2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Richard/Archi] Pour un hack avec toi, je ferai n'importe quoi...

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Richard Aberline
Richard Aberline
Avril 2074


Lorsque j’avais reçu le dernier mail de Libération, j’avoue être restait un peu perplexe. Ce qu’Abel me demandait relevait de l’espionnage industriel et compromettait la charte déontologique de ma profession. D’un autre côté, il touchait au point sensible de la Waleman mais également à la plus grande question que je mettais posé jusqu’alors.  Que faisait Jack avec les fonds de l’entreprise ? J’avais eu beau fouiller chaque recoins des dossiers et archives de la Waleman, je m’étais retrouvé face à un mur plus protégé que ceux de la défense nationale.  Même mon petit hacker surdoué n’avait rien pu faire pour moi. Cependant, il m’avait laissé une adresse et un nom qui était censé me sortir de l’impasse. Etrangement, il y avait dans l’air comme un vent de révolution. Je me mettais à pirater des serveurs, à rejoindre l’anarchisme pur et dur et à espionner la propre société dont j’étais le principal actionnaire.

Mon petit génie était revenu un soir et m’avais donné un numéro de téléphone suivit d’un surnom « le comédien ». J’avais froncé les sourcils, mais le gamin m’avait répondu que je ne risquais rien à tenter et qu’il était le plus calé du milieu. Je l’avais laissé filé avec un nouveau billet en poche et j’avais contemplé un moment le papier sans rien dire. M’y prendre par mes propres moyens n’aurait abouti à rien. Je n’étais pas un professionnel du piratage et si Jack repérait mes manœuvres je risquais de payer un trop lourd tribut. Décidant qu’il était temps d’agir, j’avais composé le numéro, prêt à sortir le tiroir caisse si cela devait s’avérer nécessaire. Deux sonneries tombèrent dans le vide avant qu’une voix ne me réponde de l’autre côté du fil.

- Le comédien ?

Je laissais planer quelques secondes de silences afin d’obtenir une réponse positive avant de poursuivre.

- Richard Aberline. J’ai un travail à vous proposer. Quelque chose qui paie bien et devrait vous intéresser. Pouvons-nous nous rencontrer ?
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Archibald Akton
Archibald Akton
La journée avait été bonne. Longue, mais bonne. Même si là tout de suite, les missions ne se bousculaient pas au portillon. C’était même plutôt une semaine de vache maigre. Alors quand le téléphone utilisait uniquement pour mes interventions particulières se mit à sonner, c’est avec un haussement de sourcil que je décrochai le combiné.

Il connaissait mon nom de scène, déjà cela signifiait qu’on l’avait guidé vers moi, cela signifiait aussi qu’il allait avoir un travail à proposer. Je ne répondais pas immédiatement, il fallait que j’en sache plus.

Un rendez-vous ? Un travail payé et intéressant ? Bien….

- Mr Aberline, si ce que vous avez à proposer peut m’intéresser alors venez en discuter. Rendez-vous dans 2H au Styx, un café dans la baie, vous devriez pouvoir trouver sans problème. Je vous attendrai en terrasse.

Je raccrochai aussitôt. La réalité du métier fait que moins on en dit sur les ondes mieux on se porte. Paradoxale pour un spécialiste des réseaux comme moi non ? Il fallait maintenant se préparer pour le rendez-vous et la première chose était simple :

se connecter, et récupérer tout ce qu’il était possible d’avoir sur ce Monsieur Richard Aberline. On ne va pas à un premier rendez-vous sans avoir de cadeaux pour la demoiselle ? Pareil pour un contrat d’affaire, ne jamais se pointer si on n’est pas préparé. Plus vous en savez sur votre interlocuteur, plus vous avez de poids dans les négociations. Et dans le domaine j’ai un énorme avantage sur mes camarades.

J’avais pris le temps de bien préparer mon costume, ce Richard Aberline n’était pas n’importe qui, et si il était prêt à mettre le prix pour une personne avec mes talents cela en valait le coup et plus que largement.
Me voilà donc attablé devant un café, ma tablette posée sur la table, le serveur a été grassement payé pour éloigner les tables les plus proches de la mienne, me laissant un peu d’intimité avec mon futur employeur qui ne devrait plus tarder à montrer le bout de ses chaussures vernis. Afin qu’il me trouve je lui envoyais rapidement un SMS préparé à l’avance sur son téléphone personnel.

3eme table sur la droite en terrasse.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Un café dans la baie de Manhattan était ce qui convenait parfaitement. Je n’avais pas eu le temps d’acquiescer que l’homme avait déjà raccroché. Pour dire quoi d’autre de toute manière. L’essentiel avait été donné. Repliant mon ordinateur devant moi, je contemplais un instant la mallette fermée posée sur la table. Cet argent dormait depuis longtemps maintenant. Une vieille tradition de famille avait toujours voulu qu’un homme sage dorme toujours sur une partie de sa fortune, en cas de coup dur… Plus le temps passait et plus j’avais l’impression d’être un chenapan volant dans le porte monnaie de sa mère. Shannon avait raison, j’étais bien trop intègre pour tout ça. Mais je n’avais plus le choix dorénavant.

Deux heures plus tard j’étais au rendez-vous. Un sms opportun m’avait indiqué la table un peu plus tôt et je me dirigeais sans hésitation vers une table isolée ou m’attendait un homme. Comme lors de ma rencontre avec Abel, je fus surpris de l’homme que je trouvais en face de moi. L’image du geek ingénieur informaticien m’avait traversé la tête et je m’étais attendu à rencontrer une personne plus corpulente, moins classieuse et beaucoup plus délavé si je puis dire. Cet homme là n’avait rien de tout ça. Ses yeux bleus brillaient d’intelligence, de calcul et de savoir vivre. Un gentleman qui devait également avoir tout du séducteur. Toujours était-il que l’aplomb dont il était vêtu devait bien valoir sa renommée.

Posant ma mallette sur le siège le plus prêt du mur, je m’asseyais en face du comédien puis croisait les mains devant moi. C’était à moi de prendre la parole, à moi d’expliquer pourquoi je l’avais fait venir. Relevant le menton, le regard droit et déterminé, je voulais que l’homme comprenne bien que je ne rigolais pas mais surtout que j’étais sûr de ce que j’avais à lui demander. Ouvrant la mallette, j’en sortie une chemise cartonnée bleu que je lui tendis.

- Je veux les dossiers confidentiels du pôle développement tactique de la Waleman Dynamics. Les plans architecturaux de la toiture aux égouts ainsi que tout ce qui est inaccessible aux non initiés. De la moindre facture sortant de l’ordinaire, le détail de l’emploi du temps de chaque gardien, jusqu’aux différents projets et protocoles mené dans chaque laboratoire. Tout est bloqué, verrouillé, inaccessible.

Croisant le regard de l’homme, j’appuyai d’un ton assuré.

- Je veux tout.

Jetant un œil à la mallette je finis par conclure d’un ton plus posé.

- 200 000 dollars maintenant… Le reste à la réception des documents. Moins s’ils manquent des éléments capitaux, plus si j’obtiens d’avantage.
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Archibald Akton
Archibald Akton
Je reconnaissais immédiatement mon interlocuteur. Il faut dire que le visage de Richard Aberline était assez facile à trouver en ligne, cet homme avait une réputation et un poste à responsabilité. Sans compter qu’il comptait dans les plus beaux partie de la ville, ce qui faisait donc de son visage un bestseller sur internet et dans les tabloïds.
Je ne bronchai pas quand il prit la parole. Je l’écoutais. Il proposait en effet une grosse somme, une très grosse somme. Mais le jeu était risqué. Pirater la Waleman, ce n’était pas comme pirater le revendeur du coin. C’était du lourd, du très lourd même.
J’écoutais jusqu’au bout, fixant mon interlocuteur sans même bouger un sourcil. Une fois qu’il eut finit sa tirade je lui adressai mon plus grand sourire, en prenant le dossier qu’il me tendait.

- Rien n’est inaccessible Mr Aberline. Mais Waleman Dynamics est un gros morceau, surtout pour ce qui a attrait au développement, il me faudra un peu de temps pour préparer l’attaque et pénétrer leur réseau.

Même si j’étais déjà entré une ou deux fois dans les dossiers de la Waleman, cela ne voulait pas dire que j’avais déjà accédé à tout. Il fallait d’abord que je trouve une backdoor, peut être qu’une attaque DOS permettrait de me laisser un peu de temps pour pénétrer ce qui me restait encore à trouver… Hum oui, un envoi massif de données sur leur serveur, une attaque de type Red Code, obligeant la sécurité à passer en mode de secours, là où je me serai planqué pendant tout ce temps, juste assez pour me permettre de pénétrer en back sur le système et copier ce qui est à copier. Je ne me rendais pas compte mais j’avais décroché un instant, le plan était fait, il se dessinait. Mais j’avais encore quelques questions. Mon regard se fixa de nouveau sur mon interlocuteur, je tapotai d’un doigt distrait le dossier qu’il venait de me donner.

- Bien sûr que je suis prêt à accepter ce travail, j’aime les défis, et je sais déjà comment procéder. Mais je me demande surtout, pourquoi ? Ce n’est pas tant pour vous mettre en mauvaise posture, mais j’aime savoir où je mets les pieds Monsieur Aberline, et votre… dossier me fait entrevoir un possible traquenard que je n’apprécie pas.

Je lui adressai un sourire sincère, j’étais curieux, je voulais comprendre l’homme derrière son dossier.

- Richard Aberline, né le 1er janvier 2039 à Londres, investisseur principal dans les fonds de Waleman Dynamics, siégeant au conseil d’administration, président directeur général de l’entreprise fondée par votre arrière-grand-père qui est devenu un pilier à part entière des fabrications du groupe Waleman, et aussi homme le plus riche de la ville, j’ai d’ailleurs vu vos compte en banque c’est assez impressionnant. Et encore je passe sous silence les éléments personnels relevant de la vie privée qui ne me regardent nullement.

Je laissai volontairement un silence après avoir débité l’histoire de l’homme face à moi.

- Alors dites-moi… Pourquoi faire cela sous le manteau ? Il suffirait de menacer la Waleman de vous retirer du financement, de les menacer de retirer votre soutient, vous pouvez vivre sans, tout le monde le sait, vous pourriez ainsi obtenir tous les accès qui vous manquent. Pourquoi faire appel à une personne comme moi? Je suis navré mais j’ai l’impression qu’il y a un loup dans la bergerie, je préférerai qu’il ne me saute pas à la gorge vous pouvez le comprendre je présume ?

On ne vivait pas aussi longtemps dans mon milieu si on n’était pas un tantinet prudent. Et prudent je l’étais.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Du temps, il pouvait en avoir autant qu’il voulait. Le jeu en valait largement la chandelle et je préférais de loin un travail bien fait qu’un travail bâclé. Parce que je connaissais bien Jack Waleman, je savais qu’il ne laisserait aucune trace inutile derrière lui et que je ne pouvais rivaliser seul face à lui. Non pas qu’il soit plus puissant, mais mieux entouré, ça je n’en doutais absolument pas.

Plus l’homme assis en face de moi parlait et plus je comprenais ce que le gamin m’avait lancé avant de filer avec son billet. « Nettoyer votre linge sale avant de l’appeler Msieu, ca vaudra mieux pour vous si vous voulez pas qu’il vous surprenne… ». Comment aurais-je pu surprendre un homme pareil ? A l’évocation des éléments personnels, mon regard se voilà une seconde à la pensée d’Elaine. Reprenant le fil de ses mots, je me demandais bien ce qu’il pouvait ignorer sur mon compte. Surement le petit compte bancaire secret que le gamin m’avait créé en toute discrétion. « Mon père est arnaqueur de métier, les comptes offshores je maîtrise ! ». D’un autre côté, si ce compte tombait, Libération tomberait avec et là nous risquions tous d’avoir de très gros problèmes. Je m’estimais donc heureux d’avoir eu du flaire sur ce coup là !

Au fond, ce que l’homme me demandait ne relevait pas de la curiosité malsaine mais simplement de renseignements logiques pour comprendre dans quel guêpier il se fourrait. Je pouvais le comprendre, même si je ne pouvais pas tout lui révéler aujourd’hui. Pour lui comme pour moi. Croisant son regard, un sourire en coin se dessina sur mes lèvres.

- Je vois que l’on m’a bien conseillé en m’envoyant vers vous.

Réfléchissant un instant, je devinais maintenant quoi répondre. Tout du moins, pour lui donner suffisamment d’information sans pour autant mettre tout en péril.

- Si vous avez pu trouver autant de chose sur moi, c’est que vous avez sans doute pu constater aussi tout ce qui ne s’y trouvait pas. Je suis un homme intègre, à l’écoute des lois. Je paie des impôts faramineux pour un système bancale et sauvage auquel je n’adhère pas, mais je n’ai jamais tiré profit de cela. Je n’ai jamais soudoyé ou utilisé mon argent à de mauvaises fins. Je participe activement aux œuvres caritatives de cette ville et ne nourris qu’un seul rêve. Celui d’une ville unis par son hétérogénéité et ses différences. Je veux ce qu’il y a de mieux pour Megalopolis et la Waleman pose problème.

Laissant quelques instants de répits à mon interlocuteur, je repris d’un ton monocorde et sombre. Tout ceci n’était pas un mensonge mais une simple petite partie de la vérité.

- Jack Waleman serait plus exacte. Il se passe des choses à la Waleman sur lesquels je ne peux pas avoir de contrôle et cela ne me plait pas. De l’argent disparait dans des comptes comptables improbables qui ne mènent à rien. Certains accès me sont refusés sous de faux prétexte et je suis persuadé que ce qui se trame là dedans n’a rien de légale. Le problème…

Je me redressais dans le fond de mon siège.

- C’est que rien de légal ne peut résoudre ce mystère…

Je savais bien que je prenais de gros risques en parlant autant à un homme que je ne connaissais pas. Mais j’étais partisan de la prise de risque ces derniers temps.

- Vous comprendrez donc pour vous comme pour moi, qu’il est primordial d’agir en toute discrétion compte tenu de la valeur des informations à trouver mais aussi des découvertes que nous pourrions faire…
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Archibald Akton
Archibald Akton
Je savais l’effet de mes révélations sur les gens. C’était encore pire quand ils me voyaient les récupérer d’ailleurs. Mais Richard était un habile homme d’affaire, et son trouble ne se manifesta finalement que peu. J’écoutais avec attention le reste de son discours. Haussant un sourcil au nom de Jack Waleman. C’était donc là que le bat blessé ? Cet homme était plus protégé, secret, que tous les politiques et chef d’affaire que j’avais pu hacker. Et surtout, j’en étais sûr, plus dangereux. Il avait réussi à activer ma curiosité, et mon envie d’aller plus loin. Si on m’en donnait la possibilité pourquoi m’en priver ?

