[CLOS] [Eli/Maddie] With great powers...

Vous savez ce que je faisais mes jours de repos ? Je dormais. C'était même peut-être le seul jour où je dormais pour de vrai. J'éteignais Satan, mon téléphone, et je disparaissais sous une couverture. Je travaillais 6 jours par semaine - en moyenne - de 15 à 23h - toujours en moyenne - et peu importait s'il m'arrivait de faire des cauchemars, j'étais si profondément endormie qu'une fois réveillée, je ne m'en souvenais plus. Une fois mes batteries totalement rechargées - merci mon père pour m'avoir transmis son amour du sommeil façon hibernation en Alaska - seulement alors je pouvais reprendre ma semaine. Et le pire ? C'est que j'aimais ça.

Aussi, quand quelqu'un est entré dans ma chambre, je ne l'ai pas entendu. Je sais que j'ai senti mon lit bouger mais je n'ai pas réagi. Dans mon rêve, il m'a même semblé que quelqu'un beuglait, se plaignait ou que sais-je, encore. J'étais dos à mon réveil, incapable de reconnaître la voix. Vous connaissez l'avantage de l'Underground ? Pas de fenêtre. Pas de soleil le matin - le midi ? - pas de possibilité de vous réveiller violemment à coup d'ouvertures de rideaux. Ah, je bénissais l'Underground pour ça. J'ai senti qu'on me frappait l'épaule avant de me bousculer. Je n'étais vraiment pas du matin, j'étais une fille de la nuit, j'aimais la lune mais pas vraiment le soleil. Me réveiller était toujours un cauchemar pour les autres quand je savais que je pouvais dormir. Mais un dernier coup plus fort que les autres a fini de me réveiller.

Je me suis soudainement retournée en levant le bar pour frapper le Dieu des Emmerdeurs, j'ai nommé mon meilleur ami Dean. Dans une grimace, je lui ai hurlé de dégager et de me laisser dormir mais il m'a jeté des fringues à la figure.

– Lève-toi.

– C'est mon jour de congés ! Va voir à Kwalalumpur si j'y suis et laisse-moi dormir !

Je lui ai relancé mes vêtements avant de soulever ma couette pour me cacher dessous et serrer mon oreiller contre moi. Non, je n'avais absolument aucune envie de me lever, peu importait l'heure. A tel point qu'en une fraction de seconde, je me suis sentie replonger dans le sommeil. Ce sont des choses qui arrivent quand vous êtes si épuisé que votre corps a tout juste conscience d'avoir été réveillé. Et puis j'ai senti de l'air sur mes épaules, mes cuisses et mes pieds. Un juron a traversé mes lèvres alors que j'empoignais mon oreiller pour le jeter sur Dean - qui commençait à se marrer du reste. Ne portant que mon short et mon débardeur, je me suis retournée sur le dos, à demi assise avec les mains en appui dans mon dos à fixer Dean entre deux fentes.

– Arrête et lève-toi, t'as du boulot !

– Je ne crois pas non.

Mon regard suspicieux et mes lèvres pincées n'ont pas eu raison de Dean, déjà bien habillé. A quelle heure m'étais-je endormie ? Quelle heure était-il maintenant ?

– Donne-moi une bonne raison.

– Il y a quelqu'un pour toi. Je lui ai dit de t'attendre à Salvation.

J'ai levé mon poignet pour regarder ma montre et j'ai soupiré en roulant des yeux. 8h30. Je comprenais mieux pourquoi mon corps réclamait encore du sommeil, un oreiller chaud et... J'ai roulé sur le lit pour me lever en marmonnant dans mes cheveux. Pourquoi Salvation, d'abord ?

– C'est Eli. Tu dis toujours que l'avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt. Il faut croire que quelqu'un t'a prise au mot.

Je remettais de l'ordre dans mes cheveux pendant que Dean se fichait de moi avec un sourire dont il avait le secret. J'ai relevé les yeux sur lui avec l'envie de l'étriper mais ça ne l'a pas arrêté dans sa malice. Il a ri avant de me tendre un pull et s'assurant que je n'allais pas me recoucher, il a fini par quitter la pièce. J'ai soupiré à nouveau et j'ai enfilé mon jean et mon débardeur de façon peu ordonnée. Légèrement contrariée - humeur qui passerait une fois dans le bain - j'ai sauté dans mes rangers avant de sortir en me brossant les dents. Personne ne s'en formalisait, la plupart d'entre nous fonctionnait toujours à pleine vitesse. Une fois dans la cuisine, j'ai craché dans le lavabo avant d'avaler un bon demi litre de jus d'orange. Vu comme il était coupé à l'eau, il fallait au moins ça.

Une fois dans les couloirs de Salvation, j'ai rejoint la "salle d'entraînement" où Eli devait m'attendre. C'était censé être un hall suffisamment immense pour accueillir des animations lors des fêtes, comme un sapin de plus de 15m, j'imagine. Surplombée par un dôme, la pièce permettait aussi à tous les quartiers de se retrouver, peu importait l'étage, grâce aux galeries. Dans les décombres, on avait réussi à aménager de quoi s'entraîner. Il y avait de la place, de la hauteur, de quoi être entendu... Et qui plus est, c'était une façon pour beaucoup de voir la lumière du jour et le soleil. Si ce n'était pas le seul endroit, c'était aussi un bon terrain de passage. Les entraînements de certains motivaient les autres. Si j'avais voulu faire ça bien, j'aurais dû isoler Eli, j'imagine qu'il venait pour en apprendre plus sur ses pouvoirs. En le voyant, j'ai souri sous mon allure de clocharde. Mon jean avait des trous aux genoux, mes boots par dessus étaient si raides qu'elles ne fermaient plus et mon pull délavé et détendu me tombait des épaules. On était loin de ma... Belle stature en uniforme, dirons-nous. Hey... Jour de congés, vous vous souvenez ?

Mais à cette heur-ci, il n'y avait personne. Soit on travaillait, soit on dormait, soit on s'affairait à réveiller les autres, soit on sortait courir. Ceux qui restaient avaient déjà quitté l'endroit ou n'y arriveraient qu'un peu plus tard. J'ai rejoint Eli en saluant un membre de Salvation qui passait par là, un petit jeune, ancien voleur que Reese avait recruté en dépit de nos avis. Et finalement, il s'était avéré un très bon élément. En tout cas, il aidait beaucoup. A en juger par le carnet et le crayon qu'il tenait dans la main, c'était jour d'inventaire.

– Comment as-tu su que c'était mon jour de repos, tu me fais suivre ?

Je ne tenais pas à faire culpabiliser Eli, j'étais bien réveillée maintenant. Mais puisqu'il voulait se lever tôt...

Elijah s’était levé ce matin là de très bonne heure. Pas étonnant vu l’heure à laquelle il s’était couché.
Il avait réussi à rentrer chez lui deux heures après la fin de son shift normal au garage, avait fait couler un bain et s’était coulé dedans. L’heure qui suivi fut un vaste trou noir. Il se réveilla la tête à moitié immergé et le brouhaha de la rue étouffé par ses oreilles sous l’eau.
Il avait entendu parler des bienfaits de ce genre de sommeil, il paraissait même qu’il existait des caissons isolant qui permettait de passer toute une nuit sans risque dans ce genre de situation.
Mais malgré sa sieste, il était tout de même épuisé mentalement, il se laissa donc tomber sur son lit complètement trempé et se réveilla le lendemain avant le levé du soleil sans aucun possibilité de se rendormir.
Pour lui aussi c’était son jour de repos, ça faisait plusieurs jours qu’il hésitait à accepter l’invitation de Maddie à le rejoindre à l’Underground. Mais il avait déjà planifié les choses et Elvis lui avait fourni les jours de repos de la mutante.

Il descendit la rue en bas de chez lui avec sa tenue habituelle et se dirigea vers une des rares entrées des quartiers qu’il connaissait.
Ils ne furent pas long à l’intercepter et lui demander de montrer patte blanche. Mais malgré le peu de temps qu’il avait passé avec eux, il était assez connu dans le secteur pour que l’inspection ne s’éternise pas trop. Il réussi même à croiser Dean et lui faire sa demande.

A vrai dire, ça l’arrangeait pas mal de ne pas avoir à réveiller Maddie. Autant laisser un autre prendre les coups perdu. Il sourit à cette pensée en s’installant dans le hall. Il se posa sur un gros gravât et leva les yeux vers la voute au dessus de sa tête, se perdant un instant dans ses pensées. Quand était-ce la dernière fois qu’il avait vu cet endroit ? Et combien de fois avait-il vu le même endroit bondé de monde. Il ne doutait pas que ça n’allait pas tarder d’ailleurs. Mais aujourd’hui. Il était en terrain connu. Pas besoin de se cacher aussi fou que cela puisse lui paraître et aussi mal a l’aise que ça puisse le mettre.

Quand la voix de Maddie résonna au loin, il se retourna et sourit à cette dernière haussant les épaules d’un air nonchalant.

- Tu sais. Avoir ses sources c’est toujours utile tu ne pense pas ? Et puis qui serrais-je si je donnais mes sources comme ça, comment garderais-je un avantage sur les autres avec ce genre de façon de penser ?

Il rit et lui tira même la langue avant de se redresser pour s’avancer lentement vers elle.
Une fois à son niveau, il lui tendit sa mitaine, le regard pétillant.

- Désolé de te faire manquer quelques heures de sommeil… mais j’ai eu un accident de parcours et je me suis dis qu’accepter ton invitation serait une bonne façon de rendre cet accident productif.

Il regarda autour de lui une nouvelle fois. Malgré tout ce qu’il pouvait se dire intérieurement, il était quand même stressé à l’idée de ce qu’il aurait à faire aujourd’hui et de ce que les gens pouvaient penser de lui après ça.
Il reposa donc les yeux sur Maddie et attendit sa réaction.

– Ca va, nous dirons que tu as eu de la chance. Pour cette fois.

J'ai souri en lui serrant la main et j'ai levé les bras pour lui montrer l'espace. Ca avait quelque peu changé depuis qu'il était parti. Nous avions quelques nouveaux équipements, des tapis plus neufs, il y avait aussi clairement plus d'extincteurs qu'avant ! Des activités semblant parfois étranges suivant quel mutant s'en servait. Des fléchettes, des couteaux... La seule chose qu'il n'y avait pas était des sections de tir. Non seulement à cause du bruit mais aussi par sécurité, l'entraînements ne s'effectuaient jamais à l'Underground. Tout ce qu'il y avait, c'étaient quelques mannequins et des pistolets à billes dans un petit coin un peu plus reculé pour éviter les accidents.

– Je suis contente que tu sois venu, en tout cas. Alors ? Qu'est-ce qui t'est arrivé pour te convaincre de venir ici ?

J'ai réajusté mon pull avant de m'attacher les cheveux, faisant quelques pas avec lui pour revenir vers le centre de la pièce. Alors que je voyais l'adolescent revenir, je me suis tournée vers lui en levant la main.

– Skandar ! Tu peux m'apporter, euh... Oh, tu sais l'étagère qu'on a démontée l'autre jour pour la remplacer, vous avez gardé les pièces ?

– Oui, on s'est dit qu'on pourrait en faire autre chose, sûrement.

– Génial, tu peux me les apporter ?

Skandar a tourné les yeux vers Eli avant de les reporter sur moi, légèrement suspicieux. Les mutants, c'était pas trop son truc. Est-ce que c'était parce qu'il en avait peur ou parce qu'il pourrait en être un, allez savoir. Toujours est-il qu'il était loin du maigre voleur de rue comme à son arrivée. Aujourd'hui, c'était un grand gaillard de presque 20 ans avec des cheveux blonds en bataille et une carrure à faire envier un joueur de catch. Il avait conservé son caractère fougueux mais il s'était bien calmé, il était devenu plus observateur, plus attentif aux choses qui l'entouraient. Il avait donné raison au choix de Reese. Il acquiesça finalement sans rien dire et posa son carnet sur une table avant de se frotter les mains. Je me suis retournée vers Eli et j'ai frappé dans mes mains avant de lui tirer un clin d'oeil.

– Bien ! Première chose, tu vas me montrer ce que tu sais faire !

Eli rit.

Il se figea un instant et se prit le menton avec le pouce et l’index, le regard dans le vague en réfléchissant à la question de Maddie.

- Disons… plein de choses. J’ai eu une discussion avec une représentante des forces de l’ordre qui est venue m’arrêter pour port de bonnet prohibé au Campus. Sexy… mais j’ai pas osé lui dire, j’avais peur de me prendre un coup de matraque.

Il sourit à sa propre blague et reprit.

- J’ai aussi discuté avec une fille que j’ai dépanné il y a quelque jours… qui m’a dit presque la même chose que l’agent de police… tu sais ce qu’on dit. Quand une personne te dit que tu es un cheval, insulte le, quand deux personnes te traitent de cheval… regarde au bout de tes jambes si tu n’aurais pas de sabot.

