[Lexy/Angie] Heal y a de l'espoir

AOÛT 76

SMS - Lexy arrive et mon contact s'occupe du reste. Alerte-moi si ce type continue d'insister, d'accord ?

Sauf que Lexy n'est pas venue le soir-même. Je n'ai pas non plus été mis au courant de son emploi du temps, j'ai eu moi-même des impératifs et je n'ai pas rappelé Angela tout de suite. Lexy est arrivée chez elle le lendemain, dans la matinée avec une besace en travers de l'épaule. Elle a frappé à sa porte et est entrée avec un grand sourire. Sa capacité à avoir l'air en forme en ayant que peu, voire pas, dormi avait le chic pour rendre beaucoup de monde jaloux. A commencer par moi. Quoique je fasse, j'ai une tête d'ahuri qui vient de se réveiller avec les cheveux en pétard.

"Désolée de pas avoir pu venir hier, j'ai eu un empêchement. Tu vas bien ? Qu'a dit le médecin ? Je t'ai apporté des tisanes et d'autres trucs, t'en feras ce que tu veux, Alex m'a dit que t'avais un rhume ?"

Le message d'Alex avait réussi à me rassurer. Si "l'affaire" était entre ses mains, alors je n'avais rien à craindre, n'est-ce pas ? Rien d'autre que la ténacité de Nick. Et ça, par contre, c'était plus incertain.

Une fois Nick parti, j'attendis patiemment l'arrivée de Lexy. David était de retour à la maison et refusait obstinément d'aller se coucher tant qu'elle n'était pas passée. Je dormais déjà depuis longtemps lorsqu'il sombra à son tour. Il n'avait pas dû le sentir venir parce que lorsque son réveil sonna, nous tirant tous les deux de notre sommeil, je le vis encore à mes côtés, la tête dans le creux de ses bras posés sur le bord de mon lit. Lexy n'était pas encore venue.

Je me sentais un peu mieux cependant, la nuit ayant aidé. Un peu mieux, mais pas encore ça. Toujours fiévreuse. Et j'avais le cou qui me démangeait... vive la varicelle !

Il me fallut faire preuve de toute la persuasion dont j'étais capable pour que David accepte de me laisser seule et d'aller travailler. A croire que ça lui manquait de ne plus s'occuper de moi. J'y parvins cependant. Mais je suppose qu'il ne fut vraiment rassuré que lorsqu'il croisa Lexy au moment où il quittait l'allée de la maison.

- Hey, j'adressai un sourire à ma collègue alors qu'elle entrait. En fait, je  crois que c'est la varicelle.

J'en étais même sûre, étant donné que je l'avais "aspirée" à un petit garçon. Mais je ne savais pas ce qu'Alex avait dit à Lexy vraiment. Est-ce qu'elle savait pour mon pouvoir ? Dans le doute, mieux valait "jouer le jeu".

- Enfin, le médecin a fait analyser mon sang. Je devrais avoir les résultats prochainement donc je serai vite fixée. Mais la varicelle, non mais t'y crois toi ? Je dois être une des rares personnes à choper cette saloperie une deuxième fois.

J'esquissai un geste pour me gratter le cou. C'est dingue ce que ça pouvait démanger ces boutons quand ça se réveillait. Sauf que quand on grattait, c'était pire après, aussi me forçai-je à baisser la main avant d'y toucher.

- Je ne savais pas que tu soignais aussi les maladies.

Je savais qu'elle soignait les blessures, je l'avais vue à l'oeuvre. Elle réparait les dommages de nos corps. Mais les maladies, c'était quelque chose d'un peu différent. Il ne suffisait pas de réparer, il fallait aussi éradiquer les intrus. Je ne pensais pas que certains healers pouvaient faire les deux. J'avais encore beaucoup de lacune et toujours pas vraiment conscience qu'en fait, avec Yu, tout était possible.

Lexy a souri avec un rictus pincé.

– Non. En effet. Mais Alex et moi n'avons pas véritablement eu l'occasion de parler de nos pouvoirs respectifs dans la mesure où nous y sommes rarement confrontés alors, il a... Dû omettre ce détail. Ce n'est pas grave !

Je ne lui avais pas parlé d'Angela. Elle savait des petites choses, en effet, mais pas l'étendue de son pouvoir. Elle ignorait même qu'elle était Candidate. Si elle le savait, ce n'était pas moi qui lui avait confié. Lexy a souri en déposant sa petite besace sur une table.

– Pour la deuxième fois ? Ce n'est pas banal, en effet. Mais après tout, de nos jours, tout peut arriver. Nous avons muté alors no maladies avec nous, probablement. Au moins, ce n'est rien de grave ou d'incurable ! Et puis, je l'ai déjà eue. Si le cas se répète, alors on en réfèrera au CDC, mais c'est encore trop tôt pour ça. Je vais te donner quelque chose qui devrait apaiser.

De sa besace, elle a extirpé tout une trousse à pharmacie. Des cachets, des pommades, des trucs, des machins... Un hôpital à elle seule. Et, pendant qu'elle s'affairait, elle a repris d'une vois anodine, malgré une pointe de curiosité.

– Pourquoi un médecin ferait une prise de sang ? Et quel médecin, d'abord ? La plupart ne savent pas ce qu'ils font les trois quarts du temps !