- J’ai pu voir aussi votre casier judiciaire, vos activités extra professionnelles, ainsi que tout ce qui a de près ou de loin à voir avec vos investissements pour les causes nobles et parfois… désespérées. Je sais aussi que vous êtes un pari sur l’avenir, un nouvel élément sur le plateau de jeu de cette ville, et je suis très curieux de ce que cela donnera par la suite.

Il m’intriguait. Il était finalement l’inverse de ce qu’était mon père. Riches, dans une économie prospère pour leurs domaines respectifs, mais l’un avait usé et abusé de ses prérogatives pour surpasser les lois, alors que l’autre semblait profondément investit, presque animé d’une croyance en un monde plus juste. Peut-être qu’il pourrait réellement changer les choses ? Ou peut-être finira-t-il déçu, comme tous ceux qui avaient essayé précédemment. Je lui adressai mon sourire le plus sincère, et le plus franc. Je savais très bien que dans mes yeux l’éclat du joueur était revenu. Il était comme moi finalement. Nous rêvions tous les deux d’un monde un peu meilleur. Lui utilisait la politique et la finance, moi j’utilisais l’arnaque et la filouterie. Finalement il était obligatoire que nos deux mondes se rencontrent un jour.


- Mr Aberline, vous avez trouvé votre homme. Et même si je suis intimement persuadé que vous me cachez encore certaines données, je sais aussi qu’on ne couche pas le premier soir, et qu’il est logique que vous gardiez encore vos secrets. Mais… Vous avez raison sur un point… je me laissai aller à un profond soupir, regardant un instant le ciel, avant de me retourner vers l’homme d’affaire. la légalité a des limites. Moi non. Mais ne vous inquiétez pas pour la discrétion, on ne sait jamais quand je suis passé, et encore moins avec un salaire comme celui que vous proposez.

Je montrai du doigt le dossier.


- Que m’avez-vous apporté ?
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Richard Aberline
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Je lui rendis son sourire avec autant de sincérité et de franchise. Il y avait quelque chose de semblable en nous. Un soupçon de croyance, une envie similaire surement. Je sentais bien que le challenge le stimulait avant tout mais qu’il y avait aussi une idée. J’aurai pu lui dire que moi-même j’étais impatient de voir ce qui allait advenir. J’étais sur le devant de la scène comme un observateur un peu ébahie. Je savais ce que je représentais et ce que je portais à bout de bras, mais n’ayant jamais fait ce genre de chose, je me demandais quel ras de marée j’entrainerais avec moi. Quelle chute ou quelle glorieuse victoire… Pour l’heure, le comédien m’assurait de sa discrétion et de son travail. Satisfait, je lui tendis le dossier afin qu’il puisse y jeter un œil.

- Vous trouverez tout ce que j’ai découvert par moi-même avant de me heurter à la sécurité du serveur. Ce n’est pas grand-chose et cela relève presque exclusivement de la comptabilité.

Les mouvements de fonds avaient commencé en 2065. Je venais juste de signer des accords complexes et censés fructueux avec Jack et les investisseurs de la société. Ma propre entreprise rentabilisée par le marché avec la Waleman rentrait toute ses autres commandes en bénéfices purs et notre quota boursier avait augmenté de plus de 100 %. Mon conseil d’administration m’avait intronisé maître des finances et j’avais arrêté de compter les zéros derrières mes chèques de salaires.
A cette époque là, je devais encore me faire un nom auprès de Jack et je n’avais pas accès à l’ensemble de la comptabilité de l’entreprise. Non, tout cela avait débuté l’année dernière lorsque j’étais passé investisseur principal et que mon avis était devenu nécessaire avant toute prise de décision. De son propre fait, Jack avait posé devant moi un dossier et la mission urgente de trouver où était passé dix milles dollars et l’employé qui les avaient détournés. En me plongeant dans la comptabilité de l’entreprise j’avais alors découvert quelque chose.

Ce n’était pas un simple détournement de fond mais un véritable puits. Un gouffre insatiable de plusieurs centaines de milliers de dollars par an… Tout cela camouflé dans un poste comptable « recherche technologique avancée ». Lorsque j’avais tenté de découvrir à quoi ce poste correspondait, je m’étais retrouvé face aux laboratoires d’études du pôle de développement tactique. Et là plus rien qu’un mur de protection infranchissable pour moi. J’avais compris dès cet instant que Jack se jouait de moi depuis le début. Il m’avait mené en bateau et avait commis une imprudence qui risquait de lui couter cher. Tout du moins, tout dépendrait de ce que nous découvrirons dans les sous sols de la Waleman.

Le dossier contenait tout mes comptes rendus et conclusion concernant l’étude des relevés comptables de 2065 jusqu’à aujourd’hui. Des sommes qui ne cessait d’augmenter d’année en année et ne laissait rien présager de bon quand à la suite. Il y avait également un rapide explicatif de l’utilité première du pôle de développement, des projets d’études et des chercheurs qui y travaillaient jour et nuit. A part ça… Ce serait à lui de m’apporter la suite !

Je laissais le temps à mon vis-à-vis pour jeter un œil sur les documents que je venais de lui transmettre. J’avais remplis ma part du marché, à lui de se mettre au travail.

- Vous pouvez le faire ?
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Archibald Akton
Archibald Akton
J’ouvrai le dossier, contemplant un instant ce que j’avais sous les yeux. Des chiffres, beaucoup, et de l’argent qui disparaissait, encore plus. Quelque part, quelque chose coûtait très chère et c'est ce qu’il voulait que je trouve. J’adressai un énorme sourire à mon interlocuteur. La suite de l’aventure s’annonçait passionnante. Je n’avais aucun doute là-dessus, l’homme que j’avais en face de moi devait avoir quelques spécialistes informatique sous la main, et quelques doués en plus, si il faisait appel à moi c’est que la sécurité était particulièrement coriace.

Bien sûr que je peux le faire. Pour tout vous dire je sais déjà exactement comment je vais le faire. Mais vous gardez vos secrets, je garderai les miens. Disons simplement que je passe les sécurités informatique avec la même facilité que vous marchez le matin.

Je lui adressai un sourire et un clin d’œil. Oui l’attaque DOS, ses employés avaient déjà du essayer, mais ils n’avaient pas cette capacité à cacher leur esprit dans un coin du réseau pour exploiter la faille ouverte lors du déni de service. Ils devaient taper, moi j’étais plus rapide, nettement plus rapide.

Je levais une main, le serveur débarqua immédiatement avec deux verres de whisky payaient d’avance, avant de repartir aussi vite. Ce gamin était efficace, et discret. Je donnais un des verres à mon employeur.

-Je pense que nous pouvons estimer que nous avons un deal Mr Aberline. Quoique, je devrai peut être vous appeler Patron ?

Je le regardai un instant. Pas étonnant que les gens aient confiance en lui, et qu’il soit si adulé par une partie de la population et les midinettes du coin. Il inspirait confiance, il semblait calme, efficace, et surtout déterminé. Finalement peut-être qu’il était cette chance de changer le monde. Peut-être…

Je levais mon verre vers lui.

- On trinque ? A notre réussite Mr Aberline. Ne me recontactez pas, je vous contacterai dès que j’aurai ce que vous désirez.

Et je l’aurai. Ca j’en étais persuadé.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Son assurance me suffisait. Il avait raison, nous avions chacun nos domaines de compétences et c’était pour cela que j’avais fait appel à lui. Acceptant le verre qu’un garçon de salle venait de nous apporter, j’en fis tourner le contenu d’un air appréciateur. J’étais adeptes des belles choses, les alcools forts en faisant parti, et ce whisky là ne devait pas avoir était préparé à base d’huile de vidange. Levant mon verre vers le sien, j’en tapais la base d’un air amusé.

- A notre rencontre fortuite et aux avantages que nous en tirerons tout deux !

Avalant une gorgée, j’en appréciais la saveur en connaisseur. Mon nouvel associé ne se moquait pas de moi de toute évidence. Relevant les yeux vers lui, je finis par conclure notre accord.

- Et appelait moi simplement Richard.


Parmi toutes les informations que je demandais au comédien, certaines avaient un caractère plus urgent que d’autres. Notamment tout ce qui relevait de la sécurité et des plans des sous sols. Seulement, j’avais bien conscience que je ne pouvais lui demander immédiatement des éléments aussi précis qui auraient nécessité des explications plus approfondis. Surtout, rien ne devait faire penser que je n’étais pas seul dans l’histoire.

- Nous sommes d’accord quand au reste, j’attends de vos nouvelles avec impatience !

Posant une main sur la mallette, je la soulevais pour la poser sur la table, la poigné en direction du comédien.

- Ceci vous appartient à présent. Faites en bon usage et si vous souhaitais des conseils pour investir je peux vous donner deux ou trois pistes !

Pour ça, je n’avais besoins de personne. Les dollars et la fructification était ma spécialité depuis que j’avais 12 ans. L’optimisation des industries, le rendement de production, la gestion des administrations et ressources humaines, étaient mes spécialités et sans paraître vaniteux, dans ces domaines, j’étais le meilleur. Avalant la fin de mon verre cul sec, je le reposais sur la table avant de m’y appuyer pour me lever et le saluer d’un signe de tête.

- Vous savez où me trouver… Monsieur… Le comédien… ?

Qui ne tentait rien à rien. J’étais sans doute le seul à donner mon nom aussi facilement mais si ma tête lui revenait suffisamment, peut-être m’offrirait-il un prénom plus sympathique qu’un pseudonyme un peu désuet.
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Archibald Akton
Archibald Akton
Il avait du goût, et visiblement il aimait le Whisky. Finalement nous aurions presque pu nous rencontrer en pensionnat, et y faire les 400 coups, si nous n’avions pas vécu sur deux continents différents bien sûr.  Et je ne me trompai pas…  Il aimait se lier avec ses employés… Mais étais-je moi prêt à faire ce pas ? J’en étais moins sûr que lui.

- Ne vous inquiétez pas pour l’argent, je saurai en faire bon usage. Mais je me souviendrai, si j’ai besoin, je ferai appel à vous. Mais le prochain coup de fil sera dédié à totalement autre chose.

Quand il se leva pour partir, je restai un instant dans le flou, finissant doucement le verre devant moi, profitant de chaque gorgée en réfléchissant au plan mis en place pour hacker le système de la Waleman.

-Richard, pour l’instant, je préfère garder mon nom d’artiste. Si je vous donne plus cela voudra dire que l’on trempe dans quelque chose de bien plus gros que ce à quoi je m’attendais.

Je le saluai, finissais mon verre, et prenant la mallette, ma tablette, et le dossier, je lui adresser un dernier au revoir de la main, en lui tournant le dos, avant de me diriger vers l’entrepôt qui me servait de logement.



------------------[3 semaines plus tard (Attention méga ellipse temporel de la mort qui tue même que Maddie elle fait pas mieux!)] ------------------


J’étais stressé. Un peu comme une pucelle allant à son premier bal.  Dans l’après-midi j’ai fait apporter un message papier à Richard. Je ne voulais pas parler sur les ondes, et je voulais encore moins lui laisser un mail ou tout ce qui pourrait être tracé. Il s’était passé quoi ? 2 jours depuis le hack, 2 jours que j’avais les infos, et cela me… Tourmentait.
Le message, était court mais clair.

«J’ai ce que vous voulez. Rendez-vous à l’ancien casino sur la baie, 22H, venez seul. Et…  appelez-moi Archi. Ne soyez pas en retard. PS : Brulez le message, ne vous inquiétez pas pour le messager je m’en charge.»

Je m’étais connecté aux caméras et autres systèmes de sécurité des rues menant au casino de Sunny. J’espérais qu’elle ne m’en voudrait pas, mais je ne connaissais que cet endroit assez calme pour tout cela.

Les données tournaient dans ma tête, et franchement Richard Aberline risquait de ne pas apprécier.  Moi en tout cas je n’appréciai pas.  Puis une chose me vint en tête... Peut être que dans l'histoire le seul des deux à ne pas être au courant c'était.... Moi. Je devais en avoir le cœur net, et il allait devoir être franc.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Cela faisait trois semaines que je n'avais pas eu de nouvelles du comédien. Nous nous étions quittés sur un accord et j'avais passé les jours suivant à faire table rase à la Waleman. Je savais qu'a trop remuer les fonds je risquais d'attirer l'attention et de me mettre des bâtons dans les roues. Les enjeux étaient bien trop importants pour tenter de jouer au plus malin. Ce qui m'intriguait le plus, c'était la façon dont je pourrais appeler mon mystérieux hacker lors de notre prochaine rencontre. Ma tentative pour découvrir son nom c'était soldée par un échec, mais selon la nature de ses découvertes une évolution serait possible. Pour le reste, Libération attendait de mes nouvelles et les affaires marchaient toujours aussi bien. Ce qui m'étonnais toujours un peu étant donné le marché économique mondial actuel. Le profit ne souriait pas qu'au audacieux, mais aux opportunistes également.

J'en étais à cet état de réflexion et au souvenir de mon repas avec la délicieuse Shannon O'Dair lorsque le comédien refit surfasse. Au plus tôt Archi... Je ne savais si je devais sauter de joie ou bien me préparer au pire. Toujours était-il que ce serait du lourd. Du très lourd et j'avais hâte de pouvoir enfin trouver quelques réponses à mes question. Lors de ma rencontre avec Shannon, de nombreuses interrogations avaient été soulevé concernant le côté obscure de la Waleman et je m'étais rendu compte que de l'extérieur, beaucoup de personnes étaient aussi intriguées que moi. Un tel empire suscité toujours beaucoup d'attention et représentait souvent une source de rumeur régulière.

J'avais brûlé le message, fait une croix dans mon planning et le jour venu j'avais pris un taxi. Je n'avais donné mon lieu de destination à personne et il avait fallu que je lutte afin de me débarrasser de mon garde du corps. S'il était efficace, il n 'en demeurait pas moins un employé de la Waleman et je préférais restait prudent. Jack avait le bras long et je ne voulais pas lui faire le plaisir de mon inconscience. Ce n'était pas dans mes habitudes et il était temps que lui aussi réalise que je n'étais pas qu'un pion sur l'échiquier de son entreprise. J'étais son adversaire à présent et mon jeu ce devait d'être aussi fournit que le sien!

L'ancien casino de la baie n'était plus que l'ombre de lui même. Si les murs extérieurs étaient intactes, il dégageait cependant un sentiment d'abandon et de vide à faire frissonner. Nous ne serions pas déranger à cette heure ci et dans un endroit pareil. J'avais laissé mon taxi deux rues plus loin pour ne pas attirer l'attention et j'avais terminées reste de la route à pied. Le comédien était déjà la, devant le bâtiment à m'attende. Lui tendant la main en guise de salutation j'étais impatient d'entendre ce qu'il avait à me dire.

