2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [David/Sunny] La fleur au fusil

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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Septembre 2074

Une fois soigné de ces quelques bleus au visage, on avait renvoyé David dans ses bureaux afin de faire son rapport sur la perquisition de la drogue des docks de la Baie. Les choses auraient pu s'arrêter là. La vie aurait pu reprendre son cours et l'agent son enquête. Mais avant que l'agent ne puisse retrouver son travail en bonne et due forme, son supérieur l'avait convoqué, lui intimant de rencontrer une personne qu'ils avaient faite venir pour lui. Si David possédait quelques bleus et un orgueil touché, nul doute que ses mains racontaient également une toute autre histoire. Sans pour autant mener une enquête sur lui, il était de la procédure de rester vigilant envers ses agents. Et David n'avait pas échappé à la règle, malgré ses nombreux loyaux services. Son co-équipier, fraîchement débarqué et influençable, avait rapporté la véhémence des réactions de l'agent et le fait qu'il était resté un moment seul avec le suspect qu'il avait essayé d'appréhender. Mais au lieu de mener un interrogatoire qui n'aurait débouché sur rien pour un agent de sa trempe, l'on avait jugé plus utile de débaucher une psychologue pour remédier à ces phases de colère, jugées sans fondement. Qui plus est, son supérieur savait sa soeur dans une phase critique. S'il ne pouvait rien faire pour lui, il espérait que quelqu'un d'autre lui viendrait en aide.

Affublée de son tailleur confortable avec une veste et une jupe longue, Sunny arborait également un chemisier pastel laissant entrevoir un pendentif. Elle croisa ses hautes bottes en attendant l'agent et remis un peu d'ordre dans ses boucles blondes qui s'échappées de son chignon. Installée dans un petit salon d'attente des locaux du FBI, elle avait été appelée comme il n'était plus si rare. Tantôt conseillère d'orientation pour les jeunes, tantôt consultante pour établir un profil psychologique au sein de la police, la jeune femme, malgré son âge, avait plus d'une corde à son arc.

Nerveuse, elle se mordit la lèvre et se racla la gorge en croisant l'autre jambe avant de jouer avec les feuilles d'une plante qui s'élevait à côté d'elle et du canapé. Et quand on amena l'agent Foster, elle se leva d'un bond, son carnet et son stylo placé devant elle alors qu'elle tendit une main vers David en le gratifiant d'un sourire.

– Bonjour, Sun Sullivan. Comment allez-vous ?

Assurément qu'il n'était pas heureux de se trouver là et Sunny n'avait eu que très peu de temps pour étudier son cas. Mais elle en savait assez pour lancer la discussion et essayer d'en savoir plus, par elle-même, sans jouer les retourne veste et les hypocrites. Elle remercia l'agent accompagnant et le laissa fermer la porte derrière eux avant d'inviter David à s'asseoir en face d'elle.

– Ne vous en faites pas, je ne mords pas.

Et par chance, ce jour-là, le temps était relativement clair.
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David Foster
David Foster
Au FBI, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’avait pas le temps de chômer. Enfin… certains plus que d’autres manifestement, vu que McNeal était en train de regarder béatement l’écran de son ordinateur tout en faisant tourner son crayon entre ses doigts. Comme si on avait du temps à perdre ! Cela dit, il venait tout juste d’arriver, il n’avait pas encore pris le rythme. Enfin, j’espérais que ça soit ça.

Je claquai des doigts sous son nez pour le faire sortir de sa contemplation.

- Hey, le Bleu ! On se réveille !

Je sais, ce n’était pas très sympa de l’appeler comme ça. Mais que voulez-vous, c’était la « tradition » tout nouvel arrivant écopait du surnom de « bleu » tant qu’un nouveau p’tit nouveau n’avait pas ramené ses fesses. J’y avais eu droit, moi aussi, pendant un an, avant que l’agent Mehan ne débarque.

- T’as les infos que je t’ai demandées ?
- Euh… Presque.

Je soupirai et retournai m’asseoir à mon propre bureau. J’avais envoyé un échantillon de la drogue qu’on avait saisie sur les docks pour la faire analyser et m’assurer que c’était bien celle qu’on « cherchait ». Ils devaient avoir les résultats maintenant. Au moment où je décrochais mon téléphone, je vis mon supérieur avancer vers moi d’un pas déterminé, le visage fermé.

- Foster, je peux vous voir une minute ?

Je suivis mon supérieur jusqu’à son bureau et refermai la porte derrière moi. Il abandonna son air distant pour prendre un air plus gêné.

- Foster, ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire. Nous avons lu votre rapport concernant la saisie des docks et la poursuite. Nous avons également lu celui de l’agent McNeal. Et certains détails nous ont sautés aux yeux. Il semblerait que vous soyez un peu sorti du cadre de votre enquête ce soir-là.

Ouais, ça, je le savais déjà. J’étais même complètement sorti du cadre. J’avais laissé mes sentiments personnels prendre le pas sur ma mission. Ce n’était jamais bon. Mais comment McNeal avait-il pu le savoir puisqu’il avait mis tellement de temps à arriver ? En même temps, pas besoin d’être observateur pour voir que j’avais dû donner plus de coups que je n’en avais reçus.

- Sauf votre respect, chef, si l’agent McNeal n’avait pas oublié de me rendre mes menottes, le suspect serait déjà sous clefs… De même s’il avait été un peu plus rapide à me rejoindre…
- Je sais tout ça, et nous allons avoir un entretien avec lui à ce sujet. Ce que je voulais vous dire c’est que, vous le savez, chaque agent est soumis à une certaine pression qu’il est bon d’évacuer. C’est pour cela que certaines de nos institutions travaillent en permanence avec des psychologues. Nous en avons déjà fait venir pour certains de vos collègues. Aujourd’hui…

Je hochai la tête, voyant déjà où il voulait en venir, et pris les devants.

- Chef, je n’ai pas…
- Foster, je vous conseille vivement d’aller la voir. C’est ça, ou la mise à pied pour quelques semaines. Que choisissez-vous ? Sachant que toute suspension sera notée dans votre dossier. Ce serait dommage que cela viennent entacher vos états de services jusqu’à présent irréprochables.

Merde, il me connaissait bien, trop bien. Il savait que face à cette menace, je plierai, forcément. Et c’est ce que j’ai fait. Il prit mon silence pour un consentement et son visage s’éclaira d’un sourire.

- Comprenez-moi bien Foster, vous êtes un agent précieux. Je m’inquiète de votre état de santé, c’est tout. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un élément comme vous. Venez, je vous accompagne.

Il me guida jusqu’au petit salon ou le psy m’attendait et me fit entrer. Aussitôt, une jeune femme s’avança vers moi en souriant et me tendit la main tandis qu’elle se présentait. J’enfonçai les mains dans mes poches dans un geste, puéril certes, mais tout à fait humain visant à lui faire comprendre que je n’avais aucune envie d’être ici.

- Et bien, si je suis ici, c’est que quelqu’un a décidé que je n’allais pas bien, n’est-ce pas ?

Je jetai un regard à mon chef qui me lança un regard d’avertissement du style « vous feriez bien de coopérer » avant de refermer la porte derrière lui. Je sortis les mains de mes poches et me laissai tomber dans un fauteuil.

- Et si on entrait dans le vif du sujet hein ? Qu’est-ce que je fais ici ?
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny était une habituée des récalcitrants, des durs à cuire, de ceux qui se pensaient toujours plus forts et jamais dans le besoin. Alors sans se sentir insultée ni brusquée par l'approche franche et acide de son "patient", elle récupéra sa main et sourit un peu plus au supérieur avant qu'il ne les abandonne à leur sort. Elle le laissa s'asseoir et fit de même en posant son carnet sur ses genoux.

_ Jamais au premier rendez-vous. C'est la règle. J'aime toujours attendre au moins le troisième avant d'entrer dans le... Vif du sujet. - Son sourire s'agrandit quelque peu - Et nous avons, je crois pas moins de cinq séances de une heure, vous et moi, étalées sur 4 semaines. Celle-ci, nous nous verrons deux fois et les suivantes, une heure par semaine. J'espère que ce vif sujet vous mettra directement dans le bain !