Le membre 'Alex Peterson' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Quitte ou double' :

Mon cerveau embrumé déduisit de la réponse de Lexy qu'en fait, elle ne savait pas soigner les maladies. Peut-être que je comprenais mal cela dit. Mais peut-être aussi qu'Alex avait confondu mon pouvoir et le sien ? Mince, si c'était ça, elle s'était déplacée pour rien la pauvre, et moi, j'aurais aussi vite fait de demander à David de me trouver un animal ou de me ramener chez moi. Bon, tant pis, ce ne serait qu'un léger contretemps.

Quant aux mutations de maladies...

- En fait, c'est même certain qu'elles mutent. Certaines l'ont déjà fait. D'autres commencent tout juste à le faire. C'est pour ça qu'on observe une recrudescence dans certaines parties du globe de certaines maladies qu'on pensait disparues. C'était pas comme si j'étudiais justement ces questions... Mais j'avais pas entendu parler que c'était le cas de la varicelle. Je sais que certaines, rares, personnes ne développent pas d'immunité face à cette maladie. Mais ça vaut peut-être le coup que je creuse...

Bon, sauf que cette histoire de varicelle était quand même particulière. Parce que, certes, l'ayant déjà eue gamine, je ne m'attendrais vraiment pas à ce qu'elle m'affecte à nouveau. Mais mon pouvoir faisait peut-être agir les virus différemment ? Ou alors, effectivement, nous étions face à une nouvelle forme de varicelle ?

Ses questions à propos de Nick m'amenèrent un sourire.

- C'était un pédiatre. Dis comme ça, ça pouvait effectivement prêter à sourire. Mais c'est surtout un ami en fait. J'étais avec lui quand j'ai commencé à développer les symptômes. Il y a vu bien plus qu'une simple varicelle et ça l'a inquiété. Je me tortillai le nez, hésitant à entrer un peu plus dans les détails. Disons qu'il avait eu accès à mon dossier médical et qu'il y a trouvé des raisons d'y voir bien plus qu'une simple varicelle, même si ce n'était vraiment que ça.

– Si tu savais ce que je vois tous les jours...

Lexy soupira et secoua la tête. Elle aurait aimé pouvoir faire tellement plus pour la ville, et pour le monde. Elle tira une chaise et invita Angela à y prendre place.

– Une jeune irlandaise m'a appris à faire une pommade contre les irritations et les démangeaisons. En prime, c'est à base de citronnelle, parfait pour les soirées estivales en plein air ! C'est une tuerie, ça devrait te soulager.

Elle tapota le dossier avec un sourire et s'affaire à mettre au point sa pommade miracle.

– Et qu'est-ce que ce médecin a trouvé ? Je veux dire... C'est une varicelle, causée par notre monde actuel, tu l'as chopée, c'est déjà arrivée, de toute façon, que des adultes la contractent une deuxième fois dans leur vie. Très franchement, je n'y vois rien d'alertant. Alors, à moins qu'il ne s'agisse de ton propre médecin - ce dont je doute s'il est pédiatre -, quelle raison valable justifie qu'il puisse consulter ton dossier... Gratuitement ? On appelle ça le secret professionnel, Angie et user de son statut comme ça, c'est de l'abus de pouvoir. Tu vois, j'aime énormément Alex et je lui confierai ma vie. Mais si j'apprenais qu'il fouillait dans ma vie, peu importe toutes les bonnes intentions du monde qu'il aurait, je lui en voudrais. Je n'ai pas grand chose à cacher, si ce n'est rien, mais qui sait si je n'ai pas fui mon pays, si je ne fais pas partie d'un programme de protection des témoins, ce genre de choses, tu vois ce que je veux dire ? Sauf si tu lui as permis de le faire, dans ce cas là, le problème ne se pose pas.

Je m'installai sur la chaise désignée et me laissai aller contre le dossier, l'observant tandis qu'elle préparait son remède. Lexy avait décidément des compétences que je ne lui soupçonnais même pas. Ses nouvelles questions me firent hausser les épaules d'un air un peu paumé.

- Je ne le lui avais pas permis. Je me passai une main dans les cheveux, les rabattant vers l'arrière. Je ne sais pas pourquoi il s'est octroyé ce droit, il me l'a dit mais j'étais tellement HS hier soir que je n'ai même pas compris ses raisons. Et je n'ai pas l'intention de le revoir pour les lui demander.

J'avais laissé Nick s'approcher de beaucoup trop près, ça en devenait dangereux. Il fallait que je reprenne mes distances, que j'arrête de le voir. Nos activités respectives allaient nous amener à nous croiser, bien sûr, mais il ne fallait pas que cela aille plus loin que ça. A voir si j'arrivais à m'en tenir à ces résolutions. Me connaissant, on ne pouvait être sûr de rien.

- En tout cas, il l'a fait. Et il y a vu que j'avais eu un cancer. Je levai les mains pour rassurer aussitôt Lexy. Mais je suis en rémission depuis plus d'un an et tout va bien ! Sauf que Nick a pensé que c'était une rechute. Tu vois ? Il s'est dit que si mon organisme n'était pas capable de combattre une maladie contre laquelle j'aurais dû être immunisée, c'était la preuve qu'il était affaibli par autre chose.

Je roulai des yeux, comme pour montrer à quel point je trouvais sa théorie stupide. Bon, pour être honnête, pour quelqu'un qui n'avait pas toutes les données que j'avais en ma possession, elle n'était pas si stupide que ça, cette théorie.

