2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Maddie/Ulysse] Welcome to Megalopolis

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Ulysse Ashkevron
Ulysse Ashkevron
Mars 2074


Le déménagement avait été plutôt rapide. Il faut dire qu'il n'y avait pas grand chose à emporter. Ulysse avait laissé à Jeff son ami de longue date le soin de vendre ses quelques meubles encombrants et d'utiliser l'argent pour les obsèques de Darla.

Darla... Non il ne voulait pas y penser. Depuis qu'elle avait été tuée, Ulysse était particulièrement silencieux, plus acharné encore dans le travail et taciturne comme jamais. Puisque la dernière enquête sur laquelle ils avaient travaillé ensemble les conduisaient à Megalopolis, il n'avait pas hésité à demander la permission d'y aller et à démissionner lorsqu'on le lui avait refusé. C'était une question d'honneur et de respect, il ne laisserait personne résoudre le mystère de l'enlèvement de ce gosse à sa place, pas quand sa partenaire s'était faite descendre pour obtenir les infos d'un indic.

Ulysse sortait de la douche. L'appartement meublé sommairement était plutôt agréable même si cela lui était égal. Il avait évité les motels miteux de la Ville Basse uniquement pour ne pas avoir à subir les réprimandes infatigables de sa soeur cadette. Il ne voulait pas non plus que sa chambre soit visitée, certaines informations qu'il transportait lui paraissant trop sensibles pour prendre le risque d'être égarées dans un vulgaire cambriolage.

L'homme passa un tee-shirt et un jeans élimé à bien des endroits et se laissa tomber sur le canapé, une serviette dans la main, se massant énergiquement le cuir chevelu pour se sécher les cheveux. Plus machinalement que par réel intérêt, il alluma la télévision sur la chaîne info. Aussitôt, un brouhaha sortit de l'appareil ; à propos d'une quelconque rencontre sportive. S'il y avait une nouvelle information sur le cas Novak, les journalistes y viendraient plutôt rapidement.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
J'ai garé ma moto près de l'accueil du petit hôtel avant d'en descendre et de retirer mon casque. En me dirigeant vers le guichet, j'ai ramené des mèches de cheveux en arrière. La veille, Reese avait volontairement convoqué les têtes de l'Underground, sauf moi, sous prétexte que je n'étais pas là quand il a appelé les autres. Je savais pourquoi il m'a écartée, je savais aussi qu'à ce moment-là, nous ne nous étions encore jamais autant disputés. Mais vous savez, dans l'Underground, ça parlait plus qu'il n'y paraissait. Je n'avais pas tardé d'apprendre cette petite réunion de crise et l'arrivée en ville du frère de Maybel. Je l'avais laissée partir à Seattle avec Camy pour la simple et bonne raison que je ne supportais pas l'avion. Mais je n'étais pas forcément pour l'intégration d'un autre flic au sein de notre petite affaire. Comme si nous avions besoin de quelqu'un en plus. Entre Elvis et le travail, j'avais pu trouver où créchait ce type dont tout le monde parlait, à présent.

Je savais pourquoi Reese me mettait à l'écart mais il faisait une grosse bourde en s'imaginant que je resterais le petit toutou à son ReeRee. C'est à moi qu'on avait envoyé ce fichu message, c'était avant tout mon enquête et j'allais leur montrer qu'il n'était pas très malin de leur part d'oublier ce détail. En sortant du travail, un peu après 23h, je ne m'étais même pas changée et pour cause. J'ai souri au concierge de nuit en posant mes coudes sur son comptoir. En voyant mon uniforme, il s'est redressé, curieux et méfiant à la fois. Je lui ai demandé où logeait Ulysse Ashkevron une fois, deux fois avec ma plaque, et trois fois avec un sourire derrière un déploiement capillaire robuste et crémeux. Mon uniforme et ma plaque indiquaient clairement que j'étais hors de mon secteur, mais ça m'était totalement égal. De toute façon, Megalopolis avait l'habitude des flics un peu rebelles et belliqueux qui prenaient fortement à coeur les histoires de la Ville Basse. Ma présence ici n'avait donc rien de bien étonnant. Je l'ai finalement remercié d'un clin d'oeil et je me suis dirigée vers la porte qui m'intéressait.

En levant la main pour frapper, une pensée m'a traversée l'esprit. C'était un peu comme si vous saviez que ce que vous êtes sur le point de faire est important, un pressentiment, quelque chose résonne au fond de votre ventre mais sans vraiment y attribuer quelconque importance. Alors, quoi que vous soyez en train de faire, malgré l'alerte en vous, vous le faites quand même. J'avais tort de venir comme ça, je le savais. Surtout dans le dos de Reese, c'était une très mauvaise idée. Mais c'était mon affaire. Mais timeline. Mon territoire. Je ne travaillais ni pour les uns, ni pour les autres. Alors j'ai frappé à la porte et j'ai attendu qu'on vienne m'ouvrir. J'ai brièvement regardé autour de moi en poussant un profond soupir et je me suis grattée la tempe en enfonçant mes mains dans mes poches arrières, mon casque en bracelet.

Il y a autre chose que je sais. C'est que la première impression est toujours la plus forte et la plus réaliste. J'avais donc dans l'idée de me rendre remarquable et... inoubliable. Quand la porte s'est ouverte, j'ai souri de mes plus belles dents.

– Je parie que personne t'a dit qui j'étais.

Je suis entrée sans être invitée et je me suis mise face à lui, dos contre le mur de l'entrée. J'ai souri un peu plus en dodelinant légèrement de la tête, repoussant une mèche rebelle.

– Je suis ta nouvelle ombre.
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Ulysse Ashkevron
Ulysse Ashkevron
Lorsqu'on toqua à la porte, Ulysse fronça les sourcils et mit la télévision sur muet pour tendre l'oreille en direction du couloir. Si cela avait été sa soeur, il l'aurait immédiatement reconnue. Elle avait la fâcheuse habitude de babiller avant même qu'il n'ait ouvert le battant et il aurait pu se préparer à recevoir la tempête de boucles brunes dans le relatif calme de son espace personnel.

Au lieu de cela une femme inconnue s'invita sans aucune hésitation ce qui lui fit hausser très haut les sourcils de surprise et reculer d'un pas, interloqué.

"Personne ne vous a jamais dit que c'était très impoli d'entrer chez les gens sans autorisation ?"

Le coeur battant, il repéra d'un coup d'oeil furtif le placard dans lequel il avait rangé son arme. La ville était pleine de Positifs, si cette femme avait été mandatée par quelque chef de la pègre locale et possédait un don hors du commun, il n'aurait sans doute pas le temps de l'atteindre. Fort heureusement les dossiers étaient bien cachés.