Taquine et mordante mais pas plus désagréable. Si en règle générale, Sunny était une femme timide, il n'en était rien dans son travail, bien au contraire. Mais l'humour était son arme favorite. Les présentations faites, Sunny entama sa séance, lançant le compteur mentalement.

_ Vous savez, beaucoup de personnes pensent que si elles viennent me voir, c'est qu'elles ne vont pas bien. C'est assez faux, en réalité car cela démontre d'un certain éveil et d'une lucidite. Les gens ont parfois besoin de parler de quelque chose qui les hante mais ne peuvent le faire avec leur entourage car il en est la cause directe. Alors ils se murent dans un silence et c'est comme un ballon rempli de gaz ! A un moment donné... - Elle leva les mains avec son stylo et mima une explosion - Boom ! Il est préférable que j'intervienne avant l'explosion, vous n'êtes pas d'accord avec moi ? Avant que les personnes aillent... Mal. Mieux vaut prévenir que guérir, non ?

Elle croisa ses doigts sur son carnet et se pencha légèrement en s'appuyant de ses mains sur ses genoux en serrant son stylo plus pour jouer avec que pour se préparer à noter quoi que ce soit.

_ Voilà ce que je pense. Je suis une 8Ball. Vous savez, ce truc en frome de boule noire de billard qu'on secoue dans tous les sens pour avoir une réponse. Et bien considérez que ça, c'est moi. Cet... objet que vous avez à disposition en écrase post-its sur votre bureau... C'est moi. Je suis là pour répondre à vos questions les plus secrètes, celles que vous refusez de partager avec les autres et la réponse que je vous donnerai ne sera connue que de vous. Brumeuse, parfois hasardeuse, elle vous aidera peut-être à réfléchir et à mieux ordonner ce qui se passe dans votre tête, si tant est que vous en ayez besoin. Vous n'aurez même pas besoin de conserver cette tête de furbiond, je suis passée maître dans le contrôle des émotions et le sourire que vous voyez là... - Elle agita un index autour de sa bouche des plus souriante - c'est la seule chose que vous verrez tout au long de nos entretiens. Inutile donc de gaspiller votre énergie, je suis un roc.

Elle haussa les épaules, amusée et visiblement bien déterminée à ne pas se laisser anéantir ni démonter par un agent dont les mains n'étaient que le théâtre d'une colère incontrôlée.

_ Alors je vous écoute ? Posez votre question et secouez-moi, nous verrons bien ce qu'il en sortira !

[Et moi qui voulais pas faire une grosse barge pour changer...]
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David Foster
David Foster
J’allongeai les jambes, posai les coudes sur mes accoudoirs et joignis le bout des doigts tandis qu’elle se mettait à parler. C’était ma position « d’analyse ». Ça pouvait sembler idiot, mais je prenais toujours cette position quand je réfléchissais, et je ne m’en rendais même pas compte. Quand elle mentionna plusieurs séances, je haussai un sourcil mais ne dis rien. C’était la procédure habituelle. Les supérieurs avaient tendance à penser, souvent à raison d’ailleurs, qu’une seule séance n’était pas suffisante pour faire le tour du problème. Ce qui signifiait que je devais en avoir un gros moi aussi. Sauf que pour le moment, je ne voyais pas trop lequel. Ouais je sais, j’avais tabassé ce type, mais il l’avait cherché. L’agent McNeal n’était pas là pour entendre ce qu’il m’avait dit. C’était une réaction un poil excessive, mais elle était justifiée. Enfin, moi je voyais les choses comme cela. Et puis bon, je savais que j’avais commis une erreur. Et je savais qu’il ne fallait pas que ça recommence. Mais d’ailleurs, était-ce vraiment pour cela que mon supérieur avait fait venir cette psy pour moi ? Quoiqu’il en soit, je ne voyais pas d’autre explication.

Je l’écoutais parler, fixant la fenêtre et plus loin, dehors. Elle disait des choses sensées, j’étais plutôt d’accord avec elle sur tout ça. Sauf que je ne me reconnaissais pas dans son discours. Je n’y trouvais pas ma place. Je ne me sentais pas « mal ». Je n’avais pas de problème particulier qui demande l’intervention d’un psy. J’avais des problèmes, bien sûr, comme tout le monde. Et j’y faisais face, seul. Je ne voyais pas en quoi son intervention pourrait m’aider. Et puis, je ne voyais pas en quoi ça concernait mon boulot. J’avais fait UNE erreur, une seule en 4 ans de service. Qui pouvait prétendre n’avoir jamais fait d’erreur ?

Je restai silencieux tandis qu’elle enchainait sur l’histoire de la 8Ball. Je voyais parfaitement de quoi elle parlait. Angie en avait une, quand elle était gamine. Et cette maudite boule ne cessait de répondre à côté de la plaque, y compris pour les questions les plus simples. Il faut dire que je n’avais pris ça assez au sérieux pour lui demander autre chose que « est-ce qu’on va avoir une pizza pour le diner ? ». Peut-être qu’Angie lui avait posé d’autres questions que ça…

Je reposai les yeux sur elle au moment où elle me parlait de l’attitude à laquelle j’aurai droit à chaque séance. Et ses paroles se firent l’écho du regard que m’avait lancé mon supérieur au moment de fermer la porte. « Vous feriez mieux de coopérer », « inutile de gaspiller votre énergie », soit. Sauf qu’il y avait une chose qu’elle semblait ne pas avoir compris.

Je secouai la tête et me mis à parler.

- Une question hein ? Faudrait déjà que j’en ai une. Le truc, c’est que je n’ai pas décidé d’être ici. On ne m’a pas laissé le choix. Alors désolé, mais je n’ai pas eu le temps de préparer ma petite liste de questions avant de venir… Ah mais si en fait, j’en ai une.

Je ramenai mes jambes sous moi, pris appui sur les accoudoirs et me penchai vers elle.

- Pourquoi je suis ici ? Concrètement. Pourquoi le FBI juge-t-il important que je vous vois ?

Je m’adossai de nouveau contre le fauteuil et la dévisageai un instant.

- Bien voyons maintenant si cette 8Ball est une arnaque ou si elle est capable de donner une réponse correcte.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny ne cessa de sourire et leva la main pour épingler ses mots dans l'air.

_ Try... Again... Later.

Elle plissa les paupières et secoua la tête en se penchant en avant, les bras croisés sur les genoux. Elle laissa quelques secondes flotter avant de reprendre dans une inspiration.

_ Agent Foster... Vous auriez tort de croire que je sais pourquoi vous êtes là. J'ai lu votre dossier, il est impressionnant ! Des faits d'arme exemplaires, des procédures respectées, pas une seule fausse note en 6 ans de service. Les gangs de la ville tremblent rien qu'à l'entente de votre nom. Alors non... Je ne sais pas pourquoi vous êtes ici. Mais votre dossier ne parle que vos faits en tant qu'agent, votre parcours. Ils ne me disent pas quelle est votre couleur préférée et si vos parents sont divorcés. Parfois, il arrive que notre vie prenne le pas sur notre travail, ça peut arriver, ce n'est pas si grave. Quand bien même je le savais... SI quelqu'un m'en avait parlé ou autre, la version qui m'aurait intéressée aurait été la vôtre et uniquement la vôtre.

Je désignai ses mains d'un geste du menton.