- Mais c'est pas le cas, d'accord ? Et je suis sûre que les résultats de la prise de sang vont le prouver. Lexy, ne le dis pas aux autres s'il te plait. Alex le sait déjà, mais c'est - c'était - le seul.

Lexy badigeonnait le visage d'Angela pendant que celle-ci parlait. Et quand elle a mentionné la rémission mise en doute par de la varicelle, Lexy a haussé les sourcils, incrédule.

– Il est sérieux, ton gars ? C'est ça, la raison invoquée ? C'est du bullshit. J'appelle ça de la curiosité mal placée.

Elle a repris son étalage de pommade en glissant dans son cou, une douce fraîcheur irradiant sa peau pour l'apaiser en l'espace de seulement quelques secondes.

– De nos jours, les prises de sang, c'est encore plus intime qu'un rendez-vous chez le gynéco. Il a enfreint la loi de toutes les amitiés. On ne rechute pas dans un cancer par un simple défaut du système immunitaire. C'est qu'un traitement a été mal suivi ou juste... Du pas de bol. Que des adultes aient la varicelle une deuxième fois n'est pas non plus une exception. C'est rare... Mais c'est possible. Et là encore, ce n'est pas une question de défenses immunitaires. Si j'étais toi... Je me dirais qu'il cherchait quelque chose. Ou alors, qu'il est très très amoureux.

Elle a relevé les yeux sur Angela.

– Dans les deux cas, il n'aurait pas dû. Imagine que tu sois Candidate... Fouiller dans tes globules lui donnerait aussi le droit de savoir la chose la plus intime et secrète que tu ne veuilles pas partager ? Se rend-il seulement compte de l'atteinte à ta vie privée qu'il vient de faire ? Même Alex, aussi débile soit il par moment, ne se permettrait jamais une pareille chose.

Lexy faisait preuve, comme souvent, d'une grande aversion contre l'injustice. Ce n'était pas tant qu'un soupirant d'Angela ait pu fouiller dans sa vie personnelle, mais plutôt les libertés prises, qui plus est par un médecin. Son visage était sévère et son regard dur, contrastant énormément avec la Lexy qu'elle montrait au bar.

– Angie... Un homme, quel qu'il soit, ne devrait pas avoir accès à ton dossier avec une telle facilité. Sujette au cancer, celui-ci doit être sous scellé dans les tiroirs de ton médecin traitant, protégé par un serment très solennel datant de plusieurs siècles.

- J'ai essayé de le dissuader de le faire, mais c'était comme si je parlais à un mur. Enfin, il m'écoutait, comprenait ce que je lui disais, mais refusait pourtant de laisser tomber.

Je soupirai, un peu agacée. J'aimais bien Nick, mais face à sa détermination, je m'étais sentie tellement impuissante. C'était comme si j'avais assisté à ma propre chute sans rien pouvoir faire pour l'en empêcher. J'espérais vraiment qu'Alex et son contact avaient pu intervenir à temps.

La théorie de Lexy me laissa perplexe deux secondes. Deux secondes durant lesquelles je fronçai les sourcils et analysai ce qu'elle venait de dire.

- Mais j'ai rien à cacher. Hum Hum. Et on est juste ami. je ne crois pas qu'il s'intéresse à moi. Je...Je haussai les épaules et secouai vaguement la tête... ne comprends vraiment pas ce qui a pu le pousser à aller chercher dans ce dossier.

D'autant qu'il savait déjà que j'avais été malade. C'était ça le plus surprenant. Bon, certes, je ne lui avais pas dit de quoi. Mais il savait que c'était relativement grave, et je lui avais dit que j'étais en rémission maintenant. C'était tout ce qu'il avait à savoir, pour le moment.

Lexy avait repris la parole, et le mot qu'elle prononça ensuite me fit avoir un très léger sursaut. Pas le genre de sursaut qu'on peut avoir quand on est surpris, mais celui qu'on a quand on réagit à quelque chose tout en essayant d'avoir l'air de ne pas réagir. J'avais encore des progrès à faire en terme d'impassibilité. Comment il faisait, David, pour rester maître de lui quand il décidait de l'être ?

- Une candidate ?

L'espace d'une seconde, je me demandai ce que Lexy savait vraiment de moi. Est-ce qu'Alex lui avait dit ? Mais elle continua à parler, poursuivant sa diatribe visant à démontrer à quel point la conduite de Nick était impardonnable. Je l'écoutai, les sourcils légèrement froncés, hésitante quant à ce que je devais moi-même en penser.  

- Théoriquement, ils le sont. Enfin, ils sont dans la base de données de l'hôpital. Mais seuls les médecins qui ont à me soigner sont censés y avoir accès.

Jusque là, c'était logique. Quel que soit le truc pour lequel ils me soignaient, les médecins qui me voyaient devaient avoir une bonne vision de mes antécédents pour éviter de faire des impairs. Imaginez que pour une blessure quelconque, on me prescrive un médicament qui entre en confrontation avec mes traitements habituels ?

- Sauf qu'il est évident que j'ai passé l'âge d'être suivie par un pédiatre. Seulement, je suppose que ça a été facile pour lui de retrouver mon dossier au milieu des autres. Mais ça ne justifie pas le fait qu'il se soit donné le droit d'aller voir ce qu'il contenait... Il y a des tas d'informations dans ce dossier qu'il n'avait pas à connaître ! Et je ne sais même pas jusqu'où il est remonté !