- Archi! La chasse a été bonne?


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Archibald Akton
Archibald Akton
Je l’avais vu arriver, pour être exact je le suivais même depuis son départ du bureau. La boule coincée dans ma gorge ne redescendait pas, je devais être sûr qu’on ne serait que lui et moi. Le sentiment que cet homme me faisait tremper dans une histoire bien trop grosse pour moi me donnait une furieuse envie de lui péter une dent avant même qu’il n’ait dit un mot. Je refusai sa main tendu, l'invitant à entrer dans le bâtiment abandonné, je devais avoir des explications, je n’aimais pas ce qui se passait. Et alors qu’il pénétrait dans le casino, je faisais une dernière vérification rapide pour vérifier que personne ne se planquait dans la zone proche.

Reconnectant mon esprit, mon regard sur lui était froid, distant, dur. Tout ce que j’avais vu et entendu me laissait un goût amer, et la tout de suite, s’il n’avait pas été mon patron, je lui aurai volontiers brisé la mâchoire.

- Trop bonne Richard, beaucoup trop bonne.

Je me retournai, désignant la tablette sur la table à côté de moi. Il me devait des réponses, mes poings étaient serrés et je n’arrivai pas à me calmer. Cette colère qui débordait, je devais la canaliser, sous peine de foutre tout le quartier sens dessus dessous.

-Mais tu ne m’as pas tout dit n’est-ce pas ? Que cherches-tu réellement là-bas ? Je n’aime pas qu’on m’utilise Richard. J’ai un don, et je l’exploite, mais ce que j’ai trouvé…. Ce que j’ai vu…. Tu savais ? Dis-moi la vérité, que veux-tu en faire ?!

Je sentais bien que ma voix montait petit à petit en puissance, j’entendais ma colère résonner dans le casino, j’avais d’ailleurs bien fait de choisir cet endroit, ailleurs… Ailleurs les choses auraient été différentes.

-Tu trouveras les plans, des zones cachées et leurs correspondances avec les égouts, les emplacements des caméras de sécurité, les horaires des gardes ainsi que leurs noms, et leur nombre. Tu as les entrées et les sorties, le cadastre caché de chaque pièce, une étude complète de la géographie du lieu, ainsi que les codes d’accès à quasiment toutes leurs pièces… J’ai même poussé le vice jusqu'à faire une carte de correspondance entre ce qui est montré et ce qui existe réellement… mais il n’y a pas que ca. je laissai un silence en me retournant vers lui, la rage exhalait de ma peau, mon regard se planta dans le sien Tu as aussi les noms de plusieurs candidats utilisés dans des expériences, des images des salles d’autopsie et de chirurgies, des rapports de leur morgue, des listes complètes de vie rayées, de vie gâchées.

Appuyant sur la tablette je lançais l’enregistrement des caméras de sécurité que j’avais fait. Les hurlements, les râles, les bruits d’examens corporels, des bruits de fluides, tout cela emplissait le casino. Je laissai cela tourner quelques secondes avant de tout stopper. Lessivé, fatigué, je n’osai plus dormir depuis ce jour-là, je ne voulais pas tout revivre. Mais je me calmai enfin, baissant le regard sur le sol.

-Richard… J’ai besoin de savoir si j’agis bien en faisant cela pour toi. J’ai déjà fait beaucoup de choses dont je ne suis pas fier dans ma vie mais là… Là c’est personnel, ce qui se passe là-bas. J’ai besoin de pouvoir croire en toi, être sûr que tu n’es pas en train de me la mettre à l’envers, finit les petit jeux de politique ou je ne sais quoi. Sois franc.

Je devais en être sûr, je devais savoir que je pouvais lui faire confiance. C’était des semblables que l’on trouvait dans leurs geôles, des gens comme moi, et je ne pourrai supporter l’idée que je venais d’offrir l’entrée à l’homme venu les abattre.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Archi refusa la main que je lui tendais et s’empressa de nous faire pénétrer dans l’ancien casino. Il dégageait de lui une sorte de colère froide et violente qui n’attendait plus qu’une étincelle pour exploser. Mais ce qui était encore plus étrange c’est que cette colère semblait directement portée sur moi. Qu’avait bien t-il pu trouver dans les dossiers secrets de Jack ? Je l’avais suivi sans un mot, mais avec soudain un sentiment d’angoisse viscéral. Archi ne semblait pas se sentir en sécurité, guettant chaque coin de la pièce avant de se tourner vers moi, je compris en croisant son regard que ce que j’allais entendre dépasserais de loin mon entendement.

Lui lançant un regard interrogateur à sa mystérieuse introduction, je ne pu qu’être surpris de ses remarques. Ce que je cachais n’avait rien à voir avec lui, ni avec qui que se soit d’autre que moi et moi-même. Je n’avais jamais rien au à voir avec les sous sols de la Waleman et comme tout les autres je n’avais fait qu’entendre des rumeurs que j’avais jusqu’alors toujours démenti. J’avais eu l’idiotie de penser que Jack pouvait être honnête, tout du moins, ne devait-il pas représenter un danger pour la société. Mais je comprenais rien qu’au son de la voix du comédien que j’avais été aveugle depuis le départ.

Ne souhaitant pas l’interrompre, je fis tout de même un bref pas en arrière comme pour être hors de portée de sa colère. Et c’est là qu’il me raconta tout. Tout ce qu’il avait trouvé, les documents, les tours de gardes, les erreurs de correspondances tout ce que j’avais demandé, mais bien pire aussi. Lorsqu’il déclencha son lecteur sonore je sentis immédiatement les poils se dresser sur ma nuque et ma main se mettre à trembler légèrement. Mon sang se glaçait et je me sentais pâlir à en avoir presque la nausée. Je n’étais pas un homme de terrain, je n’étais pas un soldat, un médecin ou toute autre personne confronté à ce genre de situation. Je me sentais révulsé par la souffrance que j’entendais dans les sons glauques de la tablette. Et je compris la colère d’Archi et je sentis la mienne s’éveiller en écho sourd. Comment avais-pu ne rien voir ? Ne rien savoir ?

J’avais toujours voulu œuvrer pour l’amélioration de la société. J’avais construit un petit empire douillet duquel j’avais pu me complaire à penser faire le bien en reversant des centaines de milliers de dollars à des associations divers. J’en dormais mieux la nuit et je me trouvais utile. Mais à l’écoute de cette bande son je comprenais que j’avais sans doute travaillé pour bien pire. En soulageant Jack, en faisant fructifier son chiffre d’affaire, j’avais très certainement contribué au développement de ses expériences humaines. Relevant la tête vers Archi, je me sentais honteux mais tout autant en colère. J’avais été dupé et m’été endormi dans ma complaisance à l’égard de la Waleman. Il était temps que cela change !
Croisant son regard je le soutins avec assurance, la mâchoire serrée.

- La politique n’a rien à voir là-dedans Archi…

Je désignais la tablette du menton.

- Je ne savais rien de tout cela. Je n’ai rien pour le prouver que ma bonne fois si ce n’est ma propre colère. Je connaissais les rumeurs circulant sur la Waleman, mais j’avais toujours pensé être au cœur de l’entreprise, dans les secrets de la société.

Relevant la tête vers lui, mon regard était dur et sans équivoque.

- Je n’aurais jamais permis qu’une telle chose se passe. Et je ferais tout ce qu’il faut pour que cela cesse. Absolument tout…

Libération était là pour ça. Le bras vengeur de ceux que l’on disséquait pour mieux les utiliser. Elaine aurait pu finir dans ce sous sols. Elle aurait pu être une voix dans cette tablette. Serrant les poings à m’en faire pâlir les jointures, je bouillonnais de l’intérieur.

- Mais pour cela la Waleman doit tenir. Jack doit être le seul à payer. Il est le cœur névralgique de cette horreur, si la Waleman tombe, la ville tombera avec elle et ça sera le chaos. Elle est source d’économie, d’emploi et de développement. Trop de gens en souffriraient.

Réfléchissant un instant je poursuivis d’un ton grave.

- Cela ne veux pas dire que nous devons rester inactifs mais chacun d’entre nous et capable d’agir à sa hauteur. Tous leurs comptes rendus, leurs rapports d’expériences, leurs protocoles, tout est informatisé. En lançant des attaques éclaires sur leur serveur, nous pourrions ralentir un temps leurs expérimentations.

Et moi dans tout cela ?

- Pour le reste… il faut que tu me fasses confiance. J’ai les moyens de pouvoir les attaquer directement de l’intérieur cependant je ne peux pas t’en dire plus. Non pas que je n’en ai pas envie, mais cette décision là ne m’appartient pas.

Croisant une dernière fois son regard, je ne pouvais être plus déterminé.

- Je ne laisserais pas les crimes de Jack Waleman impuni. Je n’abandonnerais pas tout ces pauvres gens à leur sort ! Es tu toujours avec moi ?
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Archibald Akton
Archibald Akton
Plus il parlait, plus ma colère s’apaisait. Et les sons sortant de la tablette eurent raison de ma certitude. Non il ne savait rien. Non il avait été utilisé, comme moi par le passé. Ils avaient abusé de lui, de ses relations, de son argent, de ses croyances.

Cela me rassurait presque. Finalement je ne m’étais pas trompé sur lui. Ce que j’avais lu sur son cas, ce que j’avais vu sur lui quand je l’avais croisé, n’était pas qu’un masque. Et vu son teint blême de toute façon le masque avait déjà disparu depuis un moment. Une fois qu’il eut finit de m’expliquer le bien fondée de son action, sa façon de voir, son envie, je me penchai sous le bureau, et en sortait une bouteille de Whisky d’excellente qualité, premier achat fait avec le versement de mon chère patron, que je posais sur la table avec deux verres.

- Je te crois Richard. Maintenant beaucoup de questions n’ont toujours pas de réponses.

Je lui servais un peu du liquide ambrée. Je sentais les idées qui carburaient dans mon esprit. Trouver une solution pour hacker leur serveur avait déjà été plus que compliqué, même pour moi. Il avait fallu une sacrée organisation, n’importe qui ne pourrait le faire. Oui on pouvait ralentir leurs expériences, ralentir leurs avancées, mais le serveur en lui-même… J’étais même persuadé que mon intrusion n’était pas passé inaperçu. Désignant une des chaises, je me tournai vers la baie que l’on pouvait apercevoir depuis les fenêtres.

- N’envoie surtout pas ton petit hacker vers les serveurs de la Waleman. J’ai eu de la chance de tomber dessus et j’ai des capacités bien supérieures aux siennes. Sans vouloir me vanter.

Je poussai un profond soupir. Oui j’étais supérieur. Son hacker n’était finalement pas un positif. Ma pensée devenait le réseau, nous étions particulier même chez les positifs. Je prenais une gorgée.

- Agir sur leurs données serait suicidaire, ils s’en rendraient compte rapidement, il suffirait qu’ils passent en circuit fermé et ce serait foutu. Non… La meilleur solution est d’agir sur des pièces friables. je réfléchissais en même temps au meilleur angle d’attaque comment t’expliquer. Si demain tu voyais un dossier important que tu regardes tous les jours, disparaitre ou être corrompu, tu saurais qu’il y a un problème, tu passerais immédiatement ailleurs, tu ferais les changements nécessaire. Mais si c’était ton serveur qui tombait en rade, la lumière de ton bureau qui ne s’allumait pas, le chauffage qui montait tout seul, des problèmes finalement… Courants… comme de l’obsolescence programmée. Tu ne pourrais pas supposer à une attaque. Tu suis ce que je veux te dire ?

Je voyais déjà comment agir, mais il faudrait des accès direct, il faudrait que je me rapproche. Ce serait prendre un risque. Je secouai la tête lentement.

- Tout cela les ralentirait tout autant qu’une attaque sur leurs données…. je prenais quelque seconde pour le reste Richard… Surtout ne tente rien de ce genre via ton employé. Le gamin se ferait réduire au silence en moins de deux. J’ai suivi un peu ce qu’il faisait chez toi, il est doué, très… Mais on s’attaque à un autre niveau. Il n’y a qu’une personne avec… Avec mes capacités qui peut le faire.

Oui étrangement je croyais en lui. Pourquoi ? Peut-être parce que quelque part j’avais besoin de croire que tous les riches n’étaient pas pourri. De croire un instant que le monde n’était pas juste un lieu de guerre d’influence. Mes yeux se perdaient dans mon verre, je savais qu’il fallait que je réfléchisse.

- Tu sais… Si ma vie avait été différente nous aurions pu nous croiser. Dans un pensionnat de gosse de riche peut-être. Je pense même qu’on aurait fait une drôle de pair, mais… Je regrette finalement que ça n’ait pas été le cas.

Je me retournai vers lui, avançant vers la deuxième chaise. Oui j’étais avec lui, bien sûr que j’étais avec lui, mais il me restait cependant une question.

- Richard… Je suis un positif, je sais pourquoi MOI je fais ça, je sais pourquoi MOI ça me touche. Mais pourquoi toi tu agis ? Quel est ton moteur dans tout ça ? L’altruisme tout ça… C’est une façade, toi comme moi nous le savons. Qu’est-ce-qui te pousse à avancer, à nous aider ?
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Richard Aberline
Richard Aberline
Je l’avais écouté en silence. Il s’était apaisé, nous avait servit un verre et je trinquais avec lui. A quoi ? Qui pouvait bien le dire. Mais cela, en cet instant, ne me paraissait pas d’une grande importance. Nous portions tout les deux à présent un but commun. Quelque chose qui nous unissait bien plus que de l’argent dans une valise. Je tentais de saisir tout les tenants et les aboutissants de ce dont il me parlait et je comprenais parfaitement son point de vue. Mon inexpérience et ma méconnaissance en matière d’informatique avancé me rendait la tache ardue, cependant Archi prenait soin de m’expliquer simplement la complexité de la démarche. Et j’approuvais ses paroles d’un hochement de tête. Avalant une gorgée de Whisky, dont mon grand-père en aurait dit le plus grand bien, je relevais le menton pour croiser son regard. Soupirant, je me penchais un peu vers lui comme pour lui délivrer une confidence.

- Je ne me suis jamais servis de lui pour entrer dans la Waleman. Il m’a offert autre chose, tout aussi important mais moins risqué. La dernière information qu’il m’ait communiqué c’est ton nom et ton numéro. Je ne l’ai pas recontacté depuis et je ne le referais pas. Il n’a rien à voir dans toute cette histoire.