_ Voulez-vous commencer par me parler de ce qui est arrivé à votre main ? Ou bien à votre visage ? Ou peut-être simplement ce que vous prévoyez de manger ce soir ? Peut-être bien que vous voudriez savoir quelle est ma couleur préférée et si mes parents sont divorcés ! Une 8 Ball a des réponses vaseuses, je vous l'accorde... Mais elle sait conserver une part de magie. Allez-y, essayez-moi à nouveau ! Posez une vraie question pour changer.
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David Foster
David Foster
A ce moment-là, dans ma tête, j’entendis le bruit d’un buzzer. Celui qui était justement souvent accompagné par les paroles que Sun venait de prononcer. Je penchai la tête et la regardai avec un air désabusé. Elle ne répondrait pas à ma question. Très bien, je ne voyais pas pourquoi je devais perdre mon temps avec elle. J’avais du boulot par-dessus la tête avec ce trafic de drogue. J’avais autre chose à faire que de rester là, sur ordre de mes supérieurs.

J’esquissai un mouvement pour me lever de mon fauteuil lorsqu’elle reprit la parole. Et ce que j’entendais ne me plaisais pas des masses. Je fronçais les sourcils. Allons bon, si elle-même ne savait pas pourquoi on m’avait envoyé là, on n’était pas sorti de l’auberge. Je l’écoutai me décrire, ou plutôt décrire ce qu’elle avait lu dans mon dossier, en hochant la tête. Là, c’était bien moi, je me reconnaissais dans tout ça, même si je n’aimais pas m’en venter. J’étais un bon agent, pas de quoi en faire toute une histoire non plus, je n’étais pas le seul.

Je baissai les yeux sur ma main quand elle me la montra. C’est vrai qu’il y avait de quoi se poser des questions. On aurait que j’avais tenté de détruire un mur à main nue. Et pourtant, il n’en était rien. J’ouvris le poing, étirai mes doigts et le refermai. Je relevai les yeux sur elle. Coopérer… c’était ça ou être suspendu. Je préférai encore la première option.

- Théoriquement, je n’ai pas le droit de parler des affaires sur lesquelles je travaille. Disons, pour faire court, que j’ai essayé d’arrêter un suspect. Mais il s’est échappé.

A ces mots, je serrai le poing encore plus fort, jusqu’à ce que les jointures de mes doigts blanchissent. C’était un geste inconscient, j’étais juste en train de penser que le suspect en question ne perdait rien pour attendre, que je finirai par le retrouver. J’étais un bon agent, Sun venait de le dire. Je reportai mon attention sur elle.

- Vous voulez une vraie question ?

Je pris quelques secondes pour réfléchir et me penchai en avant.

- Pourquoi ça serait à moi de poser les questions ? C’est vous la psy non ? C’est marrant, cette habitude que vous avez, vous les psys, de ne pas poser de questions. Comment voulez-vous savoir ce qu’il se passe dans la tête de vos patients ? Celui qui venait ici, avant vous, qui s’est occupé de l’agent Thomson, il restait assis là, sans rien dire, à attendre que Thomson parle. Comment il pouvait espérer l’aider hein ? D’ailleurs, il ne l’a pas aidé. Thomson a fini par se tirer une balle dans la tête avec son arme de service.

Et oui, si elle voulait tirer quoi que ce soit de moi, elle allait devoir se mettre au travail sérieusement. Je ne croyais pas qu’un psy puisse aider qui que ce soit. Je ne leur faisais pas confiance. Pour moi, ce n’était que des espèces de « fouille-merde » (pardonnez-moi l’expression). Parce qu’ils passent leur temps à gratter, à fouiller dans votre passé pour faire remonter à la surface ce truc, qui selon eux est à la base de tous vos problèmes. Ils vous empêchent d’oublier, de faire table rase, parce qu’ils ramènent toujours votre passé sur la table. Bref, je n’aimais pas les psys, vous l’aurez compris.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny baissa les yeux sur le poing qu'il fermait avec force et de son sourire légendaire, elle demanda :

_ Vous avez tenté d'appréhender un suspect... Si seulement je pouvais voir l'autre gars, c'est ça ?

Elle tourna légèrement la tête sans le quitter des yeux, réellement curieuse de la réponse. Mais puisqu'il avait enfin une vraie question, elle se prépara. Elle se dandina légèrement sur son canapé et se frotta les mains. Elle tenait le buzzer, la question était sur le point d'arriver et elle voulait être la première à répondre. L'humour était sa façon de faire, mais c'était une technique qui marchait plus facilement chez les enfants que chez les adultes. Elle écouta toutefois attentivement, ses yeux bruns rivés dans le bleu de ceux de David. Légèrement intriguée, elle sourit un peu plus sans trop comprendre ce qu'il disait. Pourtant, elle avait posé la question pour ses mains. Mais elle pensait que les questions allaient dans les deux sens, naturellement.

A l'évocation de son prédécesseur - qui devait sûrement expliquer ce pour quoi, elle, était là à présent, son sourire aurait pu disparaître. Mais cela aurait été montrer une de ses nombreuses faiblesses, révéler une faille dans son système ce qui était pour le moins interdit. Et même, elle sourit davantage. Elle laissa de longues secondes passer à le dévisager sans rien dire avant de répondre.

_ Pour quelqu'un qui ne semble pas vouloir poser de questions, il me semble que beaucoup franchissent le seuil de vos lèvres, agent Foster.

Elle s'accouda sur un genou et posa son menton dans une main. De l'autre, elle se défit de son carnet de son stylo en les laissant sur la table pour ne se concentrer que sur l'agent avant de reprendre d'une voix extrêmement douce.

_ Vous voulez que je vous pose des questions ? Que j'essaye d'entrer dans votre tête ? Vous voulez que je trouve cette chose qui semble clocher chez vous, si j'en crois votre supérieur ? Ou bien préférez-vous que je reste là à vous observer jusqu'à ce que vous daignez lever votre propre arme sur votre propre tempe ? Saviez-vous que je pouvais parler très longtemps juste avec des questions ? Vous pensez qu'un psychologue a des pouvoirs magiques ? Avez-vous déjà songé que votre collègue n'avait peut-être pas envie d'être aidé ? Et pourquoi est-ce que vous, quand je pose une question, ne donnez aucune réponse ? Quand je vous ai demandé comment vous alliez, vous avez assumé que je connaissais déjà la réponse mais m'avez-vous répondu franchement ?

Après un temps, Sunny referma son poing sous son menton et secoua doucement la tête. Si son sourire s'effaça quelque peu, il ne disparut jamais entièrement.

_ La technique du silence ne fonctionne que sur des cas particuliers. Sur des personnes qui sont proches du mutisme et qui préfèrent s'enfermer sur elles-mêmes plutôt que de vomir le mal qui les ronge sans même espérer qu'un jour, ça ira mieux. Elle fonctionne car elle force à repousser dans ses derniers retranchements, à outrepasser ses limites, elle énerve, gratte, chatouille, agace comme une démangeaison démoniaque. On finit toujours par craquer face à un bouton de moustique. Mais ce n'est pas votre cas. Non, en ce qui vous concerne, je pense que si votre supérieur est inquiet pour vous, peut-être que vous-même n'êtes pas conscient que quelque chose vous dérange et vous pousse peut-être à agir d'une manière différente de d'habitude. Mais c'est peut-être si léger... Si infime ! Que seuls les autres s'en aperçoivent. Alors je vais vous reposer à nouveau ma question et j'espère que cette fois, vous aurez la gentillesse de me répondre aussi sincèrement que je le suis avec vous depuis que vous êtes arrivé.

Sunny se redressa et tendit à nouveau sa main vers lui, ses bracelets dansant autour de son poignet dans le geste et elle sourit plus franchement.

_ Sunny SUllivan, comment allez-vous, agent Foster ?
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David Foster
David Foster
A sa remarque, je relevai la tête avec un léger sourire. Je n’étais pas du genre à me vanter, surtout pas à ce sujet. Alors ce n’était certainement pas le genre de réplique que j’aurais pu sortir mais… Ouais, si moi j’étais déjà bien amoché, alors lui, qu’est-ce que c’était. Je n’y étais pas allé de main morte, je le savais. En même temps, il s’était montré étonnamment « résistant ». La balle que j’avais tirée n’avait pas pénétré sa cuisse comme j’aurais pu m’y attendre de tout être humain un tant soit peu « normal ». J’aperçus de la curiosité dans le regard de Sun, mais je ne lui en dirai pas plus. Autant j’estimais la raclée justifiée, autant je n’étais pas fier d’avoir pu perdre mon sang froid à ce point-là.