Lexy a soupiré en continuant d'étaler la pommade.

– Et bien... Espérons qu'une petite fée fasse son office et lui apprenne les bonnes manières.

Lexy, pas plus que moi, n'aimait les fouineurs. J'imagine qu'elle aussi avait des choses à cacher, comme nous tous dans cette ville, chacun à son niveau. Si elle avait essayé d'en savoir plus sur moi de force, je crois que je ne lui aurais jamais pardonné. J'imagine que l'inverse est vrai aussi. Si Angela avait fouillé dans mes dossiers, pareil. Et si j'avais cherché à connaître les vraies raisons de sa disparitions en enquêtant sans attendre qu'elle m'en parle elle-même ? Elle m'en aurait voulu, non ? Mais elle laissait ce type s'en sortir à bon compte alors qu'il avait sciemment ouvert un dossier confidentiel ! De deux choses l'une... Ou bien Angela nous racontait n'importe quoi, ou bien ce type se croyait au-dessus des lois et mon poing me démangeait. J'ai beau être fier de ce que je suis et de comment je le suis, je ne supporterais pas que quelqu'un fouille dans mes dossiers pour apprendre que je suis Candidat, résultat d'un programme de recherches. H avait pu intervenir, visiblement, et les résultats n'avaient rien montré de significatif à part la varicelle. Le sang qu'il avait échangé était même Négatif. De quoi calmer le toutou d'Angela.

– Mais quand même, il faudra qu'il apprenne à s'occuper de ses fesses, celui-là. Si tu dis non, c'est non. Si tu n'as pas besoin de lui, qu'il sache que tu as une infirmière attitrée en ma personne ! Techniquement, j'ai même plus de pouvoir que lui sur ton dossier.

Ca, c'était en omettant de dire qu'elle n'était que bénévole.

– Ca me rendrait furieuse de savoir que quelqu'un fait analyser mon sang de la sorte alors que je lui ai dit non...

La boutade de Lexy me tira un sourire. Je me devais cependant de tempérer ses propos. Aussi dressai-je mon index entre elle et moi et penchai la tête sur le côté.

- Sauf que tu ne fais pas partie du corps médical de l'hôpital. Désolée Lexy. Il n'avait pas le moindre droit de mettre son nez dans ce dossier, ne crois pas que toi tu pourrais l'avoir !

Je baissai la tête avant de retourner à un sujet plus sérieux.

- Tu sais, je lui en veux d'avoir fait ça. Je veux dire, je n'aurais jamais cru qu'il aurait pu, un jour, trahir ma confiance de la sorte. Et en même temps, je n'arrive pas à lui en vouloir suffisamment pour être vraiment furieuse contre lui. Il s'inquiétait vraiment pour ma santé. Il craignait que ce ne soit pire qu'une simple varicelle. Il s'est même posé comme un éventuel soutien dans mon combat pour le cancer ! Et tu sais pas le pire ? Je le voyais qui s'inquiétait vraiment, et je l'ai laissé faire, alors que j'avais la possibilité d'y mettre en terme en lui disant que je n'étais pas vraiment malade... Du coup, je me dis que je n'ai pas été totalement irréprochable non plus sur ce coup-là. Je secouai la tête, comme si je voulais chasser cette idée et fronçai exagérément les sourcils. Non, il ne faut pas que je pense ça. Il n'avait pas le droit, je lui en veux. Point barre.



[Je suis désolée, c'est court. Je commence à bloquer ]

– Je pourrai, il faudrait juste que j'emploie des voies peu orthodoxes !

Angela aurait tort de croire que son dossier était si bien gardé. Le sien comme celui des autres. Un p'tit mutant qui s'y connaît bien en technologie et hop, voilà le dossier magique ! Bon, pas que celui d'Angela comporte des informations précieuses, mais je l'aurais cru protégé par le MSS. D'ailleurs, à bien y réfléchir, je me dis qu'ils ont dû être alertés que quelqu'un faisait des recherches sur elle. Ils ont dû garder Nick à l'oeil, un peu comme quand quelqu'un a fouillé le dossier de Garin au FBI avec des empreintes, ou qu'une clé secrète a été ouverte par l'Underground. Dans les trois cas, personne n'a réagi ! Ca ne veut pas dire que personne n'a rien vu.

Lexy s'est relevée, les doigts en l'air et lui a tendu la pommade.

– Tiens, je t'en ai mis partout où tu aurais du mal à aller. Pour le reste, je crains que tu ne doives le faire toute seule parce qu'on est pas assez intimes pour ça. Et si j'étais toi, ton copain, je lui mettrais les points sur les I. S'il veut être Superman, il va devoir se la coudre lui-même sa cape.

Elle est allée à la cuisine pour se laver les mains, tout en continuant de parler.

– Ne t'en fais pas, je parie que tu as une bonne étoile au-dessus de la tête et que tout se passera bien. Ton chéri n'y verra que du feu. Il passera pour un idiot quelques temps, mais il s'en remettra !

Puis, elle est revenue vers elle en agitant les mains.

