2076. Côte est des Etats-Unis. Megalopolis est le centre névralgique d'une guerre géo-politique mondiale depuis qu'un attentat biologique en 2026 a divisé l'humanité en deux populations bien distinctes : ceux qui se battent pour le futur, et ceux qui font avec le présent.
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 [CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run

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Six
Six
Octobre 2075

Six prenait du repos bien mérité. Il faisait assez froid du côté de Ghost Island, pour ne pas dire qu'ils se les gelaient sévèrement. Entre le vent, la pluie, l'air marin devenait assassin à cette période de l'année. Alors ils s'abritaient dans des restes d'immeubles émergeant des eaux. Ils avaient également réappris à cultiver le feu à partir du béton pour les mauvais jours.

Elle s'était couchée près de l'un d'eux, protégée du vent et de l'humidité, malgré un matelas laissant à désirer. Ils ne vivaient plus dans la rue, mais c'était tout comme. Ces lieux leur appartenaient, ils les avaient un peu tous aménagés comme ils le voulaient. Mais pour la plupart, ça restait de la récup'.

Son Mécano entra dans la pièce, si on pouvait appeler deux murs et demi une pièce, flanqué d'un petit bonhomme et d'un adulte à la barbe longue. Il s'accroupit à côté de son amie, désolé de la réveiller. Elle grogna en essayant de se retourner pour se cacher sous sa couverture épaisse, mais il ne lui en laissa pas vraiment l'occasion.

"Six, c'est important."

"Quoi..."

Elle soupira en se frottant les yeux avant de le regarder, son air inquiet lui faisant froncer les sourcils.

"C'est Itembe."

Alors qu'il lui tendit un holopad, Six se redressa sur un coude pour prendre l'objet et l'étudier. Encore à moitié endormie, elle grimaça d'une voix faible, le temps de comprendre ce qui se passait.

"Hein ?..."

"Il a balancé ça sur tous les réseaux clandestins de la ville... Liberation, Underground... Je suis sûr que tout le monde le voit."

"Je suis fatiguée d'aider les perdus qui ne le sont pas quand ils se mettent eux-mêmes dans la merde..."

"Attends la suite..."

Elle se frotta à nouveau un oeil en soupirant avec une légère humeur naissance et elle étudia plus attentivement la vidéo. Et pendant deux secondes, elle crut que son coeur avait lâché.

"Depuis quand tu dis qu'il ne s'est pas rendu visible ?"
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Itembe
Itembe
De dire d’Itembe qu’ill enrageait était un doux euphémisme. Pour être exact, il écumait.
Comment on le savait ? Tout simplement parce que ce n’était pas le genre à hurler pendant des heures ou à taper sur le premier péquenot venu pour se défouler, non.
Il gardait le silence.
Un silence pesant.
Lourd.
Et sa machette dansait inlassablement entre ses dents et ses doigts, pendant que ses yeux fous brillaient de manque de sommeil et de trop de came.
Depuis qu’il dirigeait le Queen’s et nourrissait des ambitions impériales, il avait levé le pied sur sa consommation. Itembe n’était pas complètement con même s’il était fou à lier et il avait bien remarqué que ses neurones fonctionnaient moins bien quand il abusait de la poudre ou du crack.
Le souci étant que l’arrivée de Six dans les parages et ses revendications de propreté commençait à l’emmerder très sérieusement.
Au départ il avait trouvé drôle cette gonzesse sortie de nulle part qui se prenait pour une justicière. Aujourd’hui, elle ne le faisait plus du tout marrer, et s’il lui collait la main dessus, le moment risquait de devenir particulièrement long et douloureux pour elle.
En fait, à part cette petite morveuse blonde, son ninja et son rigolo de copain, personne ne l’avait humilié de la sorte depuis un bail.
Le comble ? C’est qu’elle avait décidé d’organiser quelques courses de bagnoles au Sanctuaire pour trouver un peu de thunes. Tout le monde en avait entendu parler, même nous.
Swift avait décidé d’y aller pour voir et on avait été deux ou trois à l’accompagner, mine de rien. Quand on en était revenus, on peut vous dire qu’on était pas peu pressés d’annoncer à Itembe que tout ce petit monde se connaissait et de dresser rapidement la liste des gens qui étaient proches de la grande italienne. Avec plein de détails.
On s’attendait à être félicité ou un truc du genre mais… rien. Il n’avait même pas hoché la tête. Itembe n’est pas vraiment expansif quand il est satisfait mais il n’oublie rien. Ca… il a une putain de bonne mémoire. S’il a une dent contre vous, soyez certain qu’il se rappellera de votre mouille.
Y’a quelques mois, une nouvelle came est arrivée sur le marché. Un truc de malade que vous soyez positif ou négatif. Il a vu là une super opportunité d’augmenter son influence et d’engranger un peu plus de pognon. Les premiers stocks se sont écoulés comme des petits pains. On vendait vite et bien et l’argent rentrait. Itembe a décidé de miser plus gros et… c’est là que tout a foiré. Il s’est fait doubler. On n’a pas su par qui et je pense que lui non plus ne le sait pas. Il menait l’enquête, à sa façon, mais jusque-là ca n’avait rien donné.
Ca faisait des jours qu’on ne l’entendait plus. On avait mutilé autant de coursiers qu’on pouvait, chantage, séquestration, menaces bon et peut-être un peu de carnage aussi. Rien. Que Dalle, walou podzob. Itembe gardait ce silence qui nous faisait flipper. Alors quand on a mis la main sur le blondinet qui serrait l’italienne depuis des semaines, ca a juste été la folie ! Y’a eu comme une vague de soulagement chez tout le monde et le grand noir s’est même fendu d’un sourire.
On lui l’a soigné aux petits oignons le beau gosse. A peine amoché, juste une ou deux dents en moins mais rien de vital. Une petite pièce dans un vieil appartement pour lui tout seul avec son matelas et son seau. Le grand standing.
Pendant trois jours, Itembe n’en a pas fait cas, puis le quatrième, il a enclenché la machine, comme il savait si bien le faire. On a un peu plus abîmé la gueule d’ange du joli cœur et on l’a filmé gentiment attaché sur une chaise.
Itembe a joué les acteurs pour que l’italienne comprenne bien ce qu’il voulait.

- HellooooooooowWw ! J’espère que tu vas bien et que tu te pèles pas trop les miches dans tes ruines pourries ! C’est que ca fouette depuis quelques jours quand même et tu dois avoir les tétons tout durs hein ? (petits gestes obscènes avec les index au niveau de la poitrine). Et c’est dommage parce que ton petit copain va même pas pouvoir en profiter ! (la caméra se tourne vers le blondinet ligoté sur la chaise). Ah remarque je pense que là il va pas en profiter avant un moment si tu veux mon avis ! (la caméra revient sur un Itembe jovial). Allez j’l’ai pas encore trop abîmé, j’suis un mec sympa. Après ca va dépendre de toi ma jolie… pas de moi (air du mec vraiment désolé). Tu vois, on m’a piqué un chargement de came. T’as du en entendre parler si mes renseignements sont bons et je sais qu’ils sont bons ! Et ben suffit juste que tu me rendes ce qui m’appartient et moi je te rends ton roudoudou.

La caméra se tourne de nouveau vers le blondinet et on entend la voix du grand noir donner des ordres. Un black entre dans le champ et soulève la tête du prisonnier par les cheveux pour qu’on le voit mieux. Il a le visage tuméfié et est visiblement dans les pommes. L’allure, les traits que l’on peut deviner… tout laisse à penser que Hollow Man est tombé sur la mauvaise personne.

- Tu sauras bien comment me contacter hein petite pute ? Bye !
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Six
Six
Ce fut suffisant pour alarmer Six. Et pas qu'un peu. Cette fois parfaitement réveillée, elle parla d'une voix blanche.