Elle mit un moment avant de me répondre. Et la première chose qu’elle dit n’était même pas vraiment une réponse. Tout au plus une remarque qui me fit hausser les épaules.

- Je suppose que c’est une déformation professionnelle. Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas poser de questions. Juste, que je n’en avais aucune, à la base. Mais quand on bosse pour le FBI, les questions, on les trouve vite.

Je me laissai à nouveau aller contre le dossier du fauteuil, reprenant ma « posture de réflexion » et fixant la fenêtre tandis qu’une avalanche de questions s’abattait sur moi. Je l’avais bien cherché, cela dit. Et pour autant, Sun ne semblait pas s’attendre à ce que j’y réponde. Elle les enchainait, les unes à la suite des autres, sans même me laisser le temps d’ouvrir la bouche. Et d’ailleurs, qu’est-ce que j’aurais répondu à toutes ces questions ? Ou plutôt, avais-je réellement envie de répondre à ces questions-là ?

Les questions laissèrent la place à un discours que je n’écoutais que d’une oreille. Du moins au début. La suite, cependant, m’intéressa plus. Probablement parce que j’étais directement concerné. Après tout, c’était de moi dont elle parlait. Et tout ce qu’elle me disait me faisait réfléchir. Est-ce qu’elle avait raison ? Mon chef avait-il trouvé quelque chose chez moi qui nécessitait l’intervention d’un psy ? Mais si c’était le cas, comment pouvais-je ne pas m’en rendre compte moi-même ? Je plongeai mon regard dans le sien tandis qu’elle me parlait de sincérité. OK, puisque j’allais être coincé avec elle un certain moment, alors autant essayer de rendre ça le moins désagréable possible. Qu’elle ne s’attende pas, cependant à ce que je me livre totalement. Ce n’était pas mon genre.

Je baissai les yeux sur la main qu’elle me tendait, hésitai un instant, soupirai et finis par la prendre avant de reprendre ma position initiale, cherchant comment répondre à sa question, notant également au passage que « Sun » c’était transformé en « Sunny ». C’était une question simple, je vous l’accorde. Question qui appelle une réponse somme toute aussi simple. Et je connaissais cette réponse. Ce n’était pas ça qui me faisait hésiter autant. En fait, cette question, aussi étrange que cela puisse paraitre, on ne me la posait pas souvent. Ou du moins, on ne me la posait pas vraiment, dans le but de savoir vraiment comment j’allais. C’était plutôt par politesse. Généralement, les gens enchainaient sur Angie sans me laisser le temps de répondre. « Et ta sœur, comment elle va ? ». C’était ça, la vraie question, celle qui appelait une vraie réponse. En général.

- Je vais bien. Aussi bien que je pourrais aller compte tenu du fait que ce type n’y a pas été avec le dos de la cuillère et que moi non plus.

Je faisais référence à mes mains, mes bleus sur le visage, et aussi mes côtes. Je m’étais pris un sacré coup là aussi. Pas suffisamment fort pour les casser, heureusement, mais c’était quand même douloureux.

- Mais si vous voulez mon avis, tout ceci n'est qu'une perte de temps. Pour vous comme pour moi. Il y a des tas d'agents dans cet immeuble qui auraient plus besoin de voir une psy que moi. Si tant est que vous puissiez aider qui que ce soit. Et je suis plutôt sceptique à ce sujet.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny fit une moue en récupérant sa main. Elle était plutôt fière de l'avancement des choses. D'une part car il avait souri, d'autre part parce qu'il avait cédé à lui serrer la main et à lui répondre. Ils avaient franchi un cap, ils n'étaient plus deux étrangers, à présent. David n'était pas "si" récalcitrant, après tout. Mais elle n'était pas totalement satisfaite, encore. Il manquait de coopération et cela viendrait avec le temps. Du moins, elle l'espérait.

– Le bien-être ne passe pas par le physique, agent Foster, il passe avant tout par le mental. Je suis certaine que des tas d'agents et un tas de gens en général ont besoin de quelqu'un à qui parler, il ne s'agit pas uniquement d'un psychologue mais de quelqu'un capable de vous aider à vous orienter dans la bonne direction. C'est comme...

Elle se redressa et leva les mains dans une moue de réflexion.

– Comme si vous aviez une capuche. Quand vous tournez la tête pour vérifier la route avant de traverser, elle reste immobile ! Elle vous empêche de voir où vous allez et ne vous permet pas d'assurer le contrôle de votre visibilité. Mon travail, c'est de m'assurer que vous voyez bien tout ce qui vous attend sur la route avant de traverser. Et ce n'est jamais une perte de temps. Mon travail... N'est pas une perte de temps. Acceptez une chose : je ne suis pas là pour vous sauver la vie, quand bien même j'aurais aimé faire quelque chose pour votre collègue. Je suis là pour vous aider.

Elle leva l'index.

– Et reconnaissez qu'il y a là une grande différence. La majeure partie des gens ont tendance à ne pas faire cette différence, refuser l'aide d'une personne totalement extérieure à leur environnement, ne connaissant rien du tout à leur vie et possédant par là même un sens particulièrement objectif des choses. C'est ce recul, le mien, qui me permet de ne saisir que l'essentiel des choses et donc, de ne traiter que ce qui a réellement besoin d'être traité. Entrer dans le vif du sujet maintenant serait une perte de temps, en revanche. D'une part parce que je ne suis pas certaine de savoir réellement ce qu'est le vif du sujet, d'autre part parce qu'une zone d'ombre ne se recouvre pas en sautant dedans à pieds joints. Si je vous propose de me poser des questions, c'est parce que je sais que la plupart des gens se plaignent que les psy se contentent d'écouter, bla bla bla...

Elle roula des yeux en agitant ses doigts dans l'air avant de soupirer et reporta son attention sur l'agent. Il y avait quelque chose dans son regard, elle le lisait mais n'en comprenait pas le sens. Il lui faudrait assurément plus d'une séance pour ça. Puis, elle leva son index en le faisant danser entre elle et David.

– Mais c'est intéressant ce que vous dites. Notre entretien, ce... Petit tête à tête, serait une perte de temps pour vous comme pour moi. Mais vous ne relevez que le fait de voir un psy alors que vous avez sûrement des enquêtes en cours. J'apprécie réellement que vous vous souciez de mon précieux temps mais je vous invite à revoir les choses dans l'autre sens.

Elle se leva et lui indiqua de faire de même, insistant d'un regard et d'un haussement de sourcils pour qu'il prenne sa place et elle la sienne. Elle agita sa main d'un geste répétitif jusqu'à ce qu'ils aient échangé leur position. Elle se réinstalla et prit la même position qu'il affectionnait, sa tenue "d'analyse".

– Une autre perspective, n'est-ce pas ? Vous êtes passionné par votre travail, Agent Foster, je le suis également. Je me mets à votre place une seconde et je me dis "Cette satanée petite blonde m'empêche d'aller arrêter des méchants bonhommes". "Je voudrais qu'elle me laisse pour retourner travailler, j'ai besoin de travailler." Dans une inquiétude omniprésente, j'en viens même à me dire "Je voudrais sauver le monde et au lieu de ça, je suis là, assis à devoir écouter déblatérer une gamine de 24 ans qui croit mieux connaître le dit monde que moi."

Lentement, elle se redressa et croisa les doigts en s'accoudant sur ses genoux pour se pencher vers lui. Elle inspira profondément, son sourire plus faible mais toujours là, malicieux.