Il suivit l’échange entre Maddie et Skandar. Il n’avait jamais vu ce jeune homme, mais pour lui, c’était normal, il n’avait pas passé beaucoup de temps par ici et quand c’était le cas, il était presque toujours enfermé. Il connaissait Elvis pour plusieurs raisons, Maddie, il avait déjà vu Reese bien entendu, mais c’était presque tout ce qu’il connaissait de l’Underground.

Quand il entendit Maddie parler de pièces, il sut presque immédiatement ce qui l’attendait et c’était normal. Le vif du sujet.
Il fit rouler trois fois sa bague autour de son pouce et la retira dans un mouvement et baissa la tête pour faire glisser son pendentif d’autour de son cou. Il l’embrassa et s’écarta du duo pour le déposer sur un morceau de béton un peu plus loin.

En retournant vers eux, il vit Maddie lui faire face et lui annoncer que le début de l’entrainement consisterait à lui montrer ce que je savais faire.
J’avais parfaitement compris sa phrase, mais je ne pu m’empêcher de mettre mes poings en avant, les coudes le long du buste et de sautiller plusieurs fois, lançant mes poings en avant comme un boxeur pendant un combat.

- Je suis là pour ça, je suis tout aussi curieux que toi.

Après tout, il n’avait que très peu utiliser son pouvoir depuis qu’il était là, trois fois tout au plus et même si ça le démangeait de plus en plus, ça lui faisait aussi terriblement peur.

Je l'ai regardé faire, une main dans ma poche de jean, sans rien dire, avec juste un sourire en coin. Je l'ai écouté, attentivement, attendant le moment où il me donnerait la réponse que je voulais entendre. Mais rien n'est venu. J'ai haussé un sourcil alors qu'il se mettait en position et cette fois ? J'ai franchement ri. J'ai pris un de ces poings de ma main libre pour lui rendre et j'ai secoué la tête.

– Je parlais de cet accident de parcours qui t'a réellement convaincu que tu étais un cheval et sans que personne ne te dise que tu l'étais avant.

Des Positifs en difficulté, des Candidats ne trouvant pas leur place, des Négatifs craintifs... Cela faisait presque 4 ans, maintenant que c'était notre quotidien, notre vie de tous les jours. Et parce qu'une seule autre personne avait eu des paroles semblables aux miennes, le voilà acceptant mon offre contre laquelle il avait temps d'énergie pour refuser ? Tout ça pour de l'indépendance... Ce que je comprenais, j'étais moi-même amatrice de dépendance même si je ne savais en donner à mon propre frère. Skandar est arrivé près de moi et j'ai pris un panneau d'aluminium de ses bras pour l'aider à amener ça un peu plus loin. Plus au centre. Le jeune blondinet a laissé tomber les pieds de métal au sol dans un fracas et s'est frotté les mains avant de regarder Eli. Si ce dernier avait aussi peur de ses pouvoirs, Skandar n'en menait pas large non plus.

– Okay, leçon numéro 1, El... Tu dois savoir de quoi tu es capable avant de comprendre ce dont tu es capable. Ainsi, tu feras e bon choix en ayant tous les éléments en ta connaissance. Je sais que tu as peur, que... Ca ne te fait pas rire, que tu ne veux faire de mal à personne, et sûrement plein d'autres choses que tu ne me dis pas. Mais si personne ne te force un peu alors tu ne t'y mettras jamais. On a essayé la méthode douce, on a essayé la méthode de confiance... maintenant, on essaye ma méthode. Montre-moi.

Je me suis légèrement reculée des pieds d'étagère, gardant le panneau avec moi et Skandar m'a suivie. Même s'il semblait vouloir retourner à son inventaire, il ne quittait plus Elijah des yeux, le gardant à portée de vue et d'écoute. Il s'est penché pour récupérer son carnet mais n'est pas allé plus loin. J'étais contente que Skandar soit curieux. J'aurais voulu le joindre à cet exercice pour lui donner sa propre leçon. Malheureusement... Il n'était pas sous ma responsabilité et Reese avait été très clair à ce sujet : que je me mêle de mes oignons.

La réaction de Maddie lui fit faire la moue. Enfin, pas vraiment sa réaction, plus ce qu’elle sous entendait. Si il avait bien comprit, il n’était pas prêt de parler de ça.
Ce n’était pas une question de confiance, c’était plus une question de pouvoir, enfin d’avoir la force de le faire, car même si il avait bien encaissé, cet évènement restait tout de même marquant pour lui.

Il fut tenté de les aider à porter le panneau, mais savait que Maddie attendait quelque chose de différent de lui.
Alors quand ils s’écartèrent et qu’elle lui parla, il se focalisa complètement sur la plaque.
Maddie avait raison sur ce qu’elle disait… il était temps de sortir de sa bulle.
Il fit quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis des mois et soupira, laissant s’écarter ses pensées.

Il imaginait son pouvoir comme une bulle qu’il gardait au fond de lui et pouvait étirer, la plupart du temps, quand il ne faisait pas attention, il ressentait des vibrations au niveau de sa nuque, quand la boule qu’il gardait dans l’estomac s’étendait et qu’il ressentait sa bague, son pendentif, le métal de ses pins, de ses vêtements, mais là ce qu’on lui demandait était différent.
Il arqua les épaules et ferma les yeux tandis qu’il étendait son pouvoir bien plus loin que ce qu’on lui avait demandé.

Il rouvrit les yeux en paniquant. Il ressentait tout sur un rayon de dix mètres, chaque pièces en métal sous le béton, chaque poutre au dessus de leurs têtes, chaque centimètres de la plaque en aluminium. Il recula d’un pas et au moment ou il allait tout lâcher, il se reprit, avançant légèrement les mains vers l’avant et réduisant l’aire de sa perception.
Eli retrouva contenance quand il se concentra sur la plaque.

Cette dernière se mit à frémir, vibrer, puis après quelques secondes de ce manège, fini par décoller avec une plainte.
Ce son était bien particulier. Le métal sous la pression de son pouvoir avait tendance à sortir des notes lourdes et sourdes. Même l’Aluminium qui était un métal dit léger produisait ce son.
La plaque ne fit pas de choses extraordinaire, mais elle s’éleva quand même visiblement.

Quand Eli reprit ses esprits et se concentra sur ce qui se passait sous ses yeux il éclata de rire. Impossible de dire si il craquait et que c’était un rire nerveux ou quelque chose de plus joyeux.

Il tourna la tête vers Maddie et lui lança d’un mouvement de menton.

- Comme ça ?

Alors que Eli se concentrait, je me suis appuyée les coudes sur le panneau. Skandar, quant à lui, avait fermé les bras sur son torse, emprisonnant son carnet en fronçant les sourcils. Le petit manège le rendait curieux, à n'en point douter et j'en étais quelque part ravie. Quand les Négatifs étaient curieux des Positifs... J'étais ravie. C'était bon signe. Quand Eli a rouvert les yeux, j'ai levé une main pour le rassurer. Que tout allait bien. D'une voix basse, je l'ai intimé de respirer, voire même de fermer les yeux s'il avait besoin. Vous me verrez rarement utiliser mon pouvoir les yeux ouverts. J'avais toujours le vertige, ça m'évitait de rendre mon déjeuner à l'atterrissage. J'ai acquiescé alors qu'il semblait réussir à se reconcentrer et puis... J'ai senti quelque chose dans ma main.

J'ai baissé les yeux sur le panneau et... Je dois avouer que pendant une fraction de seconde, je n'ai pas été très rassurée. J'ai senti les vibrations dans le creux de ma main mais après quelques secondes plus tard, la plaque d'alu décollait. J'ai pincé les lèvres, surprise, et je me suis baissée, presque accroupie en levant un bras pour me protéger. C'était toujours le risque face à un mutant qui découvrait ses pouvoirs ou qui apprenait à les utiliser : c'étaient les risques du métier, non ? Skandar a eu le même réflexe que moi et a reculé de quelques pas de plus. Le panneau dans les airs, contrôlé à distance par la main d'Elijah m'avait écarquillé les yeux. J'ai juste tourné ces derniers quand il a repris la parole et je me suis lentement redressée en tirant sur le bas de mon pull pour me donner contenance.

– Et bien, je m'attendais plutôt à voir quelque chose sur les pieds que sur moi mais...

Les yeux ronds, j'ai haussé les sourcils et j'ai fait une moue des lèvres en acquiesçant.

– Oui, c'est à peu près ça ! Tu voulais vraiment bouger cette pièce là ou autre chose ? Parce que si tu ne visais pas le panneau, il faudra revoir ton mode de concentration. Mais c'est déjà un bon début ! Tu gardes le contrôle ! Maintenant, repose le panneau doucement au sol. Ne te presse pas, prends juste le temps de manoeuvrer tout en ayant pleinement conscience.

Eli laissa retomber la plaque lentement, ce bruit de vrombissement toujours présent alors qu’elle descendait lentement vers le sol pour finalement se poser à l’endroit exact où il l’avait levé la première fois. Sur la fun de son geste, il se passa un main dans le dos et se redressa complètement. Visiblement, contrôler la lévitation avec une seule main l’aidait dans sa précision là ou le faire avec deux l’aidait dans l’effort.
Malgré tout, une fois sur le sol, ses muscles se détendirent si violemment qu’il chancela une seconde, mais le sourire aux lèvres malgré tout.

Il pointa le plaque du doigt et haussa les épaules.

- C’était elle que je visais depuis le début.

Il se mit à battre des mains comme pour s’éventer le visage et reprit.

- Quand je me concentre, je ressent toutes ces sources… celle-ci était la plus simple à attraper. C’est pour ça que je me suis concentré sur celle là. Désolé Maddie, juste que quand j’ai ressenti la surface, je me suis dis que ça serait plus simple pour un début.

Il tourna sur lui-même un instant et fixa de nouveau les deux personnes du public.

- Les pieds la prochaine fois, promis.

Mine de rien, il était content de lui et ça se voyait. Et prendre le temps de comprendre son pouvoir et ne pas le relâcher dans une phase de panique ou de colère était également très bénéfique pour lui. Il faut croire que Maddie et Angie avaient raison après tout. Avoir peur d’une partie de son corps n’aiderait pas le jeune homme et il en prenait pleine conscience a présent.

Il s’éloigna une seconde des deux autres et se mit à marcher, contrôlant sa respiration pour la calquer sur ses pas, lent et mesuré.
Petit a petit, il réussissait à reprendre un rythme normal, l’excitation et le plaisir refluant lentement de là où ils étaient venu et lui libérant assez l’esprit pour qu’il puisse penser à la suite.
Il pivota sur lui-même comme dans un pas de danse et retourna vers les autres. Se plantant devant eux sans broncher, son sourire toujours aux lèvres.

J'ai regardé Skandar se relever qui avait porté les yeux sur moi l'air clairement peu rassuré. Ce n'était pas mon cas. J'avais retrouvé mon sourire et j'ai acquiescé auprès d'Elijah, visiblement impressionnée. Je pensais qu'il maîtrisait le métal ou du moins, j'avais eu une autre idée de son pouvoir. Je ne voyais pas encore en quoi cela pouvait être dangereux. A moins que ce que j'avais vu était bien différent. Probablement que son futur s'écrivait maintenant. C'était maintenant que je pouvais y changer quelque chose... Et si le fait de l'aider à maîtriser tout ça était une erreur ? Pendant qu'il doutait et qu'il craignait ce dont il était capable, Eli restait "maîtrisable"... Et si je me trompais dans tout ça ? J'ai balayé mes doutes, m'assurant moi-même que je faisais le bon choix et pour la bonne raison. J'ai levé une main vers lui.

– Non non, ne t'en fais pas, c'est une bonne chose !

Alors qu'Eli s'éloignait, je me suis approchée de Skandar en lui demandant de ramener autre chose. Je ne voulais pas presser Eli, cependant, je le trouvais plutôt doué pour quelqu'un qui avait peur d'agir. Je me suis raclée la gorge et j'ai rejoint les pieds avant de les bousculer de la pointe de la chaussure, le bruit résonnant jusqu'aux vitraux du dôme. Je me suis mise au milieu et j'ai écarté légèrement les bras.

– Alors, on va essayer autre chose. Le panneau tu dis était facile et léger. On va essayer les pieds maintenant, d'accord ? Juste les pieds, Elijah, tu m'entends ? Pieds... - j'ai montré les barres de fer - Panneau... - J'ai désigné la plaque d'alu - D'accord ? Essaye de ne décapiter personne ni d'empaler qui que ce soit. Tu vas me donner chaque barre une à une. J'entends par là, la trouver parmi les autres, la soulever et la mettre dans ma main. Ca permettra de mesurer ton degré de concentration et aussi le poids que tu peux soulever, si c'est facile, on passera à un peu plus lourd.