Il était trop jeune surtout. Beaucoup trop jeune. Trouver une porte d’entrée pour Libération, créer des comptes offshores… Tout cela n’avait rien à voir avec le piratage de la plus grosse multinationale de Megalopolis. D’autant plus quand cette même multinational se mettait à trafiquer dans les expériences sur cobaye humain. Cependant sa remarque me laissait perplexe. Qu’avait-il découvert sur moi et le gamin ? Libération devait rester dans l’ombre coute que coute. Pourtant, surement car je ne voulais pas entendre la réponse, je ne lui posais pas la question.

- Je comprends ce que tu veux dire. Pas d’attaque directe pour ne pas se faire remarquer mais plus subtil. Bien plus subtil. J’approuve. Je pense qu’il serait bien que tu m’enseignes quelques rudiments. Brouillait des caméras de surveillances tout en ayant accès à l’ensemble du système, venir à bout de détecteurs de mouvements… Des éléments qui pourrait m’être utile sur place sans pour autant que ma présence ne se perçoive. Quelques minutes tout du moins.

Je ne voulais pas la lune. Mais je me disais simplement que si Libération voulait effectivement forcé les sous sols de la Waleman, il fallait que je sois prêt à les aider. Sur place sans descendre dans l’arène pour autant. Cette partie là, je la leur laissais sans rechigner. A l’évocation de ce que nous aurions pu être dans une autre vie, je levais mon verre vers lui.

- Nous aurions sans doute mis un sacré bazar. Et fait pleurer beaucoup de fille !

Il était presque trop facile de nous imaginer. Deux ados détachés de ce que leurs familles attendaient d’eux et qui aurait simplement profité d’une vie qu’ils n’imaginaient pas si … sombre. Mais nos vies avaient déjà travaillé le chemin et nous n’étions plus deux adolescents. Un gosse de riche… Cela était presque écrit sur son visage. Non pas de manière péjorative. Mais son éducation, sa tenue et son charisme ne faisait pas de doute quand à sa provenance. Nous étions à présent assis l’un en face de l’autre et sa dernière question j’aurais pu la prédire avec aisance. La même que Shannon, la même qu’Abel il y a plus d’un an. Cette question qui me suivait tout autant que mes souvenirs.

Relevant la tête vers Archi je lui souris un peu pauvrement. Plus le temps passais et plus j’avais l’impression de me servir d’Elaine comme d’un alibi pour justifier mes actes. Je n’avais pas honte de ce que je faisais, cependant quelle était ma véritable motivation aujourd’hui ? Ce que j’avais entendu ce soir sur la tablette me suffisait à retrouver un but. L’altruisme n’était pas une façade, mais il n’était pas tout non plus.

- J’ai été marié à une femme formidable. Une bonne personne qui m’a aidé à sortir de mon costume d’homme d’affaire pour devenir un homme tout simplement. Elle était comme toi. Une positive. Mais cela pour moi ne représentait rien de plus qu’une particularité parmi d’autre comme être roux ou avoir les yeux bleus. Je l’aimais pour ce qu’elle était et non pas pour son code génétique. Elle est morte il y a deux ans maintenant. Dans une rixe antis-positifs dans laquelle elle s’est retrouvée malgré elle afin protéger un enfant.

Avalant une nouvelle gorgée, je laissais errer un instant mon regard avant de me retourner vers Archi et de reprendre d’un ton sombre tout en désignant la tablette du menton.

- Elle aurait pu être là bas. Comme toi, comme n’importe lequel d’entre vous. Cette idée m’est insupportable. Il y a beaucoup de gens biens dans ce monde. Des positifs, des négatifs… Personne ne mérite un tel sort. Et surtout pas au nom de la société dont je suis l’actionnaire principal. Je suis personnellement impliqué et j’en ai bien conscience. Une part de responsabilité m’est imputable et je ne compte pas m’assoir dessus.

Toutes les cartes étaient entre nos mains à présent. Il était plus que temps de commencer à jouer.

- Il ne devrait pas y avoir les positifs d’un côté et les négatifs de l’autre. C’est un problème de société bien plus complexe. Lorsque les hommes se substituent aux dieux, il n’y a plus ni bon ni méchants mais un drame assuré et prévisible. J’avance parce qu’Elaine aurait voulu un happy end. Et que je ne m’arrêterais pas tant que je ne pourrais me regarder dans une glace en me disant que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour ça.

Pour la paix de mon esprit, de mon cœur et pour la honte que je ne voulais plus ressentir à chaque fois que je croisais son regard dans ses photos. Voilà pourquoi je voulais les aider. Pourquoi je voulais me battre avec eux.
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Archibald Akton
Archibald Akton
Lui enseigner ? Je pouvais même faire mieux pour lui. Mais je devais d’abord dessiner le plan dans mon crâne.

- J’ai une idée pour que tu puisses faire ce genre de chose. Te l’enseigner serait compliqué mais… Je vais trouver une solution laisse-moi y penser.

Je l’écoutais, sirotant mon Whisky, les sourcils froncés. Ainsi cet homme avait bien un passé, un secret une histoire étrange. Une vie qui expliquait ses choix et ses actions comme tout un chacun. Finalement nous avions le même but, mais pour des raisons différentes. Rééquilibrer les chances. On avait pris la vie de sa femme car elle était positive, et on m’avait donné une vie interdite car j’étais positif. Nos intérêts concordaient bien plus que ce qu’il pouvait imaginer. J’avais fui, il s’était battu. C’était en ça que nous nous différencions finalement. Je lui adressai un léger sourire presque triste, mon regard planté dans le sien. Je savais très bien qu’on lui avait déjà adressé des condoléances, qu’on devait lui sortir le coup du je suis navré à chaque fois, qu’on devait lui dire que ça passerait, que le temps arrangeait les choses. Tout cela c’était surement des mots sincères, mais est-ce que cela l’aidait ? Non. Et j’en étais persuadé.

- Ce que tu fais est juste Richard. je ne lui sortirai pas de phrases bateaux, ce n’était pas mon genre. Je suis fier de travailler pour toi. Et je suis fier que les gens comme moi puissent compter sur quelqu’un comme toi. Peut-être qu’il n’est pas trop tard pour aller faire pleurer des filles dans des bars un de ces soirs. Puis vu ta fortune c’est toi qui invite ? Je lui adressai un clin d’œil un grand sourire sur les lèvres avant de continuer J’aimerai que les négatifs soient tous comme toi. Qu’ils voient au-delà de la génétique, qu’ils voient l’humain derrière le pouvoir.

Je semblais réfléchir un instant, mon whisky tournant dans mon verre doucement, mais le plan se dessinait déjà dans mon cerveau. Je savais quel était quelque part, fouillant dans mon sac, je finis par mettre la main dessus. Je présentais à Richard une tablette.

- Maintenant…. Laisse-moi te montrer pourquoi je ne peux pas t’enseigner ce que je sais faire. Surtout… Surtout ne bouge pas, et observe.

Après tout. Il était mon patron non ? Je me déconnectai immédiatement de la vie réelle, j’étais face à lui, mais quelque part, je n’étais plus là, le visage fermé, les yeux dans le vide, je m’étais déjà regardé comme ça via caméra de sécurité c’était toujours étrange, et j’avoue assez effrayant. Je retrouvai très vite l’accès au bureau de Jack Waleman, j’y étais déjà venu, c’était tellement plus simple. Quelques manipulations plus tard, et j’apparaissais sur la tablette devant moi. Je savais qu’elle luisait légèrement, que l’écran s’était allumé, qu’une suite de chiffre apparaissait. Mais les chiffres c’étaient moi. Il me fallut bien 5 minutes pour accomplir ce que je voulais. Plus long que prévu, mais préparer le périphérique n’était pas simple.

Lorsque je repris possession de mon corps, il me fallut quelques secondes pour décontracter mes muscles. Cette sensation d’être de nouveau étriqué, enfermé, était toujours compliqué après avoir connu la liberté sans fin du réseau. Je tendais d’une main plus fébrile que prévu la tablette à Richard.

- Tu as un accès direct au système caché chez Jack Waleman. En cliquant sur ces quelques touches, tu pourras foutre un bordel monstre dans les lumières, chauffage, et autres saloperies de leurs labos. N’en abuse pas. Tu allumes, tu cliques, tu éteins. Pas plus… Plus longtemps ils te traceraient. Ne fait rien d’autre avec elle non plus, tu ne dois surtout pas rester en contact avec d’autres réseau que celui de la Waleman. C’est bien compris ?

Je m’étirais un instant, la douleur dans mes muscles était terrible. Et mon dos avait du mal à accepter le retour à sa condition de muscle qui devait bouger.

- Pas trop effrayé par ton dégénéré d’employé ?

Mon sourire était surement plus fatigué que quelques minutes auparavant mais… C’était un sourire quand même.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Il n'avait pas posé sa main sur mon épaule, le regard dégoulinant de pitié. il avait évité les remarques pré-faites, les phrases toutes préparées. Archi avait parlé avec sincérité et cela me tira un sourire amicale. Rare étaient les gens comme lui et je suivais son raisonnement. Mais si les négatifs comme moi étaient plus nombreux, en serions nous là aujourd'hui? Qui pouvait le dire. Nous nous étions tous retournés les uns contre les autres mais au fond... N'étais ce pas la Chine la seule responsable de cette situation? L'agent Yu, la guerre, les alliances, et la division ne la devions nous pas uniquement à ces sauvages là? L'homme n'avait jamais été de nature à se compliquer la vie. S'autodétruire avait toujours été la solution la plus facile à sa porté. Depuis la nuit des temps. Le courage de se lever au matin et de protester, cette force là n'était pas à la porté de tout à chacun aujourd'hui encore.

- L'homme ne craint pas le pouvoir. Mais son ambition est-elle que ce qu'il ne peut posséder, il souhaite le détruire ou pire... le contrôler. L'ambition mal intentionnée est bien pire que le pouvoir crois moi je parle d'expérience.

L'observant alors qu'il fouillait dans son sac, je me demandais ce qu'il allait encore bien pouvoir me montrer. Sortant sa tablette, je l'observais franchement curieux de la suite. Et il ne me déçu pas! Suivant scrupuleusement son conseil je restais parfaitement immobile, les yeux fixés sur lui. Soudain, il sembla comme partit. Son visage s'était fermé et son regard fixait un point dans le vide si loin que je compris que son esprit avait quitté son corps. La tablette luisait doucement et des chiffres se succédaient frénétiquement. Un code binaire ou quelque chose comme cela surement... est ce que c'était lui qui faisait tout cela? Je n'avais jamais vu, en dehors d'Elaine, un positif utilisait son pouvoir et je ne pu empêcher un frisson de me parcourir l'échine. Non pas d'angoisse mais d'excitation. Archi possédait un accès sur le monde incomparable. Mais surtout une liberté sans aucune mesure. Lorsqu'il réintégra son corps après quelques minutes d’absences il semblait... différent. Je ne pouvais pas vraiment l'expliquer mais je ressentais chez lui une sorte de sourde frustration.

Lorsqu'il me tendit la tablette, sa main tremblait légèrement. Je la saisit comme un communiant aurait reçu une bénédiction divine, hochant la tête à ses consignes.

- Tu m'offres un cadeau dont je tacherais de faire bon usage. Quelques minutes et pas d'autres connexion en dehors de la Waleman! Je retiendrais la leçon!


Dévisageant un instant Archi, je tâchais d'évaluer l'ironie dans sa voix. Dégénéré était un terme que j'avais déjà entendu quelques temps auparavant et qui m'avait valu un uppercut que je n'avais pas mérité. Tout n'était qu'affaire de point de vue, car nous qui étions si pauvre génétiquement parlant, que pouvions nous reprocher à ces êtres finalement au combien plus évolués? Archi avait l'air plus fatigué à présent. Les contre coups de leurs pouvoirs étaient souvent un lourd tribu pour un si bref profit. Elaine pouvais dormir plusieurs heures d'affilé. Je la berçais souvent dans ces moments là et elle me murmurait des excuses qu'elle n'aurait jamais du avoir à formuler.  

- J'ai beaucoup de respect pour mon associé de Hacker... Mais tu cours beaucoup de risques n'est ce pas en faisant cela?

Je l'imaginais soudain prisonnier du réseau avec l'impossibilité de retourner à son corps. Et les virus informatique? Et les bugs du système? Je ne connaissais rien à tout cela, pourtant je sentais bien que tout ne devais pas être aussi facile. Relevant la tête de mon verre, je cherchais son regard avant de poursuivre.

- Comment fais-tu? Pour avoir le courage de revenir quand tu possèdes une aussi grande liberté la dedans?

Je désignais la tablette du bout des doigts mais c'était évidement l'ensemble du réseau que je désignais. C'était comme s'offrir la possibilité de voler un bref instant puis de retourner se confiner sur terre, dans les bruits et les odeurs de la ville. Levant mon verre dans sa direction je trinquais sur mes derniers mots.

- Tu dois gagner en facilité pour draguer sur la toile...
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Archibald Akton
Archibald Akton
Bizarrement j’étais persuadé qu’il disait vrai. Il ferait bon usage de ce que je lui offrais. De toute façon il avait intérêt, je ne faisais pas ce genre de cadeau à n’importe qui non plus. Mon dos me faisait mal, il fallait que je récupère mes gestes. Je me levais donc pour faire un tour écoutant les questions de Richard. Etonnamment pas celles auxquels je m’attendais. Mais avant de répondre, il me fallait finir ce verre de Whisky, j’en avais bien besoin.

- Des risques oui comme avec tout pouvoir. Tout dépend du temps que je reste. Le problème c’est surtout si on me repère. chaque muscle de mon corps répondait difficilement aux mouvements que je leur infligeai, il fallait vraiment que je m’étire. J’étais épuisé ces derniers temps et…. Sans repos, j’avais beaucoup plus de mal à récupérer. Pour le reste… Excepté mon corps qui est particulièrement vulnérable quand je suis connecté, c’est mon monde. Imagine une autoroute de l’information sur laquelle tu pourrais naviguer sans aucune limite. Je peux surveiller les rues d’Oslo, et me retrouver dans la seconde à Pékin, Londres, Paris, Megalopolis…. Rien ne m’en empêche, rien ne m’arrête.

Mais il touchait un point. Pourquoi revenir ?

- Qui te dit que j’ai envie de revenir ? je poussai un soupir Revenir dans mon corps c’est un peu comme entrer dans une boîte étriquée après avoir connu la liberté totale. Pourtant j’ai l’impression que j’ai encore quelque chose à accomplir ici, quelque chose à faire mais… je savais que j’avais un sourire triste sur les lèvres, je l’avais toujours mais un jour je disparaitrai, un jour je fusionnerai avec les réseau. Chaque Cyber en rêve. C’est notre épée de Damoclès à nous.

