[CLOSED] [Skye/Maybel] Sh... Sh... Shopping ?

Cet après-midi était le bon moment pour 'tirer de la vieille bourgeoise'. Dans un vieux jeans, des grosses chaussures noires type rangers féminines, et un débardeur gris terne sous un blouson moltonné, Skylar faisait tâche, dans ce drôle d'univers. Elle ne pouvait pas entrer dans une boutique sans se faire regarder de travers, genre 'fichée d'office'. C'était pénible. En flânant dans les ruelles, elle se surprit à regarder les affiches d'appartement à vendre et à louer, rêveuse, en se disant que Dean serait heureux dans celui-ci, ou celui-là. Les prix, eux en revanche, lui cassaient tout envie de rêve. Fatiguée de marcher, elle s'installa à la terrasse d'un café/point de restauration, et commanda un soda hyper sucré, en se demandant comment égayer cette triste existence...

[Y avait marqué libre alors je m'incruste hein ! ]

Maybel sortait du boulot. La journée avait été bien suffisante pour elle, engoncée dans son tailleur bon marché qui la serrait bien trop à son goût. Etre secrétaire dans une grosse multinationale n'était pas tout à fait le genre de boulot qui se mariait bien avec un jeans et une paire de baskets. Elle subissait donc les chaussures qui lui tordaient les pieds en marchant rapidement. Lorsque la fine bruine qui s'était mise à tomber depuis peu se transforma en déluge, la jeune femme se précipita vers la porte la plus proche et s'engouffra dans le café en s'ébrouant. Elle détestait la pluie.

Elle se retourna donc en direction du comptoir et s'approcha pour commander un chocolat bien chaud sans remarquer Skye non loin d'elle.

Clic Clac Clic Clac Clic Clac.

Bon sang que ce bruit l'agaçait au plus haut point. Skylar serra les dents, celles-ci commençaient à grincer. Ca semblait la femelle haut de gamme. Ca sentait le portefeuille bien garni. Mais surtout, ça sentait la vengeance. La jeune fille avait tout un tas de phobies auditives : en dehors des talons, il y avait le cliquetis d'un stylo-bille sur lequel on s'acharnait, le frottement des essuies-glaces qui fonctionnaient par temps de pluie, et l'indémodable "sluuurps" de la soupe que l'on avalait.

Elle daigna lever les yeux du comptoir pour les poser sur la cause de ce bruit agaçant.

*Oh c'est pas vrai !*

La jeune poule de Noah ! Si elle lui tirait son blé, elle allait presque s'en vouloir.

L'employé du café déposa devant Maybel une tasse bien garnie et lui annonça le montant. C'était vraiment pas donné. Elle fouilla dans son sac pour mettre la main sur de la petite monnaie et lui tendit dans une grimace. Skye pouvait bien essayer de la détrousser, elle n'avait même plus de quoi se payer le taxi jusqu'à la Ville Basse.

"Merci bien"

Elle s'empara du gobelet en carton recouvert d'un couvercle à bec et le porta à ses lèvres pour en boire une rasade, se retournant face à Skye qu'elle reconnut enfin.

"Oh ! Bonjour"

Difficile de l'ignorer, elle était juste devant son nez.

Skylar avait l'air d'un bouledogue comateux qu'on venait de réveiller, autrement dit, pas franchement avenant. Bonjour ? BonJOUR ? De toute façon elle aurait pu lui dire "merde" que ça l'aurait gonflé tout autant.

" 'Lu." répondit-elle brièvement en détournant le regard, avant d'avaler un peu de son soda.

"T'as rendez vous avec le Doc ?"

Elle retint de grincer des dents devant le manque d'enthousiasme de la "petite soeur" de son cher et tendre et se força à sourire poliment.

"Non non je travaille par ici en fait"

Lorsqu'elle voyait Noah, elle portait rarement ce genre de tenue. C'était plus une corvée qu'un plaisir à vrai dire.

"Et toi, qu'est ce que tu fais dans le coin ?"

Elle sourit, amusée d'avance par sa réponse.

"Idem. Business."

Puis elle arqua un sourcil en tournant légèrement la tête vers son interlocutrice.

"Mince, tu as le temps d'avoir un vrai job ? On m'a parlé de cette idée de plantations de carottes dans les égouts, côté Résistance. Ca doit déjà te prendre touuuut ton temps, j'sais pas comment tu fais, vraiment..."

