2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Amber/Garin] Mister Sandman, bring me a dream...

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Garin DeLyons
Garin DeLyons

Le soleil laissait toujours cette odeur de cramé lorsqu'on restait longtemps sous ses rayons. Mais je ne pouvais qu'en apprécier la chaleur. J'ai entendu des pas derrière moi mais je n'ai pas bougé d'un iota. Je gardais les yeux portés sur le lointain, dans les vagues et un soleil radieux. Le vent me fouettait le visage et des cheveux clairs me gâchaient la vue. Et puis, c'est là que je l'ai sentie me traverser le corps. Sa brûlure à travers mon estomac et j'ai baissé les yeux sur mes mains brûlées pleines de sang. Aucun son n'a pu sortir de ma bouche. J'ai senti mes genoux s'écraser sur les rochers, une douleur irradiant mon corps tout entier.

Je me suis redressé vivement, la bouche grande ouverte pour happer l'air, suffoquant et le coeur ratant plusieurs battements. Le soleil était toujours là mais les vagues avaient fait place au sable du Sanctuaire. J'ai baissé les yeux sur mes mains tremblantes alors qu'elles faisaient pression sur mon abdomen indemne.

Le soleil. Certains le trouvent brûlant, d'autres aveuglant... Pour moi, c'est comme une partie de mon corps, c'est comme l'air que je respire. C'est naturel et vital. Je m'étais allongé sur le capot de ma voiture, profitant de la chaleur qui émanait de la carrosserie, les bras derrière la tête. Ce micro-climat du Sanctuaire était une bénédiction. La Ville basse, c'était vite... déprimant. Les murs sont gris ou noirs, parfois il y a quelques briques rouges mais elles sont assombries par le temps. Encore un de ces cauchemars... Souvent le même, pas toujours le même décor mais toujours cette même impression, le sentiment de mourir si fort, si réel, si présent... J'en avais peur de m'endormir. De plus en plus. C'était pire depuis que j'étais arrivé ici qu'en France. Comme si quelque chose, ici plus qu'ailleurs, me faisaient faire ces rêves. Oui, parfois il s'agissait de rêves, avec cette femme au regard bleuté comme l'océan. C'était sûrement le théâtre de retombées plus importantes ici que dans un autre pays. Du moins, c'était ce que je me disais, sans grand savoir.

Assis sur le capot de ma voiture, j'ai lentement retiré la main de mon ventre pour soulever mon t-shirt, les doigts tremblants comme une feuille. Encore une fois, il n'y avait rien. Pas de blessures à part cette cicatrice dont j'ignorais l'origine. Les médecins disaient que je m'étais fait ça pendant la réaction de mon corps face à l'agent pathogène. Tout ce que je savais, moi, c'était qu'elle se trouvait précisément à ce même endroit où l'épée, la dague ou le couteau, cela dépendait du rêve, me perçait avant de me laisser pour mort. je n'aimais pas la montrer. Pas que j'en avais honte mais j'ignorais réellement d'où elle provenait alors quand il fallait l'expliquer, c'était toujours mieux de ne rien montrer que de dire "Je fais des rêves où on me canarde dans le dos tourné sans que je sache  de qui il s'agit." Oui, ça m'a toujours semblé un bien meilleur plan que d'inventer un bobard du style "Je suis tombé." Qui me croirait, si vous voyez la taille de ce truc.

Dans la folie, mes yeux s'étaient éclaircis. Je le savais parce que je l'avais sentie, cette même brûlure dans le regard, encore et encore. La stupeur passée, ils ont retrouvé leur naturel ambré et moi mes esprits. J'ai regardé autour de moi avant de me passer une main sur le visage pour en essuyer les quelques perles de sueur. J'étais à quelques mètres du village du Sanctuaire. Un village ou un marché, c'était pareil. En tout cas, j'habitais ici, dans ma caravane à côté. Certains avaient ce moyen-là, d'autres des tentes dimensions familiales. D'autres encore avaient bâti quelques petites maisons... Le Sanctuaire était en pleine expansion et il y avait chaque jour un peu plus de monde qui venait s'y installer. Mais ici, je me sentais libre.

Je me suis laissé glisser du capot et j'ai réarrangé mon t-shirt sur mes épaules avant de faire quelques pas dans le sable. Chaque fois que je me réveillais d'un de ces cauchemars horribles, j'avais subitement envie de me mêler à la foule, de retrouver un côté normal, pour me rassurer. Je me suis faufilé dans la foule du marché qui faisait parfois penser à un souk et j'ai regardé les marchandises. Je n'avais besoin de rien mais qui sait... Tout le monde discutait, s'affairait, sans se soucier de moi et ça m'allait très bien.
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Amber Trent
Amber Trent
Vous êtes-vous déjà réveillé en ayant la désagréable sensation d’avoir oublié quelque chose, sans réussir à vous en souvenir ? J’avais ce manque à l’intérieur de moi, sur la conscience et cela m’a hanté jusqu’à ce que j’arrive au Sanctuaire. Il faut dire que j’étais dans une situation instable. J’avais réussi à me faire embaucher à Waleman Dynamics, ce qui me permettait d’avoir un point de vue de l’intérieur dans l’antre de la bête, mais j’étais toujours à l’Underground. J’étais en quelque sorte une taupe, tout en ayant un double job d’un côté assistante pour le Docteur Weaver et de l’autre recruteur pour Resistance. J’arrivais à jongler entre les deux, mais pendant encore combien de temps ?  
 
Si il y avait un lieu où je pouvais littéralement et figurativement me ressourcer, c’était bien au Sanctuaire. Je m’ y sentais comme chez moi. J’aimais son côté rustique, à l’opposé de Megalopolis où la technologie est reine. Cela m’étouffais. Ici j’étais dans mon élément.

Dès que j’avais l’occasion de venir, je profitais toujours pour m’étaler dans le sable brûlant, fermer les yeux et laisser mon pouvoir faire le reste. Quand je les rouvrais je pouvais voir les particules encore en train de danser dans l’air, chargées d’une énergie dorée. Bien sûr, aujourd’hui n’a pas échappé à la règle. A chaque fois que j’entrais dans cette état, j’en sortais transie, flottante et apaisée. Tous mes soucis s’envolaient et je me sentais sur un petit nuage, déconnectée. Malheureusement, cette effet ne durait pas très longtemps, quelques heures tous au plus.

Je suis levée de la dune où je trouvais pour me diriger dans le souk. Une immense caverne d’Ali Baba parsemée de vendeurs en tout genre capable de satisfaire vos envies les plus improbables. Je me suis surprise à m’arrêter sur un stand de bibelots des années 2000. Il y avait des ordinateurs. J’avais du mal à comprendre comment les gens étaient capable d’utiliser des machines aussi encombrantes et si peu intuitive. Cela m’a fait sourire, j’ai continué à flâner dans l’allée centrale, j’étais à la recherche de certaines  pièces pour Elvis.

Lorsque je venais de sortir de cet état second, des filets de particules virevoltaient et s’entortillaient derrière mon passage. Jusque là je ne m’en étais jamais rendue compte. Cela faisait comme des paillettes de feuilles d’or ou des minuscules lucioles qui s’effaçaient dans mon sciage. Personne n'y faisait attention car le Sanctuaire était un terrain neutre pour tous les Positifs et il n’était pas rare de croiser des personnes au look extrême. Alors quelqu’un qui émanait des paillettes dorées, comment vous dire… c’était aussi normal qu’un punk à Londres.
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Une partie de moi était punk. Enfin, je crois. A Londres, qui plus est. J'avais rarement traversé l'Atlantique, je crois que c'était une première fois. Du moins, si on considérait que ce que je voyais quand je dormais était des vies passées. Je n'en avais parlé à personne, je n'avais pas envie d'être pris pour un fou, c'était déjà suffisamment pénible d'avoir un handicap à cause de mon pouvoir, je n'avais pas envie qu'on me prenne pour un poids mort. De plus, je n'étais sûr de rien. Ce que je voyais était toujours si fugace, si rapide... Tout était flou, je ne me voyais jamais en dehors de mèches de cheveux ou mes mains, mes pieds. Je n'étais jamais observateur. Mon coeur commençait à retrouver son calme olympien quand j'ai senti quelque chose dans mon dos. C'était une impression que j'avais déjà eue au Sanctuaire mais je n'en avais jamais trouvé la source. C'était comme un frisson qui me parcourait l'échine.

