, bien vivant, après tout.
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Reese Owen
Reese Owen
Elles avaient été deux. Pendant des années, elles avaient été deux à changer le cours du temps pour sauver les miches de leur entourage. Reese trois fois plus qu'au tour des autres, en tout cas. Maddison avait passé cinq longues années à empêcher Reese d'y laisser la vie et il en avait gagné une certaine confiance en lui. Et depuis que Camy était là, cette confiance en la destiné n'avait cessé d'accroître. Il voyait bien le mal qu'elle avait à parler et il aurait probablement dû la faire taire, faire en sorte qu'elle se reposer. Mais inconsciemment, il savait que si Camy s'était jetée sur lui, il y avait une bonne raison. Et une fois le couperet tombé, Reese ferma les yeux. Il soupira en reposant son front contre le sien et crispa les paupières. Il savait que Maddison était intervenue une fois ou deux. Un jour, elle avait été si blême qu'il s'était demandé sous quelle hélice il aurait dû passer pour qu'elle en vomisse tripes et boyaux de la sorte. Mais il n'avait pas conscience de toutes les fois qu'elle avait agi. Et il ignorait totalement que Camy avait déjà usé de son pouvoir sur lui également. Il ne s'imaginait même pas un instant que les deux femmes aient même pu s'allier pour lui empêcher une mort agressive.

Reese se souvint de la première fois que Maddison avait agi. Il l'avait tellement pourrie qu'ils avaient failli se battre. Et à l'époque, il était du genre à donner le premier coup pour que les choses filent droit, mais Maddison n'était jamais en reste. Il avait été si hors de lui, si furieux, il n'avait pu accepter le fait que quelqu'un ait décidé à sa place que ce n'était pas son heure, que quelqu'un ait pu décider de son mérite de la vie. Il était un soldat, un bon soldat. Il était né pour mourir pour son pays, en faisant ce pour quoi il était bon : se battre. Reese ne concevait pas l'idée même d'être important pour quelqu'un. Ni pour Maddison, ni pour Camy, ni pour qui que ce soit. Il n'était pas non plus indispensable. Un jour viendrait, il mourrait. Et ce jour-là, quelqu'un d'autre prendrait sa place au sein de l'Underground. En un sens, il espérait que cela arrive vite, à présent car il était fatigué. Il avait bientôt 40 ans et ne rêvait que d'un mariage, une maison, et des gamins jouant avec un chien. Il avait fait son service plus d'une fois, vaincu plus d'une campagne. Aujourd'hui, il aspirait à sa tranquillité. Alors peut-être que s'il ne pouvait l'avoir alors il se donnerait un autre moyen de vivre en paix. Mais toujours en se battant. Camy lui avait retiré ce droit. Et pour cette raison, il était furieux contre elle. Sentiment qu'il exprimait avec son contraire : en s'accrochant à elle.

– Et qu'est-ce que j'aurais fait sans toi ? Hein ?

Il n'y avait pas d'amour pour lui. Pas dans la définition qu'il entendait, en tout cas. Mais elle était un pilier de sa vie, un pilier respectable et stable. Elle lui tapait sur les nerfs parfois, mais elle n'était pas la seule.

– Ne fais plus jamais ça. Plus jamais. C'est un ordre, Soldat.

Personne ne pouvait décider pour lui. Personne ne devait se sacrifier pour lui. C'était son rôle, il ne laisserait personne le lui prendre. Il glissa son visage pour lui embrasser le coin du nez, près des lèvres et renifla en se redressant légèrement. Il caressait toujours sa tempe, lissant ses cheveux en arrière.

– Il faut que tu te reposes. Je veux que tu rentres avec moi. Alors fais en sorte d'aller mieux, d'accord ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle pourrait lui détailler un long moment toutes les fois où elle l’avait vu mort. Du fait de son pouvoir, ça avait toujours été une question de secondes entre la vie et la mort. La sienne, en l’occurrence. Il n’y avait pas eu que lui pour lequel elle avait changé le cours du destin, et contrairement à ce qu’il s’était passé avec Arch, elle n’en avait jamais perdu ses moyens. Ca ne voulait pas dire que ça ne l’avait jamais touchée, bien au contraire. Mais elle restait un Marine, au fond, et jusqu’à Arch, elle n’avait jamais eu le moindre problème à conserver sa distance et son sang-froid.
Elle n’avait jamais eu plus qu’une poignée de secondes pour réagir et éviter l’issue fatale, avant de continuer la mission. Une poignée de secondes pour identifier le tireur le plus dangereux, une trajectoire de voiture, la source d’une explosion… Et mettre ceux qui l’accompagnaient à l’abri du plus gros danger. D’habitude sans se mettre en danger elle-même. Mais ce soir là… C’était entièrement sa faute, elle avait attendu trop tard pour activer son pouvoir et n’avait pas eu le temps suffisant pour prendre la meilleure décision. Et son état d’esprit avait été tel que c’avait été la seule solution qu’elle entrevoyait.

Seulement lui expliquer tout ça, maintenant… Lui paraissait bien au dela de ses forces, d’autant qu’il y avait une autre dimension à expliquer dans le pourquoi de son acte. Si Reese considérait Camy comme un pilier dans sa vie, la réciproque était toute aussi vraie. Il lui avait donné une place dans ce monde qu’elle reconnaissait enfin comme sienne après avoir passé tout ce temps à douter. Il avait redonné un sens à sa vie, et elle ne l’imaginait plus sans lui. Elle n’aurait su dire quand ni comment il avait pris cette place, mais elle savait qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser quitter cette place. Même si ça voulait dire lui éviter mille morts. Au sens propre.

« Hey… » Nouvel effort pour ouvrir les yeux - qui le restèrent un peu, grande victoire. Et elle eut un léger sourire en coin, taquin, en le regardant. « je te retourne la question… Je ne pouvais pas… » Elle referma doucement les yeux en déglutissant. Elle était trop fatiguée pour aborder la question sereinement. Plus tard, peut être, elle arriverait à démêler les fils de ses sentiments, de ses peurs et de ses névroses. Là… Elle savait juste qu’elle le ferait bientôt.