Skandar revenait avec un rack qu'il a déposé sur la table à quelques mètres d'Elijah. Il n'avait toujours rien dit mais ça ne l'empêchait pas d'observer attentivement. Il allait repartir quand je l'ai arrêté d'une voix claire.

– Non. Reste là, je vais avoir besoin de toi ensuite.

Il observa le manège de Skandar et Maddie sans rien dire. Il était préparé à ça. Devenir le centre de l’attention le temps de son entrainement. Même si c’était quelque chose qu’il n’appréciait pas plus que ça, il le supportait sans problème. Normal après tout. Il était là pour une démonstration… et démonstration voulait dire publique à qui la faire.

Quand Maddie se plaça entre les pieds, il pencha la tête de coté, curieux. Elle écarta les bras et s’adressa à lui. Son sourire lui revint presque immédiatement et il fit un geste ample de la main.

- Mais c’est que je serais presque tenté de devoir mettre cette plaque dans tes mains…

Il fit une grimace et se planté à quelques mètres de Maddie, juste en face, reflet de cette dernière au niveau de position.
Il fixa les pieds et leva les mains lentement. Sitôt qu’il le fit, le vrombissement se fit sentir. Premièrement de façon très légères et plus il remontait ses mains, plus il se fit sonore. Rien d’assourdissant, ça restait un bruit de fond, mais que tout le monde pouvait entendre quand ils étaient proche de la source.

Les pieds s’élevèrent à grande vitesse dans les airs avant de se figer à quelques mètres au dessus de Maddie. Eli ne put s’empêcher de retenir un juron. Il le savait, il avait comprit ça plus tôt et il venait de faire l’erreur. Son air avait changé de la concentration à la colère.

- Je suis débile…

Il fit un geste brusque de la main vers le haut et les pieds montèrent vers le dôme de verre. Puis il baissa les bras. Sitôt qu’il fit le geste, le son s’interrompit. Les pièces de métal se figèrent dans l’air et se mirent à décrire une courbe qui les replongeait vers le sol.
Cela donna assez de temps à Elijah pour ajuste sa position, il se mit de profil et tendit une seule main vers les pièces cette fois. Son poing était quasiment fermé à l’exception de son pouce, son index et son majeur qui eux étaient tendus vers la cible.
Presque immédiatement, elles s’arrêtèrent dans leur chute et le sont se fit entendre de nouveau.
Tandis qu’il baissait lentement les pieds vers les bras de Maddie, il s’expliqua.

- Si je veux plus de précision que de puissance… il semblerait que je doive utiliser une position de ce genre là plutôt que mes deux mains… d’ailleurs, je pense que je n’aurais même pas besoin de mes mains… psychologiquement, ça m’aide à calibrer la zone sur laquelle je veux agir…

Quand Maddie arrêta Skandar et lui annonça qu’elle aurait besoin de lui ensuite, il fut légèrement paniqué. Que préparait-elle ?
Mais l’exercice terminé, il garda sa position de profil, une de ses mains dans le dos.

En voyant les barres s'élever trop haut, j'ai levé les yeux pour les suivre, les mains toujours tournées paume vers le ciel, attendant.

_ Elles sont plus basses, mes mains, Eli...

Mon pouvoir n'agissait jamais par la colère. La peur, la surpise, oui, mais la colère ne servait à rien dans mon cas. En revanche, je savais que c'était le cas de beaucoup d'autres pouvoirs et qu'il fallait le maîtriser. La seule aide que je pouvais apporter était la connaissance de cette donnée. Pour le reste, moi-même en permanence en colère... Comment pouvais-je être de bon conseil ? D'une voix douce, néanmoins, j'ai tenté de l'apaiser.

_ Tu n'es pas débile, El-

Mais je n'ai pas pu finir ma phrase que déjà j'ai vu les pieds s'élever vers le dôme. S'il brisait celui-ci par la force de l'élan, ça allait barder pour mon matricule. J'ai soufflé un juron entre mes lèvres et Skandar a écarquillé les yeux en voyant les pieds retomber. Je me suis vivement reculée pour éviter de les prendre dans la tête. J'aurais voulu hurler à Elijah de faire attention mais ça n'aurait fait qu'accentuer sa panique alors je n'ai rien dit. Voyant les barres de métal arriver vers moi, j'ai ouvert les mains pour les prendre et j'ai poussé un soufflement de soulagement. J'avais vu juste, il fallait de l'espace à Elijah. Le pire étant qu'il contrôlait son pouvoir, il avait seulement besoin d'un peu d'exercice.

_ On va essayer autre chose, maintenant : le mouvement. On va s'employer à faire quelques petits exercices du genre, juste pour voir un peu comment ça fonctionne, les limites et ensuite on travaillera les lacunes. D'accord ? Skandar...

Ce dernier haussa les sourcils et secoua la tête. Il se retenait visiblement de lâcher quelques commentaires mais son regard parlait de lui-même. Je ne pouvais pas le blâmer. Il n'était pas là pour les mêmes raisons que nous, après tout. Et il faisait très bien son job, seulement, il pouvait parfois se montrer un peu difficile avec les autres. J'ignorais pourquoi, cela dit mais Reese le défendait en permanence et je me fiais à son jugement. Skandar s'est approché de moi avec le petit rack alors que je descendais la marche pour revenir vers eux. J'ai désigné les mannequins d'une barre de fer et j'ai repris.

_ Skandar est un as du lancer de couteaux. Le but serait de voir si tu peux contrôler un élément en mouvement ou non. Imagine que ce mannequin là-bas est une personne à laquelle tu tiens ou... Qui tu veux.

Le blondinet a laissé le rack tomber au sol et s'est emparé de trois petits couteaux de lancer. Son humeur, je l'ai relevée en penchant la tête, les lèvres pincées. Je l'ai désigné à son tour d'un des pieds.

_ Hey. Sois gentil. Et ne vise que le mannequin, ok ?

_ Ca va, je suis pas attardé.

_ Oui ? Et bien prouve-le.

Il a soupiré en secouant la tête, faisant tourner un couteau entre ses doigts et j'ai reposé les barres au sol avant de me frotter les mains. J'ai croisé les bras et je me suis tournée vers Elijah.

_ Prends ton temps. Quand tu es prêt, dis-le.

Le coeur d’Eli battait à 3 000 km/h. Il dansait d’un pied sur l’autre en tentant de rester immobile.
Quand Maddie lui donna la suite du programme il fait la moue. Il sentait bien que ça allait monter en niveau de difficulté. Il la connaissait un peu. Même si après tout, il était venu pour ça. Quand elle lui parla de mouvement ce pendant, il eu un léger mouvement de recul.
Voila quelque chose qui allait être clairement différent de ce qu’il avait l’habitude de faire malgré ses faibles expériences.

Ses idées s’emballèrent quand il entendit la Positive venter les mérites de Skandar au lancé de couteau.
Il se voyait déjà les mains attaché sur une cible géante et tentant de stopper des lames lancées sur lui a toute vitesse. Bon, heureusement, l’exercice, bien que se rapprochant de son idée n’était pas vraiment identique. Il sourit à cette constatation d’ailleurs. Puis se rendant bien vite compte que ça pouvait lui donner l’air arrogant, se contenta de retrouver son air sérieux.

- Je vais… essayer, mais je pense que ce mannequin risque de se prendre quelques jets avant que j’y arrive.

Se mit ensuite en place une petite phase d’évaluation. Il fit quelques pas dans l’aire. S’approchant du mannequin et le touchant du bout des doigts. Immédiatement il sentit un picotement dans le bas de sa nuque.

Quand Maddie précisa a Skandar qu’il ne devait viser QUE le mannequin, il pivota sur lui-même et les regarda avec des yeux interloqués. Faisant ensuite quelques pas de coté pour s’écarter de la ligne de tir et se plaçant à quelques mètres de là, formant une sorte de triangle niveau distance entre Skandar et Maddie sur sa gauche et le mannequin sur sa droite.

Il reprit sa position de bretteur, une main dans le dos et l’autre prête à se tendre lorsqu’il voudrait déployer son pouvoir.
Il fit signe à Skandar de lancer le premier couteau.

Quand le couteau s'envola des mains de Skandar, Eli tenta d'étirer sa zone de perception le plus rapidement possible. Il localisa presque instantanément le couteau et se concentra pour le stopper en vol.
Il visualisa une zone dans l’espace, au milieu de la trajectoire et quand il aperçu le brillant de la lame dans son champ de vision, il activa son pouvoir.
Le son se fit entendre, mais l’espace d’un battement de cil, une trille et c’était fini. La Lame dévia de sa trajectoire et tapa au niveau de l’épaule du mannequin.

Elijah fit la moue et se massa la nuque.

- Ce n’est pas vraiment ce que je voulais faire. Je ne sais pas ce que tu visais, mais je pense que j’ai juste dévié le tir sans même réussi à accrocher la lame quand elle est passée.

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'SHUFFLE' : 4

En position, Skandar attendit, légèrement blasé. Il s'est raclé la gorge et a tendu le bras, prêt à lancer. Il avait du travail et se disait que Reese lui taperait sur les doigts s'il savait qu'il faisait autre chose. En même temps, s'il pouvait mettre un Positif au défi, le voilà bien plus attiré par cette idée. J'étais restée légèrement en retrait et avais croisé les bras.  Au signal d'Elijah, Skandar s'est redressé et a lancé son couteau que je suivais du regard. J'ai haussé les sourcils en voyant la déviation et je me suis alors rendue compte qu'avec le pouvoir d'Elijah, mal contrôlé, il pouvait blesser n'importe qui sans le vouloir.

– Oh, je visais la tête, bien sûr !

L'exclamation d'évidence de Skandar m'a extirpée de mes pensées. Il avait les mains ouvertes et les sourcils hauts, le torse bombé. Bientôt il chanterait au lever du soleil pour avertir tous les autres coqs que c'était l'heure de se lever. J'ai tourné les yeux vers lui avant de désigner le mannequin d'un geste de la main.

– Encore.

Skandar m'a jeté un regard avant de soupirer et de se pencher pour prendre un autre couteau. Il s'est remis en position et a à nouveau secoué la tête mais je n'y ai prêté aucune attention. Il a brièvement regardé Eli en se remettant en position et j'ai croisé les bras sur ma poitrine en portant mon pouce à mes lèvres, concentrée sur Elijah. Il perdait facilement le contrôle de son pouvoir ou du moins, sa force n'était pas maintenue correctement. Manquait-il d'entraînement, de coordination, de concentration ou bien était-ce autre chose ? Ce que j'avais vu sur le quai n'avait rien à voir avec tout ça... La maîtrise dont il avait fait preuve à l'époque était loin d'être acquise ici. Et je voulais la voir. Mais comment attirer son attention ? J'étais cruelle, je le savais. Je savais également que c'était la pire des idées que j'ai eue depuis longtemps. Je détestais faire réagir à la peur, la crainte et le danger mais c'était ainsi que mon pouvoir fonctionnait et je ne connaissais pas grand chose d'autre. Ma vie entière avait réglée par le danger et la méfiance, à défaut d'avoir peur. Toujours sur le qui vive.

J'ai attendu que Eli donne le signal et que Skandar détende le bras pour envoyer le couteau et j'ai reculé mon pouce de mes lèvres pour lancer d'une voix neutre.

– Tu es mort ce jour-là.

Quand il lui annonça qu’il visait la tête, Eli haussa un sourcil. Il le dévisagea un instant et fini par hausser les épaules, le pouce vers le haut.

Et bien, c’est toujours bon à savoir après tout…

Il sautilla légèrement, il commençait à se sentir bien et avoir son pouvoir déployé sans restriction le mettait à l’aise comme il ne l’avait pas été depuis des années. Comme une personne qui se privait de quelque chose pendant longtemps pour finalement retrouver cette chose après tout. Il n’était pas difficile de vivre avec quelque chose quand on avait prit l’habitude de vivre avec certaines difficultés, mais une fois que ces dernières avaient disparues, il était clairement plus simple de respirer.

Il secoua la tête et changea de pied, tournant le dos au groupe, une main toujours dans le dos.
Eli fit signe du bout des doigts et déploya son pouvoir en attendant que Skandar effectue son prochain lancé, il avait comprit quelque chose et il ne comptait pas reproduire la même erreur cette fois ci. Si il avait bien calculé, ça devrait porter ses fruits.
Il sentit la lame avant même qu’elle ne quitte les doigts du jeune homme. Il était temps de mettre les choses en place.

Puis retenti a ses oreilles la voix de Maddie. Il n’eu même pas besoin de demander de quoi elle parlait, cela faisait référence à une conversation qu’ils avaient eu quelque jours plus tôt, il le savait et même si il s’en doutait se l’entendre dire lui donnait une impression atroce.

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'SHUFFLE' : 3

Il perdit le fil de ses pensées et ne resta que l’instinct. Son esprit s’embruma et la seule chose qu’il garda fut le mouvement qu’il sentait dans l’air, le picotement dans sa nuque. Il appliqua ce qu’il voulait faire à la lettre, mais de façon plus instinctive, de façon clairement plus brutale.