– Selon vous... Si vous étiez moi, à quoi penseriez-vous ? Ne pensez-vous pas que... Quelque part ? Nous raisonnons de la même façon ? A la différence que je n'ai pas été convoquée et qu'aujourd'hui, mon bonhomme, c'est vous. Et que mon monde... C'est vous aussi. C'était quand la dernière fois que quelqu'un vous a considéré comme... Son monde ?
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David Foster
David Foster
Je l’écoutai sans l’interrompre, notant mentalement les réponses que j’avais à lui faire. Cette fille avait un sacré débit de parole. Elle, au moins, on ne pouvait pas l’accuser d’être un de ces psys qui ne décrochent pas un mot pendant une séance. Elle parlait presque trop, en fait. Mais à vrai dire, ça m’arrangeait, parce que tant qu’elle parlait, moi, je pouvais garder le silence.

Je profitai néanmoins d’un de ses rares moments de silence (celui ou elle se mit à rouler des yeux en agitant ses doigts dans tous les sens, n’importe qui débarquant pile à ce moment précis l’aurait prise pour une folle…) pour faire le point sur certaines des choses qu’elle avait dites.

- Alors d’une, mon mental va très bien lui aussi. Merci de vous en inquiéter. Et de deux, effectivement, on a tous besoin de quelqu’un pour nous remettre sur les rails, et j’ai déjà trouvé cette personne. Et elle fait son boulot aussi bien qu’elle le peut. Donc… je n’ai pas tellement besoin de vous n’est-ce pas ?

La personne en question, c’était ma sœur. Avec sa vivacité et son franc-parler, elle avait parfois tendance à dire des vérités que je n’aimais pas entendre. Mais je devais reconnaitre que, de temps en temps, elle avait raison. Et ce qu’elle me disait me faisait réfléchir. Enfin, quand j’avais envie de l’entendre, ce qui n’était pas toujours le cas.

- Alors bien sûr, il y a des trucs dont je préfère ne pas lui parler, mais ce sont des trucs dont je ne veux parler à personne et vous ne ferez pas exception.

Je la suivis du regard tandis qu’elle se levait et, pendant une fraction de seconde, je sentis naitre l’espoir que la séance était déjà terminée. Sauf que ce n’était pas le cas, bien sûr. Je la regardai quelques secondes sans comprendre ce qu’elle me voulait. Et puis ça fit tilt. Je me levai en soupirant et m’installai à sa place. Et elle se remit à déblatérer, et moi à l’écouter, attentivement. Soyons clairs, je n’avais pas la moindre envie d’être ici, mais ses paroles étaient plutôt pertinentes. J’avais l’impression, par moment, qu’elle me perçait à jour. Comme si elle pouvait lire dans mon esprit. C’était à la fois dérangeant et… fascinant. Et j’étais curieux de savoir jusqu’où elle pouvait lire en moi.

- Je n’ai pas la prétention de sauver le monde. Je n’en suis pas capable. Je veux juste essayer de…. l’améliorer.

Mais elle avait repris la parole. Décidément, elle ne s’arrêtait jamais ? Que penserai-je si j’étais à sa place ? Aucune idée, je n’y étais pas. Ou plutôt, je me dirais certainement que mon « patient » n’avait manifestement pas la moindre envie d’être là. Et comme elle l’avait si bien dit, on ne peut pas aider les personnes contre leur gré. Quant à savoir si nous raisonnions de la même façon, je haussai un sourcil interrogateur. Moui, peut-être. Enfin, pour moi, ce n’était pas flagrant. Sa dernière question, en revanche, me laissa perplexe. Je portai ma main à mon menton et fronçai les sourcils tout en réfléchissant à la réponse que je pourrais lui donner.

- Je n’en sais rien. Tout dépend de ce que vous entendez par là. Mais j’imagine que je n’ai jamais cessé de l’être pour au moins une personne.

Je haussai les épaules. Qu’est-ce que c’était que cette question ? Qu’est ce qu’elle cherchait à savoir avec ça ? Où voulait-elle m’emmener ? Je ferai bien de me méfier et de faire attention à ce que je lui répondrai à l’avenir.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny sentit bien qu'elle avait touché quelque chose mais sans savoir quoi. Avait-elle éveillé son intérêt ou juste une curiosité ? Quoiqu'il en soit, elle l'écouta attentivement sans le quitter des yeux. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui livre des secrets. En tout cas, pas dès la première séance. Et pourtant, sans qu'il s'en soit rendu compte, il en était venu à parler de lui. Tout seul. Quand elle posa sa dernière question, elle mit son menton dans le creux de sa main pour entendre la réponse. Les genoux croisés, légèrement penchée en avant, il y avait pourtant une part d'elle qui s'ennuyait. Un petit quelque chose. L'agent Foster n'était pas un cas particulier, il était juste... Un autre flic qui avait pété un plomb et s'était défoulé sur un suspect, quelle originalité. Néanmoins, elle traitait chaque personne de la même façon. Et David ne ferait pas exception. Elle releva légèrement le menton pour libérer ses doigts et les faire tourner en l'air en acquiesçant.

– Cette personne, pour qui vous êtes tout un monde, c'est la même que tout à l'heure ? Celle qui vous aide à garder le cap mais à qui vous ne dites pas tout. Qui est-ce ? J'imagine que vous ne lui parlez pas toujours de votre travail qui doit être difficile à comprendre pour les personnes ne vivant pas les mêmes expériences que vous. Que lui dites-vous, alors ?

Il était amusant de voir à quel point Sunny était à l'aise avec les adultes et nettement moins avec les enfants . Encore que les femmes la mettaient souvent mal à l'aise avec leur regard inquisiteur. Malgré tout, elle était incapable d'expliquer pourquoi les hommes ne l'intimidaient pas autant. Elle était pourtant franchement timide mais ça, c'était surtout face à un homme qui lui plaisait. Elle ne se trouverait jamais suffisamment bien pour eux. David, quant à lui était totalement insignifiant, c'est ce qui la rendait si... souple et avenante. C'était un agent qui ne connaissait rien de sa vie, qu'elle n'avait nul besoin d'impressionner. C'était un travail. Rien de plus. Et là où les émotions n'avaient pas à prendre le pas, alors Sunny était une implacable personne. Mais pour le reste, rien n'était moins sûr. Elle se sentait en sécurité, ici.
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David Foster
David Foster
Je ne répondis pas. Pas tout de suite. Allez savoir pourquoi, j’avais l’impression que cette question était comme un piège, une toile d’araignée dans laquelle je risquai de me prendre. Je n’avais pas envie de parler d’Angie, parce que je savais que cela amènerait certainement une autre question, puis une autre. Et connaissant les psys et leur méthode, en un rien de temps, elle serait la cause de mon problème. A condition que j’aie un problème et ça, ça restait à prouver.

Néanmoins, Sunny n’aurait aucun mal à faire le lien avec ma sœur. Mon supérieur la connaissait, mon coéquipier également, j’avais sa photo dans mon portefeuille et j’étais persuadé qu’elle était mentionnée dans mon dossier. Il aurait été idiot de ma part de croire que j’arriverai à garder le mystère la dessus alors... Je me levai et m’approchai de la fenêtre. J’enfonçai mes mains dans mes poches tandis que je regardai dehors. Je n’aimais pas cette vue. Je n’aimais pas la ville haute en général. Avec ses grattes-ciels, je la trouvai étouffante. Je préférai largement la ville médiane. Beaucoup disaient qu’elle était ennuyante à mourir. Mais j’aimais son côté « banlieue ». Ca avait  quelque chose de plus chaleureux, plus familial. Je pris une profonde inspiration et relevai la tête.

- C’est ma sœur.

Je n’ajoutai rien d’autre durant quelques secondes. Inutile de préciser que je ne lui parlais pas de mes enquêtes. Pour la simple et bonne raison que c’était interdit. Parler d’une affaire avec quelqu’un d’extérieur au bureau, c’était prendre le risque qu’il y ait une fuite quelque part. Je faisais confiance à Angie, mais je respectais le protocole. Sans compter que lui en parler risquait de la mettre en danger. Alors je ne lui parlais pas de mon travail. De la même manière que je faisais mon possible pour que mes suspects n’entendent jamais parler d’elle. Je ne voulais pas qu’on l’utilise contre moi.