Quant à sa remarque j’éclatais de rire. Je trainai régulièrement sur les tchats, mais pas pour les mêmes raisons. Ils étaient souvent une porte d’entrée insoupçonnée et insoupçonnable sur des univers soit disant bien cachés. Rien de mieux que l’ennui de l’être humain pour trouver une faille dans un système.

- Pour la drague internet ça aide surtout à être sûr que le pseudo féminin attirant ne cache pas derrière l’écran Bernard, 150kg, qui cherche de la chair fraiche ! Après pour le reste… Tout est question de tchatche comme d’habitude. Et sur ce point-là, pouvoir ou pas, on est à égalité !

J’éclatai de rire, oui on aurait surement foutu un bordel sans précédent en ville si les circonstances avaient été différentes. Peut-être même qu’il aurait pu me convaincre de ne pas fuir face à mon père, de l’affronter. Mais finalement on ne s’était rencontré que bien trop tard. Ce n’était que partie remise. Je me servais un nouveau verre de Whisky, laissant la bouteille à portée de son verre.

- Chaque pouvoir est différent, mais le plus dure je crois, c’est la solitude que l’on ressent en tant que positif. En général les gens ont peur, peur de voir ce que l’on est capable de faire. Mon regard se braquait sur lui, la tête légèrement penchée Les gens réagissent toujours avec excès quand ils savent que je peux tout voir. Tout savoir sur eux. Je peux fouiller le passé, vérifier les dossiers, trouver des images, savoir qui vous êtes, ce que vous avez fait, où vous êtes allé, ce que vous avez acheté pour manger…. Bref. Une liberté comme la mienne provoque la peur et… Je peux le comprendre.

J’avais déjà subi toutes sortes de réactions. De la haine viscérale, à la peur la plus totale. Souvent des réactions de rejet. Et je me perdais de plus en plus souvent dans le réseau pour oublier un instant, pour être complet. Je me souvenais du visage de mon père quand il avait découvert mon pouvoir. Entre avidité et terreur. Cette image hantait régulièrement mes nuits.

- Je t’aiderai avec la Waleman, et je t’aiderai si tu as besoin de quoique ce soit. Mais… Tu vas avoir besoin d’appui puissant Richard. J’ai vu le complexe c’est… c’est une vraie zone militaire, les hommes sont lourdement armés, visiblement entrainés, et bien préparés. C’est risqué.
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Richard Aberline
Richard Aberline
En l’écoutant je commençais à entrapercevoir les limites de son don mais aussi les siennes. Je ne pouvais que tenter d’imaginer ce qu’il pouvait bien ressentir et cela ne me plaisait pas. La contrepartie à payer sembler bien lourde et son épée de Damoclès comme il l’appelait, avait du en rendre plus d’un à moitié fou. La génétique ne m’avait choisi pour être un des leurs mais jamais mon esprit n’avait vécu cela comme une erreur. J’étais doué pour des choses qui m’étaient propres et je n’avais jamais désiré plus. Non par manque d’ambition, mais parce que cela ne me correspondait pas. Je possédais déjà bien plus de chose que les trois quart de cette ville, je n’en demandais pas plus. Le sourire triste d’Archi me confortait dans cette idée. Ces hommes et ces femmes possédaient un courage que je n’aurais jamais. Son rire se fit alors communicatif et je me laissais aller avec lui. Alors qu’il se resservait, je le suivis dans son élan.

- Il arrivait souvent à Elaine, lorsqu’elle rentrait le soir, de venir se blottir dans mes bras en me demandant encore et encore si je l’aimais, si je ne la laisserais pas sur le trottoir, si je ne finirais pas par disparaitre, si je continuerais à l’attendre encore et encore chaque soir. A l’époque je pensais qu’elle n’avait pas confiance en moi, qu’elle imaginait que je la trompais où quelque chose de ce genre… Je n’ai compris que bien trop tard qu’elle était seulement morte de peur à l’idée de se retrouver toute seule. Je comprends ce dont tu parles.

Je soupirais en contemplant le fond de mon verre. Non par nostalgie, mais sans doute parce que je m’en voulais un peu de ma propre bêtise. J’avais pris cela pour un caprice de femme jalouse mais je n’avais rien compris à l’époque.

- L’argent est aussi un peu comme ton pouvoir. Il me donne une liberté sans égale, un passe droit sur toutes les choses de valeurs que possède ce monde. Mais il est intransigeant et chronophage. Abandonne-le du regard et il fond comme neige au soleil. Il t’éloigne des gens que tu aimes, t’isoles des autres en t’offrant une place sur un piédestal détestable pour finir par te consoler devant un caviar que tu dégustera seul dans un appartement démesurément grand et vide dont tu n’as pas besoins mais que ton rang t’imposes.

Je fis un sourire en coin à Archi. J’étais un homme riche, mais étais-je heureux pour autant ?

- L’homme riche qui le vit bien et celui qui se borde d’illusion et s’entoure d’hypocrite…

Levant mon verre comme pour trinquer une fois de plus. Je fis un clin d’œil entendu à mon compagnon de boisson. Il savait très certainement de quoi je voulais parler. Même s’il n’avait pas fait long feu dans la haute bourgeoisie. Retrouvant un peu plus mon sérieux, j’observais Archi un moment avant de lui répondre. Il semblait vraiment sincère et un peu inquiet aussi.

- A vivre sans risque on finit par mourir d’ennui Archi…

Je vidais mon verre cul sec avant de conclure d’une voix grave, un demi-sourire au coin des lèvres.

- Je suis un homme bien entouré. Mes appui son puissant et parfaitement apte aux missions qui s’annonce je ne me fais pas de soucis là-dessus. Et crois moi, je me passerais bien de me rendre directement là-bas sans carton d’invitation.

Abel Henoch était l’homme de la situation il n’y avait pas de doute à avoir. Les hommes de l’underground en auraient-ils fait autant ? Je ne pouvais le dire mais ce qui était sûr c’est qu’il n’y avait pas meilleur arme d’attaque qu’un groupe de milicien paramilitaire pour rentrer dans le lard d’un groupe de gardiens de prisons anesthésiés par des heures de surveillances sous les néons blafards.

- Mettre le bazar de loin sera amplement suffisant. Quand à la Waleman, je compte bien trouver un moyen pour pousser Jack à se trahir. Si je parviens à obtenir suffisamment de preuves pour l’inculper directement, nous posséderons un moyen de pression sans pareil. Mais je devrais d’abord être certain qu’il ne pourra faire tomber personne d’innocent avec lui.

Je pensais à moi évidemment, mais il fallait aussi faire le tri entre les différents membres du conseil d’administration. D’autres devaient être au courant et appuyer les expériences de Jack Waleman. Jusqu’à quel point la firme était-elle corrompue ?

- Et s’assurer qu’aucune autre tête pensante du projet ne parvienne à s’en sortir impunément.
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Archibald Akton
Archibald Akton

Je comprenais ce que ressentait sa femme. Il m’arrivait souvent de me dire que j’aimerai avoir quelqu’un pour m’accueillir quand je revenais. C’était encore pire pour une personne de mon type. Cet attrait du réseau, ça finissait par en devenir une drogue. Et plus j’y plongeais, plus je cherchai à y retourner. Et il avait raison sur un point. L’argent lui donnait cette liberté, la même que mon père avait, la même qui lui avait permis de m’avoir. Finalement l’un dans l’autre, mon paternel avait juste plongé à corps perdu dans ses vices, comme moi je me plongeais maintenant dans les miens.

- Elle a eu de la chance de t’avoir Richard. Vraiment. Et je suis persuadé qu’elle s’en doutait. Ce que tu lui as apporté… Crois-moi on le cherche tous. je prenais une gorgée supplémentaire de mon breuvage On ne le dit pas forcément, mais même entre deux positifs, il y a souvent des difficultés à se comprendre, à s’épauler, à s’écouter. Savoir qu’il existe quelque part des bras toujours prêt à nous accueillir, peu importe ce qu’on est. Ça n’a pas de prix. Alors je sais pas si on te l’a déjà dit, et dans tous les cas je le dirai quand même….

Je braquai mon regard dans le sien, mon sourire était sincère, et je ne disais pas ces mots souvent, autant en profiter.

- Merci. Merci pour elle, merci pour ce que tu lui as apporté.

Je suivais son mouvement, levant bien haut mon verre.

- A la tienne Richard.

Je bus une gorgée supplémentaire du Whisky. Cela me décontractait toujours assez facilement après une utilisation intensive de mon pouvoir. Et puis finalement cela faisait longtemps que je n’avais pas juste profité de la compagnie d’un homme avec les mêmes origines que moi. C’était étrange de voir que cela me manquait un peu. J’étais parti à 22 ans, j’avais eu le temps de profiter un peu de ce qu’était le fait d’être un adulte avec du fric et un pouvoir. Et c’est vrai… C’était jouissif.

- Oui l’argent offre certaines libertés, un certain pouvoir. La preuve j’existe malgré les lois uniquement car mon père avait l’argent. La différence c’est finalement la façon dont on en profite, ce qu’on en fait. Par contre la prochaine fois que tu dégustes du caviar, si jamais tu l’accompagnes d’un peu de champagne, appelle-moi avant, je serai étrangement ravi de t’accompagner !

Je lui adressai un clin d’œil, avant d’écouter la suite de son discours. Oui je me doutais qu’il était bien entouré, c’était tout à fait son genre. Et on n’arrivait pas là où il en est sans avoir des bases et des appuis solides. J’écoutais donc avec attention ce qu’il expliquait, et il avait raison. Fondamentalement il fallait court-circuiter Jack Waleman, et arrêter ces expériences. Mais….

- Il est compliqué d’impliquer Jack par ses dossiers en tout cas. Son nom n’apparait quasiment nulle part, tout est signé électroniquement. Les dossiers passent par des serveurs dérivés. Le mec qui a mis en place leur sécurité est un bon. Y pénétrer c’est faisable pour quelqu’un comme moi certes, mais… Mais impliquer Waleman c’est véritablement un énorme défi. Même le système sur son ordinateur est prévu pour s’effacer si la tour est déplacée. Franchement… Ca va être dure.

Je réfléchissais aussi, prenant mon temps pour trier ce que je savais, ce que j’avais vu. Il y avait forcément un moyen. Avec le temps je l’avais appris, il y avait une faille, toujours. Peut-être à cause de mon pouvoir, ou de mes balades sur le réseau… Mais je le savais il y avait toujours une faille. Le plus compliqué c’était de la trouver.

- Et il a forcément des gens qui lui sont acquis. Seul il ne pourrait pas faire ça. Il a besoin d’un bouc émissaire, un mec qui va prendre à sa place si ça se sait. C’est lui qu’il faut trouver pour remonter la piste. Il est forcément le maillon faible, celui qui n’est pas très utile, mais qui est au courant, celui qui sera le premier à tomber et qui prendra tout. Je suis persuadé qu’il en a un. Tous les grands magouilleurs que j’ai traqués en avaient un.

Bizarrement une certitude s’imposait à moi. Comme un relent d’altruisme peut-être, une sensation étrange qui me prenait au ventre. Le fait que mes muscles commençaient à répondre à mes exigences aidant surement.

- Richard. Si tu as besoin de quelque chose dans ce que tu entreprends, ou dans tout autre que tu mènes. Je serai ton homme. Et même pire. Tu n’auras rien à débourser. Je sais que tu ne me mens pas, je le vois, et rien que pour ça tu mérites que je t’aide. Après tout…. Tu as le pouvoir, et la notoriété, tu pourrais très bien aider à changer le monde.

Oui, si aujourd’hui je devais miser sur quelqu’un, ce serait sûrement sur Richard Aberline.
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Richard Aberline
Richard Aberline
*merci pour elle*… Sa remarque me fit sourire autant quelle me laissait perplexe. Cela ferait cinq ans à la fin de cette année que je porterais son deuil au fond de moi comme ma propre croix. Si le temps avait passé et que la raison avait soulagé la douleur je ne m’en sentais pas moins coupable. Mes actes manqués, mes maladresses et ce sentiment violent de ne jamais avoir été à la hauteur. Etait-il trop tard aujourd’hui pour se rattraper ? Archibald parlait d’or. Helaine ne m’en aurait jamais voulu je le sais bien. Mais je n’avais besoins de personne d’autre pour me détester à ce point. J’avais besoins de laver ma conscience et Shannon, Archi et Libération seraient un bon moyen pour être enfin capable de passer à autre chose. Du caviar arrosé de champagne ? Pourquoi pas ? Mais du français d’origine sinon rien ! Le luxe était une chose délicate. La cuisine un art dont je savais profiter.

- J’ai quelques adresses dont tu m’en diras des nouvelles j’en suis sûr !

Concernant la Waleman, j’étais d’accord avec Archi. Jack était aussi imprenable qu’une ancienne citadelle. Prêt à vous repousser si vous tentiez de tenir un siège et surement pas le dernier à pratiquer la décapitation publique. Le maillon faible de la chaine, même lui devait être à l’heure d’aujourd’hui un des hommes les mieux protégés de la ville haute. Ce qui était sûr c’est que la société savait utiliser le génie de ses chercheurs pour tester leur système de protection. Et puis une autre idée me vint en tête. Certainement un peu profane mais qui sommes toutes ne me paraissez pas si mauvaise que cela… Tout du moins sur le papier.

- Et si nous tentions de remonter par l’homme qui a mit ce dispositif en place ? Je veux dire, à l’heure d’aujourd’hui, tant qu’ils ne commettent pas d’erreurs, nous ne parviendrons pas à mettre la main sur le plus petit maillon de la chaine, aussi insignifiant soit-il. Mais si nous débusquons l’homme qui les installés dans cette forteresse imprenable, n’aurions nous pas plus de chance de les coincer ? Tout du moins d’investir le système ?


Je restais pensif un instant avant de conclure.

- Tu l’as dis toi-même, lorsque tu passes sur le réseau, tu laisses une trace. Infime, mais présente. Ce type doit régulièrement procédés à des mises à jour, relever la sécurité, ce genre de choses… Ne pourrions nous pas grâce à cela découvrir qui il est ?

Je me sentais presque idiot de poser de telles questions. Moi qui n’y connaissais rien, je me disais pourtant qu’Archi avait dû déjà penser à cette piste là. Bonne ou mauvaise, je n’en savais rien. Mais cela ne coutait rien de proposer.
A sa dernière réflexion je ne pu masquer ma surprise. Cet homme était vraiment très surprenant. De la même manière qu’avait pu le faire Shannon quelques semaines plus tôt il ne semblait avoir aucun doute sur moi. Haussant un sourcil d’un air un peu suspicieux, je ne pu m’empêcher de sourire.