Ulysse se plaça devant elle pour bloquer son avancée, glacial, et pencha la tête juste pour lui faire sentir qu'elle faisait preuve d'une certaine infériorité verticale. Un peu plus et il aurait bombé le torse.

"Maintenant dites moi qui vous êtes et ce que vous me voulez"

Le ton n'était pas bien amical, méfiant au mieux. Que l'ombre aille se rhabiller, il n'avait pas envie de jouer aux devinettes.
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Maddison DeLuca
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Mon sourire s'est agrandi quand il s'est penché sur moi. Je n'ai même pas bougé. En fait... Voilà qui m'amusait beaucoup. J'aimais faire mon impression.

– Si, si ! Mais vous savez, moi ce que je trouve impoli, c'est que personne ne parle de moi, alors...

J'ai agrandi les yeux et haussé les épaules avant de pencher la tête pour regarder à l'intérieur dans une moue approbatrice.

– Ce que j'aime bien en Ville Médiane, c'est qu'on se refuse pas grand chose !

Et puis j'ai brandi ma main vers la sienne. Quoi, mon petit uniforme de la police ne l'impressionnait pas ?

– Maddison. Leader des Sliders. Il y a Reese, Camy, Maze, votre charmante soeur Maybel... et puis il y a mon frère et moi. Les autres ont sûrement dû oublier de nous inviter à votre petit pot d'arrivée dans notre jolie ville alors je suis venue me présenter toute seule, comme une grande.

Comment aurais-je pu lui expliquer mon niveau d'indignation ? J'étais tellement vexée qu'ils puissent discuter entre eux ! J'avais parfois l'impression que l'ambiance qui régnait dans l'Underground était redevenue celle au moment de la séparation des quartiers. Mais à l'époque, mon état d'esprit était bien différent. Je me sentais plus forte, aujourd'hui, plus confiante. Je me savais soutenue par les personnes qui importaient le plus dans ma vie et c'était tout ce qui m'importait. Prenant un air désolé, j'ai fait la moue.

– Je vous dérange, peut-être ? Le baseball, c'est important, je sais.
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Ulysse Ashkevron
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Elle était horripilante. Du sourire aux orteils en passant par ses manies vocales, tout lui hérissait le poil. Etait-il trop vieux jeu à penser qu'une femme qui en valait la peine était douce, amicale, patiente et effacée ? Bon, intelligente pouvait aussi entrer dans la description ainsi que perspicace et bonne conseillère. Mais certainement pas ressembler à une folle furieuse égocentrique et hyperactive.

Ulysse croisa les bras haut sur son torse non sans arrêter de la regarder du coin de l'oeil peu inspiré.

"Je n'ai ni demandé ni recherché de contact avec vos factions. Je suis ici provisoirement de toutes façons. "

Il avait vu Maybel bien sûr, difficile de faire autrement et elle était venue avec certains amis qu'elle lui avait présenté sans qu'il se souvienne vraiment de tous leurs prénoms. Cela ne l'intéressait guère. Il voulait simplement mener sa petite enquête, l'élucider et rentrer chez lui pour bosser sur un nouveau cas.

En entendant sa remarque désobligeante sur le programme télé, Ulysse contourna le canapé pour saisir la télécommande et éteindre le poste.

"Et donc, Maddison, vous avez eu la soudaine envie de venir me rencontrer. C'est très touchant. Je vous proposerais bien quelque chose à boire mais je n'allais sortir. Alors, à la prochaine et merci pour le mot d'accueil"

Et il se rapprocha d'elle dans le but de la pousser gentiment vers la sortie. Qu'elle aille mener sa guéguerre contre John, Bob et Jack au fond des égouts.
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Maddison DeLuca
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J'ai haussé les épaules lorsqu'il a refusé ma main. Tant pis pour lui. Dans une moue, j'ai plissé les yeux. Ainsi donc, on faisait venir de Seattle un inconnu pour marcher sur notre enquête, et en prime, on ne lui disait pas tout ? Je savais aussi d'expérience que personne n'était ici provisoirement. Sauf peut-être quelques groupes de rock. Quand il s'est approché, menaçant à sa manière, je ne l'ai pas quitté des yeux. J'ai levé le regard dans le sien, un faible sourire sur les lèvres, mon casque toujours coincé sous mon bras. Je n'ai rien dit pendant quelques secondes et s'il avait voulu que je sorte, il aurait sûrement dû me pousser pour de bon.

– Non, si j'avais voulu vous rencontrer, j'aurai été là avec les autres. Je suis simplement venu vous avertir d'une chose qu'ils ont probablement dû omettre également. C'est mon enquête. Je me fiche totalement que mon comportement ne soit pas appréciable. Je me moque absolument que l'on m'apprécie ou non, ce n'est pas mon but. C'est moi qui suis venue voir votre soeur quand j'ai reçu un message parlant de ce gamin. C'est moi qui lui ai dit de ne pas aller vous chercher à l'autre bout du pays. Autant vous le dire clairement, j'apprécierais assez qu'on me laisse travailler sans essayer de me la faire à l'envers. Je n'apprécie que moyennement les cachoteries alors si vous avez des informations, je pense que le mieux, c'est encore de me les transmettre, nous avons déjà suffisamment d'hommes sur cette affaire sans avoir besoin d'aller les dénicher dans un bureau de détective privé. Sans vouloir vous offenser, bien sûr.

Quand Reese et Maybel apprendrait mon entretien avec Ulysse, ils m'aideraient très sûrement à me balancer de la fenêtre la plus haute de la ville. Mais je m'en fichais. C'était bien trop important. Mon sourire avait disparu mais mon regard n'avait pas quitté le sien. Je devais avouer être impressionnée par sa carrure et son visage que je ne m'étais pas attendu à trouver aussi expressif en connaissant Maybel. J'avais ce qu'il me fallait à la maison, oui, mais Ulysse n'avait rien à voir. Il semblait moins... Je n'en sais rien, il m'inspirait totalement autre chose mais pas encore un challenge ou un défi.

– Je ne pourrai sûrement pas vous empêcher de travailler non plus alors avant toute chose, je voulais vous conseiller de travailler avec moi. Et non contre moi. C'est un véritable conseil que je vous donne. - j'ai penché la tête - Et à bien y réfléchir, je n'ai rien avalé depuis que j'ai pris mon service, si vous sortez, je pourrais peut-être vous accompagner et vous me diriez ce que vous avez déjà découvert.

J'ai haussé les sourcils. J'étais gonflée et culottée mais je n'en étais pas là où j'étais aujourd'hui par la volonté du Saint Esprit.
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Ulysse Ashkevron
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Ulysse laissa Maddie terminer sa petite tirade sans tenter de l'interrompre, les bras toujours croisés et vissés le long de son torse, une moue au coin des lèvres et la tête légèrement penchée. Au moins elle était déterminée ce devait être là la moindre de ses qualités. Néanmoins...