- On se parle de presque tout… On a nos propres sujets de conversation, qui ne regardent que nous d’ailleurs.

Je tournai la tête vers Sunny et lui jetai un regard d’avertissement. Un regard qui pouvait signifier « pas de questions à ce sujet ». Restait à savoir si elle était capable de décrypter ce genre de regard. Je regardai à nouveau droit devant moi, soupirai et posai mon front contre la vitre. Angela était vraiment la dernière chose dont je voulais parler avec cette psy.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Malheureusement, le travail de Sunny était de poser des questions. Et David avait un problème. C'était très clair, maintenant. La façon dont il s'était levé, le temps qu'il avait pris à répondre, son comportement face à la vitre, la jeune femme savait à présent qu'elle avait trouvé quelque chose. Il ne restait plus qu'à creuser. Bien sûr que son dossier mentionnait sa soeur mais il ne disait rien de plus. Et Sunny était d'un naturel curieux. Heureusement, diriez-vous. Dans un premier temps, elle ne dit rien, se contentant de l'observer des fois qu'il ait autre chose à dire et qu'il laisse un nouvel indice. Et puis, elle reprit.

– Vous avez l'air très proche de votre soeur. J'ai un frère jumeau alors je peux parfaitement comprendre.

Le regard lancé par David, elle l'ignora totalement. Ce n'était pas à lui de décider ce qu'elle pouvait poser comme question... Ou non.

– Elle vit ici ? A Megalopolis ?

Son propre frère vivait si loin qu'ils s'appelaient au moins une fois par jour ou bien s'envoyaient des mails. Ils n'étaient pas "proches" dans le sens qu'entendaient les gens en général quand il s'agissait de jumeaux mais leurs pouvoirs les rapprochaient plus que n'importe qui d'autre. Mais ces derniers temps, le travail prenait encore plus le pas sur la vie qu'avant. Il tournait comme une obsession dont elle ne pouvait se défaire, comme un carburant.

– Vous la voyez souvent ?
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David Foster
David Foster
Et voilà, c’était bien ce que je craignais. En même temps, je l’avais bien cherché. C’était moi qui avais parlé d’elle en premier non ? « Coopérez » avait dit mon chef. Tu parles, j’aurais mieux fait de ne pas répondre à ses questions. Mais il y avait quelque chose qui me poussait à le faire quand même. Et ce n’était pas Sun, ni sa façon de les poser, ni mon éventuel besoin de parler, non c’était juste la crainte qu’elle mentionne dans son rapport que j’étais trop récalcitrant. Rapport qui serait remis à mon chef, qui justement m’avait bien fait comprendre tout l’intérêt que j’avais à coopérer.

Je détachai mon front de la vitre et me perdis dans la contemplation du ciel. Sun aurait pu croire que je n’avais rien entendu de ses questions, ou que je les ignorais. En réalité, je faisais le tri entre ce que l’agence savait déjà à propos d’Angie et ce qu’elle ignorait. Tant que je me contentai de dire des choses déjà avérées, ça irait. Certainement. Sauf que je n’étais pas à l’abri de tomber dans un piège, d’en dire plus que ce que je ne voulais réellement en dire. J’avais appris les méthodes d’interrogatoires, je les maîtrisais à la perfection, j’aurais été capable de les reconnaître à des kilomètres à la ronde si on les utilisait contre moi. Mais cette psy, avait-elle les méthodes que nous ?

Répondre à la première question était devenu superflu maintenant qu’elle avait posé la seconde. Je me détournai de la fenêtre et m’y adossai avant de lui répondre.

- Presque tous les jours. On habite ensemble. Et on est très proches, oui. Autant qu’un frère et une sœur peuvent l’être, j’imagine.

Ca, tout le monde le savait. C’était des éléments que je pouvais donner sans prendre trop de risques. Restait à savoir ce qu’elle allait en tirer. Je fronçai les sourcils et croisant les bras, attendant la prochaine question. En même temps, mon cerveau tournait à plein régime. Il fallait que je trouve une parade, ou cas où sa question ne me plairait pas, un truc qui me permette de détourner la conversation. Je jetai un bref coup d’œil à ma montre. Où en étions-nous dans la séance ? Avec un peu de chance, l’heure était presque terminée.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny haussa les épaules dans une moue dubitative.

– Je connais des frère et soeur qui ne sont pas si proches. J'en connais même qui ne s'aiment pas. C'est une variante, un peu comme la dose de sucre que vous mettez dans votre café ou... si vous préférez votre dessert avec ou sans crème fouettée synthétique.

Elle se secoua d'un léger rire et le désigna finalement du menton, les mains croisées sur les genoux.

– Vous voulez que je vous donne une astuce pour semer un psy ? Je n'en suis pas réellement un donc malheureusement, ça ne peut pas totalement marcher sur moi mais si je peux vous donner un conseil : Si vous ne voulez pas que l'on parle de votre soeur alors ne le dites pas. Ne vous éloignez pas et ne montrez pas une part de lassitude dans vos gestes et votre voix. Vous ne faites qu'attirer l'attention et révélez qu'il y a effectivement quelque chose qui ne tourne pas rond de ce côté là. N'essayez pas non plus d'être sur la défensive ou de lancer des regards entendus, vous ne faites qu'envoyer des signaux de fumée. Si vous voulez vous en sortir, la meilleure solution est de rester là. A côté, de répondre calmement sans vous laisser envahir par vos émotions. Ne jouez pas les durs, vous ne faites qu'attiser encore plus la curiosité. Ne jouez pas les tendres non plus car un psy sait qu'un agent de police n'est pas là de son plein gré et ne peut donc être entièrement coopératif.

Elle ouvrit les mains et haussa à nouveau les épaules avant de montrer ses lèvres toujours souriantes, prouvant par là que quoi qu'il arrive, elle serait toujours de bonne humeur. Du moins, si la météo ne décidait pas de changer d'une seconde à l'autre ce qui était sa hantise, même si elle arrivait à me le contrôler aujourd'hui qu'avant.

– Je ne sais toujours pas ce qui cloche chez vous ! Mais maintenant, je sais où chercher. Parce qu'il y a visiblement quelque chose qui vous travaille, qui vous hante et moins vous aurez envie d'en parler, plus je vous agiterai ma 8Ball sous votre nez. Inutile de regarder votre montre, agent Foster, si vous n'êtes pas encore sorti d'ici, c'est parce que l'heure n'est pas terminée, j'ai un timer dans la mienne et je peux vous garantir que je ne suis pas du genre à prendre sur le temps de quelqu'un d'autre. Sauf cas d'urgence, bien sûr ! Mais... Vous n'en êtes pas une, pas vrai ? D'urgence...

Elle fronça les sourcils en le dévisageant.
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David Foster
David Foster
C’était à mon tour d’hausser les épaules. Evidemment que certains frères et sœurs ne s’entendaient pas aussi bien qu’Angie et moi. J’avais assez souvent entendu, de la part de nos proches, que notre relation était plutôt exceptionnelle. Certains disaient même qu’on était comme des jumeaux nés avec 3 ans d’écart.

Je croisai les bras tout en l’écoutant parler.

- Ok, merci du conseil, je m’en souviendrai. Mais vous faites fausse route. Je n’ai pas le moindre problème avec ma sœur, si c’est là que vous voulez en venir. C’est… juste ma sœur. Certains disent qu’on est peut-être trop proches, mais en quoi être proche de quelqu’un fait que quelque chose ne tourne pas rond ?

Je décroisai les bras, enfonçai les mains dans les poches et plongeai mon regard dans le sien.

- Et je ne joue pas les durs. Je suis comme ça, c’est tout. Je ne suis pas plus dur ou plus tendre qu’un autre. Ca attise votre curiosité ? Dommage pour vous parce que je ne suis pas le genre qui révèle ses secrets à une inconnue. C’est pas une question d’être coopératif ou pas, même s’il est clair que je n’ai pas tellement envie de l’être. C’est une question de nature, je dirais.

Je soupirai et secouai la tête.