J'ai relevé la tête en posant l'objet que je tenais dans ma main et j'ai regardé par dessus mon épaule. Le sentiment n'avait jamais été si fort, peu importait ce qui causait ce frisson, il était là, quelque part. Et quand je l'aurai, je lui ferai la peau. Je ne supportais plus de dépendre des éléments, encore moins ceux des autres. A en juger par la vitesse de mouvement, ça ne pouvait être que quelqu'un comme moi. Et là, je l'ai vue. Elle passait inaperçue pour tout le monde mais pas pour moi, marchant, au milieu des gens avec comme une pluie de particules dans le dos qui la suivait docilement. En regardant brièvement autour de moi, j'ai retrouvé quelques unes de ces particules dans l'air, comme de la poussière qui virevoltait en attendant de se poser quelque part.

Poussant quelques personnes, je me suis frayé un chemin vers elle, m'excusant parfois de bousculer un peu fortement. C'était jour de marché et la moitié de la Ville Basse s'était donné rendez-vous pour dénicher les meilleures ressources à prix bas. J'ai alors tendu la main pour l'attraper par l'épaule et la faire retourner vers moi mais je n'en ai pas eu le temps. Une personne un peu pressée l'a alors poussée pour passer en la faisant reculer. Je l'ai sentie me marcher dessus sur le coup et j'ai eu cette désagréable sensation de rencontrer un énorme sac de poussière qu'on viendrait de faire éclater au niveau de mon nez. J'ai reculé à mon tour en me mettant à tousser. C'était comme si le sol se dérobait sous mes pieds. J'ai heurté un étal dans mon dos, faisant tomber la moitié des objets disposés. Je sais que quelqu'un s'est mis à me crier dessus mais ma tête me tournait tellement. J'avais l'impression d'étouffer. Mes jambes se sont dérobées et je suis tombé contre l'étal. J'avais tenté de me rattraper, une main sur le bord de la planche en bois. De l'autre, j'essayais de me relever en appuyant sur le sol mais il y avait ce sifflement sur aigu dans mon oreille.

Si mon coeur s'était calmé en arrivant, le voilà qui s'emballait à nouveau. Je voyais des étoiles dans mes yeux, comme un voile. Ou bien était-ce les particules brillantes de la Positive qui me narguaient ? Je n'en savais rien mais toujours était-il que j'en avais perdu l'équilibre et que j'entendais des chocs de métal dans ma tête, très familiers, car j'en rêvais assez régulièrement. Pourtant, personne ne se battait ici... Quelqu'un a tapoté l'épaule d'Amber.

– Votre pote va bien ?

Quelqu'un m'avait sûrement vu l'approcher avec intérêt et cru que je l'avais rattrapée après l'avoir perdue dans le souk.
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Amber Trent
Amber Trent
Lorsque l’on se balade dans un souk, de mon expérience, tout peut arriver. Aujourd’hui n’a pas échappé à cette règle.

J’étais encore dans mes pensées lorsque je me suis faite interpeler. Quelqu’un m’a violemment tiré de ma rêverie en me poussant pour passer. Ces gens pressés qui ne s’excusent pas ! Cela avait toujours tendance à m’irriter forcement. Un « pardon » était si dur de sentir de sa bouche ? Ça ne coûtait rien, ça ne faisait de mal à personne, alors pourquoi passer comme un char sur les gens. En reculant j’ai rencontré quelqu’un et j’ai senti que je marchais sur des pieds alors que j’étais entraîné dans une chute.Tout s’est passé très vite. Si vite, qu’un pardon n’aurait pas servi à grand chose.  J’ai tenté de prendre appui sur le plateau d’une table avec des pour m’empêcher de tomber, mais tout ce qui était le plus proche était la personne sur laquelle j’avais reculé.  

Des étalages ont virevolté, ajoutant un boucan fait de boites de métal et de breloques. Sans trop savoir comment, j’étais étalée sur un inconnu. Les grains de sables qui émanait de mon dos, attirés par la gravité m’était à présent visibles. J’ai dû bloque pendant quelques secondes, le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer. J’avais une traînée de poussière dorée qui sortaient de ma peau, première nouvelle. La seconde, j’étais nez à nez face à un jeune homme aux yeux incroyablement… ambrés. Je croyais être la seule, mais non. Là encore je suis restée abasourdie pendant quelque secondes. Les particules continuaient encore à couler sur le sol tout doucement

Et puis une voix et une main m’ont interpelés. J’ai tournée la tête pour voir de qui il s’agissait puis je retournée.

_ Lui ? Pour enfin me lever. C’est la première fois que je le vois. Alors « pote » c’est un bien grand mot.

J’ai épousseté la sable qui se trouvait sur mon débardeur blanc et j’ai essayé de regarder mon épaule pour voir si j’en émettait encore. Il semblait que cela s’était arrêté. J’ai tendu la main pour aider le jeune homme en question.

_ Pardon du dérangement. J’ai perdu équilibre. Rien de casé ?

Le stand était sans dessus dessous. Les tréteaux de l’étal étaient tombés laissant la marchandise à même le sol. Le marchant qui m’avait accosté me regardait d’un air accusateur.

_ Soit vous payez, soit vous rangez. Et votre copain aussi.

Je lui ai lancé un coup d’oeil

_ Hey ! Mais c’est pas mon copain !
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Garin DeLyons
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La poussière de sable, la chute, les étoiles devant mes yeux, si elle avait perdu l'équilibre, je n'avais pas l'impression d'en avoir seulement eu un jour. Ma tête tournait et quand mes yeux ont croisé les siens, ils se sont arrondis. J'avais vu les particules, brillantes, bien voyantes, mais pas son visage. Mes yeux n'ont pas toujours eu cette couleur, vous savez ? Avant, ils étaient verts. Et quand j'ai été exposé à Yu, ils ont changé. Tout a changé. Mais je n'avais encore jamais vu qui que ce soit avec la même couleur que moi. Les lèvres entrouvertes, je l'ai dévisagée et c'était comme si le temps s'était figé autour de nous. Je détestais cette impression. La main toujours sur le bord de la table un peu plus haut, je l'ai laissée se relever et s'excuser même si ça n'avait pas l'air bien sincère. Ou bien si ça l'était, j'entendais autre chose. J'entendais toujours autre chose. Quoiqu'il en soit, j'étais presque convaincu maintenant qu'elle était la cause de ses rêves étranges que je faisais depuis qu'on s'était installés ici.

Quand elle a tendu la main, j'ai secoué la tête, m'arrachant un mal de crâne sur le coup. D'une main appuyée sur le sol, je me suis aidé avec l'étal pour me relever dans une grimace. Je n'aimais pas qu'on m'aide mais ici... J'avais peur de ce qui m'arriverait si ma peau rencontrait la sienne. Qui qu'elle soit, quoi qu'elle soit, ses particules avaient un effet sur moi des plus désagréables. Je n'avais pas envie de tenter le diable.

– Ca va, ça va, t'excite pas, je vais le ranger, ton souk.

– Et tu me dois toujours un gallon d'essence.

– Ca va, je sais.

J'ai porté une main à ma tête, l'autre m'aidant à rester debout. Cette fille m'avait clairement secoué et pas en me tombant dessus. J'ai regardé la paume de ma main comme si je m'attendais à y trouver du sang mais il n'y avait rien. J'ai enfin tourné les yeux vers la fille et peut-être y avait-il plus de reproche que je l'aurais voulu.

– C'est quoi ces trucs, de la poussière ? Ca rendrait Robocop allergique aux piqures de moustiques...
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Amber Trent
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Manifestement je devais avoir à faire à un Négatif pas encore à l’aise avec ces histoires d’agent Yu. J’avais l’impression qu'il avait évité de me toucher comme si j’étais une pestiférée, ou pire contagieuse, ce que je n’ai pas du tout apprécié. Tout ce que je voulais c’était faire preuve de politesse. Cela m’apprendra. Si il y avait bien une chose que je ne supportais pas c’était exactement ce genre de réaction. Cela me rappelait aussi pour quoi je me battais à l’Underground, pour les personnes comme moi, pour notre acceptation.

_ Hey, on se relaxe. Je ne suis pas toxique ! Mais c’est sympa de le souligner.

