[CLOSED] [Edward/Maddie] Le Périphérique 2

[Faut recombler les trous]

Quand on va au travail à une heure pareille, aux environs de 18 19h et qu'on prend le périphérique, même en moto, on finit à attendre et à couper le moteur. Maddie soupira, sa moto entre les jambes et les pieds au sol. Toute de cuir vêtue avec une queue de cheval, elle attendait que la file se libère, s'envoler entre les voitures pour gagner du temps ne servirait strictement à rien. Portant son regard sur la droite, elle revit les hauteurs des immeubles qui l'avait conduite à l'hôpital quelques années plus tard et elle soupira d'autant plus. Cette affaire, comme toute celles liées à Rain, n'avaient jamais été résolues. D'ailleurs, il se cachait bien. Tout comme elle, d'ailleurs. Elle avait pris du gallon depuis leur première rencontre et elle espérait que cet uluberlu n'était pas allé s'imaginer des choses avec la presse qui sortait.

Avec ses pieds, elle roula lentement entre les voitures sans regarder par les fenêtres. Pour la majorité des gens de la Ville Haute, ils ne l'intéressaient aucunement. Et elle s'ennuyait. Ferme. Elle prendrait la prochaine sortie, tant pis si la route se ferait plus longue !

[Faisons de la maçonnerie alors, comblons les trous.]

Une portière s'ouvrit dans l'allée qu'empruntait Maddie et un homme en sortit.

- Monsieur, ce n'est pas sérieux ! Monsieur, revenez !

- Tout ira bien, je connais le coin, rentrez directement à la maison. Je serais là-bas bien avant vous.

Edward claqua la portière, valise en main et commença à slalomer entre les voitures à pied, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde de marcher sur un périphérique en heure de pointe.
La prochaine sortie était à un kilomètre de là, il le savait bien... il connaissait le quartier. Il se mit donc à marcher lentement entre les voitures, la tête ailleurs.

Quand vous vous ennuyez à mourir et que votre baladeur de musique est en panne, la moindre distraction en route est bonne à prendre. Alors quand elle entendit crier dans son dos, elle se retourna. Elle souleva ses lunettes de soleil et haussa un sourcil. Edward King, tiens donc ! Un sourire perla sur le coin de sa bouche alors qu'elle laissait ses lunettes retomber. Elle se pencha en avant pour faire redémarrer sa bécane puis elle se tourna assez, regardant l'homme par dessus ses lunettes.

_ Salut, Bogoss. Tu sais que le Périphérique est interdit aux piétons ?

Elle était elle-même piéton depuis des heures avec une moto entre les jambes.... Mais est-ce que ça comptait, au final ? Elle pouvait se permettre d'être familière avec Edward. Ce n'était pas comme s'ils étaient les plus grands amis du monde. Pas vrai ?

Il avait la tête dans les nuages, passait entre les voitures, sa valise dans la main.
Quand il entendit une voix non loin de lui et un vrombissement de moteur, il tourna la tête par dessus son épaule et fut agréablement surpris de reconnaitre Maddie.
Un léger sourire se dessina sur son visage tandis qu'il ralentissait histoire de la laisser le rattraper.

- Disons que braver les interdits pour gagner des heures sur un supplice plus que certain est autorisé à mon gout. Non, n'ai-je pas raison ?

Il détailla Maddie un instant. Elle n'avait pas spécialement changé depuis la dernière fois.
A dire vrai, même la moto était la même.
Cette observation lui tira même un nouveau sourire.

Elle avança lentement jusqu'à lui, évitant tous les rétroviseurs puis elle s'arrêta à son niveau en enlevant ses lunettes de soleil.

_ Si tu promets de faire péter les amandes, je t'embarque et je te sors de cet enfer. 1h que je suis dedans. Je cuis si tu vois ce que je veux dire !

Elle fit du vent dans le col de son débardeur. Non, sa moto n'avait pas changé. Mais elle, si.

_ Où est-ce que tu vas, au fait ? Je peux te déposer, si tu veux, en moto ça va vite une fois sortis du périphérique. En plus, ce soir, c'est juste effrayant. Je vais encore arriver en retard au boulot mais mon boss veut pas faire sauter mes dépassements de vitesse, alors...

