2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [Flashback] [CLOS] [Reese/Camy] Le premier jour

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Reese Owen
Reese Owen
Janvier 2073

C'était un entrepôt avec quatre mur mais dont la verrière était brisée en plusieurs endroits. Cela semblait être un ancien dépôt, il y avait dans le fond des containers et de vieilles caisses de bois dont certaines étaient éventrées. Dieu seul sait ce qu'elles avaient bien pu contenir. Sûrement des oeuvres d'art pillées. Au milieu de l'endroit, il y avait une chaise où se tenait un homme. Il était déjà grand mais de la sorte, il pouvait surplomber et mieux voir chaque nouveau visage qui se tenaient là devant lui. A ses côtés, il y avait les deux autres leaders de l'Underground ainsi que Elvis, le petit génie de la sécurité avec ses gadgets. Du haut de ses deux mètres et demi, Reese inspira profondément avant de se frotter les mains, dévisageant chaque personne.

– Bienvenue à vous ! Si vous êtes là c'est parce que vous avez suivi les signes ou simplement parce qu'on vous a conduit en toute confiance ici. Ce que je vais vous dire, vous le savez peut-être. J'en vois certains  qui ne me sont pas inconnus et qui se décident enfin à nous rejoindre après tout ce temps. Sachez que votre présence parmi nous n'est pas une faiblesse. Il faut parfois savoir demander de l'aide, ce n'est pas un acte de vulnérabilité mais d'intelligence. Nous ne sommes pas de héros et vous non plus, nous ne sommes pas là pour agir de la sorte. Nous ne sommes pas non plus des guerriers, ni des rebelles. Si tel est votre cas alors je vous invite à tourner les talons dès à présent parce que je tiens à vous dire que je ne ferai pas la police plus que ce n'est déjà le cas au sein de la communauté.

Reese fit un signe à Elvis qui s'approcha des nouveaux arrivants. Il continua toutefois de parler pendant que tout le monde s'affairer à suivre ses instructions.

– Vous allez vous séparer en deux groupes : ceux qui possèdent une puce en règle ou non, merci de vous aligner devant Elvis. Les autres, nous allons prendre vos noms et nous vous serons extrêmement reconnaissant d'être honnêtes avec nous. Si vous êtes un Candidat, n'ayez pas peur de l'avouer, vous ne serez pas les premiers. Comprenez que c'est une mesure de sécurité, si vous répondez à des mutations dangereuses ou nécessitant un soin particulier, nous devons le savoir dès à présent. Gardez à l'esprit qu'il ne s'agit pas d'un manque de confiance mais que nous ne vous connaissons tout simplement pas.

Il porta sa main à son torse et acquiesça.

– Mon nom est Reese, je suis Négatif mais Maddison et Maze ici présents sont Positifs. Nous sommes tous les trois à la tête de cette communauté et la protégeons quoi qu'il en coûte. Cela ne fait pas de nous des Dieux, ni même des juges ou des commandants d'armée. Nous nous grattons tous les matins comme vous, nous avons des humeurs tout comme vous. Vous allez devoir répondre à quelques petites questions pour la logistique et aussi pour apprendre à vous connaître, n'hésitez pas à poser vos propres interrogations, nous sommes là pour ça.

Reese sauta de la chaise et fendit la petite foule pour aller ouvrir l'immense porte coulissant sur le dock. Il y avait quelques bateaux mais surtout, un soleil couchant que les membres de l'Underground savaient apprécier. Maddison, Maze et Elvis s'en approchèrent pour l'admirer un instant, bien trop souvent enfermés dans leurs caves. le peu qu'ils voyaient du dehors était quand ils travaillaient et n'avaient que peu le temps d'en apprécier la juste valeur. Les mains sur les hanches après avoir intimé le groupe de s'approcher, Reese leva une main pour montrer le soleil orangé se refléter sur l'eau.

– Profitez-en. Ce sont à peu près les seules couleurs pures que vous verrez dans l'Underground. Pour les Positifs et les Candidats, merci de vous mettre de ce côté. Pour les autres, restez derrière moi. Le soldat !

Sans crier gare, Reese s'approcha d'une femme au milieu des autres Positifs et la désigna avant de lui indiquer l'espace qui lui était réservé, à la lumière du soleil. Il acquiesça sans avoir pris la peine de regarder le clipboard d'Elvis. Il la connaissait, c'était lui qui l'avait amenée ici. Leur rencontre était loin d'être des plus fortuites, ni des plus amicales. Et cette fois, c'était lui qui dominait la situation, pas vrai ? Il cligna des yeux et la dévisagea de la tête aux pieds avant de parler plus bas, juste pour elle.

– Montre-moi ce dont tu es capable ici. - Il posa son index sur sa tempe. - Et nous verrons ensuite de quoi tu te chauffes... Là. - Il appuya un poing sur son abdomen sans frapper -. Je veux que tu montres à tous ces gosses qu'ils ne doivent pas avoir peur de révéler leur pouvoir qui est souvent une source de complexe et de peur. Tu veux bien m'aider là-dessus ? C'est quoi ton pouvoir ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Depuis qu’elle avait rendu son uniforme, elle avait eu du mal à trouver sa place. A comprendre ce qu’elle pouvait faire d’elle même. Elle avait tenté de se ranger. Vraiment. Elle avait bossé dans une supérette, elle avait tenu que deux semaines. Il lui manquait l’excitation, le stress - celui là même qui enclenchait son pouvoir et qui lui donnait le sentiment de contrôler quelque chose. Se concentrer sur l’avenir lui permettait d’oublier ses fantômes qui la poursuivaient depuis ses 16 ans. Elle avait finalement décidé de rejoindre le FBI. Apres sa formation, elle avait atterri à Megalopolis. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle entende parler de cet Underground et de ses valeurs. Elle n’y avait pas vraiment prêté attention, jusqu’à cette affaire. Elle était tombée sur lui, l’avait poursuivi. Il s’était trouvé au bout de son arme braquée sur lui et lui avait parlé de l’Underground et de lui parler de ce rendez vous. Avant de disparaitre. Elle y avait longuement réfléchi. Mais elle était venue.

Elle n’était pas la seule face à lui perché sur sa chaise, avec ses trois comparses qui l’accompagnaient. Elle avait écouté le petit speech avec un sourire en coin. Les discours galvanisant des meneurs… Il avait sans doute raison de préciser tout cela, mais elle avait été officier elle aussi. Elle savait comment il fallait parler aux hommes.

Elle le suivit des yeux lorsqu’il alla ouvrir les portes du dock sur le coucher du soleil. Un beau coucher de soleil, à dire vrai. Mais un peu mélodramatique, si on demandait son avis à Camy. Le soleil, elle s’en tapait comme de sa première culotte. Elle en avait vu beaucoup trop à son gout, sur les théâtres. Mais elle pouvait comprendre qu’il puisse manquer à certains.
Lorsqu’il enjoignit les Positifs à se placer d’un côté, elle commença à suivre le mouvement, mais l’interjection l’arrêta net. Apparemment, elle était la seule à se sentir viser par l’expression « soldat ». Elle fit face à Reese, l’air peu commode.
« C’est Camy. Ou lieutenant, si tu veux rester dans le militaire… »
Elle s’avança néanmoins dans la lumière comme indiqué par Reese. Elle était vulnérable, du moins en apparence, mais elle ne détourna pas le regard pour autant. Elle savait qu’à la moindre alerte, elle avait les moyens de se défendre de choses qu’il n’aurait même pas encore l’idée de faire.
Quoi qu’il en soit, il baissa la voix et s’approcha d’elle. Elle cilla lorsqu’il posa son index sur sa tempe et son bras se leva légèrement par réflexe de défense. Mais ce n’était rien - pas encore. Toujours sans détourner le regard, elle lui servit un sourire coincé. Elle n’avait aucune envie de parler de son pouvoir - il était source d’ennuis pour elle au moins autant que la plupart des gens présents. En parler voulait souvent dire parler aussi de ce qu’elle voyait, qu’elle pouvait éviter… ou pas. Mais elle était coincée n’est-ce pas ?
« Direct dans le bain hein ? » Elle hocha la tete. « C’est difficile à décrire. Je vois l’avenir. A court terme, et seulement quand je suis en danger. C’est pratique pour défendre sa vie, mais pas pour gagner à la loterie... »
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Reese Owen
Reese Owen
– Pour moi, tu seras toujours un Soldat.

Reese parut soudain bien embêté. Il se tut en figeant et la dévisagea avant de faire une moue des lèvres, la respiration rigide. Il cherchait visiblement quelque chose dans sa tête et il tourna la tête vers Maddison qui scrutait les données d'Elvis, les bras croisés. Quand elle s'aperçut de son regard appuyé, elle haussa les sourcils et ouvrit une main. Il s'attendait à ce qu'elle l'aide. C'était une Slider, elle savait quoi faire dans ce genre de cas, pas vrai ?

– Quoi ? Je suis pas médium, Owen.

Finalement, il inspira profondément en se retournant vers Camy, en se grattant la joue. Il avait l'habitude des pouvoirs actifs qui se voyaient bien. Maddison était plutôt celle qui savait conseiller quand il s'agissait de contrôle et de maîtrise. Mais il avait besoin d'hommes à Salvation, il ne pouvait pas la donner à Sliders. Dans sa tête, Camy n'était qu'un élément parmi plein d'autres. Une bonne stratégie à adopter. Avant d'être Positive, elle était une femme. Et avant d'être une femme, elle était militaire. C'était là tout ce qui l'intéressait.

– J'imagine qu'il n'y a pas grand chose à montrer, c'est ça ? Je ne vais pas délibérément te mettre en danger, ce serait particulièrement stupide et inutile. Cependant, tu pourras apprendre à contrôler ça. On est là pour ça aussi. On trouvera bien un autre moyen que celui de te mettre en danger, pas vrai ? Okay.

Il acquiesça vivement en pinçant les lèvres et se redressa pour regarder les autres. Finalement, il savait comment faire de Camy un bon exemple. Il fit quelques pas en la désignant et s'adressa aux autres.

– Il peut s'avérer parfois que votre pouvoir vous échappe. Certains le considèrent même comme inutile ! Ce n'est pas toujours une question de contrôle, c'est parfois... Autre chose. Vous n'avez peut-être tout bêtement pas besoin de votre pouvoir parce que vous avez d'autres aptitudes. Cette jeune femme, ce... Lieutenant comme elle voudrait qu'on l'appelle possède des compétences qui lui seront bien plus utiles que son pouvoir. L'underground, c'est aussi l'affaire d'une communauté, d'entraide. On se serre les coudes, on ne reste pas sans rien faire et tout le monde met à profit ce en quoi il est doué. Ce cher Lieutenant sait se battre. J'ai bien dit que nous ne recrutons pas de guerriers ni de rebelles ! Cependant, quelques combattants pour assurer votre sécurité, ce ne serait pas du luxe, pas vrai ? Nous ne sommes pas infaillibles, on a déjà tenté de nous attaquer. Une bonne défense est la meilleure offense.

Alors que Reese revenait vers elle en enlevant sa veste, un jeune garçon s'extirpa de la foule en haussant la voix.

– Hey, t'es Négatif, toi c'est ça ?

Reese se retourna, sans trop comprendre quel était le problème et il haussa les épaules.

– Oui, et ?

– D'où tu connaîtrais les Positifs mieux que les Positifs eux-mêmes ? Moi je dis, si elle doit être testée comme chacun d'entre nous, c'est par un Positif !

– Méfiance, tu n'iras pas loin avec ce raisonnement, petit.

– Et moi je dis que t'iras pas loin face à elle. Quitte à être testée par un homme, autant qu'il soit Positif.

Reese déglutit et se tourna vers Maze sans rien dire. Il regarda à droite puis à gauche et le désigna du pouce avant de refaire face au jeune garçon, les sourcils hauts.

– Oh, non, tu ne veux pas qu'elle se mesure à lui. Crois-moi.

– Elle, alors !

Maddison roula des yeux. Pour quelqu'un qui prônait la discrétion, elle manquait cruellement de patience. Reese la regarda un instant, puis Camy, puis le jeune garçon. Il hocha la tête finalement dans une moue et rajusta sa veste sur ses épaules.

– D'accord !

Beaucoup pouvaient penser que Reese faisait fausse route. Qu'il se trompait de mettre Camy sur le devant de la scène de la sorte. Mais il savait, pour l'avoir déjà expérimenté, qu'il existait toujours une petite poignée de timides. Ceux-là préféraient observer les autres avant d'agir, pour se rassurer. En agissant ainsi, Reese n'opérait pas que pour Camy qu'il testait à un tout autre niveau qu'elle ignorait, mais également pour ce petit nombre de curieux mais pas téméraires, dans l'ombre de la foule. Il leva les bras en reculant et désigna quatre Négatifs dans le lot. Un couple de frère et soeur des rues, un vieillard et ce qu'il s'imagina être une serveuse trop fatiguée d'aligner les petits boulots pour payer l'école de son fils. Ce dernier faisait partie des Positifs, il l'avait remarqué quand ils s'étaient séparés.

– Formez un carré. Maddison, allez, s'il te plaît.