"Et je n'ai pas attendu Maybel ou qui que ce soit de chez vous pour entamer mon enquête. Ce gosse a été enlevé à Seattle c'est à dire dans la ville où j'habite et je travaille. Les Novak sont riches et ils trempent dans des milieux plus ou moins nets mais ça je ne vous l'apprend pas je suppose. Je suis rattaché par contrat à cette découverte, ce n'est pas un hobby ou un challenge"

Peut-être qu'il aurait dû laisser Maybel et sa copine dormir sur le pas de la porte plutôt que de les laisser entrer ce jour-là. Il soupira en se déridant et saisit sa veste pour la passer dans un geste ample.

"Je ne vais pas réussir à vous éconduire, pas vrai ?"

Il savait reconnaître les coriaces, et celle-là en était une carabinée. Il tourna la tête et plongea son regard chocolat dans le sien sans ciller.

"Je vous emmène si vous me dites pourquoi ça vous tient autant à coeur. Et ne me répondez pas que vous vous sentez concernée, un instinct de mère ou je ne sais quelle ânerie. Je suis sure que des gosses qui disparaissent, y en a tous les jours à Megalopolis"

Ulysse enfila ses chaussures, attendant que la jeune femme ne s'explique. Cette tenue était un repoussoir, mais elle devait être jolie sans l'uniforme.
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Maddison DeLuca
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J'ai pincé les lèvres. J'avais une limite à mon extravagance. J'aurais voulu lui dire que si c'était son enquête, c'était mon message et que ce gamin devait être sous notre protection, pas celle des services sociaux qui, sauf leur respect, était une cible animée facile à cambrioler. Mais si je voulais me mettre le grand frère dans la poche, il fallait que je lui donne aussi de quoi m'apprécier. Au moins un petit peu. Juste un peu. Pendant qu'il finissait de s'habiller, j'ai posé mon casque pour m'attacher à nouveau les cheveux. Mon sourire n'a pas diminué, bien au contraire. J'adorais voir les gens s'abandonner à moi. Je n'aurais jamais cru que quelqu'un puisse voir mon uniforme comme un repoussoir. J'en étais si fière qu'il m'arrivait de penser que certains y voyaient autre chose. En riant, j'ai balayé l'air d'une main.

– Un instinct de mère ? Par pitié... Je ne pense pas, non.

J'ai haussé les épaules. Et le plus sérieusement du monde :

– Je me sens concernée.

J'ai écarquillé les yeux face à son regard désapprobateur.

– Quoi, vous voulez que je mente juste pour votre plaisir ?!

Quand il s'est relevé, je l'ai suivi des yeux. D'accord, si je voulais vraiment me mettre le frère dans la poche, j'avais intérêt de me montrer un peu plus docile. J'ai tourné les yeux avant de les rouler, me dandinant légèrement sur mes pieds et j'ai soupiré. J'ai décalé ma mâchoire et claqué ma langue contre mes dents. Qu'est-ce que je détestais abdiquer. J'avais l'impression d'être obligée de composer avec ce type si je voulais arriver à mes fins. Et vous savez quoi ?

– Je peux vous montrer, si vous voulez. Mais vous devrez me promettre de me dire ce que vous savez aussi. Je suis sûre que vous avez des trucs en plus. C'est peut-être qu'une simple enquête de plus pour vous, vous avez probablement la pression, les médias et j'en passe sur le cul mais moi, j'en fais une affaire personnelle. On m'a demandée personnellement de retrouver ce gamin.

Obligée ou pas... Quoi qu'il arrive, j'aurais croisé son chemin. C'était ça, mon futur. Mais nous y reviendrons plus tard.

– Promettez-le moi et je vous dirai ce que moi, je sais.

Pour l'heure, il m'insupportait, tout simplement.
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Ulysse Ashkevron
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La brunette proposait un échange de bons procédés. Bien, il n'était pas contre. Après tout, sa soeur et ses copains d'égouts avaient eux aussi décidé de mettre leur nez dans ce dossier. Et pour lui, gamin ou pas, médiatisée ou pas, cette affaire en valait bien une autre. Non, ce n'était pas tout à fait vrai. Cette affaire avait coûté la vie de sa partenaire et il était trop fier pour s'accorder le droit de la pleurer.

"Bien"

Il se redressa de toute sa hauteur, baissant juste les yeux pour la contempler. Pour une policière elle n'était pas très intimidante : à peine plus grosse qu'un canari. Il n'aurait pas été contre contempler les plumes de son derrière un de ces jours. Non, il se dispersait.

"Dans ce cas je vous suis. Vous connaissez mieux les cafés du coin que moi"

Son sourire, un brin malicieux, s'élargit alors qu'il tirait sur les pans de sa veste pour en lisser les plis.

"Ne vous en faites pas, je paierai comme un parfait gentleman"

Et en cet instant, l'amertume avait quitté ses traits et laissait entrevoir une autre facette du personnage Ulysse Ashkevron. Mais il était trop tôt peut-être pour que Maddie en prenne mesure. Il fallait laisser le temps au temps.
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Maddison DeLuca
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Je me suis retournée vers lui, sur le pas de la porte alors que j'allais pour sortir et je lui ai souri en le jaugeant des pieds à la tête. J'ai levé le menton avec un regard de défi.

– Même pas si t'étais le dernier mutant sur terre.

On ne me ferait pas croire qu'un type comme ça se voulait gentleman en m'offrant un café - et la barquette de frites avec ketchup, mayo et hotdog qui allait avec vu l'estomac sur pattes que je me trouvais incarner avec fierté. J'avis vu ses yeux et il était clairement dans l'optique de nous entendre simplement pour éviter d'avoir à supporter mon caractère de bimbo pourrie gâtée. En bref, je ne voyais pas comment il pouvait se payer le luxe d'être malicieux alors que j'agissais comme une teigne. Mais alors qu'il allait pour sortir après moi, j'ai brandis mon index vers sa poitrine et j'ai haussé les sourcils.

– Promettez-le moi. Je ne vous ai pas entendu promettre.

Je n'étais intimidante que pour ceux qui me connaissaient et ça me posait des soucis car j'aurais préféré que ce soit l'inverse. Ceux qui me voyaient plus souvent - ou qui avaient partagé des étapes de ma vie plus sportives - savaient que ce qu'ils voyaient de l'uniforme, ce n'était que moi dessous. Beaucoup pensaient que j'étais rembourrée ou que j'avais plusieurs couches sous mon pull mais il n'en était rien. J'étais mastoque de naissance. je n'avais pas grand chose de fin. Même mes mains auraient pu couper du bois comme un bûcheron !
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Ulysse Ashkevron
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Ulysse leva les mains en guise d'innocence sans se départir de son petit sourire en coin. Il recula d'un pas en secouant la tête, présentement amusé du personnage qui lui faisait face.