– Et je crois que tu as voulu dire lutte contre le cancer. Le seul truc que je déplore, c'est que les personnes qui s'engagent là-dedans ont soit vaincu un cancer, se sentant intimement concerné, soit ils ont des proches atteints d'un cancer, et se sentent particulièrement concernés. Ca peut te paraître horrible ce que je vais dire, mais vous êtes tellement nombreux sur la cause que je n'ai pas pris la peine de m'en préoccuper ! J'ai couvert des terrains moins parcourus, qui ont aussi besoin d'aide, mais dont on parle moins.

Il y avait Lexy l'infirmière, Lexy la serveuse et... Lexy. Ce qui faisait trois personnalités bien différentes. A se demander combien elle en avait encore.

- Lexy ! Je pris un ton faussement choqué. Moi qui te croyais irréprochable. Je te prenais même comme exemple ! Honnêtement, je te pensais pas capable de ce genre de choses !

Heureusement que mon sourire en coin contredisait mes paroles. Heureusement aussi que j'étais mauvaise comédienne. Dire que j'avais fait partie de la troupe de théâtre au lycée... j'avais fait le pire Mercutio de toute l'histoire du théâtre, à n'en pas douter. (Oui, vous avez bien lu, Mercutio, il n'y avait pas assez de garçon dans la troupe. Il parait que ma "mort" était pitoyable...)

Je tendis la main pour prendre la pommade qu'elle me tendait avec un hochement de tête reconnaissant. Ce truc était un vrai petit miracle. Bon, je doutais d'en avoir réellement besoin à nouveau, étant donné que je n'avais pas l'intention de laisser au virus le plaisir de s'installer dans mon corps. Mais je ne pouvais pas refuser le pot, n'est-ce pas ? Lexy se serait posé des questions.

- Oh la ! C'est loin d'être un superman si tu veux mon avis. Il est plus du genre "fils à maman"... Et il me donne parfois l'impression d'être mou et pas très dégourdi.

Désolée Nick, je ne le pensais pas vraiment en fait, mais sur le moment, j'étais quand même un peu énervée contre toi. Déçue, en fait, surtout. Et à mon sens, la déception était bien pire que la colère.

Je laissai Lexy aller seule à la cuisine, m'avachissant davantage dans les coussins du canapé. J'avais beau aller mieux ce matin, la fièvre de cette nuit m'avait considérablement épuisée.

- Ce n'est pas mon chéri...

Ce fut tout ce que j'eus le temps de placer tandis que Lexy babillait à travers la maison. Elle n'avait pas tort du tout quand elle parlait de bonne étoile. J'en avais une, elle s'appelait Alex, même s'il s'était fait aider par des amis sur ce coup-là. Dès que j'irai mieux, j'irai le remercier.

- Comment ça il n'y verrait que du feu ? A quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Là, pour le coup, cela m'intriguait. C'était comme si... je pouvais me tromper hein, mais j'avais Lexy me donnait l'impression de savoir quelque chose. Savait-elle que mes analyses avaient été certainement trafiquées pour éviter qu'on ne découvre quelque chose ? Je tournai la tête vers elle, l'interrogeant du regard. Mais Lexy continuait déjà.

- Non en fait, j'ai réellement voulu dire "combat". C'est ce que Nick se proposait de faire, si toutefois les analyses montraient que j'avais réellement fait une rechute. Il prétendait vouloir me soutenir, genre au jour le jour. Il m'a clairement dit qu'il ne me laisserait pas abandonner le combat... sauf qu'il n'y a pas de combat. Je ne suis pas en train de rechuter, j'ai juste attrapé la varicelle comme j'aurais pu avoir la grippe. Mais dis donc, tu aiguises ma curiosité là. Quelles voies plus "cachées" as-tu décidé de suivre ?

"Mou et pas dégourdi". Lexy pouffa de rire sous cape et haussa les sourcils. Allez savoir si elle était d'accord ou simplement amusée par l'expression d'Angela.

– Et bien, si Alex a bien dit ce qu'il a dit qu'il a fait, alors c'est ce qui a été fait. Moyennant quoi, ton type sera face à une feuille blanche. Alex obtient toujours ce qu'il demande. Ca fait partie des... "voies sacrées".

Elle se sentit quelque peu stupide alors que Angela la corrigeait et une petite rougeur lui grimpa aux joues. Elle sourit en guise d'excuses, puis elle finit par s'asseoir dans un soupir.

– Je m'occupe des autistes. Des adultes, plus généralement. Et puis je fais quelques missions humanitaires avec la Croix Rouge. C'est pour ça que des fois, tu me vois pas pendant quelques semaines. Je pars entre une à deux fois par an. Je fais ça depuis des années. Alex ne t'en a pas parlé ? Je suis aussi bénévole dans plusieurs hôpitaux. Raison pour laquelle je n'ai pas un temps plein au bar. Ne le dis pas à Alex, mais quelque part, je suis soulagée que le club soit par terre. J'avais l'impression de ne plus faire que ça ! Financièrement, c'est un gouffre et l'accident n'a rien arrangé, du tout. J'essaye de le convaincre de se contenter du bar, d'ouvrir l'étage pour créer plus de place et programmer plus de soirées s'il s'ennuie. Reconstruire prendra du temps, et beaucoup d'argent... Autant qu'il revende le terrain et mette l'argent dans une rénovation du bar. Je n'aurai plus qu'à lui céder ma part, je n'ai pas besoin de cet argent, j'en ai suffisamment comme ça.

D'où Lexy tirait sa richesse... A ce moment-là, je ne le savais pas.