La Slider souffla et enleva sa veste avec humeur avant de la jeter sur Elvis. Elle parcourut les quelques mètres qui la séparaient de Camy en s'attachant les cheveux alors que Reese continuait de parler.

– Je ne sais rien des Positifs. J'en ai connu pas mal mais je ne sais pas ce qui se passe dans votre tête. Est-ce que vous êtes différents de moi ? Je n'en sais rien. Et ces quatre là non plus. Tout ça, c'est aussi une affaire de confiance. Nous sommes tous des étrangers les uns pour les autres. Je veux vous prouver le contraire. Ils sont Négatifs, comme moi et ne savent pas trop ce qui peut survenir dans quelques minutes. Mais ils vont devoir apprendre à faire confiance à deux Positives en plein combat. Sans broncher. Ce n'est pas un test. Mais un apprentissage. Parfois, peu importe ce que vous êtes, vous serez amenés à intervenir. C'est pour cette raison que chacun doit savoir de quoi l'autre est capable. Rien de tel qu'une mise en situation.

Le seul test était pour Camy. Et ça, même Maddison l'ignorait. Cette dernière, une fois à la hauteur de Camy, eut un sourire en coin.

– T'en fais pas. Il a juste peur de frapper une fille. Il s'est aussi servi de moi lors des premiers jours d'entraînement à l'armée. Il est pas méchant. Juste un peu con.

– J'ai entendu.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Toujours un soldat… Elle hocha la tête avec une grimace amusée, d’autant qu’apparemment, sa réponse n’était pas ce à quoi il s’attendait. Et pour le coup, c’était elle qui souriait largement. Elle aimait bien dérouter - elle l’avait fait souvent à l’armée, quand on la prenait pour une petite chose sans défense. Elle savait de quoi elle avait l’air. Mais elle n’aimait pas qu’on la sous-estime. Elle ouvrit la bouche, mais Reese était lancé, et un crétin de Négatif intervint. Les mains sur les hanches et les sourcils froncés, elle écouta les échanges. A son avis, c’était purement inutile, comme intervention. Cette idée de l’Underground l’attirait justement pour cette notion d’égalité, d’équité. Qu’on puisse remettre cela en cause sur le seuil de la porte la laissait doucement sceptique. A son avis, le contestataire ne devrait même pas pouvoir passer la porte. Ou le tunnel… Ou peu importe où serait l’entrée.

Finalement, Maddison s’avança et se plaça face à Camy. Cette derniere n’était pas vraiment en tenue, elle n’avait pas spécialement prévu de faire une démonstration.

« Je ne m’inquiète pas pour lui. Et il aurait encore fallu qu’il me touche… » Ca pouvait paraitre prétentieux, mais elle savait d’expérience qu’un combat au corps à corps se terminait systématiquement par une victoire rapide. Elle avait déjà rencontré un Positif à la vitesse hors du commun, mais même là, elle avait pu anticipé chacun de ses gestes et le mettre au tapis.
Camy se mit en garde et se mit en condition. Accélération du rythme cardiaque, auto-suggestion pour induire la sécrétion d’adrénaline nécessaire à activer sa précognition. Juste à temps pour anticiper la première attaque de Maddie. La Maddison de deux secondes plus vieille se superposa à sa vision du présent. En deux parades et une attaque, elle la mit à terre. Maddison se releva et recommença, se retrouvant au tapis tout aussi vite.
Camy ouvrit les bras.
« On peut continuer comme ça pendant 5 minutes. Apres ça se shunte. Trop de fatigue. Et j’ai pas envie de passer les trois prochaines heures à somnoler. Et ça, ça sera vrai quelque soit le profil génétique de la personne en face. » Elle se tourna vers le petit malin de tout à l’heure du défi dans le regard.
« Positif, Negatif ou Candidat. Aucune. Différence. »

Elle se tourna à nouveau vers Reese.
« Et je sais le contrôler suffisamment pour que ça me serve. Ce n’est pas pour ça que je suis là. »
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Reese Owen
Reese Owen
S'il y avait bien particulièrement une chose que Maddison détestait, c'était bien être humiliée en public. Elle avait voulu la jouer fairplay. Même si elle n'était pas tout à fait en tenue non plus, ça ne faisait pas moins d'elle un mauvais flic et encore moins oublier comment se battre. Elle se releva, les lèvres pincées et le regard mauvais. Assurément que Camy ne se faisait pas une amie. Reese les regardait sans rien dire, tournant autour du ring de fortune. Au deuxième coup, Maddison alla rencontrer la serveuse qui la retint dans ses bras avant de la relever. Elle agita la tête pour balancer ses cheveux en arrière et décida que cette fois, on allait se battre pour de vrai. Maddison jeta un regard à Reese sans attaquer. Ce dernier acquiesça doucement mais d'un index, il lui rappela la limite du ring à ne pas dépasser.

Alors Maddison refit face à Camy et quand celle-ci se décida à attaquer, un "pouf" sonore se perdit dans un éclat de fumée noire et son adversaire avait disparu. Dans l'étonnement général, les quatre Négatifs du ring se regardèrent sans comprendre et se demandèrent où était passée Maddison. Reese porta ses mains à ses hanches et attendit patiemment qu'un nouveau pouf se fasse remarquer, quelques secondes plus tard, dans le dos de Camy.

Un bras s'enroula autour de son cou, l'autre allant serrer le sien dans son dos. Entre ses dents, Maddison eut un léger rire.

– Je ne suis pas médium mais j'ai d'autres atouts.

Et Maddison la retourna avant de décocher une droite vers sa mâchoire. Reese se redressa et contourna à nouveau le ring pour ne jamais lâcher Camy du regard, visiblement plus qu'intéressé par ce qu'il se passait. A plusieurs reprises, Maddison joua de son pouvoir pour prendre Camy par surprise. Il apparut à Reese même que le Lieutenant maîtrisait mieux son pouvoir qu'elle ne pouvait le dire. Elle anticipait les coups de Maddison autant que celle-ci prévenait les siens. Mais à force de bouger, elles se rapprochaient de la limite. Les bras croisés, Reese souriait face aux Négatifs qui commençaient à trouver le temps long. Quand il vit Maddison et Camy aux prises l'une de l'autre, s'approcher dangereusement de lui, il se contenta de tourner sur un pied pour les regarder s'étaler l'une et l'autre au sol, hors du périmètre.
Il connaissait déjà Maddison et savait de quoi elle était capable et jusqu'à quand. Il la savait nerveuse et passionnée mais il lui sembla que Camy était un peu pareille. A l'aube de l'underground, Camy aurait parfaitement pu être à la place de Maddison. Il en était convaincu et il avait toujours été bon pour deviner les gens. Dans un sourire, il aida Maddison à se relever qui se passa la paume de la main sur la lèvre avant de regarder le sang qui perlait sur sa peau.

– La prochaine fois que t'as des idées aussi débiles, sois gentil, oublie-moi. Elle est pour toi.

Reese la regarda s'éloigner avec un sourire et posa une main sur l'épaule de Camy avant de lui indiquer de retrouver les autres.

– Tu resteras avec moi. - puis il prit une voix plus forte - S'il y a une chose à retenir ici comme dehors, peu importe où vous vous trouverez, du moment que vous ferez partie de l'Underground, souvenez-vous : c'est toujours pour de vrai. A toi le blondinet qui veut se mesurer à quelqu'un de sa taille, montre-moi ce que tu sais faire !

Des Positifs aux pouvoirs extraordinaires, il y en eut quelques uns. D'autres aux pouvoirs étonnants et amusants, il y en eut également. Les quatre têtes de l'underground avaient toujours tenu leur promesse en dévoilant en chacun des nouveaux arrivants qu'ils étaient toujours capables de quelque chose pour apporter leur pierre. Qu'il s'agisse de cuisiner, de se battre, de coudre, de soigner. Même si finalement, certains avaient tourné les talons, d'autres avaient découvert qu'ils n'étaient pas en reste dans la Ville Basse et qu'ils pouvaient être utiles.

Le soleil était couché depuis un moment quand Reese a sonné la fin des démonstrations de pouvoir et de compétences. Les bras ouvert, au milieu de la petite foule restante, il désigna Maddison et Maze pour que tous se mettent en ligne. Il avait dit à Camy qu'elle resterait avec lui. Les deux autres avaient fait de même en fonction des aptitudes des nouveaux. Mais au moment de partir, Reese laissa Maze et Maddison se séparer et lui prit une autre route encore. Ils n'étaient pas nombreux, à peine 5, 6 en comptant Reese. Une fois seuls, il les étudia les uns après les autres. Camy n'était pas la seule femme. Il avait également choisi la serveuse et son fils jumper, un grand black conducteur de poids lourd et le petit blondinet qui l'avait défié, s'étant avéré un excellent lanceur de couteaux et un bon petit voleur de rues. Normalement, ce genre de petite frappe allait tout droit chez Sliders pour assurer des diversions mais Reese le voulait à ses côtés pour les couteaux et aussi pour lui montrer qu'il y avait d'autres choses à venir pour lui que simplement voler aux plus riches qui ne l'étaient pas tellement plus que lui.

– Bien. Tout ça c'est très bien mais maintenant c'est mon tour de vous montrer que je peux avoir confiance en vous. C'est par là.

– Pourquoi on va pas avec les autres ?

Reese se retourna vers le petit blondinet et lui adressa un sourire avant de répondre :

– Parce que l'accès à mon quartier est carrément plus fun que le leur.

Il sourit plus franchement et le gamin l'imita, tout excité avant de frapper dans sa main. Reese la garda dans la sienne et serra l'adolescent contre lui, d'un bras autour du cou avant de l'entraîner vers la sortir de l'entrepôt en direction des métros.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle avait été persuadée que ça en resterait là. La démonstration était suffisamment éloquente à son goût, et elle n’était pas venue pour se battre. Sauf qu’apparemment, la Maddison avait décidé du contraire et la prit par surprise. Une seule fois, puisqu’elle réactiva aussitôt son pouvoir par cette attaque.

« J’imagine que ça vaut mieux pour en être arrivée là… »

Elle récupéra un direct à la mâchoire, mais ensuite, le combat ne trouva pas vraiment de vainqueur : Maddison n’était pas manchote, mais le pouvoir de Camy pleinement actif lui permettait de tout anticiper. Elles auraient pu continuer un moment - ou au moins jusqu’à ce que le pouvoir de Camy ne s’estompe, démontrant alors qu’elle était une quiche en combat sans ses capacités - mais elles finirent par terre. Aux pieds de Reese. Il aida Maddison à se relever. Camy elle, prit son temps. Elle était vidée. Elle réussit néanmoins à trouver un peu d’énergie pour se mettre debout, à temps pour que Reese lui tapote l’épaule et que Maddison l’affecte à son « équipe », quoique ça ait comme signification. Fatiguée et déjà peu encline à se faire traiter comme quantité négligeable, elle braqua un regard noir à la jeune femme qui semblait la considérer comme un truc dont on pouvait disposer à l’envie. Mais elle serra les lèvres. Ce n’était pas le moment.
Elle sentit un truc humide sur son arcade et se passa la main dessus pour voir qu’elle aussi, elle saignait. L’autre n’y avait pas été de main morte… Mais ça faisait du bien… Elle était vidée… Mais elle avait juste envie de recommencer. Et comme elle était repartie pour trois heures certaines sans pouvoir activer son pouvoir… Il ne lui restait qu’un verre… Mais ça aussi, il lui faudrait attendre.

Elle resta donc avec Reese, elle et quelques autres. Etait-il plus sélectif que les autres ? Bonne question, toujours est-il qu’ils n’étaient pas nombreux. En tout cas, elle était curieuse de voir la sortie « fun » de Reese. En espérant qu’il suffisait de descendre un toboggan et que tout le fun était là. Elle n’avait plus la force de faire autre chose.

Elle suivit le mouvement avec un temps de retard en direction des métros. Pitié… Une chaise. Ou mieux, un matelas… Bon sang, si elle avait pris plus de soin à son instruction, elle aurait été capable de se battre sans avoir recours à son pouvoir. Mais d’un autre côté, pourquoi se fatiguer ? Elle pouvait mettre n’importe quel adversaire KO en moins d’une minute grâce à cela… Elle avait donc concentré son apprentissage sur des choses qui lui seraient plus utiles…

Dernière de la petite file, elle suivait Reese et les autres. Elle se méfiait du petit blond qui ne lui inspirait pas vraiment confiance - comment pouvait-on avoir confiance en quelqu’un qui ne mettait pas tout le monde sur un pied d’égalité ? - mais elle n’avait pas pu vraiment juger les autres, trop occupée à reprendre un peu contenance. Où allaient-ils ?
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Reese Owen
Reese Owen
En sortant de l'entrepôt, pendant que les autres parlaient, il regarda camy arriver, à son propre rythme, comme une rébellion imposée à lui mais aussi au reste du monde. Elle ressemblait tellement à Maddison qu'il se demanda un instant comment ces deux-là allaient fanfaronner dans l'Underground. Il referma la lourde porte une fois qu'elle en fut sortie sans la quitter des yeux. Il avait remarqué sa façon de regarder le jeune délinquant mais il ne dit rien. Après tout, elle n'avait pas à remettre en question ses décisions. Maddison l'avait déjà mis en garde et il le garderait à l'oeil. Mais des gamins comme lui, il en avait vus plus souvent qu'il ne l'aurait voulu. Quant à être sélectif, ce n'était pas tellement le problème. Il avait le quartier nécessitant le plus de ressources mais pas forcément le plus de monde. Ils assuraient la défense mais les deux autres étaient vraiment plus proches du refuge du sacré coeur !