"Trouve Bogdan."

"Qui ?"

"TROUVE-LE !"

Elle rendit l'holopad à son coursier et se leva pour enfiler son pull et ses boots.

"Mais..."

"Liberation, Underground, le bottin téléphonique, je m'en BALANCE ! Tu le TROUVES ! Contacte ce petit malin avec lequel j'ai parlé l'autre fois. Et le mec qui remplace Jericho. Mets H sur le coup. Je veux TOUT LE MONDE sur le pont, trouvez moi Bogdan, c'est un PSY. S'il est en Chine, au Mozambique ou au Groenland, je m'en COGNE ! Trouvez-le et montrez-lui la vidéo."

"Et cette histoire de drogue ?"

Elle se releva, attacha ses cheveux en un chignon désinvolte et elle regarda son mécano.

"Johnny et moi, on va la trouver."

L'homme, d'un âge mûr, se permit d'intervenir.

"On a le visage d'Itembe, c'est le moment de donner la vidéo à la police."

"Non ! Il tuerait Tibor."

"Six, tu es complètement hystérique, qu'est-ce que tu réponds à Itembe ?"

Elle s'immobilisa, regarda autour d'elle et finalement, elle tendit une main vers l'holopad. L'adolescent prépara l'application vidéo et visa sa leader. Avec une grande élégance, elle tendit son majeur, exprimant dans la langue universelle toute sa réponse. Six avait des moyens, le bras long, et une grande intelligence stratégique. Malgré tout, comme beaucoup de personnes sensibles aux menaces, elle donnait précisément ce que les grands méchants loups attendaient d'elle : elle couru droit dans la gueule du loup.

"Je jure devant Dieu que tu ne pourras plus sourire ni t'asseoir et que ta pauvre mère ne reconnaîtra pas ta sale face de bite quand je t'aurais pendu du haut de la Tour d'observation de la Ville Haute. Crois- moi bien que je te dis que si tu le tues, je te détruis, fils de pute."

Et Six disait toujours la vérité. Elle ne parla pas de le tuer... Mais bien de le détruire. Quand elle se détourna pour sortir de la pièce, l'adolescent baissa l'holopad et soupira. Il avisa son aîné et le mécano, pas plus avancés que lui. Ce dernier, malgré tout, garda la tête froide et acquiesça.

"On fait ce qu'elle a dit. Go."

Et pendant que le jeune prodige partait sur la piste de l'inconnu, Six embarqua avec sa nouvelle recrue Johnny. Il connaissait sûrement plus de monde qu'il voulait le dire. Malgré tout, le jeune homme ne fut pas très coopératif, mais le regard noir de l'italienne mit fin au débat. Qu'il le veuille ou non, la protection de Six n'était pas de refus compte tenu de sa situation actuelle. Et à présent, c'est elle qui avait besoin de lui. Et même si cela signifiait se mettre en danger en marchant à travers le Queens, ça n'avait pas d'importance. Il lui fallait trouver cette came et l'échanger contre la vie de Tibor. Six avait un autre plan en tête si celui-ci ne fonctionnait pas. Mais elle n'en dit mot à personne.
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Itembe
Itembe
Itembe, les réseaux et le wired ce n’était pas trop son truc. Mais ce type savait bien s’entourer. D’ailleurs c’est peut-être ce qui fait la différence entre un vrai leader et un pauvre type qui pète plus haut que son cul. Il nous foutait tous la trouille mais on ne pouvait pas s’empêcher de le suivre, et vous savez pourquoi ? Parce que quand il était content, que tout roulait, c’était la fête et le paradis H24. On avait l’impression d’être les rois du monde, tout le monde nous respectait et nous craignait. Itembe, tout le monde pouvait faire partie de sa team si vous aviez pas de grands principes. Et quand ca roulait, il était généreux avec tout le monde.
Sauf que là ca roulait pas des masses.
D’accord, l’arrivée de blondinet avait pas mal relâché la tension mais on sentait bien que c’était pas encore gagné.
On était là quand il a reçu le message.
Itembe était assis devant un holo-écran, grand seigneur dans un siège immense, la machette en travers de ses genoux. Elle tressautait avec le mouvement nerveux de ses jambes. Les doigts croisés sous le menton, les yeux fous, il ne perdait pas une miette du message de l’italienne.
Ron pianotait, fouillait, reprenait, théorisait pour deviner d’où il avait été posté. Mais rien. C’était un des rares blancs qui faisait partie du clan. Un geek mal dégrossi qui vénérait Itembe comme un Dieu. Y’en avait d’autres mais on les esquivait. C’était des positifs.
Lorsque la voix de la gonzesse se tut, on retint tous notre souffle. La provocation avec le grand noir, c’était comme jouer à la roulette russe. Soit il se marrait comme un dément, soit il vous coller directement une balle en pleine tête. C’était le genre de truc qu’on évitait.
Le silence dura et on commençait à transpirer.
Itembe ne bougeait pas.
Soudainement, il frappa dans ses grandes paluches et afficha un sourire d’enfant comme au matin de Noël. Ses dents blanches étincelaient comme des crocs au milieu de sa face d’ébène.

- Super ! J’ai un rencard !  « plus pouvoir t’asseoir » « face de bite » « fils de pute » ! Je vous le dit mes frères, cette petite salope n’attend que moi !

Il prit l’air navré du mec qui a aqua-poney pour l’instant et dont la gonzesse devra attendre un peu avant de se payer un tour gratis sur son joujou d’amour.
Itembe s’est levé et a commencé à tourner en rond dans la pièce en réfléchissant. Quand il faisait ca, en général ca se terminait plutôt mal pour celui auquel il pensait.
Il se campa devant la fenêtre de la bicoque puis se retourna.

- On va pas la laisser toute chaude bouillante comme ca, j’suis pas ce genre de garçon (posa la main sur son cœur). Moi, la condition des femmes en chaleur, ca me touche toujours (hocha la tête avec sollicitude) sauf que j’peux pas y aller tout de suite parce que je couche jamais le premier soir, question de principe.

On a tous approuvé gravement. Pas parce qu’on trouvait ca hilarant ni même parce qu’on était d’accord mais parce que quand Itembe se lançait dans des discours de foutage de gueule, il appréciait d’avoir son public. Vu l’état de nerfs dans lequel on se trouvait, on n’allait surtout pas le contrarier, à moins de vouloir finir en dommage collatéral.

- On va lui envoyer son joli cœur. Enfin un morceau qu’elle pourra se carrer dans le cul. Ou dans le nez, pour ce que j’en ai à foutre !

Il a désigné mon collègue avec la pointe de sa machette.
- Le petit doigt ! on va faire durer les préliminaires un peu….
- Quelle main ?

Itembe l’a regardé, frappé de stupeur. Là on a senti que ca avait été la question de trop. Il a ouvert des yeux ronds et s’est mis à parler, allant crescendo. A la fin il lui hurlait dessus.

- Mais qu’est-ce que j’en ai à branler de quelle main ? qu’est-ce que je m’en tape ta mère à cheval sur son sofa pourri dans ta maison de connard de junkie ? Tu veux que j’te montre ? Tu veux un mode d’emploi ?

Il lui a littéralement sauté dessus et choppé la main. Il avait une poigne impressionnante et ses doigts étaient de vraies serres quand ils vous crochetaient. Le mec était complètement en panique et roulait des yeux en criant « non nonnon nonnonno c’est bon ! non j’ai compris ! »
Quand il l’a lâché, on a tous cru qu’il allait se pisser dessus.
Il lui a donné l’adresse où on devrait mettre le paquet et il a exigé qu’on le plie dans du joli papier avec un ruban. Ron, lui, avait juste à transmettre le lieu à Six.
En deux secondes on était sorti de la pièce et on a eu l’impression de respirer beaucoup mieux d’un seul coup.
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Six
Six
Du côté de Six, c'était le branle bas de combat. Avec Johnny, elle établit la liste de toutes les personnes pouvant être intéressée par cette drogue. La trouver, puis ensuite établir un plan d'attaque. Six avait un but double : sauver Tibor sans donner la drogue. Trouver celle-ci et la rendre à la police avec la tête d'Itembe sur un pic à glace, bien en vue. Elle espérait faire d'une pierre deux coups. Son mécano les rejoignit avec les dernières nouvelles.