Alors que je remettais un peu d’ordre sur mes vêtements, je lui jetais un de ces regard noir qui n’avait plus de secret pour moi. Je n’ai pas répondu tout de suite, je me suis d’abord occupée du champ de bataille qui était par terre en remettant les tréteaux droits et en ramassant les objets tombés. Le marchant me regardait en haussant un sourcil comme si il s’attendait à ce que je les replace à leur endroit exacte. Mais n’en ayant aucun souvenir je me suis contentée de les placer sur le plateaux le plus vite possible pour être débarrassée.

_ A vrai dire je sais pas tout à fait. C’est la première fois que je m’en rend compte. D’ordinaire, je peux manipuler les grains de sable. Là… C’est vraiment tout nouveau.


Je n’aimais pas la façon dont il avait à me regarder, je me sentais jugée. Mais comment expliquer que je n’en étais complètement responsable ?
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Garin DeLyons
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– Oh si, tu es toxique !

Pour moi, en tout cas, elle l'était. J'ai ramassé les bibelots que j'avais faits tomber. Mais je me suis redressé quand elle a repris, une lampe de pétrole dans la main. J'ai froncé les sourcils alors que les informations fusaient dans ma tête. Je n'avais pas assez d'expérience dans le métier pour en avoir tiré des réflexes mais pendant mes deux ans d'entraînement, j'avais acquis certains petits automatismes de réflexion comme associer les éléments entre eux. En l'occurence, ici : pourquoi avait-elle un tel effet sur moi. Le fait qu'elle parle de sable et que chaque fois que je plongeais dans ces rêves étranges, je me retrouve dans des étendues de sable, peu importe la partie du monde, m'a paru en soi logique mais pas explicable. J'ai lentement reposé la lampe, les sourcils froncés alors que je réfléchissais.

– Sûrement quelque chose qui réagit à un autre élément. Le sable, ça brille pas, normalement.

Je ne comprenais pas pourquoi mon pouvoir réagissait au mien mais je faisais sûrement fausse route. Ce n'était peut-être pas mon pouvoir qui était alerté... Mais juste moi. Quoiqu'il en soi, je n'avais pas envie de tester. Alors à chaque fois qu'elle s'approchait de moi, ou que sa main passait près de moi pour déposer un objet, je faisais un écart. Je savais que mon agissement pouvait être mal perçu. Mais j'avais tellement besoin de comprendre pourquoi ça me rendait si vulnérable que je me servais de mon orgueil comme d'une barrière défensive.

– En tout cas, ça doit pas être si nouveau. Parce que c'est pas la première fois que je le vois.

Que je le voyais, si. Que je le sentais, non. Mais il était hors de question que je parle de moi. Je n'avais pas envie de me confier ou d'en dire trop sur ce qui m'arrivait. Quoi qu'elle soit, je ne la connaissais pas.

– Hey, Garin, j'ai reçu ça pour toi. Cesse de dire à tes potes que je fais point-relais, tu veux bien ? Trouvez-vous une poste !

J'ai tourné la tête pour voir un homme qui avait dû me repérer par terre. Je l'ai remercié en prenant le petit paquet qu'il me tendait. Sûrement un truc de matériel. Je l'ai laissé repartir. Comment pouvait-elle penser que j'étais un Négatif ? Sûrement parce que j'avais gardé des réflexes. Cette vie, normale et paisible me manquait tellement. J'étais quelque peu aigri aujourd'hui de ma façon de vivre mais en même temps, c'était étrange ! Je n'avais pas envie de recommencer et finalement de ne pas aller à cette journée d'orientation. Je me suis penché pour ramasser une boîte qui s'était répandue dans le sable et en me relevant, mon paquet coincé sous mon bras, j'ai poussé un soupir. Nous avions fini de ranger le principal.

– Pourtant, je te vois rarement par ici, tu n'habites pas dans le coin, pas vrai ? Ca semblerait pourtant logique...

J'ai haussé les épaules non sans la regarder de haut en bas. Comment, une si petite chose, pouvait me transporter aussi loin ?
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Amber Trent
Amber Trent

J’ai haussé un sourcil.

_ Bien sûr que le sable brille.

Qu’il me dise que je sois toxique, j’avais envie de le puncher. Un coup du droit direct dans la mâchoire ! Mon impulsivité était l’une de mes grandes faiblesse. J’imagine que je devais tenir ça de mon père. D’ailleurs en y réfléchissant, cela m’a porté la puce à l’oreille.

_ C’est le soleil !

Cela me paraissait incroyablement logique sur le coup, j’ai levé les yeux en ouvrant les mains. Je venais de me dorer la pilule avant que cela ne se produise. Une partie des gênes que j’ai dû hériter de Chase doivent d’une certaine manière capter l’énergie solaire. Mais au lieu de les restituer sous forme de flamme, c’est autre chose en lien avec le sable. Je prévoyais déjà de faire mon ninja à la Waleman Dynamics pour en apprendre plus et mener quelque tests.

_ Je crois que de réaction en réaction, je suis capable d’absorber les rayons du soleil. Cela doit avoir un effet sur mes capacités. Pas de quoi fouetter un chat.

En réalité, j’étais bien plus intriguée et inquiète sur ce que cela pouvait être. Je pouvais percevoir la façon qu’il avait de m’éviter et cela me rendait mal à l’aise. Je n’aimais pas croire que je pouvais être dangereuse sans le décider, sans m’en rendre compte.

_ Non je n’habite pas ici. Je viens de Mégalopolis mais j’aime venir ici, je m’y sens plus à l’aise, plus chez moi.

Sous ses yeux inquisiteurs, j’avais l’impression d’être une bête de foire. Pourtant, impossible d'expliquer ce qui m’a empêcher de le rembarrer et de partir comme si de rien n’était. Sans doute, inconsciemment j’avais envie de briser sa carapace et d’en apprendre plus sur ce que cette paire de yeux pouvait cacher. Leur couleur me renvoyant à la mienne m’attirait. Quel secret renfermaient-ils ?
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Garin DeLyons
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Pour être particulièrement honnête avec vous, je me fichais pas mal de comprendre son pouvoir fonctionnait. Je voulais comprendre ce qu'elle me faisait. Et à l'écouter, ça n'avait strictement rien à voir avec le mien hormis ce... Côté sable qui revenait sans cesse dans mes rêves. A chaque fois que je me voyais mourir, c'était toujours une arme blanche, en plein soleil, dans le sable. Mauritanie, Syrie, Egypte, Australie, Nevada, peu importait où... C'était une partie de moi que je ne saisissais toujours pas. Je n'avais pas assez d'informations pour faire des recherches? Le plus souvent, je n'avais qu'une image, le son n'était qu'un bruit de fond incompréhensible. Notre seul point commun, c'était donc ça : le sable. J'ai roulé des yeux en me retenant de soupirer profondément.

– Non, le sable ne brille pas, il reflète les rayons du soleil.

J'ai montré la tente qui recouvrait le souk d'un index en levant les yeux, presque excédé.

– Ton Dieu soleil, il est dehors.

Ce Dieu, ce n'était pas le mien. Mais paradoxalement, je me sentais mieux quand il était là même si pour moi, il était synonyme d'enfer. Je l'ai laissée parler, continuant de découvrir son propre pouvoir. Ce n'est qu'à son mouvement que j'ai à nouveau fait un écart en pinçant les lèvres. Je n'avais vraiment pas envie de voir ce que ça faisait si elle me touchait réellement. Occupe-toi de ton pouvoir et les Positifs seront bien gardés, c'est ça, hein ? J'ai tendu la main vers le marchand pour lui donner quelques pièces contre un petit sac de cacahuètes. Quand bien même je portais plusieurs bracelets à mon poignet droit, ceux-ci ne cachaient pas entièrement la cicatrice que je m'étais faite pour retirer ma puce quelques années plus tôt. Les détails, mon pote, c'est une autre histoire pour un autre moment. Mais ce que je peux dire, c'est que c'était vraiment une vilaine cicatrice, bien pire que l'autre. Pour cette raison, je préférais la cacher.

– Merci. Dès que j'ai le gallon, je te tiens au courant.

Le marchand a acquiescé avant de reprendre ses activités et je me suis retourné vers Amber et j'ai acquiescé à ses dernières paroles en haussant les sourcils.

– Je vois tout à fait ce que tu veux dire, j'habite ici. Mais si on est amenés à se recroiser...