Alors qu'il marchait à ses côtés pendant que l'adolescent se pavanait devant le grand black imperturbable, Reese enfonça ses mains dans ses poches dans un demi sourire.

_ Je mentirais si je disais que tu t'es fait une amie. Combien de temps ?

Il parlait bien sûr de l'armée. C'était marrant de voir deux militaires capables d'anticiper aussi bien qu'elles se battre. A croire qu'elles mangeaient coup pour coup. C'était presque un effet miroir. Il serait curieux de voir ce que ça donne avec une véritable raison de se battre. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, Maddison ne raffolait pas des démonstrations de son pouvoir. Mais il l'avait déjà vue à l'oeuvre, sur le terrain, c'était bien pratique d'avoir une Positive dans son camp.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Un lit. Même pas besoin d'un matelas ou d'un sommier. Une paillasse, un semblant d'oreiller et un chiffon sur le dos. Même un canapé défoncé, elle prendrait. Elle avait juste envie de dormir. En fait, la seule chose qui l'aidait à rester debout, c'était son instruction militaire. L'entrainement incluait les phases de manque de sommeil. Elle avait des souvenirs fabuleux de stages commandos dans la forêt, avec réveil sous tirs simulés apres seulement 1h de repos. On apprenait à récupérer vite - ou à faire avec. Entrainement précieux quand on avait un pouvoir énergivore comme le sien.

L'autre avantage était qu'on était facilement conscient des regards braqués sur soi. En l'occurrence, celui de Reese ne la quittait apparemment pas. En d'autres circonstances, elle y aurait répondu par un regard d'invite. Mais là... Totalement inadapté !
Il vint néanmoins engager la conversation, avec un sourire en coin. Elle avait donc deviné juste : lui aussi était - avait été - militaire. Elle lui retourna un sourire amusé.

" Aucune importance... Si j'ai bien compris, je ne la verrai pas souvent, c'est ca ? On ne logera même pas dans le même coin... Cela dit, elle n'a pas à craindre la concurrence : une minute de plus et je perdais ma capacité à anticiper. Elle m'aurait mise à terre sans probleme et tout le monde aurait vu que je n'avais pas été très assidue en classe de self defense... " Son sourire s'élargit, pas tant parce qu'elle se trouvait drôle que parce que c'était l'exacte vérité. Mais son sourire se figea un peu à penser à répondre à la question que Reese lui avait posée. Son séjour sous le drapeau était difficile à classer dans les bons ou les mauvais souvenirs. L'armée l'avait sans doute sauvée, mais l'avait aussi confrontée plus que nécessaire à son pouvoir, ses faiblesses et ses conséquences. Et parler du temps passé en service induisait quasiment systématiquement la question de la raison de n'avoir pas renouvelé son contrat...

" Neuf ans en section déminage des Marines. Et toi ? "
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Reese Owen
Reese Owen
A son petit laïus, Reese ne put retenir un bref rire, à peine audible. Ce n'était pas ce qui l'intéressait. Maddison pouvait se montrer une telle peste qu'avec ou sans formation militaire, elle y mettait tant de rage qu'elle rendait fou l'adversaire avant qu'il ne tombe au sol dans une prise. Non, Maddison soulait son entourage avant même de le toucher.

_ Une force de frappe, j'en ai déjà une. C'est pas ce que je cherche.

Puis, à sa question, il lui jeta un bref regard avant de répondre en inspirant profondément. Il ne lui demanderait pas pourquoi elle avait arrêté. Ca le gonflait suffisamment qu'on lui pose la question. Et puis n'importe quel militaire arrêtait un jour. 9 ans, c'était déjà une sacrée carrière.

_ Neuf ans dans l'armée de terre. J'ai fini Capitaine. 5 ans pour Maddison et elle était mon sergent première classe. Iraq, Turquie, Corée, Afghanistan... Peu importait où se trouvait la guerre contre la Chine, nous en étions. Et ce n'est pas parce qu'elle va vivre à quelques mètres au-dessus de ta tête que tu la verras moins.

_ Hey !

Reese releva le nez et fronça les sourcils en voyant le jeune blondinet, les bras ouverts, demandant sa route.

_ On a failli vous attendre !

_ Prends les escaliers derrière toi.

L'ado, Skandar de son prénom, se retourna avec les 3 autres pour voir la bouche de métro. Mais très vite, ils se sont retournés vers lui, l'air de pas y comprendre. Une fois que Reese et Camy furent à nouveau à leur hauteur, le grand black secoua la tête.

_ Cette station est fermée depuis des siècles, il n'y a que les rats et les araignées qui vivent là-dedans.

Reese eut un nouveau sourire en coin et pris les devants.

_ Là où il y a de la vie... Suis les rats, ils y vont.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Camy fronca légèrement les sourcils sans se départir de son sourire. Pas ce qu'il cherchait ? Ce n'était pas ce qui était écrit sur la brochure de l'agence de voyage. Bon ok, ce n'était pas une brochure, mais quand même.

" Je ne savais pas qu'il y avait des profils types... J'avais cru comprendre que tout le monde était accepté d'office... " Mais elle laissa vite tomber ses questions lorsqu'il passa à la suite. Apparemment, il avait passé autant de temps qu'elle sous les couleurs et avait tout autant enchaîné les missions. Pour les mêmes raisons qu'elle ? Sans doute pas. En tout cas, pas dans sa totalité.
" Joli pedigree... A se demander comment on a pu se passer à côté dans les affectations ! Si j'ai passé 2 mois au pays sur mes neuf ans de service, c'est beaucoup... " elle lui jeta un regard dubitatif. Elle n'avait sans doute pas besoin de préciser le drame familial que ca avait été de faire taire sa famille qui ne comprenait pas qu'elle puisse être sur le terrain aussi souvent, dans des situations dangereuses. Il avait sans doute eu droit aux mêmes discours. Quoique peut être pas... peut être que pour les hommes, les familles étaient moins casse-pied...

Arrivés à hauteur du métro, elle eut un haussement de sourcil à la remarque du jeune freluquet genre "tu déconnes, et le respect alors ?" mais s'abstint de tout commentaire. Elle n'avait rien à dire après tout, elle était une recrue au même titre que la blondasse, rien ne l'autorisait à se fendre de la moindre remarque.
De même suivit-elle le mouvement dans la station de métro désaffectée sans rien dire. Après tout, ca avait du sens : se cacher dans ce réseau était sans doute la meilleure idée.

" Tant qu'il ne faut faire que les suivre et pas dormir avec... " lacha-t-elle doucement, l'air de ne pas le dire fort, mais quand même assez pour que tout le monde entende.
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Reese Owen
Reese Owen
_ Je n'ai pas arrêté hier mais il y a un moment, maintenant.

Reese et le respect, du moment qu'il ne s'agissait pas de ses hommes... Et le petit n'en était pas encore un. Quand bien même il avait dans l'idée d'en faire un homme, un vrai avec des principes et lui arracher de la tête ces envies de pickpoket, il le laisserait tranquille aujourd'hui. Juste, aujourd'hui. Il se revoyait au même âge et ce côté attendrissant était en faveur du jeune garçon. Il prit les devants et une fois en bas, il déplia la grille avec l'aide du gros black barraqué et laissa les autres passer. Au moment où Camy tirait sa remarque, Reese eut un regard vers son acolyte de taille et un sourire naquit sur leurs lèvres. Il lui passa à côté et glissa à son attention sans secret pourtant.

_ Quoi, tu n'as jamais dormi près d'un camp de scorpions en Iraq ? Où étais-tu pendant 9 ans ?

Il lui fit un clin d'oeil et s'approcha des tourniquets avant de prendre l'enfant et le soulever pour lui faire passer la barrière pendant que le grand black s'occupait de la mère. Reese n'avait jamais précisé que tout le monde n'était pas accepté. Certains prenaient vite l'Underground comme une partie de plaisir et les leaders avaient appris à remarquer ceux qui chercaient à se planquer pour les mauvaises raisons mais ne gardaient que ceux à qui ils voulaient bien donner une chance. Il allait de leur sécurité, après tout et ils reconnaissaient les motivés. L'adolescent en était un.

_ C'est ça ton entrée la plus cool ?

_ Hey, laisse-moi une chance, tu veux ?

_ Ouais... On verra. Non, ça va, je suis assez grand pour me débrouiller tout seul.

Skandar s'éloigna du grand black et sauta par dessus la barrière avant de retomber sur ses deux pieds dans un claquement.

_ La vache, qu'est-ce que c'est sombre.... Mais qu'est-ce que ça pue ! Qu'est-ce que c'est ?

Reese laissa l'armoire à glace sombre passer de l'autre côté avant de se tourner vers les deux restants. Skandar arborait un drôle d'air en scrutant les couloirs plongés dans le noir. Le grand black tendit les mains pour accueillir Camy et Reese sauta en dernier avant de se positionner à côté de l'adolescent dans un sourire.

_ Les égouts, très probablement. Bah alors, t'as peur du noir ?

Le torse bombé et les sourcils froncés, le blondinet leva la queue de fierté.

_ J'ai peur de rien. Mais j'aime aussi savoir où je marche

_ T'en fais pas. Tu vas voir où tu marches.

Reese tendit une lampe de poche à Camy pour qu'elle l'éclaire alors qu'il s'approchait d'un mur en cherchant une sorte de loquet. Une ancienne porte de sécurité couina dans l'obscurité et Reese laissa suffisamment de place pour que tout le monde puisse s'engouffrer avant de refermer. Il y avait là un escalier en spirale qui descendait plutôt bas à en croire le centre de la colonne. Le tout éclairé par une lampe rouge peu rassurante. Encore quelques pas et quelques marches et Reese ouvrit une nouvelle porte donnant sur les rails de métro. A nouveau dans l'obscurité la plus totale, il sentit l'adolescent contre lui. Il les entendait tous respirer et quelques rats couiner au loin. Il y avait de quoi avoir la frousse, non ?

Et puis Reese siffla. Deux ou trois notes seulement, linéaires et peu fortes et alors les parois des couloirs de métro s'illuminèrent d'un bleu violacé, comme des lucioles, éclairant ainsi le passage, comme si elles montraient le chemin à suivre.

_ L'avatange de vivre avec des Positifs ? C'est expérimenter la multitude de merveilles qu'ils ont à offrir.

Skandar avait un visage des plus émerveillés et fut même le premier à prendre la route avec l'enfant avant qu'ils ne se mettent à courir pour mieux voir les petites lumières qui brillaient.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Camy fit un rapide calcul : Reese n'avait pas l'air beaucoup plus vieux qu'elle, et s'il avait servit neuf ans, il y avait quand même du y avoir un certain nombre d'années où ils avaient porté l'uniforme en même temps. Il était donc tout à fait possible qu'ils se soient retrouvés sur une meme affectation. Mais ca n'avait pas vraiment d'importance, au final.

Elle rendit un sourire radieux au clin d'oeil de Reese.
" A côté. Pas avec. La nuance est importante. " Elle enjamba le tourniquet sans difficulté, mais accepta avec un sourire de remerciement l'aide du grand black, et préféra ignorer les remarques de l'adolescent. Apres tout, c'était de son âge, non ? Trouver à se plaindre, manquer de patience... tout ca lui inspirait surtout une bonne tranche de rigolade. Elle se planta à côté de Skandar avec un sourire franchement amusé.
" Suffira de te pincer le nez... C'est pas une petite odeur qui va t'arrêter, non ? "

Néanmoins, elle fut tout aussi surprise lorsque le passage s'éclaira. Sa première idée d'un contrôle sonore de l'allumage des lumières fut battue en brèche par la remarque de Reese. Il y avait donc une histoire de pouvoir.

" Bioluminescence ? " Quoi que cela était peu probable car vu comment c'était allumé, cela voudrait dire que le Positif avait une forme bien étrange...
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Reese Owen
Reese Owen
A côté ou avec, à l'époque, ça ne faisait pas vraiment de différence, justement. Il se souvenait du nombre incroyable où Maddison n'avait pas dormi à cause de ça. Elle n'avait pas spécialement peur d'eux... Mais elle détestait les insectes et les trucs qui piquent. Lui administrer son traitement contre la chaleur a toujours été quelque chose de pénible. Ce souvenir, mélangé à l'adorable fierté de Camy, lui arracha un nouveau sourire en coin. Ce qui n'était pas le cas de Skandar qui fusilla la militaire du regard comme s'il pouvait se la faire sur le champs pour abus de vieillesse. Lui jeter un "T'es vieille, t'es moche et je veux vivre ma vie" manqua de s'échapper de ses lèvres mais Reese le poussa vers la porte en le coupant dans son élan.