"Liberation ne répond plus, mais l'Underground a vu les images, leur techno propose son aide."

Mais Six secoua la tête.

"C'est une affaire entre Itembe et moi. N'implique pas l'Underground là-dedans. On s'en sortira nous-mêmes, comme d'habitude. Une armée rendrait Itembe encore plus agressif et dieu sait ce qu'il ferait."

Elle réfléchissait en tapotant les particules d'une carte holographique de la ville, son regard d'ambre éclairé par la lumière blanche. Puis elle se redressa d'un coup, l'index en l'air.

"S'ils veulent se rendre utiles, qu'ils gardent un oeil sur les familles. Qu'ils nous appellent s'ils voient quelque chose de louche. Et Bogdan ?"
"Et bien... En fait, le mec de l'Underground dit qu'il en connaît peut-être un."
"Et ?!"
"Et... Bah il n'en a pas dit plus."
"Insiste."

Johnny aida Six à se reconcentrer sur le plus important.

"La dernière fois que j'ai entendu parler de cette came, c'était un type qui la vendait comme des diamants. Un gars qu'on appelle le Rêveur."
"J'en ai entendu parler, oui. Mais il en fait surtout commerce, non ?"
"Peut-être qu'il a décidé de se reconvertir quand il a vu le pactole qu'on pouvait se faire avec cette dope ? Le problème est qu'il étend sa clientèle... A la Ville Haute."
"Tu plaisantes, pas vrai ?"
"J'aimerais bien."
"Euh, Six ?"

Elle se retourna en entendant la voix d'une fille aux cheveux courts dans son dos qui tenait une petite boîte entre ses mains. Six fronça les sourcils et pris la boîte. On l'aurait laissée à son attention, à la frontière de Ghost Island, comme un cadeau de bienvenue. Personne n'avait jugé utile de la prévenir avant. Les autres passaient bien plus inaperçus qu'elle dans les rues. C'est qu'on commençait à connaître son visage à force. Johnny se redressa en l'observant défaire le paquet. D'une main de plus en plus tremblante, elle arracha le papier jusqu'à ouvrir la boîte.

En voyant le doigt, Six hurla et lâcha le paquet en faisant trois mètres en arrière. Le bout d'humain s'extirpa de son habitacle pour rouler sur le sol, faisant reculer les autres présents. Six, une main plaquée sur la bouche, les yeux exorbités, rata plusieurs battements de coeur. Elle suffoqua, les cris de Tibor résonnant dans sa tête comme si elle pouvait l'entendre souffrir de là où elle se tenait. Le Mécano l'attrapa par les épaules et tenta de la calmer.

"Maren, ça peut être le doigt de n'importe qui. C'est peut-être pas le sien. C'est qu'un petit doigt ! Ca repoussera !"

Il s'essaya à un peu d'humour mais Six se sentit effondrée comme elle ne l'avait plus été depuis des années. C'était même un spectacle assez humiliant pour ceux qui ne la connaissait pas. Mais il avait raison sur un point : ça pouvait être le doigt de n'importe qui. Et qui plus est, si elle lâchait maintenant, Itembe remportait la partie. Elle se laissa apaiser par la voix de son mécano, ce qui lui demanda deux longues minutes avant qu'elle ne hoche la tête.

"Charge la vidéo."

"Tu... tu veux lui répondre ?"

Six acquiesça frénétiquement en se redressant. Elle se donna quelques baffes et s'en voulu d'avoir réagi à chaud. Elle avait vu pire pourtant. Non ? Quelques minutes plus tard, son visage avait retrouvé une couleur humaine et elle se posa devant la caméra pour répondre à Itembe d'une voix qu'elle modula de façon neutre. Il n'était pas question qu'il sache que pour l'heure, il remportait la partie.

"Ok, sac à merde, je vais la trouver ta saloperie. Mais tes conneries, ça me ralentit ! Si tu as besoin de nous, tu peux juste demander gentiment, on mord pas. Enfin... on évite la bouffe avariée comme la tienne, j'admets. Je l'ai pas, ta dope, où t'as vu qu'on en avait quelque chose à foutre ? Tu veux qu'on t'aide ? Alors laisse moi bosser, ok ? Mais t'inquiète, je vais venir pour toi."
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Itembe
Itembe
Il ne s’était même pas assuré qu’on avait délivré le petit cadeau. Pour lui c’était inconcevable qu’on ne l’ait pas fait. En même temps ca a pas été le boulot le plus dur qu’il nous ait demandé. Même lui enlever l’auriculaire au blondinet ca a été une partie de plaisir vu qu’il était encore dans les pommes. Une petite nature. On s’y attendait pas mais tant pis. Il faudrait juste qu’on veille à ne pas taper trop fort si on voulait le faire durer. Franchement avec Swift on se demandait bien ce que les gonzesses pouvaient trouver à ce genre de lopettes ! On avait quand même plus d’arguments et on se chopait pas des poulettes comme la justicière.
Quand on a retrouvé Itembe après la besogne, il avait l’air plutôt détendu et donc nous aussi.
Les lignes de coke s’alignaient sur le petit miroir personnel qu’il avait posé sur la table qui lui servait de bureau et le second message de l’italienne tournait en boucle sur l’holo-écran de Ron.
Le grand noir avait roulé quelques billets pour sniffer.
Un vrai cliché ambulant ce type.
Il se redressa après s’être enfilé sa première ligne et soupira.

- Bon les mecs ! Maman a l’air de pas savoir bosser sous la pression. Elle est au bord du burn-out tout ca… ET je vais pas remettre la main sur ma came avant un moment. Ca me contrarie.

Ca c’était juste pour parler. Comme j’vous ai dit, quand il était contrarié, en vrai, il gardait le silence et y’en un qui morflait.

- On va pas être méchants, nous aussi on est sympa. Quand c’est demandé aussi gentiment avec juste une seule insulte –« sac à merde » en plus c’est pas super original – on va être cool. Hein ? ok ?

On a tous hoché la tête frénétiquement.
Itembe s’est envoyé une deuxième ligne de coco puis s’est levé, machette à la main et a pris la direction de la chambre du joli cœur.
Il était toujours attaché à sa chaise. Tant qu’Itembe n’avait rien dit, on évitait les initiatives. Sa main avait arrêté de saigner mais y’avait une large flaque de sang aux pieds du type. J’vous épargne l’odeur de la pièce en plus. Ca nous filait des hauts le cœur dès qu’on y foutait les pieds.
Le grand noir a eu l’air contrarié qu’il soit encore dans les vapes.

- Putain mais c’est quoi cette fiotte ? Il dort encore ? Elle va croire qu’il est mort c’est pas bon ca ! Réveillez moi ce petit enculé !

Swift est allé chercher une bassine d’eau froide. Il nous en a fallu trois avant qu’il revienne à lui. C’était pas brillant mais au moins il a levé la tête et il respirait. Il avait juste le maquillage qu’il fallait pour passer à la télé.
Itembe a demandé à Ron de filmer.