Son pouvoir lui avait donné en plus le même sentiment d’être celle en charge de la vie des autres. Elle avait la capacité de leur éviter le pire. C’était son devoir, et il n’était pas question que quelqu’un meurt sous sa responsabilité - raison pour laquelle elle avait accumulé autant de culpabilité lorsqu’elle avait failli. Si elle pressentait que cette mésaventure allait lui mettre du plomb dans la tête - si on peut dire - sur bien des points, elle ne changerait rien à son sens du devoir. Surtout pas pour ce qui le concernait. Elle se força de nouveau à le regarder et son sourire se fit sans joie, vaguement teinté de fatalisme.

« Tu ne pourras pas l'empêcher… Reese… » A bout de force, elle referma les yeux.
Lorsqu’il l’embrassa, elle serra - à peine en réalité - son poignet et tourna légèrement la tête vers lui, accentuant leur contact. Eut-elle eu un peu plus d’énergie qu’elle l’aurait caressé du nez. Mais là, elle avait épuisé le peu d’énergie qu’elle avait récupéré. Elle lutta bien un instant contre le sommeil qui la prenait, ne l’avait pas lâché, mais c’est derriere un voile qu’elle l’entendit lui conseiller de se reposer. Alors elle se laissa aller, et la main sur le bras de Reese se relâcha.


Elle se réveilla à nouveau une dizaine d’heures plus tard. Plus reposée - ils avaient interrompu les transfusions peu après son premier réveil - et avec l’estomac qui tiraillait quelque peu. Ses yeux daignèrent rester ouverts un peu plus longtemps qu’auparavant. La vision du plafond n’étant pas bien heureuse, elle tourna la tête, se souvenant notamment que Reese avait été là. Et à dire vrai, elle avait bien besoin d’un visage ami pour égayer la pièce. Mais le siege à côté de son lit était vide. Se sentant - absurdement - paniquée, elle tourna vivement la tête pour découvrir sa chambre vide. Elle sentit les yeux lui piquer mais elle se retint. Elle était grande après tout, elle n’avait pas besoin qu’on la veille comme un bébé. Pourtant, elle se sentit soudainement bien bien seule… Les yeux fixés au plafond, elle refoulait ses larmes.
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Reese Owen
Reese Owen
Camy s’était rendormie et Reese était resté là un moment avant de sombrer sur le lit jusqu’au retour de Maze. Il avait dû se résoudre à quitter l’hôpital, elle ne se réveillerait pas avant un moment, lui avaient dit les médecins. Et de toute façon, ils l’appelleraient pour le tenir au courant. Le jour était bien haut quand Reese et Maze se sont avachis sur le lit de leur chambre d’hôtel. Le leader avait insisté, quitte à payer le prix, il en voulait un très proche de l’hôpital. Non seulement pour Camy mais pour le chargement aussi. Maze l’avait convaincu de prendre une douche et il s’était trouvé un t-shirt propre et un pantalon dans un magasin de la rue. Maze avait réussi à dormir une petite heure. Peut-être deux. Mais Reese était tout de suite retourné à l’hôpital pour veiller Camy. Dean et Skandar ne tarderait pas à arriver et il laissa le soin à son co-leader de s’en débrouiller. Il aurait voulu que Maze rentre avec eux mais c’était sûrement trop lui demander. Il s’inquiétait pour Camy aussi.

L’après-midi tapait doucement lorsque Reese revint dans la chambre, un café chaud dans la main. Il se passait l’autre dans les cheveux en soupirant. Oui, il était fatigué, il était réveillé depuis de très longues heures maintenant. Il s’était levé tôt pour préparer la mission, il avaient dû rouler jusque là-bas, intervenir, manquer de perdre Camy, l’amener à l’hôpital, ne pas réussir à dormir, chercher un hôtel, se changer et revenir… Il était épuisé. Il se frotta les yeux et posa son café fumant sur la table de nuit avant de regarder Camy, s’apercevant qu’elle était éveillée.

Il se redressa et tira le tabouret vers lui pour s’asseoir, reprenant la main de la jeune femme dans la sienne. Bien sûr qu’il avait fallu qu’il ne soit plus là pour qu’elle se réveille… Il avait tant hésité à quitter les lieux, de peur de ne pas être là quand elle rouvrirait les yeux !

« Hey… Tu es réveillée depuis longtemps ? » Il porta sa main à ses lèvres pour lui embrasser les doigts. « Comment tu te sens ? » Il lui écarta une mèche du front et caressa sa pommette de son pouce. Il lui sourit, autant que possible et serra ses doigts dans les siens. Il avait parlé aux médecins avant de revenir dans la chambre et ceux-ci avaient été remarquablement surpris de la rapidité à laquelle elle récupérait. Bientôt, sûrement, cette pièce compterait d’autres fédéraux mais Reese ne bougerait pas d’ici. Mais Camy s’en sortait bien et il était rassuré. Soulagé, même. Mais plus le temps passait et plus il réfléchissait. A son frère, son meilleur ami… Les choix que Cole avaient fait pour se consacrer à sa famille… Il voulait que Camy fasse pareil. Il voulait, lui, faire pareil. Il devrait en parler avec Maze. Peut-être avec Maddison, aussi. Mais sans pour autant penser qu’elle n’était plus capable d’assurer son poste, Reese n’avait plus envie de l’y voir. Il s’inquiéterait toujours trop pour elle, jusqu’à l’étouffer. Il la savait forte, il le voyait bien. Mais il ne pourrait plus accepter qu’elle veuille être en première ligne.