La lame se figea en plein air. Le bruit de vibration se fit plus important et Skandar et Maddie purent voir la lame vibrer dans les air, les premières secondes, très lentement, puis beaucoup plus rapidement et finalement dans une plainte, la lame de lancée se tordit dans tout les sens pour ne ressemble au final qu’à une boule qu’on pouvait tenir dans le creux de la main.
Puis elle tomba sur le sol.

C’est après le bruit de ce qui fut la lame touchant le sol qu’Eli reprit ses esprits.
Il soupira longuement et secoua la tête, se retournant lentement vers les deux autres et posant ses yeux sur Maddie.
Il était clairement contrarié, ça se lisait sur ses traits, mais ce n’était pas de la colère. Ni de la peine. Du moins pas dans le sens où on l’entend.

Il tourna la tête vers la droite et regarda la boule métallique.

- Je n’ai pas besoin de ce genre de gâchette mentale…

Voir l’objet sur le sol lui fit des frissons. Et si il n’avait pas été concentré, qu’aurait donné l’experience de Maddie ? Si il avait étendu son pouvoir bien plus loin que la trajectoire de la lame et que la verrière s’était effondrée sur eux par exemple ? Cette pensée le fit frémir.

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'SHUFFLE' : 3

En m'entendant, Skandar a sursauté et a tourné vivement la tête sur moi mais je m'en fichais, je tapotais mon pouce contre ma lèvre en observant la lame en l'air. Tout ce qui m'intéressait était de voir la réaction du pouvoir d'Eli face à la surprise et probablement aussi la colère mais surtout dans l'imprévu, à la limite du livré à lui-même, ce qu'il était ce jour-là. J'ignorais ce qu'il ressentait, mais je pouvais toutefois au moins l'imaginer. Je n'avais jamais été dans la même situation que lui mais je n'avais pas de mal à visualiser la scène. Je n'aimais pas ce que je voyais. Pas dans le sens où Eli avait échoué ou qu'il avait fait quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. Non, il avait fait précisément ce que je craignais.

– Je sais.

Personne n'avait besoin de ce genre de gâchette mentale. Skandar me regardait, horrifié ou presque alors que j'avançais vers la boule métallique pour la ramasser et la faire sauter dans ma main.

– Il aurait pu nous tuer !

– Il ne l'aurait pas fait.

J'ai observé la boule sans regarder Skandar qui commençait à s'énerver.

– Qu'est-ce qui serait arrivé s'il n'avait pas maîtrisé son pouvoir et qu'à la place de mon couteau, c'étaient les morceaux l'étagère en miette qui nous auraient empalés aux mannequins ?!

– C'est bien ça le problème.

Skandar a secoué la tête, les mains et la bouche ouvertes de stupéfaction, attendant que je m'explique. Assurément qu'il était le protégé de Reese et sur un champ de bataille, on aurait aisément pu confondre ces deux-là. Je comprenais maintenant pourquoi il était là malgré l'opposition que nous avions notée à son recrutement. J'ai inspiré profondément et j'ai lancé la boule à Elijah.

– Ton pouvoir réagit à quelque chose de négatif. Peu importe les exercices que je te ferai faire aujourd'hui, tu manqueras toujours d'assurance et de maîtrise de ton élément parce que tu n'es pas impliqué. Ton pouvoir n'est sous contrôle que lorsque tu es émotionnellement impliqué. Tu as canalisé quelque chose dans cette lame pour la transformer sans agir sur quoi que ce soit d'autre et pourtant la pièce est pleine de métal. Qu'est-ce que c'était ?

Il entendit l’échange et cela le fit fermer les yeux.
Le jeune homme venait de mettre précisément le doigt sur la chose qui avait fait peur à Elijah. Et il avait raison de réagir comme ça. Lui-même dans la situation inverse, aurait également réagi de la même façon.
Quand elle lui envoya la boule, il n’eu même pas besoin d’ouvrir les yeux, il se contenta de tendre la main instinctivement la source magnétique qu’il sentait approcher et la saisi en plein vol. Sans utiliser son pouvoir, juste en la sentant arriver et avec ses bons vieux doigts.
Mais ce que lui dit Maddie ensuite lui fit serrer les poings, elle l’avait clairement fait dans ce but précis, et il détestait l’idée.

- Je ne le connais pas. Tu ne le connais pas non plus… les émotions ça se contrôle et c’est dangereux de jouer avec ça. Tu prétends que mon pouvoir réagis quand je suis emotionellement impliqué, mais c’est le cas de tout le monde. Une personne avec une arme pourrait faire des choses sous le coup de la colère qu’il ne ferait pas en situation normale.

Il rouvrit la paume de ses mains et ses yeux par la même occasion, fixant la boule de metal et en testant la surface du bout du pouce. Ce n’était pas ce sentiment qu’il voulait utiliser.
Eli pointa son doigt en l’air et forma une ligne droite entre le mannequin et Skandar, qui était toujours bloqué dans sa position défensive.

- La trajectoire. J’arrive a décider de ce que je touche, c’est ce que je fais le plus facilement. Et ça n’implique même pas d’utiliser mon don, juste… penser à ça et je peux ressentir les choses, comme si je décidais de former un bulle autour de moi. Et bien cette fois, je l’ai dirigée sur la trajectoire.

Du bout du doigt il fit un oval approximatif de la zone qu’il avait décidé de ressentir.

- Il a raison… si je n’avais pas compris cet aspect là… j’aurais pu faire tomber le toit sur nous. Et il est plus difficile de construire que détruire. Je n’aurais surement pas eu la force d’arrêter ce que j’aurais déclenché.

Skandar n'a rien ajouté, encore moins quand le Positif était de son côté. Mais je lui ai pris la boule des mains sans le quitter des yeux.

– Mais tu ne l'as pas fait.

Gardant le métal dans la main, j'ai désigné Skandar qui, instinctivement, fit un pas en arrière.

– Je pourrais le viser par surprise avec maintenant que tu réussirais quand même. Je ne connais pas ton pouvoir et toi non plus et on est là pour ça.

– C'était un pari bien trop risqué !

– Si personne ne prenait de risques, on serait tous morts !

J'avais lentement tourné la tête vers Skandar en haussant le ton. J'ai baissé les yeux un instant, sachant pertinemment que je n'avais pas utilisé la bonne méthode mais au moins était-elle efficace pour tester les limites. Hey, je n'ai jamais prétendu être parfaite ni particulièrement appréciée.

– Tu contrôles justement ces émotions.

J'ai dressé la boule entre Elijah et moi et j'ai haussé un sourcil.

– Elle est là ta force. C'est ce qui fait que tu en as si peur, j'imagine. Tu ne connais peut-être pas encore tes limites mais tu es suffisamment éveillé à ton pouvoir pour y répondre instinctivement. Ce n'est pas évident pour tout le monde, mais pour toi, il semblerait que si.

J'ai pris sa main pour lui poser la boule dans la paume. J'avais beau le regarder aujourd'hui et me dire que c'était un brave garçon, j'avais vu ce que le futur lui réservait, nous réservait. Ce que je craignais était de ne pas pouvoir l'empêcher. Mais je devais opérer maintenant, c'était une période déterminante.

– Encore.

Skandar a froncé les sourcils et j'ai souri à Elijah. J'ai commencé à reculer vers le mannequin en ouvrant les bras, visiblement amusée par l'exercice.

– Tu veux essayer ? Promis, pas de surprise, cette fois. Juste la trajectoire, toi et... Ma vie. Tu vas voir que ne pas réagir aux émotions n'est pas évident pour tout le monde. Ca ne l'est pas pour moi, en tout cas. mais on va essayer un exercice de confiance, tu veux bien ?

– C'est une très mauvaise idée...

– Toi, tais-toi et prends ton couteau.

Skandar a haussé les épaules en se penchant dans un soupir. J'ai fait un clin d'oeil à Elijah. C'était assez étrange de ne pas avoir peur de ce qui pouvait arriver mais de savoir que son pouvoir agissait toujours dans les moments les plus critiques, du moment qu'il pouvait les anticiper.

– Je m'en fiche, c'est pas moi qui suis de corvée de lavage de sol ce soir.

Elijah hésitait, lui qui était toujours lui qui était d’un naturel toujours joyeux, pour le coup, il sentait vraiment que les choses lui échappaient. Il était venu pour un entrainement calme et découvrir ses pouvoirs petit a petit. Il aurait dû se douter que Maddie ne le ferait pas de cette manière après tout, il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même.
Malgré tout, quand elle minimisa ce qui venait de se passer, il secoua la tête, faisant les cents pas un instant avant de revenir rapidement à sa position initiale.

- Tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas prendre des paris comme ça comme il dit. On ne sait pas, c’est bien de me faire confiance et tu semble en savoir bien plus sur cet aspect de moi-même que moi justement… mais je ne me connais pas… pas ça.

Il porta les mains à ses tempes et en plaqua les paumes contre sa peau, fermant les yeux deux secondes et marmonnant quelque chose.

- Ce n’est pas parce que j’imagine des choses dans ma tête et que ça m’aide à visualiser ce que je peux faire que ça sera aussi simple à chaque fois Maddie, c’est dangereux…

Quand elle fit demi tour pour se mettre entre la cible et Skandar et qu’elle lui dit de la façon la plus décontractée du monde qu’il ne devait pas se rater sous peine qu’elle se prenne une lame, il perdit pied un instant.
Il fit demi-tour et s’éloigner, prêt à partir pour de bon et mettre fin à tout ça. Mais quand il entendit que Skandar se laissa si facilement convaincre, il se retourna incrédule.
Il ne lui dit rien, il se contenta de l’interroger du regard, l’incrédulité se lissant dans ses traits.

Il resta là un instant, mais fini par se rapprocher de nouveau. Inspirant fortement et tentant par tout les moyens de se calmer. De longue respiration lente, se concentrer sur le mouvement de ses poumons et… sur son pouvoir qu’il s’efforçait de réduire pour que sa vision de l’aire s’adapte de nouveau à celle qui séparait Skandar de Maddie.

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'SHUFFLE' : 3

Quand il vit la lame quitter les doigts de Skandar et qu’il suivit sa trajectoire, il tendit d’un coup sec sa main vers l’endroit où elle passerait invariablement, entre Maddie et lui. Il vit la scène au ralenti et senti que son pouvoir n’allait pas comme il le voulait avant même qu’il ne l’activement pleinement.

Premièrement, il ne réussi pas à magnétiser la lame à l’endroit où il le voulait et deuxièmement, il y mit beaucoup trop de coeur, incapable de se calmer assez pour faire ce qu’il avait en tête.
Le vrombissement habituel se fit entendre, mais aussi sec et rapide qu’un coup de fouet.
La lame effectua un angle droit à une trentaine de centimètres de Maddie et fonça droit dans un pilonne en béton innocent qui se trouvait à vingt mètres de là.
La force avec laquel Skandar avait envoyé le projectile fut plus que quintuplé après son angle et elle penetra la roche avec tellement de force qu’il ne restait plus que la garde apparente.

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'SHUFFLE' : 3

Avoir une confiance parfaite en un petit branleur lanceur de couteaux mais aussi dans un Positif qui apprenait tout juste à manier son pouvoir dans des conditions pareilles ? Une fois en place, j'ai tout de suite regretté ma stupidité. Mais je ne pouvais plus reculer. Quand Elijah a interrogé Skandar du regard, celui-ci a simplement haussé les épaules en me désignant de la pointe de son arme.

– Quoi ? Je veux voir si ce qu'on dit sur elle est vrai.

De toute façon, c'était mon choix. Mon risque. Mon exercice. J'en avais peut-être autant besoin qu'Elijah, au final. Combien se plaignaient de me voir autant utiliser mon pouvoir ? Il se manifestait tellement de fois sans que j'y pense, juste... Pour me sauver la vie, ou celle des autres. Il m'a rendue imprudente et suicidaire, prête à tout pour arriver où je voulais. Il me rendait intrépide et insouciante. J'avais, autant qu'Eli, besoin de contrôler cette marque instinctive de mon pouvoir qui, en réalité, me contrôlait plus que je ne voulais l'admettre.

J'ai jeté un oeil à Eli avant de me concentrer sur le regard de Skandar. Je savais qu'il ne ferait rien pour me louper. Il ne ratait jamais sa cible. J'ai inspiré profondément et soupiré lentement pour évacuer le stress de l'attente. J'ai répété l'opération en fermant les yeux afin de trouver toute la confiance que je pourrais trouver en Elijah pour cet exercice. Il ne fallait pas que je le regarde. Mes yeux sont restés portés sur Skandar. Mais peut-être que je n'aurais pas dû ? J'ai d'autant plus ressenti le choc quand il a lancé le couteau. je l'ai vu arriver sur moi à une telle vitesse que les derniers centimètres m'ont paru une éternité, comme au ralenti.