Ils avancèrent dans le couloir du métro, à peine éclairés. Reese secoua alors la tête, marchant tranquillement aux côtés des trois autres adultes.

_ Presque. Je ne sais pas comment on peut appeler ça. Hey, si j'étais toi, je toucherais pas.

_ Pourquoi ?

_ Si je te dis de pas te jeter de l'Empire State Building, tu vas me demander pourquoi ? Ce sont des champignons. Des restes de Positifs, pour être tout à fait exact.

Les deux garçons se reculèrent soudainement et dévisagèrent Reese qui ne semblaient ni rire, ni même sourire. Etait-ce une blague ? Un mensonge ? Une histoire à faire peur ? Quand le Black l'interrogea du regard, Reese acquiesça, les sourcils hauts. Pourquoi, quand il disait la vérité, personne ne voulait le croire et remettait toujours sa parole en doute ?!

_ On l'a enterré et quelques jours plus tard, on avait des champignons luminescents à travers les couloirs de métro. Une sorte de fengus, je crois. Si j'en crois Elvis, le gosse que vous avez vu au recrutement ? Ils ont une sorte de neuro transmetteur ou je ne sais pas trop quoi, un liquide magnétique qui a touché des câbles électriques. C'est un excellent conducteur. La seule explication que nous avons trouvée pour expliquer l'activation sonore, c'est que notre intelligence artificielle s'y est reliée pour nous éclairer ou laisser dans le noir d'éventuels intrus. La seule personne avec les compétences de cette recherche travaille encore dessus. Il ne faudrait pas que ça se propage hors de chez nous. Mais ça se tient, le Positif était un élémentaire. Ca peut tout autant venir de lui. Une façon de nous protéger, j'imagine.

_ Chut, vous entendez ?

Alors qu'ils marchaient depuis près de 5min, la lumière se tamisa jusqu'à disparaître pour les plonger dans le noir. Au loin, on pouvait voir une faible lumière, sûrement celle d'une station. Le grand Black s'était arrêté juste avant que les lumières ne s'éteignent, faisant tendre l'oreille à Reese. Quelques secondes de silence. Quelques fractions avant de comprendre ce qui était sur le point d'arriver. Un grondement se ressentit sous leurs pieds, les rails vibrants dans le silence. Reese posa la main dans le dos de Camy et commença à la pousser.

_ Il a de l'avance.

_ Qui a de l'avance ?!

_ Leçon numéro 1 : Ne pose pas de questions quand tu connais la réponse !

Deux points blancs éclairèrent lentement le couloir du métro au fur et à mesure qu'une rame s'approchait.

_ Cours !
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Camy était émerveillée des explications de Reese tout autant que du spectacle. Il avait raison : les Positifs avaient de multiples facettes, et il était peu probable que qui que ce soit en connaissent tous les mystères. Le développement des capacités spécifiques était complètement aléatoire et Camy n’avait toujours pas vraiment compris pourquoi telle ou telle personne était capable de réaliser telle ou telle chose.
Pour ce qui la concernait, elle n’avait pas grandit avec ses capacités, contrairement à d’autres positifs. elle avait grandit protégée et donc n’avait jamais été confrontée au besoin de son pouvoir jusqu’à l’accident. C’était sans doute le fait d’avoir cette révélation tardive qui avait rendu - et rendait encore - son acceptation si difficile. Ou si son pouvoir s’était manifesté plus tôt, elle ne s’en était jamais vraiment rendu compte jusqu’à ce jour funeste.

Quoi qu’il en soit, elle marchait tranquillement avec les autres, notant mentalement les informations sur le trajet pour pouvoir revenir en arrière en cas de besoin. Mais son pas se ralentit alors que la lumière diminuait, jusqu’à ce qu’elle s’arrête. Elle tourna la tête dans la direction d’où ils venaient, mais il n’y avait pas besoin d’être grand clerc pour savoir ce qui arrivait. Elle sentit la main de Reese dans son dos ce qui la fit tressaillir et fit passer un frisson le long de sa colonne vertébrale - vite effacé par la question idiote de Skandar. Question qui lui tira un sourire amusé et elle retint un rire. Néanmoins, comme il avait la main dans son dos, Reese du surement sentir son rire retenu dans ses côtes alors qu’elle se remit en marche sous la pression de sa main.

Elle tourna une nouvelle fois la tête en percevant la lumière, et si elle souriait encore, elle reprenait néanmoins son sérieux. Cours, ok, mais pourquoi faire ? Néanmoins elle ne chercha pas trop à discuter et se mit à courir, en pestant sur le fait qu’elle n’était pas vraiment en tenue...
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Reese Owen
Reese Owen
Si Reese s'en était aperçu, il lui aurait clairement demandé ce qui la faisait sourire. Skandar était devant, il courrait comme jamais Reese n'avait vu qui que ce soit courir. Il était déjà presque sur le quai de la station quand il vit l'enfant disparaître avec sa mère comme par magie. Mais le train avançait bien trop vite malgré l'arrivée en station. Quand les champignons se sont rallumés, c'étaient comme pour désigner un endroit dans l'obscurité, une flèche pour montrer le chemin en sens inverse du trajet du métro. Sans réfléchir, Reese attrapa le bras de Camy qui commençait à le distancer devant lui et le grand Black suivit la course. Reese plaqua Camy contre un mur et la recouvra immédiatement, une main contre le mur à côté d'elle, l'autre entourant sa tête, sa joue contre la sienne. Il laissa passer le métro, le sifflement assourdissant lui faisant crisper le front. Il rouvrit les yeux un instant pour voir les lumières du train éclairer à peine la sortie de secours contre laquelle ils s'étaient réfugiés, celle-ci offrant un recoin dans le couloir suffisant pour échapper à une mort quasi certaine.

Reese serrait Camy contre lui comme si elle était un port d'attache. C'était à croire qu'il ne s'arrêterait jamais. Les freins usés sifflèrent dans ses oreilles à le faire grimacer. Quand le métro termina sa course, Reese redressa la tête pour s'assurer que Camy n'avait rien et lui tapota la joue, non content de la voir entière mais pas certain d'être conscient de l'intégralité de son corps encore. Il se tourna pour deviner le black collé au mur comme eux. Il ne lui voyait que les yeux, ronds et écarquillés comme quelqu'un qui a eu chaud aux fesses.

– Il est souvent en avance ?

Le souffle court, Reese secoua la tête, pas plus rassuré.

– Il est censé être minuté au rail près.

– Les chemineaux, c'est plus du tout ce que c'était.

– Non. On dirait.

Reese poussa à nouveau Camy vers les rails à nouveau. Il entendit hurler à la station et répondit qu'ils allaient bien, qu'ils arrivaient. En se remettant à courir, Reese savait qu'ils ne disposaient pas de beaucoup de temps avant que le métro ne reparte, sans eux. Skandar était à genoux sur le bord, derrière le dernier wagon, la main tendue pour aider Camy à grimper.

– Les portes ! Gardez les portes ouvertes !

Alors qu'ils parcouraient les derniers mètres, la mère et l'enfant se ruèrent entre les portes pour les coincer. Ils allaient devoir, à coup sûr, devoir prendre ce métro en marche.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Courir sans 30 kg de matériel sur le dos, ce n'était pas le soucis. C'était plutôt courir assez vite pour atteindre la station avant la rame qui représentait un problème. Elle avait fini par réaliser, avec la lumière du phare du métro, elle avait vite réalisé que le tunnel, comme trop souvent, était juste assez large pour laisser passer la rame. Atteindre la station était donc une question de vie ou de mort.
Elle était déjà bien fatiguée de sa démonstration avec Maddison, mais il était certain que courir juste derrière allait la laisser sur les rotules. Pas mal pour un premier jour... Elle sentait l'effet du stress, mais son pouvoir ne s'activa pas : elle était dans la phase de latence, lorsqu'elle en avait épuisé tout le potentiel de ses capacités. ce qui l'agacait profondément, parce que du coup, elle n'avait aucune idée de la suite des événements. Alors quand Reese l'attrapa, elle glapit de frayeur tant elle ne s'était pas attendue à ca. Elle n'avait absolument pas prêté attention aux champignons. Reese oui - la force de l'habitude.

Sans trop savoir comment, elle se retrouva dos contre un mur, Reese lui faisant écran, joue contre joue et le souffle court. Elle eut l'impression que le temps s'arrêtait. La situation était critique, elle le savait : qu'ils se décollent un peu et le métro les happeraient mortellement. Et pourtant, elle avait un sentiment de sécurité comme elle n'en avait pas eu depuis longtemps. Eblouie par le métro, elle avait juste conscience de la proximité de Reese et de ce qu'elle lui devait la vie.
Elle ne tenta pas d'analyser plus que cela la situation, mettant ce qu'elle ressentait sur le compte de la fatigue apres le combat et le sprint.

Le métro finit par passer, le temps par reprendre son cours et Camy sa respiration. Elle poussa un soupir soulagé et fronca les sourcils au geste un brin paternaliste de Reese. Non mais ho ! Elle a plus 4 ans !

" je croyais que c'était de notoriété publique que les transports n'étaient jamais fiables... vous le découvrez maintenant ? " lacha-t-elle, sarcastique. Mais ils n'eurent pas le temps d'épiloguer qu'on les appelait, et que Reese la poussait à reprendre le pas de course. Encore ?! Encore... Apparemment, l'idée était de monter dans le métro, sauf que ce dernier n'avait visiblement pas l'intention de les attendre.

Elle donna un coup d'accélérateur et resta concentrée sur les mains tendues de Skandar. Au moment opportun, elle donna une poussée et se hissa dans la rame, s'accrochant au bras de l'adolescent d'un côté, à la porte de l'autre, sans trop de difficultés. Une fois assuré son équilibre, elle se tourna vers l'arrière du véhicule, regardant anxieusement le grand Black et surtout Reese. C'était lui qui devait les guider, comment feraient-ils s'il ne parvenait pas à grimper dans la rame ?
Elle jeta un coup d'oeil autours d'elle, mais ces trucs tout automatisés n'avaient ni arrêt d'urgence, ni frein de secours. Rien pour faciliter la tache des deux hommes qui couraient comme des dératés derrière le métro.
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Reese Owen
Reese Owen
Non sans effort, Skandar agrippa la main de Camy pour la soulever et la hisser sur le quai à ses côtés. A peine était-elle "sortie de danger" que l'adolescent s'était à nouveau accroupi, repoussé par Reese.

– T'occupes pas de nous ! Monte, cinquième station ! Attendez-nous là-bas.

– Quoi ?! Non !

Skandar ne s'autorisa qu'une seconde à fixer Reese, avant que Camy ne le tire par le col et le fasse se redresser pour foncer dans le train qui démarrait déjà avec à son bord deux passagers manquants. Une fois sur le quai, Reese sentit son coeur s'emballer alors que le souffle du métro indiquait son redémarrage. Il hissa tant bien que mal le grand barraqué qui l'avait aidé à grimper mais ce n'était pas terminé. Ils soupirèrent en s'apercevant que le métro était déjà presque sorti à moitié de sa gare. Ils se relevèrent en roulant des yeux et se mirent à courir d'autant plus vite. A chaque fois que ce genre de situation arrivait, Reese comprenait pourquoi on l'avait "mis à la retraite". Il sentait parfois des claquements à l'intérieur de son genou. Bien que la douleur ne soit pas au rendez-vous, il savait qu'elle arriverait cependant un peu plus tard, sous forme de rhumatisme.

Le grand black sauta le premier dans le train, aidé par les autres qui leur hurlaient de se dépêcher. Reese commençait à croire qu'il allait devoir marcher jusque là-bas quand la main du black l'agrippa par le col pour le soulever et le faire entrer dans le métro. Trois secondes plus tard, ils ne voyaient plus que les murs noirs du tunnel sombre. Sous la force de l'inertie, Reese et le black roulèrent jusqu'à la porte opposée avant d'envisager de se redresser pour retrouver leur respiration. Pendant que son coeur retrouvait lentement un rythme raisonnable, il se repassa les quelques dernières minutes dans sa tête, se félicitant à nouveau d'avoir choisi les bonnes personnes parmi des dizaines d'autres. Tout ce qu'il voyait sur l'instant, c'était combien ces gens apporteraient à Salvation. Reese rouvrit ses grands yeux bleus qui scrutaient l'intérieur du métro, la bouche entrouverte et le souffle court. Skandar le fixait, abasourdi, en regardant son aîné se redresser enfin. Il soupira et baissa le regard sur l'adolescent après s'être humecté les lèvres.

– Leçon numéro 2 : Ne perds jamais de temps à discuter mes ordres.

– Ma...

– Pas de mais. Evan ?

Skandar fronça les sourcils alors que Reese regardait autour de lui. N'obtenant pas de réponse, il s'est approché du haut parleur des contrôleur et a soulevé le capot pour appuyer sur un bouton. Heureusement, ils avaient de la lumière ici.

– Evan !

– Je suis là. Tout le monde va bien ?

Les passagers levèrent la tête vers les haut parleurs en se demandant d'où venait cette voix cristalline et un brin métallique sortie de nulle part. Encore légèrement à bout de souffle, Reese s'assura que personne n'était blessé - en dehors sûrement de quelques égratignures - et hocha la tête.