"Bien, je promets ! C'est promis, je promets. Nous promettons, vous promettez... Vous promettez aussi n'est ce pas ?"

Et il avança cette fois jusqu'à ce que le doigt de Maddie entre en contact avec son torse. C'était à la fois un geste de défi et le signe qu'il était moins mal à l'aise qu'au début de leur conversation. C'était un flic, d'une ville étrangère de surcroît et vivant dans des égouts plein de Positifs hors-la-loi, mais ma foi, il devait y avoir du bon sous cette insupportable carapace protectrice.

"Vous ne voulez pas rentrer vous changer avant ?"

Le front plissé, il la regardait des pieds à la tête, hésitant et peu inspiré. Se promener avec un uniforme ambulant à ses côtés n'était pas une perspective qui l'enchantait vraiment. Peut-être que dans cette ville la chose était coutumière et que personne n'y ferait vraiment attention, mais à Seattle, chacun respectait son secteur et on ne s'affichait pas de la sorte en dehors des heures de service. Ou bien on voulait mourir. Ou être emmerdé, ça marchait aussi.

Ulysse désigna du pouce la porte de la chambre située dans son dos.

"Je dois avoir des trucs qui pourraient vous aller si vous avez la flemme de repasser par votre bouche d’égouts"

Et de nouveau, le front plissé et les mains hautes il secoua la tête. C'était une expression qu'il semblait utiliser couramment en présence de ces dames fort susceptibles.

"Si jamais ça vous intéresse, pour être tranquille je veux dire"

Il tourna sur lui même et alla jusqu'à un placard, s'assurant du coin de l'oeil que Maddie ne l'épiait pas de trop près. Il en sortit un petit carnet fermé par un cordon élastique dont l'épaisseur laissait à penser qu'il contenait plusieurs documents pliés intercalés entre les pages et le glissa dans la poche intérieure de sa veste. Voilà son secret, son trésor. Il y avait là dedans de quoi faire pâlir de curiosité ou trépigner d'impatience la Slider en présence. L'enquête ferait peut-être un petit pas... Ou un bond de géant.
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Maddison DeLuca
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L'énigme que représentait cet enfant était tout pour moi à cette époque. C'était le début de la fin d'une ère mais quand bien même je l'ignorais, je savais que c'était important. La manière dont j'avais reçu le message, ce qu'il disait... J'avais encore un de ces pressentiments incertains. Je savais que quelque chose allait se passer. Je ne savais juste pas quoi. C'était toujours quand je pensais qu'il ne pouvait plus rien m'arriver, comme si je n'avais rien vécu... Que tout arrivait. Vous connaissez cette expression "Venu d'en-dessous, ça dévore tout" ? On m'a dit un jour que ça venait d'une série, le genre que regardaient nos arrières grands-parents, c'est vous dire. Quoiqu'il en soit, c'était ce que je ressentais à cette période. On sait pas ce que c'est mais la terre gronde. Tout ça pour vous dire que pour rien au monde je n'aurais laissé ce type tenter de me dissuader de lâcher le morceau. Pas même quand il a critiqué... L'endroit où je vivais depuis près de trois ans, maintenant. Qu'il me reluque de haut en bas passait encore. J'ai froncé les sourcils et j'ai baissé les yeux pour me dévisager moi-même, grimaçante.

– Quoi ?

J'ai relevé les yeux sur lui sans comprendre.

– Je croyais que les mecs adoraient les uniformes ! Vous ignorez que les filles sont dingues des uniformes ? J'habite à des kilomètres d'ici, je sors du travail, je n'ai pas envie de me changer, non, sauf pour aller ronfler à en faire exploser mon oreiller.

Et mes traits se sont alors durcis. J'ai serré les dents et je l'ai fusillé du regard. Mes "égouts", comme il disait, abritaient sa charmante petite teigne de soeur, mon propre frère et aussi une bonne centaine de gens dans le besoin, réfugiés politiques ou victimes d'injustices. A quel moment Maybel lui avait parlé de nous au juste ? L'avait-elle seulement fait ? J'ai croisé les bras alors qu'il s'éloigner, mon visage rigide comme la pierre.

– Non, ça devrait aller, merci.

Je ne voulais pas que ma voix paraisse si froide et glaciale mais s'il y avait une chose que je ne supportais pas, c'était qu'on critique ma raison de vivre. J'ai suivi ses gestes du regard et j'ai relevé les yeux sur lui. A présent j'étais sûre d'une chose : j'allais lui faire passer une soirée en enfer. Quand il est revenu vers moi, je n'ai pas desserré les lèvres mais je lui ai tendu mon casque d'un coup dans son torse et j'ai descendu la fermeture de mon blouson. Je l'ai retiré avant de le faire voler dans les bras d'Ulysse sur mon casque et j'ai déboutonné ma chemise pour l'enlever à son tour, m'énervant presque à m'extraire des manches. Pendant tout ce temps, je ne l'ai pas quitté des yeux. Ah, on vivait dans les égouts ! Nos manières devaient sûrement s'en accompagner, pas vrai ? J'ai retiré mon débardeur de ma ceinture et levé une jambe pour lissé mon bas de pantalon sur mes bottines. Tout ce qu'il me restait de "flic", c'était ça : un pantalon bleu marine qui me tombait sur la pointe de mes chaussures à talons et un débardeur blanc surmontant une brassière de sport. J'ai fait un pas en arrière et je me suis penchée en avant pour lui offrir une révérence, la tête toujours droite et le regard vissé sur lui. J'ai ouvert les bras en passant un pied devant l'autre et j'ai joué d'un très léger dodelinement de la tête pour indiquer mes respects, mes cheveux en profitant pour s'échapper par mes épaules afin de rejoindre ma poitrine. Du moins ce qu'il croyait. Je me suis redressée et j'ai récupéré mes affaires que j'ai enfoncées dans mon casque. Et comme nous étions toujours là et que je commençais sévèrement à m'ennuyer, j'ai écarquillé les yeux et j'ai montré d'un geste dédaigneux, lasse d'attendre, la sortie.

– Si ça plaît à Monsieur, maintenant, on peut peut-être y aller ?
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Ulysse Ashkevron
Ulysse Ashkevron
Pourquoi la Nature, le Divin, ou le nom qu’il vous plaira avait-il créé la Femme ? Par quelle bêtise, ennui ou bien désespoir en était-il arrivé à produire un être si compliqué et susceptible ? Cette question demeurerait pour Ulysse l’énigme de tous les temps. Sa mère et sa sœur, il avait appris à s’en accommoder par la force de l’habitude. Mais les femmes extérieures à son cercle familial étaient comme des créatures incompréhensibles et dangereuses. Et celle-là… Une vieille légende géorgienne disait que Dieu tenant les merveilles du monde avait trébuché et éparpillé son fardeau ce qui avait donné la nature que l’on connaissait. Ce morceau là devait être particulièrement encombrant, ça ne laissait aucun doute !