J'ai d'abord senti les frissons et le picotement dans mes pieds puis mes genoux. J'ai senti mon sang bouillir et mes nerfs s'agiter comme s'ils étaient secoués dans une centrifugeuse. J'ai eu le temps de ressentir chaque symptôme de mon pouvoir et j'ai également dû prendre sur moi pour l'empêcher de s'activer. J'ai sursauté en voyant la lame se figer à quelques centimètres de mes yeux ronds. Les lèvres entrouvertes, je l'ai écoutée alors que mon abdomen bouillonnait de l'intérieur et que je résistais encore à la transposition. Il y avait même de fortes chances que de l'extérieur, on me voit trembler comme un effet d'optique. Pourquoi résistais-je à mon pouvoir aujourd'hui et jamais en d'autres circonstances ? J'avais un public. Ce genre de choses aide quand vous avez un égo comme le mien.

J'ai lâché un soupir bref alors que mon pouvoir décidait de s'éteindre peu à peu, le danger semblant écarté. Et puis je l'ai vue filer comme l'air. J'ai vivement tourné la tête pour la suivre et je l'ai vue s'enfoncer dans un crac sonore dans la poutre de béton à côté. J'avais presque senti des cheveux voler contre mes yeux sous l'élan. Skandar avait eu la même réaction que moi et il regardait la garde du couteau qui dépassait. Il allait pour récupérer son bien comme Arthur l'aurait fait avec Excalibur mais je me suis décollée du mannequin en levant une main.

– Non !

– Hey, ça fait déjà deux couteaux en moins, c'est pas comme si je les forgeais la nuit dans mon sommeil ou qu'on en recevait comme on pète des fayots pourris !

J'ai gardé ma main levée, le regard porté sur le couteau enfoncé. Puis j'ai repris pour Eli en me retournant vers lui.

– Laisse-le tenter de l'enlever. On a tous quelque chose qui annule notre pouvoir. Certains ne se transforment que la nuit, d'autres sont rendus au silence par des boîtes de plomb. D'autres éléments peuvent entrer en compte.

Il était hors de question que je leur dise quel était mon propre frein. Je le connaissais, ça me suffisait comme ça.

Quand il vit la lame partir, il eu un moment de blanc.
Il tenta d’inverser la traction, mais se rendit compte qu’il n’avait plus la possibilité de le faire.
Il avait projeté la lame avec tellement de force qu’il n’arriverait pas à étendre sa conscience assez loin pour le rattraper.
Il le regarda donc s’encastrer dans le mur avec une moue dégoutée.

Tandis que les deux autres étaient en pleine discussion, il se rapprocha de la zone où s’était planté le couteau.
Il était tellement concentré sur ce qu’il venait de faire qu’il n’avait même pas fait attention à ce que Maddie avait dit en dernier.
Il s’en rendit compte quand il fini par se retourner pour les regarder, moitié gêné, moitié incrédule et qu’il se rendit compte qu’ils attendaient après lui.

Il réfléchit un instant et se retourna de nouveau vers le manche.
Il était plus calme à présent, il avait enfin réussi à reprendre ses esprits. Il essaya de tirer sur le manche sans trop y mettre de force et se rendit compte que la lame était tellement bien enfoncée, qu’il n’arriverait pas à la faire bouger, il n’avait aucune marge de manoeuvre.
En effet, si on parlait d’Excalibur, il semblerait que Megalopolis est la sienne à présent.

Il prit une longue respiration et se laissa aller, il s’éloigna d’un mètre et leva une main calme vers le manche de la lame.

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'SHUFFLE' : 8

Le son se fit entendre. Long et calme cette fois.
Eli le sentit avant même que les autres l’entende. Il arbora un grand sourire et fit un geste lent de la main, comme un arc de cercle qui partait de sa droite, vers la lame et s’élevait vers le dome avant de redescendre vers les deux autres.
La lame ne vibra même pas, elle se délogea d’elle même comme si elle n’était pas dans un bloc de béton et flotta lentement vers Skandar, garde en avant avant de s’arrêter entre Maddie et lui.

Elijah faisait la moue. Mais pour le coup, il était calmé, clairement. Il venait de se prouver a lui-même ce qu’il cherchait à trouver comme réponse. Qu’avec du calme et de la discipline, il arrivait à être bien plus précis que violent.

- Je pense que c’est a toi…

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'SHUFFLE' : 8

Skandar a pris son couteau en l'air, n'appréciant que très moyennement qu'on joue avec ses affaires. Une fois son bien en sa possession, il nous a désignés tous les deux de la pointe.

– Maintenant, ça suffit ! En ce qui me concerne, j'ai du travail et autre chose à faire que mumuse à "Pousse ton Positif". Je peux y aller, maintenant ?

Il n'a laissé aucun de nous deux lui répondre avant de se détourner et de récupérer ses couteaux pour reprendre le travail. Tout aussi loyaux que pouvaient être les Négatifs, à aucun moment ils ne pouvaient prétendre comprendre ce que nous traversions, chacun d'entre nous. Nos pouvoirs, nos sentiments... Cet instrument que nous avions en plus d'eux, ce petit bonus bien plus confortable pour certains que pour d'autres, jamais ils ne pourraient le comprendre. On ne pouvait pas leur en vouloir, c'était juste comme ça. C'est tout.

– Il a l'air déçu... Tout ce qu'on dit sur moi n'est pas forcément vrai, on dirait.

J'ai laissé partir Skandar avant de revenir vers Elijah, les mains dans les poches mais un franc sourire malicieux sur les lèvres. J'ai jeté un oeil au dernier recruté du quartier et j'ai reporté mon attention sur mon protégé avant de le désigner d'un coup de menton.

– Alors ? Tu as appris quelque chose ?

C'était le but de la manoeuvre, non ? J'avais toujours voulu l'aider à comprendre son pouvoir et ses limites et c'était encore mon but. Je n'étais pas spécialement pour la suprématie des Positifs mais selon moi, si les autres avaient peur de nous, c'était avant tout parce que personne ne leur avait encore publiquement donné de raison d'avoir confiance. En partie parce que nous faisions ce que nous voulions avec nos pouvoirs. Moi, la première. Vous saisissez le paradoxe ?

Elijah fixa Skandar un instant sans rien dire du tout.
Il était encore secoué par ce qu’il venait de faire. Mine de rien, l’utilisation de ces pouvoirs et les mélanges de sentiment faisaient beaucoup plus de mal que de bien au départ.
Donc quand ce dernier tourna les talons et les laisser tout les deux, il ne s’y opposa pas, ne lançant même pas un aurevoir, il le laissa juste tourner les talons et disparaitre.

Quand Maddie lui demanda si il avait apprit quelque chose, il passa du mannequin à elle, puis revint au mannequin. Il s’approcha de ce dernier et laissa courir ses doigts sur la surface. Il était marqué, il n’était clairement pas le premier à s’entrainer dessus, mais il ne tarda pas a trouver la trace qu’il cherchait. La première lame qu’il n’avait même pas réussi à arrêter.

C’est a ce moment là qu’il tourna la tête vers Maddie, la regardant par dessus son épaule, faisant toujours face au mannequin.

- Oui. Des tas de choses. Et parmi lesquels tu es folle. Mais oui. J’ai appris des choses.

Il fit demi-tour et s’approcha d’elle pour se place en parallèle de cette derrière. Regardant dans la direction opposée.

- Je vais cultiver ce que j’ai appris aujourd’hui. Je veux retrouver certains sentiments et en éviter d’autres le plus possible.

Elle n’avait pas besoin que je lui en dise plus pour savoir desquels je parlais.
Je me mis à marcher sous le Dôme, les yeux levés vers la voute, cherchant des détails que je pourrais marquer facilement dans mon esprit.

- Le pire… c’est que ça m’a rappelé l’accident où mon père est mort.

Il se massa les cicatrices une nouvelle fois.

- Ce n’était même pas de la colère en fait. C’était de la peine je pense.

Il fit un bruit idiot avec sa bouche et haussa les épaules.

- Bref. C’est passé de toute façon. Contrôler sa respiration, ça a du bon.

Ah oui, ça au moins c'était vrai. Eli n'était pas le premier à le dire ni à le penser. C'était même de notoriété publique : j'étais un danger. En même temps, Elijah parlait très peu de lui. Tout ce que je savais était ce qu'il m'avait dit quand on s'était rencontrés. Pour la suite, j'imagine que nous avions eu bien d'autres choses à raconter. Lui faire découvrir ses pouvoirs à un moment où il n'avait pas besoin de vengeance ou de combat, c'était sûrement ça, la clé de tout. Le garder sur la bonne voie, s'efforcer à lui montrer le droit chemin sans la jouer donneur de leçons... Il était bien trop tard pour faire marche arrière à présent, soit Eli restait l'un des nôtres, soit il devenait l'un des leurs mais dans ce cas-là, je ne pourrais plus faire demi tour, je devrais alors gérer la situation dans le présent. Ce qui ne m'enchantait pas des masses.

– Tu veux essayer autre chose ?

J'ai retroussé mes manches dans un sourire. Peut-être que mes méthodes n'étaient que très peu conventionnelles, en attendant, elles donnaient toujours des résultats. On ne pouvait pas dire que j'avais appris la connaissance de mon pouvoir dans le calme et la sérénité. Son utilisation n'était pas non plus des plus anodines. Mes expériences n'avaient jamais rendu ma vie très prospère. Je n'étais pas quelqu'un qui médite ou qui se relaxe. J'étais dans l'action perpétuelle. Mes enseignements, mes conseils, tout ça me ressemblait inévitablement.

– Est-ce que ça commence un peu à te rassurer ?

Eli s’était perdu dans ses pensées un instant. Il se repassait toutes les choses qu’il avait faites précédemment avec son pouvoir et se demandait si il aurait pu changer certains événements de son passé si il avait eu ne serait ce qu’une de ces séances d’entrainement avant que ça n’arrive. Puis, il repensa rapidement à ce qu’elle lui avait dit pour enclencher son pouvoir et surement, il en était presque certain, voir comment réagissait son pouvoir sous des changements émotionnels comme la peur ou la colère. Il lui lança un coup d’oeil et décida qu’il valait mieux ne pas y penser, donc il profita de sa question pour rebondir sur autre chose.

- Non, je pense que ça ira pour le moment, peut-être plus tard… c’est déjà très bien que j’ai pu comprendre certaines mécaniques… des choses que je me demandais, que je le veuille ou non. Au moins c’est quelque chose en moins dans ma liste.

Il s’approcha du pilonne et comme pour le mannequin précédemment et laissa courir ses doigts sur la surface rugueuse du pilonne jusqu’à trouver la marque de la lame.
Comme pour le manequin, il senti un léger picotement au moment où il toucha la faille. Il eu un léger mouvement de recul et fit un bruit de bouche.
Il ne savait pas vraiment comment marchait son pouvoir à grande échelle, mais il semblerait qu’il laissait une signature pendant un moment après l’utilisation de son pouvoir.
Il pencha la tête sur le coté, fixant la faille et haussa les épaules avant de se retourner vers Maddie.

- Me rassurer, pas vraiment, ce qu’on vient de faire m’a fait me poser plus de question que je n’ai trouvé de réponses, mais je pense que c’est normal à ce stade… Mais disons que les réponses que j’ai eu me conviennent parfaitement, oui.

Eli s’approcha de Maddie et la dépassa de nouveau pour se diriger là où il avait laissé son pendentif qui n’avait pas bougé, sur le débris.
Il se pencha et se la passa autour du cou, le contact avec la surface connu le détendit encore mieux qu’une tasse de thé.
Il se remit à sourire et fit signe à Maddie.

- Tu as eu le temps de prendre quelque chose à manger avant de venir au moins ?

Que voulez-vous que je vous dise ? J'avais appris des plus durs dans tes temps difficiles à être la plus forte possible. Je faisais peu de sentiments. On me le reprochait mais ça m'était égal. N'importe qui aurait cru que j'avais dit ça simplement pour créer de la surprise. Mais Elijah, lui, il savait que je ne disais pas ça juste pour l'exercice. Cela dit, ce n'était pas une surprise. Il le savait, il n'osait juste pas encore se l'avouer, j'imagine. S'il savait combien de fois j'y étais passée. Combien de fois, j'avais usé des dernières forces pour revenir me voir et empêcher ma propre mort. Un jour, le timing ne sera plus suffisant... et ce sera réellement la fin. J'aurais tout gagné. Je m'en voulais d'être aussi égoïste. J'avais juste envie de vivre et de faire quelque chose de bien dans ma vie. Et jusqu'à présent... Je n'avais pas encore eu l'impression d'avoir atteint mon but. Alors je me battrai jusqu'à ce qu'y arrive. J'ai haussé une épaule à sa question.

– Je ne mange pas, le matin. Ca me rend malade.

Comme le soleil à plus de 27° sur mon visage.