– Ca pourrait être pire. Merci pour l'aiguillage.

– Je me suis dit que ça pourrait servir. La rame a semble-t-il manqué une station. Elvis n'est pas encore arrivé. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, tout mon circuit est correct.

– Assure-toi que ce ne soit pas une attaque. Oh et Evan ?

– Oui ?

– La prochaine fois que tu sens un problème dans la ligne... Merci de laisser le tunnel allumé.

– Je n'ai jamais dit que j'avais un total contrôle sur le Fengus... Je me suis contentée d'emprunter son réseau neural pour vous indiquer la cache où vous protéger quand j'ai reçu l'alerte.

Les yeux fermés de soulagement, Reese referma le clapet de communication et se retourna vers ses nouvelles recrues. En s'appuyant sur les dossiers des sièges pour arriver jusqu'à eux et acquiesça finalement.

– Nous en avons bien pour un quart d'heure, vingt minutes avant d'arriver.

– C'est toujours comme ça ?

Reese se laissa tomber à côté de Camy et secoua la tête, sans rien ajouter. C'était la première fois qu'il entendait la mère prendre la parole depuis qu'ils avaient quitté l'entrepôt. Elle semblait si discrète et si silencieuse, mise à distance. Son fils se lova contre elle. C'était si pratique d'avoir un Jumper dans son camp... Plus tard, il s'excuserait de ne pas avoir pu aider, son pouvoir encore peu développé ne lui permettant pas de transporter des poids "lourds" avec lui. Il tourna la tête vers camy alors que les autres s'installaient pour se reposer après cette course folle. Il lui tapota le genou avant de refermer les yeux, laissant sa tête basculer en arrière contre la barre du siège. Il était assez déroutant de le voir considérer Camy comme un égal, un frère d'arme, la seconde suivante, comme une femme à protéger et puis à nouveau comme un bon pote ensuite. Mais c'était ainsi qu'il la voyait et qu'il voulait qu'elle soit.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Elle se sentait impuissante, et il n’y avait rien qu’elle détestait plus que ça. Elle en était encore à chercher une solution quand Reese intima l’ordre à Skandar de rentrer dans la rame et qu’ils poursuivent leur route pour descendre 5 stations plus loin. Ils les rejoindraient à cet endroit là. Ils ne couraient pas vraiment de risque - quoique celui de se faire surprendre par une autre rame dans un tunnel était réel. A moins que… Elle n’avait pas souvenir qu’il y ait un métro actif dans la ville. Combien de rames circulaient sur ce réseau abandonné ?
Cela dit, l’heure n’était pas aux supputations. Elle jeta un bref regard à Reese et prit son parti. Un ordre était un ordre. Elle attrapa Skandar par le col pour le forcer à reprendre sa place dans le train, faisant la sourde oreille aux protestations de l’adolescent.

Elle poussa un profond soupir et serra les lèvres en suivant du regard les deux hommes qui décidèrent de tenter leur chance quand même, une fois sur le quai. Le Black d’abord, avec l’aide de Skandar et celle qu’elle put apporter aussi. Et c’est ce dernier passager qui réussit à hisser Reese dans le train. Le personnel était au complet. Elle écouta Reese légèrement réprimander Skandar et profita de la discussion du capitaine avec... quoi ? L’IA dont il avait parlé avant ? … pour se rapprocher de l’adolescent et lui posa une main apaisante sur l’épaule.

« Ecoute-le. Il a l’habitude de mener les hommes. D’évaluer les risques pour lui et pour les autres et de prendre la décision qui s’impose en fonction de ca. Il en saura toujours plus que toi alors fait-lui confiance, même si tu n’as pas tout les détails… » Elle lui offrit un sourire rassurant. Si Reese était capitaine, elle était lieutenant. Elle était aussi apte à mener les hommes, mais une autre part de son travail était de faire l’interface entre la hiérarchie et les troupes, une place qu’elle retrouvait naturellement - trop peut être à son goût. « Repose toi, tu l’as bien mérité. »

Elle laissa l’adolescent se rapprocher de sa mère et alla elle-même s’installer un peu plus loin. Elle-même était vannée et profiterait sans vergogne des 15-20 minutes annoncées par Reese. Assise sur son siège, elle ferma les yeux et se laissa aller contre la vitre. Pour aussitôt se retrouver dans le tunnel, contre Reese. A l’abri. A sa place. Elle se souvenait soudain qu’elle avait juste posé ses mains contre lui, comme si elle avait fait ça tout sa vie. Quelque chose de naturel. Tiens d’ailleurs elle avait l’impression d’y être encore…

Ah non. C’était Reese qui s’était assis à côté d’elle et qui lui tapotait le genou. Elle tourna la tête vers lui et lui servit un sourire amusé. Elle se sentait comme après une opération. Epuisée et grisée à la fois. Elle le regarda se laisser aller à son tour, l’air crevé.

« Avoue, c’est un bizutage pour voir si on tiendra la longueur... »

L’attitude de Reese pour sa part ne la dérangeait pas le moins du monde. Elle l’avait suffisamment expérimenté sur le terrain : les hommes hésitaient toujours entre la considérer comme une petite chose fragile ou une égale. Lorsque cela se justifiait, elle acceptait qu’on la protège - comme tout à l’heure dans le tunnel, où il lui avait sauvé la vie. Mais sinon, elle vivait très mal d’être sous estimée. Son intuition lui soufflait que ce ne serait sans doute pas le cas ici - en tout cas pas avec Reese. Elle se demandait intérieurement si ce genre d’intuition était le signe que ses capacités précognitives évoluaient vers une perception plus large du futur, mais elle savait que ce n’était probablement pas le cas.
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Reese Owen
Reese Owen
Reese pouffa de rire sans rouvrir les yeux.

– Tu as deviné, tu es décidément trop douée.

Skandar avait l'air tellement réveillé qu'il barbait le grand black à coup de moulins à parole. Les genoux recroquevillés et le dos contre la paroi du métro, il regardait son nouveau grand copain à côté de lui, lui demandait d'où il venait, ce qu'il avait fait dans la vie. Il devait approcher les 40 ans et avait été pilote. Que conduire ce métro serait une partie de plaisir à côté des boeing auxquels il avait fait traverser l'Atlantique. Reese sourit lorsque Skandar s'emballa à cause de l'Europe qu'il voulait tant visiter. La mère caressait les cheveux de son fils en regardant l'adolescent d'un air plutôt maternel.

– Qu'est-ce qu'on mange, ce soir ?

Reese manqua de s'étouffer et redressa la tête en riant légèrement.

– Euh... Je sais pas, tu es parti chasser le bison ? Parce que sinon...

Skandar resta de marbre, à le fixer sans comprendre. Il cligna des yeux et Reese se retint de rire. Il pouvait le faire. Le bizutage pouvait commencer.

– Il y a un troupeau par là où on va passer. C'est comme ça que ça marche chez nous.

Il regarda brièvement Camy, ne pouvant retenir plus longtemps au moins un sourire, mais Skandar avec sa question avait alerté le gamin dont le ventre grognait déjà fort.

– Tu me fais marcher.

– Tu te doutes bien qu'on peut pas faire nos courses comme tout le monde ! Rien qu'à Salvation, on est une petite centaine, à peine moins. Il faut nourrir tous ces gens ! Il y a des familles, des enfants... De la même façon que toi, ils ont besoin de viande, pleine de protéine pour bien grandir ! Si tu préfères, à la station, il y a un fusil tranquillisant, on se chargera du reste si t'as trop les choquottes... Tu as les choquottes, Skandar ? C'est gentil un bison, tu sais...

Reese serra les dents pour ne pas craquer. Mais Skandar n'aimait pas particulièrement qu'on se fiche de lui. Il plissa les paupières et fusilla son aîné du regard.

– Tu te fiches de moi ! Y a même pas de bison dans le Sanctuaire alors y en a sûrement pas en ville, je suis pas un crétin, d'accord !

– Pourtant, j'en ai vu un l'autre jour.

Le grand black acquiesça pour soutenir Reese dont la mâchoire se crispait un peu plus.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Elle répondit au rire de Reese sur le même registre. Apres tout, l’esprit de corps, ça ne s’oubliait pas. Semper Fi, hein ? Elle se sentait à l’aise avec lui, plus qu’avec ses collègues, plus ou moins fraichement émoulus de l’académie de police, et qui ne savait pas ce que c’était que la guerre.

« Aucun talent là dedans. Neuf ans chez les Marines, ça donne des habitudes ! »

Et puis comme les autres, elle fut absorbée par le babille de Skandar. Bon sang, il ne se taisait jamais ? Bon au moins, ça permettait d’en apprendre sur le grand black sans avoir à poser de question - faire la conversation, quelle barbe - mais Camy redoutait que le jeune homme ne décide de reporter son attention - et ses questions - sur elle. Mais les choses prirent une autre direction.
Apparemment, Reese avait décidé de profiter un peu de la naïveté de Skandar, et le jeune homme ne marchait pas, il courait. Oh bien sur, il avait des doutes, mais malgré le fou rire qui menaçait, Reese - et ensuite le black - arrivaient à garder un semblant de crédibilité. Oui, Skandar doutait.

De son côté, Camy avait tourné la tête, trouvant bizarrement follement intéressant le paysage de mur noir qui défilait par la fenêtre du métro. Mais elle mâchonnait son fou-rire avec un application, s’efforçant de ne pas foirer totalement le petit jeu des deux autres. Jusqu’à ce qu’elle craque finalement.

« Arrêtez de vous foutre de lui ! » Lacha-t-elle avec véhémence. A tel point que les regards se tournèrent vers elle, et que l’amusement avait apparemment déserté les regards des deux protagonistes de la plaisanterie. Elle pinça les lèvres en regardant Reese et le black tour à tour.

« Vous le prenez vraiment pour un crétin ?! Il est EVIDENT qu’un bison ne peut pas vivre sous terre. Ne les écoute pas Skandar... » elle secoua la tête d’un air navré.

« Nan franchement les gars… Tout le monde sait que sous terre, ce sont les insectes qui permettent de survivre… »
« QUOI ?! » s’étrangla Skandar.
« Ben… Oui… C’est tout ce qui peut vivre, aussi loin de la surface… Ca doit grouiller de cafards… De supers sources de protéines, d’ailleurs. Il parait que grillé, c’est excellent… »
« Je veux pas manger des cafards… » geignit le jeune homme, pendant que Camy cherchait le soutien des deux autres.
Le grand black finit par hocher la tête d’un air pénétré. Pour ce qui concernait Camy, elle allait exploser de rire dans pas longtemps, et elle n’osa pas regarder Reese, de peur de le voir soit sourire, soit pire : en rajouter une couche.
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Reese Owen
Reese Owen
– Hey, j'ai jamais dit que les bisons on les chassait sous-terre.

– Ouais, bah raison de plus.

– Tu as déjà goûté aux sauterelles ?

– Arrête, je t'écoute plus !

– On a créé un vivarium exprès, c'est plein de vitamines et de protéines, ça croque sous la dent, même pas besoin d'assaisonnement !

– Je t'écoute plus, je te dis, je vous crois pas, vous mentez comme des arracheurs de dents ! Personne ne mange de sauterelles ni de cafards.

Reese pouffa de rire mais très vite, il haussa les sourcils d'un air triste, désolé et fataliste.

– J'aurais aimé ne jamais te dire qu'effectivement, grillé c'est encore meilleur.

Skandar eut une énorme grimace de dégoût et s'indigna devant les visages moqueurs qui ne lui donnaient aucun répit. Même la mère avait un sourire sur les lèvres. Son fils quant à lui, s'était effondré des suites de son pouvoir et aurait bien pu commencer sa nuit là si Evan n'était pas intervenue.

– Nous arrivons à la prochaine station. Elvis vient d'arriver, il vérifie la ligne.

Reese se leva. Jusque là, toutes les stations qu'ils avaient rencontrées étaient plongées dans le noir, abandonnées, désaffectées. Celle à laquelle ils arrivaient n'était qu'à peine mieux avec un panneau de sortie fonctionnel mais n'éclairant pas grand chose de plus. Près de la porte, Reese appuya à nouveau sur le bouton de communication.

– Dis-lui que je suis bientôt là.

Alors que l'enfant dormait toujours malgré les sifflements des freins, le grand black l'attrapa dans ses bras comme un poids plume et Reese se tourna vers les autres en se frottant les mains.

– Ok, nous sommes presque arrivés, il y a encore un tout petit de marche et on y sera.

– Tu vas nous faire sauter d'un train bientôt ?

Le wagon s'arrêta enfin et Reese sourit à Skandar avant d'ouvrir les portes, secouant la tête.

– Non, cette fois c'est fini. C'est promis.

Il lui ébouriffa les cheveux alors qu'il sortait et laissa tout le monde descendre pour recevoir l'accueil de trois types pratiquement de la même stature de Reese. L'un avait un fort accent britannique, un autre semblait si fin qu'on aurait pu le casser, quant au dernier il s'approcha de Camy, reniflant à des kilomètres son pédigrée militaire. Il avait les cheveux blonds, en bataille et un large sourire allant d'une oreille à l'autre. Alors que le métro repartait, il éleva la voix pour les saluer tous d'une poignée de main. Reese les présenta alors chacun leur tour mais le grand blond ne cessait de sourire à Camy.