- Ok ma poule ! J’ai bien compris que t’étais pas une rapide et ca me plait. J’aime bien les meufs qui prennent leur temps (sourire 32 dents). Mais tu vois j’ai pas que ca à foutre non plus alors on va poser quelques conditions. (La caméra se tourne vers l’otage et Itembe met sa tête juste à côté de celle de Tibor). Franchement, je vois pas ce que tu lui trouves mais tu vois, il est encore en vie (se tourne vers le blondinet) Hein que t’es encore en vie ? dis lui !(le type gémit mais est incapable de prononcer un mot). Rooohhh ! il boude. Bon. Pas grave.
Donc on va dire que t’as 24h. Tu me donnes des nouvelles toutes les trois heures et si t’es pas dans les temps, j’t’envoie un autre bout. J’te dis pas lequel hein, je suis sur que t’aimes les surprises. Mais je te fais une promesse. La prochaine, ce sera un plus gros morceau.
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Six
Six
Ils étaient de plus en plus nombreux à attendre les réponses d'Itembe. Et quand celle-ci vint, Six serra les dents de toutes ses forces. Elle ne flancha pas, pas même quand elle vit la tête de Tibor qui ne lui dit rien qui vaille. Les autres attendirent sa réaction, mais elle se contenta d'acquiescer, les lèvres pincées. N'importe qui à la place de Tibor l'aurait mise dans un état second. Mais le fait que ce soit lui... Ce n'était pas tant car elle l'appréciait peut-être plus, c'était plus une promesse. Ils étaient un peu tous frères et soeurs évadés du MSS, une chose que personne d'autre ne pouvait comprendre. C'est pourquoi elle a insisté pour trouver Bogdan. Lui comprendrait et en cet instant, c'était ce dont elle avait besoin. Elle se tourna vers leur geek de service.

"C'en est où l'Underground ?"
"Il ne veut pas répondre."
"Pourquoi ?!"
"Parce que c'est son taf de faire barrage et que pour ce qu'on en sait, Bogdan, c'est pas non plus un prénom unique."

Six maugréa et sentit la moutarde lui monter au nez. Elle franchit les pièces jusqu'aux ordinateurs et se pencha sur l'écran pour parler à Elvis avec lequel ils entretenaient un contact, même sporadique.  La liaison n'était jamais très bonne, mais elle était suffisante. Puis elle a insisté elle-même, mais Elvis était robuste et il ne lâcha aucune information. Six devrait se mettre en avant pour avoir plus que sa confiance. Elle décrivit alors son ami comme elle s'en souvenait. La couleur de ses yeux, son pouvoir... C'était dangereux, compte tenu du fait qu'elle transmettait des informations assez gratuitement, mais Six n'était pas franchement pour le secret. Selon elle, ça tuait plus que ça ne sauvait. Et elle était surtout certaine que si Tibor venait à mourir - sous sa propre surveillance - il viendrait pour elle... Pas pour Itembe. Ces deux là étaient comme deux frères. Elvis soupira.

"Si c'est le même dont on parle. Il n'est pas là."
"Comment ça pas là ?"
"Il n'est pas là en ce moment. C'est tout."
"Où est il ?"
"J'en sais rien, d'accord ? Et même si je le savais, je pourrais pas te le dire."

Elvis soupira. la seule raison pour laquelle il coopérait était qu'il aimait bien Six, dans le sens où elle était plus de l'ordre d'une alliée que d'une ennemie. Ce n'était pas non plus la première fois qu'ils travaillaient ensemble.

"Ok. Je vais essayer. Je vais le trouver et lui dire de t'appeler dès que possible."
"C'est vraiment très urgent."
"J'ai compris. Pas besoin de crier."

Après sa conversation, Six se redressa et frappa dans ses mains en rythme pour réfléchir. Elle regarda autour d'elle. Puis elle tenta de faire parler ses contacts pour atteindre le dit Rêveur. Elle se passa une main sur le visage, combien de temps il lui faudrait pour rencontrer ce type ? Et est-ce qu'il voudrait bien la rencontrer ?

SUCCÈS SUCCÈS : De contact en contact, le Rêveur accepte. L'Enclave lui a fait croire qu'ils voulaient lui acheter quelque chose. Ils ont rendez-vous le soir même, d'ici deux ou trois heures.
SUCCÈS ÉCHEC : Le Rêveur n'est pas le genre à se montrer comme ça, faut pas pousser. Il donne un lieu où il sera, il faudra le trouver.
ÉCHEC SUCCÈS : Le Rêveur ne se déplace pas et il n'a pas de soirée prévue avant une semaine, il va falloir graisser peut-être un peu la patte ?
ÉCHEC ÉCHEC : L'Enclave n'arrive pas à atteindre le Rêveur pour le moment

Quoiqu'il en soit, les trois heures écoulées, Six envoya son petit message de compte rendu. Elle sembla plus calme. S'activer l'aida à conserver la tête froide.

"J'ai une piste. Mais il est encore trop tôt pour la remonter jusqu'à ton trésor. Maintenant, dis-moi, espèce de cul terreux." Elle se rapprocha de la caméra. "C'est quoi ton problème ?"
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Butterfly Effect
Butterfly Effect
Le membre 'Six' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Quitte ou double' :
[CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run De_2 [CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run De_1
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Itembe
Itembe
Itembe avait bien reçu le message mais visiblement il s’en contrefoutait. On attendait comme des cons qu’il donne des ordres ou qu’il se décide à nous faire partager ce qu’il pensait mais non. Il était là, derrière son bureau, complètement défoncé, avec un Ron qui restait planté devant l’holo-écran.
On avait sorti un jeu de cartes et on se tapait un petit poker pour faire passer le temps.
Le grand noir avait demandé à Swift de détacher le blondinet et de lui filer un peu à bouffer pour pas qu’il clamse trop vite.
De temps en temps on jetait un œil à travers la porte, arme au poing, pour vérifier qu’il respirait toujours. Il n’avait pas touché au cheesburger ni aux frites mais apparemment il avait bu tout le soda. De ce qu’on voyait il était recroquevillé sur le matelas sans bouger.
Ca nous foutait toujours un peu les boules quand le grand noir voulait garder un otage. On préférait les buter proprement et vraiment. Les souffrances inutiles c’était pas trop notre truc. Itembe ca le gênait pas, lui. Même des fois il laissait Moussa se faire plaisir. Un vrai dingue, lui. Rien que d’être dans la même pièce que lui on avait des frissons. On disait qu’Itembe savait s’entourer ouais, mais il s’entourait aussi de malades aussi tarés que lui. Pas tous non. Nous d’ailleurs on était comme tout le monde, juste des baltringues qui voulaient un peu de paradis. Mais Moussa… ou même Papi Djembé !
Enfin bon bref. Le blondinet il commençait à puer autant que la chambre et ca nous mettait un peu mal-à-l’aise.
Swift a regardé par-dessus son épaule pour voir si Itembe nous regardait mais il était dans son paradis artificiel. Alors il a pris une bouteille d’eau en plastique et il l’a filé au joli cœur. On s’est pas éternisé dans la pièce. On est vite retourné à notre poker.
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Six
Six
Itembe n'a pas répondu, mais ça rassura Six. Tant qu'elle ne recevait pas de nouveau paquet, alors Tibor était en vie. Si Itembe voulait qu'elle bosse, il devait garder Tibor en vie. Donc pas de nouvelles, bonne nouvelle. Et elle put faire ses recherches sans être dérangée.

Retourner la ville n'a pas été du plus facile, mais elle en perdit la notion du temps. Pas de nouvelles de Bogdan non plus et elle ne sut si c'était une bonne chose ou une mauvaise chose.

Six manigança une fausse vente de drogue avec Johnny pour attirer le Rêveur et le forcer à sortir de son trou. Lui, au moins, ou ses sbires, ça n'avait pas d'importance. Du moment qu'ils pouvaient s'approcher pour lui poser des questions. Pendant ce temps, une autre équipe continuaient de chercher à travers la ville. Six resta persuadée qu'elle tenait le bon nom car en dehors d'Itembe ou de quelques seigneurs qu'elle connaissait et qui disait ne pas savoir - et dont elle savait qu'ils disaient vrai - il n'en restait plus qu'un ou deux, à moins d'une nouvelle tête en ville, mais pour Itembe ou elle même, elle voudrait le savoir.