– Tu as un pouvoir de précision. C'est marrant... j'ai toujours cru que c'était autre chose.

J'ai froncé les sourcils. Un pouvoir pouvait-il être différent pour la même personne selon les expériences ? En modifiant son destin, avais-je aussi altéré son apprentissage du pouvoir ? Ou bien l'avais-je simplement vu à un stade bien plus évolué ? J'ai opté pour la seconde option qui était la plus cohérente. Dieu seul savait de quoi nous étions capables à la fin de notre vie !

– Et toi ? Qu'est-ce qui fait que tu es levé de si bonne heure ?

Eli réfléchi un instant, les yeux levé vers la voute. Rien ne lui vint, l’exercice était déjà au delà de ce qu’il avait espérer réussir aujourd’hui. Si il savait ce qui l’attendait dans quelques jours, il aurait dit à Maddie de le faire travailler l’endurance et les choses comme ça, mais pour le coup, il pensait en avoir fait le tour.
Il hésita une seconde et fini par montrer la voute et le décors qui les entouraient. Une question lui avait toujours trotté dans la tête. Il fit la moue, mais ouvrit finalement la bouche.

- Je me demandais… vous n’avez jamais eu l’idée de retaper tout ça ? je veux dire… je sais que pour les gens cet endroit est un peu leur lieu secret, mais tout le monde ne se sentirait-il pas mieux si cet endroit prenait un autre visage ? Ils ont tous une raison de ce battre… mais ça leur serait une motivation supplémentaire, tu ne pense pas ?

Il avait rêvé d’un endroit comme ça… quand il avait été réveillé le matin où il avait rêvé ça, il s’était empressé de dessiner des croquis. Ce n’était pas le même endroit, mais c’était clairement inspiré par son séjour ici. Et il se disait qu’avec le recul, ça serait une bonne idée…

- Reformer la verrière… donner une vraie entrée à cet endroit…

Il tourna sur lui-même et s’imagina ses croquis mis en image sous ses yeux. Se rendant compte de la scène qu’il devait donner à tourner sur lui-même comme un idiot, il rit et se remit à marcher, secouant la tête.

- Oublie. Désolé.

Quand Maddie lui fit la remarque sur son pouvoir, il dodelina des épaules dans le vide, comme un combat qui allait entrer dans un octogone. Il fini par tourner la tête vers elle et décida qu’avant de répondre, il voudrait poser lui-même une question.

- Comment le voyais-tu ? C’est… compliqué, je n’ai pas encore cerné la totalité de la chose… Mais on a travaillé la précision, donc forcément, je me suis focalisé là dessus… mais la première fois que j’ai activé mon pouvoir tout à l’heure. Je pouvais tout sentir. Tout. C’est pour ça d’ailleurs que je t’ai posé la question sur la verrière… j’ai pu sentir les failles, j’ai pu sentir le dôme, j’ai pu sentir les pièces qui couraient en dessous… je suis certain que si j’avais laissé mon pouvoir s’étendre, j’aurais pu te dessiner une cartographie complète dans un rayon de cent mètre. C’est… terrifiant et fascinant à la fois. Alors si j’arrive à étendre ma perception jusque là… je devrais réussir à agir sur tout ça. Oh, ça me tuerait… mais c’est purement hypothétique. Hein ?

Il décida de sauter sur l’occasion de sa dernière question pour alléger le sujet.

- Je te l’ai dis, tout le monde me disais qu’il fallait que je vois vers le futur de temps en temps et que j’arrête d’étudier le passé. Je voulais essayer d’être acteur et pas spectateur.

Je n'y croyais pas un instant mais je ne savais dire pourquoi.

Quand Elijah a parlé de la voute, j'ai relevé le nez pour la voir. Il fallait reconnaître qu'elle en avait déjà vu des couleurs, cette petite verrière. On a pensé qu'elle n'avait peut-être pas été terminée avant d'être abandonnée. Comme le reste de la bâtisse, d'ailleurs. Alors j'ai haussé les épaules.

– Nous avons bien une entrée par là-haut. Mais c'est celle de Sliders. Ce sont sûrement les fissures que tu as dû sentir.

J'ai baissé les yeux à nouveau sur lui. Notre petit manège a dû attirer Skandar qui revenait en s'essuyant les mains dans un torchon légèrement humide. Mais sans lui prêter d'attention, j'ai repris en secouant la tête.

– Je ne sais pas, j'imaginais... Que tu tordais le métal, que tu faisais plus que de la télékinésie dessus ! C'est normal que ça te fasse encore plus peur. Je me suis amusée à tester les limites de ce dont j'étais capable de faire parce que je refusais d'avoir peur de ce que je pouvais devenir. Mais quand bien même on me dit que j'ai un pouvoir plus puissant que d'autres, il n'en reste pas moins extrêmement passif. Il est actif par ce que j'en fais et ce à quoi je le destine. A toi de savoir à quelle cause tu veux le vouer. Et te connaissant, je suis certaine que tu feras le bon choix. Je t'aiderai, si tu le souhaites.

Skandar s'est arrêté à mon niveau, le nez vers la voute, l'air concentré. Je souriais à Eli et j'ai acquiescé doucement avant de tourner la tête vers le blondinet.

– Alors c'est de là que vous venez après le recrutement ? Je me suis toujours demandé. Je savais pour Resistance, la grande porte, le grand luxe... Mais pas pour Sliders. Comme quoi, vous méritez votre statut de discrets. Hey, est-ce que ce truc va nous tomber dessus un jour ?

J'ai désigné Eli.

– Je n'en sais rien, à toi de nous le dire. On doit s'inquiéter ou bien tu as juste envie de t'amuser ?

– Cela dit, il a raison... Ce truc commence à être vieux, on devrait en profiter pour réparer mais nettoyer aussi. Tu imagines la lumière qui entrerait avec le verre propre ? Et je suis sûr qu'on pourrait installer des sortes de panneaux pour faire entrer encore plus de lumière. Reese se plaignait encore l'autre jour parce qu'ils sont nombreux ceux qui voudraient voir plus de lumière du jour naturelle.

– Le ciel est gris en permanence et quand il bleu, il fait 40 à l'ombre, je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'envieux là-dedans.

Skandar roula des yeux après m'avoir observée dans une légère grimace puis il reporta son attention sur le dôme, dans une voix basse.

– Tout le monde n'est pas noctambule et allergique au soleil comme toi.

J'ai croisé les bras en relevant les yeux à mon tour.

– Je ne suis pas allergique au soleil.

– Si tu l'es.

Eli suivait des yeux la voute une nouvelle fois quand Maddie lui dit que l’entrée de Sliders se trouvait là haut. Il avait bien vu l’entrée, c’est pour ça d’ailleurs qu’il avait proposé d’en faire une vraie entrée et pas les laisser passer par une fissure comme des rats qui rentreraient dans un bateau pour en fouiller la cale. Il n’allait pas partager son image, mais pour lui, ces gens méritaient mieux que ça, bien que la situation ne soit pas catastrophique.

- C’est surement ça, en effet…

Quand Maddie lui expliqua ce qu’elle avait imaginé pour son pouvoir, il sourit. Mais ce sourire n’était pas vraiment une sourire d’amusement pour autant. Il sentait certes le métal, mais il avait vu… il savait. Il prit une longue inspiration et pointa le doigt vers la boule de métal qui était restée sur le sol.

- Plier le métal, comme ça ? Je peux sentir tout ça… je pense que c’est un pouvoir qui marche en deux temps. Enfin, c’est comme ça que je le visualise. Le premier me permet de sentir le métal dans les choses… de le ‘’ toucher ‘’ et en suite, je peux agir dessus. Je suis certain que si je devais plier du métal plus souvent, je le ferais. Donc dans un sens, tu as raison.

Quand Skandar retourna vers eux et posa la question, Eli leva les yeux vers la voute une nouvelle fois, il se concentra cette fois si à grande échelle, embrassant du mieux qu’il pouvait la pièce sans en sortir. Il fallait qu’il cherche des informations, des endroits où le métal pouvait subir des pressions, comme si il était un médecin en train de faire les radios d’un os pour en chercher les fissures ou les faiblesses.

Test d'efficacité:

Save the Day a écrit:

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'SHUFFLE' : 2

Il eu du mal à étendre son pouvoir comme il le fallait, on pouvait d'ailleurs le voir depuis l'extérieur, pas besoin d'être lui, ses mains se crispaient et ses sourcils étaient froncés. Il avait laissé Maddie et Skandar s'envoyer des piques et pendant tout ce temps, il avait tenté de fixer son pouvoir pour arriver à apporter la meilleur réponse possible au duo.
Mais il fini par lâcher un soupir de frustration et secoua la tête.

- Je suis désolé. J'ai a peine réussi à étendre ma perception dans la pièce. Je ne saurais pas dire si il y a des zones dangereuses ou pas... peut être plus tard, avec un peu plus d'entrainement. Mais pour le moment, je ne préfère rien dire que donner de fausses direction, ça pourrait être dangereux, pas vrai ?

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'SHUFFLE' : 2

Skandar et moi avons attendu un instant, jusqu'à ce qu'Eli parle, le nez vers la voute, la bouche ouverte de contemplation, patients. Quand celui-ci a pris la parole, nous avons naturellement baissé la tête vers lui, un sourcil haut. Nous avons alors échangé un regard et haussé une épaule. Skandar s'est tout de suite désintéressé d'Elijah, quant à moi, je lui ai tapé brièvement sur l'épaule.

– Ce n'est pas grave. Nous verrons plus tard. Si en 50 ans, ce truc n'est jamais tombé, je ne vois pas pourquoi il tomberait maintenant, de toute façon. Si ça se trouve, ton pouvoir a très probablement un périmètre limité, comme c'est le cas pour beaucoup. En t'entraînant, tu pourras non seulement l'évaluer mais aussi évoluer. Ca viendra petit à petit.

J'ai regardé Skandar repartir à ses activités. Pour quelqu'un considérant à peine les Positifs, il était plutôt aux petits soins pour eux. Depuis qu'il était là, Salvation semblait un peu plus ordonné. La salle d'entraînement toujours opérationnelle et quand quelque chose était cassé, il le réparait en un temps record. Ajoutez à ça sa précision et son dévouement et voilà un garçon qui était particulièrement appréciable, bien loin du jeune rebelle des rues au visage sale que nous avions récupéré peu de temps après le départ d'Eli. C'est à peu près à cette époque que nous avions mis en place les phases de recrutement. Nous avions été très peu confrontés à Liberation, officiellement, mais c'était quelque chose que nous ne voulions pas renouveler, encore moins dans nos propres locaux. Nous commencions à les connaître et Reese comme moi nous attendions à un retour de flammes. Ils mijotaient quelque chose pour être si calmes... Nous restions donc toujours sur nos gardes.

J'ai souri légèrement, ma main sur son épaule. Elijah n'avait toujours pas répondu à l'une de mes questions. J'ignorais s'il le ferait mais je voulais tout de même qu'il sache que la porte était ouverte. Quoi qu'il l'ait décidé à venir ici.

– Tu n'as rien à me dire, alors ?

Elijah fit la moue. Il savait qu’il aurait pu mieux faire pour le coup. Quand il avait activé son pouvoir la première fois, il avait pu sentir à plusieurs mètres en dehors de la voute. Mais peut-être que le fait de trop utiliser son pouvoir l’avait rendu moins puissant.
Quand Maddie lui parle, il prit ça pour une tentative de réconfort, il agita les mains et secoua la tête.

- Ce n’est pas urgent, c’est un fait. C’est juste que j’aimerais apprendre à l’utiliser et je pourrais m’en servir pour faire ce genres de choses. C’est une idée qui me plait. Je ne suis pas pressé par le temps après tout. Mais c’est juste que j’aurais aimé pouvoir l’utiliser pour réussir à faire ce que je voulais.

Il fit quelques pas, balançant son pied contre un petit morceau de béton qui roula plus loin avec un petit bruit caillouteux. Mais quand elle lui posa sa dernière question, il sorti de ses pensées et la regarda avec un sourcil haut. Cherchant ce qu’il aurait bien à lui dire qu’il ne lui avait pas déjà raconté.
Il décida de faire un tour d’Horizon général, espérant qu’elle aurait sa réponse.

- J’ai beaucoup de choses en projet en ce moment… je passe mes nuits à réfléchir à ce que je pourrais faire en plus de mon temps. J’ai pensé à des tags… oh, pas les gribouillages et signatures qu’on croise en ville… mais peut-être quelque chose de plus… artistique. Pas des fresques… non. Mais des choses qui pourraient remonter le moral au gens, ou leur apprendre deux trois choses tu vois… je vois tellement de choses qui me déplaisent… des dessins anti-positifs qui défigurent la ville… ça m’énerve un peut, je dois avouer… du coup, je réfléchi trop, je ne dors pas… c’est pour ça que j’ai été aussi… matinal disons.