"Tu veux que j'aille te chercher quelque chose à manger ?"
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle avait fermé les yeux en entendant la porte s’ouvrir. Elle s’attendait à voir entrer une infirmière et elle n’avait aucune envie de faire la conversation avec une étrangère. Surtout une étrangère qui serait sans doute d’abord préoccupée par ses fonctions vitales que par ce qu’elle ressentait.
Que ressentait-elle d’ailleurs ? Elle ne savait pas trop. Elle n’était toujours pas en grande forme. L’impression persistante d’être passée à l’essoreuse ne l’avait pas quittée. Elle n’avait pas mal à sa blessure, mais elle subodorait que c’était du à la perfusion de morphine qu’elle voyait gouter au dessus d’elle. Mais tout ça n’était que du physique. Et le physique, tôt ou tard, ça se remettait. Ce n’était pas tellement ça, le problème.
Elle avait une impression de table rase, d’être devant une page blanche et elle ne savait pas exactement  ce qu’elle allait en faire. Il y avait des choses qu’elle continuerait, d’autres… qu’elle devait changer. Qu’elle voulait changer. Les événements des derniers jours l’avaient finalement menée aussi profondément qu’elle aurait pu aller. Peut être plus profondément qu’elle l’avait jamais souhaité, d’ailleurs. Etre prête à mourir pour sauver quelqu’un, elle avait su qu’elle avait cela en elle en s’engageant chez les Marines. Mais en arriver à un point où elle considérait que c’était la meilleure solution pour elle ? Ca remettait beaucoup de choses en perspectives. Beaucoup de choses à plat. De là où elle était, elle avait tout à reconstruire, et elle l’espérait plus solidement qu’auparavant. Et cela voudrait dire se confronter aux autres, mais surtout à elle-même. Il le fallait, si elle voulait enfin trouver la paix. Elle avait toutes les cartes en main, après tout. Cependant, ça voulait dire aussi quelques entretiens désagréables, et avec pas mal de monde. Elle avait beau être décidée à faire le nécessaire, cette idée lui filait le vertige… Et piquait encore les yeux...

Et puis les pas se déplacèrent dans la chambre et elle fronça les sourcils, les narines assaillies par une odeur de café. Les infirmières ne rentraient pas dans les chambres avec leurs cafés… Elle ouvrit donc vivement les yeux pour voir qui était là et découvrit Reese à ses côtés. Aussitôt elle plissa le front, prête à pleurer de soulagement. Surtout quand il s’assit à côté d’elle et prit sa main dans la sienne. Au lieu de ça, elle fit un effort pour éviter le drama et se fendit d’un pauvre sourire. Elle avait assez pleuré dernièrement, et ça n’amènerait rien de bon. Il était là, elle était là, ils étaient en vie. Tout allait bien. Il fallait que tout aille bien.

« Non, quelques minutes, peut être… » Répondit-elle d’une petite voix éraillée. Son sourire tremblota quand il lui embrassa les doigts - ça suffit la sensiblerie oui ! - mais se teinta d’ironie quand il lui demanda comment elle se sentait. « Ca, je me le demande, figure toi… Tu veux le physique, ou le moral ? » Elle eut un reniflement amusé. « Physiquement… je ne sens pas grand chose. Elle est chouette leur morphine… Et je ne crois pas que je pourrai sortir d’ici sans un déambulateur. Ou une chaise roulante. Ou quelqu’un pour pousser mon lit en fait... » Bref, elle ne se sentait pas prête à se mettre debout. Et elle évitait comme ça de parler du moral, ce qui lui convenait très bien - même si elle subodorait que Reese y viendrait tout seul comme un grand.

Il lui caressait la joue d’un geste apaisant, rendant la page blanche qu’était devenu sa vie beaucoup moins impressionnante. Certaines choses resteraient identiques, elle en était convaincue. Reese serait de ceux là, elle lui faisait confiance. Elle croisa son regard alors et y lu toute l’inquiétude du monde. Tout ça par sa faute… Regrettait-elle ? Sans doute pas. Si elle n’avait rien fait, c’est un enterrement qu’ils seraient en train de préparer. Peut être le sien aussi : elle ignorait ce qu’elle avait provoqué en encaissant la balle, mais ça avait mis un terme aux combats dans le train. Si Reese y avait laissé sa peau… L’homme de main de Caleb/Samael n’aurait probablement eu aucun scrupule à la descendre aussi - même si elle n’avait pas vu aussi loin - et ils n’auraient de toute facon rien ramené à l’Underground. Ce qui lui rappela...

« Mon dieu, on n’a pas les médicaments… » Persuadée que Reese n’avait rien pu récupérer.

Et puis il proposa d’aller lui chercher à manger, elle sentit une - légère - vague de panique, perdant son sourire, et ses doigts se crispèrent sur ceux de Reese. Oui elle avait faim, mais la derniere chose dont elle avait envie était de se retrouver seule. Evidemment, elle était encore fatiguée et sentait bien qu’elle avait des réactions excessives. Seulement elle se sentait impuissante à les canaliser et réagissait donc presque sans filtre. Elle ne s’en sentait pas bien fière, mais il faudrait encore un peu de repos, sans doute pour retrouver un peu de stabilité de ce côté.

« Non ! Enfin je veux dire... » Elle eut un petit regard suppliant, un peu drôle si on arrivait à oublier qu’elle avait faillit mourir deux jours plus tôt. « J’ai un peu faim… On peut pas … appeler une infirmière ? Plutôt ? »
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Reese Owen
Reese Owen
Dire que Reese était soulagé d'entendre sa voix et de la voir les yeux ouverts était un doux euphémisme. Il sourit en l'écoutant "râler" à demi mot de sa condition. Il savait ce que faisaient ces doses de morphine et se rassura face à l'humour dont elle faisait preuve, arquant ses lèvres dans un sourire. "Je pense que la chaise roulante sera de mesure les premiers temps, oui. On peut dire que tu m'as échappée belle." C'était une réflexion qu'on lui servait très fréquemment ! A croire qu'il s'agissait là plus d'un leit motiv que d'un réel message de réconfort. Toutefois il ne fut pas peu fier de dégainer à son tour cette réplique d'anthologie.

Il ne fut pas non plus étonné qu'elle le retienne, il s'était pourtant attendu à ce qu'elle rechigne à manger, histoire de faire la forte. Il acquiesça doucement et activa le signal de l'infirmière pour la faire venir. Il poussa un profond soupir en reprenant place sur la tabouret à ses côtés. Elle avait risqué sa vie pour lui. Bon sang, elle aurait donné sa vie pour lui. Il s'était souvent dit sue beaucoup le feraient mais il n'avait pensé qu'à ses frères d'arme. Pas à Camy. Il n'avait jamais imaginé que cela puisse faire partie de ses "prérogatives". Il aurait voulu la traiter d'idiote, d'imbécile, de stupide, d'inconsciente. Il aurait voulu lui lui faire la leçon. Mais il aurait fait pareil et n'aurait pas accepté qu'on le laisse de côté et qu'on sous estime ses valeurs et sa loyauté. Alors il ne dit rien et se contenta de lui sourire en caressant sa main dans la sienne.