En plongeant ma main dans mon petit sac à friandises, je lui ai offert un sourire, mais pas vraiment sincère plutôt "Je te laisse à tes pérégrinations et je retourne à ma vie". Et puis j'ai levé une main. Tout ce temps, j'avais gardé une voix plutôt basse. Une façon pour moi de rester concentré pour ne pas la secouer et m'expliquer ce qu'elle me faisait. Mais contrairement à elle, j'habitais ici et j'étais susceptible de la croiser à nouveau maintenant que je l'avais repérée. La belle saison arrivait, le soleil allait d'autant plus briller et... J'avais peur de ce que cela pouvait vouloir dire avec elle dans les parages. J'ai baissé les yeux un instant en me rapprochant d'elle et j'ai hésité une seconde avant de relevé le regard dans le sien.

– Sois gentille... Ne me touche pas, d'accord ?

C'était assez impressionnant de voir quelqu'un avec la même couleur d'yeux que vous. Je veux dire, ça arrive, bien sûr mais une couleur si... étrange ! Ce n'était pas du marron, ni du vert, ça ne sortait pas non plus complètement de l'ordinaire ! C'était ambré, doré et brillant à la fois. Les médecins ont dit que dans mon cas, c'était comme le sel de mon pouvoir. Ils disaient que c'était comme un une roche volcanique refroidie : elle a une forme et une couleur différentes après l'éruption. Quelque chose comme ça, j'ai pas compris, tout ce que je savais, c'est que mes yeux avaient changé. Je l'ai contournée habilement en reportant une cacahuète à mes lèvres.
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Amber Trent
Amber Trent

Si j’étais croyante, probablement que j’aurais pu vénérer le soleil. Mais ce n’était pas le cas. Je n’ai jamais cru en un dieu, car cela m’a toujours paru trop abstrait. Comment suis-je sensée croire en quelque chose si je n’ai aucune preuve ? Je crois en ce que nous sommes, ce que nous pouvons faire en tant qu’individu. Notre capacité à rêver et à nous émouvoir. Et par dessus tout, à nous battre. Alors si il y a un dieu qui de la haut nous regard sans agir, il doit bien se marrer en regardant ce que nous somme devenus.

_ Le soleil c’est pas un dieu. C’est juste, le soleil. Pourquoi chercher plus loin me disais-je.

C’est à ce moment là que j’ai entr’aperçu la cicatrice sur son avant-bras, très marquée. Je me suis rappelée que c’était une pratique de Liberation, un peu comme un rite de passage. Cela me donnait un indice de plus sur qui il pouvait bien être mais le mystère restait encore entier pour moi. Je n’arrivais pas à le cerner, d’habitude cela était presque comme une seconde nature, l’instinct. Mais là, impossible de décrypter.

_Qu’est-ce que tu peux faire. Non sincèrement. Pourquoi tu as autant la frousse que je te touche ?

Je continuais à regarder les étalages, tout en me posant diverses questions. Ce n’était pas que de la curiosité. Peut-être qu’il y avait une forme d’attirance qui devait être en lien avec mon pouvoir. Du moins c’est ce que j’aimais croire parce qu’avoir de l’intérêt de cette manière là pour un parfait inconnu.
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Garin DeLyons
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J'ai roulé des yeux en continuant ma route, jusqu'à sortir du souk. La balade avait assez duré. L'absence de puce n'était pas une marque de fabrique de Liberation mais un point commun. J'avais fait retirer la mienne avant même de connaître leur existence et ce, pour les mêmes raisons que les autres : que nos gouvernements respectifs ne nous retrouvent pas. C'était, quoi qu'il arrive, l'unique raison pour tout Positif ou Candidat de se faire retirer la puce. Certains avaient de la chance et n'en gardaient qu'une petite cicatrice qui disparaissait avec le temps grâce à une bonne chirurgie ou bien un Healer convenable. D'autres, comme moi, qui n'avaient pu compter que sur eux-mêmes pour s'en débarrasser, n'avaient pas eu le choix que de tout faire pour gâcher ces sévisses. Quant à Liberation, il était important pour nous de ne pas le montrer, autant que possible. Car, comme cette fille, beaucoup pensaient que c'était notre... signe de reconnaissance. Ce n'était pas du tout ce que nous avions voulu et nous devions alors redoubler de méfiance. La bonne nouvelle, c'était que quand un mutant sans puce était débusqué et qu'on lui demandait des infos sur Liberation ? Et bien, il était bien incapable de dire quoi que ce soit... Cette simple pensée m'a arraché un sourire aux lèvres. C'est bien fait pour les corporations qui pensent à chaque fois nous mettre la main dessus en tombant sur des... leurres !

A la question d'Amber, j'ai soupiré et je me suis tourné vers elle alors que je retrouvais le soleil et la rocaille extérieure. La légère brise était une bénédiction. J'ai montré le ciel, les arbres...

– Pourquoi le soleil brûle et pourquoi la pluie mouille ?!

J'ai fait une grimace en haussant les épaules, en marchant à reculons. Je ne disais jamais de quoi j'étais capable... Puisque j'étais capable de rien ! Rien du tout ! Mon pouvoir n'était qu'une malédiction.

– Tu poses toujours des questions aussi stupides ?

C'est pourtant moi qui l'avais cherchée, non ? Oui mais maintenant que je savais que c'était elle qui provoquait ces choses dans ma tête, je n'avais qu'une envie : la voir disparaître de ma vue et sur un bon périmètre de sécurité.

– La nuit va tomber, tu n'as pas ailleurs à être plutôt qu'à me suivre ?
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Amber Trent
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Il voulait se débarrasser de moi. J’ai trouvé ça façon de le faire si stupide, autant qu’il avait à me répondre par ses questions qui s’avéraient ne servir que de retournement de situation. D’autant plus que c’était lui qui était venu à moi. Cela voulait donc dire qu’il avait un once de curiosité. Alors abandonner maintenant qu’il était si proche, ça me dépassait. Quand on veut quelque chose, on le prend. C’était la façon dont je voyais les choses.  

_ C’est bien la façon la plus ridicule de faire diversion que j’ai jamais vu.

C’était tout de même incroyable d’avoir fait tout ce chemin pour… rien. A cette instant, j’avais envie de le traiter de lâche, de couard. Pour quelque chose qui au départ était anodin, j’avais pris un intérêt tout particulier pour le sujet. Alors j’ai continué à le suivre, d’un pas rapide, nerveux. La trainée de poussière avait disparue à présent, dispersée dans l’air, laissant simplement des grains de sables brillants dans mon sillage qui se confondaient avec ceux déjà existants.

_ Tu te dégonfles toujours aussi facilement ?

Je me suis retournée pour me mettre en face de lui, en me penchant légèrement sur lui. Si bien que j’empiétais sur ce qu’on pouvait considérer comme son espace vital. Ce que je cherchais à faire était à le provoquer et à le mettre mal à l’aise. J’avais passé tout ce temps à essayer à le décrypter, à déduire qui il pouvait bien être. Mais tout ce que j’en avait perçu m’emplissaient encore plus de questionnements et de mystères. Mon impétuosité risquait de me mener à ma perte.

C’est là que j’ai voulu provoquer les choses. Nous étions assez loin du souk pour que les passants ne puissent pas passer à côté de nous. Le soleil tapait fort, et peut-être qu’il me tournait la tête, me rendant encore plus impulsive. Je l’ai attrapé par le poignet. Cette tentation d’en savoir plus, je devais l’assouvir. Je ne pouvais pas me contenter de semi-réponses et de déviations.  