Une fois la requête envoyée au Rêveur, Six se redressa en attrapant une bouteille de soda pour y boire plusieurs gorgées. Ils étaient une dizaine à ne pas s'être reposé depuis le premier message d'Itembe, et la plupart étaient même partis en ville déjà mener l'enquête.

"Ok, quelle heure il est, ça va bientôt faire 3h, non ?"

Elle porta la bouteille à ses lèvres pendant que le mécano se frottait le visage. Elle avait dormi, pas lui. Il regarda sa montre et fronça les sourcils. Puis il tapota l'écran mais les chiffres se déformèrent, comme si le liquide s'était répandu et empêchait le cadran de fonctionner correctement.

"Quoi ?"

Johnny ne portait pas de montre, pas plus que Six. Le coeur du mécano rata un mouvement et il sauta sur l'ordinateur pour vérifier l'heure. Son visage vira blanc.

"Ca fait plus de 3h."
"Tu te fiches de moi ! T'es technopathe et tu sais pas avoir une montre qui marche !"
"..."
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Itembe
Itembe
On a arraché un putain de bond ! Mais un truc de folie, comme si l’Armageddon nous tombait dessus ! Sauf que la fin du monde ne ferait sans doute pas un bruit de réveil antique. Vous savez ces engins d’un autre siècle ? Itembe en tenait un dans les mains quand on a tous tourné la tête vers lui. Il était mort de rire alors qu’on était mort de trouille.
Quand tout le monde a retrouvé un rythme cardiaque normal, on l’a fixé comme le messie. En quelques secondes on avait compris pourquoi ce réveil avait sonné et aucun de nous pipait mot. On savait que ca voulait dire que blondinet allait vraiment morfler ce coup ci et chez les joueurs de poker qu’on était, y’en avait pas un qui avait envie d’être de corvée.
Le grand noir a sauté sur ses jambes et a frappé des mains. Il se pourléchait les babines comme un fauve, les yeux encore injectés de sang de son dernier trip.
Itembe a passé un bras autour des épaules de Ron

- Alors ? Rien ? j’veux ma hot dial cam’ avec miss super boobs !

Le geek a ri mais par politesse puis a secoué la tête. Six n’avait rien envoyé. On dit que la ponctualité est la politesse des rois et en matière de revendications impériales, Itembe se posait là. L’indulgence ne figurait pas dans son vocabulaire.
Il afficha un air extrêmement déçu et pour peu on aurait pu croire qu’il allait se mettre à pleurer.

- C’est pas sympa. Mais vraiment… vraiment pas.

Il a attrapé sa machette qui reposait sur son bureau, l’a calée sur son épaule et en deux enjambées gigantesques est allé ouvrir la porte de la chambre du type.
On n’a pas bougé. On était complètement tétanisé sur nos chaises comme si nos culs étaient vissés dessus. Et quand le type s’est mis à hurler après un bref grognement d’Itembe, on a tous compris ce qui venait de se passer.
Ce grand malade est alors sorti de la pièce en claquant la porte derrière lui tandis que blondinet continuait de beugler à la mort. Il a jeté un bout de barbaque sur notre table. C’était une main. J’vous jure que nos culs se sont dévissés tout seuls et avec une rapidité supersonique quand on a reculé. Je crois que Swift s’est carrément cassé la gueule de la chaise.
Itembe s’est retourné vers nous, nous a dévisagé avec des yeux ronds en s’attardant sur Swift encore par terre et il a explosé de rire.

- Vous êtes trop sensibles les filles !

Il a ri encore quelques secondes pendant que les cris du mec continuaient de nous refroidir, puis il a inspiré profondément avant de tendre son arme en direction de mon voisin de gauche.

- Toi ! tu vas chercher Toubib’ ! file un peu de came à Romeo qu’il la ferme !

Puis la pointe de la machette s’est tournée vers moi.

- Toi ! tu me fais un joli paquet et tu files un coup de main à la petite pute.

Il explosa de rire de nouveau.

- Un coup de main ! haha ! Allez Ron… envoie lui notre nouvelle adresse…
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Six
Six
Quand Six reçut le paquet, elle manqua de vomir. Finalement, à l'intérieur, elle restait délicate. Johnny se barra la bouche de son poignet en reculant et le mécano n'en finissait plus de se confondre en excuses. Les choses prenaient une tendance très désagréable et Six manquait de discernement. Il lui était bien difficile pour elle de garder son calme et son sang froid. Sa voix se brisa alors qu'elle passait encore ses ordres pour aller plus vite, où en était la demande pour le Rêveur. Mais alors que celui-ci hésitait toujours, faisant la fine bouche, Six doubla la mise. L'argent, elle le trouverait. Plus tard. Au pire, elle demanderait l'aide de l'Underground. Tout ça pour une seule personne ?

Johnny commença à regarder tout ça d'un drôle d'oeil. Il se sentit morveux mais sa propre copine était morte, il n'en avait pas fait tout un fromage. Qui plus est, que ce type crève, ça n'avait pas d'importance, l'important était qu'Itembe ne récupère pas sa came, pas vrai ? Pourtant, il ne dit rien, car oui, il ne comprenait pas cette violence. En vérité, il en avait froid dans le dos. Il se demanda seulement si cela ne faisait pas de Six quelqu'un de faible. Peut-être même d'inapte à ce poste de leader qu'elle s'était donné. Mais il était nouveau alors encore une fois, il se tut.

Six était plus blême de seconde en seconde. Les yeux rougis et la main tremblante, elle essaya de se ressaisir. Elle ne put rester là sans bouger. Alors elle répondit à Itembe.

"Tu vois pas que j'essaye de trouver ta merde ?! Si tu la veux au plus vite, tu t'y prends vraiment comme un trou du cul ! Laisse-le partir. Prends-moi à sa place. Il n'a rien à voir là-dedans, il n'est même pas avec moi ! Laisse-le et les autres trouveront la came plus vite. Je l'aurai bientôt. J'ai juste besoin de temps et j'en ai pas assez pour checker les putains de minutes d'une foutue montre !"

Elle lui donna l'adresse du précédent paquet, l'informant qu'elle s'y trouverait 30 min plus tard pour procéder à un échange. Johnny et le mécano attendirent que la vidéo soit coupée pour se mettre à hurler mais sa décision était prise. Alors qu'elle leur donnait des instructions pour le Rêveur, son téléphone sonna et elle ne reconnut pas le numéro. Qui plus est, il n'était même pas national. Un soupir se fit entendre et la voix de Bogdan répondit.

"Je m'étais promis de répondre à ton appel si tu criais à nouveau."

Six se figea, les yeux exorbités. C'était la réponse qu'elle attendait depuis des heures. Elle regarda la vidéo qui venait d'être envoyée et elle le regretta aussitôt. Le souffle coupé, elle n'eut pas de mots.

"Maren ?"
"Oui... Oui, c'est moi. Je suis tellement contente de t'entendre !"
"Qu'est-ce qui se passe ?"
"C'est Tibor... Ils le tiennent et..."
"Hein ? De quoi tu parles ?!"

Elle se mit à gémir, pleurant à moitié avec le téléphone tremblant dans sa main. Elle reprit d'une voix plus forte, comme s'il était demeuré ou sourd. Encore qu'elle se trouva mauvaise langue, elle ne l'entendait pas spécialement bien non plus.