Elle ? Ironique ? TROP PAS !

La pique n'était pas finaude. Elle lui répondit donc sur le même ton avec un sourire égal.

"ça me prend autant de temps que toi d'être militaire à Salvation. Heureusement qu'on sait s'organiser, sinon je sais pas comment on s'en sortirait"

Elle secoua la tête et but une gorgée de son chocolat. Pour qui elle se prenait celle-là? L'amabilité devait être en option sur ce genre d'engin.

"Fais-moi penser à te mettre des carottes de côté quand ce sera terminé. C'est d'intérêt public ce genre de projet tu sais"

*Et puis en plus ça rend aimable. ça rendra service à la population*

Elle haussa une épaule.

"Et ça fait bosser les oisifs. Je suis pas toute seule sur le coup"

(Ze recommence !)

"Ouaaaais !"

Elle éclaboussa le comptoir de sodas en retirant brutalement sa paille.

"C'est vrai que vous étiez contents de nous avoir la dernière fois, hein ? Pour vous sauver le gras des miches. Oh mais rassure toi, ton leader a été d'un courage exemplaire, il a... comment ? Pressé le pas vers la sortie, on va dire."

Elle lui adressa un clin d'oeil vicieux en levant le nez.

"Sans façon. Si y a pas de gras, de nerfs ou de sang, j'mange pas, c'est contre nature. Sérieusement, tu m'as pris pour un lapin ou quoi ?"

Amis de la poésie, bonsoir.

"Mais garde-les pour Noah, c'est tellement miiiiignon. J'le vois bien ouvrir son petit tupperware à carottes préparé par sa femme, à sa pause déjeuner. Tu vois le genre ? Entre un avortement et une appendicectomie, faut reprendre des forces !"

Oui parce que le coup des nerfs et du sang, ça suffisait pas !

[Mais quelle saloooope :LOL: ]

Grimacer lui aurait fait bien trop plaisir. Elle se contenta donc de s'accouder au bar, une main sur son chocolat, l'autre jouant avec le soda qu'elle venait d'éclabousser sur la surface.

"C'est vrai qu'il y a des attaques de l'Underground tous les quatre matins histoire de vous maintenir en forme. Heureusement que vous êtes là, je me demande comment on survivrait sans vous. Et les morts aussi doivent se le demander d'ailleurs, tiens"

Elle renifla en se redressant, lui souriant de nouveau en buvant une nouvelle gorgée.

"Je peux te cultiver des patates si tu veux. Les frites bien grasses ça se marie bien avec la côte de boeuf"

Elle sourit de nouveau largement.

"Quand il y a un tupperware pour un, il y en a pour deux !"

( )

Oh mauvaise idée. Oh très mauvaise idée. Elle s'appuya sur les coudes sur le comptoir pour se pencher en avant, avançant son visage vers Maybel en quittant les normes de la distance de politesse à adopter.

"Tu serai pas en train d'insinuer que les morts de la dernière fois sont de notre faute, quand même ?"

Non, elle n'oserait pas. Pas si elle tenait à ses dents, tout du moins. Elle leva la main en se redressant.

"Te donne pas tant de mal va. Je les préfère chimiques et touchées par n'importe qui, mes frites."

Elle plissa les yeux sans reculer la tête, soutenant son regard sans ciller.

"Bien sûr que non, ce qui s'est passé c'est la faute de ceux qui l'ont ordonné et de personne d'autre. Tout le monde a fait ce qu'il a pu pour sauver sa peau et celle des autres. ça a plus ou moins bien marché c'est tout."

Elle but une nouvelle gorgée de chocolat sans s'éloigner pour autant.

"Chacun voit midi à sa porte comme on dit"

"Chacun voit quoi ? A ma porte, y a un blouson et une écharpe..."

Elle secoua la tête.

"C'est de la faute de personne, d'accord ? Dean s'en veut parce qu'il dit que c'est de la sienne, Reese fait pareil, conneries ! Dans une guerre, y a des morts des deux côtés, c'est comme ça. J'pourrais être très méchante en disant que c'est de la faute des branleurs de Résistance même pas foutus de charger une arme tout seul, maaaaais... je suis dans un bon jour."

*J'ai presque pas envie de t'exploser la tronche, d'ailleurs.*

Presque pas.

Elle lui répondit aussi froidement que possible. Cette fille était puante, comment Noah pouvait autant l'aimer ?