L'infirmière entra et offrit à son tour un sourire à Camy, contente de la voir réveillée. Il vérifia les moniteurs et avertit qu'elle allait prévenir le médecin. Si Camy avait faim, c'était une bonne maladie et elle n'allait pas tarder à lui faire porter un plateau, mettant Reese en garde sur ce dont il était préférable qu'elle évite de manger à cause des médicaments. Elle était peut être tirée d'affaire mais elle ne sortirait pas d'ici le lendemain ! Une fois seuls, Reese attendit que la porte soit fermée et se retourna vers Camy, un peu plus sérieux.

"On n'a pas pu récupérer tout le chargement... Mais ton petit copain m'a aidé à en prendre une partie. Maze est avec Dean et Skandar, ils sont en train de le rentrer à Megalopolis. maze ne devrait plus tarder à revenir maintenant." Il pencha légèrement la tête en l'étudiant et carressa son bras en pinçant les lèvres. "Je ne t'aurais jamais laissée faire une chose pareille pour rien, tu te doutes bien. Par contre, on a dû dire que tu étais du FBI. Je pense qu'ils ne vont pas tarder à débarquer non plus. L'hôpital les a forcément contactés. Camy..." Reese se rapprocha en inspirant profondément et serra sa main dans les siennes pour les porter contrer son menton. Il considéra un instant ses paroles et Camy. "Ne me refais plus jamais une peur pareille. Compris ? Je ne t'ai pas recrutée pour ça, mais pour que s'il m'arrivait quelque chose, quelqu'un soit en mesure de prendre ma place." Il libéra une main pour la porter à sa joue, glissant son pouce sur sa pommette. "Et pour l'instant, je ne pense à personne d'autre que toi."

C'était une belle excuse qu'il lui servit pour ne pas avoir a s'emporter ni montrer la colère qu'il éprouvait non envers Camy mais de par le geste qu'elle avait effectué.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
S’il s’amusait avec elle de la situation, c’est qu’il ne devait pas être trop énervé. Pourquoi le serait-il, après tout ? Ce n’était pas sa faute. Les missions pouvaient mal tourner mal à chaque instant, et ils devaient composer avec les circonstances en permanence. Ce qu’elle avait fait.

« On dirait oui… » Elle devait être une des rares personnes à n’avoir jamais félicité Reese de s’en être sorti de justesse, et pour cause : elle savait très bien qu’en « réalité », que sans ses interventions, il y aurait laissé sa peau plusieurs fois. Elle s’était donc toujours abstenue du moindre commentaire sur sa « chance » , connaissant parfaitement la raison de sa bonne fortune. Qui plus est, il n’y avait pas de quoi être fiere, finalement : elle s’était mise volontairement en danger. Elle s’en serait mieux sortie en s’abstenant - quoique … encore une fois, elle était persuadée que Reese mort, elle n’aurait pas fait long feu non plus.

Elle le laissa appeler l’infirmière, qui ne tarda pas à arriver avec l’entrain propre à cette profession - souvent horripilant. Une fois le tour fait, elle partit chercher de quoi manger, les laissant seuls. Et à la tête de Reese, ils n’allaient pas parler du temps qu’il faisait. Elle s’attendait à se prendre une soufflante, tôt ou tard. L’héroïsme stupide n’était pas vraiment ce qu’on pouvait attendre d’un soldat, elle le savait très bien. Elle n’avait d’ailleurs pas eu l’intention de faire quelque chose d’héroïque - ni de stupide d’ailleurs. Elle avait juste voulu faire son devoir.
Elle l’écouta sans rien dire, roulant des yeux lorsqu’il parla de Caleb/Samaël et se sentant soulagée qu’ils ne soient pas rentrés bredouilles. Mais très vite, c’est autre chose qui la pris : un trouble étrange de le voir aussi… doux et prévenant. Elle se rappela alors de ses gestes lorsqu’elle avait repris connaissance quelques heures plus tôt, tout aussi déroutants.
Camy pensait bien connaitre Reese, mais elle réalisait que non. Elle connaissait le leader, elle connaissait le soldat qui couvrait ses arrières et faisait son devoir, elle connaissait aussi le camarade de chambrée qui se rasait pendant qu’elle se maquillait et qui lui donnait de la claque sur la fesse en se moquant d’elle. Mais elle ne savait rien de celui qu’elle avait auprès d’elle. Du coup, elle se sentait étrangement intimidée. Et fragile - et ça ça l’agaçait.
Elle sentit un léger frisson sous sa caresse sur son bras, ainsi que lorsqu’il lui caressa la joue. Elle ne savait pas à quoi réagir, ni comment. Elle aurait su quoi répondre s’il l’avait engueulée, s’il l’avait pourrie - elle aurait rué dans les brancards, et pas qu’un peu. Il aurait pu aussi se comporter normalement, comme si ce n’était pas bien grave, et rester le camarade de chambre, là aussi elle aurait parfaitement su quoi faire - plaisanter, minimiser ce qu’il s’était passé. Mais là ? Il la prenait complètement à contrepied et elle se sentait quelque peu perdue.

Elle eut un petit sourire et ouvrit la bouche pour répondre, mais elle fut interrompue par l’entrée de l’aide-soignante, plateau en main.
« Et voila ! Compote, bouillon et biscottes ! Pour quelque chose de plus consistant, on verra ça demain. Il faut vous ménager un peu, pour l’instant. » Babilla-t-elle en posant le plateau sur la tablette et en manipulant la télécommande du lit pour redresser une Camy qui fit une discrète grimace de déception pendant qu’elle ne regardait pas en position assise.
« Merci... »
« Bon appétit ! et vous sonnez s’il vous manque quelque chose, d’accord ? » Et l’aide-soignante sortit de la chambre.
« Pour un tel menu, j’y manquerai pas... » Marmonna Camy.