A son contact, j’ai pu sentir quelque chose d’étrange se passer. Un flux d’images, sans que je puisse en comprendre le sens. Le côté rassurant de la chose c’est que cela n’avait rien engendré de spectaculaire. Disons qu’avec mes antécédents familiaux, nos pouvoirs ont tendance à entraîner des effets qui ne passent pas inaperçus. Pas d’explosion, ni de tonnerre, c’était déjà ça ! Du moins pour l’instant...
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
Chaque fois qu'un nouveau paramètre se fait connaître, c'est comme si vous découvriez votre pouvoir pour la première fois. Il vous faut autant de temps d'adaptation qu'un contrôle de vous pour ne pas paniquer. Néanmoins, en quoi chercher à l'éviter faisait de moi un lâche ? Je connaissais le sentiment, je savais ce que ça me ferait, ou du moins, l'aperçu que j'en avais eu me suffisait. Il n'y avait rien de dégonflé à vouloir éviter de se faire mal volontairement. Sinon, on appelait ça du masochisme. Quant à elle, je l'aurais bien volontairement insultée, je crois. Personne ne me traite de dégonflé. Pas sans que je lui explique la vie. J'ai pincé les lèvres alors qu'elle se penchait sur moi et j'ai reculé la tête. J'avais suscité son intérêt, attisé sa curiosité. Certains diraient que j'avais commis une erreur. Mais ce n'était pas moi qu'ils voulaient en tant qu'agent, au départ. Il s'est juste trouvé que je m'en suis bien sorti et j'offrais un bon point de pression sur la situation dans laquelle ils se trouvaient, alors. Ca n'avait rien à voir avec mes compétences d'agent secret hors pair. Pas comme Abel ou les autres. J'entendais voir autre chose de ma vie que de la froideur, du calcul et de la manipulation. Il faut croire qu'à trop réfléchir en fixant ses yeux aussi ambrés que les miens m'a fait perdre conscience de ce qui nous entourait. Je n'ai pas anticipé son geste comme je l'aurais dû. Peut-être que ma propre curiosité m'incitait à la provocation et donc à moins de prudence. J'avais pourtant été entraîné pendant deux ans, en mission pendant deux années de plus et  j'avais gagné certains réflexes immuables.

Quand elle a pris mon poignet, je l'ai mécaniquement retourné et l'ai faite tourner sur elle-même dans une clé de bras avant de passer le mien autour de sa gorge. Avais-je agi par peur ? Panique ? Intolérance ? Aucune idée et ce n'était plus du tout ce à quoi je pensais. A quoi je pensais, je ne le savais même pas. Sa peau avait touché la mienne et si sa petite poussière d'étoiles de fée m'avait simplement tourné la tête, son contact, doux et incisif à la fois, empli d'une chaleur diffuse à rendre jaloux Monsieur Soleil, n'avait rien à voir. Je l'ai plaquée au sol, sur le ventre en serrant son bras dans son dos. Non pour la maîtriser mais parce que je m'accrochais à elle pour ne pas tomber plus bas. Cette sensation de vertige était détestable, je la ressentais à chaque fois, elle m'était commune et je savais que je devais attendre que ça se passe, le temps que la vision se stabilise. Mais tout tremblait autour de moi. Le brouhaha lointain me rendait sourd et j'étais au coeur d'une tempête de sable qui m'étouffait. J'avais les genoux enfoncés dans le sol et du mal à respirer. Cette sensation là aussi, je la connaissais. Et mêlée à ce vertige qui refusait de s'en aller, je me suis mis à suffoquer. Sa main dans la mienne, au creux de ses reins, s'est mise à me brûler la peau. Ou bien était-ce l'inverse ? Plus je la serrais, plus j'avais envie de hurler et mon coeur n'avait de cesse d'accélérer.

Cette tempête de sable, je ne l'avais jamais vue. Un foulard, le même que d'habitude, volait autour de mon cou mais je ne voyais rien d'autre, ma vue était trouble et des étoiles me dansaient dans les yeux. C'était un rêve que je n'avais jamais fait, jusque là. Au moins il n'y avait pas d'arme, cette fois. Grâce à Liberation, j'avais appris à mieux gérer mon pouvoir. Non pas forcément de le contrôler à la perfection parce qu'on ne pouvait qualifier mon pouvoir de "contrôlable". Mais Gen m'avait appris comment le canaliser et le rendre supportable dans les pires situations. Et c'était une pire situation. Si je faisais du mal à cette fille, alors que je ne la connaissais pas, ce n'était pas ma volonté. Et si je savais me montrer parfois impulsif et peu réfléchi, je détestais être violent et encore faire du mal sans raison. Et je sentais ma main serrer la sienne avec une force inouïe. J'étais incapable de lui lâcher, il fallait que je me tienne à quelque chose. J'avais besoin que mon corps comprenne pourquoi il devait se calmer immédiatement. Ce qui commençait à fonctionner.

J'ai entendu des voix dans mon dos, quelqu'un arrivait. J'ai tourné la tête et je l'ai reconnu, à travers la tempête de sable. Alors je me suis relevé et les battements de mon coeur ont repris de plus belle. J'ai vu sa tignasse brune et ses yeux sombres posés sur moi, j'ai entendu sa voix hurler mon nom mais je ne voulais pas qu'il m'attrape alors je me suis mis à courir. Je n'avais absolument pas conscience qu'Amber se trouvait quelque part par là, et qu'elle constituait cette tempête de sable qui m'étouffait. Mais après tout, c'était de bonne guerre, je lui faisais mal alors elle répliquait. J'aurais fait pareil. Mon pied s'est entravé dans une racine sortie de nulle part et mon visage a rencontré le sable chaud. J'ai voulu m'asperger d'eau pour m'aider à relativiser, tout ceci n'était qu'une hallucination, après tout ! Mais ma bouteille d'eau était vide et le plastique a craqué dans mes mains. J'ai étouffé un sanglot de désespoir et j'ai frappé le sable de mon poing. Je n'arrivais plus à me relever, j'étouffais et courir ne servait à rien. Je ne voulais pas qu'il me rattrape. Il fallait que je sorte de là. Il y avait quelque chose de très différent de d'habitude.

Oui, je m'en rendais compte maintenant, c'était différent. Je le savais parce que... La voix d'Amber me parvenait. J'avais conscience de moi. J'étais lucide. D'habitude, je subissais mes visions, je n'en avais absolument pas le contrôle, c'était comme un film. Aujourd'hui, non. Je m'étais relevé parce que JE l'avais voulu. J'avais étouffé un sanglot parce que JE refusais qu'il m'atteigne. Ce n'était pas une vision, ni une hallucination, ce n'était qu'une réflexion de quelque chose qui dormait en moi. Ce n'était pas un passé, ni un futur, c'était... comme dans un rêve. Et j'avais toujours eu le contrôle de mes rêves, ce qui, selon les scientifiques, était assez rare. Et bien quoi, je devais bien me rendre exceptionnel d'une manière ou d'une autre, non ? Ce n'était qu'un rêve, donc je devais dormir. Je pouvais me réveiller à tout moment.

Alors j'ai fermé les yeux. J'ai dégluti et crispé les paupières, un genou et les poings dans le sol, enfoncés. Le dos courbé, j'ai essayé d'arrêter de tousser, de suffoquer, j'ai essayé d'inspirer profondément, je me suis forcé. Je n'étais pas un dégonflé, ni un lâche. Je refusais juste de me faire plus de mal que ce n'était déjà le cas. L'air ensablé dans ma gorge m'écorchait et m'arrachait de nouveaux sanglots de douleur mais je n'avais pas le choix. Je devais faire comprendre à mon corps que tout ça n'était pas réel. Je me suis forcé à me rappeler. Amber et moi, éloignés du souk, ses yeux ambrés dans les miens, sa voix détestable qui me provoquait. Ca, c'était réel. Ca, c'était ce qui se passait en ce moment-même. Ma main dans la sienne, tremblante de force et la chaleur, la sienne ou la mienne ? qui se diffusait dans mon corps, comme dans le sien. J'ai alors pris conscience que je la tenais fermement, j'ai entendu sa voix, elle me paraissait de plus en plus claire. L'homme dans mon dos a disparu. Je le sais car je ne l'ai plus entendu d'un seul coup. J'ai inspiré profondément, plusieurs fois, je me suis concentré sur le souk, sur la vie de tous les jours, sur ma propre vie de tous les jours et alors mon coeur a commencé à cesser de se battre.

Lentement, ma main s'est défaite de celle d'Amber et j'expirais alors par le nez, les lèvres pincées, le temps que j'arrive à me calmer. Quelque chose au fond de moi espérait qu'elle avait eu suffisamment mal pour ne plus jamais avoir envie de m'infliger tout ça. Mes phalanges ont quitté le blanc de l'épreuve pour rougir, rendant peu à peu son bras à Amber. Mes doigts ont alors doucement glissé des siens et j'ai recouvré la vue, couleur par couleur.