"Ils le tiennent, je te dis ! Itembe, toute sa bande, ils le torturent, j'ai l'impression de l'entendre dans ma tête !"
"Maren, mais..."
"Ca fait des jours que je l'ai pas vu, il est en ville depuis des mois, tu le savais ? Mais ça fait des jours qu'il n'est pas apparu, il n'a pas de téléphone, il connaît rien à internet ! Je savais pas où où il était mais il finit toujours par venir ! Et Itembe le tient, il m'a montré des vidéos, il m'a.. Envoyé des morceaux."
"Maren..."
"Il faut que tu viennes m'aider !"
"Ecoute-moi ! Il est avec moi. Qui que ce soit, ce n'est pas Tibor !"

Six déglutit en se figeant.

"Quoi ?"
"Il est à côté de moi, il parle avec..."
"Passe-le moi !"
"Il a un peu bu, je crois et..."
"Mets le haut parleur, je dois l'entendre !"

Bogdan soupira à nouveau et tendit son téléphone entre eux.

"Heyyyy... On parlait justement de toi."
"Quand on s'est évadés, avant de se quitter, je t'ai dit un truc, tu t'en souviens ?"
"Euh..."
"Tu l'as embrassé, ouais, ça TOUT LE MONDE s'en souvient !"
"Ouais, même que c'était le premier de ma vie."

Si rires au pluriel il y a eu, ils n'en demeuraient pas moins assez faibles. C'était certain qu'ils avaient TOUS bus. Six ne fut pas certaine de reconnaître la troisième voix mais ce n'était tellement pas l'important, qu'elle se concentra avant tout à déceler un métamorphe avant tout.

"Je veux dire, après ça. Un truc que j'ai dit qu'à toi."

Se grattant la joue, Tibor fit vibrer ses lèvres en essayant de se souvenir, chose qui n'était pas aisée. Il grogna et Six s'impatienta. Aux personnes autour de lui, il eut un immense sourire qui s'entendit dans le téléphone.

"Tu m'as dit que c'était un souvenir pour pas que je t'oublie."
"Bogdan ?"
"Il ne ment pas."
"Tu m'en veux parce que je suis parti sans te laisser un cadeau ? ... Six ? Oh allez, je suis désolé... Allô ?"

Mais elle avait déjà raccroché. Elle s'était déjà armée de son blouson pour se tenir chaud et elle quittait l'Enclave pour retrouver Itembe. Tibor ou non, il y avait quelqu'un là-bas. Six ou Mère Teresa
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Itembe
Itembe
Quand vous êtes le genre de gars à tuer des fiancés ou des mamans ou des petites sœurs pour de la came, le deal que lui a proposé l’italienne ca l’a laissé de marbre. Qu’elle veuille sauver les miches de son régulier c’était normal et il comptait bien là-dessus mais… pas de bras pas de chocolat. Pas de dope, pas de lopette.
C’était aussi simple que ca.
Ron a bien passé le message et attendu les instructions mais rien ne vint.
Itembe se leva se son trône et s’en alla, comme ca, nous laissant tous en plan.
Sur le coup on s’est regardé comme des cons sans savoir quoi faire. Toubib a fini par sortir de la pièce où on gardait le joli cœur au frais avec sa valise de boucher et il a essuyé ses doigts sur son tee-shirt. J’vous jure que si un jour je suis en train de me vider de mon sang à cause d’une mauvaise blessure, laissez-moi crever plutôt que de me refiler entre les mains de ce type. Mais c’est pas comme si le blondinet avait le choix, lui, hein ? il fallait le prolonger et au moins pour ca, Toubib’ pouvait assumer. Après s’il mourrait d’une surinfection c’était pas notre business.
On n’a pas trop su quel cocktail de son cru il lui a filé non plus mais au bout de quelques minutes il a arrêté de brailler. Ca a soulagé tout le monde. Ca a le don de vous foutre les nerfs en pelote un mec qui hurle parce qu’il souffre. Faut vraiment être aussi fondu qu’Itembé pour ne pas y prêter attention.
D’ailleurs, il s’est pointé comme une fleur une demi-heure plus tard avec quelques bières et des pornos pour tuer le temps.
Au fond, il en avait juste rien à foutre du message de la fille.
Il voulait sa came. Peu importe où elle allait et ce qu’elle foutait. Et si dans 3 heures il avait pas son message, il coupait un autre morceau.
Et nous, on a beau être du genre pas fréquentable et pas enfant de cœur, on espérait bien qu’il ait pas à le faire.
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Six
Six
Johnny et le mécano devenaient nerveux et c'était un doux euphémisme. Depuis le départ de Six, il avait manqué de s'étrangler l'un l'autre plus d'une fois, ce qui était déjà suffisamment curieux venant de deux pacifistes dans leur genre. Encore que là aussi, la définition mérita qu'on s'y penche une seconde ou deux.

Alors quand H a réussi à faire jouer ses contacts pour leur communiquer la position actuelle du Rêveur, ils ont dû inspirer profondément pour ne pas laisser leur joie déborder en sautant de l'immeuble. Ils s'activèrent. Ils ne savaient jamais vraiment comment H réussissait à leur sauver la mise ainsi, mais ils ne posèrent pas de questions et se préparèrent. Au bout d'un peu plus d'une heure, Six les informa que personne ne venait. Mais Itembe avait bien eu la vidéo. De ce qu'elle en savait, quelque chose ne collait pas. Elle se posa de multiples questions quant au but ultime d'Itembe, à savoir est-ce que la ressemblance avec Tibor était voulue, est-ce qu'il savait où la trouver et se fichait de lui mettre la main dessus etc...

Johnny partit en quête du Rêveur avec quelques autres et le mécano resta "à la maison", il fallait quelqu'un pour envoyer le message à Itembe. Le fait qu'il ne répondait agaça Six de plus en plus. Il se foutait de sa gueule et ça, elle n'aimait pas particulièrement, surtout quand elle se déplaçait. Elle rejoignit Johnny en ville. Il s'agissait de ne pas manquer une seule heure. Pour autant, le mécano commençait à fatiguer, vraiment et, sans Johnny pour se battre, il dut lutter contre le sommeil et même l'ennui. Pour s'occuper, il chercha alors Itembe. Il laissa H se charger du Rêveur, et lui fit courir quelques contacts, coups de fil...

A l'arrivée du timing des 3h, le mécano fut réveillé par la sonnerie stridente, histoire de ne pas la manquer. Il sursauta sur le bureau et renversa la moitié de son thermos sur sa main. Il était assez froid pour ne pas le brûler mais le mécano jura comme un charretier tout de même. Pour la forme. La frustration et... Tout le reste. Il soupira et enregistra la vidéo.

"Pas besoin de jouer les Père Noël en avance, ok ? On est dessus... On avance, tout ça..."

Il se frotta un oeil. Il avoisinait déjà les 24h d'éveil si ce n'était plus. Il acquiesça d'un air désabusé.

"Donc euh... A dans 3h."
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Itembe
Itembe
Itembe ne dormait pas.
Y’avait une légende qui circulait parmi nous. On disait que le grand noir n’avait pas besoin de sommeil, qu’il avait le diable au corps qui le tenait éveillé et que y’avait pas de sang dans ses veines, juste du souffre liquide. Ceux qui se souvenaient encore des légendes de leurs ancêtres et des trucs de leur grand-mère et arrière-grand-mère le comparaient à cet esprit des morts vaudou, Baron Samedi.
Itembe c’était notre Baron Samedi.
Ce type, c’était pas du souffre qu’il avait dans le bide. C’était de la dope, pure, liquide, de l’or qui coulait et qui aurait pu assurer toute la consommation annuelle de Mégalopolis. Pas besoin de dormir ni de bouffer.
Il restait là, ses grands yeux blancs ouverts sur le vide, à regarder des choses que lui seul voyait. Il nous faisait vraiment flipper. En fait, je pense qu’on lui était loyal plus par trouille que par vénération. Ou alors un peu des deux. Vous avez beau craindre un Dieu vivant, ca n’en reste pas moins un Dieu.
Le réveil a sonné comme un dingue et ca a réveillé tous les types qui dormaient, eux. Ce coup ci on s’est pas affolé, on avait compris d’où venait cet horrible bruit.
Ron ouvrit un œil endormi, le frotta du poignet et afficha sur l’holo-écran le message qui venait d’arriver.
Une voix d’homme ensommeillée.
Itembe se dressa sur ses jambes comme un diable qui jaillit de sa boite.