– Celle dont j'ai tellement entendu parler. Moi, c'est Cole.

– Hey, qu'est-ce que vous faites là ?

– Evan nous a alertés d'un problème, on a préféré venir voir si l'arrivée se passait mieux que le départ. On a vu les caméras de surveillance de la station, c'est pas passé loin. Comme quoi, t'as pas perdu ta course malgré tout hein ?

– Très drôle.

Cole fit un clin d'oeil à son meilleur ami et lui donna une tape sur l'épaule avant de lui passer à côté. Le but était de reprendre le couloir des rails afin d'atteindre une autre porte de sécurité cachée dans un recoin.

– Qui a faim ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Bien évidemment, Reese en avait rajouté. Camy de son côté avait définitivement perdu son sérieux et riait de bon coeur. Skandar était peut être un adolescent mal élevé, mais à voir sa tête, il avait aussi un côté attachant. Elle secoua la tête avec un sourire de sympathie, mais quand Reese certifia qu’il avait déjà mangé des sauterelles, elle eut une grimace d’assentiment. Encore une chose qu’ils avaient en commun : sur le terrain, on mange ce qu’on trouve…

La voix d’Evan se fit alors entendre et ils revinrent à leur sujet premier, à savoir leur arrivée à l’Underground. La question de Skandar pouvait sembler naïve, mais Camy se posait la même, à dire vrai… Elle était bien grillée, l’idée d’un nouveau sprint la fatiguait d’avance. Alors la réponse de Reese lui tira un discret soupir d’aise. Elle suivi le mouvement pour descendre du métro et comme les camarades de leur hote, Camy y reconnut des pairs. Elle rendit son sourire au dénommé Cole mais eu quand même un léger froncement de sourcils en tournant légèrement la tête vers Reese.

« A ce point là ? » Le regard qu’elle offrait à Reese était chargé de questions. « Me demande bien ce qu’il a pu raconter... » Elle s’interrogeait beaucoup depuis leur première rencontre, durant cette intervention du Bureau. Elle avait failli l’arrêter. Elle n’était toujours pas vraiment sure de ce qui l’avait poussée à le laisser partir. Ce qu’il lui avait dit, bien sur, mais quoi d’autre ? Elle n’arrivait pas vraiment à mettre le doigt dessus… C’était aussi pour ça qu’elle était là.

Quoi qu’il en soit, elle haussa les épaules à la question de Cole à la cantonade.

« Avec ce qu’ils nous ont fait subir pour arriver jusque là, je serais prête à manger n’importe quoi. Et à dormir n’importe où aussi. Lui par contre... » Elle désigna Skandar d’un coup de pouce. « … il préfère le bison aux sauterelles… Va savoir pourquoi... »
« Y’a pas photo ! Y’a vraiment du bison alors ? »
Camy lui répondit d'un sourire angélique.
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Reese Owen
Reese Owen
Reese serra la main de son acolyte avant de regarder Camy dans un demi sourire. Il acquiesça doucement sans la quitter des yeux. Si seulement elle savait tout ce qu'il avait dit. Elle ne lui était pas passée inaperçue et elle avait également attisé sa curiosité. Pervertir des nouveaux esprits, un peu plus chaque jour, était toujours un sport qu'il appréciait. Et pour s'être retournée si vite, Camy devait très sûrement avoir des doutes déjà bien installés. Ce qu'il avait prévu pour elle, il était le seul à le savoir. Avec Cole. Il ne pouvait pas prendre de décision sans lui et celle-ci le concernait directement. Il se désintéressa de Camy le tend de descendre du quai.

_ Hey, Mec, t'es sûr qu'aucun métro ne va encore arriver ?

_ Hey Mec, c'est le dernier en service dans cette partie de la ville. Avant qu'il ne revienne,tu auras déjà la bave qui coule sur ton oreiller pendant ton sommeil.

_ Tu sais que t'es pas drôle ? Tu te crois drôle mais vraiment, t'es pas fun !

_ T'occupes et aide la dame à descendre.

Reese montra la mère à Skandar et ce dernier sauta sur la voie avant de tendre les mains pour aider la femme et son fils à descendre. Camy avait vraiment une tête affreuse. Il voyait la même sur Maddison quand elle rentrait du travail.

_ Allez, viens.

Il leva les mains et pris les siennes pour l'aider à sauter. Un caillou dérapa sous son talon et il manqua de perdre l'équilibre, se rattrapant à Camy en la serrant contre lui. Il fit un pas en arrière pour récupérer une stabilité et reporta ses yeux sur elle. Elle lui semblait tellement lourde de fatigue qu'il la soupçonna d'être épuisée par son pouvoir lors de son test face à Maddison. Il la serra contre lui jusqu'à ce qu'elle touche à nouveau terre, ses mains dans son dos relevant une partie de son haut. Et Skandar n'en perdit pas... une... miette.

_ Désolé. Ca va aller ?

C'était la deuxième fois qu'ils étaient si proches en très peu de temps et le fait de vivre dans un environnement aussi masculin lui faisait souvent oublier que les femmes étaient différentes. Celles qu'il cotoyait étaient soit des mères de famille, soit d'un autre quartier. Disons le franchement : il n'avait pas croisé une femme célibataire depuis des lustres. Et rien ne lui prouvait que Camy l'était également mais il en avait le pressentiment. Sinon elle ne serait pas ici. Pas seule, en tout cas. Cole siffla pour ramener la lumière dans le couloir de métro et Reese releva la tête en quittant Camy des yeux. Skandar était toujours là, à les regarder, avec un immense sourire sur son visage sale. Cole ouvrit la porte et un fil de lumière jaunâtre s'en échappa. Ils allaient enfin entrer dans la civilisation.

Reese poussa l'adolescent dans un bref sourire.

_ Non, il n'y a pas de bison, petit. Ni de sauterelles. Juste des haricots.

_ C'est toujours mieux que les rats, pas vrai ?

Reese sourit et acquiesça en lui tapotant la tête doucement. Il s'attacherait vite à ce petit lanceur de couteaux.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Un échange de regards des plus intéressants. Camy nota de lui reposer la question plus tard sur ce qu’il avait pu raconter à Cole. Ou interroger Cole directement. Est-ce que ça venait du fait qu’elle ait une Marine ? Ou y avait-il autre chose ? Une part d’elle même lui répondait qu’elle le saurait bien assez tôt, mais s’il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était bien ne pas savoir. Depuis qu’elle savait qu’elle pouvait voir l’avenir - pas assez loin à son goût - surtout.
Mais que pouvait-elle faire d’autre pour l’instant ? Elle n’était même pas assez en forme pour ressentir de la frustration. Elle avait l’impression d’avoir effectué une mission dans le désert avec 80 km d’étape par jour, 50 kg sur le dos. Elle voulait juste dormir. Elle ne voulait même pas savoir où.

« Au moins, t’as de bonnes manières en plus d’un ventre à pattes… » Lanca-t-elle à Skandar avec un sourire en coin pendant qu’il aidait la mère et l’enfant à descendre. « Il parait que ça se perd… Les bonnes manières, s’entend... » Elle donnait le change, mais l’idée de descendre d’elle-même lui semblait insurmontable. Alors quand Reese lui tendit les mains pour l’aider, il ne lui vint pas à l’idée de protester ou de faire la guerrière. Avec un vague sourire de gratitude, elle attrapa les mains tendues et s’y appuya généreusement pour sauter, quand il chancela. Les yeux grands ouverts de trouille, Camy se crispa sur sa prise et laissa échapper un petit glapissement, tout en maudissant le temps de latence pour que son pouvoir soit à nouveau actif : si ce temps n’existait pas, elle aurait su aussitôt s’ils auraient fini étalés par terre ou pas. En même temps, ce n’était pas si mal : ils n’étaient pas en situation de vie ou de mort…
Reese l’avait rattrapée fermement, et très vite, l’inquiétude de Camy s’évanouit. Pour la seconde fois en peu de temps, elle ressentait contre lui un sentiment de sécurité qui lui était inhabituel, mais au combien agréable. Une douce chaleur l’envahit - a commencer par les joues - et son coeur manqua une pulsation.
Lorsqu’il la posa au sol en s’excusant, leurs regards se croisèrent. Elle n’avait pas encore vraiment réalisé qu’il avait les yeux sacrément bleus… Elle aussi avait délaissé le sexe opposé depuis un temps certain, et la proximité de Reese venait de le lui rappeler de la plus agréable des façons.

« Mmm… oui ça va… Toi ? » Ce genre de rétablissement pouvait faire mal au dos, surtout quand on portait un poids… Il était peut être fort, mais pas indestructible… Enfin normalement…

L’instant fut interrompu par un sifflement. Reese s’éloigna, et Camy rajusta son chemisier pour se donner contenance. Fatigue. Ce n’était que la fatigue. Il n’y avait rien de rationnel à être attirer par un homme dont elle ne savait rien et qu’elle venait juste de rencontrer.
Avec un temps de retard, elle suivit le groupe.

« Tu sais, le rat, c’est nourrissant et sans doute plus sain que leur bouffe OGM qu’ils prétendent appeler de la viande… au moins, ils ont évolué tout seul. Et ça dépanne bien... »

Nouvelle grimace de dégout de Skandar et Camy rit doucement. Tant de fatigue que parce qu’elle ne voulait pas trop le gonfler. Elle aussi serait sans doute rapidement attachée au blondinet, mais de son côté, ça passerait avant tout par des taquineries. L’amour vache, vous connaissez ?
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Reese Owen
Reese Owen
– Ca va être l'heure du repas, on va faire un petit tour des lieux rapidement, installer vos affaires si vous en avez... Vous aurez quartier libre ce soir et on se retrouvera demain matin avec les autres pour vous expliquer comment on fonctionne.

Cole agitait la main en discutant et il s'arrêta devant la porte de secours du couloir de métro pour l'ouvrir. Il indiqua aux nouvelles recrues de s'infiltrer dans la lumière. L'entrée donnait sur un très long couloir d'où s'échappaient des bruits lointains, comme des voix et même un rire plus fort qu'un autre. La lumière était faible mais stable, elle avait le mérite de montrer le chemin sans risquer de trébucher ! Reese ferma la porte derrière eux et attendit le clic de verrouillage pour les suivre enfin. Cole reprit d'une voix un peu plus forte.

– Depuis peu, nous avons divisé le centre en trois quartiers, sur trois étages. Alors on est désolé du bazar, on est pas encore forcément très au point.

Le couloir était bordé par des murs datant d'après l'abandon de l'immeuble. Cela se voyait à la couleur, plus claire et plus lisse, mais aussi aux parpaings empruntés pour fermer les boutiques de l'extérieur. Tout ce qu'ils dépassaient étaient des chambres mais auxquelles on pouvait accéder par l'intérieur, dans les couloirs de service. Cole conduisit sa petite troupe, laissant Reese souffler quelques minutes, jusqu'à un immense hall surmonté d'une coupole de verre. La lumière était faible ici aussi, c'était la fin de journée et seules les veilleuses de sécurité pour éclairer le passage étaient d'usage. Skandar écarquilla les yeux en levant le museau vers le plafond.

– Ouah ! Mais c'est immense !

Reese vint se mettre à côté de Cole et leva les mains.

– C'est une sorte de salle d'entraînement mais c'est aussi ici que nous nous regroupons quand il y a besoin de faire des annonces. Les balcons appartiennent à tous les quartiers mais la plupart du temps, chacun reste à son étage. C'est un peu le coeur de l'Underground, dirons-nous. Mais notre quartier, lui, est là-bas.

Il désigna un autre couloir et une nouvelle porte de service. En les menant là-bas, Reese reprit.

– Salvation a hérité de la partie sous-terraine du centre, construite à travers d'anciennes stations de métros abandonnées. Elles ont été rénovées à l'époque pour accueillir cet étage. Je crois qu'ils avaient prévu... un truc pour les bijouteries et magasins de luxe.

– Non, ils ont eu peur des odeurs qui pouvaient déranger. Avec les remontées d'égouts etc... Je crois qu'ils avaient préféré installer tout l'informatique, multimédias. Quoiqu'il en soit, c'est à nous, maintenant. Qui va à la chasse perd sa place.

Reese eut un rire et ouvrit la nouvelle porte avant de regarder Skandar qui s'était arrêté devant un mur. sur lequel était peint un grossier gribouilli.

– Hey, c'est moi qui aie fait ce truc ! Comment c'est arrivé là ?

Reese fronça les sourcils. Il lança un regard à Camy pour lui intimer de prendre le petit par les épaules et de le pousser vers ici. Près de lui, Reese lui posa la main sur la tête et lui dit de se dépêcher.

– En avant, Picasso... Depuis quand t'es dans les rues, toi ?