Elle offrit un petit sourire d’excuse à Reese en récupérant sa main pour ouvrir sa compote.
« Je suis contente que tu aies pu récupérer une partie du chargement... » Elle désigna Reese de sa cuillère avec un air sévère. « Mais Caleb n’est pas mon petit copain. Ca fait bien trois ans que je ne l’avais pas vu et… » Elle ne poursuivit pas sur le fait que leur « histoire » n’avait été que purement charnelle et divertissement, aborder ce sujet avec Reese lui semblait soudain incongru. Elle préféra embrayer sur le FBI. « Ne t’inquiètes pas pour les collègues. Si vous n’aviez rien dit, la puce l’aurait fait pour vous. Peu importe qui viendra, je les connais sans doute… je m’en débrouillerai. L’avantage d’un incident du genre... » Elle avala une bouchée de compote avec une petite grimace. « Fadasse… Je disais ? Oui, l’avantage d’un truc pareil, c’est que plaider la désorientation et « je ne me souviens plus des détails » passe sans problème. Il faut juste que je sache précisément ce que tu as déjà dit, et zou... »

Elle continua sa compote en silence, réfléchissant à ce qu’elle pourrait dire, exactement.
« Reese... » Elle se laissa aller contre le dossier formé par le lit en le regardant, avec un petit froncement de sourcils. « Tu crois… Tu crois que j’aurais pu continuer sans toi ? Et en sachant que j’aurais pu l’éviter et que je n’avais rien fait ? » Elle eut un petit sourire sans joie et continua d’une voix plus étranglée. « Je t’ai tellement vu mourir... Crois-moi, je sais exactement ce que ça fait… Je n’ai pas compté, mais ça n’a jamais été plus facile… C’était même… plutôt l’inverse… Je n’aurais pas pu… » Elle regarda le plafond un instant, cherchant ses mots et refoulant ses larmes, avant de revenir à lui, posant sa main sur la sienne, cherchant inconsciemment son contact. « Mais c’est ce que je peux faire. Si je n’utilise pas ce que je prévois pour protéger les autres, comment veux tu que je me regarde en face après ? » Elle eut un haussement d’épaules contrit. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, mais je n’ai pas eu le temps de réfléchir à autre chose. C’est entièrement ma faute… » Son explication manquait de détails pour qu’il comprenne bien ce qu’il s’était passé, mais elle se sentait prête à lui donner toutes celles qu’il voudrait, et ça, c’était une premiere.
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Reese Owen
Reese Owen
Reese profita du plateau - appétissant - pour récupérer ses propres mains et l’accompagner avec son café qu’il porta à ses lèvres. Il leva les yeux vers elle pour l’écouter et posa son gobelet sur ses cuisses, le menton légèrement relevé. Il ne cherchait pas à la défier mais à récupérer une certaine stature. Celle qu’elle avait ébranlée en s’interposant dans son destin. Son gobelet entre ses doigts, il ne réagit pas. Pas tout de suite en tout cas. Et plus elle parlait, plus il sentait quelque chose monter en lui, non qu’il en montre une quelconque expression.

L’air coupable de Camy n’aida pas. Il la revue tomber dans ses bras sous le coup, avec juste le temps de la rattraper. Il la sentit à nouveau faiblir contre lui et son teint devenir pâle. A cause de lui. Combien de fois ? Si ce n’était la première alors depuis quand ? il fut d’autant plus perturbé d’avoir l’impression très désagréable d’être face à Maddison, plusieurs années plus tôt. Et les deux jeunes femmes se connaissaient. Avaient-elles parlé ? S’étaient-elles promis des choses à son encontre ? Dans son dos ? Il savait que Maddison était capable de passer par bien des chemins quand elle avait décidé quelque chose. On ne pouvait lui reprocher de ne pas savoir ce qu’elle voulait. Mais Reese ne supportait pas les situations qui se répétaient. La mort de son meilleur ami avait rappelé celle de son frère. Le sacrifice de Camy lui rappelait celui de Maddison. Dans le premier cas, tout avait changé à ce moment-là. Il s’attendait donc à ce que tout change à nouveau. Sa relation avec Maddison avait alors volé en éclats et il sentait la même chose lui venir du fond des tripes. C’était un mécanisme de défense. S’il s’éloignait des gens trop proches de lui - à défaut d’être, lui, proche d’eux - il pensait pouvoir les sauver.

Reese savait que la décision qu’il prendrait avec Camy se répercuterait sur l’Underground tout entier. Maze et Maddison ne resteraient pas silencieux et Camy se jèterait sûrement sous un autre train, juste pour prouver qu’elle avait raison. Il devrait réfléchir à la marche à suivre mais il savait déjà, même inconsciemment, qu’il venait de faire deux pas en arrière. Elle n’y pouvait rien, il était juste comme ça. Il n’avait déjà pas compris les raisons de Maddison et il ne comprenait pas plus celles de Camy. Elle avait juste décidé pour lui. Elle avait pris les risques que lui avait accepté de subir, elle n’avait pas à prendre sa place.

Il baissa finalement les yeux. Ne pas s’en prendre à elle était un mot d’ordre, il le savait, il perdait facilement son sang froid lorsqu’il était concerné. C’était ce qui faisait de lui un bon leader : tant qu’il avait du monde à diriger, il gardait la tête froide. Il ne supportait simplement pas que quelqu’un pense autrement. Il inspira profondément et se passa un pouce sur les lèvres, les dents serrées, avant de reprendre la parole. Il garda néanmoins un long silence.

« Premièrement, ce n’est pas de ta faute, c’est la mienne, j’aurais dû m’en douter que ça arriverait. » Il leva une main pour la faire taire, détestant être interrompu, des fois que ça lui vienne à l’idée. « Deuxièmement, je ne veux même pas savoir combien de fois tu as fait ton petit tour de magie, je pense que c’est mieux ainsi. » Il n’avait pas non plus demandé le nombre à Maddison mais il avait supposé plus de deux fois. C’était deux fois de trop alors, cela restait une fois de trop concernant Camy. Il releva les yeux sur elle. Ils étaient étrangement froids, réprobateurs, mais surtout coupables. « Dernièrement, ne t’avise plus jamais de recommencer ce petit jeu-là, avec moi. » Il haussa le ton, sachant pertinemment que Camy n’en resterait pas là. « Si je voulais d’un garde du corps, je serais entré dans la politique et je porterais des cravates. Est-ce que c’est le cas ? Non. » Il la fixa quelques secondes avant de lâcher. « Recommence et je te sors de l’Underground. »
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
D’une certaine manière - et comme tout le monde s’évertuait à le dire tout le temps - elle se sentait soulagée d’avoir ouvert cette porte qu’elle avait si soigneusement barricadée depuis tout ce temps. Qui plus est, l’idée d’aller plus avant dans l’évocation de comment elle pouvait vivre son pouvoir ne lui donnait plus autant le vertige. Elle n’était pas sauvée pour autant, mais elle avait sans nul doute fait un pas dans le bon sens. Elle savait qu’elle le devait. En prime, elle avait confiance en Reese. Il était l’une des rares personnes à qui elle pensait pouvoir confier cette part d’elle même.