Elle haussa les épaules dans une moue.

Edward haussa les épaules et fit signe vers Maddie.

- Je pense que c'est un bon deal. Si j'avais eu ma moto, je l'aurais fais moi-même. Mais j'accepte volontiers.

Il tira sur sa malette et se l'attacha en bandouillère.
Une fois assuré qu'elle était bien fixé, il prit place derrière Maddie.

- Où on va ? Pourquoi ne pas commencer par ton boulot justement. Si tu es déjà en retard, autant ne pas tenter le destin ! Commençons par là, oui.

Avec son ombre de sourire, il fit signe à Maddie de se lancer, carrant les genoux contre la carlingue de la moto pour éviter une avalanche de bleues et de hurlements à cause de chute de rétroviseurs.

Elle le regarda par dessus son épaule.

_ Comme tu voudras.

Elle remit ses lunettes de soleil. Le périphérique était bien haut dans la ville et elle avait le soleil, même couchant, dans la vue ce qui ne l'aidait pas. Si celui-ci ne la dérangeait pas tant que ça, la chaleur qu'il diffusait lui troublait la vue. Oui, son problème de chaleur n'avait pas changé, lui. Elle déambula dans les voitures pour réussir à se faufiler avant d'enclencher la première et filer droit jusqu'à la prochaine sortie.

Une fois dans la bretelle, elle accéléra à toutes berlingues jusqu'à arriver au feu où elle ralentit à contre coeur.

_ Où est-ce que tu vas, au fait, avec ta malette fétiche ? Tes gardes vont pas être frustrés que tu n'en fasses encore qu'à ta tête ?

Il haussa les épaules, inconscient du fait qu'elle ne le remarquerait surement même pas.
Il était dans ses pensées, le vent sur le visage le relaxait, il avait oublié ce détail.

- Il n'y avait que le chauffeur, je rentre tout juste d'Europe. C'est pour ça que j'en ai profité d'ailleurs. Si ils avaient été là, on aurait pas eu assez de place sur la moto.

Il donna un petit coup dans la mallette, l'esprit ailleurs.

- C'est des prototypes d'Alliage Organique. Je t'avais montré les ébauches une fois... il y a eu de grosses avancées depuis lors. Je rapporte ça dans nos laboratoires pour étude.

Elle acquiesça en fixant le feu et quand il passa au vert, elle releva une jambe.

_ Je me souviens, oui.

Elle fit repartir la moto mais même en ville, le trafic était très dense et elle soupira en s'arrêtant à un nouveau feu. Elle regarda alors autour d'elle pour voir un peu quelles rues elle pourrait prendre pour faire un raccourci et aller plus vite.

_ Ca me fait penser que j'aurais besoin de toi. Elvis a découvert des choses, on en a encore parlé à personne sauf aux concernés mais j'aurais besoin de ton aide pour étudier certains alliages.

Elle se retourna à nouveau pour le regarder par dessus son épaules, les sourcils froncés.

_ La KC fait aussi dans les cyborgs, non ?

Edward fit la moue.
La tournure de phrase ne lui plaisait guère.

- Cyborg... Cybernétique en général. Disons que ce que tu dis à des consonances... je ne sais pas.

Il baissa les bras le long de la moto et aquiesça.

- Enfin. Oui, on est versé dans le Cyborg. Pourquoi ? Elvis à joué à Frankenstein ?

_ La cybernétique, c'est très vague, moi je te parle d'un truc spécifique. Donc oui, je parle de cyborgs. Comme on en voit dans les rues. Non, Elvis n'a joué avec rien sauf avec le feu. Enfin, je voudrais que tu vois ça, si ça ne te dérange pas, on a pas de biologistes et même Elvis n'arrive pas à comprendre ce qu'il voit. J'ai une réunion avec les leaders de l'Underground dans pas très longtemps et je voudrais leur donner des infos correctes. Disons que plusieurs d'entres nous sont concernés.

Elle fit repartir la moto et quitta l'avenue pour prendre une ruelle.

_ Je prends un raccourci sinon on y sera jamais.

Edward nota mentalement tout ce que lui disait Maddie... et ce qu'elle ne lui disait pas également.
Il observa les rues un moment avant de reprendre la parole, profitant du fait que Maddie prévenait qu'elle allait prendre un raccourci.