Reese se poserait réellement la question plus tard. Un léger regard au gribouilli et il constata que celui-ci se trouvait sur les anciens murs, avant qu'ils n'investissent les lieux avec l'Underground. Il tourna les yeux vers Camy et décida volontairement de remettre ça à plus tard. Cette fois, le bruit de la vie était bien plus clair, plus distinct, ce qui coupa court aux réflexions de Reese. Des gens déambulaient dans le couloir même s'ils étaient peu nombreux. Cole se mit à marcher en reculons et mimant comme une hotesse de l'air.

– Salvation est aussi le quartier le moins peuplé de l'Underground, pour l'instant mais c'est en train de changer. De plus en plus de familles estiment qu'on est plus aptes à offrir une protection et un toit pour l'avenir. Ne rigolez pas, je cite. Le rez-de-chaussée ne rassure pas, il est au niveau de la ville et beaucoup ont peur de voir des intrus arriver plus facilement. Pourtant, je vous assure que toutes nos entrées sont sécurisées. Nous avons des caméras à tous les coins de couloir, des hommes montent la garde et vous avez entendu Evan, elle a une oreille partout. Peu importe le quartier, vous êtes en sécurité ici. Si Reese vous a dit de venir avec lui, ce n'est sûrement pas parce qu'il a jugé que vous aviez besoin de protection ou que vous avez imaginé qu'il s'agissait d'un foyer de sans abris. C'était le cas avant. Maintenant, nous formons une communauté. S'il vous a choisi, c'est qu'il a jugé que vous pouviez être une force nouvelle pour le quartier. Chacun d'entre vous. On ne dort pas ici, on ne se la coule douce, on travaille, comme dans les autres quartiers. On s'entraide, on fait avancer les choses.

– Quoi, même moi ?

– C'est quoi ton nom, petit.

– Skandar, M'sieur.

– Alors oui, même toi, Skandar.

Cole posa une main sur l'épaule de quelqu'un qui les croisait dans le couloir. Sans les regarder, un jeune homme filait droit à sa destination. Tout le monde allait dans la même direction. Cole le désigna en s'arrêtant.

– On vous montre rapidement vos quartiers et ensuite, vous pourrez aller manger là-bas. Il n'y a pas d'horaires précises mais chacun a sa fonction. Ce soir, si j'étais vous, je ne me contenterais pas d'un cracker dans le fond de mon pieu, c'est Tom qui cuisine. Et Tom a un don. Il est Autrichien. Un soir de bouffe avec lui, c'est une semaine de famine en moins dans les réserves ! Ce qu'il vous concocte vous tiendra au corps pendant trois jours, sans compter les restes ! Et ça, c'est bon pour le sport. Il est capable de vous faire un repas pour dix avec trois fois rien. En hiver, c'est bien pratique ! En été...

Cole haussa les épaules et reprit la marche. Ca expliquait sûrement pourquoi ils étaient tous barraqués ici. Mangeait-il plus que dans les autres quartiers ? Plus consistants, c'était certain ! Reese et ses hommes n'avaient pas les mêmes besoins que les autres. Actifs et sportifs, ils brûlaient plus de calories qu'un Elvis restant toute la journée dans sa salle de contrôle. Alors que Reese s'arrêtait à l'embranchement d'un couloir, Cole désigna Skandar, la grande armoire, la mère et l'enfant de ses index et il leur indiqua de le suivre. Reese reprit à leur attention à tous.

– C'est ici que je vis. Je déconseille chacun d'entre vous de croire que parce que je vous dis ça, c'est une porte ouverte pour venir frapper à toutes heures. Je suis comme vous, je dors et la plupart du temps, je suis surtout ailleurs. Mais en cas d'urgence, n'hésitez pas. Les douches sont communes sauf dans certains cas. On n'est pas maçons, on a organisé tout ça comme on a pu mais notre but est d'offrir douches et toilettes à toutes les pièces. Pour l'instant, il y a deux toilettes communes qui étaient destinées aux employés et aussi deux douches communes également à un bout et à l'autre du couloir. Désolé pour les amateurs de bains...

– Ils prévoyaient une piscine, non ?

– Ah oui, c'est pour ça qu'on a des cabines contrairement aux autres quartiers.

– Et dire qu'ils nous prenaient pour des recalés dans les tréfonds. Je comprends pas. Ils ont des goûts de luxe dans les autres quartiers, je crois.

Reese rit à nouveau et Cole s'appuya d'un coude contre le mur. Sa porte était mitoyenne à une autre. Le long du couloir, il y avait plusieurs autres portes, certaines décorées, d'autres défoncées comme s'ils n'avaient pu aménager toutes les boutiques pour l'instant. Alors que Reese indiquait aux autres d'avancer, Cole resta avec lui. L'ancien capitaine se tourna vers Camy, la seule qui n'avait pas été appelée. Il soupira et refit face à son ami.

– Sûr ?

Cole leva une main et pinça les lèvres en acquiesçant.

– J'ai confiance, Capitaine.

Reese mima un "okay" dans ses lèvres et ouvrit la porte qui se trouvait à côté de la sienne. Elle donnait sur une chambre à l'ambiance tamisée d'où on pouvait entendre la ventilation. Il y avait quelques étagères mais vides et un lit avec des draps propres et pliés sur le bord. Ca fleurait bon le militaire, d'ailleurs.

– Désolé pour le désordre, je passerai prendre le dernier carton demain, si ça ne te dérange pas.

Cole fit un clin d'oeil à Camy alors que Reese entrait et il lui tapota l'épaule.

– Bienvenue à Salvation.

Il lança un dernier sourire à Reese qui acquiesça en le laissant rejoindre les autres et il enfourna les mains dans ses poches. Il inspira profondément en regardant les lieux.

– J'avoue que le plus grand problème ici, c'est de ne pas voir le jour. Malheureusement, en sous-sol on y peut pas grand chose. La salle de bain est ici.

Dans le fond de la chambre, il ouvrit encore une porte et dévoila leur pièce commune. Deux lavabos, une douche et... une odeur masculine de mousse à raser, de déo et de serviettes pas sèches.

– Cole était mon second. Il l'aura été pendant des années. C'est sûrement le meilleur homme que je connaisse. Il est fiable, loyal, on peut toujours compter sur lui même quand il donne l'air d'un abruti. Il s'est marié récemment, sa femme est enceinte et il pense que Salvation n'est pas un endroit pour donner naissance. Il a fait son travail, il a beaucoup donné à l'Underground, je n'aurai pas pu faire autant sans lui. Alors, aujourd'hui, j'ai besoin de le remplacer. Je sais que tu es fatiguée, mais je voudrais que tu me répondes.

Adossé à l'encadrement de la porte de la salle de bain, il la détailla un instant. Oui, ils partageraient la pièce d'eau. Oui, ils ne se connaissaient pas tant que ça. Mais de la même manière que Reese avait eu du nez pour Skandar, il en avait eu pour Camy.

– Je peux avoir confiance en toi ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco
Un tour des lieux... Ok mais rapide, bon sang... Camy rendit rapidement grace à son entrainement militaire qui était sans doute la seule chose qui la maintenait encore debout. Elle suivit le tour facon tourisme commenté par Cole. Elle était dernière de la file, tant parce qu'elle était fatiguée que parce qu'elle souhaitait observer tout cela plus à son aise. Et elle guettait un peu ce que faisait Reese. Elle ne savait pas exactement quelle était la place de l'ex-militaire, mais elle était certaine qu'il était un des meneurs dans ces lieux. Et c'était lui qui l'avait amenée jusqu'ici. Oh elle aurait pu renoncer à l'invitation. Mais le fait était qu'il avait piqué sa curiosité, et qu'elle partageait les motivations de ce groupe. Elle ne voulait pas renverser le gouvernement, elle n'était pas une anarchiste et croyait en ses institutions. Mais quand l'Etat était impuissant, il fallait parfois faire son travail. Aider les autres. Et mettre le doigt sur ce qui pouvait être améliorer. C'était pour cela qu'elle était là. En espérant que ce qui se disait sur l'Underground était vrai...

A côté de Skandar, elle leva aussi le nez, prise d'un léger vertige en regardant la coupole. L'endroit était impressionnant, mais elle n'en laissa rien paraitre, laissant à l'adolescent le soin de faire l'émerveillé. Elle avait fait la guerre, elle devrait être blasée par ce genre de choses...

Elle emboita le pas au petit groupe avant de se heurter à moitié à Skandar qui s'était arrêté en voyant un gribouillis sur un mur. Elle capta le regard de Reese et comprit aussitôt ce qu'il attendait d'elle. Posant les deux mains dans le dos du jeune homme, elle le poussa en direction du reste du groupe.

" Et quand bien même, tu devrais être flatté qu'on a récupéré ton ... hum ... oeuvre pour la coller ici où tout le monde peut l'admirer. Maintenant tait-toi et écoute, sinon tu vas te retrouver con si tu dois aller pisser cette nuit ! "
Un nouveau regard de Reese attira son attention. La question de savoir depuis combien de temps Skandar était dans les rues paraissait avoir été lancée comme ca, mais Reese semblait avoir autre chose en tête. Elle nota mentalement de le questionner plus tard. Pour l'instant, elle se concentra sur Cole, pour ne pas être celle qui aurait l'air bête au milieu de la nuit, assimilant les informations immédiatement, en bon soldat. Surtout la direction du refectoire. Si elle en avait le courage, elle irait se sustenter copieusement. Mais rien n'était moins sure. Pour l'instant, elle aspirait surtout à une position plus horizontale...
Mais quand Cole désigna le reste de la bande - qui s'avanca d'ailleurs sans elle - elle flaira le coup fourré et fronca les sourcils. L'échange entre les deux hommes ne lui inspirait rien de bon non plus et elle croisa les bras.

La mention du désordre lui fit jeter un regard dubitatif à Cole, mais elle ne se détendit pas pour autant. Elle souffla un " Merci " à ses voeux de bienvenue, et s'avanca doucement sur le pas de la porte, ecoutant Reese avec deux fois plus d'attention, pas certaine de comprendre. Enfin la partie où il lui expliquait que ce serait sa chambre et que la salle de bain était apparemment occupée par une pub pour after-shave, elle l'avait bien saisie. C'était la suite qu'elle n'était pas sure d'aimer.

" Qu'est ce que tu attends de moi ? "

Meme si elle connaissait deja une partie de la réponse. Reese avait eu un compagnon d'armes comme bras droit. Un militaire pour travailler avec lui serait le plus indiqué. Et Camy avait pu constater depuis qu'elle était entrée dans l'entrepot un peu plus tôt qu'ils parlaient le même langage. Mais qu'est-ce qui avait incité Reese à la choisir ? Car à n'en pas douter, si on jugeait sur ce qu'avait pu dire Cole, la décision avait été prise avant ce jour.

" Et pourquoi moi ? " Elle s'appuya contre le chambranle de la porte, les bras toujours croisés, et un regard où se mêlait détermination, fatigue, force et fragilité à la fois. Elle se dévoilait un peu plus, mais restait toutefois sur la défensive.
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Reese Owen
Reese Owen
Reese sortit une main de sa poche pour la lever. Il secoua la tête sans comprendre la manoeuvre de Camy.

– Tu réponds toujours aux questions par des questions ?

Il se redressa et s'avança dans la salle de bain en enlevant sa grosse veste pour rester en t-shirt. Il faisait bien plus chaud, bizarrement, ici que dans le reste de l'Underground. La chaleur humaine, très probablement. Il ouvrit l'autre porte et jeta sa veste sur son propre lit. En se retournant vers elle, il frappa dans ses mains.

– Ok... D'abord, pourquoi toi. J'imagine que c'est la question qui aurait dû te venir en premier. D'abord, parce que tu es une militaire. Tu ne me l'aurais pas dit que je l'aurais deviné. La seule militaire en dehors de Cole que j'autorise à me seconder, c'est celle contre qui tu t'es battue tout à l'heure. Mais aujourd'hui, elle a son propre quartier et j'estime que Cole a le droit de vivre sa vie sans responsabilités. Ensuite parce que tu as du potentiel, la carrure et que je pense que je peux avoir confiance en toi. Je ne me trompe jamais. J'ai vu comment tu regardais le petit. Ne t'en fais pas pour lui, il cherche l'autorité, il veut s'en sortir. Ce n'est pas une décision inconsidérée que de l'avoir amené ici, quand bien même ce n'est pas à proprement parlé un pro-Positif. Enfin parce que tu es une femme. Et que ça manque cruellement de féminité, ici.

Reese roula des yeux et attrapa son hoodie à fermeture accroché près d'une serviette. Pour sûr que Skandar lui donnerait du fil à retordre les premiers temps. Mais c'était aussi son propre cas. Et celui de Cole, ainsi que de Maddie. Seul Dean était du genre à se tenir à carreau mais il était surtout effacé. En enfilant sa veste, il reprit.

– Ce que j'attends de toi, c'est que tu me prouves que je ne fais pas non plus le mauvais choix avec toi. J'en suis certain mais pas convaincu. Je n'ai pas dit que je te donnerai d'entrée tous les mots de passe des quartiers mais... Quelque chose me dit que si tu es venue, ce n'est pas simplement par curiosité.

Il haussa un sourcil et revint vers elle en remontant sa fermeture éclair jusqu'au milieu du torse. Il s'arrêta face à elle et pencha légèrement la tête, laissant son épaule revenir contre l'encadrement de la porte. Il la dévisagea une seconde. Elle aussi, avait des yeux sacrément bleus.