Pourtant, inexplicablement, elle le sentit se fermer et marquer une distance qu’elle ne comprenait pas, et elle retira sa main pour la poser devant elle avec sa jumelle. Dans un silence qui lui parut pesant, elle attendit une réaction de sa part. Elle s’attendait à des questions, un semblant de réconfort peut être… Pourtant, lorsqu’il commenca, ce ne fut rien de tout ca. Oh bien sur, il lui dit de ne pas se sentir coupable, mais ça n’avait rien de réconfortant… Presque un reproche. Elle fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour répondre mais il l’arrêta d’un geste péremptoire, ce qui n’arrangea rien à l’incompréhension - et un fond de colère, surtout lorsqu’il parla de magie - que ressentait Camy. Et il levait la voix, en plus ! Elle ne se souvenait pas qu’il l’ait jamais fait avec elle - pas comme ça en tout cas. Et sa derniere phrase la scotcha, tant et si bien qu’elle ferma la bouche et soutint son regard d’un air farouche, teinté d’incompréhension.

Pourquoi réagissait-il de la sorte ? Elle lui rendait regard pour regard, et si elle voyait bien qu’il désapprouvait totalement son attitude - ce qu’elle pouvait comprendre, elle avait eu un geste passablement idiot - elle y lisait aussi une culpabilité qu’elle ne s’expliquait pas. Il n’avait rien à se reprocher, ni à lui reprocher à elle, d’ailleurs. Ce qui était arrivé était un fait d’arme comme ils en avaient respectivement connu des dizaines sur le terrain… Même si, à la réflexion, elle pouvait le comprendre : elle même trainait pas mal de casseroles en matière de culpabilité sur ce qui avait pu arriver à ceux placés sous son commandement en opération. Mais elle n’acceptait pas cet ultimatum qu’elle vivait comme une punition, sans parler de sa façon de dénigrer son pouvoir...

« Et si tu voulais un intendant, fallait en embaucher un. » Attaqua-t-elle à mi-voix, incisive. « Je n’ai peut être pas gardé de breloques en souvenir de l’armée, mais ça ne change rien à ce que je suis. » Elle leva un peu le menton dans un geste de défi. « Je suis un soldat. Je me bats. Pourquoi tu crois que je suis allée au FBI en quittant les Marines ? C’est en moi. Je me bats pour ce qu’on me demande. Pour ce en quoi je crois. Pour nous. » Elle avait pensé à l’Underground, ne réalisant donc pas que ça pouvait prêter à confusion. « Quant à ma… magie... » cracha-t-elle avec mépris. « J’ai autant de contrôle dessus que sur les battements de mon coeur. Littéralement ! C’est un entrainement, ça demande du contrôle, du travail et de connaitre ses limites, mais ça ne fait pas de moi une bête de foire ! Ca n’a rien d’une esbroufe, espèce de... » Elle serra les lèvre avec un grognement agacé, retenant ce qu’elle allait sortir - elle n’était même pas sure de ce qu’elle avait en tête. « Appelle ça de l’instinct, de la prémonition à court terme, comme tu veux. Mais ne pas en profiter serait aussi con que de ne pas utiliser son flingue quand on se fait canarder. Depuis le temps, je devrais être capable d’estimer comment l’utiliser au mieux. Je me suis trompée cette fois, ce n’est en rien ta responsabilité. Et ce n’est pas la premiere fois que je me loupe. Mais personne n’est mort, et ça, c’est déjà une victoire en soi. Je n’ai pas toujours eu cette chance ! » A son tour, elle leva la voix. « J’ai un avantage qui permet de préserver les troupes - toi y compris ! - et tu veux me virer parce que je fais mon devoir ? FINE ! » Termina-t-elle avec un grand geste du bras - gauche, tirant vivement sur sa plaie, lui tirant une grimace de douleur malgré la morphine. Elle détourna le regard en fermant les yeux. Entre la contrariété que lui occasionnait Reese et la douleur, elle aurait pu pleurer - encore - mais elle n’avait pas envie de recommencer. Pas alors qu’il la mettait sur la sellette, lui donnant l’impression d’être une gamine prise en faute. Elle avait fait ce qu’elle devait, pourquoi le lui reprocher ? Et surtout, pourquoi lui demander de s’abstenir à l’avenir ? Ca n’avait aucun sens.

Elle détourna la tête pour couper un peu la colère qui l’animait progressivement. Pour voir arriver par la vitre de la porte un visage qu’elle connaissait bien.
« Génial… » Marmonna-t-elle. Costume impeccable et cravate parfaitement ajustée, Donovan était sans doute la derniere personne qu’elle avait envie de voir. Mais comme elle l’avait supposé, le chef avait dépêché son équipier pour s’enquérir de son état - et l’interroger mine de rien. Il était escorté d’un autre agent qu’elle se souvenait avoir déjà vu, mais dont le nom ne lui revenait pas.
« Je vois que tu es réveillée… »
« On ne peut rien te cacher… » Répondit Camy avec un sourire un peu forcé. Donovan eut un petit haussement de sourcils interrogateur et un rapide coup d’oeil à Reese.
« Oh heu… Reese, je te présente Jerry Donovan, c’est mon coéquipier au FBI. Jerry, voici Reese. C’est mon… » Elle marqua une rapide hésitation en regardant Reese avant de revenir à Donovan avec un air indéchiffrable. « … colocataire. » La réaction de Donovan - estomaqué - fut à la hauteur de ce qu’avait escompté Camy. Son partenaire n’était pas de premiere jeunesse et plutôt vieux jeu. Sans parler de son humour inexistant. Le souffler un peu était bien le genre de chose qui amusait la jeune femme. Et puis ça lui évitait de définir Reese autrement...
« Je vois… » Il aimait bien voir… Il désigna l’autre agent « Greg Tennant. Mais dit moi, qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? Ton ami s’est montré peu précis en t’amenant… »
« Oui, il était trop loin pour bien voir... » La blague… « Je t’avoue que je ne sais plus exactement ce qu’il s’est passé... » Elle fit une petite moue désolée.
« Vous avez dit qu’elle était en mission ? » Demanda Donovan en regardant Reese, avant de revenir à Camy, suspicieux.
« Je sais. J’ai eu un tuyau pour notre affaire, pendant qu’on faisait des courses… Et… oui, il fallait y aller tout de suite. Reese s’est garé à distance, ça je sais… Et j’y suis allée seule. Mais… » Elle se passa la main sur le front, genre « j’ai du mal à me rappeler ». Digne d’un Oscar. « … Si ça y’est… L’indic n’était pas seul. L'autre avait une arme… J’ai sorti la mienne. Je crois… Ou j’ai appelé d’abord ? Toujours est-il que l’autre a tiré sans chercher à comprendre. Je ne sais pas ce qu’est devenu l’indic… Après le coup de feu, tout est flou... » Donovan resta un moment silencieux avant de décider que Camy méritait sa palme.
« Tu te souviens où c’était ? »
« Si seulement… Ca reviendra peut être, mais pour l’instant… néant. »
« Ca se comprend. Tache de te reposer, et nous on va tendre l’oreille sur cette histoire. Y’a pas le feu au Bureau. » Il conclut d’un petit signe de tête à Camy et Reese avant de sortir, le second agent sur ses talons.