- Alex est sacrément doué quand même. Ou du moins, il a les bons contacts. J'aimerais bien les connaitre, ça pourrait être pratique...

Je laissai ma phrase en suspens alors que j'imaginais, en effet, ce que je pourrais faire avec des contacts comme ceux d'Alex. Ce serait le moyen de me protéger sans avoir à recourir à mon collègue. Non pas qu'Alex faisait mal son "boulot" mais... Vous savez, l'envie de se débrouiller seule, de pas avoir toujours besoin de lui pour assurer mes arrières. Cela dit, au fur et à mesure que je retrouvais ma lucidité à ce sujet, je n'aurais pas eu à les assurer si les Chinois avaient fait leur boulot correctement. Est-ce qu'ils se fichaient totalement du fait que je pourrais être découverte ? C'était quand même sacrément risqué de laisser mon dossier et ma puce tels qu'ils l'étaient avant mon exposition. Cela dit, il aurait fallu, pour cela, acheter le silence de tout le personnel de l'hôpital ayant eu, à un moment donné, accès à mon dossier. Et il y en avait eu une tripotée depuis ma naissance, pour ne citer qu'eux. Ca me semblait compliqué, mais je n'étais pas les Chinois, et ils avaient certainement des moyens à leur disposition pour ça. Peut-être qu'ils se disaient que j'étais trop discrète pour attirer l'attention de qui que ce soit ?

Quant aux activités de Lexy, plus elle parlait, et plus je découvrais une nouvelle facette de ma collègue que je ne connaissais pas encore. Lexy était, décidément, pleine de surprises. En tout cas, c'était quelqu'un de bien, à n'en pas douter.

- Je ne savais pas que tu faisais tout ça. Alex ne l'a pas mentionné. A moins que je ne l'ai oublié ? Je ne peux pas totalement faire confiance à ma mémoire. Ca doit être sacrément enrichissant !

Ses réflexions sur le bar et le club m'amenèrent à acquiescer doucement. J'étais plus ou moins d'accord avec elle. Le club avait apporté une dimension plus énorme, trop grande presque, à ce que représentait le bar. Quand j'avais commencé à y travailler, j'avais apprécié son petit côté convivial, familial même. Nous avions perdu cela petit à petit avec l'ouverture du club. Maintenant qu'il était fermé, nous y revenions et j'aimais bien ça.

- Tu sais, ce club, c'était son projet depuis des années. Je comprends qu'il n'arrive pas à totalement le lâcher. C'est comme s'il avait touché son rêve du bout des doigts et qu'on le lui avait brutalement retiré. Il se dit qu'il a encore une chance de l'atteindre.

Et pourtant, à une époque, il se disait prêt à le vendre, non ? Je me rappelais parfaitement ce jour où il nous avait dit, à Jack et moi, qu'il avait l'intention de s'en séparer pour se concentrer sur des choses qui lui étaient plus essentielles, à savoir sa femme et sa fille.

- Mais dis donc, tu as tant d'argent que ça pour n'avoir pas besoin de ce que le bar peut te rapporter ?

– Oui, je sais que c'était son rêve, mais parfois, le destin en veut autrement. Je ne veux pas croire que ce soit un hasard. Le club a été démoli... Et je veux dire, pas qu'un peu. Vraiment, démoli. Suffisamment pour le faire hésiter à replacer de l'argent là-dedans. Il a mis tout ce qu'il avait, il sera sur la paille s'il tente quoi que ce soit pour remettre le club debout. Les frais du divorce coûtent une blinde, l'assurance de l'accident tarde à venir, les frais d'hôpitaux, plus la gérance du bar par défaut... Alex ne pourra jamais tout avoir, c'est un rêve de gosse qu'il doit abandonner. Il trouvera quelque chose, j'en suis certaine. Il se forgera de nouvelles idées, de nouveaux rêves, sa vie a changé et... Enfin, j'imagine qu'il trouvera. Il n'est pas seul, de toute façon.

Pendant qu'elle parlait, Lexy rangeait sa besace et l'a posée sur la table.

– Disons que j'ai jamais eu besoin d'argent. Ma famille était plutôt riche et... De testaments en testaments... Je suis la dernière. Je me retrouve avec la fortune d'une famille entière rien que pour moi. Sans mari et sans enfant, disons que les frais que ma vie représente ne sont pas excessifs.

Fuyant le regard d'Angela, Lexy a levé sa besace à son épaule et l'a ajustée.

– C'est de l'argent maudit. Il ne fera de bien à personne. Alors je le dépense pas. Il est coincé sur un compte à la maison. Loin d'ici. J'en avais utilisé une petite partie pour aider Alex à faire démarrer le club quand il a été à court... Des travaux ont demandé plus de temps que prévu et le devis a gonflé... Alors j'ai fait débloqué un peu d'argent. Regarde le résultat. Cet argent ne doit pas être dépensé.

Je baissai les yeux tandis que Lexy mettait au clair quelque chose que chacun de nous, je crois, savais sans pour autant vouloir le voir. Alex avait déjà tout investi pour construire ce club une première fois. L'argent de l'assurance ne suffirait probablement pas à reconstruire le club à l'identique. Alex avait peut-être réussi à mettre de l'argent de côté jusqu'à présent, mais est-ce que cela suffirait ? Et puis Lexy a mentionné autre chose qui retint mon attention.