- Tout travaille acharné mérite son salaire. Mais ce qui nous attend relève plus d’une croisade que d’un travail honnête. Je te suis reconnaissant pour ton implication et je n’oublie pas les risques que tu prends en continuant avec moi. Mais je dois t’avouer que te savoir derrière est encourageant ! Pour le reste… Crois le ou non, mais tu n’es pas la première personne à me parler de ça !

Je n’avais pas peur de ce que cela pouvait impliquer. Mais dans quelle mesure et jusqu’à quel niveau serais-je capable de tenir la barre pour redresser le navire ?

- Changer le monde est sans doute un peu présomptueux. Mais il existe de nombreux moyens pour parvenir à l’améliorer. Je crois que si mon argent et ma belle gueule peuvent aider en ce sens… Alors je n’aurais aucune honte à les utiliser et autant de fois que cela sera nécessaire !
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Archibald Akton
Archibald Akton
Remonter la piste de celui qui avait tout installé. L’idée était intéressante, et même si j’avais déjà légèrement effleuré le problème, je n’avais pas poussé trop loin mes investigations. Premièrement car le gars était doué et il y avait toutes les chances qu’il me traque en retour, et Deuxièmement car cela prendrai du temps et de l’énergie que je n’avais pas à cet instant-là. Je pourrai bien sûr, là n’était pas le problème, je trouverai surement le service chargé de cet élément capital pour le bon fonctionnement de l’installation mais… Le regard perdu dans mon verre, concentré je pris le temps de répondre.

- On peut remonter à eux. Mais… Ce ne sont pas des enfants de cœur. Seul je ne peux rien faire. Ils me retrouveront avant que j’ai pu agir ou faire quoique ce soit contre eux. Il faut une intervention particulièrement bien organisé. Au sol, et sur le réseau. Tu vois ce que je veux dire ? La piste que j’ai levé au départ s’arrêtait quelque part sur une entreprise basé au nord de la Russie dans une zone où… Il n’y a rien, une société écran au final... Autant te dire qu’ils sont prudents très prudents. je poussai un soupir Plus je me rapprocherai du départ du feu, plus je devrai trainer sur le réseau, et plus ils seront proches de moi. Ils ont sûrement des contremesures bien préparées. Nous devons tout faire à la fois. Trouver les données, s’en rapprocher, et agir immédiatement. Sans quoi nous sommes foutus. Je suis doué, mais pas infaillible. Le regard perdu au plafond je réfléchissais en même temps. Ce serait une attaque de grande envergure il faudrait vraiment un plan parfaitement coordonnée entre tes… Atouts que tu mentionnais précédemment et moi.

Je savais bien qu’il avait raison, parfaitement raison même. C’était le plus logique. Mais le moindre petit entrepreneur qui avait travaillé sur le bâtiment, le moindre élément informatique ou de sécurité, le moindre responsable, était camouflé sous des dizaines de sociétés écrans.

- Je continuerai de fouiller Richard, mais je ne peux pas me permettre d’aller trop en profondeur, sans courir le risque de nous impliquer tous les deux. Il faut que tu organises les choses de ton côté, avec tes alliés, qu’on prévoit quelque chose tous ensemble. C’est assez compliqué, c’est toi qui vois. Si le jeu en vaut la chandelle. En attendant je continuerai de voir si je trouve des élèments non protégés, et toi essaye de tâter le terrain à la Waleman voir qui pourrait être impliqué.

Cela faisait beaucoup de choses à prévoir je le savais pertinemment. Et mon regard braqué sur lui ne laissait aucun doute quant à ma certitude que je pouvais l’aider. Mais pas seul, pas si on séparait nos forces, c’était impossible.

Et malgré le sérieux de la conversation je me mis quand même à rire à sa remarque sur sa belle gueule.

- C’est vrai qu’on pourrait facilement mettre ta tronche sur des affiches dans la rue. Je suis persuadé que la ménagère de – de 40 ans serait ravi de voter pour toi ! Tu as tout du genre idéale ! je lui adressai un clin d’œil avant de reprendre Mais tu sais… J’ai souvent pensé qu’on devait changer un peu le monde, ou au moins notre pays, et au pire juste essayer. Tu en as les moyens, j’en suis persuadé, et l’envie aussi ça se sent. Mais avant toute chose… je pensais à mon père en disant ses mots, je le savais pertinemment il faut déjà assainir les grandes fortunes de ce pays. Nettoyer les grandes entreprises qui gangrènent nos vies. Je n’ai rien contre la richesse ne te méprend pas, je serai mal placé pour dire l’inverse. Il est parfaitement logique que certains aient plus. C’est la façon dont ils arrivent à corrompre le monde qui est dangereux. La façon dont ils l’utilisent.

Pour ses autres arguments je les balayais d’un vaste geste de la main.

- Et ne t’inquiète pas pour les risques. En tant que positif, et malgré les changements de notre pays, je cours un risque depuis que je suis né. J’en ai pris l’habitude, ça fait partie des aléas de mon histoire. Et puis…. je souriais sincèrement Je suis un hacker, et un arnaqueur. Le premier risque que je prends c’est de poser un pied hors de mon lit en me levant.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Autant dire que nous en étions toujours au même point. Une attaque oui, mais une attaque massive, couplée à une attaque terrain. Enfoncer le mur immédiatement avec un char d’assaut, ou ne rien faire du tout. Archi avait raison. Il ne s’agissait pas de prendre un employé revêche en flagrant délie d’initié mais d’une gangrène insidieuse et hautement purulente à contrecarrer. Archi avait déjà songé à tout mais surtout à comment nous protéger. L’excès de prudence n’était pas toujours un mal. J’en avais parfaitement conscience en cet instant.

- Ne soyons pas trop pressé dans ce cas. Deux hommes avertis en vaux mieux qu’un et pour ce que nous avons à faire cela ne sera pas de trop. Travaillons pour le moment chacun de notre côté et si nous arrivons à rassembler suffisamment d’éléments nous passons à l’action… la vrai.

Et lorsque le moment sera venu, je devrais trouver un moyen pour que tout le monde parviennent à travailler dans la même direction. Une sorte de but commun dans des luttes de factions pourtant par nature divergente. Mais comment pourrais-je parvenir moi-même à utiliser Libération pour servir mes propres intérêts. Il n’en avait jamais été question jusqu’alors, mais peut-être serait-il temps bientôt d’y réfléchir sérieusement.

- Après ce que nous avons entendu ce soir, je ne doute pas que le jeu en vaille la chandelle.

Le dévisageant un instant, je ne pu m’empêcher de sourire. Imaginer que ma tête puisse t’être à un moment ou autre placardé sur chaque lampadaire de Mégalopolis me donnait irrésistiblement envie de rire. Des midinettes s’endormiraient avec mon poster sur leur table de nuit, des révoltés colleront leurs chewing gum entre mes dents jaunis par la pollution, certains s’en serviront peut-être même pour la litière des chats… allez savoir…

- Du moment que la ménagère de moins de quarante ans n’utilise pas mes affiches de campagne pour leur épluchures de pommes de terres…

Un demi-sourire sur un coin des lèvres, je haussais les épaules en finissant mon second verre. Il n’aurait pas été sage de me resservir, d’autant que je rentrerais seul et en taxi. Le reposant devant moi, je l’éloignais un peu comme pour me convaincre moi-même d’être raisonnable. Je n’étais pas du genre à abuser régulièrement de cela, mais parfois les circonstances exigeaient un peu de relâchement.

- Nous avons tous le pouvoir de changer les choses. Tout du moins de porter sa pierre à l’édifice dans la mesure de ses capacités. Seul, je n’y parviendrais pas. C’est tout Megalopolis qui devra avoir envie de bouger.

Mon sourire devint ironique soudain.

- Les petits, comme les gros portes monnaies. Il y aura toujours des corrompus et des corrupteurs. Faites tomber une tête et d’autant repousserons, plus sournoises encore. Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire, mais ce genres de choses là aussi prennent du temps et nécessite des armes… de destructions massives.

Là, on était à nouveau dans mon domaine et quand il était question de gros sous je savais comment m’y prendre pour ferrer les gros poissons…

- Et parfois, si l’on sait manier les choses de manière intelligente, il est possible de faire faire les meilleures actions aux pires mécréants. Le tout est de bien savoir jouer ses cartes !
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Archibald Akton
Archibald Akton
Je trouvais toujours étrange cette réaction de Richard. Cette tendance à vouloir cloisonner, ne pas mettre en relation, il y avait autre chose derrière tout cela, j’en mettrai ma main au feu. Avec le temps j’étais devenu plutôt doué pour déceler les secrets, les cachotteries, ce que les gens ne voulaient surtout pas que j’apprenne, que je découvre. Mais je respectais cet homme, je respectai ses choix, ce qu’il est… Et on ne viole pas l’intimité d’une personne que l’on respecte.

- D’accord. Il semblerait que nous ayons un plan alors ? Je continuerai de mon côté à rassembler ce que je peux sur le conseil et les proches de Jack. Si je trouve quelque chose d’étrange, je te préviens, et tu aviseras de ce qui est le mieux à faire. une réalité s’imposait à nous quoiqu’il arrive, et mon interlocuteur venait de l’énoncer Après ce que j’ai entendu ce jour-là, le jeu en vaut forcément la chandelle.

Je me souvenais d’avoir croisé des candidats par le passé. Certains m’avaient parlé de la douleur du pouvoir, de la douleur de sa révélation, de la douleur de la transformation. Si la Waleman essayait de se faire sa propre armée de Candidat, ou je ne sais quoi d’autre, nous devions les en empêcher. Je savais ce dont moi j’étais capable, cette force que cela m’offrait… Que pourrait faire la Waleman en sélectionnant les candidats ? Dieu seul le sait, et j’espérai qu’il serait le seul à le savoir. Je sirotai mon verre tranquillement, finissant ce qui me restait de Whisky.

- Ho tu sais, je suis certain qu’elles trouveraient une utilisation moins… Catholique de tes affiches mon chère Richard ! je ne pus me retenir de lui adresser un clin d’œil avant d’éclater de rire. Mais tu as raison c’est à tout le monde d’agir. Toi comme les autres. Mais…

Je semblai chercher mes mots, car en fait c’était le cas. J’étais un électron libre, je l’avais toujours été, alors parler ainsi m’était… Etrange. Oui étrange correspondait parfaitement à mon état d’esprit, et le sourire en demi-teinte sur mon visage en attestait.

- Chaque grand changement, chaque grand pas a besoin d’un leader. D’une tête pour le représenter. Je ne parle pas de chef, ou de quoique ce soit de ce type. Non je parle d’un moteur, de trouver quelqu’un qui peut symboliser cet acte… Certaines… Organisations qui prônent un monde meilleur ont mauvaise presse, elles ne pourraient pas symboliser ce genre de changement. Toi si.

Et autant dire que ce genre de phrase venant de MOI était au-delà même du compliment. J’avais vu l’horreur dans ses yeux lorsque les cris avaient retenti dans le casino abandonné. J’avais compris sa douleur quand il parlait de sa femme. Il était apte et avait ce qu’il fallait pour se battre. Et il avait la gueule qui allait avec.

- Les corrupteurs, les corrompus, ces gens… Je les connais bien. Un secret ne reste jamais bien longtemps un secret si l’on m’a sur le dos. Mais nous n’utilisons pas les mêmes méthodes et le sourire que je lui adressai était sincère   je joue d’intimidation, de la peur de chacun de voir ses petites manigances révélées au grand jour, ou pire, son argent disparaitre dans une ligne de chiffre. C’est pour ça que des gens comme moi, ont besoin de gens comme toi, et inversement.

Je levais mon verre une fois de plus pour saluer notre association. Si je prêtais mes pouvoirs à cet homme, si je lui offrais mes accès, mes possibilités, ma puissance… il pourrait même devenir le maître du monde et tout le monde l’aurait applaudi pour ça… Et pourtant cela ne semblait même pas lui effleurer l’esprit un instant.

- Je crois qu’avec toi, je parie sur le bon cheval Richard.
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Richard Aberline
Richard Aberline
huhuhu:

J’approuvais d’un hochement de tête les propos d’Archi. Notre affaire était donc convenue. Il fallait à présent laisser le temps au temps et agir en conséquence. J’avais bien conscience de ne pas en avoir assez dit à mon nouvel ami, mais je ne pouvais faire mieux pour le moment. Cela aurait pu être trop dangereux pour tout le monde. Lui, Libération et moi… Je ne savais pas exactement ce que Jack Waleman voulait à ces hommes et ces femmes sur lesquels il menait ses expériences mais cela me faisait froid dans le dos. Une armée de positif au service d’une guerre privée ? Ou bien plutôt une sorte de manière d’exploiter leur don au service de l’entreprise…  

Je souris à Archi. Une image symbolisant une idée redonnant la foi au peuple. C’est ce dont Shannon m’avait parlé, ce qu’elle envisageait pour la suite. Mais moi ? De quelle manière pouvais-je concevoir les choses ? Que mon image puisse servir une cause plus noble, plus grande ne me gênait pas véritablement, cependant quelle serait mon implication ? Simple spectateur, pion dévoué, ou véritable tête de file ? Je n’étais pas un être passif et devenir une simple figure sans apporter ma propre pierre à l’édifice n’était pas une chose que je pouvais envisager.
« Parier sur le bon cheval »… Encore une expression que j’avais déjà entendue il y a peu.

- Je suis sûr qu’en matière de bookmaker tu n’es pas en reste mon cher ! Méfie-toi que la chance ne tourne pas. On n’est jamais à l’abri que la bête soit viciée ! Tu pourrais en avoir pour mon argent !

Pour ça ou pour autre chose, je me demandais bien ce qu’un homme comme lui ferait de mes fonds. Il avait vue ce que l’argent pouvait faire de pire, suffisamment tout du moins pour ne pas avoir envie d’en abuser comme d’une source de pouvoir, alors à quoi pouvait-il bien servir ? Des femmes, une maison, une cause qui lui était propre ?

- A moins que tu ne l’ais déjà dilapidé en whisky et autre gâteries en tout genre !
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Archibald Akton
Archibald Akton
BoumBoumboum:





Sa réflexion me fit éclater de rire. Oui en effet on pouvait toujours se tromper sur les paris. Mais il était bien plus difficile de se tromper quand on savait exactement sur qui on pariait. Quand on savait exactement son histoire, son casier, et même son dossier médicale. En soit... Je prenais quand même rarement des risques !

- J'avoue je ne crache pas sur du bon whisky, mais c'est peut être le seul plaisir que je m'autorise. Mon argent pour l'instant il dort bien à l’abri. Je le fais fructifier à droite et à gauche. J'ai d'ailleurs quelques actions sous des noms cachés dans certains de tes investissements si tu veux savoir la vérité.