"Je ne sais pas ce que les autres hommes pensent ou les fantasmes des femmes, mais pour moi un uniforme c’est le meilleur moyen d’attirer l’attention. Et dans mon boulot c’est exactement ce que j’essaie de ne pas faire."

Et puis elle s’était vexée. Encore. Ses traits s’étaient durcis, elle avait pincé les lèvres. Et il se demanda ce qu’il avait bien pu dire cette fois. Ah, après tout il n’allait pas l’épouser ce n’était pas bien grave. Une fois cette affaire passée, il repartirait et ils n’auraient plus à se côtoyer.
Sans crier gare, Maddie lui colla son casque entre les mains, le plastique heurtant son torse dans un bruit sourd. Il baissa un regard interrogatif en accueillant l’objet un peu malgré lui. Puis elle se mit à se déshabiller rageusement, fourrant ses vêtements à l’intérieur sans douceur. Oui bon, pas de doute elle était fâchée comme une mouffette dérangée dans sa tanière.

Ulysse ouvrit la bouche en haussant les épaules et la referma sans émettre un son, dégonflant ses joues comme un ballon troué. Non, il ne fallait rien ajouter au risque de la voir exploser et gesticuler en pestant. Ou quelque chose dans ce goût là. D’un geste ample du bras, il lui indiqua de passer avant, les sourcils toujours hauts de surprise. Pourquoi avait-il la désagréable impression de marcher sur un fil tendu à plusieurs pieds du sol ?

***

Ulysse s’était assuré que la porte était fermée au moins trois fois. Il n’avait pas non plus expliqué à Maddie que par quelques vieux trucs acquis par la force de l’habitude, il avait placé des éléments lui permettant de savoir si les lieux étaient visités en son absence. D’aucun l’aurait sans doute pris pour un dingue paranoïaque mais avec ce qu’il avait découvert, c’était un état d’esprit qui s’imposait de lui-même.

A présent installés dans un bar qu’Ulysse ne connaissait même pas de nom, installé à une table donnant une vue imprenable sur l’entrée et l’issue de secours il faisait tourner entre ses doigts un verre rempli d’un soda incolore.

"Que vous ont exactement raconté les vôtres ? Je veux dire, ceux qui sont venus me trouver à Seattle."

Il lui lança un regard pénétrant, ses yeux chocolat se plantant dans les siens.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
N'importe quoi. Attirer l'attention, c'était le cas de tout le monde ici. Pétez dans la rue, vous verrez que même les rats vous suivent. Sûrement un reste de croquette de thon qui vous restait dans l'intestin depuis le midi. Dans le bar, j'avais eu le temps de me calmer le temps de marcher. J'avais un peu pris l'air frais et j'avais même adoré ça. Marcher en compagnie, j'appréciais assez. Je touillais mon café à côté d'un verre d'eau et d'un énorme hamburger mutant, si vous voulez mon avis. Le café, c'était pour ne pas dévorer ma nourriture, de l'apprécier à sa juste valeur. J'étais affamée, pourtant. Je m'apprêtais à lui faire sa fête lorsqu'il entama la discussion. J'en ai lâché ma cuillère dans la tasse dans un bruit aigu et j'ai porté mes mains à mon visage, le bout de mes doigts pinçant le creux de mes yeux. Ne pas m'énerver, ne pas me relever et ne pas me montrer plus désagréable que je l'avais été déjà. J'ai inspiré profondément et j'ai relevé les mains. J'ai rouvert les yeux sur lui en essayant de ne pas l'assassiner avec un nouveau pouvoir que j'aurais pu développer.

_ Les "miens", comme tu dis, c'est aussi ta soeur, il me semble. Alors, mesure ton language, on est pas des sauvages, on vient pas d'une autre planète, on pète et on rote comme les autres. Et "ceux" qui sont venus te chercher à Seattle, contre mon accord, sont aussi ta soeur, si je me trompe pas. Alors, garde ton vocabulaire de Négatif pour quelqu'un d'autre qui en aura quelque chose à faire. Tu dis "vous", tu dis "ma soeur", tu dis "Maybel", tu dis "la femme qui l'accompagnait" ou encore "l'homme qu'on m'a présenté", ce que tu veux mais je ne veux plus entendre une seule seconde quoi que ce soit qui pourrait s'avérer insultant, dégradant ou désobligeant pour les gens qui sont sous notre responsabilité et que nous aidons jour après jour et au risque de me répéter... y compris ta propre soeur !

Je n'en revenais pas de la colère que j'exprimais à l'idée qu'on puisse s'en prendre à Maybel de cette façon. Ce n'était pas tellement elle, c'était plutôt l'idée. Jamais je ne pourrais être ainsi avec mon frère, il était de mon sang, de ma vie, il était tout ce qui me restait. Pourquoi ce n'était pas pareil pour Ulysse ? Je l'ai dévisagé sans comprendre, le front plissé, à me poser tout un tas de questions.

_ C'est ta soeur, bon sang !

Et puis j'ai croisé les bras sur le bord de la table pour me pencher vers lui en haussant un sourcil.

_ T'as peur qu'elle te mange pendant la nuit, peut-être ?

Les Négatifs, quand ils n'y connaissaient rien, avaient une peur bleue de nous. Et... D'accord, de temps en temps, j'en jouais.
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Ulysse Ashkevron
Ulysse Ashkevron
Cette fille était un ventre, un estomac à pattes. Comment pouvait-on ingurgiter autant d’aliments quand on était pourvu d’une si petite surface intestinale ? Ulysse regardait Maddie –et surtout le contenu de son assiette- avec perplexité. Elle prenait pourtant son temps pour ne pas tout boulotter goulument. Lui-même porta son verre à ses lèvres pour boire une gorgée avant que la déferlante ne lui tombe sur le coin du nez.

Ulysse écouta Maddie sans l’interrompre, impassible et raide et lorsqu’elle reprit son souffle, il reposa délicatement son soda dans un cliquetis de céramique, croisa les bras sur la table, lui jetant un regard par-dessous avec une sévérité presque paternelle et déclara de cette voix grave et calme qui le caractérisait.

"Qu’est ce qui te donne à croire que je désignais les Positifs ? Tu as débarqué chez moi sans me demander mon avis, en me racontant je ne sais quelle histoire sur les personnes qui vivent avec toi et qui t’auraient plus ou moins évincées de l’affaire qui nous intéresse."

Il la transperça d’un regard pénétrant avant de poursuivre toujours très tranquillement.