Une fois la porte refermée, Camy poussa un long soupir.
« Ca… c’est fait. » Elle revint à Reese, hésitante. « Je n’ai pas l’intention de me fâcher… Pas maintenant... »
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Reese Owen
Reese Owen
Reese ne répondit rien. Il l’écouta sans réagir, non parce qu’il n’en avait pas envie mais parce qu’il ne voyait pas quoi ajouter de plus à ce qu’il avait répliqué plus tôt. Les guerres, les combats, occasionnent des pertes considérables, des dommages collatéraux et il faut vivre avec. Il avait déjà fait face à deux décès importants dans sa vie et il était toujours envie. Où était la justice, là-dedans ? Pourtant, il lui fallait bien continuer d’avancer. Pourquoi les autres n’étaient-ils pas capable de faire de même avec lui ? Pourquoi personne n’acceptait de le laisser simplement partir ? Néanmoins, il ne la quitta pas des yeux, sauf quand elle détourna la tête. Les bras croisés, il suivit son regard. De la compagnie, comme s’ils en avaient besoin en ce moment. En tout cas, cela offrait une porte de sortie à Reese, bienvenue.

Il se leva afin de serrer la main à Jerry, non sans pincer les lèvres. « Colocataire » ? Vraiment ? « Plus voisin que colocataire mais nous partageons une pièce, oui. » Camy mentait, il ne le lui reprochait pas, mais il détestait ça. C’était un mensonge pour lui maintenant qu’il devrait entretenir et ça, il n’aimait pas. Il observa le petit manège de la jeune femme face aux « siens ». Mensonges, encore des mensonges. Il n’avait pas été trop loin, il avait été dans la visée. Et chaque fois qu’il aurait pu répondre - histoire de minimiser les mensonges - Camy le faisait à sa place, ce qui lui faisait d’autant plus serrer les dents. Entre personne sans humour, Reese et Jerry faisaient la paire.

Il ne le voulait pas mais il n’arrivait pas à penser à autre chose : colocataires ? Sérieusement ?! Il se sentait vexé par un tel qualificatif. Dans un sens, il se sentait le maître des lieux à l’Underground et Camy était peut-être son second mais elle ne prenait pas les décisions, c’était lui. Il avait toujours eu la place du supérieur hiérarchique et être recalé au rang de « colocataire » ne le fit absolument pas rire. Une fois seuls, il se retourna vers Camy, au pied du lit. Il la dévisagea quelques secondes avant de grimacer.

« Colocataires ?! Pourquoi faut-il toujours que tu mentes et inventes des choses ?! C’est sûrement ce qu’on vous apprend au FBI… Un ami, un contact, non ? Trop difficile comme improvisation ? » Il haussa les sourcils en désignant la porte « Tu as vu le regard de ce type ?! Il va me prendre pour un pervers, maintenant ! Merde, Camy ! Et quand Maze va arriver, s’ils le voient, tu vas leur dire que c’est ton autre colocataire, aussi ? Ou que lui au moins, c’est un ami qui t’a conduite jusque là. Parce que Maze aurait droit au traitement de faveur qui évite le mensonge, moi, en revanche, je vais devoir l’entretenir, Coloc’ ! »

Reese était conscient de pousser le bouchon un peu trop loin mais il n’avait pu s’en empêcher. Selon lui, Camy avait commis une erreur, elle avait décidé de sa vie au moment où lui-même avait pris une décision, fait un choix en connaissant les conséquences. Il pinça les lèvres, comme s’il allait parler, mais se contenta de balayer l’air d’une main dans un « Peu importe. » avant de se retourner vers la porte pour sortir. La main sur la poignée, il se retourna à nouveau vers elle et la désigna d’un index.

« Et je ne suis pas tes troupes ! Tu préserves l’Underground, c’est ton job. Mais pas moi. Je prends moi-même mes décisions, je fais mes propres choix, je l’ai toujours fait. Je ne laisserai personne d’autre prendre des risques à cause de moi. Des gens sont morts en me protégeant… Camy. Au pluriel. Et quelqu’un a déjà aussi failli y laisser la peau, pour me sauver. Et maintenant toi ?! » Il grimaça d’autant plus. Il n’était pas vraiment dégoûté, ce n’était pas ce sentiment, c’était autre chose. C’était une chose de ne pas réussir à sauver des personnes. C’en était une autre que vos proches meurent en cherchant à vous sauver. Mais ça, il n’aurait su l’exprimer. Il ouvrit la porte et secoua la tête. « Médite là-dessus le temps que ta mémoire te revienne. »
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle n’avait pas imaginé une seule seconde qu’il prendrait aussi mal sur le qualificatif employé pour lui. Ni qu’il la traite aussi de mytho. Elle qui n’avait pas voulu se fâcher sentit la colère monter une nouvelle fois, d’autant plus qu’elle baignait dans l’incompréhension.