Et puis au pire le reste du temps, je ponctionnais les comptes offshore de papa. Il en avait bien assez pour ne pas se rendre compte quand il en disparaissait un peu. Mais il y a une réalité. Oui je suis riche. De l'argent à droite et à gauche j'en ai à revendre. Je ne l'utilise juste pas.

- Tu sais la seule différence entre ta fortune et la mienne. C'est que tu peux profiter, et que si moi je fais de même je serai très vite retrouvé. Sur le réseau je suis invisible, mais... A l'air libre. Je reste une proie. Et il y a des gens que je préfère éviter.

Je contemplais mon verre un instant, avant de le finir, et de le reposer sur la table. Je jouais avec des codes informatiques, des chiffres, du binaire, des lignes de calcul toute la journée. Les placements n'étaient qu'une autre forme de code, plus fluctuante certes, mais tout aussi prévisible. Et savoir exactement l’état des récoltes d'un pays perdu en Amérique du sud, permettait rapidement de savoir si oui ou non un placement sur l'entreprise qui s'occupait de la transformation du produit pourrait me rapporter de l'argent ou pas.  


- Te rends-tu compte que je vis ici ? Pas tout le temps bien sûr, parfois je m'offre un hôtel pourri dans la ville basse. Alors que je dois avoir une fortune cumulée qui me permettrait peut être de te ravir la place de plus beau partie de la ville ?

Je riais, de bon cœur en plus, oui au fond... Lui et moi étions fait pour nous rencontrer. Nous n'étions pas si différent. On venait du même monde, on avait eu une éducation similaire, et nous connaissions tout les deux les risques du pouvoir et de l'argent.

- J'ai quitté ce monde assez tôt, mais j'en ai gardé quelques restes et quelques réflexes. mon regard plongea dans celui de Richard N'as-tu jamais pensé à tout quitter ? A partir de cet univers, te trouver un petit coin à toi, pour toi, loin de cette pression de la fortune?
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Richard Aberline
Richard Aberline
Je haussais un sourcil amusé. S’il commençait à suivre mes propres investissements pour ses actions personnelles voilà qui devenait franchement amusant. Dans tout les cas, il ne serait pas perdant car je ne réalisais jamais un investissement qui ne soit productif. Mais en l’écoutant je me demandais bien ce qu’il comptait faire de tout cela ? S’il ne pouvait y avoir accès sans risque, pourquoi continuait –il à entretenir cette fortune ? Dans l’espoir d’un avenir meilleur peut-être ? Ou d’un revers de médaille. Je comprenais une fois de plus son excès de confiance mais non la raison pour laquelle il s’infligeait une telle vie de dénuement… Où trouvait-il son intérêt ?

- Mon orgueil n’est pas encore prêt à céder ma place de leader de meilleures parties de Megalopolis. Cependant à nous deux nous pourrions sans doute racheter la ville ! Tout du moins une partie suffisamment importante pour être peinard et entourés de jolies filles… Qu’en penses-tu ?

C’était étrange de parler avec Archi, j’avais l’impression d’être en compagnie d’un vieil ami à la simple différence qu’il savait tout de ma vie et que j’ignorais tout de la sienne. Je courais des risques, mais lui, quels étaient ses démons ? Et de qui avait-il autant besoins de se cacher ?

- Que fera tu une fois que tes comptes auront atteints leur limite ? Quand tu n’auras plus d’autre choix que de dépenser ce que tu à encaisser pendant de si longues années… De qui tu te caches avec autant d’application ?


J’avais bien conscience que ce genre de questions relevait de l’intime et que je n’avais aucun droit d’accès à cette partie de sa vie. Cependant, j’étais pour l’égalité des chances. Il connaissait ma vie sans me l’avoir demandé, par des moyens détournés qui ne valait pas la franchise d’un tête à tête. Alors, peut-être prendrait-il la peine d’être honnête avec moi et de jouer à son tour carte sur table. C’était un homme bien, j’en avais la certitude. Mais cette toute nouvelle entente entre nous ne pourrait souffrir de n’être qu’à sens unique… Changer de vie ? L’idée me traversait l’esprit presque chaque jour. Cependant je n’étais jamais passé à l’acte.

- L’envie de tout quitter… Je ne cesse d’y penser depuis le jour où Hélaine est morte. Mais chaque fois quelque chose de plus fort me retient ici. Nous avions tout pour être heureux. A l’époque, je n’avais aucune raison de quitter Megalopolis. J’aimais mon travail et la vie que je m’étais construite tout autour. Aujourd’hui, je n’ai plus que le travail… Et même si un partie semble parfaitement corrompu, je garde la foi.

Je soupirais un instant avant de soutenir le regard d’Archi.

- J’ai œuvré trop dur pour passer le bébé maintenant à quelqu’un d’autre. Même s’il devait être le plus compétent de cette ville ! Alors je ne partirais pas tout de suite… Et toi ? Pourquoi restes-tu ?

Toutes les informations que j’avais emmagasinées ce soir tournaient inlassablement dans ma tête et je ne parvenais pas à stopper le fil de mes pensées. Inlassablement les mêmes questions revenaient mais surtout celle qui me taraudait le plus, comme lorsqu’un mot vous échappe tout en se pavanant, là, juste sous votre nez. Qui était Archi ? Je n’en savais rien, pourtant j’avais la certitude d’avoir la réponse sous le nez… « J’ai œuvré trop dur pour passer le bébé maintenant à quelqu’un d’autre »…

Je me mis soudain à réfléchir beaucoup plus vite, comme libéré. J’étais à New York depuis mes 16 ans et depuis ce jour là j’étais devenu PDG d’Aberline Corporation. J’avais appris le métier avec les années et l’expérience mais aussi grâce à la logique implacable de mon grand père. « Connais ta concurrence mieux que tu ne te connais toi-même. Tu sauras alors prendre les bonnes décisions. » En arrivant à la City, la première chose que j’avais faite était une liste de toutes les grosses sociétés, quelques soient leurs domaines de compétences. J’avais appris le nom de chaque PDG, chaque haut investisseur, chaque actionnaire principal. Je connaissais leurs goûts en matière de bonne nourriture, femmes et voitures et je n’avais jamais été en reste lorsqu’il avait fallu demander des nouvelles du petit dernier. La communication était un des outils essentiels de mon travail et je ne l’avais jamais négligé. Chaque entreprise à un moment ou un autre avait besoins du bon contact, du soutient nécessaire et de la bonne personne à sa table les soirs de Gala. Archi pouvait être le diminutif d’Archibald et ça, ce n’était pas un prénom courant, même dans la haute bourgeoisie américaine… En vérité, je n’en connaissais qu’un seul…

Relevant soudain la tête vers Archi, je me demandais bien comment je n’avais pas pu faire le rapprochement plus tôt. Certainement parce que je n’étais pas un magna de l’agroalimentaire, cependant j’avais des actions dans l’entreprise de son père tout de même ! Et puis peut-être parce qu’au fond je me disais qu’Archi, ça devait sûrement être un nom de code… ou quelque chose comme ça… Lentement, j’énonçais tout haut les seules conclusions que j’avais pu tirer.

- Akton… Comme l’agroalimentaire… Wiliam Akton, une des plus grosses
fortunes dans le domaine en ville. Cet homme à un fils…

Cherchant le regard de mon vis-à-vis je lâchais à demi-mot la fin de ma réflexion.

- Archibald…
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Archibald Akton
Archibald Akton
A sa première réflexion, je me mis à rire. L’image me plaisait.

- Racheter la ville et s’entourer de jolies filles. Voilà un plan qui me plait parfaitement ! Bizarrement, je le sens moins risqué que le précédent.

A sa deuxième réflexion je haussai les épaules. Je savais très bien ce que je pourrai faire de cet argent. Fuir, recommencer à zéro, ailleurs, m’acheter une immunité, me protéger de l’autre. Disparaitre enfin, j’étais proche de le faire, plus grand-chose ne me rattachait à cet endroit. Si ce n’est finalement l’amitié que j’avais pour Sunny et l’envie de voir son projet aboutir.

- J’ai encore du temps avant que cela n’atteigne les limites. Et puis quand je pourrai plus je ferai des investissements. Comme ce casino d’ailleurs. Je viens de le financer pour en faire un foyer pour jeunes en détresse. Une assistante sociale qui te plairait certainement. Elle a une force de volonté étonnante pour une jeune femme sans moyen. Si jamais tu décides de faire campagne je te conseille de venir voir son projet. Vraiment ça vaut le coup.

J’éludais volontairement sa question sur la fuite j’attendais qu’il réfléchisse. Il avait tout en main, un homme comme lui saurait forcément. A sa question suivante je me levais pour aller face à la fenêtre. -Pour ça. dis-je sans en rajouter plus. La baie était magnifique, même vu de ce petit endroit. Bien plus beau que ce que pouvait offrir la ville haute. Jamais mon père ne connaitrait ce plaisir simple de regarder l’eau et le soleil qui se couche sur l’horizon. Je sentais qu’il réfléchissait derrière moi, je me suis retourné, fixant mon regard dans le sien quand il énonça l’évidence, j’esquissai un simple sourire.

- Tu sais maintenant ce que je fuis.

Je devais me resservir un whisky, j’avais attendu un moment qu’il fasse le lien. Je savais que cela finirait par venir. Et quitte à travailler ensemble autant qu’il sache à quoi s’attendre.

- Tu pensais qu’Archi n’était pas mon vrai nom ? En te donnant ce diminutif, vu le milieu dans lequel tu évolues, je savais que je te donnais bien plus. Tu vois je t’ai fait confiance à partir du moment où tu as connu mon diminutif. debout à côté de la table je cherchai mes mots. Je suis Archibald Akton. Le petit secret bien gardé de mon père. Ma mère était une positive, et il a utilisé sa fortune mirobolante pour passer au-dessus des lois. Il voulait son petit mutant à lui. Il espérait bien développer sa fortune dans d’autres domaines. Tu comprends… chaque fois j’avais une boule dans la gorge … ma mère pouvait donner naissance aux plus belles fleurs. Elle donnait la vie, et la reprenait aux plantes aussi facilement que toi et moi nous respirons. Etrangement la compagnie de mon père a fleuri aussi dès qu’il l’a rencontré et épousé. Mais il en voulait plus toujours plus… L’argent appelle l’argent.

Je pris le temps de réorganiser mes pensées, cela faisait beaucoup de choses à dire, à raconter à expliquer.

- Quand j’ai eu l’âge de comprendre je suis partit. Je l’ai fui. Mais tu sais ce que c’est la fortune ouvre des portes, et mon père de la fortune il en a à revendre. Je dois rester discret, le moindre mouvement suspect à mon nom et ils me prennent en chasse, je bouge beaucoup pour éviter cela… Quant à ce qui me fait rester… Je levais les yeux au ciel un instant jusqu’à il y a peu ma mère. Elle était encore là, et je ne pouvais me résoudre à disparaitre sans aucune chance de la revoir. Mon père ne voyait en moi que les futurs profits, ma mère m’aimait vraiment. Elle était juste sous la coupe du mauvais homme, dans le mauvais monde. Tu l’aurais vu Richard… Ce qu’elle était capable de faire c’était de créer la vie ni plus ni moins. Comment une femme comme ça pouvait être un danger quelconque ? Elle aurait pu changer le monde.

Et j’en étais persuadé. Peut-être aussi aveuglé par le fait qu’elle était ma mère, et je la voyais forcément comme LA solution.

-  Tu sais… Si je n’avais pas eu ce travail pour toi je serai déjà parti Richard. Elle est décédé il y a peu, j’ai assisté à ses funérailles via des caméras de sécurités. Le lieu où elle repose est si bien gardé que je ne peux pas m’en approcher. la encore la boule dans ma gorge refusait de descendre On m’a privé du droit de dire au revoir à ma mère.

Je buvais une longue gorgée de mon Whisky, remettant en ordre mes idées. Le sourire que je lui adressai était teinté d’une légère tristesse.

- Je savais tout sur toi quand tu es entré. Et je t’avais aussi donné les cartes pour tout savoir. Tu vois… Dans une autre réalité, nos vies auraient pu coïncider.
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Richard Aberline
Richard Aberline
Encore plus qu’une simple coïncidence, il n’aurait pas été probable que nous nous rencontrions, nous l’aurions dû. J’avais déjà déjeuné avec William Akton, c’était tout au début, je ne devais pas avoir encore 18 ans. J’avais étudié les marchés avec attention et le développement étonnant de l’entreprise Akton avait suscité mon intérêt et celle de notre conseil d’administration. Pour ne pas avoir à supporter des charges faramineuses nous réinvestissions nos bénéfices dans des entreprises en devenir, des associations ou bien pour posséder nous même une part des actions de certaines sociétés. Beaucoup de mes plus hauts responsables siégeaient également dans d’autres conseils au nom d’Aberline et de la part décisionnaire qui incombait à ses actions. Lors de ce repas, Archibald Akton aurait dû être présent, mais il ne s’était pas présenté. Son père m’avait laissé l’image d’un homme froid, compétent et calculateur. J’avais écouté le discours habituel de l’homme vendant son entreprise, nous avions convenu d’un accord. L’agroalimentaire avait besoin de machine de conditionnement à grande échelle, de quoi faire tourner un système de travail à la chaine ou la production prévalait sur le reste. Aberline Corporation était entrée discrètement chez Akton, nous assurions la maintenance et le renouvellement. Je n’avais plus revu William Akton en dehors de quelques galas et autres rendez-vous mondains. Je n’avais jamais rencontré Archibald Akton jusqu’à aujourd’hui.

- Tu te couvrais de méfiance et de discrétion depuis le début. Archi… je pensais qu’en toute logique, avec autant de précaution, tu t’étais caché derrière un faux nom. J’ai manqué de réflexion et de rapidité sur ce coup là. Tu trottais dans un coin de ma tête mais je ne parvenais pas à faire le lien entre toutes les informations.

Je comprenais mieux à présent ce qu’il fuyait et ce qu’il risquait. Aberline Corporation et la Waleman avait, en toutes bonnes relations publiques adressées leurs condoléances lors du décès de Mme Akton. Pourtant l’homme d’affaire ne m’avait pas paru hautement perturbé par cette perte. J’entendais les mots d’Archibald et je devinais les idées qu’avait pu avoir son père à son encontre. Malgré moi, un frisson me parcouru l’échine. Si Archi tombait sous l’emprise de son père, j’imaginais sans mal ce qu’il pourrait le contraindre à faire. Je comprenais également pourquoi le jeune homme avait tant de mal avec l’argent et le pouvoir…

- Elle ne méritait pas cela tu as raison. Mais elle semblait aimer ton père et contre cet aveuglement là on ne peut pas faire grand-chose. Même lorsque sa propre vie peut-être mise en danger. Je ne sais pas s’il est possible de faire quelque chose. Mais si je parvenais à trouver un moyen de te faire entrer là-bas sans risque, je t’aiderais à allé la voir. Il y a des droits dont on ne peut pas te priver !