"Tu es bien leader d’un quartier ou est ce que je me suis trompé ? Je ne connais pas vraiment l’Underground mais à ce que j’ai cru comprendre, vous partagez une unité identitaire forte et comme tu viens de le dire tu tiens aux personnes qui vivent dans les quartiers et qui te considèrent comme une meneuse. Ce sont les tiens, ceux que tu diriges, ceux avec qui tu partages ta vie, ceux pour qui tu te fais du souci et que tu défends au quotidien. "

La serveuse s’approcha alors pour s’assurer que tout allait bien. Il lui sourit simplement et la remercia d’un signe de tête. Lorsque cette dernière fut assez éloignée, il reprit de nouveau grave.

"Pourquoi faut-il forcément que je porte des propos condescendants à l’encontre des Positifs ? Ai-je simplement évoqué le sujet ?"

Celle qui mettait une distance et catégorisait les gens, ce n’était pas lui pour le moment. Oui, il n’était qu’un vulgaire Négatif sans spécificité mais il s’en accommodait très bien. Ulysse soupira et secoua la tête avant de se frotter la nuque d’une main qui passa dans ses cheveux. Il reprit une gorgée de son soda, visiblement occupé par quelque pensée intérieure. S’il voulait gagner la confiance de cette créature effarouchée, il lui faudrait peut-être se livrer un peu. Un peu plus qu’il n’aimait le faire. Il déglutit, ses yeux allant de la table aux siens et il pinça les lèvres avant de reprendre.

"Je n’ai aucun problème avec mon identité, comme je sais que Maybel n’en a aucun non plus sur la sienne. C’est pourquoi nous pouvons nous permettre d’en plaisanter, de nous taquiner sur le sujet sans douter une minute de l’affection que nous partageons. Elle vit dans sa plaque dégouts, je vis dans mon trou de planqué…"

Un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres. A n’en pas douter, il avait cité quelques taquineries qu’ils avaient coutume d’échanger, expression qu’Ulysse avait utilisé en parlant à Maddie sans s’imaginer qu’elle pouvait mal l’interpréter. Il était tellement persuadé que Maybel avait dépeint son portrait à la jeune femme.

Son front se plissa de sincérité, alors que son ton se faisait moins formel, les lèvres entrouvertes de chercher les mots adéquats.

"Nous partageons le même sang, oui. Nous sommes tous deux issus d’une famille de Géorgie décimée, nous avons tous deux un grand-père qui a été emmené dans les Camps. Je n’ai pas vu mes parents pendant près d’un an quand ils ont fui pour la mettre au monde parce que les tests étaient positifs. J’étais le témoin et le cobaye de ses premières expérimentations, le seul qui n’ait jamais craint de l’approcher même lorsqu’elle perdait le contrôle, moi encore qui l'ait accompagné à son premier jour d'école, de collège, de lycée."

Non, il avait assez raconté à leur propos. Il soupira de nouveau et termina son verre d’une traite, le regard allant à présent se poser partout dans la pièce.

"Ne t’inquiète pas, cette affaire résolue je disparaîtrai de votre vie à tous."

Il reposa le récipient qu’il faisait tourner entre ses doigts avec moins de délicatesse qu’à l’accoutumée, se laissa aller contre le dossier de sa chaise et entama d’une voix de nouveau formelle et informative.

"Lorsque les personnes venant de l’Underground sont venus me trouver, nous avons pu récupérer un dossier classé grâce au jeune homme, Matt. Je sais qu’il en a ramené une copie pour votre enquête. De mon côté, j’ai partagé les informations avec ma partenaire."

Son visage se crispa brièvement à l’évocation de la jeune femme.

"As-tu eu connaissance de ce dossier ou non ? Que je sache par quoi je dois commencer."

Énervant peut-être, mais doté d'une belle carapace ça ne laissait à présent aucun doute. Ils n'avaient pas fini de se bouffer le nez tous les deux.
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Excuses ou non, mes yeux n'avaient pas lâchés les siens, suivis ses gestes, comme un prédateur surveille sa proie. Je me contentais de respirer profondément mais pour une raison inconnue, j'étais restée. En fait, si je savais pourquoi. Il avait les informations que je voulais. Sa petite histoire avec Maybel ne m'intéressait pas. Je ne l'avais pas accusé de s'en prendre aux Positifs mais d'avoir dénigré sa propre soeur et d'avoir usé d'un language que j'avais jugé peu adéquat. Les lèvres pincées, je l'ai écouté sans rien dire. Devais-je comprendre que Matt avait reçu des choses et pas moi ? Ou bien parlait-il d'un autre Matt ? Que je sache, Sliders avait, volontairement, été écarté de cette histoire, pour la simple et bonne raison qu'on me croyait trop impliquée et pas objective. A mon retour, j'aurai probablement une conversation avec lui.

Sans desserrer les lèvres ni le quitter des yeux, j'ai fouillé l'intérieur de ma veste pour y récupérer mon porte feuille. Après avoir sorti le morceau de papier, j'ai jeté mon bien et j'ai fait glisser la note sur la table, jusqu'à Ulysse. D'une voix froide, j'ai repris.

_ Non. C'est pour cette raison que je suis ici. Justement parce qu'ils ont jugé plus intelligent de m'écarter. Je l'ai su avant tout le monde.

J'ai désigné la note d'un coup de menton.

_ Un soir, en sortant du boulot, il y avait ça sur ma moto. J'ai voulu en parler aux autres mais il n'y avait que Maybel. Les infos en ont parlé un peu plus tard et elle m'a dit qu'elle demanderait à son frère aîné. J'ai répondu non, que nous nous débrouillerons seuls sans avoir à exposer l'Underground un peu plus encore qu'il ne l'est déjà.

J'ai enfin baissé les yeux sur mon verre de soda et je l'ai légèrement levé en reprenant.

_ Comprends que je n'ai rien contre toi. Mon meilleur ami et frère d'arme est un Négatif, comme toi. Tu pourrais avoir des propos racistes sur les Positifs ou les Candidats que ça m'en ferait bouger une sans déranger l'autre. Mais je n'accepte pas que le manquer de respect, quand bien même c'est un jeu avec ta soeur, je ne suis pas... Ta soeur.

J'ai bu une grosse gorgée de mon soda avant de le reposer et j'ai inspiré profondément en prenant enfin mon délicieux hamburger entre mes doigts, prête à le dévorer en trois bouchées, pari tenu. J'ai mordu dedans sans me soucier de l'image que je donnais et la bouche pleine, j'ai ajouté.

_ Je ne suis pas plus leader que Maybel, d'ailleurs. C'est juste que les gens me suivent. - J'ai goulument avalé ma bouchée avant de continuer - Quand on a décidé de diviser le quartier selon les trois principes qui nous opposaient - j'ai mouliné du poignet en faisant passer difficilement la nourriture à travers mon gosier - quand Liberation a exécuté Stenton, on était pas d'accord sur la suite - j'ai avalé une longue gorgée de soda - Bref, on était trois à s'opposer et "qui m'aiment me suivent", je me suis retrouvée à la tête d'un quartier sans jamais avoir été leader de quoi que ce soit avant.