- Quel divorce ? Je croyais qu'Alex voulait retenter sa chance auprès de sa femme ?

C'étaient, du moins, les dernières nouvelles que j'avais eues sur le sujet. Et elles remontaient à plus de six mois. Qu'en était-il maintenant ? Je n'avais pas osé, ni même eu envie d'aborder le sujet avec Alex. Sur ce coup-là, j'étais égoïste, je me disais que je préférais ne pas savoir plutôt que de perdre totalement toute illusion que j'aurais pu encore avoir.

Je suivis Lexy des yeux alors qu'elle m'expliquait comment elle en était arrivée à avoir suffisamment d'argent pour ne pas avoir à s'inquiéter de son avenir. Alors comme ça, notre collègue était une riche héritière ? Et bah dis donc, on pouvait dire qu'elle cachait bien son jeu. On pouvait se demander ce qu'elle faisait à travailler dans un bar du coup. Quelque part, cela forçait l'admiration : Lexy avait de l'argent, mais elle n'avait pas pris la grosse tête, comme beaucoup de riches.

- Lexy, c'est ridicule enfin. L'accident qui a détruit le club n'a rien à voir avec ça. C'était un accident, rien de plus. Un accident qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus grave. Alex est en vie ! Et toutes les personnes qu'on a réussi à sortir des décombres aussi... En dehors du chauffeur du camion... C'est une coïncidence, c'est tout. Ton argent n'a rien à voir là-dedans. Et d'ailleurs, comment cet argent pourrait-il être maudit ?

Si j'avais voulu retenter ma chance ? Ah ça, oui.

– Oui, mais tu sais... Ce n'est pas parce qu'on tente une chance qu'on gagne à tous les coups. Ava a refait sa vie depuis et il faut croire que malgré tous les charmes et supplications et promesses d'Alex... Ca n'ait rien donné. Ce sont des choses qui arrivent. Après tout ce temps, c'est compréhensible. Ils sont si différents... La seule chose qu'ils ont en commun, c'est... Leur fille. Je suis certaine que Bones va se battre pour elle. S'il ne peut avoir la mère, alors il gagnera au moins la fille. Encore une raison pour le dissuader de rouvrir ce club. S'il veut remporter des points chez le juge, il aura besoin d'horaires aménageables pour la gamine, ce qui n'était pas possible en gérant le club et gardant un oeil sur le bar et toute la logistique que ça implique.

Lexy a réfléchi aux paroles d'Angela. Il est vrai que ça aurait pu être bien pire. Mais ça n'a pas semblé la convaincre. Quand Lexy avait une idée derrière la tête, en général, elle était bien vissée dans son esprit. C'était une femme robuste et pleine de convictions et de croyances.

– Juste... Disons que je n'ai jamais été très proche de ma famille.

Mais pour parler d'elle, il n'y avait pas grand monde. Elle observait les autres, se faisait son idée et cherchait à aider le plus de personnes qu'elle pouvait, mais quand il s'agissait d'elle, il n'y avait plus rien.

Elle sourit à Angela en réajustant sa besace sur son épaule.

– Bien... Je vais te laisser. N'hésite pas si tu as besoin.

- C'est dommage...

Les paroles de Lexy me plongèrent dans une sorte de réflexion. Oui, vraiment, c'était dommage pour Alex que cela n'ait pas marché. Je veux dire, j'avais beau ressentir ce que je ressentais (parce qu'il ne fallait pas rêver, se faire une raison ne suffisait pas à faire disparaître des sentiments), je n'en étais pas au point de me réjouir de son malheur. Au contraire. J'aurais été ravie pour lui s'il avait pu retrouver sa place auprès de sa famille. Seulement, Lexy avait raison. Trop de temps avait passé. Et dans des histoires comme celle-ci, le temps n'arrange rien à l'affaire.

Je relevai les yeux sur elle alors qu'elle me donnait une explication à cette histoire d'argent maudit. Enfin, une explication, il fallait le dire vite.

- Ca n'explique pas pourquoi tu penses que ton argent est maudit. Tu as le droit de ne pas être proche de ta famille, mais ce sont des sentiments humains. L'argent... ça n'est que de l'argent. Ca ne peut pas être maudit. Et c'est idiot, pourquoi le garder indéfiniment sans y toucher ? Il pourrait servir à des choses plus... pour des bonnes causes disons. Et si toutefois il était vraiment maudit, ça exorciserait la malédiction, non ?

J'avais ignoré son intention de partir quand elle me l'avait dite, mais à la voir comme ça, debout, avec sa besace sur l'épaule, je ne pouvais plus faire comme si je ne la voyais pas.

- Attends. Tu ne veux pas prendre quelque chose ? Tu es si pressée que ça ?

C'est que, tout à coup, quelque chose m'était revenu en tête et cela m'intriguait. Alors que nous parlions de Nick et de sa propension à mettre son nez où il ne fallait pas, elle avait fait allusion à l'intervention d'Alex. J'avais beau essayer de me repasser la conversation dans la tête, je n'avais pas souvenir de l'avoir mentionnée avant.

- Je repense à un truc là... Comment tu savais qu'Alex était intervenu pour empêcher Nick de trouver des.... trucs ?

– Tu sais, ce sont des choses qu'on sent, c'est... Je n'ai pas décidé quoi en faire pour le moment.