« Mais tu voulais que je lui dise QUOI, Reese ?! Que tu es mon supérieur dans une unité paramilitaire illégale ?! Que j’ai pris une balle en tentant de braquer un train de marchandises ?! » A nouveau les larmes montèrent, de colère, de frustration. De fatigue aussi. « Je ne mens pas plus que n’importe lequel d’entre nous qui travaillons hors de l’Underground ! Tu crois que je fais quoi quand ils me demandent où j’habite ? Ce que j’ai fait de mes week-ends ou de mes soirées ?! Certainement pas que j’ai du superviser l’acheminement du ravitaillement clandestin du Canada ou que j’ai du trouver une solution pour reloger une famille dont le local a été inondé par une conduite rouillée ! Ou que je vis dans une chambre dans un souterrain avec salle de bain commune avec mon… un… »Elle balbutia deux ou trois autres syllabes inintelligibles, incapable une nouvelle fois de donner un qualificatif à Reese. Supérieur ? Leader ? Trop formel. Ami ? Ca lui paraissait bigrement insuffisant. Elle n’avait cependant pas le temps de se plonger dans cette introspection là si elle voulait encore lui répondre aujourd'hui. « … toi ! » Finit-elle par lâcher. C’était encore ce qu’il y avait de plus simple. « Mentir fait partie du job et tu es un vrai salopard de me le reprocher maintenant ! »

Elle se passa les doigts sur les yeux d’un geste rageur pour chasser les larmes en détournant le regard alors qu’il tournait les talons. S’il voulait partir là dessus, libre à lui, après tout. Si c’était pour ce genre d’accueil, une part d’elle se disait sournoisement qu’elle aurait aussi bien pu y rester, dans sa mélasse. Au moins, elle avait été au calme et au chaud.
Elle ne s’était certes pas attendu à une reconnaissance larmoyante - Reese n’était clairement pas le genre - , elle n’avait pas espéré non plus des félicitation - elle ne le méritait pas, elle avait clairement fait une connerie. Mais elle ne comprenait pas la réaction de Reese. Il y avait quelque chose qui lui échappait.
Elle n’avait cependant pas la foi de s’y pencher maintenant. D’ailleurs, elle lui en voulait, aussi ne tourna-t-elle pas la tête vers lui lorsqu’il reprit, les lèvres serrées. Mais cela ne dura pas. Elle bougea légèrement, regardant ses doigts qui jouaient entre eux machinalement. Elle pouvait comprendre effectivement qu’il en accumulait pas mal. Mais c’était la décision de ceux, comme elle, qui avaient choisi de prendre ce risque - fatal. Il n’était en rien responsable, sauf peut être parce qu’il prenait des risques. D’un autre côté, c’était inhérent à leur vie. Ils prenaient des risques, des décisions qui engageaient leur vie et celle des autres, et parfois les conséquences étaient funestes. Elle avait vu assez de morts réelles ou évitées pour savoir que c’était un fardeau qu’on avait parfois envie de déposer.

Elle finit par lui répondre à mi-voix : « Et toi pense que je t’ai assez vu mourir pour savoir que je n’ai pas envie que cela devienne définitif… » Pas si elle pouvait l’empêcher - d’une manière moins extreme que cette derniere tentative, cela dit.

[c'est miteux, ca me plait pas, mais j'arrive pas à trouver comment le tourner comme je veux, donc...]
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Reese Owen
Reese Owen
Que Reese ait mal pris les propos de Camy, c'était un doux euphémisme. Quant à ses insultes, elles coulèrent sur lui sans l'atteindre. Elle pouvait bien le traiter de ce qu'elle voulait, il se savait dans son droit et de ce fait, immunisé. Il n'avait pas fait psycho, il n'avait même pas fait d'études, tout court, mais il n'était pas stupide. Il savait encore reconnaître un message derrière un mensonge. Ou peut-être pas. Selon lui, elle aurait pu choisir n'importe quoi pour mentir, ce qu'elle avait décidé était un reflet de ce qu'elle pensait réellement. Et quelque chose, là-dedans, lui déplaisait très fortement sans qu'il n'arrive à mettre le doigt dessus. Quoiqu'il en soit, le problème ne venait pas de là, ce n'était qu'un détournement de sujet pour lui.

Il serra les dents sans rien dire. Il n'avait rien à dire. Si on lui avait demandé de décrire Camy, il n'aurait pas su comment la qualifié non plus. Reese n'avait pas "d'amis". Comment qualifier Maddison, Cole… Plus simplement, il les nommait "frères d'armes". Même pour Maddie. Mais ceux-là étaient ses meilleurs amis. Quant à Camy… Il soupira à la pensée d’être incapable de la nommer autrement que par son prénom ou par le sobriquet de « Soldat », qu’elle détestait mais qu’il utilisait pour lui rappeler qu’elle faisait partie de son armée, de sa famille, des siens, qu’ils parcouraient le même but, le même objectif. Il s’imaginait qu’un simple regard suffisait à Maddison pour qu’elle comprenne ce qu’il lui disait. Pour Camy, tout résidait dans ce simple surnom. Avec Cole, nul regard, nul mot, ils n’avaient pas besoin de communiquer, c’était comme si à deux, ils ne formaient qu’une seule et même idée. La poignée de porte dans la main, il dévisagea Camy un instant et il reprit entre ses dents.

« Je ne compte plus le nombre de personnes dont la dernière pensée a été de croire que je valais mieux qu’eux, que ma vie… était plus précieuse que la leur. Mais c’est sûrement plus de fois que toi, tu ne m’as vu tomber. Ce sont des choses qui arrivent, Camy. La mort fait partie de la vie. Et je n’accepterai plus que qui que ce soit prenne cette décision à ma place. Je ne te laisserai plus jamais essayer d’être l’une de ces personnes. » Il secoua brièvement la tête. « Je suis désolé, je… Je reviendrai plus tard. » Il secoua la tête plus vivement et sortit avant de claquer la porte derrière lui.

Il avait besoin de réfléchir, il avait besoin d’accepter ce sacrifice que beaucoup étaient capables de faire pour lui. Il aurait sûrement sacrifié sa propre vie pour eux, mais il n’était pas prêt à laisser quelqu’un d’autre en faire de même pour lui. Et pour ça, il avait besoin de temps.
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[CLOS] [Reese/Camy] Some lessons learn the hard way
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