- Queuuuuwaaaaaa ? gémit-il comme une gonzesse offusquée. Elle est où la poulette au joli cul ? c’est qui ce batard ?

Ron lui retourna un regard indécis. Le message venait bien de la même adresse que d’habitude et il était ponctuel.

- Est-ce que j’ai dit à Miss América de me refiler ses pitres poilus ? est-ce que j’ai une gueule à m’envoyer du gros motard ?

Le ton montait. Itembe avait l’air outré et passablement énervé. Il ouvrit ses grosses paluches devant lui et demanda très sérieusement au geek.

- Est-ce que… j’ai… une gueule… à sucer des bites ?

C’est triste à dire mais… on enviait pas du tout le blanc bec à ce moment-là. Limite on était content que ce soit à lui que s’adressait Itembe et pas à nous. Comme quand vous êtes alignés avec d’autres prisonniers et que le chef du camp défile devant vous pour désigner celui qui va mourir et que c’est pas vous. Vous êtes terrifiés et soulagés à la fois.
Ron nous jeta un regard perdu, quémandant un soutien qu’on se garda bien de lui donner. Il mit une seconde de trop à répondre.
Itembe ouvrit largement les yeux et attrapa sa machette. En un éclair elle fendit les airs et se planta dans la chaise juste entre les cuisses du minet, à cinq millimètres de son service trois pièces.
Ca lui rendit la parole.

- Nonnonnonnononnon ! Non non ! pas les gros motards non ! pas les bites !!

Après coup, on a trouvé vachement admirable qu’il arrive à retenir sa vessie. Comme quoi dans ce corps de fillette, y’avait une âme de… gros motard ?
Itembe hocha la tête doucement.

- Bah non ! Je suce pas de bites et non ! On est tous d’accord.

On a tous approuvé. Avec un peu de voix pour être un peu plus convaincant.

- Va falloir que je lui montre. Toi !

Il avait jeté la main comme ca en direction des types allongés sur un canapé juste en face de nous. Le geste avait été tellement vague que les trois se regardèrent, hésitants, ne sachant pas lequel avait précisément était désigné.

- Tu me lui coupes la nouille et les boules avec et tu me plies ca dans un joli paquet.

Aucun ne bougea. Personne voulait faire ca et Moussa n’était pas là. Allez savoir encore où il était celui-là. Sans doute complètement défoncé dans les ruines. Ca aurait pu dégénérer. Itembe n’aimait pas qu’on n’obéisse pas au doigt et à l’œil et les trois mecs n’avaient pas bronché, mais Toubib entra en ce moment. Il avait un pétard coincé au coin des lèvres et il parlait d’une voix trainante. C’était un des rares qui n’avaient pas peur du grand noir et qui était même écouté quand il ouvrait la bouche.

- Putain ton poulain… Il est cané…

Itembe le regarda comme s’il lui avait dit « hey man, j’ai croisé une licorne à vélo, elle te passe le bonjour »

- Ton mec là, reprit-il, il a perdu trop de sang et il était pas en super forme. J’pense que la came, tout ca… ca l’a tué.

Voilà qui contrariait grandement les plans du grand noir. Il se passa une main sur le visage et tourna en rond comme un lion en cage pendant quelques minutes. Finalement, il s’arrêta face à Ron et tourna la webacam face à lui.

- Hellow mon sucre d’amour. J’parle à la poulette à nichons, pas au barbu on est d’accord (sourire sauvage). Bon j’ai bien réfléchi. T’as un trop joli cul que j’y mettrais pas que du plomb dedans si tu vois ce que je veux dire (mouvement obscène du bassin) et tu travailles dur pour moi alors ca mérite une petite récompense. J’veux bien te rendre ton joli cœur. Ouais comme ca, maintenant. J’suis même sure qu’avec tout le temps que t’as eu, tu sais où est ma came. Alors voilà. Tu me donnes les infos où elle est, même si t’as pas encore mis la main dessus, j’m’en occupe. Et J’te donne rendez-vous dans 3 h à [adresse-dans-les-ruines]. Ton bijou t’attendra sagement. Tu vois ma jolie, j’suis grand seigneur.
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Six
Six
"Il s'énerve, Six !"
"Parfait."
"Je lui réponds quoi ?"
"Rien pour l'instant, on n'est pas prêts. J'ai encore besoin de temps. Le Rêveur est... Disons pas causant."
"Il est mort ?"
"Non, il est bien entouré."

Le mécano soupira et réfléchit en regardant autour de lui. La demande de rendez-vous sembla plaire à son amie, mais il se garda bien de s'en réjouir avec elle.

Six mit la main sur la drogue, non sans avoir conclu un pacte avec un diable. Johnny y laissa même quelques plumes dans la partie de poker, mais cela renforça le respect qu'il inspirait à Six. A croire que le jeune homme, à défaut d'être un cracké, avait du sérieux plomb dans la caboche et le cran de plus d'un. Il s'était offert une ligne droite jusqu'au sommet en échange du plan de Six. Baiser la gueule des barons de la drogue en ville, c'était probablement ce qui lui collait des orgasmes plus qu'une jolie fille à califourchon sur lui. Il ne fut pas vraiment adapté donc de parler ici de sacrifice, mais plutôt d'une association bien calculée.

Six se pressa, alors que les 3h étaient presque écoulées. Savoir Tibor en sécurité - peu importait où - l'avait aidée à se remettre la tête au jeu. Son but était double : sauver l'innocent, et détourner la drogue. Il lui aurait bien fallut un sacré bonux pour obtenir les deux, mais c'était une femme optimiste et pleine de ressources. Il ne lui vint pas une seconde à l'idée que le dit innocent soit déjà mort.

Avant de les rejoindre à l'adresse indiquée par Itembe, le mécano appela... La police. Un appel anonyme promettant des informations sur le baron le plus recherché de la ville. Quand bien même ils étaient dans les ruines, il avait été particulièrement convaincant. Ils avaient la position du Rêveur, mis en joue par Johnny... celle d'Itembe et... la drogue elle-même. Un guet-apens de toute beauté. Il leur donna une heure, pris son téléphone et disparut dans la nuit pour rejoindre Six.

Quand il arriva à son tour, il la trouva penchée sur un corps dont elle caressait le front en s'excusant. Les autres se tenaient à quelques mètres dans l'ombre. Il s'approcha de son amie jusqu'à l'entendre. Elle gémissait presque et il plissa le front, se sentant concerné. Quand elle se releva, elle renifla, mais le mécano était formel : c'était de la haine, non du chagrin.

Le type ressemblait vraiment à Tibor mais maintenant qu'il le voyait de près, il lui trouva une mine encore pire et il lui sembla bien plus maigre. Mais Itembe lui avait vraiment trouvé un sosie, de quoi rendre Six moitié folle de rage, si ce n'était une furie tout simplement.

"Il est mort."

Elle se passa la manche sur le nez et articula soudain d'une voix claire et forte.

"Fils de PUTE !"

Elle ouvrit les bras et parla dans le vent.

"Je vais te tuer ! J'vais te crever, tu m'entends ! Montre-toi espèce de lâche ! Viens me parler en face, si t'es un homme !"

Le mécano posa la main sur son épaule pour tenter de l'apaiser. Il ne savait pas où se tenait Itembe, et s'il était là, tout simplement. Il avait surtout peur qu'il descende Six sans sommation, maintenant qu'il l'avait bien en vue.