Après une nouvelle énorme bouchée, j'ai désigné la note en agitant mon index au dessus de la table.

_ C'est pour moi et ça vient pas de moi. La citation sur le pilote, c'est ce que je répète à mon frère depuis que son pouvoir s'est développé. C'est notre devise à lui et moi, en tant que Sliders. Le temps, c'est notre terrain de jeu. Quelqu'un est venu. Ici, à ce moment-là précis, pour déposer cette note à mon attention. Je n'ai aucun moyen de savoir de qui il s'agit et l'écriture ne correspond à aucun de nos dossiers. C'est donc quelqu'un qui n'existe pas encore. Ou bien qui est encore trop jeune.

Le hamburger dans une main, le soda dans l'autre, je l'ai dévisagé en acquiesçant.

_ Mais la Police n'a rien, encore. Ils mènent les recherches et j'essaye d'en apprendre le plus possible mais je ne suis qu'officier. Je ne suis pas enquêtrice ou quoi que ce soit... Je n'ai accès à rien. Et je tiens trop à mon poste pour entrer dans les bureaux et fouiner. Alors... - J'ai haussé les épaules - J'ai demandé à certains petits prodiges de Sliders de le faire. Disons que je mène ma propre enquête en attendant que le reste de l'Underground se souvienne que je suis là et des ressources que je dispose.

J'allais boire à nouveau quand j'ai stoppé mon geste pour le regarder à nouveau.

_ Sans vouloir faire de toi un obstacle, bien sûr.

J'ai haussé un sourcil en désignant la note à  nouveau d'un regard. Si j'avais appris à ce gars-là quelque chose, j'ignorais encore à cet instant qu'il m'avait également enseigné une philosophie que j 'avais adoptée depuis. Je l'appliquais au sein de l'Underground. Mais aussi avec Liberation. C'était ma plus grande force.

_ Si j'ai appris une chose en Iraq, c'est que nul n'est notre ennemi. - J'ai englouti le reste de mon sandwich - Uniquement un futur allié.
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Ulysse Ashkevron
Ulysse Ashkevron
Visiblement il y avait des subtilités que Maddie ne saisissait pas de la même manière que lui. Bien, il était inutile de s’alourdir éternellement sur des détails de sémantique. Il déplorait cette façon manichéenne de percevoir le monde, l’adage normalement des jeunes inexpérimentés. Mais cette jeune femme avait à peu près son âge et sans doute connu son lot de malheurs, bien plus que lui sans doute. Peut-être avait-il fallu connaître la discrimination et le regard désapprobateur pour parler de Positifs et de Négatifs comme si cela suffisait à définir les gens dans leur essence.

« Si les gens te suivent, alors tu es leader, même si ce mot ne correspond pas à l’idée que tu te fais de ta position. »

Après un regard et un léger sourire, plus amusé par l’apparente modestie dont faisait preuve Maddie que par moquerie ou opposition, il saisit le morceau de papier pour en consulter le contenu, les sourcils froncés.

« Ma sœur m’a parlé de ça dans les grandes lignes. Simplement que vous aviez reçu une note anonyme vous parlant de la disparition de ce môme et qu’il était de votre devoir de lui porter assistance parce que vous aviez été sollicités. »

Ulysse s’était alors imaginé que l’Underground était une sorte de cabinet d’enquêteurs altruistes, une fédération de super héros se chargeant de défendre la veuve et l’orphelin à l’aide de leurs superpouvoirs et il avait ri. Un peu. Juste parce qu’il se disait que la plupart des dessinateurs de vieilles bd DC Comics et Marvel étaient morts de vieillesse avant de voir leurs fantasmes créatifs prendre vie, ce qui était ironiquement triste vous en conviendrez.

« Donc… Quelqu’un serait venu du futur pour vous avertir de porter assistance à ce gamin. »

Il n’y avait pas de scepticisme dans sa voix. Il n’avait pas l’air d’hésiter ou de douter. S’il y avait bien une chose qu’il avait appris en côtoyant des Positifs c’est qu’il ne fallait jamais douter de leurs capacités. Celle de voyager à travers les temporalités et d’influencer sur le cours des événements était proprement hallucinante, un peu effrayante même.

« Cela laisse à penser hélas que dans le futur, cette affaire n’a jamais été résolue. Comment faites-vous pour ne pas créer des conséquences pires que le mal en modifiant certains événements ? »

Il s’éloignait un peu du sujet, mais cela le passionnait. Quand on pensait qu’un simple retard de train, une tenue différente ou un aboiement pouvait suffire à remettre en cause toute l’existence de certaines personnes, il se demandait quelles conséquences pouvaient découler de ce sauvetage imposé.

Ulysse glissa la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit son carnet qu’il tendit à Maddie.

« Les flics pensent qu’un professeur a pu être complice de l’enlèvement. Le petit n’a jamais atteint la piscine. »

Et comme Maddie ne semblait avoir eu aucun détail de ce qu’il avait appris à ses visiteurs de la côte Est, ce qui lui paraissait incompréhensible après ce qu’ils avaient fait pour obtenir le dossier des fédéraux, il reprit du début.

« Tim devait aller à une leçon de natation après l’école. Première page du carnet, il y a le plan de la ville. Il devait y aller à pieds comme d’habitude avec d’autres copains et le chauffeur le récupérait toujours à la sortie de la piscine après le cours pour le ramener chez ses parents. Le chauffeur n’a pas trouvé le gosse, et plusieurs heures plus tard les parents appelaient la police pour signaler la disparition. »

Il haussa les épaules, le front plissé.

« Les parents ont d’abord passé en revue les amis de l’enfant pour s’assurer qu’il n’avait pas simplement séché la piscine pour une activité plus amusante avec des copains de son âge. C’est le genre de bêtise assez courante. Le petit Tim était connu pour être un élève très sage et sans histoire, plutôt bon élève et de nature effacée. Le chauffeur est passé sur le grill bien sûr mais il a été vite relâché. Apparemment ils ont estimé qu’il n’était pas impliqué. Deux camarades de classe de Tim disent par contre qu’après l’école, le professeur de Mathématiques lui aurait demandé de rester pour discuter de son dernier devoir. Ne le voyant pas sortir, les autres sont partis sans lui de peur d’être en retard à la piscine. »

Il tendit la main vers le carnet dont il tourna les pages à distance pour mettre Maddie face à une mauvaise photocopie qu’il tapota du bout du doigt.