"ça veut dire que chaque personne est différente et réagit différemment selon sa conscience. C'est complètement con de parler de "Résistance", de "Salvation" ou de "Slider" comme s'il s'agissait de 3 personnes. Dans chaque quartier y a des féniants, des cons et des gens qui valent le coup."

*Et je ne te classerais pas dans la troisième catégorie, madame-3-neurones-et-un-flingue*

"Noah est de Résistance et il a sauvé la vie d'un tas de personnes ce jour-là, ton mari compris"

Son gobelet vide, elle l'envoyage directement dans la poubelle non loin d'un petit jet.

"Oh ouaiiis..."

Elle sourit en se tournant face à elle.

"Noah arrête pas de le clamer. Figure toi qu'il a eu le malheur de le dire face à Dean, qui l'a plaqué au mur. Tu remercieras Reese d'ailleurs, à trente secondes près, il avait plus de dents."

Elle leva l'index.

"Donc je vais t'expliquer le fin mot de l'histoire. Noah ne connaissait pas Dean, et ne l'aimait pas beaucoup à vrai dire. Tu sais pourquoi il l'a soigné... ? Pour Maddie. Je crois que tu connais Maddie, non ? Bref. C'est pour elle qu'il la fait. Et uniquement pour elle. Et tant que j'y suis, autant te démystifier le truc : Noah n'est pas magicien. Il a un pouvoir super cool, mais ça n'empêche pas les gens de mourir. Il ne peut pas soigner tout le monde. Donc avant que tu passes un t-shirt "I love NOAH mon Héros" je préfère te prévenir."

...

"Groupie."

Et elle d'enchaîner.

"Et alors ? Il l'a fait non ? Faut toujours une raison de toutes façons. Et il y a eu beaucoup d'autres personnes qui n'avaient rien à voir avec lui, avec toi, Maddie, le Pape ou le cul de Lulu à qui il a évité de finir très très mal. Et Amber, et Maze. T'as pu être partout à la fois pour voir ce qui s'est passé exactement et qui a fait quoi pendant l'attaque ? Moi j'étais là. J'ai peut-être pas vu les exploits de tes potes militaires mais j'ai vu Maze qui portait des blessés vers la sortie pour leur éviter de finir raides sous les gravats, et Amber réduire en cendres des détachements de cyborgs."

Elle inspira.

"Alors on peut-être pas tous tes méthodes, mais faut arrêter de dire que ceux qui sont différents sont des branleurs."

*ça te fait juste passer pour une grosse crétine qui a pas deux doigts de jugeotte*

Elle la toisa.

"Et je ne suis pas une groupie"

"Heureusement qu'il l'a fait tiens ! Mais je suis pas en train de me plaindre ma belle, c'est toi qui a commencé à insinuer que nous étions des branleurs. Je t'ai... comment dire, renvoyé la balle ? Faut que tu saches, si tu continues par contre, c'est pas une balle que tu vas te prendre, c'est mon poing oui. Et je sais que Noah craque pour ton visage de jeune collégienne sans culotte sous sa jupe, donc, ça m'embêterait d'avoir à t'amocher."

"C'est censé me faire peur ce genre de remarque ou c'est juste que tu peux pas t'en empêcher ?"

Un peu plus et elle se serait regardé les ongles. Pas qu'elle soit d'un courage à tout épreuve, si elle pouvait éviter de souffrir inutilement elle préférait tout autant mais cette fille n'aurait pas le dessus c'était une question d'honneur.

"Ecoutes, je n'ai pas envie de jouer à "c'est toi qui a commencé". J'ai peut-être la tête d'une Collégienne mais j'ai dépassé ce stade, faut pas se fier aux apparences. Alors je sais pas quand t'as décidé que ma tête ne te revenait pas vu qu'on se connaît pas m'enfin c'est vachement fin comme comportement."

Elle soupira et secoua la tête, comme si tout cela n'était qu'une perte de temps.

"Laisse tomber allez. De toutes façons t'es pas capable d'être objective"

Elle frappa une fois du plat de la main sur le comptoir avec un dernier sourire.

"Au plaisir !"

Et elle s'éloigna un peu pour commander une pâtisserie.

"Ah non ? Alors reconnais tes torts, la merdeuse."