Le pouvoir de donner la vie… Un pouvoir qui ne ferait jamais souffrir. Mais le genre de pouvoir qui devait surement faire fantasmer Jack Waleman s’il parvenait à le contrôler…

- Des femmes comme ta mère ou Hélaine auraient pu révolutionner le monde. Ma femme possédait le don de soin. En posant ses mains sur les patients du dispensaire elle chassait leur douleur, soigner leurs plaies, leurs maladies… Sans jamais rien demander en retour, sans s’émerveiller de ce qu’elle avait entre les mains. C’était une évidence, un outil de travail… Et ce n’est qu’en pensant de cette manière là, en optimisant les aspirations de chacun que nous parviendrons tous à trouver notre place…

J’observais un instant le casino. Vue de l’intérieur il y avait un travail de fond incommensurable à faire pourtant, la voix d’Archi portait un espoir et je sentais qu’il ne laisserait pas tomber son ami. Un foyer de jeune en détresse, en voilà une idée qui pouvait être bonne. Megalopolis en avait besoin, les jeunes de cette ville, positifs et négatifs en avaient besoins.

- Je crois… que je ne manquerais pas de venir rencontrer cette jeune femme. C’est le genre de projet que je soutiens activement et je suis sûr que nous pourrions faire de grandes choses ensemble.

Souriant à Archi, je posais mes coudes sur la table et mon menton sur mes poings fermés entre eux.

- Ne reste pas pour le travail que je te propose, mais pour tous les enjeux qu’il y a à présent derrière…
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Archibald Akton
Archibald Akton
Il avait raison bien sûr. Depuis le début je lui cachais des choses, il était normal qu’il pense que c’était encore le cas. Pourtant il y avait une réalité qu’il avait oubliée.

- Tu sais Richard. Etrangement c’est en disant la vérité sur soi que l’on se cache le mieux.

Et avec le temps j’étais devenu un spécialiste dans ce domaine. Tout le temps que j’avais passé à me cacher, à fuir, à camoufler mon existence et ma présence. Je savais exactement comment passer inaperçu. Et plus on était voyant, plus les gens se retournaient sur vous dans la rue, moins ils remarquaient que votre main gauche était dans leur poche. Tout était toujours une affaire de leurre, et j’étais devenu particulièrement doué dans ce domaine.

- Merci Richard. Mais je parviendrais à y entrer. Jamais rien ne m’a résisté ce n’est pas aujourd’hui que cela commencera ! je lui adressai un sourire avant de continuer Et oui elle l’aimait sûrement. Enfin… Elle avait appris à l’aimer au fil du temps. Je crois aussi que paradoxalement quand elle m’a eu, elle a refusé de partir pour moi, pendant que je refusais de partir pour elle. Je n’en sais rien. Je sais qu’elle était triste dans sa tour d’ivoire loin de la nature. Et qu’elle faisait les affaires de mon père. Je lui en ai voulu à elle quand je suis parti. De m’avoir menti, d’avoir accepté cet état de fait, de ne rien avoir fait contre ca… Et pourtant. Je me dis qu’elle était une victime.

Mais sa réflexion sur les droits me fit tiquer. Je baissais la tête un instant avant de le fixer de nouveau.

- Penses-tu que mon père s’ennuie avec une notion arbitraire telle que les droits ? Tu sais… La dernière volonté de ma mère était d’être enterrée au pied de l’arbre du domaine Akton. Un magnifique chêne dont elle s’échinait à prendre soin jour après jour, et tu sais à quel point c’est rare de nos jours. Elle voulait que son corps repose là où ses mains avaient travaillée toutes ces années. Et mon père l’a faite enterrer dans le caveau familial, entourée de murs de bétons, privé de sa connection naturelle avec ce qui la faisait vivre… Les droits ? Mon père se torche avec tous les matins.

Et c’était le cas. Il s’en moquait royalement et cela depuis des années, trouvant tous les moyens possible est imaginables pour s’en défaire. Il était comme ça. Vieille fortune, qui se transmettait d’année en année, il n’avait jamais connu que cette façon de faire : Si la loi n’est pas de ton côté, étouffe là sous ton fric. Et mon père était très doué dans ce domaine.

- C’est pour permettre à des femmes comme ça de travailler que je t’aide Richard. Les pouvoirs que Yu a pu nous offrir sont tellement différents. De la destruction pure et simple, au don de la vie. je me mettais doucement à rire Des mecs comme moi sont un danger, c’est certain. Et je te parle même pas de certains que j’ai pu croiser. Mais elles ? Elles auraient pu tellement apporter au monde. Quelque part, je crois que Yu a créé des êtres aux pouvoirs destructeurs et effrayants, pour permettre à ceux avec des pouvoirs nécessaires de survivre. Comme on donne un garde du corps à une personnalité.

Plus le temps avançait, plus je vieillissais, plus j’étais persuadé de cette réalité. Si nous existions avec cette force, ces pouvoirs terrifiants, c’était uniquement pour protéger celles et ceux qui pourraient un jour sauver le monde. La fin de son discours me fit sourire, je finissais mon verre avant de retourner contempler la baie.

- Je reste pour ce que ce travail implique. Je reste car je ne veux plus fuir comme je l’ai fait face à mon père et…. je faisais un grand geste désignant les murs qui nous entouraient je reste aussi car je veux l’aider elle. Si je l’avais rencontré il y a 12 ans, quand j’ai commencé à trainer dans la rue, tout aurait pu être différent. Elle se moque de où les gamins viennent, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont. Elle ne juge pas. Un peu comme ta femme, ou comme ma mère.

J’éclatais de rire doucement.

- Peut être que nous sommes tous un peu fou finalement... T’a-t-on déjà donné la définition de la démence ? C'est de faire et refaire sans cesse la même chose et de s'attendre à un résultat différent. je continuais à rire doucement Chaque fois on tente de sauver le monde, et chaque fois on se dit que cette fois c’est la bonne. On fait confiance à des gens qui semblent pouvoir tout changer. Et pourtant…
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Richard Aberline
Richard Aberline
Nous étions tous libre de choisir la voix que nous souhaitions emprunter. Dans les rails ou non, il n’appartenait qu’à nous de choisir où placer notre conscience, notre moral et notre foi. Le père d’Archibald avait choisi de s’assoir sur les lois en pensant que les pouvoir de Yu et son argent pouvait lui ouvrir toutes les portes. Archibald avait choisis une vie de fantôme pour réaliser ses propres ambitions, bonnes ou mauvaises qu’en savais-je au fond ? Si ses intentions étaient bonnes, si ses idées semblaient honnêtes, il n’en demeurait pas moins un hacker de premier ordre. Un homme sans aucune limite. Quelles étaient celles qu’il s’était attribué ?  En l’écoutant parler de sa mère, en l’écoutant parler de son pouvoir, je sentais sa voix vibrer de beaucoup de sentiments contradictoires. On avait privé un enfant de sa mère. L’homme que j’avais en face de moi était-il capable de raisonner intelligemment et en toutes possessions de ses moyens pour parvenir à nos fins communes. Ou bien n’étais-je finalement qu’en face d’un enfant en colère, triste et seul qui avait entre ses mains un pouvoir dont il pouvait user à sa guise. Mais s’il manquait de discernement, si ses actes n’étaient motivés que par des émotions divergentes et violentes, qu’adviendrait-il de nous ? De nous tous ?

Je choisissais de faire confiance à Archibald, parce que j’avais peur. Non pas de lui, mais d’avoir tord. Je souhaitais tant construire ce monde meilleur, ce monde où j’aurais pu vivre sans crainte auprès d’Helaine, que je me demandais parfois si ce rêve pouvait véritablement se réaliser. N’était-il pas trop utopique, trop ambitieux ? J’avais choisi un chemin, mais plus le temps passait, plus je rencontrais de nouvelle personne et plus je me demandais si je l’avais choisi par défaut ou par conviction.

- Nous ne sommes pas les seuls, à cette heure, confrontés à des choix qui nous dépassent. Nous  nous lançons dans des histoires pour lesquels nous ne maîtrisons ni les tenants, ni les aboutissants pourtant… ce n’est pas à nous de décider des faits passé, tout ce que nous avons à décider c’est quoi faire du temps qui nous est imparti…

« Quelque part, je crois que Yu a créé des êtres aux pouvoirs destructeurs et effrayants, pour permettre à ceux avec des pouvoirs nécessaires de survivre. Comme on donne un garde du corps à une personnalité. »

C’était comme atteindre une sorte d’équilibre supérieur sans doute. Le bien et le mal, le Ying et Yang,  la vie et la mort… Un leitmotiv qui revenait sans cesse dans la littérature, les films, les religions depuis des siècles immémoriaux. Je ne savais pas trop quoi en penser. Je ne m’étais jamais posé la question. Non, pour dire vrai, je n’avais jamais envisagé les choses de cette manière la. La China avait provoqué un désastre en relâchant l’agent Yu dans l’atmosphère.  Mais penser que ce qui en avait découlé et que les pouvoir qui avait été distribué par la génétique et la chance suivait une voix plus céleste me laissait vraiment perplexe. Qu’est ce que cela signifiait ? A quoi penser Archi ? Que l’avenir suivait un chemin tracé d’avance. ? Que nous étions sur terre pour accomplir une destinée ?  Je ne voulais pas me résoudre à une telle pensée. Je tenais à mon libre arbitre, la sécurité de savoir que je pouvais décider aujourd’hui et maintenant de ce que je pouvais faire, de ce que je voulais faire.

- Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.

Je relevais la tête, cherchant le regard d’Archibald. Un demi-sourire sur le coin des lèvres.

- Ni toi, ni moi ne sommes de ces hommes là. Ne laissons plus les autres changer les choses pour nous, mais prenons en main le temps qu’il nous reste. Aider cette femme à ouvrir son centre d’accueil, découvrir ce que fait Jack Waleman, aider les gens… Nous pouvons le faire. Et si toi et moi sommes honnêtes, parlons à cœur ouvert alors, ce n’est pas seulement une question de volonté mais de devoir…

Il était sans doute temps que j’y aille à présent. Nous avions fait le tour de tout ce que nous devions voir. Il me fallait du temps pour réfléchir maintenant. Evaluer les possibilités, préparer l’infiltration de Libération. Jouer mes propres cartes en sommes. Prenant appuie sur la table, je me levais, n’oubliant pas de récupérer la tablette que m’avait généreusement offert Archibald. Je devais également réfléchir à la manière la plus appropriée d’utiliser ce… cadeau. J’avais besoins de recul également pour me faire une opinion plus approfondis d’Archi. Toutes les options étaient encore ouvertes aujourd’hui. Je pouvais le voir en collaborateur, en ami mais tout aussi bien en homme terriblement dangereux si l’on passait du mauvais côté de la barrière. Je l’avais vue se mettre en colère mais aussi la rapidité avec laquelle il s’était calmé. Il semblait impulsif, imprévisible…

- Il est temps de se mettre véritablement au travail maintenant !

Et le temps me dirait déjà bien assez tôt si j’avais fait ou non les bons choix…
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Archibald Akton
Archibald Akton
Maitriser voilà quelque chose que je comprenais que trop bien. Maitriser le réseau, maitriser ses émotions, maitriser le jeu aussi. En être maître quoiqu'il arrive. Et pourtant... Pourtant je me laissais souvent aller, j'avais de plus en plus de mal. Plus je vieillissais plus je me faisais happer par le réseau, plus j'en sentais l'attrait le désir qu'il exerçait sur moi. Et cela me rendait parfois, instable.

Tu as raison, nous ne sommes pas seul... Pour ce qui est du temps qui nous est imparti. Richard...La mauvaise nouvelle, c'est que le temps file. La bonne, c'est que tu en es le pilote. A toi de décider ce que tu en feras, quoiqu'il arrive de toute façon je serai ton copilote ou navigateur avec plaisir!

Et j'étais sincère. La vérité c'est que sans raison de se battre l'envie de se laisser aller était trop grande, et je le voyais bien. Chaque jour le réseau me submergeait encore plus, se mêlant avec mes émotions au-delà de ce que je voulais. Il en avait fait les frais à son entrée dans la pièce, et d'autres en feraient les frais après lui. Je captais son regard, écoutant ce qu'il avait à dire. Oui bien sûr qu'il fallait agir, bien sûr qu'il était temps de passer de spectateur à acteur. Mais finalement en étais-je capable après toutes ces années à regarder au travers du réseau sans jamais intervenir, ou si peu ? Il le faudrait ,et il avait raison. Pour eux, pour elles, pour tout ceux qui comptaient sur nous pour les défendre et les protéger. Non quelque part il était temps d'intervenir.
Je soupirai doucement, un sourire plaqué sur le visage captant le regard qu'il me lançait.

-Tu sais... Plus je vieillis plus j'ai des difficultés à contrôler mon accès au réseau, mes émotions se mêlent et j'ai du mal à avoir les idées claires et pourtant... Pourtant je sais que si j'ai un but je peux tenir encore. Alors merci, merci de m'offrir l'occasion d'en avoir un.

Je suivais son mouvement me levant à mon tour, oui nous avions du pain sur la planche, et tout cela n'était pas prés de s'arrêter. Pourrions-nous changer le monde? Rien n'était moins sûr, mais au moins nous aurions essayer. Il me restait juste à découvrir qui se cachait derrière Richard Aberline, qui était sa main d'œuvre, ses hommes. Mais si nous devions nous faire confiance alors il fallait peut être commencer par lui laisser le temps de se dévoiler, tout comme il me faudrait du temps pour me dévoiler moi-même.

-En effet Richard, en effet... Mais bon... Si nous pouvions nous voir juste pour draguer les filles et boire un verre la prochaine fois je ne serai pas contre. je désignai la tablette d'un mouvement de menton Fais gaffe avec ça. Il y a des choses là-dedans qui pourraient t'attirer des ennuis! Pas d'imprudence!

Il connaissait la sortie, et je préférais ne pas prendre le risque que l'on soit vu côte à côte dans ce vieux casino, alors je retournai vers la grande fenêtre brisée, pour contempler de nouveau la baie. Il comptait sur moi pour préparer leur attaque? Il ne serait pas déçu.
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[CLOS] [Richard/Archi] Pour un hack avec toi, je ferai n'importe quoi...
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