« Le truc c’est qu’on n’a pas revu le prof de math depuis. Voilà le portrait-robot qui a été dressé par les élèves. Il était dans l’établissement depuis six mois environ. La télé ne va pas tarder à le diffuser en masse.»
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Maddison DeLuca
Maddison DeLuca
Sa question concernant mon pouvoir était légitime. Mais j'avais eu suffisamment de soucis avec  pour ne pas beaucoup l'apprécier. J'ai plissé les yeux mais je n'ai pas réagi. Ce qui devait en dire long. Je finissais ma dernière bouchée, la mâchant lentement en considérant ses propos dans ma tête. J'ai sucé le bout de mon pouce et je me suis frottée les mains avant d'éloigner l'assiette. Et puis j'ai décidé de finalement lui répondre en haussant les épaules.

– Je n'interviens que sur ce que je peux. Je ne suis pas Dieu J'essaye de respecter les règles primordiales même si parfois c'est dur.

Le genre de règles qu'on finit tous par enfreindre un jour ou l'autre. J'ai désigné la note au loin d'un geste de l'index.

– Je ne sais pas qui m'a envoyé ça parce qu'il ne respecte clairement pas ces règles. Je n'ai aucun moyen de savoir précisément de quel futur, proche ou lointain ou même du passé, je ne sais pas. Mais je me dis que si cette personne, a fait ce voyage, et enfreint les lois fondamentales des temporalités, pour que j'agisse, c'est qu'il y a obligatoirement une raison. Je veux dire, une bonne raison. On ne joue pas avec les probabilités sans savoir ce qu'on fait, qu'on ait envie de jouer à Dieu ou non.

Je l'ai écouté attentivement, tournant les pages du carnet d'un air impressionné. C'était un flic façon vieille école. Le genre qui écrivait absolument tout. Il devait très certainement avoir des coffres dans une cave avec des cartons entiers de carnets comme celui-ci. Sous scellé avec un cadenas. J'ai relevé les yeux sur lui avec une brève lueur d'admiration et un sourire naissant. J'ai tourné les pages comme il me l'indiquait avant de replonger dans ma lecture concentrée. J'ai tout étudié. Son écriture, les informations, l'odeur des pages, l'aspérité du cuir sous mes doigts. J'ai même laissé mon pouce en caresser la couverture. Avec le temps, on oubliait souvent de prendre soin de ce genre de détails. J'aimais être consciente de chaque instant que je vivais. Qui sait quel âge j'avais réellement... Parfois, je faisais des petits bonds de 10minutes... Parfois d'une heure. Il m'arrivait de disparaître pendant un jour ou deux. Mais je n'avais plus utilisé mon pouvoir autrement qu'à des fins personnelles depuis un long moment. Oui, je m'en servais souvent pour bouger d'un point à un autre ce qui m'obligeait à jouer avec le temps. Blâmez-moi.

J'ai avalé ma tasse de café en quelques goulées, réfléchissant au flot d'informations, puis je me suis passée l'index sur les lèvres avant de reprendre, secouant la tête.

– Ce que je crois, c'est que ce gamin est peut-être pas d'ici, si tu vois ce que je veux dire... La seule raison pour laquelle on me demande d'intervenir... C'est qu'il n'appartient pas à notre époque.

J'ai repoussé le carnet vers Ulysse en relevant les yeux vers lui et je me suis laissée retomber dans le fond de la banquette, mon soda dans une main. J'ai ouvert les bras dans un sourire ironique. Vous n'imaginez pas que je me doutais que quelqu'un essayait de réparer mes erreurs...

– Sinon, à quoi ça rime tout ça ? Qu'est-ce que ce gamin a de si particulier pour que toute la nation soit sur le quivive ? Des enfants qui disparaissent, il y en a tous les jours.

J'ai pouffé de rire et je me suis grattée le nez.

– Un jour, j'ai perdu mon frère dans un centre commercial, à Boston. Qui n'a jamais connu ça. Bref, je me suis tournée une seconde pour attraper un truc, je faisais mes courses avant de m'engager dans l'armée, quelque chose comme ça et j'avoue que j'étais pas mal absorbée. Je ne voulais rien oublier, il avait genre... 9 ans, je crois ? Il a vu un copain et il est parti avec. Je me suis retournée avec mon sac dans les mains et... Plus de Logan. Alors, j'ai commencé à courir partout, j'ai hurlé à le centre commercial. Mon frère a la capacité d'arrêter le temps, autant te dire qu'il est capable de farces pas forcément très drôles quand on est sujet à des angoisses et de vifs signaux d'alertes en permanence comme moi.

J'ai bougé lentement les mains avec mon soda, regardant un peu partout dans la pièce en reconstituant mes souvenirs, parlant d'une vois pensive.

– Je suis allée à la sécurité, j'ai établi son signalement... Rien, pas de Logan dans les magasins, tout le monde avait regardé et il y avait du mondes dans les galeries. Il pouvait être n'importe où. On m'a suggéré d'aller chez les flics alors j'y suis allée. Pour retrouver un enfant, un Positif de surcroît, à travers Boston ? Ils m'ont ri au nez. Ils n'ont pas fait de signalement aux médias, et ils m'ont même demandé de faire la queue avec les autres mères qui avaient perdu leur lardon dans un centre commercial. Je me suis sentie... Humiliée et insultée. Ces gens là ne peuvent juste pas comprendre à quel point un pouvoir sur un enfant de cet âge, c'est totalement aléatoire et incontrôlé.

J'ai soupiré en haussant les épaules et j'ai bu une gorgée avant de reposer mon verre.

– Les parents m'ont appelée le lendemain matin pour que je vienne le chercher. Il était rentré avec son copain et avait passé la nuit là-bas. Ils n'avaient pas réussi à me joindre plus tôt. Logan ne connaissait pas mon numéro par coeur. Des gamins perdus, il y en a... Encore plus ici qu'à Boston. Megalapolis est grande, immense, c'est une jungle que j'ai appris à connaître et surtout à admirer. Je reconnais pas ce gars-là.

J'ai désigné son carnet avec le portrait.

– Mais je peux le comparer à notre base de données. On peut estimer un visage, peut-être même retrouver son nom, le vrai à supposer qu'il ait raconté des bobards à ces gamins. Et enfin le comparer avec des centaines de milliers de caméras de surveillance, ce qui peut prendre un temps mémorable, je te l'accorde. Mais nous avons des moyens technologiques qui dépassent ceux de la police. Pour l'instant, la recherche sur le gamin n'a rien donné. Mais nous n'avons pas forcément accès à tous les états. Polis District oui mais le reste du pays nous échappe facilement. Avec des Positifs sur la planète, rien n'est moins sûr. On nous prend pour des êtres surélevés, supérieurs, ce que tu veux, mais la vérité c'est que c'est faux. On est autant emmerdés que vous sinon plus encore.
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[CLOS] [Maddie/Ulysse] Welcome to Megalopolis
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