- Ecoutez, soyons clairs, je n’ai aucune envie de répondre à vos questions. Seulement, j’ai une suspension qui me pend au nez si je ne le fais pas. Alors non, je ne suis certainement pas des plus coopératif, mais je ne suis pas non plus assez idiot pour risquer de devoir rendre mon badge, même si cela ne doit être que momentané. Donc… je répondrai à vos questions, mais je me réserve le droit de choisir lesquellesi.

Elle reprit la parole et je l’écoutai en secouant la tête. Elle savait où chercher ? J’en doutais. Mais j’avais comme l’intuition qu’elle ne me lâcherait pas. Il valait peut-être mieux que je l’oriente vers autre chose. Je ne voyais pas quoi, mais bon, c’était elle la psy non ? Même si apparemment, elle n’en était pas une vraie. Je soupirai et revins m’asseoir face à elle.

- Vous voulez vraiment me trouver un problème ? Allez-y, mais vous ne creusez pas au bon endroit. Je vous le répète, je n’ai aucun problème avec ma sœur. En revanche, j’en ai un avec ceux qui lui cherche des histoires. Mais je ne ferais pas correctement mon boulot de frère si ce n’était pas le cas.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny resta silencieuse. Elle le dévisagea sans rien dire, ses yeux dans les siens et un léger sourire sur ses lèvres. Peut-être était-elle de ces psys qui ne disent rien, finalement. Ou peut-être pas. Elle inspira profondément et se laissa aller dans le fond de son siège.

_ Vous n'êtes pas là de votre plein gré. Vous avez visiblement décidé d'être au-dessus de votre supérieur, de moi, et du reste du monde. Nous avons tous un problème. Vous n'êtes coopératif que parce qu'un blâme vous pend au nez pour avoir appréhender un suspect en lui tirant dessus sans preuve fondée qu'il soit un suspect dans votre enquête et ce, en ayant travaillé à ses côtés en tant qu'infiltré pendant plusieurs jours. Vous avez dépassé les limites une fois dans votre vie et aujourd'hui vous êtes là... En face de moi... A me répéter que tout va bien et que vous n'avez aucun problème.

D'un signe de tête et sans jamais perdre son léger sourire une seule seconde, elle lui indiqua la sortie. Puis, elle reprit d'une voix extrêmement calme.

_ Revenez me voir lorsque vous aurez décidé d'accepter qu'il y a effectivement quelque chose qui ne va pas et que vous avez besoin de conseils de quelqu'un suffisamment objectif pour vous aider à y voir plus clair et à trouver des solutions qui n'incluent pas de tirer sur un homme dont vous ignorez tout avant de manquer de vous briser les phalanges sur lui. Allez-y... Je ne me vexerai pas, vous n'êtes pas un cas particulier. Les séances n'ont pas de limite dans le temps ni de date butoire. Revenez lorsque vous aurez compris que je ne suis pas votre ennemie.

Après une seconde, elle ajouta même.

_ Si ce n'est pas votre cas, c'est le mien. Je suis une dure à cuire. Et je n'abandonne jamais.
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David Foster
David Foster
Je levai les yeux au plafond, excédé.

- Je n’ai jamais dit que je n’avais aucun problème. Evidemment, tout le monde en a. Mais je ne vois pas de problème assez sérieux pour qu’on m’envoie devant un psy... ou du moins, rien que je ne puisse régler tout seul.

Et puis elle se mit à parler de ce fameux docker sur lequel j’avais tiré.

- Ah… c’est donc ça ! Ca y est, je comprends pourquoi je suis là. Mon rapport n’a pas convaincu mon supérieur et il vous a engagée pour savoir ce qu’il s’était réellement passé ?

Je me penchai en avant.

- Il a pris la fuite en plein milieu d’une saisie de drogue et juste avant qu’on ne commence le contrôle des puces. Une telle attitude est forcément suspecte. Soit il était impliqué, soit c’était un clandestin. Tant qu’on n’en sait pas plus, on ne peut pas se permettre, dans une enquête de cette envergure, de laisser échapper quelqu’un qui pourrait détenir les informations qu’il nous manque pour aller plus loin. Sans compter que si effectivement, il avait un lien avec cette affaire de drogue, il préviendrait tout le cartel qu'on n'était plus très loin, et tout serait à recommencer à zéro. Alors oui, je lui ai tiré dessus, pour l’arrêter, parce qu’il n’avait répondu à aucune de mes sommations. J’aurais préféré ne pas avoir à le faire, mais je l’ai fait. J’ai fait mon boulot, rien de plus. Et notez que je n’ai pas tiré n’importe où. Il s’en remettra vite. Beaucoup d’agents ne font pas forcément attention à ce détail !

Je me reculai contre le dossier du fauteuil.

- Pour le reste, je n’ai pas frappé le premier. Et je n’aurais jamais eu à le faire si le Bleu m’avait rendu mes menottes en même temps que ma plaque et mon arme. Alors oui, je me suis peut-être un peu trop bien défendu. Mais à vrai dire, j’avais mes raisons, vous n’étiez pas là. Il se trouve d’ailleurs que même mon coéquipier n’était pas là. Si seulement, il avait fait son boulot correctement, celui-là, on n’en serait pas là aujourd’hui. Vous croyez quoi ? Que je suis une espèce de brute c’est ça ? Et bien non, pas tant que je peux l’éviter. J’ai fait assez de mal comme ça autour de moi. J’encaisse plutôt bien les provocations en général, tout le monde ici vous le dira. Mais quand on touche à ma famille, on me trouve.

Elle m’avait indiqué la sortie mais j’avoue qu’à ce moment précis, je n’avais plus vraiment envie de sortir. Maintenant que je savais pourquoi on l’avait fait venir, c’était beaucoup plus clair pour moi. J’avais l’impression d’être le dos au mur, je ressentais le besoin de me défendre, de me justifier. Je n'étais pas énervé, j'étais plutôt comme un animal pris au piège qui cherche un moyen de sauver sa peau.
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
Sunny ne bougea pas de sa position. Elle le toisa mais ne réagit pas. Son sourire de circonstance resta figé bien qu'il n'illumina pas son visage. La force de justification la laissa sans voix, l'agent Foster avait visiblement très envie de raconter son histoire pour que quelqu'un lui dise peut-être qu'il avait raison.

– Non, agent Foster, je suis là parce que votre comportement inhabituel inquiète. Je suis là pour découvrir ce qui se passe et vous aider à y remédier afin que ce genre d'incidents ne se reproduise plus. Cependant, je ne vous ai jamais demandé de vous justifié, ce que vous faites de votre plein gré, comme quoi, finalement, il y a peut-être une part de vous qui souhaiterait discuter avec moi.

Sunny l'imita en se redressant sur son siège mais resta droite en croisant les genoux avant d'acquiescer.

– Vous avez sommé cet homme sans raison valable. Combien étaient-ils à s'enfuir ce jour-là mais vous avez suivi celui-ci ? Vous avez eu plusieurs jours, semaines même, pour lever le voile sur cette affaire de drogue et à aucun moment cet homme n'a fait partie de vos suspects. Vous n'en parlez même pas dans votre rapport mais quand il s'enfuit, vous... - Elle ouvrit les bras dans une moue dubitative - ouvrez le feu ! "Il s'en remettra vite" qu'en savez-vous ? Vous l'avez accompagné à l'hôpital ? Ah non, il s'est enfui. Malgré l'état de vos mains et si vous n'êtes pas en reste, il semblerait qu'il soit plutôt résistant en effet mais vous avez établi un jugement et entamé une poursuite... Qui ne relevait pas de votre travail. Votre travail, c'était ce cartel de drogue. Une brigade de police était là et vous saviez qui étaient les hommes suspectés de trafic. Agent Foster, je me fiche éperdument de ce qui s'est passé ce soir-là. Mon intérêt n'est pas de savoir si oui ou non votre rapport est complet mais bien de comprendre ce qui vous a poussé à agir en dehors de vos habitudes.