"Six..."

Mais elle le rejeta d'un coup sec et continua à hurler.

"Je vais te détruire ! Enfoiré, je vais te réduire à néant !"
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Butterfly Effect
Butterfly Effect
Le membre 'Six' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Quitte ou double' :
[CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run De_1 [CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run De_1
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Itembe
Itembe
A partir du moment où le blondinet a passé l’arme à gauche, Itembe a réalisé qu’il venait de perdre son unique moyen de pression et d’obtenir ce qu’il voulait. Il n’a pas baissé les bras, non, c’était pas le genre, mais il a revu ses ambitions et a commencé à douter. Pas beaucoup, non, mais suffisamment pour qu’il s’absorbe de nouveau dans le silence.
On a directement emmené le gars sur le lieu de rendez-vous et sans trainer dans les parages. Vu qu’il était déjà froid, on n’avait pas besoin de lui tenir la main.
Il aurait été vivant, on était presque sûr qu’Itembe aurait mis en place une véritable place forte, avec ses guerriers et les positifs qu’il avait sous le coude mais il s’est contenté de quelques hommes, juste histoire de récupérer son bien.
Il avait de la suite dans les idées faut le reconnaître et il savait réfléchir. On sait pas comme il y arrivait encore avec ce qu’il s’enfilait mais les faits étaient là. Il n’avait pas l’intention de mettre la main sur l’italienne. Pas encore, pas maintenant. Juste la came. C’était ca son objectif, alors il ne prit pas de risques inutiles.
Nous on se tenait dans les bâtiments adjacents, prêts à intervenir si ca merdait. On les a vu arriver, le petit attroupement mais on n’a rien fait. C’est seulement quelques minutes plus tard qu’on a entendu la gonzesse gueuler. Elle était vénère.
Itembe avait dégoté un junkie qui avait quitté la terre depuis assez longtemps pour faire n’importe quoi contre sa dose. Il était décharné et il puait la mort à des kilomètres mais pour la petite mission que lui avait donnée le grand noir, ca suffisait.
Il s’est avancé dans le bâtiment désert, vers l’italienne et il lui a filé un holopad. Juste ca. Dessus y’avait une petite video.

- Bon j’suis désolé ma poule mais ton étalon c’était une vraie fillette hein, va falloir que tu revoies tes critères. La prochaine fois choisi un homme, un vrai. J’ai même pas eu le temps de m’amuser un peu ! (air offusqué). J’te jure j’voulais pas qu’il crève. C’est pas dans l’intérêt de mon business, t’es d’accord (voix de monsieur raisonnable). J’suis un gars fair play quand même alors bon, puisque j’ai cassé ton joujou, j’te laisse tranquille pour aujourd’hui, tu vas pouvoir pleurer tout ce que tu veux et tout. Dans sa poche tu trouveras même un petit cadeau de ma part pour m’excuser.

Ce salopard avait poussé le vice à mettre une petite dose de poudre dans la poche de chemise du macchabée.

- Alors mes condoléances tout ca et joyeux noël mais on va pas continuer d’enculer les mouches. J’encule pas les mouches et je suce pas des bites (air super sérieux du mec victime d’une méprise). Donc tu vas embarquer ton chéri et à la place tu vas laisser ma came, gentiment. Le bâtiment est entouré de mes gars et si tu me la joues à la plus maline, j’te jure que je change d’avis et que je prends un autre de tes copains. Ou plutôt une de tes copines tiens, qu’on rigole un peu ! La jolie poupée à sucettes là… y’a un ou deux trucs que j’aimerais bien lui expliquer à celle-là (il fronça les sourcils et se tut 1 ou 2 secondes). Donc la came ici, ton copain là-bas et tu te barres. T’aaaaaasss (il regarde son poignet dépourvu de montre) 10 minutes !
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Six
Six
Qu'il ait mis la main sur Tibor l'avait déjà étonnée, mais elle l'avait déjà récupéré dans un sale état, preuve en était que Tibor n'était pas aussi immortel qu'elle l'aurait aimé. Mais trouver Sky ne devrait pas être difficile pour Itembe et ça, Six le savait. Elle serra les dents en écoutant le message et la nouvelle menace.

Le coursier avait beau être un déchet ambulant, Six s'approcha de lui pour lui rendre le holopad et elle le toisa de ses yeux sombres.

"J'ai un message pour Itembe et c'est toi qui va lui porter. T'as qu'à lui dire que c'est en échange de ta dope." Elle le dévisagea puis elle se pencha lentement vers lui. Le mécano fit un pas vers elle pour la retenir mais très vite, il grimaça et recula. "Dis-lui que... Le Père Noël est un peu en avance, cette année."

"Six."

Elle se retourna pour voir le mécano brandir le sachet de poudre, accroupi à côté du cadavre. Elle ouvrit la main et il lui lança. Six l'attrapa au vol et l'étudia deux secondes avant de regarder son messager. Messager auquel elle finit par sourire en lui tendant la drogue.

"Joyeux Noël."

Le mécano, lui, il l'aurait bien gardée la poudre pour l'étudier. Mais ça ne faisait pas partie du plan de Six, visiblement. Elle finit par s'écarter et indiqua à ses hommes planqués de venir la rejoindre. Le plus costaud, un grand black aux lèvres claires, portait un gros sac de sport, visiblement lourd à en juger par sa démarche. Le mécano fronça les sourcils en le voyant le mettre à terre. La montagne n'eut pas besoin des ordres de Six pour soulever le blondinet en échange du sac.

"Quoi ? Six, tu peux pas lui rendre sa came, on va en avoir besoin."
"Non. On a plus urgent."

Elle sembla si sûre d'elle qu'il n'ajouta rien et quand elle fut à sa hauteur, Six lui glissa à voix basse.

"Ne perds pas Sky d'une semelle, colle la au train. Mais fais en sorte qu'elle ne te voit pas. Ca va tourner rouge dans pas longtemps."

Il fronça les sourcils et regarda le messager, puis le sac, laissé là. Ainsi, ils dégagèrent les lieux, comme l'avait demandé Itembe. Cependant, pas loin d'une dizaine de flics attendaient sagement qu'un, deux, voire une troupe de blacks débarquent pour récupérer la drogue, les filer, et pourquoi pas découvrir le nid. Mais tout ça, ce n'était plus du ressort de Six.

Elle ne se retourna pas et une fois de retour à la maison, elle enregistra une nouvelle petite vidéo, bien calme, les mains croisées sur ses genoux. Elle n'était pas stupide, elle savait que Itembe ne se laisserait pas prendre. Pas par de simples flics. Si l'un de ses gars avait flairé quoi que ce soit, c'était largement suffisant pour elle. Elle voulait seulement qu'il sache. Elle espérait tout de même en avoir plusieurs d'un coup...

"C'était pas un des miens, Itembe. C'était qu'un type insignifiant. Mais on lui a offert de belles funérailles, sans lui, je crois qu'on aurait jamais pu t'approcher de si près. Merci au fait, je me suis servie au passage."

Elle souleva un sachet de poudre, plus gros que celui du cadavre. Elle rapprocha la caméra pour qu'il la voit bien, qu'il puisse voir ses yeux et comprendre à quel point elle disait la vérité.

"La prochaine fois que tu t'en prends à un des miens... J'invite les fédéraux sur le plateau, qu'on s'amuse un peu. Qu'est-ce que t'en dis ? Tu sais... Quand on veut me baiser, faut être équipé pour. C'est quand même moche. Naître sans une paire de couilles, ça doit gratter de temps en temps, non ? Enfin bref..."

Elle présenta son majeur avant de le faire tourner comme si elle touillait son café.

"Ciao, stronzo."
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[CLOS] [Six/Itembe] Run Boy Run
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