Et elle ne s'est pas attardée dessus. Lexy était reconnaissante de l'intérêt qu'Angela lui portait, mais elle n'en avait pas besoin. C'était une grande fille plutôt secrète, pas du genre à s'étendre, encore moins à parler de sa vie, surtout celle qui n'était pas sur ce continent.

– Et bien, je ne sais pas, Alex m'a dit de venir pour te soigner, mais je vais bientôt devoir partir travailler.

Elle lui a souri, quoiqu'un peu gênée de passer pour une voleuse. Elle ne l'avait pas voulu, du moins, ça n'avait pas été son intention. Elle n'avait été que polie, finalement, en ne voulant pas s'incruster. Quant à la question d'Angela, Lexy n'a pas perdu son sourire. Elle l'a dévisagée et dans sa tête, tout est allé très vite.

– Il m'en a parlé.

Et si on me demandait, je serais capable de dire "Oui bien sûr, je lui ai dit, je dis tout à Lexy !" Mais sur le moment, non... Je ne lui avais rien dit. J'en avais parlé à quelqu'un, oui. Du moins, j'avais demandé à quelqu'un de m'aider et d'intervenir. Ca, c'était vrai. Mais pour Lexy, sa mission était toute autre. Elle a grimacé.

– J'aurais peut-être pas dû le dire. Je suis désolée, c'est juste qu'on se parle beaucoup et comme on a fermé ensemble hier soir... Voilà... Promis, il ne m'a rien dit de plus.

- Il t'en a parlé ?

Dans ma tête, mon cerveau s'est mis à cogiter en une fraction de seconde. Je me doutais bien qu'Alex et Lexy étaient assez proches. Mais de là à ce qu'il lui parle de ça ? Fronçant les sourcils, je relevai les yeux sur la jeune femme.

- Tu es sûre ? Ca ne ressemble pas au Alex que je connais.

Qu'il parle à Lexy, oui, bien sûr, peut-être. Mais de ça, je trouvais ça plus qu'étonnant. Attendez, j'avais demandé son aide à Alex pour un truc franchement délicat. Et Alex était le premier à me dire que mon secret devait rester à l'état de secret. Alors comment aurait-il pu dire à Lexy qu'il avait du intervenir pour falsifier une analyse de mon sang ? Rien que ça, sans entrer plus dans les détails, c'était déjà hyper louche.

- Et je ne comprends pas pourquoi il t'aurait parlé de ça. Même si vous êtes proches tous les deux. Qu'est-ce qu'il t'a dit, exactement ?


[désolée, c'est court, mais... à vrai dire, je ne voyais pas quoi ajouter de plus ]

Lexy a haussé les épaules.

"Je connais Lex depuis longtemps, maintenant. C'est un peu comme un frère, tu vois ? On prend soin l'un de l'autre. Et puis, toi et moi on travaille ensemble. Tu as été beaucoup absente pendant un temps, je lui ai demandé ! Il m'a dit que tu avais des soucis de santé... Et quand il m'a parlé de ce type qui voulait fouiller ton dossier, j'ai trouvé ça très inapproprié."

Elle a secoué la tête, presque étonnée de la surprise d'Angela. Elle a senti comme une pointe de jalousie, ou d'envie, à tort ou à raison, et elle a souhaité s'en dégager.

"Pourquoi cela t'étonne qu'Alex m'ait parlé ? Je suis certaine qu'il te dit un tas de choses à toi aussi."

Ca, et le fait que depuis le temps, même si Lexy ne participait pas à nos petites missions made in Liberation, elle nous avait toujours aidés, d'une manière ou d'une autre, comme recevoir des paquets, ou les envoyer, transmettre des messages, nous rapporter des informations... L'un dans l'autre, elle faisait autant partie de la bande, elle était juste... Plus indépendante. C'est quelque chose qu'elle a choisi de ne pas révéler à Angela ce jour-là en restant évasive sur le sujet.

Donc Alex avait parlé à Lexy. Mon regard se vrilla dans celui de la jeune femme tandis que j'étudiais l'expression de son visage. Je n'avais malheureusement pas les talents de David pour décrypter les mensonges. Quel dommage que ce ne soit pas un talent héréditaire, un truc de famille, un machin dans le genre. Moi, j'avais la plus grande difficulté à savoir ce qu'il en était vraiment.

- Pas tant que ça. Je veux dire, oui, on parle, bien sûr. Mais on est loin de tout se dire. Et surtout, Alex ne me confie pas tes secrets. Je lui avais demandé de ne rien dire, à personne. Il n'aurait pas dû être au courant déjà !

Je fronçai les sourcils et baissai les yeux, réfléchissant à toute cette histoire. Il y avait un truc qui ne collait pas.

- Il a dit que ça devait rester entre nous, il y tenait autant que moi, alors pourquoi il t'en aurait parlé ? Le fait que vous soyez hyper proches ne justifie pas ça.

Est-ce que j'avais conscience que je réfléchissais tout haut ? Oui et non. Parler m'aidait souvent à ordonner mes pensées, et je savais que j'avais tendance à le faire quand je n'arrivais pas à démêler les choses.

Je relevai alors les yeux sur Lexy. Quelque chose me disait que pour comprendre, il allait me falloir davantage d'éléments et que je ne les aurais pas sans parler un peu moi-même.

- Est-ce que c'est à toi qu'il a demandé d'intervenir ?

Sincèrement, c'était la seule explication que je voyais pour l'instant.