Elle se laissa retomber dans le fond de son siège et désigna la porte d'un geste ample du poignet.

– Vous pouvez sortir. A moins que vous ayez autre chose à me dire, de votre plein gré, concernant tout ce mal que vous faites autour de vous et ce que votre famille a à voir là-dedans. Je vous le répète : si vous ne travaillez pas avec moi, revenez quand ce sera le cas. Je n'ai aucune envie de parler dans le vide pendant une heure. Et je m'en voudrais de vous... Faire perdre votre temps.

Elle haussa les sourcils et insista sur la sortie. C'était pourtant ce qu'il voulait, non ? Sortir d'ici, être loin d'elle. Ne plus avoir à subir un interrogatoire, ni se sentir pris au piège. C'était elle la méchante, non ? Elle lui rendait pourtant sa liberté. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était avoir l'impression d'être à contre-sens face à un petit malin qui se pensait plus fort que les autres à croire qu'il n'avait pas besoin d'un psy ce qui, visiblement, était pourtant son cas.
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David Foster
David Foster
Je l’écoutai et la regardai sans comprendre. Elle me parlait d’une affaire qui ressemblait beaucoup à la mienne, mais… sans être la mienne. Elle me parlait avec force, comme si elle savait ce qu’il s’était passé et en même temps, il y avait plusieurs choses qui ne concordaient pas avec ce que j’avais réellement vécu. Je fronçai les sourcils et laissai passer quelques secondes avant de prendre la parole.

- Vous êtes sûre que vous avez lu le dossier ? Parce que, c’est marrant, ce que vous décrivez, ça ressemble à mon enquête, mais on dirait que ce n’est pas la même. Il vaudrait peut-être mieux que je vous remette dans le bon contexte avant que vous ne continuiez à dire que j’ai agi de la sorte sans raison.

Je laissai à nouveau passer quelques secondes, comme si je réfléchissais à la meilleure façon de raconter une histoire, pour qu’il ne manque rien. Théoriquement, quand on était sur une enquête en cours, rien ne devait sortir de nos bureaux, il fallait éviter les taupes. Mais elle était semblait être plutôt bien au courant, même si finalement, il y avait plusieurs éléments avec lesquels je n’étais pas d’accord.

- Ca faisait des semaines qu’on stagnait sur cette enquête. Pas le moindre indice, rien. Ce réseau était… semblait imprenable. Ils ne faisaient pas la moindre erreur. Et puis la semaine dernière, la police a arrêté un dealer qui était en possession de la même came que celle qu’on fournie par le cartel. La semaine dernière seulement, pas avant. Le Bleu a réussi à le faire parler. Il a obtenu deux informations importantes : la date de la prochaine livraison et le lieu. La première piste qu’on avait depuis le début ! McNeal n’est pas doué sur le terrain, mais il semble en revanche être parfaitement capable de mener un interrogatoire…

A ce stade de mon histoire, j’esquissai un léger sourire. Mon coéquipier n’était, certes, pas le meilleur coéquipier dont j’aurais pu rêver, mais il avait quand même des qualités.

- On avait un lieu et une date donc. Il nous manquait juste l’heure de livraison et le nom du bateau. Il nous fallait un agent sur place pour s’assurer qu’on interviendrait au bon moment. Ni trop tôt pour tout faire capoter, ni trop tard. Et c’est moi qui ai eu ce rôle. Je me suis fais embaucher sur les docks la veille de la livraison. J’ai donc eu… deux jours, tout au plus, pour apprendre à connaitre tous les dockers. Reconnaissez que deux jours, c’est peu pour établir une liste de suspects fiables sans se faire repérer. Quand on est intervenu, on ne savait pas vraiment qui était impliqué et qui ne l’était pas.

Je croisai les bras et étendis les jambes devant moi, regardant à nouveau la fenêtre comme si j’étais plongé dans mon histoire. En réalité, je revivais cette soirée dans ma tête, je visualisais chaque détail pour ne rien louper.

- Cinq hommes ont pris la fuite ce soir-là. Et la première chose qu’on vous apprend à l’école de police comme à l’académie du FBI, c’est qu’un homme qui fuit a très probablement quelque chose à se reprocher. Ces cinq hommes ont tous été poursuivis par un agent de police. J’ai pris celui qui était le plus près de moi et que personne d’autre ne semblait avoir remarqué. Les quatre autres ont été arrêtés. Trois d’entre eux n’étaient que des clandestins sans aucun rapport avec le trafic, j’ai demandé à ce qu’on les laisse partir. Le quatrième quand à lui a été coffré.


Je décroisai les bras et me redressai dans mon fauteuil.

- Vous dites que ceci ne fais pas partie de mes habitudes ou de mon travail ? Alors j’ai deux choses à vous dire. Un : vous ne me connaissez pas et je doute que ce qui est inscrit dans mon dossier soit suffisant pour ça. Deux : vous devriez revoir les fiches de poste du FBI, notre travail, avant toute chose, c’est d’arrêter les malfaiteurs.


Ceci étant dit, je me levai de mon fauteuil et me dirigeai vers la porte. Puisque je n’étais plus obligé de rester avec elle, pourquoi je me forcerai ? Il était clair que j’avais mieux à faire. Avant de sortir, cependant, je me tournai vers elle, pour éclaircir un point, poser une dernière question.

- Dites-moi, Mademoiselle Sullivan, qu’est-ce qui vous fait dire que je ne travaille pas avec vous ? J’ai pourtant répondu à vos questions. Avec sincérité qui plus est, ce que je n’étais pas prêt à faire quand je suis rentré dans cette pièce.  Mais peut-être que mes réponses ne vous plaisent pas ? Vous vous êtes déjà dit que c’était peut-être que vos questions n’étaient pas les bonnes ? Ah mais non, c’est vrai, vous n’êtes pas « vraiment » un psy. Comment vous pourriez le savoir ?


Je n'attendis pas de réponse, j'ouvrir la porte et sortis de la pièce.



[HJ, j'ai une idée pour faire revenir David. Est-ce que je peux faire intervenir Angie le temps d'un post ou deux ?]
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Sunny Sullivan
Sunny Sullivan
[Non, ce sera pas nécessaire, de toute façon, c'est pas plus mal parce que je vais pas pouvoir des masses RP cette semaine.]

A nouveau, Sunny l'écouta mais d'une seule oreille. Elle ne quitta pas des yeux pour ne pas avoir l'air ennuyée mais comme elle l'avait dit : son affaire, elle s'en fichait, ce n'était pas pour ça qu'elle était là, et il faisait totalement fausse route. De plus, elle ne faisait que ce pour quoi on la payait, c'est à dire : trouver ce qui inquiétait le supérieur. Et non seulement David éludait les véritables questions, se cachant derrière son apparente coopération mensongère, mais en plus, il s'énervait assez facilement. Et il se justifait. Encore et encore. Quand il se leva, Sunny le suivit du regard, toujours silencieuse. Elle n'était pas une "psy" à proprement parler dans la mesure où elle n'en avait pas vraiment le titre. Elle avait fait ses études, oui mais ce n'était pas ce vers quoi elle s'était tournée. La psychothérapie était plus un "hobbie" que son métier. Néanmoins, cela n'enlevait rien à ses talents et à ses yeux de lynx en ce qui concernait autrui. Autre chose que Sunny ne supportait pas, c'était qu'on pose un milliard de questions - le tout en vous "insultant" quelque peu, avant de s'enfuir. Parce que selon elle, c'était ce qu'il faisait. Elle se leva d'un bond quand il fut sorti et ouvrit d'autant plus la porte pour crier dans le couloir.

– Agent Foster, je vous laisse une semaine pour revenir me parler de ce que vous faites aux autres et de qui a touché à votre famille ! Sinon ce sera moi qui vous convoquerai. Vous m'entendez ? Je n'abandonne pas !

Et elle le ferait. Il ne lui faisait pas peur et elle avait un travail à accomplir pour lequel elle était là. Elle leva une main sans jamais s'être séparée de son sourire.

– Je vous attends !
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