Pourquoi est ce que sa tête ne lui revenait pas ? Parce qu'elle faisait vraiment très jeune. Qu'elle était avec son frère, de onze ans son aîné et qu'il était clair et net qu'ils étaient physiquement très mal assortis, et surtout, qu'elle aimait trop Maddie.
Et compte tenu de ce qu'elle avait fait de sa vie depuis ses 16ans, ce n'était pas des ongles manucurés qui allaient la mettre K.O. Elle lui attrapa le bras à la volée pour la forcer à se retourner.

"Premièrement..."

Elle glissa du tabouret pour lui faire face.

"Tu ne me connais pas. Deuxièmement..."

Elle avança son visage si proche de celui de Maybel qu'on aurait dit qu'elle allait l'embrasser.

"Tu ne me connais pas."

En penchant la tête sur le côté.

"Je serai toi, j'éviterai de trop m'adresser la parole. Parce que si tu veux que ça se règle derrière le café, y a aucun problème de mon côté."

Elle dégagea son bras d'un mouvement brusque en se retenant de faire quelque chose qui n'était pas correct.

*C'estlasoeurdenoahc'estlasoeurdenoahc'estlasoeurdenoah...*

Elle inspira, le visage plus blême qu'avant.

"Et quels torts hein ? Non mais vas-y ! Dis ce que tu penses ! Le fait que je t'ai contredit ou le fait que je sois avec Noah?"

Elle serra les dents.

"Ouais, TU as commencé en disant que Maze s'était barré comme un trouillard vers la sortie pendant que VOUS sauviez les fesses de tout le monde. Et ensuite TU as poursuivi en laissant entendre que s'il y avait eu autant de mort c'est parce qu'à Résistance ils avaient pas été capable de se battre correctement. ça c'est pour le sujet de départ."

Elle plissa les yeux.

"Ensuite ce qui se passe entre Noah et moi ça ne regarde que Noah et moi. ça ne te regarde pas, ça ne regarde pas l'Underground ou Maddie ou qui que ce soit. Alors lâche-moi la grappe avec tes insinuations minables sur mon âge, mon potager ou ma petite culotte."

"Oh pitié, mais enfin, ouvre les yeux, regarde toi ! T'as vu ta gueule de none ? Ta dégaine ? Y a vraiment que toi pour pas réaliser, hein ? T'es un jouet, un passe-temps ! Tu crois que ça dure toute la vie ou quoi ? Sors de ton conte de fées, c'est plus comme ça depuis très longtemps ! Tu crois vraiment qu'il peut passer d'une femme comme Maddison à une jeune vierge aux joues roses et qu'il est question d'amouuuur ?"

Elle secoua la tête en la dépassant, un bon coup d'épaules dans la sienne au passage.

"T'es trop niaise, ma pauvre fille."

( Pawdon ! :twisted: )

Elle était tellement interloquée qu'elle mit un instant pour retrouver sa répartie. Pourtant elle ne se laissa pas démonter. il lui fallut un certain effort pour ne pas lui sauter à la gorge.

"Je déteste me répéter alors ouvre bien tes oreilles parce que c'est la dernière fois que je le dis. Tout ça, ça ne te regarde pas ! Tu ne me connais pas, tu ne sais pas ce que je pense ou ce que j'attends alors arrête de te raconter des histoires. Tu ne peux pas me sacquer et tu préfères Maddie ? Grand bien t'en fasse ! Je n'ai rien contre Maddie, je trouve au contraire que c'est une femme exceptionnelle. Mais mon histoire avec Noah, c'est MON histoire avec Noah. Tout ce que je sais c'est qu'ils ont rompu et qu'à présent c'est avec moi qu'il est. Le reste je m'en contrefiche"

Elle prit la patisserie que lui tendait le vendeur qui avait l'air de ne pas en rater une miette.

"Alors va faire mumuse avec tes flingues et lâche-moi la grappe espèce de sociopathe"

Elle croisa les bras, elle secouant la tête.