Alors qu'il déambulait dans le grand hall, je me suis assise sur un bloc de béton qu'on avait fait rouler jusque là pour mettre des bouteilles d'eau quand certains s'entraînaient pendant des heures. Ca économisait le mobilier et puis ça restait dans la déco ! On aimait bien notre côté post-apocalyptique, synonyme de chaos, tout comme nous. J'ai croisé les doigtes en posant les coudes sur mes genoux et j'ai haussé les épaules dans un soupir.

– La tolérance envers les Positifs est bien plus importante aujourd'hui qu'il y a dix ou vingt ans. A l'époque, c'était un réel chaos, je t'assure que ce qui se passe de nos jours n'est qu'une mascarade ridicule. Au pire, c'est une rébellion qui cause des dommages collatéraux, mais je te promets qu'en réalité, on s'en sort plutôt bien. De plus en plus de Négatifs nous rejoignent ou prennent contact avec nous pour nous venir en aide. Liberation se trompe s'ils croient qu'il est intelligent d'insuffler la peur aux autres pour se faire respecter. Ils ne sont qu'en train de raviver la flamme que le temps et la force de plusieurs d'entre nous alliés à des Négatifs, avaient réussi à calmer.

Cette conversation, je l'avais eue à de nombreuses reprises. Avec Reese, avec Maze... Avec d'autres. Liberation représentait un danger conséquent pour la majorité d'entre nous mais beaucoup trop encore à mon goût estimait qu'ils faisaient les bons choix, qu'il fallait bien que quelqu'un agisse pendant qu'on se terrait dans notre trou à rats piégés. Le front soucieux, j'ai secoué la tête.

– Ils ont leurs raisons. Et je les comprends. Mais ils nous portent préjudice. Nous courrons droit à la guerre civile si ça continue...

J'aurais tellement aimé avoir le pouvoir de donner raison à Liberation. Un moment, j'avais cru posséder ce pouvoir... Mais ce n'était qu'un rêve éveillé. Et par ailleurs, je mettais un soin bien particulier à ne pas en parler. Maze serait sûrement tellement furieux d'apprendre la petite enquête que j'avais menée...

Ce qu’elle venait de lui dire, c’est quelque chose qu’il utiliserait quelques jours plus tard lors d’une autre conversation du même genre. Il tourna la tête vers elle, elle se trouvait à plusieurs mètres de là, sur un bloc de béton. Il allait lui répondre, mais soupira et s’approcha, se disant qu’il n’y avait aucune raison de crier au travers de la pièce pour ce genre de discussion. Une fois devant elle, il posa un genoux sur le sol pour se retrouver à son niveau, le fixant dans les yeux, mais hésitant sur la façon de débuter sa phrase.

- Je sais… n’oublie pas d’où tu m’as tiré. Mais je pense que c’est un moteur important pour les idées que j’ai en ce moment… j’ai bien vu ce que pouvaient faire les gens quand ils se sentaient poussés à bout. J’ai vu comme le monde a évolué depuis et malgré tout ce qui a été perdu, nous, nous avons gagner quelques choses. Mais c’est pour ça qu’il faut continuer à porter le combat pendant que les esprits ont reprit un semblant de neutralité, qu’ils sont le plus malléables aux messages qu’on peut voir à l’extérieur…

Il soupira longuement.

- Tout ces messages de haine dans la rue, c’est soit un coup d’épée dans l’eau et ça n’aura aucun impact, soit… c’est ça qui me fait peur, c’est que ça risque de s’attacher au subconscient des gens et ils y penseront sans même faire attention… voir des messages de haine tout les jours, ça finira par devenir une normalité pour les gens. Je pense que c’est maintenant qu’il faut porter le bon message et luter contre cette façon de faire qu’on les autres.

Il se redressa et passa a coté d’elle en lui ébouriffant les cheveux, passant dans son dos et retournant à sa contemplation de la verrière.

- Et puis je ne risque pas grand chose a essayer de faire ça… c’est juste un peu de peinture, au pire, on me prendra juste pour un petit hippie et on me mettra en cabane pour la nuit… et là, quoi, tu me sortiras de là ?

Il rit et lui lança de nouveau un regard.

Si Elijah s'en amusait, ce n'était pas mon cas. Et ça devait se lire sur mon visage. Je l'ai observé sans rien dire, le visage imperturbable ou presque. J'essayais tant bien que mal de relativiser avec ce qu'il me disait, de ne pas devenir parano. J'étais très rarement en accord avec Maze et Reese se retrouvait fréquemment entre nous, plus souvent pour me calmer que pour mettre de l'eau dans le vin de Maze, bien entendu.

_ Tu commences à sonner comme Maze.

Mais il n'y avait pas que ça qui me déplaisait. J'ai penché la tête quand il s'est relevé, cherchant à éviter ce geste qui m'était plus approprié qu'à lui. J'ai gardé le regard dans le vide et j'ai inspiré profondément avant de fermer les yeux. Je me suis frotté les sourcils en réfléchissant. Maze était le plus proche de Liberation d'entre nous et ça me faisait assez peur, je me devais de l'avouer. S'ils étaient de notre côté, ça se saurait. Je ne comprenais toujours pas ce qui leur avait pris de s'en prendre à Howard Stenton. Sûrement un simple exemple afin d'assurer leur puissance et qu'on les prenne au sérieux. Peu importait la haine que m'avait inspiré cet homme, pour moi, la mort était un cadeau. Même pour celui qui souhaitait tellement vivre, après tout, s'il mourrait, il s'en ficherait bien ensuite, il ne serait plus là pour regretter sa propre mort. Faisais-je une démonstration d'une rare violence en refusant la peine de mort uniquement car je pensais intimement que la vie était une bien pire punition cruelle ? Combien de personnes demandaient à mourir afin d'en finir pour ne plus souffrir ? N'était-ce pas pour cela que nous avions créé les prisons un jour ? J'ai tourné la tête vers Eli en regardant par dessus mon épaule et j'ai haussé un sourcil.

_ Je veux bien t'aider, El, mais je ne suis pas ton ange gardien. Si tu finis au frais un jour, il te faudra une bonne raison pour que je t'en fasse sortir. Si tu n'écopes que d'une nuit à l'ombre, c'est sûrement que tu l'auras méritée ! Mais j'espère que tu ne songes pas à t'engager dans des actions inconsidérées simplement parce que tu te diras, comme LIberation, que tu as droit à ta propre Croisade.

Quand Elijah avait décidé de vivre sa propre vie, hors de l'Underground, je n'avais pas été pour. J'avais bien tenté de l'en dissuader au début mais c'était surtout pour le garder à l'oeil. Son départ était, pour moi, prématuré. Mais je n'avais pu le retenir.

_ Promets-moi de ne rien faire de stupide.

Il éclata littéralement de rire quand elle dit sa dernière phrase. Il se passa une main sur la nuque, sur les cicatrices de l’accident et secoua la tête dans tout les sens.

- Je ne promettrai pas ça. Ce que je veux faire est complètement stupide justement…

Il se tourna vers elle cependant. Il avait comprit une partie du message qu’elle voulait lui faire passer en le comparant à libération. Il leva les mains vers le dôme.

- Ma croisade est purement artistique… mon idée c’est de donner un message visuel, pas… des actes comme les leurs.

Il avait étudier l’histoire. Au campus d’abord, puis durant la période qu’il avait passé ici, dans le semblant d’archives qu’il avait pu recouper et les histoires qu’il avait récolté. Il en avait tirer plusieurs conclusions.

- Les actes délibérés et irréfléchis, c’est ce qui a mener à bien des soucis ces dernières années. Et a de nombreuses morts. Je ne dis pas que les actes irréfléchis n’ont pas mené à de bonnes choses de temps en temps… mais combien de mauvaises choses ont eu lieu en comparaison aux bonnes ? Cinquante pour dix… ? Non, plus sérieusement, dix pour une ?

Il ferma les yeux et se concentra de nouveau, laissant s’étendre son pouvoir.

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'SHUFFLE' : 3

Il voulait vérifier si il arrivait à localiser ce qu'il cherchait. Mais il n'y arriva pas plus que la première fois.
Maddie put le sentir, car en essayant d'étendre son pouvoir pour chercher les failles potentielles, il avait touché le métal dans le bloc de béton armé sur lequel elle se trouvait et ce dernier vibra légèrement. Rien d'énorme, ça aurait pu passer pour une secousse et Elijah tournait le dos à cette dernière de toute façon.

Il soupira et secoua la tête. Une pointe de frustration montant légèrement.

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'SHUFFLE' : 3

J'ai froncé les sourcils à son rire. Non, vraiment, qu'y avait-il de drôle ? Mais je me suis réellement posé des questions lorsque je l'ai vu désigner la voute. Une minute... Que cherchait-il à faire ? Au moment où j'allais répondre, j'ai senti quelque chose sous mes cuisses et je me suis levée d'un bond en jetant un oeil sur le béton. J'avais ressenti la même vibration que dans le paneau d'aluminium un peu plus tôt. Je me suis retournée vers lui et l'incompréhension se lisait clairement sur mon visage, qu'il soit de dos ou non.

_ Qu'est-ce que tu cherches à faire ?!

Je me suis approchée de lui et je me suis positionnée afin de le voir en montrant le toit.

_ Quel message veux-tu faire passer au juste ?! Tu ne peux pas te servir de l'Underground, quoi que tu aies dans la tête.

Je ne comprenais réellement pas, c'était comme un disque rayé qui sautait en plein milieu d'une phrase et je n'arrivais pas à anticiper la suite. Des Positifs tentant de faire passer un message, on avait tous vu ce que ça donnait.

_ Peut-être que les chiffres ne sont pas en notre faveur, je le reconnais. En attendant, ce n'est pas en nous montrant différents que nous feront accepter ce que nous sommes mais en essayant de leur montrer que nous sommes capables exactement des mêmes choses ! Nous fondre dans la masse, disparaître sans avoir à nous montrer dominants.

J'ai levé les mains et les sourcils.

_ Rassure-moi. Dis-moi que ce que tu as en tête est purement artistique, que ce n'est qu'une... lubie que de vouloir remettre à neuf ce dôme. Ce qui, soit dit en passant, reste assez stupide dans la mesure où si nous changeons son apparence de l'extérieur, quelqu'un vu d'en haut pourrait le remarquer et ainsi donner un indice sur comment infiltrer l'Underground !

J'espérais vraiment me tromper là-dessus, j'avais déjà vu par le passé qu'il m'arrivait souvent de m'emporter pour rien ou simplement parce que j'avais mal entendu. Et puis, j'ai montré le bloc de béton.

_ C'était pour quoi, ça ?!

Elijah leva un sourcil, mais ne releva rien. Il laissa le flot couler sur lui, écoutant, notant, mais n’interrompant pas.
Quand Maddie eu terminé sa phrase, il secoua la tête et fit une grimace, les yeux dans le vague.

- Je te l’ai dis ce que je voulais faire. Je voulais prendre de la peinture et aller repeindre les rues. Recouvrir ces tags qu’on trouve partout par des messages plus positifs. Qui ne nous décrive pas comme des monstres et des mangeurs d’enfants… C’est ça que j’ai dans la tête…

Quand elle enchaina, il eu un mouvement de recul. Ses sourcils se froncèrent et il secoua la tête dans tout les sens.

- Non. Non, je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas d’accord avec l’idée de nous fondre dans la masse. Ce n’est pas… réaliste ! Je suis d’accord avec toi Maddie, d’accord sur le fait de ne pas se montrer dominant ou dangereux aux yeux du monde. Mais tu l’as dis toi-même, nous sommes dans une époque différente. Les moeurs sont différents, les attentes le sont aussi. On est plus traqué dans les rues comme des monstres, on est plus capturé et disséqué comme des animaux. Mais l’histoire…

Il fit un tour sur lui-même et s’éloigna d’elle, la proximité le rendant plus nerveux qu’autre chose étrangement.

- L’histoire nous montre que la passivité n’a jamais rien résolu. Je ne dis pas de faire la guerre… non. Mais tu ne te fondras jamais dans la masse si les gens ne changent pas de façon de voir les choses. C’est comme si tu demandais à un Mexicain ou un Afro-américain comment ils se sentent dans la rue. Intégré… oui. Mais a quel prix. On ne peut pas se fondre dans la masse… on peut juste apprendre aux gens de nous y accepter comme ils ont acceptés tout les autres… nous SOMMES différents. Si nous arrivons à l’accepter, pourquoi pas les autres ?

Il respirait fort, montra le dôme du doigt et reprit.

- Je ne veux pas changer cet endroit, je ne suis pas idiot, je sais que ça serait dangereux. Maintenant dis moi que les gens d’ici ne vivraient pas mieux si tout ça…

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'SHUFFLE' : 5

Il prit une inspiration et étendit son pouvoir. Il ne réussi pas à l’étendre très loin, mais tout ce qui se trouvait dans un rayon de dix mètres se mit à vibrer et à se soulever légèrement. Premièrement, la totalité des objets métalliques, même son médaillon s’éleva légèrement. Puis il se concentra et tout ce qui n’était pas morceau de béton et autre débris du genre se reposa à sa place, les mannequins et les râteliers retrouvant leurs places.