Quand le soleil m'a frappé les pupilles, j'ai inspiré goulument l'air qui me parvenait à la gorge et c'était comme si on me détachait violemment d'un aimant qui me retenait jusque là prisonnier. J'ai écarquillé les yeux et je me suis propulsé en arrière pour m'éloigner d'Amber, les fesses dans le sable rocailleux. Et alors, je me suis mis à tousser comme si je crachais ma vie. Mes joues étaient rouge et je me suis tourné sur le côté comme si j'avais besoin de vomir quelque chose mais que rien ne voulait sortir. La deuxième épreuve était de me calmer dans le réel. De faire comprendre à mon corps qu'il n'y avait plus de danger. Au creux de mes mains tremblantes, je sentais encore la chaleur et la lumière. Une partie, incongrue, de moi s'est alors demandée dans une fraction de seconde ce qui pourrait arriver si Amber me touchait plus que la main.

Cette pensée, totalement hors de propos n'a eu pour effet que de m'arracher un hoquet de rire. Je n'avais pas du tout envie de tenter l'expérience. La main. C'était déjà pas mal. Inspirer, expirer. Comme m'avait appris Gen. Et mon coeur retrouverait son rythme cardiaque et mes mains finiraient par "s'éteindre" bien qu'on ne voit pas grand chose à la lumière du soleil. Moi, je le savais. Mon corps avait une tactique de défense très personnelle, bien à lui et profondément ironique : la libération par l'autodestruction. Autrement dit, le suicide. Malheureusement, pour l'être humain en moi, ce n'était pas acceptable, mais j'étais une bombe à retardement. Bizarrement, je n'avais pas très envie de tester les limites pour voir si je pouvais y survivre. C'était un combat de tous les jours. On m'avait condamné à vie. Et c'était tout une vie que je devais reconstruire, maintenant.

[oups]
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Amber Trent
Amber Trent
Ce  n’était pas qu’une question de réflexes. L’instinct qui se trouve ardemment en moi me poussait à m’approcher au plus proche du danger. On pourrait facilement me dépeindre comme impulsive. Ce n’est dans ces moments là, quand je me retrouve sur le fil que j’ai l’impression de savoir qui je suis. J’imagine que cela doit couler dans mes veines.  

Je prévoyais une réaction à mon étreinte, mais pas de cette façon. On peut déduire beaucoup d’une personne à sa façon de se battre. Manifestement, mon opposant avait un faible pour le corps à corps et connaissait les prises qui font mouche. Je n’ai pas eu le temps de mettre ma main près de mon cou pour empêcher son emprise sur ma gorge. Ses mouvements étaient nerveux, mais réglé au millimètre. Il savait ce qu’il faisait et il l’avait répété des centaines de fois pour arriver à cette précision. Ce n’est pas étonnant que j’en sois arrivée à être face contre le sable et les bras plaqués en arrière. Je me suis débattue jusqu’à ne plus rien maîtriser. Comme si tout ces gestes que je faisais se retrouvaient noyés, happés jusqu’à ce que je ne puisse plus en avoir conscience.

Il avait beau s’accrocher à mes poignets, les serrer jusqu’à laisser des traces, je ne sentais plus la gravité de mon corps.  Au contraire, mon esprit se détachait et n’avait plus d’ancrage. Tout se passait infiniment vite que je n’ai pas chercher à comprendre. Je pouvais ressentir les choses, mais tout était atténué et emprunt d’un certain flottement. C’était comme si je perdait tout cohérence. J’aurais très bien pu me transformer totalement en sable, cela aurait illustré parfaitement ce que j’éprouvais. Ou bien c’était peut-être ce qui se passait mais je ne le voyais pas.

Je me sentais comme éparpillée au quatre vent. D’ailleurs, je n’avais pas l’impression d’avoir de vision. Je pouvais tout voir, tout ressentir mais sans situer exactement où je me trouvais. Partout et nul part à la fois. Ne comprenant pas ce qu’il m’arrivait, j’ai hurlé, aussi fort que je le pouvais mais je n’ai pas eu le sentiment qu’un son sortait de ma bouche. Ma vue était traversée de milliard de particules qui dansaient dans un sens unique. Pourtant, je ne sentait pas mon visage fouetté ou écorché par ce flux, ni mes cheveux voler. Cela renforçait ma théorie comme quoi j’étais à « l’intérieur ». Je n’en avais cependant pas la certitude. Alors, j’ai essayé d’explorer ce qui se trouvait autour de moi, comment pouvais-je y arriver si  je n’avais pas de corps ? Je me suis convaincue que j’en étais capable. Un peu comme dans un rêve. Sauf que cela me paraissait tellement réel. Après tout, tout les rêves le sont, tant qu’on ne se réveille pas. Et puis j’ai senti un coup, une explosion, alors j’ai su où je devais me diriger.

Impossible de définir combien de temps j’ai mis pour arriver jusqu’à Garin, mais j’ai cru que cela c’était produit en un flash. J’ai pu voir qu’il était persécuté par une ombre, mais je ne parvenait pas à distinguer cette silhouette, trop informe. J’ai essayé de me concentrer sur lui car je voulais me rapprocher. Avait-il une meilleure compréhension de ce qui se produisait ou était-il aussi perdu que moi ?  Il suffoquait dans la mêlée de sable. Je pouvais sentir sa douleur, je pouvais tout sentir, à défaut de sentir quoique ce soit sur moi. Jamais je n’avais connu un tel stade d’empathie. Mais toujours, je n’avais pas conscience de mon propre corps.  C’était irréel et cela n’avait aucun sens. Je me suis mise à éprouver un sentiment de rejet, qui s’amplifiait à mesure que je sentait la chaleur me tourner la tête à m’en rendre folle.

_ Il faut partir ! Partir, partir, partir…!

Ma voix s’en perdue ou transformée en écho. Tout à changé du tout au tout. Je n’étais plus au même endroit, je voyais des scènes qui me sont apparues comme se situer plus tôt dans la journée sans pour autant avoir une continuité définissable. J’avais l’impression de me retrouver dans l’intimité, le cerveau de quelqu’un d’autre cette fois, contrairement à ce que j’avais perçu avant. Une autre perception, une autre façon de penser. Je pouvais presque comprendre le dialogue intérieur de son esprit. Je me suis même vue moi. Et là, j’ai flippé !

C’était trop. J’ai voulu fuir. Je n’avais plus la sensation d’être moi. J’ai hurlé, crié tout ce que je pouvais pour qu’on me sorte de là mais il n’y avait plus d’impact. Ce sentiment de ne plus exister et de n’être plus que poussière. Une bande d’atomes dispersés dans le vide. Je me suis senti n’être plus rien. C’était comme… mourir.

Sans que je le décide. Je me suis retrouvée projetée dans la réalité. Du moins, c’est ce qui semblait l’être. J’avais perdu tout mes points de repères. La seule chose certaine c’est que j'ai recommencé appréhender le poids de mon propre corps, à sentir chaque muscles bouger et s’éveiller de cette transe. Physiquement, je revenais à moi. Mentalement, cela m’étais plus difficile, ma tête tournait violemment.

Dans un moment pareil, on oublie les bonnes manières et les jolis mots. Et franchement, entre moi et Garin, on avait déjà dépassé ce stade. Un millier de jurons parcourait le bout de ma langue, ce qui en soit était effectivement signe que j’étais de nouveau mon ancien moi. Le tour de mon poignet avait déjà pris une couleur rougeâtre ce qui donnait la promesse d’un magnifique hématome à venir. J’ai pesté encore plus, naturellement. Qui de nous avait le plus cherché ce qui venait de se produire, je n’aurais pas pu le dire. Ce que je sais c’est qu’on s’est mutuellement provoqués pour en arriver là. En un flash j’ai vu tout ce que je n’avais jamais vu avec quelqu’un d’autre. Pas même avec Logan. Curieusement, j’ai cru un instant l’avoir trahit. Il était à peine parti déjà, j’entrais dans le subconscient, la tête d’un inconnu. C’est vrai que niveau fidélité, il y a mieux. J’ai  réalisé qu’avec ses 3 ans d’absence à quel point résister serait difficile, mais j’ai immédiatement chassé ses pensées de mon esprit. Je n’avais même pas l’impression qu’elles provenaient de moi.

_ Putain !  C’était quoi ça.

En tout cas, c’était bien le plus grand trip de l’histoire que j’avais jamais connu. Je n’ai pas voulu me relever tout de suite car je n’en avais pas encore la force, tout était trop embrouillé.