"Tu te goures. C'est pas uniquement à cause de Noah que je peux pas te saquer. Déjà, Maddie m'a raconté toute l'histoire, y a pas de quoi en être fière, vraiment. J'aurai adoré être là au moment où elle vous a trouvé, mais je crois que j'étais trop occupée à essayer de vous dire de vous taire quand vous parasitiez le mariage avec vos galipettes. Ensuite, y a le coup du jardin à Résistance, déjà que j'avais pas une bien bonne image de vous, c'est fou ça, t'as réussi à en remettre une couche. C'est un quartier qui porte très mal son nom. Ensuite, c'est aussi physique, avouons-le. J'aime pas les filles trop propres, trop bien coiffées, trop bien habillées, ça me fout la gerbe, et ça me donne envie de mettre la pagaille là dedans. Que Noah t'aie dépucelé, ça le regarde. Jte mettrais bien en garde en te disant que tu vas finir par souffrir mais... Tu l'as dit, ça me regarde pas. Ni moi, ni les 99% de la population autour de moi, autant ceux de l'Underground que ceux qui clignent des yeux en vous regardant vous tenir la main dans la rue en trouvant ça vraiment choquant. On se contentera de sourire bêtement après, avec un regard qui dira "Fallait t y attendre, ça se sentait gros comme une maison et t'étais la seule à pas t'en rendre compte." On va te laisser profiter de ton moment de bonheur dans ton conte de fées tout rose, en attendant. profite-en bien, c'est pas dit que la chute te tue pas au passage."

Elle se retourna pour faire face à la sortie en levant la main, et grand le sourire - même si elle ne pouvait pas le voir.

"Passe une bonne journée, Sucre-d'Orge !"

(nonononjenaiabsolumentpaszappéderépondreaheum.)

[Nooooooooooon pas du touuuuuuut ! ]


Elle secoua la tête d'un air affligé, la regardant s'éloigner en parlant assez fort pour se faire entendre.

"Si tu n'es pas capable de voir plus loin que le bout de ton nez c'est dommage mais je viendrai pas pleurer sur ton cas. Tout comme toi je présume, je me demandes juste ce que Noah peut te trouver de tellement formidable pour t'aimer comme une soeur. Tu es vulgaire, désagréable, agressive et tellement obtue que ça en est affligeant. J'adore recevoir des leçons d'une fille de mon âge qui s'est mariée bourrée comme un coin avec un homme de 8 ans plus vieux qu'elle. C'est vraiment pathétique. Franchement tu ferais mieux de ne pas trop la ramener. Qu'est ce que ça t'aurais coûté de prendre un peu sur toi et d'attendre plus de 5 minutes avant de me juger ?"

Elle se rapprocha d'elle en parlant plus fort.

"Je porte des fringues qui n'ont pas l'air de sortir d'une poubelle et je m'emmerde avec des talons hauts ? Quel crime ! Je bosse dans un bureau ! Tu crois que ça m'amuse peut-être de me trimballer comme ça, boudinée là-dedans ? Ensuite OUI, oui je bosse sur des jardins, un truc dans lequel y aurai ni morts, ni écoulement d'égoûts, dans lequel on pourrait se promener et peut-être cultiver des choses plutôt que de se ruiner à acheter à manger à des vendeurs qui se font un bénéfice indécent sur le kilo de salade. Oui parce que si toi tu n'aimes que la viande, si tu te contentes de frites grasses et de sandwitch, tu n'es pas toute seule à l'Underground. Y a des familles, des enfants, des gens qui ont besoin de manger varié pour être en bonne santé et qui n'ont pas forcément les moyens de se ruiner en fruits et légumes."

Elle leva les mains au ciel.

"Mais ça, ça n'a pas d'importance pour toi ! Tout ce que tu vois c'est que c'est débile et gniangnian, que c'est inutile, que c'est trop "sucre d'Orge" ! T'as déjà vu les comptes de l'Underground ? Combien ça coûte de remplir le frigo pour que tout le monde puisse manger à sa faim ? J’aimerais bien ne pas avoir à m’emmerder à venir ici tous les jours servir du café et aller me promener dans les parcs municipaux quand je sais pas quoi foutre de ma peau. Mais tu vois, j’ai pas envie d’être juste une grosse profiteuse. Mais tu sais, si tout ça, ça te dépasse, t’as juste à te la fermer ! Mais arrête de dénigrer tout ce qui est différent de toi "

Elle leva un doigt.

" Oh ! Et pour cette histoire de Maddie, je tenais tout de même à le préciser une fois encore. Je ne lui ai pas volé Noah, je n’ai rien fait de répréhensible. Ils ont rompu, ils ont choisi de se séparer comme deux adultes consentants. Je n’ai rien à voir dans cette décision. Alors je suis désolée que ce soit tombé sur l’ex de Maddison DeLuca et pas sur le frère du cousin de machin à Sliders, je suis désolée qu’elle l’ait appris comme ça et que ça l’ait attristé mais les années collège sont terminées. Et elle s’est plutôt bien remise de sa rupture je trouve. Alors il faudrait que tout le monde arrête de vivre sous prétexte qu’avec Noah ça a pas fonctionné ? "

Elle haussa les épaules.