Il pivota légèrement sur lui-même et déplaça les blocs pour les mettre tous ensembles contre un coin de la salle. Une fois fini il chancela légèrement, mais fini par se reprendre.

- Je peux comprendre des tas de choses, mieux encore que certaines personnes… je n’arrive juste pas a comprendre pourquoi un mouvement qui prône le changement ne commence pas par changer les choses à sa portée…

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'SHUFFLE' : 5

J'avais donc bien sûr mal interprété. J'étais soulagée dans un sens, après tout, pourquoi Eli deviendrait-il un monstre ? Peut-être parce que pour beaucoup d'entre nous, c'était le cas ? Bien trop, à mon sens. Le pouvoir, nous le détenions. Et quand on comprenait ça et bien il était aisé de comprendre comment certaines têtes avaient pu tourner pour oublier d'où elles venaient, et qu'elle était leur but dans la vie. Et j'en faisais partie. Néanmoins, j'étais bien entourée et j'avais plusieurs gardes-fou qui m'évitaient de me prendre pour Dieu. Malheureusement, tous les Positifs n'avaient pas ma chance. J'ai soupiré de soulagement et j'ai acquiescé. Mais Eli a repris.

J'ai froncé les sourcils en le voyant reculer. A quel point était-il de Resistance ? A quel niveau étions-nous différents ? Si je m'étais déjà posée la question, j'avais la réponse confirmée. C'était une erreur. L'avoir ramené, si loin dans le temps avec sa perception du monde ancrée dans un monde qui n'existait déjà plus. Nous avions fait tant de progrès, tant d'efforts ! Tout allait tellement mieux et quelque chose me disait que tout irait encore mieux bientôt si nous continuions à ce rythme. Je n'étais pas curieuse du futur, je voulais avoir la surprise. J'opérais toujours dans le passé, c'était sûrement pour cette raison que je pouvais encore marcher dans les rues. On devait sûrement penser que je ne représentais pas encore un réel danger. Mais est-ce que ça serait bientôt le cas ? Mon pouvoir évoluait de jour en jour...

– Je suis flic, El !

J'ai haussé le ton en posant une main sur ma poitrine pour qu'il prenne conscience de tout ça.

– Je déambule tous les jours dans la rue, je suis reconnue dans mon travail, je suis fondue dans la masse, je le vis bien ! D'autres ont des petits boulots, je connais des Positifs qui ont un grade haut placé dans la société ! Nous en avons aussi au gouvernement ! Les choses évoluent, tu ne peux pas rester l'esprit contaminé par le PRD, tu n'avanceras jamais dans ce monde ! Le racisme existera TOUJOURS ! Tu m'entends ? Le noirs ne se sont pas faits acceptés en seulement 20 ans ! Ces choses là prennent du temps ! Le monde a peur, c'est à nous de leur montrer que nous sommes comme eux, ni plus ni moins, dans notre coeur et dans notre esprit ! Tu n'as donc rien compris à l'Underground ?!

Je m'approchais de lui et même s'il reculait, ça m'était égal. D'une certaine manière, il remettait en cause notre système. Celui que j'avais mis en place avec Reese quand nous avions décidé d'investir cet endroit oublié en s'unissant, Positifs et Négatifs avec des Candidats évadés.

– Nous ne prônons pas le changement mais la vie ! MAZE prône le changement comme tu l'entends mais ce n'est pas l'esprit de la majorité d'entre nous ! Pourquoi crois-tu qu'il y ait trois quartier distincts ici ?! Nous ne sommes pas non plus là pour nous payer le luxe d'avoir des murs parfaits, et des vitraux indemnes ! Ceux qui viennent s'entraîner ici sont là pour se battre, pas pour conter fleurette !

Aussi proche de lui que j'ai pu l'être, j'ai plongé mes yeux dans les siens et j'ai acquiescé, les sourcils hauts, comme si j'abdiquais dans son sens, quelque part. J'avais récupéré ma voix basse et mon calme - apparent.

– Oui, peut-être que l'Underground aurait besoin d'un coup de pinceau. Mais tu es pour l'instant le seul à en avoir fait la demande. J'en parlerai aux autres, d'accord ? Mais en attendant ? Cesse de vouloir changer... Ce qui n'est plus à toi. Tu es le premier à avoir décidé... D'aller te fondre dans la masse.

J'ai montré l'extérieur de mon index. J'avais cette impression de dialogue de sourds, je n'étais même pas certaine d'avoir tout compris, finalement.

Il n’arrivait pas a savoir. Il n’arrivait pas a mettre le doigt si c’était sa nuit blanche, l’entrainement ou la conversation qui l’épuisait le plus. Mais ses épaules étaient bien plus lourde maintenant qu’elles ne l’étaient quelques minutes plus tôt. Il écouta Maddie sagement, patiemment, plusieurs fois il eu envie de la couper, mais il préférait écouter son point de vue jusqu’au bout.
Quand elle eu fini, il lui répondit avec un ton neutre, les pouces dans les moches, le reste des doigts le long des cuisses.

- C’est une question de point de vue. A t’écouter, nous sommes partout… mais si on demandait aux gens si ils savaient qui étaient leurs voisins, pourraient-ils répondre ?

Il fit une pose, cherchant une tournure correcte à présenter, mais il n’était pas spécialement doué pour ça, alors il se contenta d’enrober ce qu’il avait en tête pour que ça paraisse moins brute et il reprit donc.

- Si j’allais au commissariat, demain, et que je demandais a tes collègues si ils savent qu’ils travaille avec une positives, ils me diraient donc qu’ils étaient au courant, c’est ça ?

Ce fut a son tour de se toucher la poitrine.

- Je pense que tu ne saisi pas ce que je veux dire. Je comprend ton point de vue, je ne suis pas idiot. Tu peux cacher ce que tu es pour te fondre dans la masse. Tu PEUX le faire. Donc tu le fais. Oui, pour eux, ça a prit 20 ans parce qu’ils ne pouvaient pas le cacher justement.

Il n’approfondit pas plus cependant. Il savait maintenant qu’elle n’était pas la personne avec qui avoir cette conversation Il n’était pas utile de continuer à se battre sur le sujet, parce qu’il savait que ni l’un ni l’autre n’allait changer sa façon de voir les choses. Et elle le confirma d’ailleurs en parlant de l’underground et des quartiers.
Elijah haussa les épaules et leva une main vers le ciel.

- Peut-être que je devrais avoir une conversation avec Maze a ce sujet alors. Pour moi, ce n’est pas la vie, c’est la survie. Demande a un caméléon si son changement de couleur lui sert a vivre ou a survivre.

Il la regarda dans les yeux une dizaine de seconde et fit un pas en arrière avant de s’éloigner de nouveau, faisant rouler sa bague autour de son doigt. Il se demandait si c’était vraiment une bonne idée de lui parler de ce qu’il avait décider de faire, mais finalement, après tout ça, il fit le choix de ne rien dire.

- Tu as raison. Je ne viendrais plus ici. Ce n’est pas mon combat, je ne comprend pas. Je le vivrais à ma façon. J’ai décidé de voir le monde. De vivre parce que je me sentais mort dans ces galeries. Je ne suis pas un rat. Je suis un être humain. Oui… je pense au PRD. J’ai vécu à l’époque du PRD. Mais à vous voir, tous ici.

Il se tourna vers elle pour la regarder.

- Je pense que ce n’est pas moi qui suit le plus marqué par eux.

J'ai secoué la tête. Je ne comprenais pas tellement où il voulait en venir, finalement.

_ Bien sûr que tout le monde sait ce que je suis, au travail. Tu crois qu'ils ne font pas leurs contrôles avant d'embaucher ? Et tu penses que les concours étaient plus les mêmes pour moi ? Bien sûr que non ! J'ai passé plus d'une batterie de tests avant qu'ils n'acceptent de me prendre dans leurs rangs.

Puis, j'ai désigné le couloir menant vers Salvation d'un geste du bras.

_ Demande à Reese ! J'avais 17 ans et je me suis pointée en disant à l'armée que je voulais les rejoindre. Tu crois que sa première impression de moi a été la confiance totale ? Il m'a testée, des mois durant ! Nous ne sommes pas totalement acceptés mais nous sommes au moins tolérés. Reese, Cole... Edward ! Ces Négatifs oeuvrent pour nous à changer la mentalité, ils nous aident. Le mieux, c'est encore de leur donner raison.

J'ai levé les bras en soupirant.

_ D'accord, peut-être que TOUT le commissariat ne sait pas ce que je suis parce que le monde n'est pas rose, tout n'est pas blanc comme neige et ils sont encore nombreux à nous cracher dessus. Mais ça viendra. J'en suis convaincue. Ca demande seulement un peu de patience. L'Underground est là pour ça, aussi. Je suis vraiment attristée de voir que tu nous considères plus comme une survie que comme une vie.

J'ai soupiré en me portant les doigts sur les yeux. J'avais l'impression d'être face à quelqu'un d'autre et je refusais de m'énerver comme d'habitude mais j'étais fatiguée, je n'avais pas terminé ma nuit. Alors j'ai, sans le vouloir, haussé le ton progressivement.

_ Bon sang mais ne me fais pas dire ce que je n'ai même pas pensé !

J'ai ouvert les mains et l'ai fixé une seconde en silence.

_ Je ne t'ai jamais dit de ne jamais revenir ! C'est aussi chez toi, ici ! Tu y as ta place comme tout le monde ! Il ne s'agit pas UNIQUEMENT de combat, El ! Si c'était le cas, Salvation serait le seul véritable quartier actif ET - peut-être avec plus de rage que prévu, je l'ai montré de l'index - nous n'aurions pas plusieurs quartiers comme c'est le cas aujourd'hui.

Parler du PRD revenait à parler de quelque chose d'extrêmement sensible pour moi. Ne pas m'emporter requierait une énorme maîtrise de moi-même mais j'ai serré les dents. Pourquoi est-ce que je ressentais sa dernière remarque comme une insulte ? Je ne comprenais pas.

_ Peut-être pas, en effet.

Se cacher, garder le secret, mentir, pour moi, ce sont des traits qui sont propres à la survie et non pas a la vie. C’est tout.

Il avait compté sur ses doigts en énumérant ces points. Il avait l’index de sa main libre sur celui de sa main opposé quand il réalisa qu’il détestait la tournure de la conversation. Il ne s’était pas levé pour ça. Ce n’était surement pas l’idée qu’il avait eu de sa mâtiné ici.
Tout d’abord, il avait été content de revenir, ça lui avait procurer un plaisir certain, comme une chambre qu’on retrouve après des semaines d’absence, des petits détails qui font sourire, ce genre de choses. Le sentiment qu’il ressentait maintenant était plus proche de la peine, pas vraiment de la peine, mais cette boule qu’on a dans le creux de la gorge quand on vient de se rendre compte de quelque chose.

Il se passa le dos de la main sur les yeux, histoire d’être certain et prit sur lui pour chasser cette impression. Il secoua la tête

Dans le fond, ça l’aidait plus qu’autre chose. Il se mit littéralement une baffe dans le creux de la joue, cela fit plus de bruit que de mal, il le faisait de temps en temps pour se remettre les idées en place. Il secoua sa tête une fois, puis deux et haussa finalement les épaules.

- Je pense que ce n’est pas nécessaire de continuer a discuter de ça. Je n’étais pas venu pour ça et j’ai perdu gout à en apprendre plus sur moi-même finalement. Je vais me contenter de rentrer chez moi, réfléchir à tout ce que j’ai en tête, c’est mieux comme ça.

Il ferma les yeux et se concentra une dernière fois.

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Le sentiment de s'étendre plus loin que lui-même le reprit de nouveau. Une nouvelle fois, on pu entendre un très léger vrombissement.
Il visita littéralement les couloirs sur plus de trente mètres autour de la voute. La fait de réussir à le faire le fit sourire. Même si il gardait cette amertume ce qui rendait son sourire plus moqueur qu'autre chose.

Il rouvrit les yeux et reprit d'un ton neutre.

- Désolé d'avoir bousillé ta mâtiné de repos.

Il pointa le doigt dans une direction à l'opposé de la leur, vers une voute qui menait à un couloir qu'il n'avait jamais emprunté physiquement.

- Il y a une infiltration par ici, après le second virage sur la droite. Une infiltration du sol à rendu le béton poreux et le métal fait pression. Vous devriez travailler ça avant que ça ne tombe. Rien d'urgent, ça pourrait tenir encore un moment. Mais au moins j'ai réussi à le faire, tu pourras en parler à Skandar.

Il toucha instinctivement le médaillon qu'il avait autour du cou, les yeux fermé, reprit une grande inspiration et tourna les talons dans le sens opposé.

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