['Peux plus >.<][/color]
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Garin DeLyons
Garin DeLyons
En entendant sa voix s'écrier, j'ai cru, un instant, que j'allais lui sauter dessus pour l'étrangler. Mais j'étais plus occupé à retrouver l'air pour respirer dans un premier temps. Ma gorge me brûlait tellement, j'avais l'impression que j'allais bien finir par vomir à force de tousser mais rien n'est venu. Quand j'ai senti que mon corps commençait à comprendre que le danger était écarté, j'ai tapé du poing sur le sol.

– Ca, c'était toi ne faisant pas ce que je te disais ! C'est une habitude chez toi de faire ce qu'on te dit de pas faire ?!

J'ai tourné les yeux vers elle avec une expression de reproche et plus de colère que je ne l'aurais voulu. J'avais peut-être cherché ce qui était arrivé mais j'avais dit non plusieurs fois, j'avais fait tout de même en sorte qu'elle ne me touche pas parce que je craignais ce qui allait arriver mais aussi parce que je ne voulais pas que qui que ce soit, autre que Liberation, sache à quel point j'étais soumis au pouvoir des autres. Depuis mon arrivée ici, j'avais toujours cherché à rester dans l'ombre et jusqu'à présent, j'avais plutôt réussi. Amber n'était pas de Liberation et quelque chose me disait qu'elle n'en avait pas le profil. De toute façon, ce n'était pas à moi d'en juger. J'ai reniflé en crispant les yeux et quand j'ai senti la brûlure au creux de mes mains disparaître, je me suis apaisé. Je me suis laissé tomber par terre et j'ai roulé sur le dos en portant mes paumes contre mon front le temps que le tournis me passe. J'avais fait un sacré voyage comme je n'en avais jamais fait un pareil. En repassant les images dans ma tête, elles commençaient déjà à s'effacer, comme à chaque fois.

J'ai laissé retomber mes mains de part et d'autre de moi en regardant le ciel. Mais le pouvoir de Amber avait une façon étrange de résonner avec le mien et ça, je ne m'y étais pas attendu. J'ai toujours cru que c'était un autre qui m'apportait ces visions mais et si c'était encore autre chose ? J'avais les yeux rougis à force d'avoir toussé, comme si j'avais pris toute la tempête de sable dans le visage et j'en avais même quelques larmes qui coulaient à cause de l'irritation. Ca me le faisait à chaque fois ou presque, comme une réaction allergique. Je me suis enfin redressé quand j'ai senti que les tremblements dans mes bras s'étaient arrêtés. J'ai récupéré la boîte pour Jericho qui était tombée par terre quand Amber m'avait touché et je m'en suis servi pour me rasseoir, une jambe relevée. Je me suis frotté l'arcade et j'ai frotté un oeil avant de regarder la paume de ma main. En reniflant, j'ai reporté mon attention sur elle, l'air peu aimable, un coude sur le genou. J'ai hoché la tête sur le côté avec un reproche dans le coin des lèvres.

– Contente ?

Deux visions dans la même journée ? J'étais exténué et ma patience inexistante. J'ai refermé les yeux et j'ai porté mes mains à ma tête alors que je relevais l'autre genou pour m'y accouder également. Je redoutais le moment où j'allais devoir me remettre debout avec ce mal de crâne qui commençait à monter.

– Qu'est-ce que tu as vu ?

J'ai marmonné dans ma barbe. Bien sûr qu'elle avait vu ou entendu quelque chose mais était-ce la même chose que moi ?
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Amber Trent
Amber Trent

Lorsque j’avais repris conscience, j’étais étalée de tout mon long, la moitié de mon visage dans le sable. Je m’étais mise à genoux, en train d’agripper le sol comme si cela allait empêcher ma tête de tourner. J’essayais de me redresser sur mes jambes, mais je n'en étais pas capable pour l’instant.

A sa question remplie de remords envers moi, j’ai secoué négativement la tête, mais cela à accentué les claquettes qui se jouaient à l’intérieur de mon crâne.

_ Non. Peut-être. J’en sais rien.

En y réfléchissant, à cause de mon impétuosité, ma notion de l’interdit était qu’il était fait pour être bravé. Je ne supportais pas l’idée d’être emprisonnée que cela soit physiquement ou socialement. J’ai toujours contre les mensonges, les remparts et prôné la liberté. Il faut croire que mes convictions déteignaient fortement sur mon comportement. Ou cela était-il l’inverse ?

_ J’ai suivi mon instinct. C’est tout.

Vacillante, j’ai tournée la tête et j’ai pu voir dans quel état Garin se trouvait. Cela était-il uniquement de ma faute ? Je me suis redressée tout en restant les genoux repliés dans le sable. Cela ne m’avait jamais dérangé de l’avoir à même la peau.

_ Je ne pensais pas que ça pouvait… t’affecter comme ça. Donc : non.

Alors que je lui parlais, sans vraiment y faire attention, je dessinais à même le sable du bout de l’index.

_ Je ne pouvais pas m’imaginer ce que j’ai vu non plus. C’était comme si je sentais tout mais que cela ne provenais pas de moi. Je sais que ça va sonner bizarre, vu que je ne te connais pas mais c’était comme si un court instant j’étais à ta place, à l’intérieur.

Et puis ce souvenir de vide, d’être à un stade de poussière, m’a parcouru l’échine. J’ai voulu l’évacuer de mon esprit mais je ne le pouvais pas.

_ L’empathie pure, au départ. Ta peur. Ta souffrance. Juste avant que cela se termine, il y a eu un flux d’éléments, d’images. C’était court et intense. Leurs sens m’échappent comparé aux émotions que j’ai pu ressentir. Maintenant, avec le contrecoup, tout parait simultané, un peu comme quand on se sort d’un rêve avant qu’il ne se brouille.

Je n’étais pas très bonne en dessin, mais du bout de mon doigt je formais des sortes d’arabesques. J’avais l’impression que cela m’aidait à me ressaisir mentalement et d’une certaine façon à me relaxer.



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Garin DeLyons
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– Ton instinct.

J'ai pouffé de rire en tournant la tête pour regarder ailleurs. Mon coeur battait toujours la chamade, je le sentais durement cogner contre ma poitrine, à croire qu'il voulait s'échapper. Je sentais le sang jouer au ping-pong dans mes tempes et ça me donnait le tournis mais ma respiration s'était enfin calmée et je me suis senti plus lucide alors. Cependant, cette fille me faisait bien rire. Une espèce de touche à tout qui allait sûrement avoir bien plus de questions qu'elle n'en avait esquissé quelques minutes à peine plus tôt. Mais mon rire, même jaune, n'a été que de courte durée. Je n'ai jamais supporté qu'on puisse me porter de la pitié, un regard critique sur ma façon de vivre ou d'être, mon passé et ce par quoi je suis passé pour en arriver là. Sa façon de se rendre compte qu'elle m'avait affecté m'a donné envie de vomir. Mais je n'ai pas relevé. Je me suis contenté d'un regard en biais, elle ne me connaissait pas et je ne savais rien d'elle - ce qui allait vite changer. La seule raison pour laquelle j'étais encore assis là, c'est que je doutais que mes jambes puissent fièrement me porter sans zigzaguer ou se dérober sous mon poids. Alors j'ai préféré attendre que mes jambes arrêtent de trembler comme deux tiges de blé. Mais cela impliquait mon regard peu aimable.

Personne n'est à ma place. Elle faisait une grosse erreur. J'avais ouvert les lèvres, une impulsion me poussant à le dire à voix haute mais elle a repris. Et cette fois, j'ai serré les dents en crispant la mâchoire. Pour la première fois, Amber n'était pas seulement une gêne, ou une écharde dans mon orteil. Cette fois, par ses dires, elle devenait une menace pour moi... Mais aussi pour le reste de Liberation. Elle pouvait voir ce dont je n'étais pas conscient. Elle pouvait voir ce qui se passait à l'intérieur de mes rêves. Outre le dégoût de la savoir se balader dans mes pensées les plus intimes, autour desquelles j'érigeais un puissant mur infranchissable, même pour ceux de Liberation, je ne comprenais pas comment c'était possible. J'avais un pouvoir élémentaire, c'était comme ça qu'on m'avait catégorisé. D'où provenaient ces rêves, personne n'avait su le dire. Mais c'était pour ça que j'avais suivi Amber dans le souk.