«"Tu vois, je trouve ça dommage. Parce que t’aurais pu juste essayer de me connaître avant de sortir ta technique de garce. C’est vraiment con, j’avais rien contre toi. J’étais même plutôt pressée de faire ta connaissance. C’est con pour toi parce que je suis pas prête de disparaitre du paysage quoi que tu en penses. Alors je te conseille d’aller acheter des sacs poubelles pour vomir à chaque fois que tu nous croiseras ensemble. Ce que tu peux penser je m’en gratte "

Et elle serra les dents en détournant les yeux pour reprendre la dégustation de sa pâtisserie avec un poil d’amertume.

Elle se figea net en se retournant. Elle braillait, et presque tout le café avait les yeux braqués sur elles, comme pour ne pas en perdre une miette, en sachant ce qui allait se passer. Elle fondit sur elle, comme au ralenti, avant de l'attraper au col pour la plaquer contre le mur en la décollant du sol. A sa tête, on aurait dit qu'elle allait la dévorer en trois coups de canines.

"Peut-être que tu ne le connais pas assez. Peut-être que ça te rend malade qu'il m'aime comme sa petite soeur alors que je ne corresponds pas à tes critères de sélections. Quant à l'Underground, c'est pas une putain de colonie de vacances. On est pas là pour faire du social, on est là parce qu'il y a une mission derrière tout ça, on va pas passer notre existence à se contenter de faire notre petit chemin en priant pour qu'ils ne sortent pas les cyborgs et qu'on ait pas a dépoussiérer les M16. Quant au fric, tu te doutes bien que si j'en avais, il finirait dans la caisse de MON quartier ! Les vrais parasites, c'est pas forcément ceux qui bossent pas. Ce sont ceux qui viennent squatter les lits et les gamelles, et qui sont pas foutus de tenir une arme quand la bataille commence ! Ceux qui sont là parce qu'ils ont pas d'autres endroits pour vivre ! Tu crois que c'est une résidence pour SDF ? Les gamins qui sont là, c'est pas mon foutu problème, qu'ils se trouvent un abris ou un pont, j'en ai rien à carrer ! Leurs mères ? C'est elles qui faudraient mettre en première ligne ! Celles qui sont mariées aux militaires, c'est différent, elles les suivent, les autres ne sont que des pique-assiette ! PERSONNE ne t'empêche de prendre tes cliques et tes claques et d'aller t'installer avec Noah, ça fera une bouche de moins à nourrir, ne viens faire la morale quand tu as les moyens d'aller ailleurs."

Elle la re-hissa pour la cogner de nouveau contre le mur, comme si son bras perdait en force lentement.

"Quant à l'état des caisses, je le connais, je te rappelle que c'est mon homme qui les gère ! Pourquoi tu crois qu'on s'est mariés dans un endroit au rabais et qu'on fout pas le camp pour s'installer à New-York-City ? Retourne donc jouer à la poupée avec Noah pendant qu'on daigne passer à l'acte. De toute façon entre l'hôpital et toi, je sais pas quand il trouvera le temps de nous accompagner au front. Va vivre ton semblant de vie normale, avec ton boulot normal, ton potager sur le balcon de votre appartement et ton landau pour gamin fabriqué main en pin d'Alaska, parce que pour le reste, tu sers à r..."

Le patron des lieux devait avoir été alerté, car il était arrivé avec un gorille pour les dégager.

"Ca suffit les barbies, on continue la bagarre dehors, allez, foutez-moi le camp."

Skylar ne décolla pas ses yeux meurtriers du regard de Maybel. Elle la reposa au sol pour finir sa course vers la sortie, et quitta les lieux en claquant la porte si forte qu'elle finit par se réouvrir.

Elle avait la respiration courte et avait accusé les accoups en plissant les yeux. La seconde fois était de trop, elle lui renvoya une décharge douloureuse juste assez forte pour la surprendre. Maybel n'était pas un sucre d'orge, ni une poupée de porcelaine. Avant son départ elle réussit tout de même à articuler :

"Il faudra bien que la guerre s'arrête un jour. La guerre s'arrête toujours un jour."

Mais Skye s'éloignait déjà, en furie, la plantant là contre le mur du café. Elle remua l'épaule gauche un peu endolorie, serra les dents et sortit à son tour avec une boule dans la gorge.