- Il me faut I.V.I. Si c'est mécanique et technologique, il me faut I.V.I. Même Elvis ne ferait pas un meilleur assistant. Il a les connaissance, mais pas le reste. Dans mon laboratoire ?

Si elle avait bien réussi une chose.
C'était de piquer sa curiosité au vif.

_ Ces informations ne sortent pas de l'Underground. Elles ne sont même pas sorties des Sliders. Tu prendras Evan à la place d'IVI, je suis désolée mais ça, ça reste chez nous. C'est on histoire d'alliage qui vient de m'y faire penser ! De plus, on a pas besoin d'analyser des trucs ou quoi, c'est surtout que tu analyses les infos qu'on a reçues. Surtout, ne me demande pas comment, ça te plairait pas.

Elle prit un virage un peu sec avant de ralentir pour laisser passer une mamie dans un sourire.

_ Elvis ne possède pas que des connaissances. Mais ça, ça lui échappe. Est-ce que tu sais au moins qui est vraiment Elvis ? Des fois, je me poses la question, tu sais ?

- Moins je me pose de question. Mieux sont les choses. Pour vous, comme pour moi... Tu ne sais pas la moitié des choses qui se passent à Ongha. Et c'est tout aussi bien si je ne me pose pas de question sur vos activités.

Le fait de ne pas avoir I.V.I le dérangeait au plus haut point.
Mais il ne tergiversa plus longtemps sur le sujet.
Il se contenta de se laisser porter, l'esprit ailleurs.

- Je ne vois pas pourquoi cette histoire d'Alliage t'y à fait penser. Ivy et moi venons de le terminer... il n'a pas pû être répliqué et ne le sera jamais.

_ Non, le fait que tu en parles m'a fait penser à ça mais ça veut pas dire que c'est lié. Je me suis rappelée que tu avais certaines connaissances qui pourraient nous aider. De plus, tu n'es jamais venu à l'Underground. C'est pas un lieu pourri de débauche, tu sais ? Tu vas pas te salir les mains, on est très propres !

Elle enclencha la vitesse supérieure pour passer les rues plus calmes jusqu'à retrouver un grand axe où elle s'aperçut qu'elle n'avait pas gagné tant de temps que ça.

- Comme si me salir les mains était le problème.

Il se laissa balloter de gauche à droite.

- Je pensais à voix haute, c'est tout... Quand veux-tu qu'on voit ça ?

Il avait des choses à faire. Certaines plus importantes que d'autres. Mais cette histoire le rendait curieux et la curiosité chez lui... était presque maladif.

_ Je veux être là quand tu passeras. Je peux venir te prendre après mon service demain matin. Ou alors, tu me laisses pioncer et tu passes demain dans l'après midi avant que je reparte bosser.

Elle s'arrêta devant un Starbucks de dernière génération avant de poser un pied à terre.

_ Je te dirais où me retrouver et je te ferais entrer, j'ai pas envie que tu te perdes.

- Oui, ça serait dommage ! Un pauvre fils de riche dans les bas-quartiers, je ne donnerai pas cher de ma peau.

Il pouffa de rire et enjamba la moto pour en descendre, fixant l'enseigne qui se trouvait devant eux.
Il avait déjà gouté leurs produits en Europe. Ils étaient plus que bon à ce moment là.

- J'attends le coup de signe alors. Je regarderai le ciel pour voir les nuages de fumée.

_ C'est surtout qu'il y a dix mille entrées et qu'à l'intérieur, c'est un vrai labyrinthe. Je ne faisais pas référence à ton brushing parfait, cher Edward !

Elle enjamba la moto avant de le regarder.

_ J'ai juste un truc à acheter, tu rentres chez toi là ou pas ? Parce que je peux peut-être te rapprocher.

Il continua de fixer l'enseigne une seconde avant de sursauter et de tourner la tête vers elle.

- Non, non, ça ira. J'irais en courant à partir d'ici, ça me fera les jambes.

Il était beau le jogger en costume trois pièces tout droit venu d'Europe.

- Passe une bonne journée. Content de t'avoir croisé.

Il s'inclina légèrement vers elle et - tout en tenant sa mallette - se mit à partir au petit trop dans la direction de la ville haute.