– Tu es venue parce que tu connais ta place. Et que je suis prêt à parier qu'elle est ici. A côté de moi, j'en sais rien mais tu as le temps d'y réfléchir. Tu sais ce qu'on dit ? Qu'on peut en découvrir beaucoup sur une personne a sa façon de tenir son arme. Tu as beau douter, tu ne trembles pas. Tu es ferme et déterminée. Tu es un soldat. Et tu te bats. Ce dont j'ai besoin. Quoiqu'il en soit... J'ai faim. J'ai soif. Et je pense que toi aussi. Donc, je te propose de voir ça demain quand on sera reposés. Je ne sais pas toi mais pour moi, la journée a été longue et tu as une mine affreuse. Qu'est-ce que t'en dis ? Tu pourrais voir un peu les autres, prendre la température, dormir dessus et on voit tout ça tranquillement demain. Oh et si tu te posais la question ?

Il montra la porte dans son dos du pouce avec l'expression d'un étonné.

– Oui, c'est ma chambre.
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Camy se laissa aller à un sourire sans joie quand il lui demanda si elle répondait toujours à une question par une question. Ce n’était pas entièrement vrai. Mais d’un autre côté, il lui demandait de s’engager. Envers lui, envers Salvation, envers l’Underground. Elle avait le sens de ce que cela signifiait, autant que lui sans aucun doute. Ils étaient militaires - le seraient sans doute toujours, dans un coin de leur esprit - et de fait, ils avaient mis leur vie au service des autres, et savaient ce que cela signifiait. Elle ne comptait donc pas le faire à la légère, ce qui signifiait en savoir plus sur les motivations de Reese.

Elle n’avait pas fait un pas dans la chambre pendant que Reese circulait, mais elle n’avait rien perdu de ses explications. Et puis il revint se planter devant elle. Elle ne détourna pas le regard, mais elle se sentait incapable de fournir la moindre réponse en l’état. En cet instant, meme le fait de franchir la distance qui la séparait du lit lui semblait insurmontable. Alors prendre une décision qui l’engagerait corps et âme…
Elle acquiesça doucement.

« Ca me va… » avant de lui offrir un petit sourire épuisé. « Et ce n’est pas plus mal qu’on soit voisins… Les problèmes de gestion se règlent plus vite comme ça que s’il fallait traverser tout l’Underground. » Elle ne réalisa pas tout de suite que la formulation de sa phrase sous-entendait déjà une réponse positive à la proposition de Reese. Elle plissa le nez. « Ou que tu sois voisin avec ton … ton… cogérant ? Bref... » Elle balaya l’air de la main. « Allons manger... »

Elle lui emboita le pas, lentement. Au réfectoire, elle s’affala sur une chaise, et posa lourdement sa tête sur son bras. Elle contempla ce qui était disposé sur la table, se demandant si elle aurait le courage de mastiquer quelque chose. Apres une longue hésitation, elle tendit le bras pour attraper un morceau de pain, qu’elle mordit sans conviction, prêtant une oreille distraite aux discussions autours d’elle.
Les membres de leur petit groupe étaient plus détendus, maintenant qu’ils étaient arrivés, mais ils restaient ensemble, et pour cause : autours d’eux, les « anciens » présents leur jetaient des coups d’oeil. Suspicieux pour certains, amicaux pour d’autres, réservés, curieux… C’était toujours difficile d’être les nouveaux dans un environnement spécifique, et dans le cas de l’Underground, c’était en plus une question de sécurité. Camy ne pouvait pas leur en vouloir de ne pas leur réserver un accueil festif.
Cela étant, elle avait le temps d’y penser. Pour l’instant, c’était surtout au lit qui l’attendait qu’elle pensait. Elle s’excusa donc assez rapidement et se traina jusqu’à ce qui était pour l’instant sa chambre - jusqu’à ce qu’elle prenne une décision. En attendant, elle se laissa tomber sur le matelas, ramena sur elle une couverture comme elle le pouvait et sombra aussitôt dans un sommeil lourd.

Elle s’éveilla fraiche et reposée. Un coup d’oeil à sa montre l’informa qu’il n’était pas aussi tard qu’elle le craignait : la matinée venait juste de commencer. Elle se passa la main sur le visage avant de fixer le plafond. Que pouvait-elle répondre à Reese ? Prendre sa place à ses côtés ? Elle croyait en leur gouvernement, en leur pays. Est-ce que ce n’était pas désavouer cette nation qu’elle avait promis de protéger que de prendre part à cette organisation qui gangrénait la société, selon les dires de certains ? Ou est-ce que trouver un autre moyen d’aider ses concitoyens en fonction de ses capacités était aussi servir la bannière ? Incapable de trancher, simplement étalée de la sorte sur le lit, elle se leva vivement et alla jeter un coup d’oeil à la salle de bain - qui lui tira une grimace en constatant qu’elle avait tout de masculin : poils, humidité, odeur de mousse à raser…
Elle ne se permit pas d’aller jeter un coup d’oeil chez Reese - fallait pas pousser non plus - mais elle sortit par contre et commença par faire le tour des installations. Elle fit un passage rapide par le réfectoire pour attraper une tasse de café, puis elle se laissa aller au rythme de ses pas, arpentant les couloirs, notant de ci, de la, ce qui était, ce qui manquait, ce qui pouvait être améliorer. Inconsciemment, elle formait un plan d’action, mesurant ce qu’elle pouvait apporter aux lieux. Elle prenait aussi conscience des gens qui étaient dépendant des lieux, de Reese - et donc d’elle si elle acceptait cette charge. Des responsabilités dans lesquels tout son pouvoir ne pourrait rien. Peut être un élément de stabilité. Ou pas… Mais surtout des gens qui avaient besoin d’aide, et à cela, elle ne pouvait pas dire non. Ils appartenaient à son pays, abandonnés en quelque sorte, elle leur devait son aide autant qu’elle le pourrait.

Ses pas la ramenèrent vers sa chambre - et celle de Reese, en même temps que lui. Elle ignorait d’où il revenait, mais n’en avait cure, pour l’instant. Et puis il n’avait pas de compte à lui rendre. Elle le salua d’un sourire. Il lui proposa un café, et après un coup d’oeil à sa tasse vide - et une pensée pour son estomac bien vide vu son absence de repas la veille au soir - elle acquiesça et il se dirigèrent vers le réfectoire.
Elle s’assit confortablement sur une table - ce qui lui permettait d’être un peu plus à la hauteur de Reese - et le regarda bien en face pendant qu’elle attaquait un bout de pain.

« Semper Fi. » Lanca-t-elle à brûle-pourpoint. Et en le voyant interrogatif, elle se fendit d’un large sourire. « Je suis une Marine. Même si je n’y suis plus, même si… » Elle secoua la tête. « J’en garde toutes les valeurs. Ce sont des choses importantes. Et si je te dis oui, il n’est pas question que je revienne là dessus. Donc oui. Tu peux me faire confiance. »

Elle fit une grimace.

« Le tout est de savoir si je vais te dire oui... » Elle secoua la tête et son regard se perdit sur les gens présents dans le réfectoire, et par extension sur l’ensemble du quartier, de l’Underground.
« Je n’ai pas besoin d’un lieu pour vivre. Je n’ai pas besoin d’aide avec mon pouvoir... » En tout cas, pas dans le sens où ils pouvaient l’entendre. Elle n’avait pas besoin d’aide pour le contrôler, seulement pour vivre avec ses conséquences. « Je suis venue… je ne sais pas vraiment… pourquoi... » Nouvelle grimace. « Est-ce qu’une personne peut faire une différence ? »
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Reese Owen
Reese Owen
Ceux qui s'étaient moqués de Camy la veille au soir étaient surtout amusés de l'avoir vue s'effondrer si vite. Et quand elle eut disparu, Cole avait ri dans un "Home Sweet Home, hein !". Reese avait également suivi. Une femme qui ne faisait pas rire son régiment possédait une courte durée de vie dans un environnement comme le leur. Ils avaient terminé la soirée peu nombreux dans la salle commune dont Skandar et le grand black. Reese et quelques uns de ses hommes s'étaient penchés sur une petite partie de poker dont les mises se trouvaient... être des tâches ménagères. Skandar avait commencé la partie avec le grand black, mais il avait fini par s'endormir sur le fauteuil le temps que Reese aille chercher quelques bières et... de quoi fumer un peu. Quand ils avaient chacun finalement rejoint leur chambre, le silence régnait en roi sur Salvation.

Mais comme à l'accoutumé, Reese avait été le premier levé. Pendant une seconde, il en avait même oublié Camy. Heureusement, Cole était arrivé juste avant qu'il ne tambourine la porte pour réveiller son second, comme tous les matins. Il se le permettait car ils se connaissaient depuis des années maintenant et qu'ils avaient appris à vivre ensemble, à travailler ensemble. L'inspection matinale terminée, il était revenu à sa chambre pour voir si sa nouvelle préférée avait enfin ouvert les yeux. C'est sur le pas de sa porte qu'il la retrouva, saluant la coïncidence comme un signe.

Une fois dans la cuisine/réfectoire, il avait ressorti les courses du matin pour préparer le café. Il était clair que cela manquait de femme le matin à cette heure-ci. Il arrivait pourtant à l'une d'entre elles de venir squatter leur machine à café... Cole ramena ce qu'il restait et rejoignit Skandar, lui aussi déjà sur le pont. Ce dernier adressa un geste de la main à Camy avec un sourire avant de replonger dans son bol de corn flakes. Reese tendit finalement un muf à la jeune femme et inspira profondément en s'appuyant de ses deux mains sur le dossier d'une chaise.

– Une personne fait toujours la différence. C'est ce qu'on appelle être un individu. Rome ne s'est pas bâtie en un jour et le monde dans lequel nous vivons actuellement n'a pas terminé de se guérir.

Reese désigna Skandar d'un index.

– Lui non plus, il n'a besoin de personne. Il a déjà sa maison, même si elle est dans la rue. Il s'est débrouillé seul jusque là, ce qui ne me semble pas être un manque de courage ou de volonté de vivre. Il n'a pas de pouvoir mais il apparaît qu'il maîtrise très bien ce dont il est capable. Et il sait ce dont il est capable, j'estime que c'est déjà bien plus que la plupart des Positifs que j'ai vus arriver ici. Il est jeune et raisonne parfois comme n'importe lequel d'entre nous. Cole, moi, Maddison, Maze ou Elvis que tu as vus hier... On n'est pas là parce qu'on a besoin de quelque chose mais qu'on peut apporter quelque chose. Cette ville souterraine ne s'est pas construite par des gens qui en avaient besoin mais par des individus qui en avaient le pouvoir.

Il haussa les épaules.

– Tu es là parce que tu as quelque chose à apporter, quelque chose à apprendre aux autres. Parce que tu as une force dont les autres auront besoin. Et Skandar aura besoin de ta force. Même s'il ne le sait pas encore.

Reese lui fit un clin d'oeil dans un sourire.

– Quoi qu'il en soit, je veux que tu prennes ton temps. L'Underground n'est pas qu'un refuge pour âmes en peine. C'est une communauté.

Cole lança des viennoiseries encore fraîches et Reese en tendit quelques unes à Camy.

– Petit dej ?
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Camy Adriacco
Camy Adriacco

Camy refusa machinalement le muffin que lui tendit Reese tout en écoutant ce qu’il lui disait, d’un air faussement absent. Elle semblait hésitante, mais en fait, sa décision était déjà prise, d’une certaine manière.

Elle avait perdu quelque chose lorsqu’elle avait survécu à cet accident qui avait couté la vie à ses amis, et elle avait le sentiment qu’elle pourrait le retrouver dans ces murs. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne savait pas comment. Elle savait juste qu’il y avait quelque chose ici qui lui rendrait - enfin - une part de sérénité. Sauf qu’elle n’en avait pas conscience encore, et il faudrait encore de nombreuses années pour en prendre la pleine mesure.
Et peut être que ce que Reese lui disait faisait résonner en elle cette partie qui avait déjà compris ce que l’Underground pourrait lui apporter…

Toujours est-il qu’elle hocha la tête machinalement et finit par rendre son sourire à Reese.

« Je ne suis pas une âme en peine… » ahem… « … et je n’ai pas besoin de refuge. » Elle le regarda longuement avec l’ombre d’un sourire aux lèvres, comme si elle essayait de déchiffrer les pensées de l’ex-militaire - ce qui était effectivement le cas. Il avait eu une idée derrière la tête depuis le début, mais lui proposer de prendre la place de son bras droit était-ce vraiment sa finalité, ou y avait-il autre chose ? Et pourquoi elle ? « En tout cas... Je ne sais pas ce que tu as vu chez moi pour penser tout ca… de moi... » d’autant qu’elle était très loin de partager le point de vue de Reese sur sa personne. « Mais… ok. I’m game. Je ferai ce qu’il faut pour aider. »

Elle attrapa un croissant avec une grimace coquine et mordit dedans en balançant les jambes du haut de son perchoir.

« On commence par quoi ? »
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