J'ai cligné des yeux en la regardant faire. Qu'est-ce qu'elle dessinait ? Plus je la dévisageais et plus je la détestais. Je ne voulais pas qu'elle sache qui j'étais. Je ne voulais plus qu'elle vienne à l'intérieur de ma tête, pour me parler de mes peurs et de mes souffrances, des images qu'elle avait vues ! Je ne voulais plus qu'elle me touche, ni qu'elle m'approche. Je ne voulais plus sentir son regard se poser sur moi parce qu'un jour, elle dirait comme tous "Pauvre petit Garin" et ma première pensée serait de la défigurer, même si je ne lèverais pas la main sur elle. Mais je n'en ai rien fait. Je suis resté là, pas loin d'elle, les coudes sur les genoux avec le vent qui essuyait les perles de sueur sur mon front auquel quelques unes de mes mèches collaient. Je ne me suis pas levé, je n'ai pas bougé, je l'ai juste... observée. Parce que quoi qu'il en soit... J'étais curieux.

– On s'en souvient rarement. Ou du moins, jamais complètement. Quand la réalité reprend ses droits, tout ce qu'il reste de ces... rêves, ce ne sont que des impressions, des images fixes. Quel est ton pouvoir ?
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Amber Trent
Amber Trent

Non, la pitié n’était pas ce qui me venait à l’esprit comme réaction. Je n’y ai même pas pensé à vrai dire parce que j’étais bien trop occupée à faire le tri sur mes propres émotions. Il faut dire, je passais à un stade d’empathie à un violent retour à moi même. Emettre une opinion claire, nette et précise m’était presque impossible. Alors j’essayais de faire le vide, de mettre à plat ce qui venait de se produire à mesure que je dessinais des courbes sur le sable. Je n’ai pas non plus porté beaucoup d’attention au regard noir que Garin me lançait, tout simplement car je n’avais pas la force de le fixer droit dans les yeux. Il me paraissait plus avisé de ne pas les croiser. Si je le faisais, tout ce que je venais de percevoir me reviendrait droit dans le visage comme une onde de choc.

Curieusement, vis à vis de ce qui s’était produit, j’avais une sorte d’insouciance. Je ne réalisais absolument pas la gravité de la situation, ni ce que cela pouvait enclencher. Au contraire, je relativisais, en me disant que cela allait bien se passer, que ce n’était rien. J’étais en dénis complet. Peut-être était-ce sans doute une façon de me protéger.

_Si on ne se souvient pas de nos rêves, je suppose qu’il doit y avoir une raison cosmique à tout cela.

J’ai ri doucement sur le mot « cosmique ». Avec tout ce remue-méninge je préférais me concentrer sur cet élément qui m’étais familier. Parfois, avec l’aide du soleil, il suffisait que je plonge mes doigts dans le sable pour me sentir comme rechargée. Les grains se polarisaient et commençaient tout juste à se mettre à flotter dans une valse lancinante quand il me posa sa question.

_ Mon pouvoir ? Je ne sais jamais trop comment le définir.

Avec de l’amplitude et de la souplesse, j’ai fait un mouvement circulaire de la main pour faire élever en l’air les sillons que j’avais creusé de l’index pour en faire un seul ruban de particules virevoltant. Puis j’ai ouvert ma paume pour recevoir les milliers de petits éclats à l’intérieur et créer un tas. Cette fois je l’ai regardé pour voir comment il réagissait.

_ Ce n’est que le début.

J’ai porté ma main ouverte proche de ma bouche pour être assez proche et souffler sur le tas. Les particules se sont re-organisées pour former une spirale aplatie, qui ressemblait à la Voie Lactée et qui tournait tranquillement, gracieusement. J’ai ouvert les doigts de ma main et cela a produit un effet de zoom, qui a agencé la poussière autrement pour représenter d’autres étoiles se trouvant à l’intérieur et ensuite notre système solaire. Le tas de sable condensé en une sphère qui correspondait au Soleil luisait pendant que les autres planètes tournoyaient autours. J’ai approché ma main de la troisième boule, la plus proche du Soleil pour la capturer.

_ Et voilà où on est.

Quand je l’ai ouverte et tendu le bras, toutes les particules ont formées un globe. Il tournait lui aussi, et les continents étaient signifié par des masses plus étincelantes et dorées.

_ Je l'appelle « Sculpture mentale » faute de mot plus poétique. Mais voilà ce que je peux faire. Entre autre...
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Garin DeLyons
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J'ai froncé les sourcils en la dévisageant après sa démonstration. Je n'étais même pas sûr de quoi en penser. Le seul point commun avec moi, c'était le sable. Et encore, ce n'était qu'une coïncidence. Le sable ne faisait pas partie de moi, il revenait juste fréquemment. Sans perdre mon expression concentrée, j'ai réfléchi à toute vitesse à la raison du pourquoi mon pouvoir résonnait tant avec le sien, repassant les dires des spécialistes et des chercheurs inlassablement dans ma tête. Un jour, ils m'ont dit que j'avais une mémoire carbone, du fait des diverses expressions de cet élément à travers mon corps. Selon eux, c'était un peu comme si j'étais composé de carbone sous toutes ses formes, plus que n'importe quel autre être vivant. Je me suis toujours demandé si ça ne me rendait pas radioactif cette histoire. En parlant d'histoires !

Toujours dans mes pensées, je me suis gratté la tempe. Réfléchir aussi intensément a en tout cas aidé ma respiration à se stabiliser. Mais si j'en comprenais le sens, Amber pouvait recréer ce que je voyais ? Et donc donner une image visible à mes souvenirs, ces... visions. Et avec ça, qui sait, je pourrais obtenir un portrait robot, quelque chose de plus approchant. Je ne sais pas dessiner, uniquement écrire et ça ne suffit pas pour retrouver cette fille qui revient souvent. Si je pouvais avoir un portrait, peut-être que je pourrais faire des recherches et la trouver !

J'ai dégluti. Retenter l'expérience là, tout de suite, maintenant, c'était hors de question. Voilà un moment que je n'avais plus rien dit, figé sur ce qu'elle montrait. Les rouages dans ma cervelle devaient s'entendre à des kilomètres !

– Je vois.

J'ai acquiescé doucement avant de relever les yeux sur elle.

– Si ça marche bien comme je le pense, je te demanderais de ne plus me toucher... Jamais. Je n'aime pas beaucoup savoir qu'on peut aisément farfouiller dans ma tête.

J'ai repris la boîte pour Jericho et je me suis levé en m'aidant d'une main au sol. J'ai regardé le ciel en clignant des paupières. Le soleil était bien là, bien chaud et il me tournait quelque peu la tête. J'ai baissé la tête vers Amber.

– Et je suis sérieux alors range ton instinct dans ta poche, tu veux ? Quand quelqu'un te dit non, c'est qu'il y a sûrement une raison.
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Amber Trent
Amber Trent

_ Bien.

J’en avais fait bien assez pour une journée, mais même si je sentais que notre altercation touchait à sa fin, ce ne serait pas la dernière fois que je le reverrai.

_ Si cela peut être rassurant, je n’ai rien appris de tes secrets les plus enfouis. J’ai sentis ce que tu m’as laissé percevoir. Ce n’était que des émotions, pas des informations.

J’ai baissé la tête, pour me mordre la lèvre inférieure… Je ne me suis pas relevée pour autant.

_ Au fait, je m’appelle Amber. Si je peux faire quoique ce soit pour m’excuser… Demande moi. Me trouver dans Le Sanctuaire, avec ce que tu sais, c’est plutôt facile. Je pense que tu sauras remonter ma piste.

Amber, Positive Elémentaire qui manipule le sable, rien qu’avec ça il pouvait remonter loin. Quelque chose en moi avait envie de le revoir. Tout autours de lui cela clignotait « danger», « DANGER ! ». Je voulais continuer à explorer les possibilités que cela ouvraient. Mais il fallait que je me rende à l’évidence qu’il n’en avait pas autant envie que moi. Est-ce que je pouvais le blâmer ? Non.
J’ai posé ma main sur mon front pour me protéger du soleil.

_ File, je t’ai assez torturé comme ça.

C’était ma façon de dire « Aurevoir, à la prochaine ».

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[CLOS] [Amber/Garin] Mister Sandman, bring me a dream...
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